Cette maison est là depuis plus de cent cinquante ans, tel un organisme doté de ses lois propres elle ne cesse d’accueillir des gens nouveaux, les enveloppe, les ingère, les pénètre, agit d’abord sur eux et pour finir à travers eux.
C’était leur façon de faire l’amour, et le fait que l’initiative vienne presque toujours d’elle – elle connaissait les signes. Des patients lui avaient raconté plus d’une fois comment ils avaient cessé peu à peu toute activité sexuelle. L’amour se transformait en tendre amitié et les retours en arrière étaient rares.
Sur le moment elle s’est sentie soulagée, mais elle savait bien sûr que le dangerk l’accompagnerait en permanence. Les démons nocturnes de l’angoisse lui ont fait voir des images de son corps fracassé.
Le contenu de ce tiroir
n’était pas censé être vu de quiconque. Elle se fait l’effet d’une voleuse et en même temps d’une personne
qu’on a privée d’une chose qui lui appartient.
Mais à dire vrai
elle voulait tout ressentir. Les larmes qui surgissaient de nulle part, l’abattement
et les sueurs, l’euphorie d’être tout simplement en vie et la fringale de son mari.
Parfois ce n’était pas la fringale de lui, mais le besoin d’un homme, n’importe lequel.