À l'occasion de son premier épisode de l'année, Livres Hebdo réunit un panel complet de personnalités de l'édition pour cerner les spécificités de la bande dessinée et du manga, en amont du FIBD d'Angoulême.
Un webinaire animé par Pauline GABINARI, journaliste de Livres Hebdo et avec la présence exceptionnelle de Pascal MERIAUX, Directeur du Pôle BD Hauts-de-France et co-créateur des Rendez-vous de la BD d'Amiens.
Découvrez dans cette première partie de l'épisode, une table ronde dédiée aux bandes dessinées du réel. Avec la participation de :
- David GROISON, Directeur Editorial, BAYARD GRAPHIC', @BayardEditions
- Quentin GUIBEREAU, Éditeur, LA BOÎTE A BULLES @laboiteabulles-bab6543
- François BACHELOT, Directeur général, DUNOD GRAPHIC @DunodVideos
© Livres Hebdo
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Au premier coup d'oeil, cela ressemble à une jolie photo de famille: le père au centre, la mère et les enfants à ses côtés. Sur le mur, juste au-dessus du père, trône un fusil, symbole de sa force et de sa puissance. (...) Mais cette image est trompeuse, elle ne se comprend qu'à la lecture de sa légende: " Portrait de Mohammed Fazal, 45 ans, avec ses deux femmes, Majabin, 13 ans, et Zalayha, 29 ans, dans un village d'Afghanistan".
Quand la photographe interroge l'homme sur l'âge de son épouse, il répond: " Nous avons un proverbe ici: si elle ne tombe pas quand tu le frappes avec ton chapeau, c'est qu'elle est assez bonne pour se marier".
Si Robert Capa est bien le seul photographe à débarquer avec les marines sur les plages de Normandie en 1944, une trentaine de ses collègues prennent Marilyn Monroe lorsque sa robe blanche se soulève sur une bouche de métro new-yorkaise. Certaines images passées à la postérité sont posées, d'autres prises sur le vif. Certaines sont intactes, d'autres recadrées. Certaines ont apporté la gloire, et parfois la postérité à leur auteur, quand d'autres sont dues à des photographes restés anonymes ou, comme Lewis Hine, morts dans la misère.
Les images iconiques ont toutes une histoire différente.
[contexte : 2010, cinq dirigeants représentant les Etats-Unis, Israël, l'autorité Palestinienne, la Jordanie et l'Egypte avec Hosni Moubarak]
Le quotidien égyptien Al-Ahram a déplacé le président égyptien. Sur la photo originale, il semble sur le côté, comme s'il fermait la marche...Dans les pages du quotidien national, le voilà en tête, guidant les autres. C'est un blogueur égyptien, Wael Khalil, qui a été le premier a repérer la modification. "Ils nous mentent tout le temps. Au lieu de nous parler des vrais problèmes, ils les photoshopent"
Un ciel gris, lourd et menaçant occupe les deux tiers de la photo. Sur la ligne d'horizon très basse matérialisée par le rocher se tient bien droite une Soudanaise. Cette femme semble soucieuse, elle regarde au loin, comme pour guetter la pluie qui daigne enfin arriver. L'attente de la pluie est le vrai sujet de l'image. Mais comment photographier quelque chose qui n'est pas encore là?
Les images iconiques sont-elles uniques, captées par des hommes et femmes qui ont su se placer au bon endroit au bon moment ?
Rester nonchalant, même au bord du précipice. Continuer à rouler des cigarettes et à rigoler entre copains, même quand on a l'impression que l'on peut tomber d'un instant à l'autre. Garder le sourire et prendre soin de autres, même quand l'équilibre est instable. Une belle image.
Les photos sont les armes les plus puissantes du monde. Les gens les croient, mais les photographies mentent, parfois sans qu'il y ait de manipulation. Il n'y a que des demi-vérités...
Des journalistes ou de simples citoyens découvrent régulièrement des photos truquées. (...)
Certains veulent y voir le symbole d'une info pervertie, qui nous ment et nous manipule. Mais de notre point de vue, si ces images sont des fautes, des erreurs, elles sont aussi et surtout de bons outils pour comprendre la fabrication de l'information. Elles témoignent à chaque fois des rapports de la presse à l'immédiateté, aux pouvoirs en place, au besoin d'incarner l'actualité, au respect des libertés individuelles ou à nos représentations du monde. Ce ne sont pas des épiphénomènes, mais des révélateurs.
"Si vos photos ne sont pas bonnes, c’est que vous n’êtes pas assez près." Robert Capa (page 26)
Ce samedi 21 octobre 1967, 35 000 Américains sont venus à Washington marcher sur le Pentagone pour protester contre la guerre du Vietnam. Parmi eux, de nombreux lycéens et étudiants, dont Jan Rose Kasmir, dix-sept ans. Elle veut dénoncer l'hypocrisie du gouvernement américain qui parle de maintien de la paix, d'opération militaire destinée à rendre le monde plus sûr. Mais "tuer pour la paix, c'est comme baiser pour la chasteté, rigole-t-elle."