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Critiques de Derf Backderf (262)
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Trashed

Encore une BD géniale de Derf Backderf.

Cette fois-ci, le ton est résolument comique. Les personnages sont croquées de façon très impressionnante, on s'attache à eux très rapidement ou on les déteste en deux cases. La BD passe sans difficulté de la chronique de vie aux gags, des conditions de travail et des relations sociales aux questions politiques et écologiques liées au traitement des déchets.



Le dessin me paraît encore plus fort que d'habitude, il y a des vignettes vraiment magnifiques (l'arrivée dans la déchetterie par exemple).



Et je suis définitivement devenu fan de Magee !
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Punk rock & mobile homes

"Le baron" est un ado terminant son lycée en Ohio. Son phrasé atypique et ses idées brillamment folles font de lui un outsider dans le monde policé et catégorisé du lycée made in USA. C'est dans les pogos des concerts New Wave qu'il devient véritablement "Le Baron". Dans son bled, la scène punk rock se déchaine au sein de La Bank, bar ovni où se regroupe la faune ouverte à ces sonorités nouvelles. "New York" "Londres" et "Akron Ohio", qui l'eût cru!

Le baron, à force de bagout bien senti et de volontarisme à l'acte futile délirant, devient une célébrité dans le petit milieu qui l'a adopté.

Drôle, crasseux, impertinent à souhait, bourré de référence: un bonheur de lecture rare! Derf Backderf fait preuve d'un génie langagier et graphique pour décrire une année folle de la décennie 80! Il prouve ainsi qu'il est tout autant capable de poser une ambiance pesante sur un sujet difficile (Mon ami Dahmer) que de nous faire rire au comptoir d'un bar musical avec un personnage tonitruant!
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Mon ami Dahmer

Derf Backderf a passé son enfance à Richfield, petite ville de l’Ohio située non loin de Cleveland. Dans les années 1970, il fait la connaissance au collège de Jeffrey Dahmer, un enfant un peu étrange et solitaire. Les deux ados font leur scolarité dans les mêmes établissements jusqu’à la fin du lycée. Jeffrey Dahmer deviendra par la suite l’un des pires serial killers de l’histoire des États-Unis.

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Je n'ai pas aimé le graphisme.

Pour l'histoire, je n'ai pas perçu d'amitié au fil du récit que j'ai trouvé plat et sans émotion. Pour moi, il s'est plus amusé avec ses copains à ses dépends comme quand ils faisaient des canulars téléphoniques au décorateur.

Et en ce qui concerne les actes de Jeffrey Dahmer, il essaie de les justifier et de les imputer à ses parents et aux divers adultes qui n'auraient rien vu ou pas voulu voir.

L'histoire aurait pu être intéressante mais je n'ai pas été réceptive à cette façon de la raconter avec cette soi-disant amitié ainsi que graphiquement.
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Mon ami Dahmer

C'est un excellent complément de lecture à la série Netflix qui ne s'attarde pas autant sur les années lycées de Jeff Dahmer.



L'auteur, un camarade d'école, nous raconte la descente aux enfers du meurtrier qui a choqué le monde au début des années 90. Il est en effet attrapé par la police en 1991 après avoir assassiné cruellement 17 jeunes hommes.



Alcoolique notoire, sauf pour les adultes "qui ne voyaient rien", il essayait de lutter contre ses pensées morbides et malades, sans succès. Ses études sont donc chaotiques.



Le dessin et les couleurs s'accordent à la perfection à l'ambiance glauque de l'histoire.



Cette BD est glaçante. Comment est-ce possible qu'aucun adulte n'ait rien vu venir ? C'est aussi la question de l'auteur qui, bien qu'adolescent, avait constaté chez son camarade de classe des attitudes inquiétantes.



Je ne la recommande pas à tout le monde, on ressort perturbé de cette lecture, je n'ai pas été bien durant plusieurs heures. Mais c'est un incroyable ouvrage pour qui s'intéresse aux serials killers et à la vie de Jeff Dahmer.
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Kent State : Quatre morts dans l'Ohio

Appréciant l'auteur, j'ai trouvé de titre à la médiathèque, et suis rentré avec.

Contrairement à Trashed, plus universel, il convient de faire un point de contextualisation sur les événements présentés.

L'auteur le fait de son côté, mais j'ai pu trouver des informations me permettant de mieux appréhender le contexte et le déroulement des faits.

Cela demande donc un "petit" effort, mais qui en vaut la peine.

Je pense que la lecture est facilitée par la connaissance des événements qui sont présentés
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Kent State : Quatre morts dans l'Ohio

Même si je ne suis pas fan du dessin de Derf Backderf, je dois avouer que ce roman graphique est une claque.



Ohio. Le 4 mai 1970, se tint un rassemblement étudiant anti-guerre au Vietnam sur le campus de l'université de Kent State. Fake news, rumeurs délirantes contexte guerre froide, infiltration du FBI dans les mouvements de protestation étudiante pour créer des incidents : tout cela fit que ce 4 mai, la tension monta entre des soldats de la garde nationale épuisés et des étudiants qui manifestaient sans violence. Quatre périrent : Allison, Sandy, Bill et Jeff. Neuf furent blessés.



Après avoir vu la géniale rétrospective sur Derf Backderf au festival Quai des bulles 2022, je n'attendais qu'une chose : me plonger dans son dernier livre graphique coup de poing.



Précisons-le d'emblée, Kent State est une reconstitution des quatre jours qui précédèrent le drame à partir de recherches, d'entretiens, de témoignages de personnes ayant assisté au carnage.



Hyper documenté avec un petit plan permettant de bien tout resituer, j’ai appris plein de choses qui vont du contexte politique jusqu’aux anecdotes sur les présidents américains (Donald et Bill ayant eu recours au report pour ne pas aller au Vietnam !).



La Guerre du Vietnam n'a pas été faite que par des volontaires : un tiers des soldats furent enrôlés de force. La conscription devint le cauchemar de 27 millions de jeunes hommes. En cas de refus, ils devaient s'enfuir, vivre dans la clandestinité au risque d'être incarcérés.



Beaucoup de mouvements (Whore, Sds, Yippies, Weathermen) se sont créés pour dénoncer le bourbier vietnamien. Mais ils ont hélas contribué à décrébiliser l'élan pacifiste étudiant.



Je termine ma lecture choquée à la fois par le sentiment d'impunité et par l'attitude hostile de la population locale très conservatrice à l'égard des étudiants.



Prix Eisner award 2021 : à lire en écoutant Beggar's bullets pour ne pas oublier jusqu'où la paranoïa et les erreurs politiques peuvent conduire.

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Mon ami Dahmer

"mon ami Dahmer" un ouvrage de Derf Backderf, auteur et dessinateur de cette BD. Cet auteur a fréquenté le plus célèbre tueur en série du moment ( merci Netflix) Jeffrey Dahmer pendant son enfance et adolescence.







L'auteur nous raconte les jeunes années de ce jeune homme qui allait devenir le véritable montre que l'on connaît, tout en prévenant ses lecteurs en écrivant "Ayez de la pitié pour lui mais n'ayez aucune compassion."

Tout était alors déjà dit !



Je vous recommande cette lecture pour le fond mais la forme.... Je "Tik" un peu. J'aime le fait que les dessins soient en noir et blanc, cela crée l'ambiance psycho-dramatique de cette terrible histoire, mais les visages.... ils ont tous des visages d'adultes alors qu'on est en présence d'adolescents, c'est un détail sans doute mais ça m'a dérangé... un peu.

J'ai cependant très apprécié toutes les notes biographiques a la fin du livre, très utiles pour que l'on puisse essayer de comprendre qui il était vraiment ! J'ai évidemment vu la série qui est formidable et le documentaire également disponible sur Netflix qui est très bien fait.

A découvrir, pour ne pas oublier ses 17 jeunes victimes .
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Mon ami Dahmer

Derf Backderf apprend en 1991 comme tous les américains, les infâmes crimes de Jeffrey Dahmer, surnommé le cannibal de Milwaukee. Mais contrairement à tous, Backderf est troublé d'une manière différente: il était l'un des camarades de classe de Dahmer.

Cette BD retrace les jeunes années que Backderf a passer, côtoyant quotidiennement le futur cannibal. Il a receuili des témoignages d'époques et de nombreux souvenirs afin de garder une certain authenticité et ne pas tomber dans la fabulation. Il dresse un portrait de son camarade plutôt objectif, sans le diaboliser ou l'excuser.

Étant une grande amatrice de tueurs en serie, je suis tombée sur cette BD en faisant quelques recherches. D'habitude je ne suis pas trop bande dessinée, mais là, ce fut un coup de coeur. Les graphismes sont incroyables, le style est vraiment unique et colle super bien avec les années 70!

Un titre a recommander à tous les friands de BD et de faits divers.
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Mon ami Dahmer

Cette bande dessinée a pour protagoniste principal un jeune adolescent américain qui deviendra malheureusement un tueur en série au parcours effroyable. Il s'agit d'une histoire vraie, documentée par l'auteur qui côtoya Dhamer (le futur assassin multiple) lors de ses études pré-universitaires.

Pour réaliser cet ouvrage perturbant mais hyper intéressant Backderf a replongé dans sa mémoire, dans les documents de l'époque, il a interrogé bon nombre de personnes liées de près ou de loin à "Jeff" Dahmer, et il a épluché les documents mis à a disposition par le FBI ou les journaux locaux.

On découvre ainsi la vie de Jeffrey Dahmer sur plusieurs années, avant qu'il ne passe à l'acte, de la fin de son enfance à la fin de son adolescence, jusqu'à ce qu'il prenne un inconnu en stop, sa toute première victime humaine.

My Friend Dahmer, ou Mon ami Dahmer, a capté mon attention immédiatement. C'est un ouvrage fascinant, bien réalisé, bien documenté, bien dessiné, qui permet de mieux cerner les tourments qu'a traversé Dahmer jusqu'à ce que sa vie bascule dans l'abominable. Il n'y a aucune fascination morbide, juste la description presque banale d'une vie d'adolescent bien pourrie, anonyme, étrange, burlesque aussi, remplie de tristesse, de désarroi, d'incompréhension.

Loin de faire passer Dahmer pour une victime Derf Backderf brosse tout de même le portrait d'un véritable gâchis d'existence, en nous faisant découvrir un être humain profondément isolé, malheureux, moqué, abandonné même, incapable de se socialiser réellement ou d'exprimer sa détresse. On découvre un adolescent en souffrance totale, incapable d'assumer son homosexualité dans une petite ville provinciale conservatrice, spectateur impuissant d'une famille en plein délitement, ignoré par ses professeurs, peu considéré par les autres élèves, qui sombre petit à petit dans un chaos intérieur qu'il lui sera impossible de dépasser puisque jamais personne ne lui tendra la main. L'auteur se montre donc assez critique sur l'environnement de Dahmer : les professeurs, les parents, les "amis" ou plutôt les connaissances, qui l'ont laissé sombrer sans rien voir ou en faisant mine de ne rien remarquer. Mais cette critique a ses limites, Dahmer étant tout de même responsable lui aussi de ses actes et des choix qu'il aura fait : l'auteur pense qu'à partir du moment où Dahmer franchit le cap de l'adolescent gravement tourmenté pour devenir tueur en série, il aurait dès lors mieux valu pour lui de choisir de mettre fin à ses jours, plutôt que de détruire la vie des autres.

Je pense que Mon ami Dahmer est un ouvrage singulier, très particulier, mais très réussi et fort intéressant, à ne pas mettre entre toutes les mains tant le sujet qu'il aborde est emprunt de noirceur.



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Kent State : Quatre morts dans l'Ohio

Le 4 mai 1970, la garde nationale chargeait à balles réelles sur des étudiants américains, manifestant contre la guerre au Vietnam , qui occupaient pacifiquement le campus de Kent State dans l’Ohio.

Une fusillade aveugle et violente.

Au sol, 4 morts, 9 blessés. 67 balles tirées.

50 ans après, Derf Backderf se glisse au cœur des dernières semaines qui ont conduit à cette tragédie et investit ce drame social et politique dont l’écho demeure toujours vivace aujourd’hui , plus encore en cette période de heurts sociaux aux États-Unis .

Le titre Four dead in Ohio est inspiré d’une chanson composée par Neil young choqué par l’horreur de ce drame , après avoir vu une photo de la fusillade en couverture d’un magazine. C’est avec cette chanson que j’ai découvert, adolescente, les 4 morts de Kent state. J’aime emprunter ce pont entre musique et mouvements contestataires.

Avec cet hommage graphique, je redécouvre cet événement sous le dessin de Derf Backderf. Tout y est documenté avec précision pour nous faire revivre jour après jour le déroulement de cette tragédie . Les protagonistes nous invitent dans leur quotidien. L’histoire d’une jeunesse abattue en plein vol. La réalité devient palpable au fil des pages. Troublante. Brutale. Inéluctable, déchirante.

Je l’ai lu dans sa version originale, il existe aussi traduit aux éditions Ça et Là.

Ce roman graphique de 280 pages est puissant et vibrant. Il résonne fort.

La lutte contre l’obscurantisme est au cœur des débats , ce roman graphique est un point levé qui ravive les mémoires avec force et émotions.
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Kent State : Quatre morts dans l'Ohio

Eh ben merde, il sait s'y faire, le Derf Backderf. Nom de Zeus, comme diraient certains, c'est un auteur qui a un coup de crayon que j'apprécie et un talent de reporter dans ses chroniques de vies qui nous en apprennent plus sur notre société. A la lecture de sa dernière BD, je sens d'autant plus le travail de journaliste ressortir. Parce qu'au-delà d'une BD qui présente un fait divers sanglant, c'est surtout un sacré compte-rendu détaillé de quatre jours qui feront immanquablement tomber le couperet.



J'ai une grande admiration pour la façon dont Backderf nous transmet ses reportages. Entre les représentations très carrée de ses personnages et ses lieux, donnant parfois quelque chose de cartoonesque à l'ensemble, et le fouillé détaillé, méticuleux et précis du propos, on a à la fois le rendu d'une bande-dessinée lisible et plaisante, mais aussi l'histoire brute et complète. Derf Backderf va s'attacher à représenter toutes les facettes de ces évènements d'émeutes étudiantes réprimées par les forces de l'ordre, et si les personnages sont nombreux, c'est pour bien nous faire ressentir tout ce qui se joue. Chaque personnage apporte une vision différente de ce qu'il se passe. Et surtout, on comprends que l'ensemble est une grande incompréhension mâtinée de peur : la peur des communistes et de la conscription, de la révolte étudiante, des rumeurs ... Des deux côtés, l'incompréhension va gagner, et l'incompétence des dirigeants va accentuer le tout, en finissant dans le sang. Les zones d'ombres sont encore nombreuses, mais c'est une tragédie qui aurait pu être évitée. Et qui n'apporta rien à personne, strictement rien.



D'autre part, le récit est surtout porteur d'autres messages qui sont très intéressants dans le contexte actuel : l'infiltration des mouvements de gauche pour les saboter, les indics et les casseurs, la volonté politique des réélections locales ... Plusieurs d'entre eux ne sont pas sans me rappeler ce qu'on a vécu en France depuis le début des années 2000 et les révoltes des banlieues. Le récit détaille bien le fait que ce fut une période très sombre au États-Unis, dans une paranoïa de Guerre froide et de théorie des dominos qui justifiaient des interventions de plus en plus couteuses en hommes, mais ce n'est pas pour autant qu'il perd en force à la lueur des évènements d'aujourd'hui.



Décidément, je suis très fan de Derf Backderf. Son travail est toujours soigné, d'excellente qualité et porteur de message politique bien actuel. L'auteur ne cache pas des sympathies allant à gauche, mais à la lecture de ses différentes œuvres on comprend bien mieux pourquoi. Et je suis de plus en plus fan de ce qu'il me propose. Certes, le temps est nécessaire pour pondre ce genre de récit, mais pour de tels résultats je suis prêt à attendre trois ans !

Une lecture qui m'a mis une boule dans la gorge, je dois bien le dire.
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Kent State : Quatre morts dans l'Ohio

Kent State : quatre morts dans l'Ohio est un récit poignant, détaillé et ultra-documenté relatant les faits tragiques survenus en 1970 sur un campus américain, lors d’un rassemblement étudiant contre la guerre du Vietnam.

Que l’on accroche ou non aux traits particuliers de Backderf, son travail n'en reste pas moins minutieux et glaçant de lucidité sur la suite d’évènements qui mèneront à un dénouement injuste et dramatique…

D’autant plus effrayant que cette chronique fait écho à l’actualité U.S, entre émeutes au Capitole et abus de forces étatiques lors des rassemblements Black Lives Matter.

Très intéressant, et surtout bouleversant !

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Mon ami Dahmer

Je ne sais pas si vous vous souvenez de copains de collège/lycée un peu étranges qui auraient laissé une trace dans vos mémoires... Eh bien l'auteur de ce roman graphique s'est souvenu de l'un de ses amis le jour où il a découvert à la télé qu'il était devenu... serial killer ! L'histoire est incroyable, mais vraie et le coup de crayon vaut le détour. Un incontournable.
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Mon ami Dahmer

Une BD puissante et dérangeante. le style graphique de Derf Backderf est fascinant, j'ai beaucoup aimé. Tout au long de cette BD très documentée, il essaye de comprendre qui était son camarade avant de devenir un assassin, les motivations qui ont pu le conduire à son destin funeste. Un enchaînement de faits semblant presque anodins finissent par dépeindre un personnage inquiétant que personne n'a remarqué. Une lecture passionnante !
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Trashed

En deux albums, Mon ami Dahmer puis Trashed, Derf Backderf est devenu mon auteur de BD américain favori.

La lecture en 2013 de Mon ami Dahmer, qui relatait l’enfance du tristement célèbre tueur en série Jeffrey Dahmer, fut l’occasion de découvrir un auteur brillant, doté d’un sens du récit incroyable, proposant des planches d’une densité graphique et narrative impressionnante.



Paru en 2015, chez ça et là, Trashed vient confirmer le talent de cet auteur qui durant sa jeunesse exerça pendant un temps le métier d’éboueur.

Le livre raconte, à travers le personnage J.B., un jeune homme de 21 ans, un peu loser, la vie d’une équipe d’éboueurs dans l’Ohio au tout début des années 80.

Au-delà de richesse graphique de ce comic et de son humour, ce livre constitue une passionnante plongée dans le monde peu et connu et pue enviable des éboueurs.

Le lecteur suit pendant 200 pages le quotidien de ces hommes, contraints chaque jour et par tous les temps, de ramasser des poubelles et des tas de saloperies nauséabondes déposées par les gens le long des rues... à une époque où le tri sélectif n’existe pas encore et où tous les détritus sont emmenés directement dans d'immenses décharges à ciel ouvert.



Derf Backderf dresse le portait de cette équipe d’employés communaux un peu farfelus et totalement ploucs, avec des détails parfois assez tordants sur lerus mœurs, mais pose aussi un regard lucide sur l’évolution de nos sociétés de consommation, avec la soudaine prolifération des emballages au cours des années 80 et sur la façon souvent assez anarchique dont pouvaient être gérées les ordures il y a 30 ans et plus.
Lien : https://www.hop-blog.fr/derf..
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Trashed

Le retour de Derf Backderf après les excellents "Mon ami Dahmer" et "Punk rock et mobilhome".

Toujours aussi bon sur la forme, c'est le propre des grands dessinateurs d'avoir un style reconnaissable entre mille, mais un peu plus décevant sur le fond.

En effet bien que la critique de la société de consommation et de la gestion des ordures, sois le fil conducteur du livre, les héros, d'habitude si attachant chez Backderf, ne sont pas à la hauteur. Dans les autres ouvrages les anti-héros de Backderf s'en sortent toujours et vont vers le mieux, ce n'est pas le cas ici.

Je trouve également que l'histoire tourne vaguement en ronds, mais peut-être est-ce aussi pour transcrire la monotonie de ce métier si décrié que celui d'éboueur.

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Trashed

Cette BD relate l'expérience authentique de l'auteur qui a travaillé quelques temps comme éboueur. Entre reportage et satire, c'est à la fois une description instructive de la réalité du métier, de la manière dont les déchets sont (mal ) retraités aux Etats-Unis, et une rigolade très révélatrice des personnages hauts en couleur mais authentiques qu'on retrouve dans les classes sociales modestes de l'Amérique. Drôle, cynique, intelligent... génial !
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Trashed

Derf Backderf dessine savamment les travers de la société américaine à travers les déchets des habitants d’une banlieue du fin fond de l’Ohio. Comme pour Mon ami Dahmer, l’auteur s’inspire de sa propre vie, plus particulièrement de son expérience d’éboueur de 1979 à 1980, et parsème son récit d’anecdotes véritables. A la fois drôle et révolté, Trashed dénonce notre accumulation frénétique de déchets et le traitement peu responsable que l’on en fait.

« Imagine l’économie comme un immense tube digestif. Et nous on est là, devant le trou du cul du libéralisme. A nettoyer. »

https://plumeetpellicule.wordpress.com/2016/07/07/trashed/
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Trashed

Trashed est la nouvelle œuvre complète (ou roman graphique) de Derf Backderf après Punk Rock & Mobile Homes et Mon ami Dahmer.



Prologue



Après avoir relaté ses années de lycée au côté du futur tueur en série Jeff Dahmer, John Derf Backderf est revenu sur une de ses jeunes années. C’est Trashed, une bd autobiographique faite au début de sa carrière, complètement revue dans une nouvelle version étendue. Et au lieu d’en refaire une histoire vraie, Derf Backderf l’augmente pour en faire un roman graphique situé à notre époque et non au début des années 80, avec des personnages inspirés de personnes réelles, à commencer par le narrateur lui-même.



De quoi parle Trashed ? Du métier d’éboueur aux Etat-Unis, et de tous les corollaires qui peuvent en découler. Trashed est découpé en plusieurs parties, qui sont autant les actes d’une tragédie complète que de sujets possibles. Elle commence avec trois planches sur l’histoire de la gestion des déchets par les hommes depuis la création de la civilisation, enchaîne sur un prologue, enquille quatre saisons de camions-poubelles et se conclut avec un épilogue.



Eté



Il fait trop chaud, dès le matin, dès l’aube.

La journée passera encore trop lentement, pleine de sueur,

De collègues immoraux ou idiots,

Toujours prêts à compliquer l’horreur,

Tandis que la pause déjeuner, elle, n’aura plus jamais de saveur.

Le monde est une immense daube.



Jets de déchets, pressage de couches, puanteurs presque matérielles

Montagnes de crottes de chiens trempées,

Electro-ménager du siècle dernier et pièces détachées,

Tout ça est supportable quand, avant le dîner industriel,

Il faut vider les restes d’une famille expulsée.



Meubles trop lourds, fauteuils trop luxueux,

Livres déjà lus, cassettes obsolètes,

Plusieurs vies englouties dans la machine à la bouche édentée

Qui meurt toujours de faim, chaque jour, inlassable.



Les gens sont consommables et la civilisation se jette.



Automne



Il pleut, forcément, il va falloir mettre sa pelure,

Une seconde paire de gants, ramasser des feuilles à la pelle,

Mais s’il ne s’agissait que de feuilles, je n’aurai pas droit aux regards durs,

Condescendants, humiliants, de mes semblables à la vue belle,

Tandis que nous nous enfonçons vers le dépotoir.



Le roi des déchets nous accueille, graveleux, content même,

De sa position unique mais cachée, au milieu des habitations

Dont les occupants jamais ne se doutent de l’immensité si profonde et blême

Du tas d’ordure qu’ils génèrent.

Plus haut qu’une cathédrale,

Plus étendue que la ville de Prague,

Il coupe le monde et ouvre celui de la planète déchets.



Les cons.



Hiver



Il faut compter sur les problèmes matériels, les fils électriques

Qui s’accrochent à la benne ou les déchiqueteuses trop lourdes

Qui cassent le dos et les mains,

Nettoyer les branches d’un ami du maire,

Faire partie de la campagne électorale, tout ça pour un salaire de misère.



Sourire aux crétins néo-nazis, soulever des blocs moteurs,

Subir les sarcasmes des éboueurs du recyclage.

Je leur ferai déplacer, à tous, des montagnes de briques.



Parfois, on trouve des trésors vintage, des cassettes au format

Depuis longtemps disparu, des magazines cultes introuvables,

Des meubles en bon état, des outils utilisables, du matos potable.

Parfois, comme le dit Magee mon coloc instable, il est avec nous : le karma.



Ca me rappelle la fois où on a explosé un piano dans la benne.

Les notes s’enfuyaient, fausses ou justes, sans logique, sauf celle de la folie.

On aurait cru un concerto pour poubelle mineure.

Elle jouait pour nous, les invisibles, les larbins, les éboueurs.



Elle nous a fait oublier ceux trop lâches pour trier leurs produits dangereux,

Ceux qui laissent des tonnes de déjections canines, d’animaux morts, de métal rouillé

Qui se cachent sous le vernis de la société,

Tranquilles, sûrs d’eux.



Printemps



Les encombrants, c’est du pain béni pour Wile E,

Notre petit chef en chef.

On lui ramène tout ce qui peut se revendre,

Comme si son salaire indécent ne lui suffisait pas,

Sa position de fonctionnaire non plus, ce pourri.



Les nouveaux changeront-ils tout ça ?

Arrêterons-ils de nous prendre pour des larbins,

Auront-ils de la décence ?



L’année va recommencer, et je ne sais pas si je dois continuer.

Tel Sisyphe, nous ne viendrons jamais au bout de cette tâche

Sans cesse renouvelée,

Quotidienne et écœurante malgré sa nécessité.



Epilogue



J’ai rencontré Derf Backderf cette année. Il m’a fait une jolie dédicace sur son album Punk rock et mobile homes, où les héros de Trashed faisaient déjà une apparition le temps d’une planche. Ils trouvent l’oncle du héros en train de dormir sur sa tondeuse, planté au fond d’un trou du cimetière, cuvant son whisky.



Avec Trashed, Backderf fait une véritable étude sociologique. Au-delà des petites histoires et galères qui émaillent le livre et en font son déroulement parfaitement chronologique sur une année, il croque tous les problèmes, les travers et les imperfections de ceux qui rejettent de la matière, quelle qu’elle soit. Je lui ai dit qu’il était un peu le nouveau Michael Moore. Il a ri, en ajoutant « Yes, but thinner I hope ! ».



Car le sujet est bien plus profond qu’il n’y paraît. Il fait apparaître l’incivilité et le dédain de la majorité silencieuse sur ceux qui connaissent, au fond, bien trop de leur vie. Il égratigne les profiteurs et les planqués des administrations, décortique les abus de pouvoir, les sociétés privés et les banques qui font tout pour rentabiliser ce qu’une saisie peut fournir. Les déchets comme une métaphore du résultat concret du libéralisme capitaliste.



Mais il dénonce surtout l’inconséquence des consommateurs que nous sommes tous. Du sac-poubelle bas-prix qui se dégrade à la moindre goutte de pluie à ceux qui jettent sans regarder, de ceux qui se croient à l’abri alors qu’ils se débarrassent du porno qu’ils n’oseraient jamais affirmer posséder, l’hypocrisie générale de cette gigantesque montagne de nuisances dont nous sommes tous responsables suffit pour affirmer que nous courons droit vers notre propre extinction.



Selon les chiffres rassemblés par Backderf, l’Europe serait en avance sur le recyclage par rapport aux Etats-Unis, mais cela reste encore trop peu. A priori, certaines villes des USA comprendraient désormais qu’il faut recycler 100% de nos déchets. San Francisco y travaille, ils seraient à 80% de recyclage effectif.



Pour parler d’un sujet aussi repoussant, le trait purement underground de Backderf est parfait. Il n’édulcore rien mais le côté cartoonesque et les bonnes blagues qui s’y trouvent dégoupillent le désespoir d’un monde d’ordures. En noir et blanc avec de simples dégradés de vert informatiques pour rehausser les reliefs ou les fonds, l’ambiance n’est donc jamais sombre tant le propos s’en charge.



Se terminant sur un véritable résumé de l’état actuel de la gestion des déchets, Trashed n’est donc ni une bande dessinée comique, ni un manifeste, mais une véritable réflexion autour de personnages losers et pathétiques mais fortement attachants et surtout, réels. Nos éboueurs JB et Mike philosophent tout en ramassant les capotes usagées, et tout le propos de Backderf est là : supprimer le gouffre superficiel qui séparent ces deux mondes a priori incompatibles. Comment faire autrement lorsque son boulot consiste à ramasser des torpilles jaunes ?
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Mon ami Dahmer

Un roman graphique offert par une amie de toujours. Des bulles glauques et sombres qui ont provoqué chez moi en simultané fascination et répulsion, voire malaise étrange et dérangeant.

Mon ami Dahmer, c’est l’enfance de Derf Backderf, journaliste et dessinateur de presse, à Richfield dans l’Ohio. Cette enfance/adolescence où il fait la rencontre de Jeffrey Dahmer, un ado taciturne et solitaire. Ce qui pourrait être le récit normal d’une amitié adolescente au collège et au lycée se transforme quand on sait que Jeffrey Dahmer deviendra par la suite l’un des pires serial killers de l’histoire des États-Unis. En filigrane donc, l’enfance et l’adolescence d’un tueur, ce qui a contribué à le faire basculer. C’est à la fois fascinant et tout aussi dérangeant. Le roman est « encadré » par une préface de Stéphane Bourgoin, écrivain français et libraire spécialisé dans la criminologie et le roman policier, notamment dans l’étude du tueur en série, mais aussi par un dossier de sources et de notes produites par Derf Backderf.

Une lecture peu anodine en tout cas.
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