Citations de Daniel Keyes (532)
Même dans ma bêtise, je savais que j'étais inférieur. Les autres avaient quelque chose qui me manquait - qui m'avait été refusé. Dans ma cécité mentale, j'avais cru que cela était d'une manière ou d'une autre lié à l'aptitude de lire et écrire et j'étais persuadé que si je pouvais acquérir ces talents, j'acquerrais également l'intelligence. Même un faible d'esprit désire être comme les autres hommes. Un enfant peut ne pas savoir comment manger ou quoi manger, et pourtant, il connait la faim.
J'ai souvent relu mes premiers comptes-rendus et vu l'ignorance, la naïveté puérile , le cerveau peu intelligent qui, dans une pièce obscure, regardait par le trou de la serrure la lumière éblouissante du dehors.
Il n'est ni Freud, ni Jung, ni Pavlov, ni Watson, mais ce qu'il fait est important et je respecte la manière dont il s'y consacre - et peut-être plus encore parce qu'il n'est qu'un homme ordinaire qui essaie de faire une oeuvre de grand homme, alors que les grands hommes sont tous occupés à faire des bombes.
Mais je sais maintenant qu'il y a un détail que vous avez négligé : l'intelligence et l'instruction qui ne sont pas tempérées par une chaleur humaine ne valent pas cher.
La foule sortit de la salle de bal et se répandit dans les couloirs, tandis qu' Algernon, galopant sur la moquette marron du hall, les faisait drôlement courir. Sous les tables Louis XIV, autour des palmiers en pots, grimpant les escaliers, prenant les tournants, dégringolant les escaliers dans le grand hall, ameutant d'autres gens au passage. Les voir tous courir de droite et de gauche dans le hall, à la poursuite d’une souris blanche plus intelligente que beaucoup d'entre eux, était le spectacle le plus drôle qu'on ait vu depuis longtemps.
¨Comme ils me paraissent différents maintenant. Et que j'avais été sot de penser que les professeurs étaient des géants intellectuels. Ce sont des gens comme les autres - et qui ont peur que le reste du monde s'en aperçoive.
Ce qui est étrange dans l'acquisition du savoir, c'est que plus j'avance, plus je me rends compte que je ne savais même pas que ce que je ne savais pas existait.
Voici peu de temps, je pensais sottement que je pouvais tout apprendre - acquérir tout le savoir du monde.
Maintenant, j'espère seulement arriver à savoir que ce que je ne sais pas existe et en comprendre une miette.
P 33
Tous les matins je pense que je vais être intelligent mais il ne se passe rien. Peut être que l'expérience n'a pas marché. Peut être que je ne deviendrai pas.intelligent et que je devrais retourner à l'asile Warren. Je hais les tests et je hais les labyrinthes je hais Algernon.
Pourquoi est-ce que je regarde toujours la vie à travers une fenêtre ?
Et quand tout est fini, je suis écœuré de moi-même ; il me reste si peu de temps pour lire, écrire et réfléchir, et je devrais éviter de m’intoxiquer le cerveau avec ces niaiseries malsaines qui visent l’enfant en moi.
Contrairement à l'impression que je m'étais faite de lui tout d'abord, je me rends compte que le Dr Nemur n'a rien d'un génie. Il a un esprit très développé, mais constamment en proie au doute. Il veut que le monde le prenne pour un génie. C'est pourquoi il est important pour lui d'avoir le sentiment que ses travaux sont acceptés par le monde.
Je commençai à voir que, par mon étonnant développement intellectuel , je les avais comme rabaissés, j’avais souligné leurs inaptitudes, je les avais trahis, et c’est pour cela qu’ils me haïssaient.
– Mais qu’est-ce-qe je vous ai fait ?
– Ce qu’il a fait ? T’entends ça, Joe ? Je vais vous dire ce que vous avez fait, Monsieur Gordon. Tu es venu tout bousculer ici avec tes idées et tes suggestions et, à cause de toi, nous avons tous l’air d’une bande d’imbéciles.
p 97
Il commet la même erreur que les autres quand ils regardent une personne faible d'esprit et en rient parce qu'ils ne comprennent pas qu'il y a tout de même des sentiments humains dont il faut tenir compte.Il ne comprend pas que j'étais une personne humaine avant de venir ici.
L'une des choses qui m'embrouillent, c'est de ne jamais savoir, quand une réminiscence émerge de mon passé, si cela est vraiment arrivé de cette manière ou si c'est la manière dont cela m'est apparu à l'époque, ou si je l'invente. (p.123-124)
[…] sont des tests de personnalité. Ca m’a fait rire. Je lui ai dit comment pouvez-vous tirer ce que vous dites de cartes sur lesquelles quelqu’un a renversé de l’encre et de photos de gens que vous ne connaissez même pas.
On le jette dans une cellule, nue en dehors d'un matelas recouvert d'une alèse de matière plastique, et l'on referme la porte sur lui. En l'entendant claquer, Ragen bondit. Il va l'enfoncer ! Mais Arthur arrête son geste. Samuel s'empare du projecteur et tombe en prière : " Oy veh ! Mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ?" Philip se rue contre la porte en jurant et c'est David qui prend sur lui la douleur. Christine sanglote, à plat ventre sur la paillasse et Adalana sent les larmes qui ruissellent sur ses joues. Christopher s'assied sur son séant et tripote le bout de ses souliers. Tommy entreprend d'examiner la serrure de la porte mais Arthur le tire à l'écart du projecteur. Allen demande à parler à son avocat. April, qu'anime un désir de vengeance, rêve qu'elle met le feu à l'hôpital. Kevin pousse des jurons. Steve l'imite. Lee rit aux éclats. Bobby imagine qu'il s'envole par la fenêtre. Jason pique une violente colère. Mark, Walter, Martin et Timothy arpentent la pièce en divaguant. Shawn émet un bourdonnement. Arthur ne dirige plus les indésirables.
Cela m’embrouille mais Miss Kinnian dit ne t’inquiète pas l’orthographe n’est pas une preuve d’intelligence.
(Castor Poche, p.56)
[...] elle n'aurait pas dû ramasser les disques brisés et les livres déchirés, et les mettre soigneusement dans une boîte. Cela m'a mis en colère. Je ne veux pas qu'on touche à ces débris. Je veux les voir s'empiler. Je veux qu'ils me rappellent ce que je laisse derrière moi.
Personne n’entreprend rien de réellement neuf, Mrs Nemur. Tout le monde construit sur les échecs des autres. Il n’y a rien de véritablement original en science. Ce qui compte, c’est ce que chacun apporte à la somme des connaissances.
Maintenant, je comprends que l'une des grandes raisons d'aller au collège et de s'instruire, c'est d'apprendre que les choses auxquelles on a cru toute sa vie ne sont pas vraies, et que rien n'est ce qu'il parait être.