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Citations de David Grossman (250)


L'essentiel, c'est de ne pas vieillir avant de grandir.
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Mon coeur me dit, mon garçon, qu'à partir du moment où l'on remarque l'incandescence, on est voué à aller vers elle.
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Je n'en continue pas moins
D'essayer : Je ranime, je réveille,
Je clone continuellement
Celles de tes cellules
Qui vivent en moi, les dernières empreintes
D'être qui ne sont pas encore dissoutes
Aux extrémités de mes sens -
Le contact de ta peau d'enfant,
Ta voix encore frêle
Et clandestine, et pourtant cinglante
D'ironie caustique, le dessin
Du mouvement de ton dos,
Furtif,
Rapide (j'étais tellement heureux
Quand on m'a dit que tu avais
La même démarche que moi) -,
Le doute
Léger et vif qui fuse
Dans l'étirement de tes lèvres -
Je continue, je garde
Je conserve
Et ressuscite, l'enfant
Que tu étais, l'homme
Que tu ne seras pas -
Tu ris peut-être : Tu fais quoi,
Papa, une expérience
Humaine ?
Je hausse les épaules : Non,
L'oeuvre
D'une vie.

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_"Les promesses sont faites pour être tenues, pas vrai ? Il y aura toujours des imbéciles chez nous pour les conduire, ces camions, en échange de quelques billets, croyez-moi."
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En imagination, elle avait un courage sans bornes. Sa voix se déployait dans la rue, emplissait tout l'espace, imprégnait les gens comme une substance adoucissante, purifiante ; en imagination, elle choisissait de chanter un registre suraigu pour les surprendre d'emblée par la hauteur du son, puis s 'abandonner sans vergogne à cette ivresse narcissique qui la plongeait dans un léger brouillard, un vertige de plaisir qui la faisait décoller du plus profond d'elle-même jusqu'à des hauteurs vertigineuses. Mais elle avait fini par choisir Suzanne à cause de la voix chaude, désarmée et triste de Leonard Cohen, et parce qu'il lui serait plus facile, du moins au début, de chanter dans une langue étrangère.
Mais très vite la voix se casse : elle a attaqué trop faiblement, avec hésitation. Pourtant, dans son plan si élaboré, le chant était la seule chose dont elle était sûre. Mais c'était plus difficile qu'elle ne l'avait imaginé. Chanter dans la rue c'était se montrer jusqu'au fond d'elle-même. Elle fait un effort pour surmonter le trac, mais c'est encore si loin de ses rêves fous, quand la rue retient son souffle dès le premier son, que le laveur de vitres de Burger King interrompt ses tristes mouvements circulaires et le marchand de jus de fruits arrête sa machine en plein beuglement de carotte pressée... (...) Elle règle sa respiration et réprime le vertige qui soudain entraîne sa voix, elle oses lever les yeux, jeter un coup d'œil au petit rassemblement, un dizaine de personnes autour d'elle... (...) Tamar sourit intérieurement, son professeur lui manque, elle gravit pour elle les marches imaginaires depuis la gorge jusqu'à l'oiseau secret au centre du front.
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Elle le dévorait des yeux, accumulant goulument des réserves en vue des interminables famines à venir - lesquelles ne manqueraient pas d'arriver. Elle en avait eu la conviction, dès l'instant où il lui avait annoncé son départ.
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Talia a tout de suite faite partie de la famille (....) Sa présence a changé quelque chose, elle dinait chez eux, y passait parfois la nuit (..)
Comment expliquer à ce solitaire le subtil glissement qui avait rétabli l'équilibre entre hommes et femmes sous leur toit, et le sentiment qu'elle avait eu de voir enfin, pour la première fois, la féminité reconnue à sa juste valeur dans la famille? (...) A dire vrai, elle n'est pas prête à confesser à ce quasi-étranger combien elle admirait, enviait même cette jeune fille qui, sans effort apparent, obtenait ce qu'elle même n'avait jamais songé à exiger des trois hommes de sa maison: la reconnaissance de sa féminité, le droit à la différence en tant que femme au milieu de trois hommes, et le fait qu'une femme n'était pas un autre de ses caprices, ni un refus pathétique d'affronter la réalité, ce que leur attitude lui donnait souvent à penser
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Quand ils étaient enlacés, j'ai eu la conviction absolue, jusqu'au tréfonds de mon être, que même lorsque nous ne serions plus là, ils resteraient ensemble, que rien ne les séparerait, qu'ils ne s'éloigneraient jamais l'un de l'autre, ne deviendrait pas des étrangers, et se soutiendraient toujours en cas de besoin. Ils formeraient une famille, tu comprends ?
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Je ne sais ce qu'il m'a dit, quelle malédiction il a proférée. Peut être tout cela était le fruit de mon imagination. Mais à en juger par son expression, c'était une sacrée malédiction. Je n'avais alors pas conscience qu'elle allait me poursuivre durant toute mon existence.
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Même quand il était prisonnier de guerre, et plus encore à son retour, il s'était toujours raccroché, à la dernière minute, à l'opinion de Thalès de Milet, le philosophe grec qu'il admirait dans sa jeunesse. Selon lui, il ny avait aucune différence entre la vie et la mort. Quand on lui demanda pourquoi, dans ce cas, il ne choisissait pas la mort, Thalès répondit: "parce qu'il n'y a aucune différence justement"
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L’homme qui marche» : «Quelqu’un / Qui habitait un pays lointain m’a raconté / Un jour que dans sa langue / On dit de celui qui est mort / A la guerre qu’il est "tombé". / Ainsi de toi : Tu es tombé / Hors du temps, le temps / Dans lequel je demeure / Passe / Devant toi : Une silhouette seule / Sur un débarcadère / Par une nuit / Dont le noir / S’est échappé / Jusqu’à la dernière goutte.
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Nous avons vécu vingt bonnes années. Dans ce pays, c’est plutôt culotté, non ? (…) Nous avons réussi à passer à travers les gouttes sans y laisser de plumes, entre les guerres, les attaques terroristes, les roquettes, les grenades, les balles, les obus, les bombes, les snipers, les attentats suicides, les billes d’acier, les pierres, les couteaux, les clous…
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Promets-moi, Ofer, que tu ne tenteras jamais de blesser quelqu'un intentionnellement !"
Il secoua la tête et haussa les épaules en souriant.
"Impossible, maman. C'est la guerre."
Ils se regardèrent, effrayés par la distance qui se creusait entre eux. Un souvenir lui revint en mémoire : la même douche glacée, presque trente ans auparavant, quand on lui avait enlevé Avram, nationalisé sa propre vie. L'histoire se répétait : une fois de plus, ce pays piétinait lourdement de sa botte ferrée un lieu où l'Etat n'avait rien à faire.
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Mais papa, c'est mon boulot ! Je suis justement là pour qu'ils se fassent sauter au barrage et pas à Tel-Aviv !
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Il contra : "A : à mon avis, l'amour est le sentiment le plus sain, le plus merveilleux et le plus pur qui soit. B : je ne peux pas arrêter de parler de mon amour pour toi, mon amour pour toi, mon amour pour toi..."
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Le répit fut de courte durée.
-Comme dit Ilan: "Le bonheur est toujours prématuré."
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Il se reprit à se demander ce qu'il éprouverait dans très peu de temps, dans une année et demie environ, disons à la veille de sa bar mitzvah, quand il aurait lui aussi le corps couvert de poils noirs et drus, peut-être seront-ils dorés, puisqu'il est blond, mais drus quand même, comment est-ce que ça commence, quand ça vous arrive, y a-t-il une force invisible qui les fait pousser de l'intérieur, exactement comme on presse une figue de Barbarie pour l'extraire de son écorce, avec les pouces, est-ce que ça fait mal, il se jura que, quand il serait adulte, grand et poilu, avec une peau dure et rugueuse comme son père, il se rappellerait l'enfant qu'il était maintenant, il le graverait au fond de sa mémoire, parce qu'il y a peut-être des souvenirs qui s'oublient quand on devient grand, des choses indéfinissables, mais il y a sûrement un je-ne-sais-quoi qui rend tous les adultes semblables, pas physiquement, bien sûr, ni moralement, un je-ne-sais-quoi qui existe chez tous, qui concerne tout le monde, à quoi tout le monde obéit, et quand Aharon sera comme ça, grand comme eux, il se répétera au moins une fois par jour : I am ju-mping, I am fly-ing, I a aharoning ; et, de cette façon, il se souviendra que, sous les généralités, il y a quelque part un Aharon spécial.
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Elle finit par comprendre les signes précurseurs, la sueur qui l’inonde. Elle a déjà eu ce genre de crise dans le passé. C’est purement physique, rien de grave, des bouffées de chaleur, les troubles de la ménopause. C’est incontrôlable, comme une petite Intifada dans son corps.
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Pourquoi n'y a-t-il pas de barrière autour du monde pour empêcher les gens de tomber ? Cette question que Zohara avait posée quand elle était enfant me taraudait. Il n'y en a pas. C'est comme ça. Il faut être prudent et freiner à temps.
(p. 391)
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Personne ne m'avait dit que les bébés avaient le sens de l'humour.
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