Une BD au format paysage, assez touffue.
Ma critique pourrait s'arrêter là mais 250 oblige, je développe.
Je ne connaissais pas Chamisso, je le découvre donc mais voilà, sa vie, son oeuvre, comment il vécut, comment il est mort, comment il a perdu son ombre, et bien, cela ne m'a guère emballé.
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Le premier tome de cette série sur P.B. Shelley prend la forme d'une bleuette convenue autour de la jeunesse du poète. Et se garde bien de rentrer dans le sujet de ce qu'a pu être la réalité qu'il a vécue.
Pas une grande réussite sur le fond, mais le dessin, malgré tout, est des plus agréables.
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C'est une série que j'aurais voulu apprécier mais cela ne l'a pas fait. Le graphisme est plutôt flou et se sert d'une bichromie assez pauvre avec des couleurs tristes et monotones. Cela donne un caractère film de cinéma muet qui est certainement voulu par l'auteur comme pour une mise en scène.
On raconte en l'occurence l'histoire d'un chimiste, prix nobel en 1918 qui fut l'un des pères des armes les plus atroces qui ont existé sur notre planète. Il était d'origine juive et voulait être allemand avant tout et surtout prouver qu'il pouvait en être fier. Tragique destinée puisqu'il fut contraint à l'exil en 1933 lorsqu'Hitler s'empara du pouvoir. Il mourrut un an plus tard à Bâle en Suisse.
Je ne suis pas parvenu en entrer dans cette histoire car tout est froid à commencer par Fritz Haber lui-même. Le fait qu'il soit parvenu à la synthèse de l'ammoniac me fait ni chaud, ni froid.
La biographie est certainement brillante et use de procédés originaux. Cependant, cette magie ne m'a pas atteint faute de n'avoir pas apprécier l'ambitieux scientifique à l'origine des gazs mortelles ayant fait de nombreux ravages dans les tranchées durant la Première Guerre Mondiale. Et puis, c'est trop mélancolique et franchement un peu ennuyeux.
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Comment définir Percy Shelley ? C’est clairement le récit d’un vagabondage de fils de riches qui s’ennuie. De nos jours, on le comparerait à un bobo. Les idées qui l’animent seraient un peu comme celles de ce groupe de rock en Russie qui n’a pas hésité à chanter dans une église une ode anti-pouvoir politique et religieux. Bref, c’est de l’anticonformisme à l’état pur sur le mode de l’amusement. C’est vrai que cela rend le personnage attachant car il s’oppose à son professeur, à son père et au monde entier en faisant uniquement ce qu’il lui plaît. Il veut être un poète. Soit.
J’ai beaucoup moins apprécié la seconde partie où il laisse tomber son épouse et son enfant pour se livrer à un marivaudage qui finit complètement par le discréditer à mes yeux. La liberté doit toujours passer par la case respect. Sans cela, il n’y a plus aucune valeur. J’ai fini par me lasser de ces coups d’éclats qui n’impressionneront que les plus vulnérables. Le pseudo-intellectualisme mâtiné de poésie de bon aloi n’est sans doute pas ma tasse de thé.
Malgré tout, cela se laisse lire agréablement. On passe un bon moment de lecture d’autant que le graphisme sera de qualité. Il y a juste quelques longueurs mais qui seront vite rattrapées par le dynamisme du récit dans son ensemble.
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Ce tome 3 est très graphique et peut-être mieux réussi que le premier tome. Fritz haber à mis en place un gaz provocant de gros dégâts et pouvant être utilisé dans la guerre des tranchées. On semble considéré ce scientifique à sa juste valeur et une opération va être menée dans les Flandre. Ypres deviendra tristement célèbre avec l'utilisation de gaz pour la première fois dans cette guerre. Avec cette bd on découvre les dessous de l'utilisation de l'hyperite.
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Fritz Haber est un juif allemand de la fin du 19ème et début 20ème siècle. Réputé comme un grand chimiste il est mis de côté à de nombreux moments parce qu'il est mal né. Être juif à cette période était déjà un frein à un avancement normal et présageait d'un futur encore plus noir.
Ce premier tome rompt avec la bande dessinée classique, il n'y a pas d'encrage à l'encre de chine et l'histoire est traitée comme l'était les films muets de l'époque. On a presque l'impression d'être dans du roman photo contemporain. Les bulles sont inexistantes et la colorisation a l'air manuelle avec un travail à l'aquarelle très imbibée en eau qui bave partout. En ce qui concerne c'est l'un des points qui m'a beaucoup plu. Par moment on a aussi l'impression d'avoir un travail sur photo. Ce premier tome est typique du roman graphique qui par certains aspects peut rebuter car la compréhension des images n'est pas immédiate.
Le coup d'oeil est conseillé pour se donner une idée de ce que peut être la bande dessinée. En gros nous sommes en présence du grosse claque niveau graphisme.
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Vue dans un documentaire sur les bandes dessinées traitant de la guerre, j'étais curieuse de découvrir ce dyptique sur la vie de Fritz Haber, chimiste allemand qui mourut en 1934.
Ce premier tome consiste principalement à présenter le personnage et son environnement familial, professionnel et socio-culturel. On voit donc que ses origines juives, en cette fin de XIX ème siècle, bien que converti et ayant changé son prénom de naissance (Jacob) pour Fritz lui porte un grand préjudice et le condamne à voir promu des gens moins doué que lui.
La présentation en elle-même n'a pas grand chose de palpitant, bien qu'on sent déjà les tensions qui atteindront leur paroxysme dans le tome suivant. Toutefois, les techniques utilisées pour la réalisation des planches qui donnent un aspect vaporeux entre peintures romantiques allemandes et effluves de souffre sont aussi inquiétantes que remarquables.
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Ce premier tome m'a donné envie de pousser jusqu'au deuxième (lecture en cours...) !
Entrons par effraction dans la vie de Percy Shelley, suivons ce grand fou dégingandé et laissons son esprit insatiable nous mener en Angleterre, d'amours en amourettes et jusque sur le continent...
Une bande dessinée qui se lit vite et bien, sans prétentions et avec des traits fins et précis. Peut-être même qu'elle m'a donné envie de lire de la poésie !
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Bd Pastiche de la série des Maigret de Simenon, Le commissaire sur un bateau de croisière se retrouve face à un cas de meurtres d'un scientifique par un primate, celui-ci doit-il être considéré comme un homme ou non?
Une dose d'humour qui relève un ensemble assez original.
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C’est une déception. Les personnages traversent cette histoire sans nous laisser le temps de nous y attacher. C’est entre la biographie et la fiction. La première partie traite de Percy Bysshe Shelley, personnage pas très sympathique, voire franchement agaçant, la seconde de Mary Shelley, qui reste ébauchée de façon très superficielle. Le titre est assez mensonger, le romantisme n’est évoqué que de façon historique, et la tentative de se rapprocher de l’esprit de ce courant avec l’évocation de la peste tombe comme un cheveux sur la soupe, le rythme du récit est haché, et l’intrigue se contente d’être une suite de faits. Dommage, un idée prometteuse, un graphisme dynamique et vivant, mais un résultat qui manque de relief, plus de 250 pages et pourtant, je reste sur ma faim.
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Autant prévenir d’emblée, cette B.D ne plaira pas à tout le monde. « La passion des anabaptistes » est une œuvre aride, d’un abord difficile, peu accessible, pas vraiment destinée à un large public. Tant le propos que le graphisme, tout dans cette B.D est sombre. Austérité et radicalité sont ici les maîtres-mots.
Partant des révoltes paysannes, sociales et religieuses, du XVIème siècle en Allemagne, le récit va aborder la naissance du protestantisme et petit à petit va s’intéresser plus particulièrement aux anabaptistes de Munster. Cette édition regroupe l’intégrale des 3 volumes, chacune des parties s’attachant plus particulièrement à une figure de ces révoltes socio-religieuses : d’abord Joss Fritz, puis Thomas Müntzer et enfin Jean de Leyde. Avec ce dernier, on atteint un paroxysme de radicalité. Le récit alterne l’évocation de ces figures sous forme de bande-dessinée et l’histoire de Martin Luther sous forme de texte.
Le thème est, a priori, peu séduisant et, de fait, n’enthousiasmera sans doute pas les foules tant le traitement est particulier.
Le scénario de Vandermeulen est remarquable. Le récit est assez factuel, jamais l’auteur ne semble prendre parti pour les uns ou les autres. Il raconte sans pour autant que le récit soit désincarné. Au contraire, « la passion des anabaptistes » est une œuvre fiévreuse, animée d’une tension constante et d’une atmosphère terriblement sombre.
Le récit avance lentement tout en étant très prenant tant il est tendu vers cet épisode paroxystique de Jean de Leyde. D’ailleurs, selon moi, « la passion des anabaptistes » ne peut se lire que sous forme d’intégrale (ou en enchaînant les 3 tomes comme s’il s’agissait d’un seul volume).
L’aspect visuel est lui aussi jusque-boutiste. Ambre propose un travail qui ne cherche pas à flatter l’œil. Le dessin, inspiré des gravures de l’époque (notamment celles de Dürer), tout en hachures, très sombre, évoque plus qu’il ne montre. Le dessin est parfois si sombre qu’on a peine à l’appréhender. Je n’avais jamais vu tant de noirceur dans une B.D, ce qui est en parfaite adéquation avec le sujet.
Les visages sont la plupart du temps laids, souvent abîmés. Il y a beaucoup de gros plans, sur des mains qui prient, sur des visages aux regards profonds comme les ténèbres… Même dans les cadrages Ambre ne cherche pas la facilité. Tout est fait pour dérouter le lecteur, pour l’immerger d’une façon singulière dans le récit.
« La passion des anabaptistes » est une œuvre difficile, radicale et exigeante sur la forme et sur le fond. Elle ne plaira pas à beaucoup et demande un certain investissement du lecteur. Cela vaut la peine de tenter l’expérience. Au pire, vous n’aimerez pas mais vous aurez juste perdu un peu de temps. Mais si vous parvenez à vous immerger dans cette œuvre, la récompense est magnifique et bouleversante.
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Cet album est superbe. Je ne connaissais pas ce poète franco-allemand, et j'ai donc découvert la vie de Chamisso. La première partie nous présente le personnage, son caractère, c'est un personnage attachant. Puis le côté fantastique débarque au détour d'une page, Chamisso vend son ombre au diable. J'ai beaucoup apprécié son tour du monde avec la découverte des pays et des peuples.
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J'ai apprécié cette autobiographie, un peu romancée, de Mary Shelley. Cette dernière entre en scène après un grand nombres de planches tout de même mais je pense que cela se justifie pour présenter l'état d'esprit et les mœurs entretenus par son époux, le poète Shelley. Les dessins sont beaux et se prêtent tout à fait à cette histoire romantique. C'est l'ambiance de la demeure Suisse et la communion des personnages qui permettra à Mary de donner naissance à "Frankenstein". Le format n'est pas commun mais pas dérangeant non plus.
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Je ne suis qu'à moitié convaincue par cet essai biographique sur Gérard de Narval. Je félicite tout d'abord la démarche qui surfe sur la mode des biographies dessinées et qui met en lumière le triste destin d'un des poètes maudits du romantisme.
Je connaissait peu Gérard de Nerval. Inconditionnelle des anecdotes historiques et de faits divers, je connaissais les circonstances de sa mort, quelques vers et un portrait...j'en sais maintenant plus mais je n'ai pas été vraiment touchée par le personnage.
Je pense que cela est lié au dessin choisi pour cette narration. Le trait est rond et enfantin et m'inspire, malgré moi, un sentiment de légèreté et de didactique humoristique bien peu en équation avec le propos. L'histoire est un peu passée au dessus de la narration sans que je m'y attache car je n'ai pas réussi, à cause du dessin, à y porter crédit et je ne me suis attachée au personnages que dans les dernières page de sa longue chute.
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Le tome 1 se terminait sur la fugue de Percy Shelley et des deux sœurs Godwin, ne suscitant qu'une envie chez le lecteur : enchainer sur le second tome !
Celui-ci se consacre à Mary Shelley, nous offrant au détour un portrait de Percy quelque peu différent du premier tome, moins exalté, en proie au doute parfois, mais toujours gouverné par ses passions. On y découvre également Lord Byron, auprès duquel le couple se rend en Suisse, une rencontre qui enrichira chacun et permettra à Mary de livrer son premier roman, Frankenstein.
Malheureusement pour moi, trop peu de place n'est faite à la romancière dans cet opus, je suis restée sur ma faim. Au-delà, la deuxième partie, dans une veine plus abstraite, m'a perdu en quelque sorte, rattrapée cependant grâce au dossier en annexe de l'ouvrage, qui retrace les biographies des principaux protagonistes, ainsi que le contexte historiques dans lequel elles s'inscrivent.
Ouf...
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Une fois n'est pas coutume, du couple d'artistes mythiques Shelley, je n'avais connaissance que de l'existence de Madame ;)
Cette BD était donc l'occasion pour moi de découvrir Percy Shelley, poète anglais, reconnu comme étant un des plus grands d'entre eux. L'objectif de l'ouvrage consiste plus à nous faire découvrir l'homme que le poète, bien que les deux soit intrinsèquement lié. En effet, cet homme non conventionnel, passionné s'était rendu libre de délivrer une poésie novatrice et postérieurement influente.
L'ouvrage nous décrit ainsi les premières années de la vie d'adulte de Percy, depuis son renvoi de l'Université d'Oxford jusqu'à sa rencontre avec Mary Godwin. C'était un homme au caractère non conformiste, affranchi en quelque sorte de toute convention sociale, menant son existence comme il l'entendait, amoureux des femmes, de l'Amour et de la vie. Quelque peu égoiste, dans le sens où son entourage devait se plier et se soumettre à sa vision de la vie, il n'en reste pas moins fascinant.
J'attaque le tome 2 !
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On pourra difficilement reprocher à David Vandermeulen d'avoir choisi un sujet facile en s'intéressant à l'émergence du protestantisme en Allemagne au début du 16ème siècle ainsi qu'aux révoltes paysannes et aux courants divergents qui l'ont accompagné. En trois livres, réunis ici en une intégrale, Vandermeulen se focalise en trois temps sur ce printemps religieux allemand, fondamental dans l'histoire européenne et mondiale. Trois temps qui sont aussi trois mouvements forts différents par leurs origines sociales, leurs ferments idéologiques et leurs répercussions religieuses. En fil rouge et dénominateur commun se trouve Martin Luther, moine augustin qui, en publiant ses 95 thèses à Wittemberg en 1517, formalisa des griefs contre l'Eglise romaine autant qu'il provoqua une onde de choc dont les retentissements se feraient entendre dans toutes les villes d'Europe.
A travers les figures de Joss Fritz, de Thomas Müntzer et de Jean de Leyde s'élaborent donc trois modèles de révolution tant sociales que religieuses. Avec Joss Fritz se noue une révolte paysanne, sociale avant tout, motivée par les vexations que subissent les travailleurs de la terre. C'est un appel à la liberté individuelle et collective autant qu'une ébauche de refondation sociale basée sur l'égalité. On comprend bien le contexte social de cette époque où les paysans supportent de moins en moins l'écrasante domination sociale et économique des puissants, mais aussi l'hypocrisie de la curie papale qui, déjà depuis quelques dizaines d'années, met en vente des indulgences, lesquelles doivent favoriser le Salut de qui les achète. En réalité, c'est un abus de l'Eglise romaine qui construit ainsi palais et églises. Si cette renaissance du Bundschuh (premier mouvement paysan qui vit le jour en Allemagne dans les années 1490, soit presque 15 ans avant celui initié par Joss Fritz) s'éteint dans le sang, elle marque durablement les esprits et occupe encore les paysans dans les années 1515-1525, lorsque, à Wittemberg, Martin Luther publie ses 95 thèses. Luther suscite un grand enthousiasme autant qu'une grande méfiance.
Le deuxième livre, autour de Thomas Müntzer, montre toute l'importance intellectuelle que revêt alors la question religieuse de la Réforme de l'Eglise. Müntzer est un maître d'universités qui adhère aux thèses de Luther. Dans son entourage, on constate déjà quelques dérives, lesquelles sont directement liées aux aspirations de Luther. Premièrement, les paysans se révoltent, croyant ainsi se conformer aux premiers écrits de Luther. Deuxièmement, les thèses de Luther répondent à une réelle exigence en matière de vie spirituelle et religieuse. Troisièmement, la remise en cause des prêtres comme médiateurs entre le peuple et Dieu conduit à favoriser un dialogue direct entre le fidèle et Dieu, parfois de façon directe et, il faut bien le dire, abusive. Aveuglé par son aspiration religieuse, Müntzer ne voit pas le détournement du message originel luthérien par certains membres de son entourage qui lui promettent des recettes miracles pour éprouver, physiquement, la présence de Dieu et pour pouvoir écouter Sa voix.
Le troisième livre de Jean de Leyde est, des trois, le plus sombre mais aussi le plus révélateur sur le plan religieux et sur le plan politique. D'un point de vue politique, l'expérience de Jean de Leyde à Munster relève de l'utopie théocratique dans laquelle Jean de Leyde, en véritable gourou, se mue en roi autocratique et mégalomane, fondant ses excès sur une lecture stricte et sans aucun recul de la Bible. Un exemple : si le destin de l'Homme, selon Dieu, est de croître et de se multiplier, cela sert de prétexte à la polygamie et à l'assouvissement le plus brutal des désirs sexuels des hommes sur les femmes. D'un point de vue religieux, la figure de Jean de Leyde amène à croiser les anabaptistes, lesquels refusent le baptême automatique des nourrissons et ne voit ce sacrement que comme l'entrée volontaire (et partant plus significative) des hommes et des femmes dans la communauté chrétienne. Ce faisant, ils remettent en cause le pouvoir ecclésiastique. Fortement condamnés par Luther, les anabaptistes de Munster connaissent une fin tragique, fin dans laquelle on reconnaîtra cependant les excès de l'Eglise catholique.
La bande-dessinée de Vandermeulen et d'Ambre est intéressante à plus d'un titre. Elle replace avec minutie, dans son contexte, une partie de l'histoire religieuse, intellectuelle et sociale de l'Europe, à savoir la naissance du protestantisme. Elle montre que ces idées ne viennent pas ex nihilo de Martin Luther mais que celui-ci, inspiré par Wyclif et Hus, rencontre le succès parce que son discours rencontre une réalité sociale marquée par la misère, l'aspiration à une vie religieuse et spirituelle plus authentique et plus intense ainsi que par les abus de l'Eglise romaine dont la conduite est fortement détachée des enseignements de l'Evangile. Point de manichéisme, cependant : les Luthériens, les anabaptistes, les rebaptisés sont autant des personnes authentiques dans leur désir de foi que de véritables fous de Dieu, au sens premier du terme, et leur exigence religieuse n'a d'égale que la cruauté et l'intransigeance dont ils peuvent faire preuve à l'encontre des catholiques. L'Eglise romaine en prend, elle, pour son grade : l'archétype du prince-évêque de Munster, Franz von Waldeck, représente autant l'opulence d'une classe privilégiée que la lucre dans laquelle celle-ci se complaît. Le parcours de Luther, abondamment renseigné par des doubles pages entières d'écriture, montre aussi le cheminement d'un homme d'abord torturé par sa vie intime religieuse (en bon augustin(ien), Luther croit en la culpabilité originelle et irrémédiable de l'Homme, à commencer par la sienne propre), porteur d'aspirations de son temps et qui, le temps venu, choisira de tourner le dos aux paysans qu'il encourageait d'abord pour ne pas perdre l'oreille que des puissants comme Philippe de Hesse lui prêtent.
Tout ce récit, d'une grande densité, est servi par un dessin remarquable en noir et blanc d'Ambre, qui rappelle les gravures médiévales ou Renaissance où l'on voit ici un supplice ou là une forêt de pendus. Cette impression est renforcée par le choix de la typographie et par celui de ne pas porter les textes dans les cases, ce qui donne une dimension illustrative et presque pédagogique au dessin. Le trait est très sombre, se faisant ainsi le juste miroir de ces histoires où rien ne finit bien. Il y a, dans les personnages, quelque chose d'un peu grotesque ou d'un peu caricatural, on les dirait disloqués, les visages déformés par la haine, ce qui renforce la dramaturgie générale de l’œuvre. Les scènes de corps suppliciés sont évidemment les plus troublantes. Peu nombreuses, elles marquent cependant par leur crudité. On ne s'offusquera évidemment pas de ces souffrances données à voir ou à lire : elles ne sont que la part artistique d'une réalité séculaire.
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Une biographie sur le poète, l’essayiste et journaliste, Gérard de Nerval qui nous présente aussi bien sa courte vie rocambolesque que son œuvre. C’est un réel plaisir de se plonger dans le Paris du début du siècle et de suivre cet écrivain « romanesque » dans les quartiers bohèmes. Les lignes narratives se croisent et nous ne savons plus très bien dans quel monde nous sommes : la vraie vie de Nerval ou bien sa folie.
Nathalie - Médiathèque de Monaco
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