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Critiques de Deborah Levy (191)
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Le Coût de la vie

Deborah Levy raconte sa vie, La Vie. Elle débute son livre avec une citation d’Orson Welles qui dit qu’une fin heureuse dépend où l’on arrête l’histoire. En faites ça dépend de ce qu’on considère comme « Fin ». Car tout a une fin, tout s’use. L’éternité dont on rêve pour nos vies, nos sentiments, nos pensées n’existent qu’utopiquement et les «  Happy Ends » ne se trouvent que dans les livres et les films. Le problème comment affronter cette usure de quelque chose dans laquelle on y a passé une vie ? Comment ou peut-on changer de carapace ? Levy raconte sa propre expérience douloureuse mais finalement probablement bénéfique pour elle. Un changement radical à la cinquantaine, dont elle paiera le prix fort pour sa liberté (“Freedom is never free. Anyone who has struggled to be free knows how much it costs.”*).

L’intérêt du livre de Levy vient de sa perception subtile de ce changement qu’elle arrive à nous exprimer à travers les détails de son quotidien, comme son exemple d’Elle en chemise de nuit en soie noir avec une épaisse veste de facteur en coton bleue passée par dessus pour se tenir chaud en train d’essayer de réparer la tuyauterie de la salle de bain glacée dans son appartement communautaire de Londres. Un contraste vestimentaire qu’elle trouve ambiguë, homme / femme ? Et qu’elle pousse encore plus loin avec ses pantoufles fourrées que sa fille appelle « pantoufles de shaman »......psychanalyse maison.

C’est une féministe qui supporte mal tout mâle imbu de lui-même( macho et autres catégories ), même son meilleur ami y passe. Elle critique aussi souvent toute personne non sociétale ou sociétale, mais le premier le vivant mal, le second le vivant hypocritement ou superficiellement. Mais elle reconnaît aussi que sans tous les désagréments de la vie qu’elle voudrait en théorie éviter, elle n’aurait pas de matériel pour écrire . Eh oui les écrivaines aussi sont des humains comme vous et moi, pleines de contradictions. Elle a choisi « la liberté » mais finalement je ne suis pas sûr qu’elle soit convaincue elle même de que c’est cette liberté et où ça la mènerait (“The destination was to head towards a freer life. That is a vague destination, no one knows what it looks like when we get there.”). Réfléchir, agir, lire, écrire ne change pas grand chose à notre destin de mortel, mais peuvent nous aider sûrement à mieux vivre. Déborah Lévy a écrit un livre sincère qui n’a pas de « Happy End ».



« Life is only worth living because we hope it will get better and we’ll all get home safely. »***

















*La Liberté n’est jamais gratis. Quiconque qui s’est battu pour sa liberté en connaît le prix.

**Le but était d’avoir une vie plus libre. C’est une destination vague, personne ne sait à quoi cela ressemble une fois qu’on y arrive.

***La vie ne vaut la peine d’être vécu seulement si on pense qu’elle s’améliorera, et quand rentrera sain et sauf .

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Le Coût de la vie

"Le coût de la vie" m'a été conseillé par ma bibliothécaire et j'ai d'emblée aimé le chant de cette écriture poétique. L'écriture est vraiment agréable et il est facile de se laisser bercer par ces mots choisis.

Deborah Levy nous raconte sa vie à Londres où elle décide de refaire sa vie après avoir quitté son mari. Des réflexions sur le féminisme viennent ponctuer son récit. Comment vivre libre ? Comment se réinventer une vie nouvelle ? c'est le coût de la vie.

La part faite aux hommes n'est pas toujours très belle. Elle pointe leur côté nombrilisme, ceux qui ne nomment jamais la femme par son prénom mais uniquement par sa situation, son statut, ceux qui ne savent pas regarder. Mais ce n'est pas un acharnement contre les hommes, elle montre également le côté mesquin de certaines femmes comme cette voisine Jean qui ne cesse de la harceler pour une place de vélo.

Ce petit livre est un manifeste pour la liberté et l'amour écrit avec intelligence, fraîcheur et humour. C'est une belle découverte.
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Le Coût de la vie

Une couleur jaune paille comme le soleil, une belle photo en noir et blanc extraite d'un film de Jean-Luc Godard, et le titre qui interroge, « le coût de la vie «  de Deborah Levy m'a attirée immédiatement dès sa sortie. Et quelle merveilleuse lecture ! Je n'ai pas lu les romans de Deborah Levy mais je vais vite y remédier car coups de coeur immédiats pour ce récit autobiographique et le suivant ce que je ne veux pas savoir.



J'ai lu et relu les deux titres, allant de l'un à l'autre, picorant les passages comme on attrape le bonheur pour le glisser furtivement dans un coin de mon coeur.



Avec le coût de la vie, j'ai été éblouie par le sillon des émotions qui bordent les phrases. Des perles de joie avec le vieux cabanon où la narratrice se réfugie pour écrire et invente son nouvel avenir comme si elle écrivait un roman avec des personnages principaux et secondaires. C'est amusant, frais et espiègle, j'aime beaucoup cette tonalité dans le texte.



Pour autant, les flash-back plus douloureux ne sont pas absents quand la vue d'un seul brin de romarin rappelle la maison familiale et touche en plein coeur comme une balle.



J'ai été totalement charmée par le regard de l'auteure, en femme de 50 ans, simple et ordinaire qui ose contre toute attente voler de ses propres ailes vers une nouvelle vie. Quitter le foyer conjugal avant de couler avec le navire. Se défaire du poids imposé par une société patriarcale.

Etre libre mais rester mère de 2 enfants à charge.

Vivre sa vie demande bien du courage, de la volonté et des tourments.



C'est un très beau voyage dans la vie de l'autrice qui se lit comme un carnet fourmillant d'anedoctes, d'instants et de rencontres chemin faisant avec son vélo électrique. Des rencontres humaines et des rencontres littéraires comme Emily Dickinson ou Marguerite Duras.

Un récit raconté d'une manière si simple et vivante que tout semble proche et familier.



Vraiment, un très joli coup de coeur !
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Ce que je ne veux pas savoir

Voilà un Prix Fémina très mérité pour une écrivaine qui gagne à être (re)connue et on espère vivement que Céline Leroy traduira tous ses textes.



Ces deux volets autobiographiques sont d'une puissance extraordinaire. Déborah Levy s'appuie sur ses lectures et ses réflexions d'écrivaine, de mère, de femme qui ne parle pas assez fort pour nous raconter son devenir, pour tenter de comprendre pourquoi elle écrit, et comment son travail d'écrivaine et de dramaturge la transforme, l'interroge sur son rôle défini par une société d'hommes. Les deux livres sont écrits avec un ton très différent. le premier est grave et revient sur les quelques images fortes qui ont fait d'elle ce qu'elle est comme le bonhomme de neige aux yeux creux qui a fondu après que son père ait été emporté par l'unité spéciale qui torture les prisonniers politiques. le deuxième qui correspond au passage de la cinquantaine est beaucoup plus drôle tout en étant corrosif et lucide.



Deborah Levy loue ses hésitations, elle en parle même comme d'un cheminement indispensable pour construire ce devenir qu'elle condense dans ces deux livres d'une intensité folle et d'une érudition non moins folle. Les références qu'elle cite sont nombreuses : Woolf, Duras, Zofia Zalinska, Orwell grâce à qui elle dresse l'architecture du premier volume, mais jamais l'on ne sombre dans le pédant ou la paraphrase. Et de toute façon après une réflexion profonde, on se retrouve nez à nez avec un poulet rôti qui est mort deux fois. Ici, le ton est le ton de Déborah Levy, la voix est nouvelle et c'est un vrai bonheur de découvrir cette nouvelle voix de la littérature merveilleusement bien traduite (puisque harmonieuse, puisque les images sont parlantes, puisque sa voix est maintenant mienne).



Je n'en dirai pas plus parce que je pense que toute femme trouvera un écho dans ce récit à sa propre trajectoire. Et de toute façon quand vous aurez lu l'un, vous sauterez sur l'autre ! Depuis que je les ai lus (il y a un mois), ils sont sur ma table de nuit et j'y reviens souvent, preuve que l'on a là des petits bijoux à conserver précieusement dans notre bibliothèque.



4,5/5 pour cette plume affûtée !
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Le Coût de la vie

Voilà un Prix Fémina très mérité pour une écrivaine qui gagne à être (re)connue et on espère vivement que Céline Leroy traduira tous ses textes.



Ces deux volets autobiographiques sont d'une puissance extraordinaire. Déborah Levy s'appuie sur ses lectures et ses réflexions d'écrivaine, de mère, de femme qui ne parle pas assez fort pour nous raconter son devenir, pour tenter de comprendre pourquoi elle écrit, et comment son travail d'écrivaine et de dramaturge la transforme, l'interroge sur son rôle défini par une société d'hommes. Les deux livres sont écrits avec un ton très différent. le premier est grave et revient sur les quelques images fortes qui ont fait d'elle ce qu'elle est comme le bonhomme de neige aux yeux creux qui a fondu après que son père ait été emporté par l'unité spéciale qui torture les prisonniers politiques. le deuxième qui correspond au passage de la cinquantaine est beaucoup plus drôle tout en étant corrosif et lucide.



Deborah Levy loue ses hésitations, elle en parle même comme d'un cheminement indispensable pour construire ce devenir qu'elle condense dans ces deux livres d'une intensité folle et d'une érudition non moins folle. Les références qu'elle cite sont nombreuses : Woolf, Duras, Zofia Zalinska, Orwell grâce à qui elle dresse l'architecture du premier volume, mais jamais l'on ne sombre dans le pédant ou la paraphrase. Et de toute façon après une réflexion profonde, on se retrouve nez à nez avec un poulet rôti qui est mort deux fois. Ici, le ton est le ton de Déborah Levy, la voix est nouvelle et c'est un vrai bonheur de découvrir cette nouvelle voix de la littérature merveilleusement bien traduite (puisque harmonieuse, puisque les images sont parlantes, puisque sa voix est maintenant mienne).



Je n'en dirai pas plus parce que je pense que toute femme trouvera un écho dans ce récit à sa propre trajectoire. Et de toute façon quand vous aurez lu l'un, vous sauterez sur l'autre ! Depuis que je les ai lus (il y a un mois), ils sont sur ma table de nuit et j'y reviens souvent, preuve que l'on a là des petits bijoux à conserver précieusement dans notre bibliothèque.



4,5/5 pour cette plume affûtée !
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Le Coût de la vie

Suite de l'autobiographie de Deborah Levy. ..



Anutant Ce que je ne veux pas savoir m'avait paru peu attachant et dénué d'intérêt , autant Le coût de la vie, malgré son titre désastreux, m'a touchée et motivée.



Une vision très personnelle et féministe de l'accession à l'independance, à travers cette" chambre à soi" où l'écrivain s'installe apres avoir quitté sa terre natale pour aller vivre en Angleterre. Deborah Levy troque son statut de femme mariée et de mère de famille pour celui d'écrivain célibataire, et se consacre à la création et à l'écriture ce qui n'est pas un boulot de tout repos..



Toujours ce part pris de privilégier, au récit construit et circonstancié, l'anecdote mineure qui prend un relief particulier d'avoir été ainsi montée en épingle et qui éclaire singulièrement un parcours volontairement elliptique. Mais cette fois le procédé ne m'a pas gênée ! J'y étais habituée ou il était moins artificiel, je ne sais.



J'ai été particulièrement touchée par les pages consacrées aux relations de l'écrivain avec sa mère, si différente d'elle, avec laquelle elle semblait avoir de vraies divergences intellectuelles et affectives, et dont elle se rapproche à l'occasion de la maladie qui va l'emporter.



Cette autobiographie pose assez justement - et avec une fine ironie- le problème de l'autonomie matérielle et pratique de ces amazones qui veulent assumer leur indépendance vis à vis de la gent masculine .. .et qui ne savent pas déboucher un évier ou percer une cloison.. (J'en fais la cuisante expérience même si je SAIS maintenant déboucher un évier! Mais je passerais volontiers un stage de formation au bricolage "outillé" qui me jette dans des abîmes de perplexité et d'effroi!)



Pas la révélation littéraire qu'elle semble avoir été pour certains , mais finalement une autobiographie courte, pertinente, alerte.



À mon humble avis, mieux vaut commencer par le tome deux que voici , moins déconcertant et décousu que le premier...



Ou peut-être, comme Jack Palmer devant son pilier de parking enfumé de cannabis, est-ce une simple question d'accoutumance...

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Ce que je ne veux pas savoir

« Quand ses chaussures avaient besoin d'être cirées, l'homme qui s'occupait du jardin les cirait pour lui. Edward Charles William l'appelait "boy" même si ce dernier avait quatre enfants, neuf petits-enfants et les cheveux gris. (p. 66)”



Je commence par cette phrase quelque peu lapidaire… qui exprime une grande partie de la vie de cette auteure, marquée dans sa jeunesse par l’apartheid, l’emprisonnement de son « papa », Pendant cinq longues années.. ; papa-héros, militant de l’ANC.. . Vous direz, à juste titre, il y a eu tant de livres sur le sujet… Mais là , ce qui m’a accroché, bouleversé, c’est le ton et le style de cette femme , qui par des fables, des anecdotes paraissant dérisoires ou loufoques, sur le ton de la petite fille qu’elle était… nous révèle la cruauté de ce monde coupé en deux : entre noirs et blancs. ..



Un livre autobiographique, mordant, sans aucune pleurnicherie… qui nous percute de plein fouet , qui dit magnifiquement au-delà des douleurs du racisme, vécues dans l’enfance, l’emprisonnement brutal du père…la volonté de vivre de sa fille, l’auteure… et pour cela, la nécessité de l’écriture, encore, toujours et à jamais…!!



Pour une fois, j’éviterais les longueurs… et les digressions.. pour honorer la pudeur et la forte poésie de Déborah Lévy, qui a le talent unique et insensé de dire l’insupportable avec drôlerie et ironie positive…Peu banal !!



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Le Coût de la vie

Choisi le 2 septembre 2022- Librairie Périple2- Boulogne- Billancourt



Grand plaisir de lecture !



Un récit tonique, vivant, mêlant avec brio, le récit d' une période de vie douloureuse et l'éveil joyeux d'une reconstruction… La Renaissance d'une femme de cinquante ans, l'auteure, devenant jubilatoire, mêlant L Histoire des femmes, celle de l'évolution des mentalités, la Littérature, la philosophie, la psychologie…ainsi que des anecdotes vécues, pittoresques , ou plus sombres…!



Même enthousiasme que le premier livre lu de Déborah Lévy, « Ce que je ne savais pas ».

L'auteure , la cinquantaine, décide courageusement de recommencer, changer l'orientation de sa vie, assumant une séparation définitive d'avec son mari, et le père de ses deux filles…

Toutefois, à 50 ans, la Liberté se paye : la solitude, les factures, assumer les études de ses filles, l'intendance du quotidien, et ECRIRE afin de vivre de sa plume…



Combien... La charge est lourde , mais aussi il y a à l'horizon, la promesse d'une indépendance et d'une vie personnelle reconquise... !



Il est bien sûr beaucoup question de la complexité des rapports amoureux, et des relations , en général, entre les hommes et les femmes

[ *de longs passages sur le parcours singulier, à l'époque, de l'écrivaine- philosophe, Simone de Beauvoir ].



Déborah Lévy revient également à plusieurs reprises, avec d'ailleurs des anecdotes savoureuses, sur la rareté du "Savoir écouter "!...



Ainsi l'auteure reconstruit son existence autrement, « avec pour tout bagage, un vélo électrique et une plume d'écrivain » !!

Un récit intime, personnel, interpellant les femmes, pour qui, les normes sociales pèsent plus lourdement que pour les hommes, depuis la nuit des temps… !

Combien , même aujourd'hui, avec heureusement une évolution certaine des mentalités, il n'est toujours pas aussi aisé que cela pour une femme , d'avoir une vraie vie à elle !



Ce récit , tout en racontant les difficultés et douleurs d'une Existence à « repenser » et à « ré-imaginer », nous laisse toujours le sourire au bord des lèvres, car le style de Déborah Lévy est pétri d'humour, d'ironie, et d'autodérision…

Pas l'ombre d'une jérémiade ou de complaisance quelconque… Une femme énergique, lumineuse, positive… qui « donne la pêche » !!!



J'achève ce "billet" par un des passages soulignés que je préfère !



« La tempête



Au début, je n'étais pas sûre de pouvoir rejoindre le navire et puis je me suis rendu compte que je n'avais pas envie de le rejoindre. A priori, le chaos représente notre pire crainte, mais j'en suis venue à croire que c'est peut-être ce que nous désirons le plus. Si nous ne croyons pas à l'avenir que nous planifions, à la maison que nous payons avec un emprunt, à la personne qui dort à nos côtés, alors peut-être qu'une tempête ( longtemps tapie dans les nuages) pourrait nous rapprocher de ce nous voulons être au monde.”
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Le Coût de la vie

Je n'ai pas lu le premier volet de cette autobiographie de Deborah Levy, mais peu importe, on entre facilement dans l'intimité de cette femme de cinquante ans qui, après son divorce, retrouve une certaine liberté pour se consacrer à la création littéraire et autobiographique.



Pas facile de recommencer sa vie. Deborah Levy emménage avec ses filles adolescentes dans l'appartement étroit et froid d'un immeuble vétuste. Elle repeint les murs en jaune

« Pour cette nouvelle vie, je m'efforcerais de vivre dans une environnement coloré »

Celia, son amis libraire, vient à son aide en lui prêtant son cabanon de bois dans son jardin afin de lui permettre d'écrire en toute sérénité.

Il lui faut réinventer sa vie sans homme, passer de l'état de femme mariée et de mère à celle de célibataire. Comment s'assumer sans un mari ?

« Se désengager de l'amour revient à vivre une vie dénuée de risques. A quoi bon vivre dans ce cas ? »

Elle achète un vélo électrique qui lui permet de sillonner la ville. Peu-à-peu, elle trouve ses marques dans l'indépendance qui est la sienne.

De belles pages aussi sur la relation avec sa mère et le deuil après la mort de celle-ci.

A travers les petites anecdotes de son quotidien, elle partage avec nous ses réflexions sur la féminité, l'indépendance d'une femme, le tout nourri des lectures de ses écrivains préférées :

Emily Dickinson, Marguerite Duras, Martin Heidegger …

Ces évènements de la vie quotidienne donnent du relief à sa métamorphose et à son travail de création littéraire

Malgré quelques longueurs dans les détails anecdotiques qui pourraient perdre le lecteur, j'ai aimé la pertinence, la sincérité, l'humour parfois de cette autobiographie.

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Etat des lieux

"Ce n'était peut-être pas la maison mais le désir qui me faisait me sentir plus vivante ".



Dans ce troisième volet de son autobiographie en mouvement, Deborah Levy fait l'inventaire, réel ou rêvé, de ses possessions.

Une maison idéale, fantasmée, dans divers lieux,où elle nous conte,à sa façon très personnelle, sa vision de la vie.

Cet état des lieux clôt sa longue méditation sur la place de la femme dans la société, au moment précis où ses filles prennent leur envol.Elle convoque les idées et replace ses réflexions "dans le temps compressé de sa mémoire ".

Je me la représente comme un petit bout de femme à l'humour salvateur, originale et spontanée.

La poésie dont elle entoure son quotidien et son univers un peu foutraque offrent un regard unique sur nos interrogations existentielles.



" Je crois que ce que je valorise le plus sont les vraies relations humaines et l'imagination.

Peut-être qu'il est impossible d'obtenir les premières sans la seconde. J'ai mis du temps à me débarrasser de l'envie de plaire à ceux qui n'agissent pas dans mon intérêt et sont incapables de m'entourer de leur affection.

Je possède les livres que j'ai écrits et transmets mes droits d'auteur à mes filles. En ce sens, mes livres sont ma propriété.

Une propriété qui n'est pas privée. Il n'y a ni chien méchant ni vigile à l'entrée ni panneau qui interdit aux gens quels qu'ils soient de plonger, d'éclabousser, de s'embrasser, d'échouer, d'être furieux ou effrayés, d'être tendres ou tristes, de tomber amoureux de la mauvaise personne, de sombrer dans la folie, de devenir célèbres ou de jouer dans l'herbe."



Belle philosophie de vie.
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Ce que je ne veux pas savoir

Premier des deux volumes autobiographiques de Deborah Levy sortis ces jours-ci, Ce que je ne veux pas savoir – traduit par Céline Leroy – revient sur trois lieux marquants de sa vie. Loin de l'exercice habituel d'exploration chronologique, l'auteure britannique fait de ces lieux des marqueurs décisifs de son parcours. Avec en toile de fond commune, des réponses sur ce qui l'a conduit à écrire et la construction de son engagement devenu permanent sur l'émancipation des femmes.



À Johannesburg et Durban durant son enfance, elle fera l'apprentissage de l'apartheid, jeune témoin étonnée de la ségrégation permanente, vécue dans l'absence d'un père enfermé pour son soutien à l'ANC. À l'image de Billie Boy, une perruche à qui elle veut redonner la liberté, elle comprendra qu'il faut du temps pour la prendre et s'envoler. L'Afrique du Sud, ce sont aussi de premières rencontres marquantes. Avec Melissa, la fille de sa Marraine Dory, qui lui enseigne que « les filles doivent parler haut et fort, puisque personne ne les écoute » ; ou avec Soeur Joan qui décèle son goût pour l'écriture et la lecture et l'y encourage.



L'adolescence de Déborah se passera en Angleterre, terre d'exil où la famille s'est réfugiée après la libération du père. Écrivant sans fin sur des serviettes en papier, elle se rêve « en exil de l'exil », s'interrogeant sur son pays réel et mûrissant davantage son envie de devenir écrivaine.



Ces fragments de parcours prennent sens lors d'un printemps à Majorque, où volontairement isolée dans un hôtel, elle prend le temps de l'introspection, femme « en fuite » s'interrogeant sur son avenir et revenant sur son passé. Que fait-on du savoir qui nous empêche de vivre ? Que fait-on de ce qu'on ne veut pas savoir ? Pourquoi écrire dans la rage quand tant d'autres écrivent dans le calme ? Pourquoi se résigner et vivre dans l'acceptation ne peut être le but de l'écrivain ? Ou encore, comment dépasser l'inévitable conditionnement des femmes à incarner des mères ?



Convoquant aussi bien Sand que Beauvoir, Woolf, Warhol ou Duras, Deborah Levy témoigne sans donner de leçon sur ce qui forge un destin de femme et d'écrivain au XXIe siècle. de quoi donner envie de se plonger rapidement dans le coût de la vie, le deuxième opus.

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Etat des lieux

Retrouver Déborah Levy après Ce que je ne veux pas savoir et Le coût de la vie dans État des lieux, 3e opus de son récit de vie toujours traduit par Céline Leroy, est un pur délice. Je dis récit de vie plus qu’autobiographie, tellement Levy nous entraîne bien loin des habituels recensements chronologiques, pour mieux approfondir les grands espaces de réflexions thématiques qui ont séquencé son parcours de vie.



Après un retour sur les lieux qui l’ont construite et poussée à écrire dans le tome 1, l’émancipation féminine et le prix qu’il lui a fallu payer pour cela dans le tome 2, Levy se livre cette fois à une exploration de son « portefeuille de propriétés », exercice où la métaphore immobilière et matérielle est prétexte à un inventaire de vie partagé.



Un appartement, 3 vélos électriques et 3 chevaux de bois. Et de la soie… Alors que le départ de la maison de ses filles la force à s’interroger sur ce que sera cette nouvelle étape de vie, Levy, seule dans son vieil appartement de Londres et son cabanon de travail de fond de jardin, réfléchit à voix haute et partagée sur ce qu’il lui reste à acquérir, posséder, réussir ou achever.



Avec ses amis proches pour caisse de résonnance et au gré de quelques voyages, elle interroge des thèmes aussi variés que l’apparente sécurité que procure la propriété matérielle, le rôle politique et patriarcal de la maison, la place assignée de la femme mûre dans la société, ou la recherche toujours en cours du personnage féminin absolu dans la littérature.



De Londres à Hydra, en passant par New-York ou Paris, les lieux l’inspirent ou l’interrogent, faisant parfois resurgir des fulgurances sud-africaines de sa jeunesse heureuse au Cap, bercée par un soleil à nul autre pareil. Un lieu d’enfance devenu structurant : « Je n’avais pas démantelé ma maison de Johannesbourg pour la reconstruire en Grande-Bretagne. Je l’avais habitée étant enfant, et elle m’habitait maintenant que j’étais adulte. »



L’un de ses derniers mots sera pour les hommes et pour l’amour, convoquant à nouveau la grande Marguerite Duras pour illustrer ce qu’elle n’a peut-être pas su ou voulu faire : « Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela, ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter. »



Il est rare qu’une femme, qu’une auteure, nous fasse autant pénétrer dans sa demeure. En refermant la porte de la maison intérieure de Déborah Levy, entrouverte le temps de trois livres, j’en ressors rempli d’interrogations. Mais tellement plus riche de ces interrogations nouvelles. La grâce d’une certaine littérature…
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Le Coût de la vie

« Quant à moi, j’ai des choses à faire en ce monde… »



Le coût de la vie est le deuxième tome des mémoires ou plutôt je préfère, du carnet de souvenirs de Deborah Levy – traduit par Céline Leroy -, lu après Ce que je ne veux pas savoir et tout autant apprécié pour la justesse et la profondeur de ce chemin de vie.



Si les lieux rythmaient le précédent, c’est ici le parcours qui fait sens. Celui d’une femme déracinée ayant un jour choisi de rompre avec le modèle patriarcal tracé, ayant choisi de l’assumer, en ayant parfois – souvent – payé le prix, mais ne regrettant rien de ces choix de liberté.



C’est probablement cette fierté du parcours assumé qui fait de ce livre un recueil empreint d’une nostalgie joyeuse, où la fulgurance d’un détail revenu en mémoire déclenche la larme ou le sourire. Car oui, on sourit avec Déborah qui affronte seule le monde et la brume anglaise perchée sur son vélo, et se bat pour être tout sauf la femme qu’on attend qu’elle soit.



Et dans ce combat féministe, elle n’est pas seule : Marguerite, Émily, Simone, Virignia et tant d’autres, sans oublier la bienveillance planante de sa mère disparue, lui donnent la force et le courage d’emprunter l’autre chemin de vie, le plus ardu.



À travers ces deux petits recueils et dans un style d’une grande élégance, Deborah Levy inspirera ou confortera tous celles et ceux qui s’interrogent sur leurs choix de liberté. Nous tous donc.
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Ce que je ne veux pas savoir

Ce que je ne veux pas savoir de Déborah Levy est un éblouissant coup de coeur, aussi beau et fort que celui que j'ai eu pour « le coût de la vie ».



Je les quitte tous les deux à regret comme si je quittais une longue conversation avec une amie qui a su toucher mon coeur en parlant des sujets profonds de la vie de manière légère et anecdotique. C'est plein de fraîcheur et de vitalité malgré la mélancolie qui affleure quand il s'agit de la question du bonheur. Les petits moments de bonheur qui ne se vivent qu'au présent, ses exigences, les choix à faire, les déboires et les défis qu'il faut oser relever pour ne pas mentir à soi même.



J'ai aimé les pérégrinations mentales et les voyages physiques de l'autrice comme ici le séjour à Palma de Majorque qui est l'occasion de revenir sur un volet de sa vie, son enfance passée à Johannesburg au temps de l'apartheid et l'emprisonnement politique de son père. Déborah Levy a quitté l'Afrique du Sud pour l'Angleterre à 9 ans le coeur lourd. Mais en emportant dans ses valises la volonté de devenir écrivain et le désir d'explorer les nouvelles voies turbulentes d'une émancipation féminine.



Les tournants de l'existence sont faits de petits déclics et de grandes révélations, de valses hésitations permanentes « on hésite toujours, quand on désire quelque chose ». J'ai aimé la non linéarité du récit car la vie n'est pas une longue ligne droite mais une mosaïque d'instantanés assemblés plus ou moins bien selon les directions de l'existence.



J'aimerais beaucoup lire un troisième récit qui se passerait entre l'enfance de "ce que je ne veux pas savoir" et la séparation du couple "le coût de la vie", pour m'immerger à nouveau dans ce plaisir de lecture.
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La Position de la cuillère et autres bonheurs..

Désillusion



Bêtement, à l’image des trois mousquetaires qui étaient quatre, j’ai cru que c’était la suite de sa trilogie tellement appréciée, un p’ti ravisé en mode « ce que j’ai oublié de vous dire ». J’ai même cru que c’était la même traductrice. Hélas…



Hélas la magie n’a pas fonctionné avec La position de la cuillère de Deborah Levy, traduit par Nathalie Azoulai, que j’ai traversé sans grand intérêt ni enthousiasme.



Des textes, portraits, notices, souvenirs déposés pêle-mêle comme autant d’hommages aux auteures et figures qui l’ont influencée, dans une sorte de fouillis intimiste où il est difficile de s’immiscer.



On y croise Nietzsche, Duras, Woodman ou Cronenberg, mais aussi Alice, le lapin et l’Ailleurs, mais il m’aura notamment manqué le recul apprécié dans sa biographie, qui faisait le lien entre ces grandes figures et leur influence sur la vie de l’auteure



Heureusement quelques éclairs ont réveillé mon intérêt au détour d’une page, comme cet iconoclaste Abécédaire de la pulsion de la mort où Jane Mansfield côtoie Albert Camus Jackson Pollock ou Sébastien Tellier. Ou ces passages sur l’écriture



« Pour écrire, mieux vaut que la peur vous quitte car c’est le seul moyen de s’ouvrir assez pour accueillir du nouveau (…) Tant qu’on ne s’arrache pas le cœur du mystère (pour ne pas citer Shakespeare), il restera toujours quelque chose d’intéressant à faire avec le langage. »



RDV manqué donc mais pas grave, car l’auteure reste appréciée.

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La Position de la cuillère et autres bonheurs..

Chère Déborah Levy,



J’espère que la peur va me quitter, le temps de vous écrire cette lettre. Parce qu’il ne faudrait pas que l’engourdissement s’installe dans le corps ou l’esprit, je laisse remonter à la surface, les petites mesures de bonheurs pour que ça pétille audacieusement, sur la toile…

Donc, voilà, j’en suis là, entre hésitation et exaltation, à laisser glisser le stylo, le regard perdu en inspiration, le cœur au palpitant. Avec vos livres, vous m’apprenez le bonheur. Le bonheur à l’état brut, le bonheur en fleurs, le bonheur à pieds nus, le bonheur encabané, le bonheur partout, le bonheur en nous. L’art du bonheur. Vous m’apprenez à compter le bonheur, en mesure de cuillère à café et pages tournées, et j’aime cela. J’aime l’idée que je vais le débusquer comme vous, au détour d’une ligne, dans un poème, dans un alphabet itinérant, dans une discussion entre amies, sur une photographie. Je deviens attentive, fringante, vigilante et receptionneuse de ces autres bonheurs impertinents que vous laissez dans ces pages. Je me prépare selon vos critères et pérégrinations à me faire à cette notion du bonheur. J’ouvre la porte pour qu’il rentre, comme vous, vous ouvrez votre bibliothèque pour qu’on y puise à la source…

Je ne me lasse de votre trait d’esprit, de votre regard sur le monde, des grands et petits détails que vous relevez dans l’âme des artistes, de vos lectures éclairées, des odeurs que vous percevez au travers d’un texte, des couleurs émotionnelles que vous attrapez dans les poèmes, de la chaleur qui se dégage de votre plume. Je ne m’en lasse pas de vos questionnements, de la littérature, de la création. Et chaque référant, chaque auteur.ice que j’ai reconnu, je voulais les relire à la lumière de votre ressenti, pour voir les concordances ou dissonances, car l’art parle et bouscule en chacun, de sa manière propre. Et puis je veux connaître les autres, ceux et celles qui m’ont échappé, je voudrais les rentrer dans la bibliothèque de mes données personnelles. Je veux les lire accompagnée de café et d’une petite cuillère, qui lierai le sucre et le bonheur. Je veux les lire avec mes plus grands yeux, pour absorber tout ce qui donne de la valeur et les principes des chefs-d’œuvres. J’ai peur du renfrongnement. Je veux toujours être en capacité de m’émerveiller. Et à vous lire, chère Déborah je sais que cela arrivera toujours, parce qu’en donnant La position de la cuillère, vous donnez aussi, l’insufflement d’une pensée libre triomphante…

Peut-être que je vais sortir du cadre. Comme je suis femme, de toute manière, je veux évidemment, m’en échapper. Je quitte le vouvoiement comme on se défait d’un spectre.

Laisse-moi te dire, que c’est un coup de cœur.

Laisse-moi te dire, que ce livre va rester longtemps sur ma table de chevet. Laisse-moi te dire merci, comme on remercie une amie, qui prodigue ses meilleurs conseils.



Laisse-moi te dire au revoir et au plaisir

Bien féeriquement,



Stelphique&#xNaN🧚
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Ce que je ne veux pas savoir

Autant l'avouer tout de suite, j'ai ete une tres mauvaise lectrice de ce livre, salué et encensé par de bien meilleurs lecteurs que moi.



C'est vrai qu'il n'a aucun des traits habituels de l'autobiographie classique. Qu'il présente les événements mineurs comme des faits marquants, qu'il refuse toute temporalité, toute exégèse, toute explication, toute corrélation ajoutée artificiellement au souvenir d'enfance par la narratrice, au moment de l'écriture.

Et qu'il tente ainsi de retrouver une sorte de fraîcheur de regard propre à l'enfance...



Mais...



Ce détachement, ce parti pris de décousu, cette option radicale d'une certaine modernité de bon ton, m'ont paru une pose littéraire, presque un à priori. Disons le mot: un snobisme.



J'ai donc lu cette première partie de l'autobiographie de Deborah Levy avec agacement, ce qui ne contribue pas à rendre ma critique indulgente ni objective, J'en ai bien conscience.



Toutefois, la fonte -très naturelle - d' un bonhomme de neige tout a fait exceptionnel , lui , en Afrique du Sud et l'arrestation d'un papa (mlitant blanc pour l'ANC en pleine apartheid) , m'ont soudain émue et poussée à lire le deuxième tome...Le coût de la vie.



Je n'ai rien de plus à ajouter, malheureusement, pour ce premier tome, n'en pensant finalement pas grand' chose, à ma grande confusion.



Comme les sportifs en mal de commentaire, je tâcherai de faire mieux la prochaine fois...
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Le Coût de la vie

Le coût de la vie, le volet qui suit Ce que je ne veux pas savoir , Deborah Levy traverse une période particulièrement sombre : séparation avec son mari (elle compare son mariage à un naufrage mais écrit que si elle rejoint le bateau, elle se noiera aussi), maladie grave de sa mère et décès.



Sa réflexion autour du rôle de la femme dans la société s'appuyant sur celles développées par Simone de Beauvoir et Marguerite Duras est particulièrement intéressante.

Désormais seule avec l'une de ses filles, elle réalise l'écart entre la liberté telle qu'elle l'imaginait et telle qu'elle l'éprouve finalement, confrontée aux factures, aux dépenses et à un rythme de vie épuisant.



Au sein d'un même paragraphe, elle manie avec aisance les ruptures de tonalité, passant de l'humour à l'émotion. J'ai été particulièrement touchée par deux scènes liées à sa mère : celle de la glace à l'eau qu'elle lui achète dans une épicerie turque avant chaque visite à l'hôpital et celle des boucles d'oreille en forme de chouettes.



"Tu as toujours adoré les chouettes. Tu sais que quelques jours après ta mort je regardais les articles d'un grand magasin sur Oxford Street et j'ai vu une paire de boucles d'oreilles en forme de chouette avec des yeux en verre de couleur verte. J'ai été saisie d'une joie inexplicable. Je vais acheter ces boucles pour maman."


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Etat des lieux



Je ne suis préparée à rien. Je prend ce qu’on veut bien me transmettre. La délicatesse d’une rose comme un État des lieux. Je regarde tout suffisamment longtemps, pour m’imprégner. M’imprégner d’un monde, d’un mode d’écriture, d’une fleur, de la recherche minutieuse de donner corps à un personnage féminin, d’un lieu, des vibrations, ou encore d’un rêve de maison. J’aime l’imprégnation. C’est quelque chose ensuite, qui t’appartient un peu: une légère trace dans le sillage de mes pensées. Je suis avec délectation les pérégrinations de Déborah Lévy et le bonheur de rentrer chez elle…

Je ne suis préparée à rien. Je ne connais pas encore le départ d’un enfant vers son nid, je ne connais pas les joies d’une sorbetière, je ne connais pas tou.te.s les écrivain.e.s qu’elle invite à son souvenir. Je n’ai que des chemins qu’elle a défriché pour que je m’y sente à l’aise et que j’apprenne l’art de vivre, et l’immense plaisir d’être une femme. Je n’avais qu’une joie, rentrer chez moi, pour lire ses pensées, juste à côté de mon rosier. J’ai l’envie folle, aujourd’hui, d’un bananier, sur les rebords de ma baignoire. À voir si un jour, on le comptera avec mon État des lieux…

Je ne suis préparée à rien. Je n’ai que des doutes et des désirs d’écriture, mais les pensées hyperactives ne veulent pas rester dans une demeure, ne veulent pas se mettre en lignes. Elles veulent l’eau, le vent, l’intérieur intime d’une fleur, la quintessence de la féminité. Mais je veux y entendre en sagesse, je veux les questionnements existentiels de Déborah, je veux les voyages, je veux le cabanon, je veux une chambre à moi, tout ce qui fait une propriété et l’Etat des lieux de nos foyers…

Je ne suis préparée à rien. Mais j’imagine très bien. Les portes et les fenêtres qu’on ouvre ou qu’on referme, les murs qu’on casse et qu’on reconstruit, les lieux et les états qui nous habitent, je les imagine dans le temps et l’espace. J’étudie auprès de mes aînées leur façon de vivre, leur façon de redessiner le bonheur, de compter leurs biens. Et puisque le personnel est politique, Deborah Lévy avec cette autobiographie en mouvement, m’initie à l’élévation. Je rénove mes rêves et mes enseignements, suite à cela. Je déconstruis et réinvente ma liberté.

Je n’étais préparée à rien, mais je fais état d’un coup de coeur pour cette lecture. Je suis riche, maintenant, d’écrits puissants que je pourrai lire et relire, parce que Ce que je (ne) veux (pas) savoir c’est Le coût de la vie et l’État des lieux, et d’autres bonheurs impertinents, et je ne suis que gratitude pour ceux que Déborah Lévy nous transmet avec tant d’intelligence et de soin, pour qu’ils résonnent dans le réel…
Lien : https://fairystelphique.word..
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Ce que je ne veux pas savoir

👠Chronique👠



« Mais, de toute façon, quel intérêt y a-t-il à mettre des choses par écrit? »



Parce que, de toute façon, il y a des choses qui ne s’écrive qu’avec le cœur et le recul de la maturité. Ce que je veux bien savoir, en revanche, c’est qu’est-ce que disent les écrits de nous, qu’est-ce que ça va chercher dans la mémoire et dans les oublis, vers quoi on tend à aller ainsi, vers soi?

Peut-être que ce soir, en relisant pour la enieme fois, Déborah Levy, je me dis que c’est quelque chose de l’entre-deux, entre rage et calme, entre authentique et illusion, entre deux âges et deux continents, entre appartenance et exil. Au point exact de l’hésitation. Le désir d’écrire prenant le dessus sur les pensées limitantes, la femme se révèle au moment, précisément, de poser le stylo sur la feuille et de faire appel à sa réflexion…Et donc, ce soir, j’essaie de comprendre ce qu’elle ne veut pas savoir, alors que moi je brûle d’apprendre…

Certes, être témoin et vivre, la dépression, le racisme, la violence, l’oiseau en cage, le sexisme, ça laisse des traces sur le papier, le corps et l’esprit…Mais c’est « rudement bath » de lire aussi de l’émancipation, de la liberté, de la culture, et le cheminement personnel d’une autrice et d’une femme, en particulier…Invoquer les souvenirs, les plus grand.e.s écrivain.e.s, le désir, la transcendance de la lecture et de l’écriture, les questionnements muets, alors qu’elle n’a qu’une envie, celle de hurler. Parler fort pour se faire entendre dans ce monde de brutes. Parler fort parce qu’elle est assignee-femme, et qu’elle sait que ça change tout. Parler fort et créer des mots, des vérités qui s’écrivent au féminin et ne pas avoir à s’égosiller de le faire, ici ou ailleurs, c’était sans doute, le but de cette introspection…

Depuis toujours, je recherche, dans mes lectures, la féminité et la liberté. Avec cette trilogie, je peux déjà vous confier, sans la moindre hésitation que j’ai adhéré à la pétillance de Déborah Levy. Elle est vivifiante, solaire et affirmée. J’ai adoré la sensibilité, l’énergie, tous ses éclats. Ça se lit comme la confidence espiègle d’une amie chère, sans filtre et à cœur ouvert. Je ne saurai pas plus m’arrêter qu’elle, alors je vais peut-être vous laisser juger de l’intérêt à découvrir urgemment toute l’intelligence de sa plume et son engagement au travers de ces pages qui m’ont paru d’une brillance exquise!
Lien : https://fairystelphique.word..
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