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Critiques de David Vandermeulen (66)
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Fritz Haber, Tome 1 : L'esprit du temps

Cette bande dessinée, en plusieurs tomes, retrace la vie d'un chimiste allemand à l'origine de la fabrication des gaz de combat. L'ambiance est sombre, triste, pesante, bien rendue par le dessin et en corrélation directe avec le sujet. Les dessins en noir et blanc et lavis sont particulièrement bien adaptés aux tragédies que l'on pressent. Cependant, les allées et venues entre le passé et le présent sont difficiles à suivre à certains moments.
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Fritz Haber, Tome 1 : L'esprit du temps

Avec se premier tome d’une série qui devrait finalement en compter cinq (initialement trois), David Vandermeulen retrace les débuts de Fritz Haber (1868-1934), juif allemand et un des grands chimistes du siècle précédent.



On se retrouve en 1888 à Breslau pour le début de la biographie (1888-1906) d’un Fritz Haber bien décidé de faire carrière en Allemagne et que l’histoire remémorera comme l’inventeur du gaz moutarde et du Zyklon B et comme Prix Nobel de chimie en 1918.



Graphiquement on retrouve des vignettes splendides, grâce à une peinture aux tons sépia ensuite ‘délavée’ à l’eau de javel et qui donne l’impression de contempler de vieilles photos d’époque. Une impression de se retrouver au début du cinéma muet qui est renforcée par le sous-titrage des vignettes et l’intercalation de cadres noirs explicatifs.



Bref, une adaptation osée de la triste biographie d’un homme dont l’histoire aimerait ne pas trop se souvenir. Un homme poussé par son ambition de faire carrière et délaissant sa famille, un homme tourmenté par ses racines et dont David Vandermeulen décrit ici les débuts à l’aide d’un tome graphiquement superbe. Un tome qui pourrait bien être précurseur d’un petit chef-d’œuvre.
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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Fritz Haber, Tome 1 : L'esprit du temps

Vue dans un documentaire sur les bandes dessinées traitant de la guerre, j'étais curieuse de découvrir ce dyptique sur la vie de Fritz Haber, chimiste allemand qui mourut en 1934.

Ce premier tome consiste principalement à présenter le personnage et son environnement familial, professionnel et socio-culturel. On voit donc que ses origines juives, en cette fin de XIX ème siècle, bien que converti et ayant changé son prénom de naissance (Jacob) pour Fritz lui porte un grand préjudice et le condamne à voir promu des gens moins doué que lui.



La présentation en elle-même n'a pas grand chose de palpitant, bien qu'on sent déjà les tensions qui atteindront leur paroxysme dans le tome suivant. Toutefois, les techniques utilisées pour la réalisation des planches qui donnent un aspect vaporeux entre peintures romantiques allemandes et effluves de souffre sont aussi inquiétantes que remarquables.
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Fritz Haber, Tome 1 : L'esprit du temps

Bien peu de choses à ajouter aux très intéressants commentaires faits précédemment sur ces quatre volumes de la série consacrée à la très singulière personnalité du chimiste et prix Nobel allemand Fritz Haber (1868-1934).



Une économie dans les tons utilisés, un ton résolument sobre, une contextualisation historique et scientifique jamais négligée donnent à cette série de David Vandermeulen un intérêt incontestable. À lire, vraiment.

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Fritz Haber, Tome 1 : L'esprit du temps

Une bande dessinée pour une fois ! Trois plutôt… La série Fritz Haber de David Vandermeulen est composée pour l’instant de trois volumes qui devraient être rejoint dans les années à venir par deux ou trois autres épisodes qui formeront à eux tous une biographie du chimiste allemand Fritz Haber. Les volumes déjà parus s’intitulent :

1. L’esprit du temps (2005)

2. Les Héros (2007)

3. Un vautour, c’est déjà presque un aigle… (2010)



Un peu d’histoire…

Qui est Fritz Haber ?

Né en 1868, ce chimiste allemand était un homme plein d’ambition et il fut l’un des premiers à réfléchir sur le développement de l’industrie chimique et l’utilité de cette science pour la guerre : on l’appellera le « père de l’arme chimique », celui qui travailla sur les gaz toxiques (le chlore notamment) utilisés durant la Première Guerre Mondiale. Nationaliste, fier de sa nationalité, il rejeta sa judaïté qui le tourmenta longtemps pour se convertir au protestantisme. Il sut toutefois se lier d’amitié avec les figures juives, Albert Einstein (pourtant pacifiste) et Haïm Weizmann (qui deviendra président de l’État d’Israël). L’année 1915 eut pour lui un goût doux amer : d’un côté, le suicide de son épouse – chimiste également, écœurée par ce qu’elle considérait comme une perversion de la chimie, elle désapprouvait son utilisation comme arme –, de l’autre, des victoires militaires grâce au gaz moutarde notamment. Toujours en s’interrogeant sur l’identité juive allemande. Voilà ce que racontent les trois premiers volumes.

Et après ?

En 1918, il reçoit le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur la synthèse de l’ammoniac (le procédé Haber), utilisé pour les engrais et les explosifs. Continuant ses travaux sur les gaz, il mit au point le Zyklon B qui sera utilisé des années plus tard dans les chambres à gaz des camps d’extermination. Mais quand Hitler arrive au pouvoir, il écarte les juifs de la fonction publique (fonction publique à laquelle appartenaient scientifiques et universitaires) et Fritz Haber est condamné à l’exil en 1933 pour mourir un an plus tard.



Maintenant que nous sommes tous des experts en Fritz Haber, qu’en est-il de la bande dessinée ?

C’est une bande dessinée riche à tous points de vue. Graphique, c’est un véritable régal pour les yeux (j’ai d’ailleurs eu l’occasion de voir une cinquantaine de superbes originaux en lavis javel et encre sépia ainsi que des agrandissements qui avaient déjà été exposés à Angoulême, à Lausanne ou encore à Aix-en-Provence. Magnifique). Historique, l’érudition et la réflexion sont exceptionnelles ; les dialogues sont fidèles aux écrits des grands personnages.

Mais ce n’est pas une œuvre qui se laisse aborder facilement ; ce n’est pas une BD que l’on peut lire en deux minutes. Le dessin, blanc et sépia, est réaliste, mais parfois flou, ce qui offre des contrastes surprenants. Contrastes engendrés également par les tâches lumineuses créées par la javel sur les aquarelles sépia. David Vandermeulen ne place pas ses dialogues dans des bulles, mais dans des cases totalement rédigées ou bien sous forme de sous-titres. Ensuite, chaque début de chapitre possède sa citation (littéraire, philosophique, historique…) et pour étudier à fond la bande dessinée, il faudrait se pencher sur chaque citation et la mettre en relation avec ce qui suit. Un autre point un peu ardu de la bande dessinée est le parallèle fait entre la vie de Fritz Haber et celle de Siegfried, le héros des Nibelungen : j’ai été très surprise quand, sans un mot, je me suis retrouvée face à des planches mettant en scène un homme à cheval ! Mais cette comparaison ne fait qu’augmenter la qualité de la bande dessinée. David Vandermeulen a décidément placé la barre très très haut…



Un chef d’œuvre graphique et historique qui éclaire un personnage clé mais trop ignoré et trop méconnu.



Le site dédié à Fritz Haber créé par David Vandermeulen : editions-delcourt.fr/fritzhaber

Le blog de l’auteur sur Fritz Haber : fritz-haber.over-blog.com
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Fritz Haber, Tome 1 : L'esprit du temps

C'est une série que j'aurais voulu apprécier mais cela ne l'a pas fait. Le graphisme est plutôt flou et se sert d'une bichromie assez pauvre avec des couleurs tristes et monotones. Cela donne un caractère film de cinéma muet qui est certainement voulu par l'auteur comme pour une mise en scène.



On raconte en l'occurence l'histoire d'un chimiste, prix nobel en 1918 qui fut l'un des pères des armes les plus atroces qui ont existé sur notre planète. Il était d'origine juive et voulait être allemand avant tout et surtout prouver qu'il pouvait en être fier. Tragique destinée puisqu'il fut contraint à l'exil en 1933 lorsqu'Hitler s'empara du pouvoir. Il mourrut un an plus tard à Bâle en Suisse.



Je ne suis pas parvenu en entrer dans cette histoire car tout est froid à commencer par Fritz Haber lui-même. Le fait qu'il soit parvenu à la synthèse de l'ammoniac me fait ni chaud, ni froid.



La biographie est certainement brillante et use de procédés originaux. Cependant, cette magie ne m'a pas atteint faute de n'avoir pas apprécier l'ambitieux scientifique à l'origine des gazs mortelles ayant fait de nombreux ravages dans les tranchées durant la Première Guerre Mondiale. Et puis, c'est trop mélancolique et franchement un peu ennuyeux.
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Fritz Haber, Tome 1 : L'esprit du temps

Si vous souhaitez comprendre quelque chose à l'histoire de l'Allemagne (et donc de l'Europe) à la fin du XIXème siècle. Lisez cette BD. On y lit les rapports difficiles des allemands vis à vis des juifs quand ils essaient de s'intégrer, et les efforts décuplés de ces derniers de mériter leur place, grâce à leur science, même si on sent que dans cette quête folle, on peut perdre le sens de l'éthique.

De la BD plus noire que ces idiotes histoires de serial killers dont la littérature (américaine notamment) nous abreuve.
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Fritz Haber, Tome 1 : L'esprit du temps

Après m’être attaquée à la série Fritz Haber en toute logique, en commençant par le troisième volume, j’ai jugé utile de revenir sur la première parution de la série afin de vérifier que le très talentueux David Vandermeulen avait déjà inauguré son projet sur des bases solidement amarrées. Je confirme, il est utile et agréable de commencer la lecture de Fritz Haber par le premier volume…





Ces 150 premières pages nous permettent de découvrir l’enfance du personnage, jalonnée des difficultés que peut rencontrer n’importe quel « estampillé juif » au cours de ses études. Malgré son talent pour les matières scientifiques, son origine l’empêche d’être reconnu à sa juste valeur et d’accéder aux mérites que son intelligence justifie. De là s’amplifiera son ambition et son envie de réussir au-delà des limites qu’on lui impose. On comprend également quels motifs sont à l’origine des trahisons qu’il commettra dans le futur à l’égard de son peuple et de ses origines. En effet, Fritz Haber est un homme tiraillé de toutes parts entre son histoire individuelle, entre l’Histoire et entre ses ambitions. Dans ce cas, il lui est très souvent difficile de faire la part des choses et ses actes, qui nous semblent d’abord contradictoires, deviennent clairement compréhensibles lorsqu’on connaît les motivations qui en sont à l’origine. L’évolution de Fritz Haber, telle qu’elle nous sera présentée dans les volumes suivants, devient plus limpide.





La cohérence s’inscrit également au niveau graphique puisque l’on retrouve les couleurs façon papier-vieilli et la typographie issue de la tradition du cinéma muet. De même, l’intérêt documentaire reste indéniable et nous permet, en toute connaissance de cause, de repérer les signes annonciateurs de la montée du nazisme. On en apprendra également beaucoup sur le sionisme et l’état du progrès scientifique au début du 20e siècle.





En exergue, on retrouve également des extraits éloquents : il s’agit souvent de textes importants, signés par de personnages qui ont eu une influence extrême au cœur du contexte politique et intellectuel du début du 20e siècle en Allemagne (Gobineau, Henrich Heine, Thomas Carlyle…).





« Cet aveu que l’avenir appartient aux communistes, je le fais d’un ton d’appréhension et d’angoisse extrêmes. Ce n’est qu’avec horreur et effroi que je pense à l’époque où ces sombres iconoclastes parviendront à la domination ; de leurs mains calleuses, ils briseront sans merci toutes les statues de marbre de la beauté, si chères à mon cœur ; il fracasseront toutes ces babioles et fanfreluches fantastiques de l’art qu’aimait tant le poète ; ils détruiront mes bois de lauriers et y planteront des pommes de terre ; les lis, qui ne filaient ni ne travaillaient et qui pourtant étaient vêtus aussi magnifiquement que le roi Salomon dans toute sa splendeur, ils seront arrachés alors du sol de la société, à moins qu’ils ne veuillent prendre en main le fuseau ; les roses, ces oisives fiancées des rossignols, auront le même sort ; les rossignols, ces chanteurs inutiles, seront chassés ; et, hélas, mon Livre des Chants servira à l’épicier pour en faire des cornets où il versera du café ou du tabac à priser pour les vieilles femmes de l’avenir. Hélas, je prévois tout cela, et je suis saisi d’une indicible tristesse en pensant à la ruine dont le prolétariat vainqueur menace mes vers, qui périront avec tout l’ancien monde romantique. »

Henrich Heine





Lorsque l’enrichissement et le plaisir se retrouvent pour nous instruire sans en avoir l’air, ne reste plus qu’à découvrir la série dans l’intégralité de ses volumes…

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Fritz Haber, Tome 1 : L'esprit du temps

Fritz Haber est un juif allemand de la fin du 19ème et début 20ème siècle. Réputé comme un grand chimiste il est mis de côté à de nombreux moments parce qu'il est mal né. Être juif à cette période était déjà un frein à un avancement normal et présageait d'un futur encore plus noir.

Ce premier tome rompt avec la bande dessinée classique, il n'y a pas d'encrage à l'encre de chine et l'histoire est traitée comme l'était les films muets de l'époque. On a presque l'impression d'être dans du roman photo contemporain. Les bulles sont inexistantes et la colorisation a l'air manuelle avec un travail à l'aquarelle très imbibée en eau qui bave partout. En ce qui concerne c'est l'un des points qui m'a beaucoup plu. Par moment on a aussi l'impression d'avoir un travail sur photo. Ce premier tome est typique du roman graphique qui par certains aspects peut rebuter car la compréhension des images n'est pas immédiate.

Le coup d'oeil est conseillé pour se donner une idée de ce que peut être la bande dessinée. En gros nous sommes en présence du grosse claque niveau graphisme.
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Fritz Haber, Tome 1 : L'esprit du temps

L’histoire de Fritz Haber c’est avant tout celle d’un homme voulant être accepté et reconnu par ses pairs et par sa nation. Né dans un royaume de Prusse qui s’unifiera pour devenir la république allemande, Fritz Jacob Haber verra sa jeunesse et les débuts de sa carrière scientifique pourtant prometteuse minées par le poids d’un antisémitisme « dans l’air du temps ».

Frustré et courroucé par ce qu’il considère comme une grande injustice, Haber aurait fait la promesse de devenir le plus grand chimiste d’Allemagne (voire du globe) afin de montrer à tous son attachement à sa patrie. Il va révolutionner l’agriculture et pour ainsi dire sauver l’humanité de la famine en mettant un point des engrais azotés synthétiques. Mais, dans le même temps, suivant son ambition sans limites, il va se mêler d’apporter ses savoirs à la branche militaire…

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Grâce à des graphismes très particuliers tout en lavis sépia (que l’on me corrige si je me trompe) et à un agencement particulier des cases et des dialogues, David Vandermeulen parvient à faire prendre à son œuvre des airs de septième art muet ou de version originale sous-titrée.

Dans ce premier tome d’une trilogie reprenant la vie de ce scientifique au parcours hors du commun ayant laissé à la postérité autant de bien que de méfaits (ammoniac de synthèse et … Zyklon-B), on rencontre avant tout un antisémitisme ordinaire qui, à tous les étages de la société, toucherait même le plus patriote des patriotes. L’inclusion de citations littéraires, poétiques ou politiques apporte à l’ambiance de ce tome intitulé « L’air du temps » une ambiance pesante de contexte nauséabond. Fritz (Jacob) Haber en fera les frais et sa conversion au christianisme n’y changera rien, ses origines ne seront jamais oubliées.

Mais le talent et la pugnacité auront raison des réticences de ceux qui, plus encore que de collaborer avec un juif, redoutent de voir ses compétences filer aux mains d’autres nations. Ce tome est donc également l’occasion de voir l’histoire du côté des industriels qui tiennent la barre, se méfient des communistes et tentent de rallier les meilleurs scientifiques afin d’augmenter leur profit. Qu’il s’agisse de doter les ménages de nouveaux médicaments ou de produire un « stimulant » nommé héroïne et d’en inonder les pharmacies et, pourquoi pas, les armées…
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Fritz Haber, Tome 2 : Les Héros

Ce deuxième tome tient toutes les promesses du premier. La montée de la guerre est palpable et l'évolution des personnage dans ce contexte très décrite et vraisemblable . La recherche documentaire a du être monstrueuse, mais montre aussi à un lecteur français comme moi que notre culture de l'histoire des autres pays, fut il voisin comme l'Allemagne, ou des industries, fut elle aussi importante que la chimie au XIXème siècle, est fort légère.

La forme se maintien à un niveau impressionnant
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Fritz Haber, Tome 2 : Les Héros

« Depuis qu’on a inventé l’ordre, toutes les grandes vertus sont devenues inutiles. Si un pauvre nous demande une aumône, un audit de la police nous commande de le livrer aux ateliers pour chômeurs. Si un important veut sauver le vieillard qui appelle au secours à la fenêtre d’une maison en flammes, la sentinelle postée à l’entrée le repousse et lui fait savoir que toutes les dépositions ont été prises. Si un jeune courageux veut prendre les armes contre l’ennemi qui menace sa patrie, on l’informe que le roi entretient une armée qui protège l’Etat contre de l’argent. Arminius eut la chance de trouver une époque plus grande. Que pourrait-il faire d’autre aujourd’hui, sinon devenir lieutenant dans un régiment prussien ? »

Henrich von Kleist





Le deuxième volume de la trilogie Fritz Haber poursuit la biographie du personnage à l’orée de la Première Guerre Mondiale, au cours de la période qui s’étend de 1908 à 1914. Le conflit est imminent, l’Allemagne veut se donner les moyens d’affirmer sa puissance militaire et Fritz Haber profitera de cette effervescence pour déployer ses talents scientifiques. A ceux qui craignent que ses origines juives ne soient un obstacle à sa volonté de coopération, Fritz Haber fera preuve d’une détermination sans faille, n’hésitant pas à renier ses origines et à abandonner sa famille lorsque le devoir l’appelle. La grandeur de ces hommes que l’on appelle héros est-elle vraiment absolue ? Il faudrait demander à leurs proches pour le savoir, et ne pas se contenter seulement du caractère éblouissant de leurs avancées et découvertes pour juger de leur qualité.









La question de l’ambiguïté des héros se prolonge lorsque surgissent les personnages d’Einstein, de Rathenau ou de Weizmann, célèbre sioniste et futur président de l’Etat d’Israël. Engoncés dans un contexte et une situation dont ils maîtrisent mal tous les ressorts, ils se laissent conquérir par l’amitié de Fritz Haber, ce qui semble pourtant difficilement possible compte tenu du caractère nationaliste et belliciste de ce dernier.

Les interrogations soulevées par David Vandermeulen invitent à la réflexion et à porter un regard plus nuancé sur les personnages qui ont fait l’Histoire –qu’il s’agisse des héros qui donnent leur titre à ce 2e tome, ou de ceux qui s’y opposent et que l’on appelle parfois tyrans ou bourreaux.











Malgré ce fond très riche et stimulant, qui se dégage surtout à l’issue de la lecture de l’album, ce tome des Héros est le moins réussi des trois au niveau dramatique. Le personnage de Fritz Haber est survolé, et ses rares interventions apparaissent comme froides, désincarnées, caricaturant presque le type du collaborateur –étonnant puisqu’un autre côté, Vandermeulen porte un regard beaucoup plus nuancé sur ses autres personnages.

L’esthétique de l’album est toujours aussi ravissante, mais porte malheureusement à la confusion. Les traits sont si flous et sombres qu’il n’est pas toujours facile de distinguer la foule des personnages qui remplissent cet album. Et comme d’habitude, la densité des informations à emmagasiner est très lourde. Pour que rien des subtilités qui ne peuplent ce livre ne nous échappent, le recours aux informations sur le site de la bande dessinée est indispensable.









Encore une fois, David Vandermeulen propose une lecture stimulante et une vision de l’Histoire plutôt originale, même si elle n’est pas non plus révolutionnaire. C’est un album qui apporte du plaisir à la fois esthétique et intellectuel, mais dont le but n’est certainement pas de se divertir après une longue journée au boulot. La lecture de la trilogie de Fritz Haber se mérite, et il faut être prêt à y consacrer un peu de son temps.




Lien : http://colimasson.over-blog...
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Fritz Haber, Tome 2 : Les Héros

Toujours dépendante des importations de matières premières, l'Allemagne réfléchit à l'adaptation de son industrie afin d'être capable de mener ou de faire face à une guerre de taille européenne, si ce n'est mondiale, qui ne saurait tarder.



Pour Fritz Haber, l'heure est à la reconnaissance. Nommé directeur du Kaiser Wilhelm Institut de Chimie Physique (le plus grand centre scientifique au monde de l'époque) il va pousser son nationalisme jusqu'au bout, liant plus encore science et industrie, chimie et armement, allant jusqu'a faire prendre des risques inconsidérés à ses collaborateurs ainsi qu'à lui-même. Désireux de montrer la puissance de la nation et de stopper une guerre qui s'enlise et risque de voir la défaite de son pays, il va envisager des méthodes radicales basées sur l'utilisation de la chimie sur le front.



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Ce tome est glaçant par le détachement que peuvent avoir les têtes pensantes, qui, pompeusement, se glorifient d'être des héros, face à l'horreur de la guerre et ses conséquences, que ce soit durant la première guerre mondiale (qui est ici très peu évoquée bien qu'elle conditionne tous les projets et toutes les avancées scientifiques) mais également dans cet épisode moins connu qui vit, durant la fin du XIXe siècle, le massacre des Hereros en Namibie par le général Von Trotha (avec toutes les exactions imaginables, prémisses aux camps nazis).

Fritz Jacob Haber gagne en assurance et reconnaissance ce qu'il perd en humanité.
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Fritz Haber, Tome 2 : Les Héros

Une bande dessinée pour une fois ! Trois plutôt… La série Fritz Haber de David Vandermeulen est composée pour l’instant de trois volumes qui devraient être rejoint dans les années à venir par deux ou trois autres épisodes qui formeront à eux tous une biographie du chimiste allemand Fritz Haber. Les volumes déjà parus s’intitulent :

1. L’esprit du temps (2005)

2. Les Héros (2007)

3. Un vautour, c’est déjà presque un aigle… (2010)



Un peu d’histoire…

Qui est Fritz Haber ?

Né en 1868, ce chimiste allemand était un homme plein d’ambition et il fut l’un des premiers à réfléchir sur le développement de l’industrie chimique et l’utilité de cette science pour la guerre : on l’appellera le « père de l’arme chimique », celui qui travailla sur les gaz toxiques (le chlore notamment) utilisés durant la Première Guerre Mondiale. Nationaliste, fier de sa nationalité, il rejeta sa judaïté qui le tourmenta longtemps pour se convertir au protestantisme. Il sut toutefois se lier d’amitié avec les figures juives, Albert Einstein (pourtant pacifiste) et Haïm Weizmann (qui deviendra président de l’État d’Israël). L’année 1915 eut pour lui un goût doux amer : d’un côté, le suicide de son épouse – chimiste également, écœurée par ce qu’elle considérait comme une perversion de la chimie, elle désapprouvait son utilisation comme arme –, de l’autre, des victoires militaires grâce au gaz moutarde notamment. Toujours en s’interrogeant sur l’identité juive allemande. Voilà ce que racontent les trois premiers volumes.

Et après ?

En 1918, il reçoit le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur la synthèse de l’ammoniac (le procédé Haber), utilisé pour les engrais et les explosifs. Continuant ses travaux sur les gaz, il mit au point le Zyklon B qui sera utilisé des années plus tard dans les chambres à gaz des camps d’extermination. Mais quand Hitler arrive au pouvoir, il écarte les juifs de la fonction publique (fonction publique à laquelle appartenaient scientifiques et universitaires) et Fritz Haber est condamné à l’exil en 1933 pour mourir un an plus tard.



Maintenant que nous sommes tous des experts en Fritz Haber, qu’en est-il de la bande dessinée ?

C’est une bande dessinée riche à tous points de vue. Graphique, c’est un véritable régal pour les yeux (j’ai d’ailleurs eu l’occasion de voir une cinquantaine de superbes originaux en lavis javel et encre sépia ainsi que des agrandissements qui avaient déjà été exposés à Angoulême, à Lausanne ou encore à Aix-en-Provence. Magnifique). Historique, l’érudition et la réflexion sont exceptionnelles ; les dialogues sont fidèles aux écrits des grands personnages.

Mais ce n’est pas une œuvre qui se laisse aborder facilement ; ce n’est pas une BD que l’on peut lire en deux minutes. Le dessin, blanc et sépia, est réaliste, mais parfois flou, ce qui offre des contrastes surprenants. Contrastes engendrés également par les tâches lumineuses créées par la javel sur les aquarelles sépia. David Vandermeulen ne place pas ses dialogues dans des bulles, mais dans des cases totalement rédigées ou bien sous forme de sous-titres. Ensuite, chaque début de chapitre possède sa citation (littéraire, philosophique, historique…) et pour étudier à fond la bande dessinée, il faudrait se pencher sur chaque citation et la mettre en relation avec ce qui suit. Un autre point un peu ardu de la bande dessinée est le parallèle fait entre la vie de Fritz Haber et celle de Siegfried, le héros des Nibelungen : j’ai été très surprise quand, sans un mot, je me suis retrouvée face à des planches mettant en scène un homme à cheval ! Mais cette comparaison ne fait qu’augmenter la qualité de la bande dessinée. David Vandermeulen a décidément placé la barre très très haut…



Un chef d’œuvre graphique et historique qui éclaire un personnage clé mais trop ignoré et trop méconnu.



Le site dédié à Fritz Haber créé par David Vandermeulen : editions-delcourt.fr/fritzhaber

Le blog de l’auteur sur Fritz Haber : fritz-haber.over-blog.com

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Fritz Haber, Tome 2 : Les Héros

Si le héros m'est apparu ambigu et tout compte fait assez peu sympathique, en revanche l'album est magnifique et d’une grande qualité tant par les précisions historiques qu’il apporte que par les vignettes peintes en sépia, délavées ensuite à l'eau de Javel pour leur donner ce flou des vieilles photos passées au ton brun d'autrefois. Chacune est digne d’un grand peintre. Je reconnais leur évidente qualité mais je dois dire que cette couleur uniformément utilisée a contrarié ma lecture à la longue. Tout semble se passer dans un clair-obscur où les visages se distinguent mal. A part ce détail, cet album très riche me semble remarquable, plutôt réservé aux étudiants et aux adultes aimant l’histoire, les sciences, la politique et l’art militaire!

Est-ce là ce qu'on peut appeler un chef d'œuvre?
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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Fritz Haber, Tome 3 : Un vautour, c'est déjà ..

Ce troisième tome avance lentement mais inexorablement pour arriver à la date fatidique du 22 avril 1915. En ce jour, le désormais capitaine Fritz Haber lance pour la première fois une attaque au chlore sur les tranchées françaises. Le nuage, porté par un vent favorable espéré depuis des semaines par le grand chimiste, sème la mort sur son passage.



Je ne sais pas ce qui est le plus effarant dans ce tome au sous-titre évocateur : l'attitude de Haber et de quelques autres, prêts à jouer les dératiseurs sur leurs semblables, ou celle des "vrais" militaires ne jurant que par les canons et les obus. Comme s'il y avait une bonne ou une meilleure façon de tuer un humain.



Albert Einstein et Romain Rolland sont les seuls, sur la fin du tome, à sembler avoir l'esprit clair. La critique va bon train, et l'on désirerait que leur discussion dure encore un peu ! La fin est un peu abrupte mais permet de redonner un petit peu d'espoir en l'humanité. Même si la montée inexorable de l'antisémitisme laisse prévoir le pire.
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Fritz Haber, Tome 3 : Un vautour, c'est déjà ..

Savez-vous ce qu’est le mouvement völkisch ? l’Organisation Consul ? la BASF ? Savez-vous qui est Adolf Roth ? Si non, tenez-vous à proximité d’une source de renseignements pour vous accompagner dans la lecture exigeante de ce troisième volume de la série [b]Fritz Haber[/b] : si l’aspect divertissant n’est jamais exclu, l’aspect documentaire domine toutefois la genèse de cet album enrichissant.

Le graphisme, dans la continuité du propos, se veut d’une sobriété à l’image des années évoquées. Ambiance sépia et sans phylactères : les textes sont rapportés en bas des cases ou dans des cases à part, à la manière des titrages de films muets.





Chaque début de chapitre est introduit par la citation d’un écrivain, d’un homme politique ou d’un scientifique allemand, précurseur ou contemporain de l’époque, qui enrichit la compréhension du chapitre à venir ainsi que l’évolution historique et politique du pays :





« Ainsi va le monde : personne ne sait ce qu’on pourra faire un jour des choses. L’ouvrier qui a posé ces vitres ne pensait assurément pas que le plomb pourrait causer un violent mal de tête à l’un de ses arrière-neveux (et quand mon père m’engendra, au diable s’il se demande qui, des oiseaux du ciel ou des vers de la terre, mangerait ma carcasse !) »

Goethe, Götz de Berlichingen





L’écriture en elle-même ne s’embarrasse pas de bavardages inutiles. Les dialogues sont brefs et percutants, même s’ils s’autorisent parfois de beaux développements un peu plus imagés, vecteurs d’émotions intenses qui s’accordent à merveille avec le dessin et l’ambiance de l’album.





Troisième volume, mais aucune faiblesse à dénoter. La suite promet d’être tout aussi enthousiasmante…

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Fritz Haber, Tome 3 : Un vautour, c'est déjà ..

Ce tome 3 est très graphique et peut-être mieux réussi que le premier tome. Fritz haber à mis en place un gaz provocant de gros dégâts et pouvant être utilisé dans la guerre des tranchées. On semble considéré ce scientifique à sa juste valeur et une opération va être menée dans les Flandre. Ypres deviendra tristement célèbre avec l'utilisation de gaz pour la première fois dans cette guerre. Avec cette bd on découvre les dessous de l'utilisation de l'hyperite.
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Fritz Haber, Tome 3 : Un vautour, c'est déjà ..

Une bande dessinée pour une fois ! Trois plutôt… La série Fritz Haber de David Vandermeulen est composée pour l’instant de trois volumes qui devraient être rejoint dans les années à venir par deux ou trois autres épisodes qui formeront à eux tous une biographie du chimiste allemand Fritz Haber. Les volumes déjà parus s’intitulent :

1. L’esprit du temps (2005)

2. Les Héros (2007)

3. Un vautour, c’est déjà presque un aigle… (2010)



Un peu d’histoire…

Qui est Fritz Haber ?

Né en 1868, ce chimiste allemand était un homme plein d’ambition et il fut l’un des premiers à réfléchir sur le développement de l’industrie chimique et l’utilité de cette science pour la guerre : on l’appellera le « père de l’arme chimique », celui qui travailla sur les gaz toxiques (le chlore notamment) utilisés durant la Première Guerre Mondiale. Nationaliste, fier de sa nationalité, il rejeta sa judaïté qui le tourmenta longtemps pour se convertir au protestantisme. Il sut toutefois se lier d’amitié avec les figures juives, Albert Einstein (pourtant pacifiste) et Haïm Weizmann (qui deviendra président de l’État d’Israël). L’année 1915 eut pour lui un goût doux amer : d’un côté, le suicide de son épouse – chimiste également, écœurée par ce qu’elle considérait comme une perversion de la chimie, elle désapprouvait son utilisation comme arme –, de l’autre, des victoires militaires grâce au gaz moutarde notamment. Toujours en s’interrogeant sur l’identité juive allemande. Voilà ce que racontent les trois premiers volumes.

Et après ?

En 1918, il reçoit le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur la synthèse de l’ammoniac (le procédé Haber), utilisé pour les engrais et les explosifs. Continuant ses travaux sur les gaz, il mit au point le Zyklon B qui sera utilisé des années plus tard dans les chambres à gaz des camps d’extermination. Mais quand Hitler arrive au pouvoir, il écarte les juifs de la fonction publique (fonction publique à laquelle appartenaient scientifiques et universitaires) et Fritz Haber est condamné à l’exil en 1933 pour mourir un an plus tard.



Maintenant que nous sommes tous des experts en Fritz Haber, qu’en est-il de la bande dessinée ?

C’est une bande dessinée riche à tous points de vue. Graphique, c’est un véritable régal pour les yeux (j’ai d’ailleurs eu l’occasion de voir une cinquantaine de superbes originaux en lavis javel et encre sépia ainsi que des agrandissements qui avaient déjà été exposés à Angoulême, à Lausanne ou encore à Aix-en-Provence. Magnifique). Historique, l’érudition et la réflexion sont exceptionnelles ; les dialogues sont fidèles aux écrits des grands personnages.

Mais ce n’est pas une œuvre qui se laisse aborder facilement ; ce n’est pas une BD que l’on peut lire en deux minutes. Le dessin, blanc et sépia, est réaliste, mais parfois flou, ce qui offre des contrastes surprenants. Contrastes engendrés également par les tâches lumineuses créées par la javel sur les aquarelles sépia. David Vandermeulen ne place pas ses dialogues dans des bulles, mais dans des cases totalement rédigées ou bien sous forme de sous-titres. Ensuite, chaque début de chapitre possède sa citation (littéraire, philosophique, historique…) et pour étudier à fond la bande dessinée, il faudrait se pencher sur chaque citation et la mettre en relation avec ce qui suit. Un autre point un peu ardu de la bande dessinée est le parallèle fait entre la vie de Fritz Haber et celle de Siegfried, le héros des Nibelungen : j’ai été très surprise quand, sans un mot, je me suis retrouvée face à des planches mettant en scène un homme à cheval ! Mais cette comparaison ne fait qu’augmenter la qualité de la bande dessinée. David Vandermeulen a décidément placé la barre très très haut…



Un chef d’œuvre graphique et historique qui éclaire un personnage clé mais trop ignoré et trop méconnu.



Le site dédié à Fritz Haber créé par David Vandermeulen : editions-delcourt.fr/fritzhaber

Le blog de l’auteur sur Fritz Haber : fritz-haber.over-blog.com

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Fritz Haber, tome 4 : Des choses à venir

Dans ce quatrième volume, David Vandermeulen revient sur les origines du mouvement sioniste –tour à tour objet d’enthousiasme ou de frayeur pour les grandes puissances du moment qui discutent tranquilles dans leurs fauteuils- et sur la création du gaz moutarde.





Le documentaire se fait sur le mode de la reconstitution à travers des peintures à la fois sobres et nobles.





Travail d’un passionné pour les passionnés –les autres seront laissés sur le carreau-, cette lecture peut éventuellement plaire à ceux qui connaissent déjà le sujet ou à ceux qui cherchent une base esthétiquement attractive pour s’y initier un peu plus sérieusement.

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