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Critiques de David Le Breton (116)
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Marcher la vie : Un art tranquille du bonheur

♫Un pas, une pierre, un chemin qui chemine

Un reste de racine, c'est un peu solitaire

C'est un éclat de verre, c'est la vie, le soleil

C'est la mort, le sommeil, c'est un piège entrouvert

Un arbre millénaire, un noeud dans le bois

C'est un chien qui aboie, c'est un oiseau dans l'air

C'est un tronc qui pourrit, c'est la neige qui fond

Le mystère profond, la promesse de vie

C'est le souffle du vent au sommet des collines

C'est une vieille ruine, le vide, le néant

C'est la pie qui jacasse, c'est l'averse qui verse

Des torrents d'allégresse, ce sont les eaux de Mars

C'est le pied qui avance à pas sûr, à pas lent

C'est la main qui se tend, c'est la pierre qu'on lance

C'est un trou dans la terre, un chemin qui chemine

Un reste de racine, c'est un peu solitaire

C'est un oiseau dans l'air, un oiseau qui se pose

Le jardin qu'on arrose, une source d'eau claire

Une écharde, un clou, c'est la fièvre qui monte

C'est un compte à bon compte, c'est un peu rien du tout

Un poisson, un geste, c'est comme du vif argent

C'est tout ce qu'on attend, c'est tout ce qui nous reste

C'est du bois, c'est un jour le bout du quai

Un alcool trafiqué, le chemin le plus court

C'est le cri d'un hibou, un corps ensommeillé

La voiture rouillée, c'est la boue, c'est la boue

Un pas, un pont, un crapaud qui croasse

C'est un chaland qui passe, c'est un bel horizon

C'est la saison des pluies, c'est la fonte des glaces

Ce sont les eaux de Mars, la promesse de vie

Une pierre, un bâton, c'est Joseph et c'est Jacques

Un serpent qui attaque, une entaille au talon

Un pas, une pierre, un chemin qui chemine

Un reste de racine, c'est un peu solitaire

C'est l'hiver qui s'efface, la fin d'une saison

C'est la neige qui fond, ce sont les eaux de Mars

La promesse de vie, le mystère profond

Ce sont les eaux de Mars dans ton coeur tout au fond...♫

- Georges Moustaki - 1973 -

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Dans la version d'origine, la chanson ne contient pas de récit, mais une énumération d'images, au moyen d'une anaphore (répétition du groupe verbal « É »,

qui signifie « c'est »...



Mon pied droit est jaloux de mon pied gauche

Quand l'un avance, l'autre veut le dépasser

Et moi, comme un imbécile je marche....

De Vos pas exces lents, valent mieux qu'un ...

La meilleure façon de marcher

c'est encore la nôtre,

Il faut mettre un pied devant l'autre

et recommencer....



Dans la version d'origine, cet essai de David le Breton ne contient pas de récit, mais une énumération d'images

-I-mage prophétique Vs e-mail - magique

Voir, connaître, s'ôter de la conscience un doute

Marcher c'est écouter le bonheur en boucle...

J'entrevois en rêve les désirs de mon intérieur

Enfin le coeur, Je me libère

Toujours cette Lumière, Une lueur,

20/06 une Fête au nom du Père...















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Marcher la vie : Un art tranquille du bonheur

Je découvre David le Breton, anthropologue et sociologue, avec ce troisième livres sur la marche, après « Marcher » et « Éloge de la marche ».



« Marcher la vie. Un art tranquille du bonheur » est un titre parfait pour cette analyse sociologique de la marche.



Alors que des moyens technologiques ont réduit fortement nos kilomètres quotidiens de marche par rapport aux années 50, la marche est de nouveau au goût du jour.



L’auteur prône ce nouvel art de vivre qui consiste notamment à prendre son temps, à ne pas se mettre la pression en permanence avec des objectifs lorsqu’on marche.



L’auteur illustre son propos avec des citations d’autres auteurs.



L’auteur ne fait pas uniquement l’éloge de la marche. Il admet aussi les dangers ce inhérents à cette pratique.



C’est un très bon livre sur ce sujet. Je le recommande sans hésiter.



Je remercie les éditions Métailié et Babelio pour l’attribution de ce livre dans le cadre de ma masse critique du mois de juin.
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Marcher : Eloge des chemins et de la lenteur

Notre 'mobilité' a besoin d'être réactivée. On peut se remettre en marche, voyager, non pour aller ci ou là, mais voyager pour marcher, pour arpenter le monde avec nos pas, dans la lenteur et la diversité de nos chemins. La terre nous est donnée par la plante des pieds, disait Nicolas Bouvier. Et dans son livre 'Marcher, éloge des chemins et de la lenteur', David Le Breton ne cesse de nous inviter à faire ce pas... et tous ceux qui suivront.



David Le Breton est professeur de sociologie à l'Université de Strasbourg. Il réinterroge ici l'appel à la marche, à la mise en mouvement de l'homme qui, de tout temps, a jusqu'ici appréhendé le monde et le plus profond de lui-même au moyen de ses pieds et de sa disponibilité d'esprit à la découverte, l'émerveillement, le dépassement de lui-même et les richesses des compagnonnages forgés au gré des chemins parcourus. A l'heure où l'homme quitte son lit pour s'asseoir dans sa voiture, puis au bureau avant de reprendre la même position pour une soirée de télévision avant que de se recoucher, le danger est grand de figer ses pieds, ses jambes dans une immobilité appauvrissante pour le corps et tout autant l'esprit.



En citant de nombreux auteurs (trop peut-être?) de tous les temps, de tous les lieux, David Le Breton souligne combien tout paysage peut être source de surgissement de sérénité chez qui accepte de s'ouvrir à la beauté des lieux, à l'intensité du paysage qui donne à l'homme de pauser un regard sur le monde donnant à ce dernier la possibilité de l'impressionner à vie! Quand l'homme s'ouvre aux chemins qu'il parcourt, il expérimente la subtilité de la lumière, l'épaisseur du silence qu'il écoute et la 'tactilité' de son corps qui peut vibrer de tous ses sens en harmonie avec le plus profond de lui-même et la splendeur de la Terre.



Sans oublier que la marche, lorsqu'elle n'est qu'errance, soif seulement d'un lendemain un tant soit peu plus digne, espoir d'un avenir préservé de toutes les atrocités que provoquent les calamités naturelles ou politiques... sans oublier donc cette marche funeste qui doit mériter notre respect, notre compassion et notre attention, l'auteur nous interpelle à propos de la marche qui nous permet de redécouvrir ce patrimoine terrestre que nous devons léguer dans le meilleur état possible aux générations futures. Il nous dit sa profonde croyance que la marche est, fondamentalement, un moyen pour l'homme de se retrouver, de se réapproprier le temps qui n'est plus, dans l'urgence, 'celui scandé par les tâches du jour et des habitudes, mais un temps qui s'étire, flâne, se détache de l'horloge' ... et de la course après le Temps pour s'immerger dans la lenteur et la richesse des découvertes à cueillir au long des sentiers parcourus.



J'ai aimé ce livre, m'y suis revu du temps où j'étais, moi aussi, un bon marcheur, randonneur dans la montagne, en forêts ou le long des côtes accablées de soleil ou soufflées par les vents de tempête. Jeunes, mes chiens m'ont souvent emmené en courses naturelles, vieux, c'est moi qui les ai entraînés sur ces chemins. Jusqu'au bout pour eux. Ils sont morts, depuis. Et moi? Suis-je encore capable de rêver de marches, de longues promenades, de randonnées ou sorties en montagne? Cette question, citant Pierre Sansot, David Le Breton n'oublie pas de se la poser: "Avec les ans, je me ménagerai des pauses. Je réapprendrai à mettre un pied devant l'autre. J'endosserai ou non une écharpe selon l'humeur du ciel. Je reprendrai souffle d'un banc à l'autre. Plus tard, j'atteindrai un premier banc et je ne poursuivrai pas l'aventure. Plus tard encore je demeurerai dans mon appartement. J'accompagnerai du regard des gamins en état d'arpenter la chaussée." ...



Lire 'Marcher, éloge des chemins et de la lenteur, c'est avec David Le Breton choisir de privilégier la qualité de l'instant randonné plutôt que la quantité de courses folles après tout et souvent n'importe quoi. Même en ne marchant plus autant, on peut, l'auteur le souligne dans son chapitre 'marcher en ville', diminuer l'intérêt du trajet pour amplifier celui de la déambulation, observant les passants comme les détails des façades à la recherche de tout signe de vie heureuse dans le seul but d'éblouir l'instant. Le flâneur est l'artiste de la ville qui décline sous ses yeux les différentes strates de son histoire et la rend présente au Temps. Merci à l'amie qui m'a offert le titre de ce livre à lire!
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Marcher : Eloge des chemins et de la lenteur

Déambulation au gré de mots glanés ici et là, tous en rapport avec cette simplissime mais ô combien réjouissante activité physique qu’est la marche. Désert, promenade, chemin, paysage, magnétisme, … autant d’étapes dans un parcours discursif, véritable rayon de soleil dans un été de lectures moroses. Le tout se fait en excellente compagnie, car bon nombre de grands auteurs, poètes ou penseurs sont eux aussi de grands marcheurs. Je pense à Basho, Segalen, Thoreau, Rousseau, Bouvier, Muir, bien sûr, mais aussi à Victor Hugo, à Nietzsche, à Montaigne. Et au détour d’un extrait, je retrouve avec joie l’écriture de Virginia Woolf dont je n’avais pas apprécié toute la beauté lors de notre premier rendez-vous.



Marcher, c’est presqu’un acte révolutionnaire, dans ce monde où tout va vite (j’allais écrire vide !), où tout est bruit, où le temps est précisément compté et rentabilisé, où chacun doit remplir la place et le rôle inscrits sur l’étiquette sociale qui lui a été collée au front.



Au fil de cette pérégrination, je n’ai pu m’empêcher de faire le parallèle entre la marche et la lecture et de leur trouver de nombreux points communs. D’abord, évidemment, ces deux activités, aussi inutiles qu’essentielles, aussi dévoreuses de temps l’une que l’autre, sont des façons d’échapper aux contingences du jour. La marche et la lecture sont une expérience intime, souvent silencieuse, une plongée au fond de soi, à la recherche de quelque chose qu’on serait bien en peine de nommer. Le lecteur, comme le marcheur, est avide de rencontres, curieux, en attente, dans une position d’ouverture aussi au monde extérieur ou au monde intérieur de l’auteur.



S’arrêter au bord de route, pour contempler un ilot de coquelicots dans la mer des blés mûrs, ou relire une phrase plusieurs fois pour en apprécier la saveur, s’autoriser au demi-tour ou revenir sur ses pages, …



Un conseil: si possible, réservez la lecture de cet essai dans un moment où la marche vous est possible, en vacances ou la veille d’un long week-end. Sinon vous risquez d’éprouver une profonde frustration et de trouver la sédentarité encore plus insupportable …



Un livre que j’emporterai certainement avec moi, lors de mes prochaines randonnées, ainsi que son « éloge de la marche » que je n’ai pas encore eu le bonheur de lire.

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Marcher : Eloge des chemins et de la lenteur

Sociologue et manifestement amoureux de la marche à pied, David Le Breton nous livre un ouvrage où alternent en permanence l'analyse sociologique de la marche (Pourquoi ? Pour qui ? Comment ?) et la présentation du vécu de marcheurs, célèbres ou moins célèbres.



L'ouvrage est intéressant, mais l'absence d'un plan plus structuré nuit à la lecture et au final, probablement, au message que voulait faire passer l'auteur.



Qu'en retenir ? Que la marche hors des sentiers battus est un plaisir qu'on aurait tort de se refuser ? Ce n'est déjà pas si mal...
Lien : http://michelgiraud.fr/2019/..
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Marcher la vie : Un art tranquille du bonheur

David le Breton est anthropologue et sociologue. Spécialiste des représentations et mises en scène du corps humain et des conduites à risque chez les adolescents, il a déjà publié deux livres autour de l'éloge de la marche Marcher et Éloge de la marche.



Dans son dernier livre, Marcher la vie UN ART TRANQUILLE DU BONHEUR, qui vient de sortir chez Metailié, juste après le confinement, l'auteur nous rappelle dans le premier chapitre que dans les années 50, nous marchions en moyenne 7 km par jour et qu'aujourd'hui la distance parcourue à pied s'est réduite à 300 mètres en moyenne.



Les yeux rivés à nos écrans, nous avons inventé des machines pour transporter nos corps (tapis roulants, escalators, trottinettes électriques), réduisant le temps où nous sommes le propre véhicule de notre corps.



Est-ce en réaction, en rébellion ou cela s'inscrit-il dans un mouvement plus large de l'art de vivre en prenant son temps (slow food, slow tourisme) mais le chercheur affirme un engouement actuel pour la marche et dans son livre, en décline tous les bienfaits sur nos vies, illustrant son propos d'anecdotes vécues par des marcheurs célèbres (Sylvain Tesson, Simone de Beauvoir, Jack Kerouac...)



On retrouve totalement dans les propos de cet essai, les petits bonheurs liés à la marche : celui de se perdre et de flâner plutôt que de suivre un itinéraire bien précis (lors de marches urbaines), l'émerveillement face aux surprises et à la beauté de la nature, l'impression de se confondre avec le paysage, l'effet que procure la marche sur le mental :

"La mise en mouvement du corps est une mise en mouvement d'une pensée qui se libère des impasses où elle se tenait"

Pas d'idéalisation (David le Breton consacre un chapitre aux dangers auxquels les marcheurs font face : accidents, corps qui les lâchent, météo capricieuse, animaux dangereux..) mais un éloge de la lenteur car "Marcher, c'est d'abord savoir s'arrêter, regarder, prendre son temps".
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Éloge de la marche

Sensorialité et jouissance du monde par le biais de la marche sont au coeur de cet essai.

Bien écrit et très renseigné, l'auteur nous plonge à la fois dans une analyse philosophique, historique et littéraire de cette activité physique revenue au goût du jour depuis quelques années.



A la fin de cette lecture revigorante pour qui reste un peu trop sur son fauteuil à bouquiner, il ne nous reste plus qu'à chausser nos godillots pour prendre la clef des champs ... au plus vite.

En marchant bien sûr.
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Marcher la vie : Un art tranquille du bonheur

J'avais déjà lu un livre de cet auteur sur la marche il y a longtemps, mais celui-ci m'a encore plus intéressée avec toutes les références littéraires qu'il contient.

Certes marcher est une activité physique, mais écrire sur la marche que l'on va faire, celle que l'on accomplit et celle dont on se souvient, c'est encore mieux !

Et David le Breton connait ses classiques et nous trouve à chaque fois l'extrait qui va dire exactement ce qu'on voulait dire et qu'un auteur dit beaucoup mieux !

Tous les écrivains voyageurs sont à l'honneur, Stevenson, Tesson, Kerouac, Peacock, Ruffin, Monod,...

Je suis une grande lectrice de récits de voyages, j'ai adoré retrouver des extraits de livres déjà lus et encore plus des idées pour ceux que j'ai encore à découvrir (Monod par exemple)

Voilà un livre qui m'a ravie et a élargi mon horizon pendant cette période de confinement !
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Marcher : Eloge des chemins et de la lenteur

Pour prendre de la distance avec notre monde de compétition, de vitesse, de communication, rien de tel que la marche pour revenir à soi, se retrouver, flâner, prendre son temps, se relier à la Terre.

David Le Breton nous dresse l’éloge de la marche à pied à travers l’analyse de différents thèmes illustrée par le vécu et les citations de différents auteurs et marcheurs.

Essai agréable à lire présentant les bienfaits de la marche, aussi bien de la simple promenade, même urbaine, que de la randonnée, avec des expressions et formulations très adaptées. Pour apprécier encore plus cet écrit, il m’a manqué des descriptions plus personnelles du vécu éprouvé par l’auteur lors de ses expériences de marche.
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Marcher la vie : Un art tranquille du bonheur

« Les chemins de traverse parcourent les marges du social, on y voit ce qui demeure invisible si l’on reste sur la route. On entre dans les arrière-cours, les arrière-mondes, ce qui est dissimulé par les écrans de l’ordinaire ou des façades officielles. »



Quel bonheur de prendre la route avec David Le Breton !



Dans ce nouveau livre consacré à la marche, l’auteur-marcheur se fait sociologue de cette pratique ancestrale et pourtant de plus en plus oubliée. On ne marche plus autant que nos grands-parents, loin, très loin s’en faut.



À partir d’anecdotes personnelles ou de grands marcheurs, l’auteur redonne ses lettres de noblesse à la marche. Les citations d’écrivains célèbres sont légions. Tantôt elles nous rappellent une lointaine lecture, tantôt elles nous en font noter une prochaine.



Je n’ai pas été surpris de voir surgir au fil des pages des mentions aux Rêveries du promeneur solitaire de Rousseau, lointain bon souvenir de fac. Thoreau, Kerouac, Sylvain Tesson ou Simone de Beauvoir sont également de la partie.



Envie d’ailleurs, besoin de se ressourcer, les bienfaits de la marche sur le corps et l’esprit, la marche comme facteur d’intégration ou de réintégration, ses aspects religieux et philosophiques. Un livre petit par la taille mais grand par la portée qu’il a en nous.



Glissez-le dans votre sac à dos et profitez de l’été pour explorer les sentiers d’un monde qui reste à explorer…



Merci à Babelio et Métailié !


Lien : https://bouquins-de-poches-e..
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Sourire : Une anthropologie de l'énigmatique

David Le Breton est un ami cher. Il ne le sait pas, bien sûr mais il est de ces amis dont la découverte illumine votre vie. C’est avec Les Passions ordinaires, Anthropologie des émotions que je l’ai rencontré la première fois et on peut parler de déniaisement au sujet de cette lecture. Avant lui, je n’avais en effet jamais interrogé le caractère culturel de nos réactions. Dans un impensé aussi flou que peu satisfaisant, j’avais imaginé une forme d’universalité à l’expression de nos émotions et joyeusement mélangé sensations et sentiments, ressentis et expressions. Par la suite, d’autres de ses ouvrages m’ont aidée à réfléchir sur le corps, la perception de soi, l’identité. Quels que soient les thèmes abordés dans ses livres, c’est d’ailleurs très souvent sur cela que l’on retombe : qu’est-ce qui fait que l’on est soi ? Comment s’entremêlent les regards des autres et la perception de soi afin que soit circonscrit l’espace d’un je, souvent précaire et en refondation perpétuelle ? Précieuse et essentielle question.

Sourire, une anthropologie de l’énigmatique continue d’arpenter ces terres du je à travers la thématique du sourire. Dans de courts chapitres aux titres agréablement limpides sont abordés les différents spectres du sourire : celui que l’on ne destine qu’à soi dans un émerveillement au monde, celui sardonique des assassins qui ne célèbre alors que leur toute-puissance sur autrui, celui de l’enfant, d’abord réflexe puis, encouragé par ceux qu’il reçoit en miroir, signe d’intercommunication heureuse... Les ambiguïtés du sourire, les situations dans lesquelles on s’y prête, ce qu’il dissimule ou révèle, la réflexion de David Le Breton découvre joliment tout de ce rictus socialement sursignifiant.

Comme une enfant que l’on emmène visiter une exposition, j’ai aimé la promenade à travers ces différentes incarnations du sourire. J’ai aimé être surprise par celles auxquelles je n’avais pas pensé, retrouver la familiarité de celles qui m’étaient déjà connues. Et bien sûr, j’ai aimé que ce seul thème convoque nécessairement tout l’appareil social nécessaire à son utilisation et à son décryptage. La subtilité des situations où point un sourire impose une méticulosité dans l’analyse afin d’en rendre tous les enjeux et toutes les significations. En ayant recours à des exemples tirés de fictions ou à des comptes-rendus d’expériences scientifiques, David Le Breton parvient toujours à restituer l’épaisseur des significations, la richesse de leurs retentissements. Sourire est un de ces livres riche d’enseignements mais aussi du plaisir simple à déambuler dans une heureuse complicité d’analyse avec son propos. Un livre ami.

Je remercie donc chaleureusement Babelio et les éditions du Métailié de m’avoir offert cette anthropologie de l’énigmatique dans le cadre d’une masse critique non fiction.

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Marcher la vie : Un art tranquille du bonheur

Cet essai m’intéressait parce que j’aime marcher et que c’est parfois très compliqué. Autant s’inscrire dans une salle de sport et y passer trois heures le samedi matin est considéré comme normal, autant marcher sans but autre que la marche peut questionner autrui.

Le constat est simple : nous ne marchons que trois cent mètres par jour actuellement, nos parents ou grands-parents marchaient sept kilomètres par jour dans les années cinquante. L’auteur nous montre les occasions que nous avons, de nos jours, de ne plus marcher : « On transporte son corps, il ne nous transporte plus. »

Il est une histoire de la marche, des motifs qui poussent à marcher. La religion y tient une place importante, y compris de nos jours : les années 70 ont vu le retour des pèlerinages, dont le plus connu, le plus accessible est sans doute Saint Jacques de Compostelle – et de nombreux ouvrages y sont consacrés.

Les ennemis de la marche sont montrés – ils sont les ennemis du corps en général, lui préférant la technologie/ Les dangers de la marche aussi, du moyen âge à nos jours – l’épuisement n’est pas le seul risque, et marcher, même seul, ne signifie pas se couper de tout lien social, mais se retrouver. Et parfois, le renouer, comme le montre certaines initiatives montés par des éducateurs, en lien avec les familles, les jeunes en rupture sociale et, il faut bien le dire, le système judiciaire qui veut amener ces jeunes à s’interroger sur eux-mêmes, sur leur avenir, sur ce qu’ils veulent faire de leur vie (voir sur le sujet, le très beau roman La Trouille de Julia Billet).

Cet essai fait aussi la part belle à tous ces auteurs qui ont écrit sur la marche, sur ce que la marche leur a apporté : je pense à Stevenson, à Simone de Beauvoir, à Doug Peacock, à Sylvain Tesson en particulier.

Il rappelle aussi, pour terminer, que parfois, la marche n’a pas servi à grand chose, surtout si le marcheur est resté connecté tout au long de son parcours. On oublie trop souvent que, pour se retrouver, il faut aussi accepter de se perdre, un peu.
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Philosophie de la marche

Un petit recueil de textes et d'interviews assez plaisant.

Il n'y a pas beaucoup de philosophie là-dedans mais tout de même quelques aperçus sur des auteurs à découvrir.

On passera sur le snobisme anti-technologique de Sylvain Tesson: pas question de parcourir les sentiers de grande randonnée mais on use intensivement des cartes IGN! croit-il vraiment que ces cartes ont été réalisées sans technologie?

On passera aussi sur les considérations sociologiques qui sous cette forme ramassée consistent à classer les humains dans des cases artificielles (ce qui n'est pas le cas de tout travail sociologique).

Il reste une petite ouverture sur la philosophie et l'envie de lire le livre de Frédéric Gros: Marcher, une philosophie; les aperçus littéraires; et les expériences: celle hors normes de Sarah Marquis (une compatriote de Nicolas Bouvier), et celles plus ordinaires mais bien vues de David le Breton.

Plutôt une porte ouverte vers d'autres lectures.

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Disparaître de soi

La construction personnelle de soi et sa représentation sociale sont pesantes et énergivores, surtout dans notre monde contemporain grévé d'injonctions. Nombreuses sont donc les raisons et les manières de s'en départir temporairement ou de s'en séparer définitivement. Ces absences, ces blancheurs, ces démissions, telles qu'elles sont décrites en littérature ou rencontrées dans la clinique, sont traitées ici avec grand soin stylistique, remarquable précision d'analyse, convaincante amplitude des cas et circonstances. En comparaison avec les essais de Le Breton que j'ai lus jusqu'ici, je trouve ce texte beaucoup plus accompli et homogène, ce qui rend au sujet traité un aspect, sinon d'exhaustivité, au moins de complétude. Mon seul regret est que, hormis un bref survol initial (cf. cit. 1) et conclusif (cit. 6), les spécificités de la contemporanéité ne soient pas suffisamment mises en évidence, signe que ce texte s'éloigne de la sociologie pour se rapprocher de la philosophie – et bien sûr de la littérature.

Le chapitre premier, « N'être plus personne », est le plus riche en références littéraires : de Robert Walser à Fernando Pessoa, en passant par Samuel Beckett, Paul Auster, Un Homme qui dort de Perec et bien sûr le Bartleby de Melville, on dirait presque que cette forme de disparition ne concerne que les personnages romanesques, si la biographie exemplaire de T. E. Lawrence, dit Lawrence d'Arabie devenu J. H. Ross, ne venait clore le chapitre.

Le ch. 2, « Manières discrètes de disparaître », plus que de discrétion traite de syndromes légers et sans doute réversibles : la disparition dans le sommeil, l'hébétude du jeu de billes japonais nommé « pachinko », la fatigue désirée (notamment par le sport) et sa parente subie : le burn out au travail, les dépressions (au pluriel), le syndrome des personnalités multiples (abondamment traité au cinéma) et enfin la monomanie, représentée étrangement par une autre et unique référence littéraire : La Défense Loujine de Nabokov.

Le long ch. 3 est consacré spécifiquement à l'adolescence. Nombreuses sont les formes d'« ordalie » qui constituent et représentent la construction identitaire à l'âge pré-adulte, entre tentatives de se débarrasser du soi de l'enfance et tentations d'aller au-devant de l'incertitude de l'avenir. « Errance d'espace, errance à soi » analyse en profondeur la fugue, et il est suivi par le cas – objet littéraire et cinématographique – de Chris McCandless en errance tragique « into the wilderness ». Les aliénations dans le virtuel sont traitées aussi dans deux sous-chapitres, dont le second dédié au phénomène nommé « Hikikomori » au Japon : le refus de tout engagement scolaire, professionnel et social jusqu'à une vie de quasi claustration. Suit, dans « La disparition dans l'autre », un bref exposé sur l'adhésion sectaire et l'intégrisme religieux. Ensuite, il est question d'anorexie chez les adolescentes. Deux sous-chapitres sont consacrés à la « défonce », par l'alcoolisation festive et les drogues ; enfin les pratiques d'évanouissement délibéré – jeux d'asphyxie – sont explorées. Le ch. se termine par un bilan de ces pratiques adolescentes sous le titre : « Disparaître et revenir ».

Le ch. 4, de façon quelque peu symétrique, traite de la vieillesse, et développe la thèse intrigante que la maladie d'Alzheimer est au moins en partie une stratégie pour « disparaître de son existence », lorsque et dans la mesure où celle-ci est vécue comme étant diminuée et insatisfaisante. Davantage que la question des lésions cérébrales – qui ne sauraient de toute manière expliquer l'ensemble des démences séniles – est affrontée celle du dépouillement de la condition sénile contemporaine et du lâcher-prise. Quelques références littéraires et cinématographiques ici aussi : le merveilleux film de Hannecke, Amour (2012), le témoignage de Rezvani, L'Éclipse (2007), et, déjà, La Vieillesse de Simone de Beauvoir (1970) ; le ch. se termine par un « Accompagner le détachement » que plusieurs lecteurs de nos âges trouveront sans doute utile.

Le ch. 5 traite la problématique très intrigante et évocatrice du « Disparaître sans laisser d'adresse ». Curieusement, cette pratique qui peut aller de pair avec la pathologie de l'amnésie, semble se développer de façon épidémique au Brésil actuellement. Un sous-chapitre est consacré aux trappeurs et autres Indiens blancs aux XVIII-XIXe s. ; deux, concernant les disparitions contemporaines, font abondamment référence à l'enquête journalistique de H. Prolongeau (2001) ; ensuite la plus célèbre énigme de disparition du début du XXe s. est rappelée, celle du physicien sicilien Majorana sur laquelle Leonardo Sciascia et plus récemment E. Klein ont écrit ; enfin, le chapitre se termine par un tour d'horizon littéraire entre Pirandello, Simenon et encore Paul Auster.

Le ch. 6, « Soi comme fiction » esquisse une conceptualisation de l'identité « comme processus », notamment en faisant usage du fameux séminaire de Lévi-Strauss, et d'autres sources de sociologie théorique. Curieusement, le travail de Ricœur sur l'identité narrative n'est pas cité, et son nom à peine mentionné avec celui d'U. Beck.

La conclusion, « Ouverture : Les tentations de la subjectivité contemporaine » ne saisit pas l'opportunité, comme je l'ai noté, d'approfondir les spécificités du contemporain ; par contre ; elle « ouvre » sur des réflexions intemporelles comme celles inspirées par la notion taoïste du Wu-Wei et se termine sur une citation très généralisante de Montaigne, qui peut tout autant se référer à la disparition de soi qu'à des activités beaucoup plus anodines, telles l'écriture, la lecture, le voyage, la marche voire la méditation...
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Disparaître de soi

Peu de critiques sur ce livre paru en 2015 et un peu de lecteurs. Je me souviens avoir souscrit à la plupart des idées émises sur la dilution du moi, la perte de substance d'êtres évoluant dans un monde de plus en plus opaque.

L'impermanence règne, une information chasse l'autre, un nouveau modèle remplace le précédent à peine sur le marché.

La pensée cède devant le flux ; comment exister dans ce magma ? L'identité ne va plus de soi, alors nous sortons de nous-même. L'adolescent japonais se coupe du monde, s'enferme dans sa chambre. L'individu contracte une maladie qui lui permet de s'effacer (Alzheimer). La majorité se laisse glisser en maison de retraite lorsqu'il n'y a plus rien à sauvegarder.

Cette réalité décrite, le sociologue avance des pistes de réapparition. L'individu ne cesse jamais de naître dans une longue vie intranquille. Il est nécessaire de poser des repères, en se disant sur un blog, en écrivant une autobiographie, genre très en vogue actuellement. Se raconter pour redonner sens et cohérence au quotidien flottant.

Alors certes, la blancheur (une forme d'ascèse, d'espace de relâchement des tensions) est un passage obligé, mais elle ne peut durer. Je suspend le monde pour reprendre prise sur ce qui s'est dérobé à mes sens, à ma clairvoyance, à ma vie. Se retirer pour reprendre son souffle et repartir d'un pied allégé.

Le cheminement intellectuel de David Breton est exigeant. Toutefois, il propose des refuges aux contours moins acérés que ceux arpentés dans son essai : l'écriture, la lecture, la création de manière générale, la marche, le voyage, la méditation etc.

Et si nous commencions par là...


Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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Du silence

Un essai sociologique – auquel je m'attendais plus ou moins – aurait pu se cantonner à étudier le silence comme l'inverse du bruit, notion très importante et multiforme dans les théories de la communication. Dans ce cas, on aurait pu prévoir un discours nostalgique et apologétique du silence raréfié... Mais David Le Breton ne fait pas du tout cela, ou plutôt, il liquide cette question (et de façon problématisée) dans l'Introduction ; pour le reste, par une démarche presque philosophique et avec un style qui m'a souvent fait penser à du Gaston Bachelard, il s'attelle à examiner le plus grand nombre d'occurrences du silence, dans une telle variété de contextes que l'on peut se persuader qu'il s'est approché de l'exhaustivité.

Le premier contexte, le plus concret, est celui des « Silences de la conversation » (ch. 1). En partant de l'observation que les langues antiques possédaient deux verbes (en latin : « silere » et « tacere ») là où nous n'en avons qu'un, d'où une une certaine fluctuation conceptuelle moderne, l'auteur souligne que le discours est toujours une trame où parole et silence se tissent, il démontre le côté culturel du dosage du silence, mais aussi sa dissymétrie genrée, sa différente appréciation selon les fonctions communicatives et encore selon les cultures, et la spécificité des silences des enfants ; pour finir, il affronte la question du bavardage conçu comme une forme de ce que les linguistes qualifient de communication phatique (cf. cit. infra).

Le chap. 2, « Politiques du silence », dans lequel, de manière surprenante, les références sont pour la plupart littéraires, s'occupe des relations ambiguës entre silence et pouvoir : à la limite, il s'agit de l'intimation de se taire ou de parler. Dans ce contexte, les significations du silence sont également multiples : contrôle de soi, opposition, réduction au silence, rupture du silence, acquiescement, indifférence, mutisme – en particulier chez les enfants des migrants (réf. à l'excellent essai de Zerdalia Dahoum) –, indicible (réf. à Primo Levi).

Le chap. 3, « Les disciplines du silence », constitue une sorte d'appendice du précédent, lorsque le pouvoir est auto-imposé ; ainsi, le sujet principal est le secret, avec ses divers motifs, ainsi que « les ruses de l'inconscient », et donc, symétriquement, le travail de la psychanalyse qui consiste à tenter de des déjouer ; le chapitre se termine par « le silence des institutions » - qui aurait pu aussi trouver sa place au chap. 2.

Chap. 4, « Manifestations du silence » : ou comment les silences sont porteurs de sens et, par conséquent, ont des effets psychologiques opposés, tantôt angoissants, tantôt réconfortants. Silence du recueillement, de l'angoisse, conjuration contre le silence, silence de mort, silence de l'interprétation de l'univers. Ensuite, inversement, les significations du bruit sont examinés : bruits d'enfance, bruits du quotidien, bruits environnants.

Un très long chap. 5, parfois un peu répétitif, est consacré à : « Les spiritualités du silence ». La plus grande partie traite du christianisme, surtout dans ses déclinaisons monastiques orientales et occidentales, ordre par ordre, dans la théologie, ainsi que dans les expériences mystiques. Mais les mysticismes islamique, judaïque, bouddhique, hindou et même « profane » (réf. à Bataille) sont également effleurés.

Enfin, le chap. 6 s'intitule : « Le silence et la mort ». S'y mêlent deux genres de silence : celui qui, dans de nombreuses cultures, entoure le deuil et/ou la fin de vie, et celui, éternel, que la mort inflige à sa victime, y compris, avec une emphase particulière, lorsque le « moribond » est un patient atteint du sida (la première éd. de cet essai remonte à 1997) : en effet, dès lors qu'un patient découvrait sa séropositivité, à l'époque, il s'infligeait un silence et une mutilation sur de nombreux aspects de sa vie, au point de se sentir (et d'être effectivement relégué) à l'antichambre du trépas.





Cit. :





« Le bavardage est une forme courante de la communication phatique, il suscite le plaisir du contact sans engager outre mesure et remplit une fonction anthropologique de confirmation de soi et de l'autre, de renforcement du lien social. Paroles superflues sans doute, mais dont l'absence ôterait à la qualité de la relation en réduisant le langage à un pur instrument utilitaire. » (p. 70)



« Tout système hiérarchique implique une canalisation de la parole, une manipulation du silence qui se donne comme une zone stratégique de repli, et, simultanément, pour ceux qui le subissent, comme une réserve dangereuse de menace. Si le subalterne est souvent réduit au silence devant son supérieur, ce dernier n'use pas nécessairement du privilège de la parole que lui confère son statut car il n'ignore pas les avantages psychologiques de la distance, et donc du bon usage politique de sa parole. » (pp. 83-84)



« Le silence [du psychotique] est une protection efficace qui ne révèle rien de soi, et l'enveloppe d'un voile par lequel il cherche à se rendre invisible, inaudible, à passer entre les mailles d'un réel qui l'effraie. Protection aussi contre soi, un soi déjà entamé par l'intrusion originelle des autres, et qui conduit également à repousser le langage. » (p. 113)



« L'histoire de la psychanalyse est comme la longue conquête d'un silence venant bouleverser le régime antérieur de la parole de la psychiatrie, et plus largement son rapport à la souffrance. Le recours au silence rend le thérapeute plus disponible à l'écoute de la parole d'un patient suivant les méandres de son cheminement au fil de l'inconscient. » (p. 135)



« Le droit au confort acoustique (la préservation d'une part de silence) est devenu un domaine sensible de la sociabilité, une valeur unanime en réponse à l'augmentation ambiante du bruit. Le silence a été enrôlé peu à peu au fil des dernières décennies […] comme une référence commerciale de poids […]. Les entreprises ou les agences publicitaires ont elles aussi perçu la valorisation nécessaire du silence dans la vie quotidienne traquée par le bruit. […] L'argument est un recours efficace du marketing. » (p. 185)



Excipit :

« Maintenant commence la vigilance devant les ambiguïtés toujours possibles du silence, le sentiment que pour avoir le bonheur de se taire, ou jouir de la tranquillité d'un lieu, il ne faut pas être réduit au silence. Si la parole n'est pas libre, le silence ne l'est pas davantage. La jouissance du monde découle de la possibilité de toujours choisir. Mais le silence a toujours le dernier mot. »
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Marcher : Eloge des chemins et de la lenteur

Ça fait du bien de lire ce genre d’essai. Dans notre société du « toujours plus vite », « toujours plus compétitif », lire ces lignes repose. C’est presqu’aussi bien qu’une promenade en forêt ou au milieu des champs. Ça requinque !



Et puis c’est très bien écrit.



Et puis on croise Nicolas Bouvier, Herman Hesse, Robert-Louis Stevenson et bien d’autres encore (des connus, des moins connus, des pas connus) qui ont écrit avant David Le Breton et qu’il cite abondamment.



Et puis c’est d’actualité, avec ce temps printanier, vous reprendrez bien une petite marche !
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Marcher : Eloge des chemins et de la lenteur

Le dernier livre de David Le Breton « Marcher, éloge des chemins et de la lenteur » est un éloge de la marche. Ce qui importe dans la marche n’est pas la destination, le point d’arrivée, mais le voyage, et à travers lui, toute une série de rencontres, de visages, de panoramas, de sensations, de bruits, d’odeurs, de saveurs, de couleurs. Le voyage est également l’occasion de rêver, de penser, de réfléchir, de méditer, de sentir les choses, loin des exigences du temps et de l’instant. En cela, la marche permet de découvrir ou redécouvrir la lenteur, de ressentir les heures qui passent. Elle nous soustrait aux contraintes de l’immédiateté, de la réactivité, de la connectivité qui sont les traits de nos sociétés actuelles.



Pour étayer sa réflexion sur la marche et ses bienfaits, l’auteur fait appel à de nombreux témoignages de personnes pour qui la marche est, ou a été, une véritable philosophie d’existence. On retrouvera ainsi les expériences vécues à des époques et lieux divers comme celles de Nicolas Bouvier, Jacques Lacarrière, Jacques Lanzmann, Frédéric Nietzsche, Bernard Ollivier, Robert Stevenson, Henry Thoreau.



Bien écrit et documenté, ce livre de 150 pages se lit avec grand plaisir. Tout marcheur retrouvera dans ce petit essai des expériences et des sensations qu’il a lui-même vécues. C’est mon cas. Un vrai bonheur.



Ce livre m’a aussitôt donné l’envie de me plonger dans la lecture successive de 3 autres livres écrits par des marcheurs ayant emprunté les chemins de France. Le premier, « Chemin faisant » de Jacques Lacarrière écrit en 1971, est le récit de sa traversée de la France, des Vosges aux Corbières. Le second, « Semelles aux vents » d’Alain Godon écrit en 2010, conte sa longue marche d’Avignon à Calais. Et le troisième, « Pensées en chemin » d’Axel Kahn écrit en 2013 relate son itinéraire des Ardennes au Pays Basque. Trois livres, trois auteurs, trois témoignages, trois philosophies de la marche, trois randonneurs qui ont trouvé dans la marche un bonheur simple et intense.

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Signes d'identité : Tatouages, piercing et au..

Sociologue reconnu pour ses travaux sur la mal-être de la jeunesse, il aborde ici le versant positif des modifications corporelles.

Il a cherché à en savoir plus sur cet engouement pour le tatouage et le piercing, en menant plus de 400 entretiens avec des clients et des professionnels. Certains sont "simplement" dans une démarche de singularisation. D'autres, les gros "consommateurs", sont dans une démarche plus spirituelle, la recherche d'un autre mode de vie que celui proposé par l'occident. Sans délaisser le confort que nous offre notre société, ils se retrouvent également dans des pratiques "importés" de sociétés dites premières ou primitives (n'y voyez aucun jugement de valeur, j'essaie d'éclairer ma pensée) Le piercing, le tatouage, les scarification, le marquage au fer rouge sont des moyens pour eux d'atteindre l'extase spirituelle et de s'inscrire contre la société occidentale sans avoir besoin de l'abandonner ou e changer radicalement de mode de vie. Ils sont appelés "primitifs modernes" ("modern primitives") et le plus emblématique de tous est fakir Mufasar (ça vaut le coup d’œil)

Cette enquête sociologique passe aussi par une enquête historique et montre la lente mais inexorable légitimation du corps marqué. Et la lente mise au jour de cette culture particulière du corps, avec ses expériences parfois limites. Les tatoueurs et perceurs font souvent eux-mêmes partie des expérimentateurs et veulent par leur mise en application ultérieure permettre à d'autres de se retrouver, voire parfois de devenir soi, de se compléter. Cependant, si leur démarche est honnête, ils peuvent aussi décourager certains de leurs clients : les modifications sont irréversibles, la démarche y menant doit être mûrement méditée et littéralement incorporée par le candidat.

Un éclairage bienvenu et accessible au grand public sur un univers et une culture encore souvent regardés avec peur et mépris.
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Méditations sur le risque

Comme dit le proverbe : "Qui ne risque rien n'a rien (*)".

Alors soit, oublions pour un temps la fiction, mettons le roman de côté et risquons-nous à la lecture d'un (petit) essai, ou plutôt d'un recueil de pensées et de réflexions joliment échafaudées par sept intervenants d'horizons divers.

L'objet de cette méditation collective ? La notion de "risque", évidemment.



Le risque au sens large, ou plutôt LES risques multiples et variés, qui couvrent l'ensemble du spectre depuis les menaces vitales pesant sur tout un chacun (accident grave, maladie foudroyante, attentat meurtrier, chute de météorite) jusqu'aux aléas plus "bénins", les risques de tous les jours inhérents à la moindre de nos décisions (entamer une relation amoureuse, investir en bourse, choisir un métier, une formation, une université, une entreprise, opter pour la "pilule rouge" plutôt que pour la "pilule bleue", etc...)

Le risque comme épouvantail, comme motif d'angoisse que l'on redoute et que l'on s'efforce de fuir, ou tout du moins de limiter, mais également le risque comme sel de l'existence, comme source d'excitation après laquelle on court (ne dit-on par "courir le risque" ?), que l'on se plaît parfois à rechercher, à poursuivre, à défier. Deux faces d'une même pièce, que souvent le Hasard se charge de manipuler pour nous...



C'est d'ailleurs bien lui, le hasard, qui m'a poussé vers ce livre, puisque je l'ai choisi à l'occasion d'une "masse critique Babelio" (merci à eux ainsi qu'aux éditions "Philosophie Mag" !) sans trop savoir à quoi m'attendre. Sans doute mon choix fut-il motivé simplement par la jolie couverture très sobre, associée au nom d'Etienne Klein, physicien et philosophe dont on m'a plusieurs fois vanté les mérites. Sa préface est d'ailleurs excellente et très instructive !

Au terme de ma lecture, je dois cependant reconnaître que je reste un peu sur ma faim. En dehors du célèbre écuyer / metteur en scène Bartabas (qui signe peut-être pour moi le plus beau chapitre du livre en abordant - hélas trop brièvement et de manière assez vague - la question de la "prise de risque artistique") je ne connaissais aucune des personnalités réunies autour d'Etienne Klein, et il m'a manqué un "fil conducteur", une cohérence, une unité entre chacune de leurs interventions.

Bien que chaque chapitre soit introduit par un bref message de présentation, je n'ai pas compris pourquoi un psychologue, un journaliste scientifique, un résistant de la seconde guerre mondiale, une docteure en philosophie, ou encore un anthropologue-sociologue avaient été conviés à compiler des textes si différents dans un même recueil sans soucis d'homogénéité, sans véritable idée directrice ni logique apparente (à moins qu'elles ne m'aient échappé, ce qui est tout à fait possible !)

Pour un lecteur comme moi peu habitué à ce type d'ouvrage, les questions soulevées, bien que très intéressantes (Peut-on vivre sans risque ? Qu'est-ce qu'un risque acceptable ? La fréquentation du risque serait-elle la condition pour éprouver la pleine valeur de l'existence ?) ne sont finalement qu'effleurées, ou abordées de manière un peu décousue, et les redites m'ont semblé trop nombreuses.



Entre réflexions philosophiques parfois confuses et brefs récits d'expériences vécues en guise d'illustrations, le lecteur ne sait plus trop où donner de la tête, ni ce qu'il faut retenir de ces différents textes pas toujours très accessibles au profane.

Peut-être quelques idées telles que celle-ci, que j'ai trouvée très juste :

"Notre rapport au risque s'est complètement inversé : il n'est plus perçu comme le prix à payer pour faire advenir le mieux, mais plutôt comme le symptôme d'un dérèglement général à corriger, voire comme l'annonce tangible des apocalypses futures."



Ou encore :

"Nos sociétés contemporaines transforment le risque en une sorte de repoussoir, elles le voient sous l'angle d'un péril dont il importe de se protéger dans d'innombrables domaines où la confiance n'est plus une donnée acquise : technologies, alimentation, transports, santé, loisirs, sexualité. Rien n'échappe à cette traque qui multiplie par ailleurs les contrôles, les réglementations, les procédures, les interdits, la judiciarisation. le risque est aujourd'hui une sorte de mot-valise pour dire l'incertitude avec une connotation néfaste. Son évocation est en dernière instance celle de la mort possible. Pourtant il est inhérent à la condition humaine".



Voilà déjà qui prête à réflexion, non ?

Ainsi, en dépit des quelques réserves énoncées plus haut et d'un léger regret, devant un sujet si intéressant, de n'être trop souvent resté qu'en surface, je suis content d'avoir "pris le risque" de cette lecture et m'en retourne à mes chers romans (peut-être) un peu moins bête !

C'est toujours ça de pris...



- - - - - -

(*) parait que ça marche aussi dans l'autre sens (dixit Guy Bedos) : "qui n'a rien ne risque rien". ☺
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