David Thomas (II)

Les Russes et les Américains étaient au coude à coude dans la conquête de l’espace, ils fabriquaient des missiles nucléaires capables de faire sauter la planète. Les ombres du passé s’étendaient sur les deux camps, car chacun avait recruté des scientifiques allemands afin de perfectionner la technologie conçue durant la période nazie. Paula s’apprêtait à plonger dans les mêmes ténèbres pour y déterrer les victimes et les crimes oubliés.

Nous savourâmes notre boisson. Cela faisait des mois qu’il était impossible de mettre la main sur du vrai café. On se débrouillait tant bien que mal avec un jus de chaussettes infect, le Muckefuck, un mélange de malt, d’orge, de glands, de figues, de chicorée et même de racines de pissenlit, paraît-il. Tout sauf un grain de café, ou même un gramme de caféine.

Durant les premières années de la férule hitlérienne, le Führer avait tout d’un héros. Comparé aux vieux crétins velléitaires qui avaient vainement tenté de diriger le peuple allemand au cours des quinze années précédentes, il était vraiment un surhomme. Quand il reprit la Rhénanie, une partie de notre fierté fut rétablie, puis elle monta crescendo quand l’Autriche, les Sudètes et la Tchécoslovaquie passèrent sous contrôle allemand. On ne se doutait pas de ce qui arriverait ensuite, et comment aurait-on pu ? C’était inimaginable.

Il tenta de maîtriser son excitation croissante, comme un maître-chien qui tire sur la laisse de son molosse. Son pouls cognait, sa respiration s’accélérait, son pénis en érection frottait contre la laine rêche de son pantalon. Sa rage et son désir croissaient. Devant lui, ce n’était pas la femme respectable qu’il voyait, mais une répugnante porteuse de microbes, qui infectait les hommes. Une criminelle qui semait la mort, une fautive qui méritait châtiment.
Et c’était lui qui infligerait la punition.

La femme n’était ni jeune ni jolie. Elle ne correspondait pas à un type particulier : cet homme ne traquait pas spécialement les putains, les écolières ou les rombières. On découvrirait plus tard qu’il recherchait cependant une qualité spécifique chez ses victimes. Mais à cet instant, c’était secondaire par rapport à ce qui l’intéressait : elle était assise, seule et sans protection.

Nous avons besoin de preuves qui tiennent la route devant les juges. Cela signifie des témoins, des documents, des faits irréfutables, qu’aucun avocat futé ne pourra balayer. Et, comme vous ne le savez que trop, personne ne nous aidera. Le Limier est un policier talentueux. Il est admiré et respecté par tous ceux à qui vous serez susceptibles de vous adresser : policiers, procureurs, juges ou hommes politiques. Même les journalistes l’apprécient. A la minute où vous sortirez de ce bureau, vous poserez le pied en territoire hostile.

très compliqué à noter ce roman.
c'est solidement ancré dans la réalité historique et sur la forme et le style,il n'y a rien à redire c'est très bon.
on suit Georg Heuser une 1ère fois quand il participe à l'enquête et l'arrestation d'un tueur en série à Berlin en 41.
on le suit une 2nde fois bien après la guerre pour son arrestation et son procès. Pour quelle raison? parce qu'on le suit une 3ème fois,à Minsk, où il a en charge l'arrivée des convois de déportés juifs et l'organisation du ghetto.
alors oui Heuser n'était pas membre du parti,oui comme beaucoup il a été broyé par la machine de l'état Nazi, oui comme encore plus il était obligé de suivre les ordres.Comme il est dit c'était la grande Allemagne et si on leur demandait de faire ça c'est qu'il y avait une bonne raison à ça.
je peux l'entendre mais je ne peux pas l'accepter. Quand tant de monde n'ont fait "que" suivre les ordres de quelques uns,quand on cherche à ce point à appliquer les méthodes capitalistes de l'époque pour améliorer l'outil de mort parce qu'il fallait en plus le rentabiliser et faire des profits (je rejoins le roman sur cet aspect,j'ai travaillé dessus à la fac,certainement le boulot le plus abouti que j'ai jamais rendu) je ne peux l'accepter surtout quand le personnage d'Heuser n'accepte pas qu'on puisse l'arrêter et le lui reprocher. oui il a dû vivre avec ses démons en passant de flic à meurtrier de masse,oui comme d'autres il s'est auto-détruit mais ce qui me chiffonne c'est qu'il n'accepte pas qu'on vienne un jour lui demander des comptes et cherche à passer à travers les mails du filet.
c'est très intéressant,c'est dérangeant et c'est à lire pour se faire son idée

Je m'étais tout bonnement dit qu'une fois l'opération terminée, ils auraient congelé ma queue, genre Miko Parfait parfum zizi, jusqu'à ce qu'elle soit prête à décongeler pour la remettre en place . C'est plus tard, dans l'après-midi, qu'on m'a annoncé la mauvaise nouvelle.

Cela fait des dizaines d'années que les gens se disputent sur les différences entre hommes et femmes. Sont-elles biologiques ou conditionnées par la société ?