AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Daniel Sibony (277)


Daniel Sibony
Le rire est la cascade sonore par laquelle on reprend son souffle après qu'il a été coupé, légèrement, par une surprise agréable, un trait (d'esprit mais pas toujours), une différence vivace, un entre-deux qui, nous ayant un peu ouvert, nous a permis d'entrecouper le ronron , le serieux-seriel du travail, la longue continuité avecc soi-même. Le rire libère ou plutôt décharge une curieuse charge signifiante dont on a reçu le choc...
Commenter  J’apprécie          120
Ne fait-on pas trop de cas de ces "malédictions" qui doivent tout au plus représenter quelques versets ? Si un si vaste ensemble, c'est plutôt négligeable.
Pas vraiment. Plus du tiers du Coran s'en prend aux "gens du Livre" en tand que mécréants. Pour vous le montrer, sans citer tous les versets, je vous incite à distinguer les niveaux de violence : par exemple "tuez les associateurs" (les chrétiens), c'est direct ; Allah ne fait "pas d'alliance avec le peuple injuste" semble plus calme, c'est presque une information, mais couplé avec "Allah maudit le peuple injuste" (juifs et chrétiens), et avec "combattez ceux qu'Allah a maudits" le verset calme révèle mieux sa violence. En outre, celle-ci n'est pas statique, de l'ordre d'un : on n'aime pas ces gens, il faut s'en éloigner ; c'est qu'ils sont haïs par Allah (pourquoi pas, bien que ce soit déjà une condamnation), et c'est qu'Allah veut les punir "par vos mains, "yu'adbhumu Allahu bi-aydikum" (9-14). Vous devinez qu'il y a peut-être une forte interaction entre parties paisibles et parties agressives... p41-42.
Commenter  J’apprécie          60
Il se pourrait que le malaise de cette culture concerne moins la pulsion sexuelle que la pulsion du lien, l'impulsion à appartenir, à capter, à lier et à se lier, à faire des socialités, des groupes, des institutions, des chapelles, des religions, des guerres de chapelles et de religions, des courants d'idées [...].
Or si la question fondamentale est la pulsion de lien, on comprend l'immense variété des formes qu'elle prend : replis narcissiques (où l'on est l'objet de son lien), clans, sectes, liens toxicos, institutions, exaspérations solitaires, insertions-désinsertions, cyclages-recyclages, branchés)débranchés, etc. La même question cherche ses métamorphoses, sans cesse.
Commenter  J’apprécie          50
Le masochiste [...] organise des liens qu'il authentifie de sa soumission ; on croit qu'il jouit de s'imposer des liens (d'appartenance), alors qu'il se lie pour arracher tout autre lien que celui dont il est l'auteur.
Commenter  J’apprécie          50
Quel que soit le racisme qu’on invoque, la réflexion qu’il suscite tourne autour du même ressassement : «Le racisme c’est de ne pas accepter la différence...» et la ritournelle enchaîne très vite sur le droit à la différence, etc. Or, je prétends que ce n’est pas la cause du racisme, ni la source de sa violence. Au contraire, le racisme s’exaspère de voir la différence revenir au même, revenir s’infiltrer dans le même et le révéler différent de soi, menacer de l’interpeller sur ses supports d’identité, de les révéler trop fragiles dans leur crispation, trop rigides dans leur jeu; menacer d’éventer leurs secrets ou de déchirer leurs semblants. (...) on peut réclamer et accorder des «droits à la différence» qui ne sont que le constat banal : droit pour chacun d’être soi-même - or c’est là que le bât blesse : l’humain ne sait pas quel «soi-même» devenir, et quand il le sait, il ne ressent les différences comme des menaces pour son identité que lorsqu’il les voit se rapprocher trop près de lui, vouloir s’assimiler à lui, vouloir se l’assimiler. Si elles restent différentes et se tiennent à distance, il peut les trouver drôles, bizarres, repoussantes, il ne sent pas en les voyant que son identité risque de s’effondrer, que sa protection contre son inconscient menace de craquer du fait de ces différences; elles ne déchaînent pas son envie de les refouler, et de rétablir à travers elles un refoulement parfait. Car une différence de l’autre, curieusement, peut protéger votre identité, lui permettre presque de se complaire dans sa certitude d’elle-même.
Commenter  J’apprécie          30
(L'hébreu en Israël). Mais bon, voyons d'autres mots, car cela a lieu partout, et chaque fois que je découvre ces résonances, j'ai un coup de Marrakech (on y psalmodiait l'hébreu, en prenant chaque mot comme un diamant dont on admire les facettes, c'était mieux que de le parler).
Commenter  J’apprécie          30
... le toxico est une petite société en manque d'elle-même.
Commenter  J’apprécie          30
Le pervers vise au sublime tellement réel qu'il en devient très vite abject.
Commenter  J’apprécie          30
ELLE. - Quelle différence alors entre douleur physique et psychique ?
LUI. - Ce sont deux faces de la même chose ; deux faces qui communiquent, comme la surface tordue. Si vous avez un accident, un doigt coupé, l'instrument figure l'Autre, l'Autre qui vous a mordu, pincé ; irruption dans la chair ; ça déchire l'habit narcissique, l'habitude d'être soi-même, dans sa peau, un peu à l'étroit. Ca met en deuil. La douleur psychique est là, toute proche ; elle a pu causer l'accident, le "provoquer". Et l'irruption de l'Autre vous souffle l'objet, c'est ça le deuil, l'objet à quoi on tient est arraché par le hasard, le "destin", ou toute force inconsciente qui peut figurer l'Autre. La douleur psychique était là et n'a trouvé pour se montrer que cette entaille à même le corps.
Commenter  J’apprécie          30
LUI. - En un sens, les contrats qu'on passe avec les alcooliques, les toxicos... ça ne marche que quand le contrat a déjà absorbé, à l'avance, ses démentis successifs, quand il a pris le relais du lien pervers en cause.
ELLE. - C'est vrai, j'ai connu des toxicos retirés des affaires par un gourou ; ils se retrouvent, gourouïsés... Il a suffi que la secte leur laisse entendre délicatement que la drogue était une gêne, faible d'ailleurs, pour virer au nouveau lien de plénitude, de vérité plus absolue...
LUI. - Ca transfère sur ce lien l'appel du lien qui était lancé à la drogue. Eh bien justement, la religion est un lieu et tout lien qui fait contrat avec son horizon divin a un bon pied dans du pervers.
Commenter  J’apprécie          30
Pourtant le Coran accueille tous les prophètes juifs, ainsi que Jésus et Marie...
Il les accueille en tant qu'ils sont "musulmans". Les autres, qui ne suivent pas, sont voués à la perdition. Il leur dit en substance : "Je reconnais pleinement vos ancêtres, ils étaient musulmans ; et vous ? Non ? Alors vous êtes des traîtres à combattre." C'est donc l'acte d'accueillir tout le monde, notamment les ancêtres judéo-chrétiens, qui se révèle un acte de guerre, alors qu'il apparaît comme un signe d'ouverture et de paix. C'est un beau paradoxe : quand l'acte qui vous reconnaît devient celui-là même qui vous dénonce et vous combat.

p. 47
Commenter  J’apprécie          30
C'est cela le danger des pulsions destructives, ce n'est pas la crainte de détruire le monde ; c'est de se servir du lien pour s'étrangler ou s'enterrer ; c'est de produire du lien qui se détruit.
Commenter  J’apprécie          20
Le dégoût ou l'écoeurement nous protège, l'abjection, elle, est une véritable offensive, une position d'attaque, d'invasion. Si le pervers ne voulait qu'écoeurer les autres, il serait simplement provocant ; un névrosé en somme.
Commenter  J’apprécie          20
L'abjection c'est se nourrir de son cadavre comme chair figée d'identité.
Commenter  J’apprécie          20
Allons plus loin : le pervers veut avoir la peau de l'Autre ; la peau de la Loi ; être le parchemin où elle s'écrit ; son enjeu est d'hypnotiser la Loi pour lui dire ce qu'il croit qu'elle veut entendre [...].

Commenter  J’apprécie          20
La fétichisation si fréquente de la peau confirme et illustre le retournement de surface : l'odeur, la peau d'animal, la fourrure, la combinaison en caoutchouc, "l'hermine pour la princesse, l'agneau pour la rustique" dit Masoch... La peau est organe de contact avec l'Autre, lieu d'élection pour le piéger ou l'enliser. C'est le masque vrai du corps livré à l'Autre pour amorcer le retournement...
Commenter  J’apprécie          20
En somme, quand les musulmans lisent le Texte, ils lisent les deux aspects et ils expriment l'un ou l'autre selon leur état d'âme ; selon les opportunités. Mais n'est-ce pas comme pour tout un chacun ?

Quand un homme a des états colériques et des états sereins, vous ne dites pas que vous avez deux hommes, les deux états s'entremêlent et font partie de sa personne. L'immense majorité des musulmans ne vit pas en Europe et consomme avec délice les parties agressives ou pacifiques ; celles-ci mettent en relief celles-là, et servent à les relancer, à soutenir l'offensive (contre les traîtres : "ceux qui ont cru" et qui sont devenus "mécréants" en n'adoptant pas l'islam). L'aspect paisible et l'aspect guerrier sont si bien liés qu'en un sens, c'est à cause des aspects pacifiques que le Coran lance ses appels les plus guerriers : chaque verset paisible sert à rappeler que les "gens du Livre" l'ont trahi, et qu'on doit donc les combattre si l'on tient à ce verset paisible, si l'on tient à être en paix, à être dans l'islam.

p. 67
Commenter  J’apprécie          20
Tout de même, on cite souvent ce verset : "pas de contrainte en religion".

Ce sont trois mots d'un long verset (II-256), qui sont encadrés de telles malédictions sur ceux qui ne font pas le bon choix, celui de la vraie religion, qu'ils expriment moins un appel à la liberté qu'à la conversion sincère et sans réserve : si vous venez à la religion, venez-y totalement. Dans le même verset, ces trois mots sont suivis d'un appel à l'évidence : "La voie droite se distingue de l'erreur"; la voie droite c'est l'islam ; et le verset suivant scelle encore le sort des incroyants : "Ils seront les hôtes du feu où ils demeureront immortels.
p.68
Commenter  J’apprécie          20
Les musulmans conscients et prosélytes veulent "dialoguer", mais pas avec des gens qui savent. Ils sont prêts à "expliquer" l'islam, donc à le diffuser à des gens démunis. Dans cette diffusion, ceux qui savent et qui ne sont pas musulmans doivent être écartés exactement comme les "gens du Livre" devaient l'être quand le Coran s'élaborait et que l'islam se propageait ; puisque, on l'a assez dit, c'est contre eux qu'il prenait forme. Aujourd'hui même, ceux qui "expliquent" peuvent bluffer ceux qui ignorent la langue arabe. Ainsi, ils parlent des "salafistes" comme d'une espèce rare et un peu monstrueuse qui engendre des djihadistes, des tueurs, etc ... Or SALAF veut simplement dire "prédécesseur", " ancêtre", les salafistes relient donc ce qui succède à ce qui précède, bref, ils enseignent les fondamentaux, le Coran, la tradition, dont les idées de fond ont très peu varié. S'en réclamer n'a rien de monstrueux ; de même que cette tradition inclut le quiétisme ou le djihad de façon très naturelle. Aujourd'hui, les actes des djihadistes suscitent l'indignation car ils sont répercutés, via le Web, à l'échelle planétaire ; cela laisse croire qu'ils sont nouveaux. Or il y en a toujours eu, la nouveauté, c'est leur diffusion massive en temps réel.
p. 112
Commenter  J’apprécie          20
Le mythe de la mère juive - qui plus que d'autres ferait des folies pour ses enfants et pour sa famille - doit avoir une origine très singulière. J'y vois un mythe de consolation: le peuple juif expulsé de sa terre-mère depuis des millénaires se retrouve dans la posture de l'enfant qui lors d'un violent divorce est parti avec le père (avec la Loi, le Livre...). La séparation d'avec le mère lui fut imposée, chaque fois; et il s'en est fait une raison, comme on fait de nécessité vertu. Mais comment supporter d'être si loin de sa mère, de vivre sans, au point de paraître l'oublier, la sacrifier? bien qu'elle restât au fond de son coeur et de sa pensée comme un désir de Retour ( Amour de Sion, présent dans toutes le prières ) Comment supporte cette séparation, et s'en consoler? Alors l'enfant invente la mère qui pense à lui tout le temps, tous les instants; qu'elle est prête pour lui à faire des folies; même si elle a du mal à bouger, vu que c'est une terre. Parfois la douleur est réelle et le cansolation aussi. Quand aux mères elles pratiquent le mythe de la mère absolument dévouée, celle qui convient à des êtres frustrés de mère - il s'agit de répondre à l'enfant en détresse, eet de mettre un baume sur cette blessure de l'homme coupé de sa mère mais elles lui rappellent sa faute, son départ, son abandon. p.315
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Daniel Sibony (116)Voir plus

Quiz Voir plus

avez vous lu la boite à merveilles

que s'appelle l'auteur de ce roman?

ahmed sefrioui
victor hugo
mohemed kamal
najib mahfoud

18 questions
1050 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..