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Citations de David Haziot (80)


Une lettre en français, la première, suivie de tant d’autres. Le français lui permettait de s’éloigner un peu de sa famille dont il ne supportait plus les « hectolitres de reproches ». Et le français était la langue de l’art. Elle serait sa nouvelle patrie de la pensée.
Ainsi commença un nouveau chemin qui liait les deux frères par un échange de lettres ininterrompu. L’un racontant les progrès et conquêtes nouvelles réalisées, l’autre lui répondant par l’envoi d’argent pour vivre et étudier l’art.

Chapitre 1. Le noir et le jaune
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Ainsi, plus il accumulait les échecs dans sa vie, plus sa connaissance de la peinture s’approfondissait. Plus il descendait dans l’enfer social, avec sa famille pour unique soutien, plus il montait vers le paradis pictural.

Chapitre 1. Le noir et le jaune
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La toile réunissait les deux accords majeurs de sa peinture, bleu-jaune, rouge-vert, dont il avait tant parlé dans ses lettres à Théo. Il l'ignorait, et nous le savons depuis peu, ces deux alternatives sont celles de notre vision. Nos cellules rétiniennes et notre cerveau construisent toutes les couleurs du spectre à partir de la perception jaune ou bleu et rouge ou vert. Vincent, sans le savoir, avait poussé l'hyper-lucidité visuelle jusqu'à entrevoir, tel un devin, les mécanismes les plus intimes de la vision humaine des couleurs.
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Comme un dessin, car il était devenu un maître de la suggestion, il dessina à la brosse, les traits discontinus de jaune, de bruns rougeâtres, de bleus, de blancs pour quelques nuages. Parfois serres, parfois plus longs ou plus courts, suggérer, suggérer toujours, pour lancer la rêverie du spectateur et entraîner son esprit dans le tourbillon des formes. A la vitesse d'une main qui écrit.
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Et il attaqua la toile comme la veille, avec le bleu de cobalt souvent pur, la gamme de ses trois jaunes favoris, le citron, et les deux chrome deux ou trois,les terre, les ocres, est-ce rouge anglais qui serpenterait avec son frère vert moyen pour dire la maladie, la mort, la souffrance et l'absence d'issue.
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La solitude. Pas un homme, pas un cheval, pas un chien. Il ponctua le premier plan de quelques gouttes d'espoir ou de sa g carlin. Des coquelicots. La touche discontinue qu'il aimait tant pour suggérer resta au bas de la toile. Et les brosses lui tombèrent des mains. Un silence impressionnant planait sur cette image: Champ de blé sous un ciel orageux. Presque un trop grand calme. L'infini silencieux. Le monde sans moi peut aller de l'avant, se dit-il.
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Ce blé deviendrait de la vie humaine, de la pensée, de l'amour et des images.
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Il regarde Sien assise près du poêle, les yeux perdus comme un sphinx, qui fume un cigare. Elle peut rester ainsi des heures à une rien faire dans une léthargie qui irrite Vincent. Il fait d'elle un dessin dans cette pose. "Elle me dit alors carrément - Oui, oui, je suis apathique et paresseuse, je l'ai toujours été, il n'y a rien à faire. Ou encore - Mais oui, je suis une putain, et en dehors de ce métier il n'y a rien pour moi d'autre issue que de me jeter à l'eau."
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Bien entendu, la loi des constates simultanés n'a jamais accordé plus de talent à ceux qui n'en avaient pas, mais elle a crut la conscience de leurs moyens pour ceux qui en avaient. De ce point de vue, l'impressionnisme apparaît comme une surconscience de la splendeur colorée du monde.
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Aucune humiliation ne le fait reculer, il descend comme à plaisir de plus en plus bas dans la destruction de sa propre image, vis à vis des autres et vis à vis de lui même. C'est comme s'il cherchait à décaper à l'acide ce moi social, vertueux, conformiste, exemplaire, qui était le sien. Bientôt il ne sera plus rien.
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N'est-ce pas l'émotion, la sincérité du sentiment de la nature, qui nous mène, et si ces émotions sont quelquefois si fortes qu'on travaille sans sentir qu'on travaille, lorsque quelquefois les touches viennent avec une suite et des rapports entre eux comme les mots dans un discours, ou dans une lettre, il faut alors se souvenir que cela n'a toujours été ainsi, et quand dans l'avenir, il n'y aura aussi blen des jours lourds sans inspiration.
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Les projets, cela rate si souvent en les meilleurs calculs qu'on fait, tandis qu'en profitant des hasards et en travaillant au jour le jour, sans parti pris, on fait un tas de choses imprévues.
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Je n'invente pas tout le tableau, je le trouve au contraire tout fait, mais à démêler dans la nature.
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Les forces obscures, « inconscientes », lui disait Gauguin à Arles, avaient parlé.

Chapitre 5. Noirs corbeaux
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Les artistes, les musiciens, les écrivains connaissent cette fièvre, cette ivresse qui monte des profondeurs et donne une surconscience.

Chapitre 5. Noirs corbeaux
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« C’est beau et grandiose », a-t-il écrit. Il m’a enfin reconnu.
Cette lettre de Gauguin que Théo m’a fait suivre à l’asile, je l’ai lue cent fois et l’ai gardée comme un talisman. Il a enfin accepté ma manière et l’a trouvée belle.
Alors ce fut magique. La maladie de l’âme s’est évanouie en moi comme par enchantement. Et chaque fois que je relisais la lettre, les mots me lavaient de toute souillure comme l’aurait fait un ruisseau de montagne. J’ai retrouvé la transparence. Les visions de cauchemars sont retournées dans l’autre monde et je ne les rappellerai plus. La vie est redevenue belle et j’ai peint des bouquets de fleurs en violentes complémentaires comme les iris violets sur fond jaune, ou cet accord si frais de la vie revenue, le blanc et le vert, des roses blanches, si blanches, sur fond vert tendre comme un matin sans souci. Une descente de blanc virginal sur tant de turpitudes. J’ai découvert cet accord de la gaieté, de la joie revenue, le vert tendre et le blanc ! Pourquoi Gauguin a-t-il eu un tel pouvoir sur moi, de vie et de mort ?

Chapitre 3 Gauguin
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Vincent avait lu beaucoup de grands romans, la finesse psychologique ne lui manquait pas et sa situation actuelle lui faisait voir le côté noir des choses.

Chapitre 3. Gauguin
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Le jeudi, l’envie de se jeter dans l’Oise l’étreignit tellement qu’il chercha sa pipe, la bourra, prit un morceau de pain et de fromage acheté pour cela et se mit à manger, avant de fumer longuement au bord de l’eau. C’était le remède que Dickens préconisait pour éloigner les idées de suicide. Il y manquait une chope de bière, mais cela réussit à le calmer une fois de plus.

Chapitre 3. Gauguin
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Comme tous les êtres extrêmement sensibles ou sensitifs, Vincent pouvait varier à l’instant, telle une feuille sur un arbre, aux moindres frémissements de l’air mental. Un rien le précipitait au fond du gouffre, un rien aussi le faisait jouir comme une cigale en plein été, (...).

Chapitre 2. La lettre
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Mais quelques mois plus tard, il fit le tableau qui déciderait de sa vie : la Nature morte à la Bible ouverte et à La Joie de vivre de Zola. Sur une table, l’énorme Bible du pasteur près d’une chandelle éteinte sur fond noir pour signifier qu’il était mort. Et tout près, froissé, modeste, posé sur la table, mais en jaune citron claquant, et têtu en face du monstre biblique, le petit roman lu et relu de Zola, La Joie de vivre. Le dialogue entre père et fils continuait après la mort, et la couleur faisait enfin son apparition, non pour établir un simple contraste entre ombre et lumière, mais pour elle-même, avec ce jaune qui ne cesserait de monter dans sa peinture, jusqu’à embraser ses tableaux.

Chapitre 1. Le noir et le jaune
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