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Critiques de Derf Backderf (262)
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Mon ami Dahmer



L'auteur de ce roman graphique a personnellement côtoyé le tueur en série Jeffrey Dahmer lorsqu'ils étaient adolescents puisqu'ils partageaient les mêmes bancs d'école.

Le personnage de Dahmer a toujours été énigmatique, un peu à la marge; au point que ses camarades avaient créé le mot "dahmérisme" pour désigner les tics corporels et de langage dont le jeune homme usait régulièrement et qui étaient repris comme running gag par les autres élèves.



Jeffrey Dahmer a toujours un peu obsédé (sainement) l'auteur qui, quand il était illustrateur du journal de son lycée, tentait d'intégrer une image ou un dessin de son camarade de classe partout où il le pouvait. Ca aussi, c'était un running gag.



Et donc, ce grand échalas, un peu bizarre, qui vivait dans une maison un peu reculée, qui n'avait pas de vrais amis, était cependant le centre de l'attention des élèves qui ont détecté assez vite, sans pouvoir vraiment l'identifier, qu'il y avait un problème avec ce jeune homme. Par contre, pour les adultes de l'histoire, no problem... limite, il était transparent. Pourtant, il sentait l'alcool à 7 heures du matin, n'assistait que sporadiquement à certains cours, avait un comportement peu conventionnel... Mais rien de tout cela n'a attiré l'attention d'un seul des adultes présents dans son entourage, que ce soit au lycée ou dans sa famille.



La question qui drive ce roman graphique est finalement celle de savoir si "on" aurait pu prévoir et empêcher tous les drames qui ont découlé de cette indifférence.



Les dessins sont en noir et blancs, très bien exécutés, rendant les personnages identifiables d'une page à l'autre. L'auteur a parfaitement équilibré l'apport d'informations complémentaires aux situations décrites et aux dialogues au sein même du récit. Et pour les éléments demandant une explication plus poussée, il a rassemblé en fin d'ouvrage plusieurs pages de notes éclairantes détaillant ainsi ses sources multiples et variées.

C'est là aussi un des points forts de ce roman graphique: il ne s'agit pas seulement des souvenirs d'enfance de l'auteur, mais bien de la compilation de ceux-ci avec le témoignage d'autres lycéens, et surtout, du contenu des entretiens que le criminel a tenu avec la police et des psychologues. Ce qui donne au récit une épaisseur intéressante puisque le point de vue de l'intéressé y est également présent.
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Trashed

Une BD sur des poubelles et sur ceux qui les ramassent.

Franchement, on ne va pas se mentir, on a beau être curieux...ça ne vend pas du rêve.

Et bien, j'ai été très agréablement surprise par ce roman graphique qui est à la fois prenant, drôle, intéressant et affligeant.

Derf Backderf a été éboueur pendant un an et s'est servi de cette expérience comme base pour cette BD qui suit un jeune homme qui devient employé communal en charge des ordures.

Il est accompagné de plusieurs autres 'compagnons d'arme' éboueurs, comme lui, ou chargé de l'entretien des avaloirs, de la fourrière ou encore de la tonte des pelouses.

Outre les anecdotes relatives au métier (sacs qui se déchirent, poubelles pleines d'asticots, citoyens peu scrupuleux ou ne doutant de rien) Backderf nous sert également quelques réflexions, bien senties et bien amenées, sur les relations entre les êtres, sur le népotisme et, surtout, sur la surconsommation et la gestion des déchets aux USA et dans le reste du monde.

Backderf est un auteur qui vaut vraiment la peine d'être lu. J'avais déjà bien aimé sa BD sur Dahmer et je me mets en quête de ses autres créations.

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Mon ami Dahmer

Ce roman graphique est sans aucun doute pour l'auteur une thérapie, en tout cas une interrogation personnelle sur ce qu'il aurait pu faire, façon de se mettre en règle avec lui-même face à un futur monstre pervers, serial killer des années 80.

Le dessin est glauque, le scénario est sinistre, sans surprise et répétitif, et c'est très dur à lire et frustrant parce qu'on n'apprend rien de plus qu'en lisant la préface !

Tous les personnages sont tordus, les relations entre les ados, qui ont tous l'air vieux, ont l'air plombées par la présence de Jeff Dahmer.

J'ai eu du mal à finir, et je me demande ce que ce genre de livre peut apporter...

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Mon ami Dahmer

Après avoir lu Le livre noir des serial killers de Stéphane Bourgoin, c'est assez logiquement que je me suis intéressée à cette BD pas comme les autres, Mon ami Dahmer de Derf Backderf.

Il n'est pas ordinaire d'avoir un témoignage aussi direct, de quelqu’un qui a connu et fréquenté Jeffrey Dahmer, jusqu'à la fin du lycée, avant que chacun parte vers des destins différents, avant que ce dernier ne devienne le "cannibale de Milwaukee".

Lorsque les crimes de Damher ont été révélés en 1991, ce fut un choc pour l'auteur de se rendre compte qu'il s'agissait là de son camarade d'école. Que de questions se sont posées alors à lui, la première étant évidemment comment n'avons nous rien vu ? Certes, ce n'était pas un élève comme les autres, loin de là ; il avait des problèmes familiaux, d'alcool, de comportement parfois. Mais il était impensable d'envisager que son destin serait si funeste...

Ce roman graphique est un retour sur le passé, celui d'un homme adulte sur ses années lycée, mais avec un regard nouveau porté sur les prémisses d'une histoire tragique. Il ne s'agit pas là d'une volonté de dédouanement mais bien d'une volonté de comprendre. Comment lui et ses camarades ont-ils pu passer à côté de la profondeur du mal être de leur "ami" ? Comment ont-ils pu méconnaître à ce point l'étendue de sa solitude ? Au-delà, question se pose aussi de l'absence des parents de Jeffrey Dahmer, plus préoccupés par leurs problèmes personnels que d'être présents pour leur fils (alors qu'ils se battent pour la garde du second...).

Personne n'a rien vu, perçu. Personne ne s'est alerté. Ni ses amis, ni ses parents, ni ses professeurs. Alors que les signes d'alerte étaient là, visibles. Cela aurait-il pu être évité ? C'est une BD troublante, au dessin particulier qui porte admirablement les éléments précurseurs d'une destinée terrible et funeste. Un témoignage glaçant.

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Punk rock & mobile homes

Pas vraiment accroché à cette Bd, qui visiblement est une référence. Textes et dessins trop embrouillés, malgré quelques scènes drôles et comme sujet le rock. J’ai tout de même apprécié la super playlist.
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True stories

Je connais Backderf par deux ouvrages phares : Mon ami Dahmer et Trashed, tous deux très marquants pour des raisons différentes.

Ici, contrairement aux deux tomes ci-dessus, il s'agit qu'un recueil d'histoires d'une planches issues du quotidien de l'auteur, de petites scènes vécues ou issues de réalité de son quotidien.

C'est divertissant mais je n'ai pas trouvé ça drôle, ni édifiant. C'est surtout de la bêtise, de la vulgarité et beaucoup de misère humaine.

Le dessin est assez variable, en fonction de l'évolution picturale de l'auteur, mais ça reste très caractéristique de Backderf.
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Mon ami Dahmer

Ce livre est juste hallucinant. Je pourrais proposer comme autre titre "l'adolescence d'un tueur en série", ou "devenir tueur en série en 10 leçons".

L'auteur a cotoyé Jeff Dahmer au lycée, ce dernier est passé à la postérité avec le "gentil" surnom de Cannibal de Milwaukee.

Alors c'est sûr à cette époque là, depuis le fond de ma campagne française, je n'ai pas entendu parlé de cette arrestation. Je découvre totalement ce personnage, enfin cet homme.

Ce n'est pas un personnage de BD, il a existé, il a tué, et même si ses actes ne sont pas du tout en accord avec les valeurs de 99.99% des êtres humains : il était un être humain.

Et ce récit m'interroge beaucoup sur la possibilité qu'il a eu d'en arriver là ? comment des adultes (parents, enseignants, etc...) ne se sont jamais interrogés sur cet ado franchement étrange, sans ami, et saoul du matin au soir. Je n'imagine pas qu'une prise en charge psychologique l'aurait transformée en parfait-petit-lycéen, mais peut-être l'histoire aurait pu être différente : surtout pour ses victimes.

J'avais commencé ma lecture, en me disant qu'avec un tel nombre de pages, il me faudrait plusieurs jours : mais non, je n'ai pas pu reposer le livre avant de l'avoir fini. C'est dérangeant, troublant.
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Trashed

Heureusement que les livres ne dégagent pas les odeurs décrites, parce que dans celui-là, mes aïeux, c'est pire que tout ! Bon on s'y attend un peu puisque c'est l'expérience d'une année de l'auteur comme éboueur. J.B. 21 ans, habitant dans l'Ohio, arrêt de la Fac, pression de la mère. Une BD qui oscille entre le documentaire qui explique le traitement des déchets, le stockage, ce qu'ils ramassent, leurs relations avec les citadins. J'aurai aimé connaître un peu plus le héros principal. Dessins appuyés en noir, blanc et bleu.
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Mon ami Dahmer

Je connaissais le nom de Dahmer et vaguement la nature de ses crimes.

Il faut dire que dans le cas de tueurs en série, on se souvient souvent de ce qu'il ont fait...pas de l'enfant, l'adolescent qu'ils ont été.

Cette BD nous donne un témoignage direct et néanmoins relativement objectif de l'ado qu'a été Dahmer.

Le travail de recherche et d'archive est impressionnant.

La tentative d'analyse afin de déterminer les possibles causes de la chute de Dahmer du côté 'serial killer' de son mal-être et de sa personnalité est très intelligente.

On sent que l'auteur a été longtemps habité par cette histoire et qu'il a cherché à analyser à déterminer la part de responsabilité de chacun sans juger ni condamner qui que ce soit.

Le dessin est assez caractéristique, presque caricatural, et ne correspond pas vraiment à l'esthétique que je préfère mais il est très abouti et plutôt réussi.

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Mon ami Dahmer

Jeff Dahmer est connu aux Etats-Unis pour être un serial killer.



Derf Backderf l’a connu pendant un temps au lycée. Loin d’être son ami, il était plutôt un centre d’attraction pour quelques lycéens avec son attitude étrange. Pourquoi Mon ami Dahmer alors ? Le titre est assez ironique : l’auteur répète tout le long : Dahmer n’a pas d’amis. Mais Dahmer fascine.



Ses gestes et paroles inquiètent, son air inquiète. Les dessins de Backderf m’ont un peu dérangé, ils sont assez carrés, inexpressifs, impressionnants. Ils vont bien au personnage de Dahmer mais les autres paraissent aussi un peu froids. A la fin de la BD, un intéressant document sur les faits et gestes de Dahmer depuis ses premières expériences inquiétantes sans oublier la relation qu’il avait avec ses parents.



Une bande dessinée dérangeante qui fait réfléchir sur les hommes…

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Kent State : Quatre morts dans l'Ohio

Un état qui tire sur sa jeunesse est constitutif de quelque chose qui ne tourne pas rond. C'est certain. On savait que le président Nixon ne faisait pas dans la dentelle à l'image par exemple d'un certain Donald Trump.



Il s'agissait de riposter face aux jeunes qui manifestait contre la guerre du Vietnam. Loin de se désengager, le président Nixon voulait étendre le conflit à un autre pays à savoir le Cambodge. Or, il 'agissait d'envoyer les étudiants à la guerre car ils n'étaient pas volontaire mais tiré au sort. Or, le nombre de morts dans ce conflit était très conséquent.



On apprendra que le système mis en place à parmi à certains fils de gens fortunés de ne pas être envoyé pour défendre le pays dont toujours un certain Donald Trump qui finira par être président de ce pays.



J'ai beaucoup de mal avec les œuvres de Derf Backderf. Ce n'est pas la première fois (« Mon ami Dahmer » ou encore « Trashed »). Il s'étale sur de nombreuses pages en nous fournissant mille détails. On perd parfois le Nord. Globalement, on arrive à retenir l'essentiel. Cependant, je n'aime guère sa mise en page ainsi que son graphisme au visage anguleux. On s'y fait à la longue.



Kent State reste un très beau travail pour indiquer ce qui s'est passé le 4 mai 1970 sur le campus de l'Université de Kent State dans l'Ohio. On ne peut pas dire que la garde nationale a fait preuve de sang froid face à un mouvement de contestation étudiante. C'est une véritable tragédie.



La recherche est minutieuse et bien documenté. Les témoignages sont présents pour attester des faits. Il y a également une bonne retranscription de l'ambiance et du contexte de l'époque.



Evidemment, cela ne sera guère une bd réjouissante. Le massacre perpétré laisse sans voix. Cela a marqué l'esprit collectif des américains. J'avoue que cette lecture m'a permis de combler une lacune.



Cette reconstitution est fidèle et doit laisser comme message de ne plus jamais reproduire cela. Au final, les étudiants avaient bien raison quand on voit l'issue de la guerre du Vietnam trois années plus tard.



Moralité : on devrait un peu plus écouter les jeunes qui ont des valeurs morales parfois admirables surtout face aux générations passées et au monde qu'elles nous laissent.
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Mon ami Dahmer

• « Mon ami Dahmer » de Derf BACKDERF, publié chez Ca et Là.



• J'ai commencé cette lecture à la suite du défi de lecture de BD de Babelio, cherchant une BD édité chez Ca et Là (que je ne connaissais pas) dans le but d'étendre ma "culture" BD.



• Cette bande dessinée est un témoignage incroyable de la jeunesse de l'un des plus grands serial-killers de notre époque. Un témoignage mené par un ancien camarade de classe, d'une certaine façon un ami de l'époque.



• L’œuvre est une véritable claque, choquante, dans le bon sens du terme car comme précisé par l'auteur et les critiques, ici on ne raconte pas l'horreur des crimes commis par Dahmer pendant sa période faste de tuerie mais son enfance. La période de sa vie où il se découvre, se confronte à ses démons qui petits à petits prendront le dessus sur lui.



• L'auteur n'est pas avare en détails, et offre de nombreuses interactions et événements inédits de cette descente infernale, sans faire dans le sensationnel de mauvais genre toutefois. Le volume contient de nombreuses explications pour chacune des petites histoires, inspirées de témoignages des personnes ayant côtoyé Jeffrey Dahmer à l'époque de sa vie scolaire, d'interviews de journaux de l'époque de son arrestation et lors de son emprisonnement, ainsi que des dossiers de polices, fédéraux, psychanalyste et membre du FBI. Sans oublier le livre écrit par le père du tueur en série, Lionel Dahmer, intitulé « A father's story ».



• En plus de ce contenu déjà colossal, s'ajoute quelques photos de leur période scolaire, des informations sur la situation des personnes évoqués dans l’œuvre (au moment de la publication de la bande dessinée), mais également pour la version eBook des bonus exclusifs, incluant des sketchs préliminaires, avortés et des pages de la première itération de de celle-ci quelques années plus tôt.



• C'est visuellement que j'ai eu plus de mal à accrocher. Au fil du récit cela m'a moins déranger, dans le sens où ce n'est pas l'esthétique qui est importante ici. Il est parfois difficile de reconnaître certains protagonistes, tant ils se ressemblent dans leurs traits (pour certains, pas tous).



• Je pourrais parler littéralement des heures de cette lecture. Elle m'a fascinée, intriguée, c'est une narration inédite et inégalable qui me marquera certainement pour les années à venir. On ne peut évidemment pas oublier ou pardonner les actes de cette homme lorsqu'il a commencé cette tuerie, mais on peut avoir une vision différente de ce qui en était dépeint.



• Il est troublant de voir à quel point parfois l'évidence semble invisible à nos yeux.
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Punk rock & mobile homes

Un dessin en noir et blanc, un peu dégueu, des situations scabreuses, la montée du mouvement punk, une ville industrielle en friche, ce livre nous raconte l'Amérique moche de la fin des années 70, avec ces adolescents perdus, le lycée, les mobil homes, la drogue, le sexe, et le monde du rock d'alors, révolté, provocateur d'un côté, sirupeux et convenu de l'autre, tout ceci raconté avec un humour débridé, scatologique, violent, comme l'époque, et c'est à pleurer de rire !

(Encore une suggestion signée Lyoko !)
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Mon ami Dahmer

Une BD sur l'un des pires tueur en série des Etats-Unis le "cannibale de Milwaukee". Il a commis 17 meurtres entre 1978 et 1991, dont seize entre 1987 et son arrestation en 1991.

Battu à mort en 1994, par un codétenu suite à sa condamnation à perpétuité. Il a été un des rares tueurs en série à exprimer des remords par rapport à ses actes. En effet les meurtres commis pas Dahmer sont d'une rare cruauté, viols, démembrements, nécrophilie et cannibalisme.



La BD n'évoque pas ces meurtres, sauf celui commis à l'été 1978, deux mois après la fin de la scolarité de Dahmer, qui est l'aboutissement de la transformation d'un ado à l'esprit dérangé en un véritable psychopathe.



Derf Backderf nous raconte les prémices de Dahmer, à travers le récit de son adolescence dans un lycée plus que banal de l'Ohio, un coin perdu des Etats-Unis.En effet il a passé une partie de ses années de lycée dans la même classe que Jeffrey Dahmer ! Il était d'ailleurs un de ses rares camarades, même s'il le trouvait suffisamment bizarre et effrayant pour ne jamais oser l'inviter à la maison.



Backderf a eu l'idée de consacrer cette BD avoir appris l'arrestation de Dahmer, mais ce projet mettra vingt ans à aboutir, car il voulait faire "quelque chose d'irréprochable".



Ce roman graphique ne se base pas seulement sur ses souvenirs, mais aussi sur une importante documentation, comme le prouvent les multiples pages de notes à la fin du livre.



En lisant "Mon ami Dahmer", j'ai ressenti un grand malaise, car les signes indiquant que Dahmer était en grande souffrance sont très nombreux :



- Il disséquait des animaux morts pour les dissoudre dans de l'acide,

- Il imitait régulièrement les crises d'épilepsie de sa mère (ce qui faisait beaucoup rire ses camarades)

- Il buvait de grandes quantités d'alcool dès 8 heures du matin,

- Surtout, il manquait très souvent les cours.



Malgré ces nombreux signes, personne n'a jamais tiré la sonnette d'alarme face à ces comportements. Ni les enseignants, ni ses propres parents (bien trop occupés par leur disputes et leur divorce pour se rendre compte que leur fils était en train de devenir un véritable monstre).



Si on ajoute à ça ses pulsions morbides couplées à un refoulement de son homosexualité, on aboutit à la création du "monstre" Dahmer.



Dahmer n'a souvent pas de regard sous les traits de Backderf, les yeux effacés derrière son imposante paire de lunettes, sûrement une manière de prendre du recul et de déshumaniser ce copain de lycée !



On assiste ici à la naissance de l'un des plus grands tueurs en série du XXème siècle.



« Jeffrey Dahmer aime ses victimes et désire les garder auprès de lui, car il se sent très seul. »



Sans trouver des excuses aux actes de Dahmer, l'auteur nous permet de mieux comprendre ses actes et sa descente aux enfers. Son récit est très dur, tout comme ses dessins noir et blanc, mais son témoignage est fascinant et sans jugement.



Une vie sinistre dès la naissance...

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Mon ami Dahmer

- ATTENTION ! Cette critique contient des termes et des descriptions crues et relativement violentes. Elle est déconseillée aux âmes sensibles. -



"My Friend Dahmer" (Mon Ami Dahmer, en version originale non sous-titrée...) n'est pas une bande-dessinée avec des petits Mickeys dedans, comme son titre le laisse entendre clairement...

Ce roman graphique de qualité est en réalité la somme des souvenirs de lycée de de Derf Backderf lui-même, l'auteur de ce comic-book (bande-dessinée), et auteur auparavant de "Punk Rock and Trailer Parks". Il a été deux fois nominé aux Eisner Awards - récompense équivalente aux Emmy Awards pour les séries, ou aux Grammy awards pour la musique, qui est un prix décerné par des professionnels.

C'est vous dire si son travail est reconnu...

Et ce veinard de Backderf (humour noir !) a été au lycée avec un des plus célèbre serial killer du 20ème siècle : Jeffrey Dahmer, tueur cannibale, 17 victimes en 13 ans. A échappé à l'arrestation plusieurs fois : la police lui a même ramené une de ses victimes à la maison... Un homme très intelligent, mais horriblement perverti et malade. Un vrai psychopathe. Il voulait que ses victimes soient ses zombies, ses poupées sans volonté. Pour cela il leur injectait une solution à base d'acide de batterie dans le cerveau. Mais ça ne marchait pas...

Arrêté en 1991, grâce à une victime qui réussit à s'échapper, il fût condamné à la perpétuité et mourut en prison, assassiné, en 1994.

Voilà pour le portrait du tueur.



Mais ce n'est pas le propos du livre de Backderf. Il s'agit plutôt d'essayer de comprendre - et c'est ce qui me plait dans les livres sur les tueurs en série - comment, si ce n'est pourquoi, ce jeune garçon timide, bizarre, solitaire, en est venu à vouloir tuer des gens et les manger.

Il s'agit aussi pour Backderf de revenir sur le traumatisme rétroactif de tels souvenirs mis en lumière, ou plutôt jetés soudainement dans les ténèbres les plus sombres, à l'annonce télévisée internationale de l'arrestation de Dahmer, ce garçon que Backderf avait côtoyé durant une bonne partie de sa scolarité adolescente. Ils étaient voisins.

(Je me rappelle de l'arrestation de Jeffrey Dahmer, en 91. J'avais été choquée par son apparente tranquillité son calme, son détachement...)



Tout à coup, les actions, les faits et gestes de Jeffrey Dahmer, simple étudiant à Revere High School, Ohio, jusqu'en 1978, année où commencèrent les meurtres, deviennent lourds de sens et de questionnements.

On découvre sans surprise que Dahmer était cet adolescent typique qui correspond aux critères du F.B.I. en matière de psychopathes : ils habitaient dans un grand lotissement de résidences bourgeoises, en bordure d'une dense forêt. Famille bourgeoise en pleine crise, parents qui se disputent en permanence, enfant livré à lui-même, mère absente mentalement, ayant elle-même des problèmes mentaux, des crises de tétanies, prenant une vingtaine de pilules différentes par jour (une mode assez courante dans les 70's auprès des mères de familles de banlieue...), père absent, absorbé par son travail, jeune frère invisible. Dahmer lui-même est invisible aux yeux de tous, et il va faire des expériences sur des animaux morts, ramassés sur la route. Il va les mettre dans des bocaux, dans de l'acide de batterie, juste pour voir... Pour pouvoir récupérer les squelettes intactes aussi. Tous les signaux d'alarme sont déjà là. Et comme le dit si bien Backderf : mais où étaient les adultes ?

Backderf et ses amis ne le fréquenteront que la dernière année de lycée, car Dahmer sera devenu une espèce de phénomène... Toujours le même looser-weirdo (nulle-bizarre), il aura cependant gagné en masse corporelle, se musclant, et il aura surtout, inventé "l'attitude Dahmer" : imiter un paraplégique, un handicapé moteur, avec les mimiques et les cris qui vont avec...

C'est impressionnant. Et il le fait en toutes circonstances. Cela le rend célèbre dans tout le lycée. C'est là que Backderf se rapproche de lui. Il monte des farces ensemble. Mais jamais il ne pense à l'inviter en dehors du cadre scolaire. Jeffrey Dahmer le met mal à l'aise hormis lorsqu'ils font les retardés, il n'y a pas de communication. Et Dahmer aborde tout le temps ce visage impassible et figé. Vide.

A l'heure où les autres garçons voient leurs hormones les travailler et leur met en tête des idées salaces dont les filles sont le point centrale, Dahmer lui, est aussi en ébullition. Mais pas pour les filles, pour les garçons... morts.

C'est ce qui le fait fantasmer, déjà.



Quand on referme ce livre, on est triste. Triste de tout ce gâchis, triste que les gens soient si seuls, seuls avec leurs démons. Et puis, avec des si, comme le fait Backderf, on imagine ce qu'aurait pu être la vie pour Dahmer si quelqu'un l'avait aidé avant qu'il ne commette l'irréparable. Car Jeffrey Dahmer a lutté contre ses démons. Il s'était mis à boire, du matin au soir, pour tenter de museler ses fantasmes macabres.

Comme Backderf, et avec son aide, je ne cherche pas à trouver d'excuses, surtout pas, mais à comprendre, et à ressentir de l'empathie pour quelqu'un qui aurait pu être aussi de mes connaissances, on a tout eu des gens bizarres dans notre entourage, à l'école, des types bizarroïdes, solitaires, souvent les souffres-douleurs... Et on repense encore aux massacres de Columbine, et de tous les autres lycées qui ont vu des jeunes devenir fous face à l'indifférence et à leur différences.

Sick, Sad World... (triste monde malade...)
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Mon ami Dahmer

Derf Backderf nous livre ici une œuvre personnelle, où il nous raconte ses années lycée, où il a côtoyé Jeffrey Dahmer, qui est depuis devenu un tueur en série surnommé "le Cannibale de Milwaukee".



Jeffrey Dahmer aura assassiné 16 hommes, il aura parfois eu des relations sexuelles avec les cadavres et en aura parfois mangé des morceaux.



Dans cette BD, l'auteur ne raconte pas ces meurtres mais les années qui ont précédés. L'adolescence malheureuse de Dahmer qui était constamment à l'écart, qui n'avait pas d'amis et dont même les parents le délaissé.



Pour autant, Derf Backderf ponctu dans son introduction, "Ayez de la pitié pour lui mais n'ayez aucune compassion".



La préface de Stéphane Bourgoin (écrivain criminologue) rajoute un réel plus. Il précise ainsi que les tueurs en série ont souvent une enfance malheureuse mais que parmi les personnes qui ont une enfance malheureuse très peu deviennent tueurs en série.



Une œuvre intéressante sur un tueur en série américain que je connaissais très peu mais qui m'a permis en plus d'avoir passé un bon moment de lecture, d'en apprendre un peu plus sur le personnage.
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True stories

Derf Backderf est un des auteurs actuels de B.D américaine les plus intéressants. Si « True stories » s’avère moins fort que les autres œuvres de l’auteur cela tient à sa nature même de recueil de strips et dans le genre c’est du très bon niveau. Bien sûr le résultat est inégal, certains strips sont moins bons que d’autres mais à travers ces planches Backderf démontre encore une fois la pertinence de son regard sur la société. Mais cette acuité est toujours assortie d’une grande humanité. On le sent même dans les strips les plus grinçants, Backderf n’est pas un vrai misanthrope, il aime les gens et c’est aussi pour ça qu’il dénonce leurs travers. Il dresse un portrait peu flatteur de l’Amérique, ses personnages sont souvent l’incarnation de la médiocrité et de la vacuité intellectuelle mais j’ai le sentiment que Backderf, tout en pointant du doigt cette médiocrité, a une forme de tendresse pour eux, presque de la compassion.



J’ai préféré ses autres œuvres mais « True stories » vient confirmer tout le bien que je pense de cet auteur.

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Trashed

A travers l'immonde quotidien des éboueurs, le bilan alarmant de notre société de consommation.

Ramasser des montagnes d'ordures par tous les temps, supporter l'infâme odeur de cette « chiotte bouchée ambulante » qu'est la benne (affectueusement surnommée Betty), se faire asperger par des projections d'immondices... On le sait, le métier n'a rien d'attirant ! On apprend surtout, dans ce roman graphique en grande partie autobiographique, que les poubelles en disent long sur leurs propriétaires... Entre ceux qui les bourrent tellement qu'elles pèsent des tonnes, ceux qui planquent des déchets toxiques au milieu des déchets ménagers, ceux qui préfèrent désosser leur voiture morceau par morceau plutôt que de la porter à la casse, on a droit à une vaste panoplie de crétins ! Ajoutez à ça des animaux morts et des sacs pleins de vers, des flacons d'urine jetés par les routiers, le tout sur fond bleu délavé avec le style particulier de Derf Backderf, et vous obtenez une peinture abjecte mais ô combien réaliste de l'écœurante réalité !



Heureusement le récit ne manque pas d'humour. J'ai beaucoup aimé la maladresse du chauffeur qui casse tout en manœuvrant le camion-benne, les petites vengeances personnelles des éboueurs remplissant les boîtes aux lettres de déchets, ou encore le personnage du vieux Marv, le gars de la fourrière qui ne se contente pas d'attraper les chiens errants... Entre eux, les employés de la municipalité ne se font pas de cadeaux...

et les pauvres J.B. Et Mike sont bien méprisés. L'auteur dénonce au passage la corruption qui existe dans cette ville où les agents « rendent service » gratuitement sur leur temps de travail : « Tous ces pontes de la commune qui nous prennent pour leurs domestiques ». Mais le plus impressionnant, ce sont les passages à la décharge pour vider Betty : de grandes vignettes pleine page, agrémentées de chiffres significatifs, font prendre conscience de l'ampleur de ces véritables« planète des ordures » : « L'immensité de l'endroit me sidère toujours », avoue J.B. Même si l'on peut se targuer en Europe d'avoir une situation moins catastrophique qu'aux Etats-Unis, les statistiques font peur... d'autant plus que « Ça ne s'arrête jamais », puisqu'il existe un certain nombre d'obstacles au changement, à commencer par les profits colossaux engendrés par l'industrie du tri...
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Mon ami Dahmer

Jeffrey Dahmer, avant d’être le tristement célèbre tueur en série que l’on connait, a vécu une adolescence quelque peu torturée dans une petite ville de l’Ohio.

C’est de cette partie de son histoire, juste avant le début de sa série de crimes, que traite ce roman graphique. Son auteur Derf Backderf a en effet fréquenté le même lycée que le serial killer et pu le côtoyer en tant que camarade de classe.



On découvre donc le Dahmer « d’avant » et c’est une approche inédite et intéressante. On a l’habitude de parler des criminels en série à travers leurs crimes, mais là on découvre l’adolescent encore innocent et qui avait encore le choix, à ce moment-là, de devenir autre chose qu’un monstre.

Bien sûr cet adolescent n’a pas eu une vie facile : introverti, inadapté à la vie sociale, négligé par des parents en perpétuel conflit, il ne saura jamais trouver sa place parmi ses semblables et sombrera rapidement dans l’alcool.



Témoin « inconscient » de cette descente aux enfer, l’auteur n’a pas forcément le beau rôle dans le récit. Dahmer était malmené par ses pairs et a fait l’objet de nombreuses brimades, quasiment du harcèlement. Mais on sent la volonté de « vider son sac », sans se donner d’excuse, presque comme une thérapie.



D’un point de vue graphique, les personnages sont saisissants, des physiques imposants, taillés comme des colosses et particulièrement celui de Dahmer qui dégage une impression à la fois inquiétante et de grande solitude.



J’ai aimé en apprendre plus sur la jeunesse de celui qui deviendra plus tard le « cannibale de Milwaukee », même si dans le fond, cela n’apporte pas vraiment d’explication à ses actes abominables et encore moins d’excuses.

Dahmer a grandi dans une atmosphère certes toxique, mais tout comme des milliers d’autres adolescents qui n’ont pas suivi le même chemin sanglant pour autant. La question reste donc entière : naît-on avec ses pulsions de mort ou bien devient-on un monstre au contact de son environnement ?



A noter que la préface a été rédigée par Stéphane Bourgoin, qui a été depuis, reconnu comme un mythomane s’inventant une compétence de profiler qu’il n’avait pas.

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Kent State : Quatre morts dans l'Ohio

Amateur de criminologie et d'analyse approfondie d'événement dramatique, soyez les bienvenus. Backderf est l'un des plus grands auteurs de BD contemporaine, et j'ai apprécié tous ces ouvrages, sans exception. Il nous plonge ici dans un drame qui a marqué les Etats-Unis, en fournissant une description pointue, précise et circonstancié du drame et de ce qui l'a précédé. Cela a néanmoins l'inconvénient de nuire quelque peu à la fluidité du récit. Mais cela reste un beau roman graphique.
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