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3.59/5 (sur 673 notes)

Nationalité : Maroc
Né(e) à : El Jadida, Maroc , le 15/07/1926
Mort(e) à : Crest, France , le 01/04/2007
Biographie :

Driss Chraïbi est un auteur marocain de langue française.

Issu d'une famille Fassie, il est élevé à Rabat puis Casablanca. Il fréquente l'école coranique avant d'intégrer l'École M'hammed Guessous de Rabat puis le Lycée Lyautey de Casablanca. Il vient à Paris en 1945 pour étudier la chimie.

En 1950, il obtient d'ailleurs son diplôme d'ingénieur, puis il s’intéresse à la neuropsychiatrie avant de se tourner vers la littérature et le journalisme. Il produit des émissions pour France Culture, fréquente des poètes, enseigne la littérature maghrébine à l'Université Laval de Québec et se consacre à l'écriture. Il épouse Catherine Birckel en 1955 avec laquelle il aura cinq enfants.

Il se fait connaître par ses deux premiers romans, "Le Passé simple" (1954) et "Les Boucs" (1955) d'une violence rare, et qui engendrent une grande polémique au Maroc, en lutte pour son indépendance.

Une page se tourne avec la mort de son père en 1957. L'écrivain, en exil en France, dépasse la révolte contre son père et établit un nouveau dialogue avec lui par-delà la tombe et l'océan dans "Succession ouverte" (1962). "La Civilisation, ma Mère ! ..." (1972) tente d'apporter une réponse aux interrogations de l'écrivain marocain.

En 1978, il épouse Sheena McCallion, d'origine écossaise, avec qui il aura une fille et quatre garçons. C'est ensuite la série policière des enquêtes ayant pour héros l'inspecteur Ali qui s'amorce avec "Une enquête au pays" et se termine avec "L'Homme qui venait du passé" (2004).

Ses mémoires "Vu, lu, entendu" décrit l'enfance de l'écrivain alors que "Le Monde à côté", le deuxième volet raconte sa vie d'écrivain et sa vie privée.
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Bibliographie de Driss Chraibi   (21)Voir plus

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Driss Chraïbi au micro de José Pivin (1959 / France Culture). Production : José Pivin. Photographie : Driss Chraïbi © Stéphan Chraibi. Présentation des Nuits de France Culture : « Comment raconter son enfance au Maroc ? Driss Chraïbi, écrivain marocain de langue française, racontait au micro de José Pivin une partie de son enfance dans l'émission “Tous les plaisirs du jour sont dans la matinée”. Cet entretien a été diffusé pour la première fois le 14 novembre 1959 sur France II Régionale. L'entretien était illustré par des lectures d'extraits des œuvres de Driss Chraïbi. » Des extraits des romans de Driss Chraïbi, “L'Âne”, “Les Boucs”, “De tous les horizons” sont interprétés par Roger Coggio, François Darbon, Yves Péneau et Suzanne Michel. Driss Chraïbi (en arabe : إدريس الشرايبي), né le 15 juillet 1926 à El Jadida, au Maroc, et mort le 1er avril 2007 à Crest, dans le département de Drôme, en France, est un écrivain marocain de langue française. Il a également participé à des émissions radiophoniques pour France Culture pour qui il a dirigé l'émission “Les Dramatiques” pendant 30 ans. Connu pour son roman “Le Passé simple”, Driss Chraïbi aborde des thèmes variés dans son œuvre : colonialisme, racisme, condition de la femme, société de consommation, islam, Al-Andalus, Tiers monde, etc. Il se fait connaître par ses deux premiers romans, “Le Passé simple” (1954) et “Les Boucs” (1955) d'une violence rare, et qui engendrent une grande polémique au Maroc, en lutte pour son indépendance. “Le Passé simple” décrit la révolte d'un jeune homme entre la grande bourgeoisie marocaine et ses abus de pouvoir incarnés par son père, « le Seigneur », et la suprématie française dans un Maroc colonisé qui essentialise et restreint l'homme à ses origines. Le récit est organisé à la manière d'une réaction chimique. À travers la bataille introspective de ce roman par le protagoniste nommé Driss, le lecteur assiste à une critique vive du décalage entre l'islam idéal révélé dans le Coran et la pratique hypocrite de l'islam par la classe bourgeoise d'un Maroc des années 1950, de la condition de la femme musulmane en la personne de sa mère et de l'échec inévitable de l'intégration des Marocains dans la société française. Ce dernier point sera renforcé en 1979 dans la suite de ce livre, “Succession ouverte”, où le même protagoniste, rendu malade par la caste que représentent son statut et son identité d'immigré, se voit obligé de retourner à sa terre natale pour enterrer « le Seigneur », feu son père. C'est une critique plus douce, presque mélancolique, que propose cette fois Chraïbi, mettant en relief la nouvelle réalité française du protagoniste et la reconquête d'un Maroc quitté il y a si longtemps. “Succession ouverte” pose la question qui hantera l'écrivain jusqu'à ses derniers jours : « Cet homme était mes tenants et mes aboutissants. Aurons-nous un jour un autre avenir que notre passé ? » Question qu'il étend ensuite à l'ensemble du monde musulman. Dans “Les Boucs”, l'auteur critique le rapport de la France avec ses immigrés, travailleurs exploités qu'il qualifie de « promus au sacrifice ». C'est le premier livre qui évoque dans un langage haché, cru, poignant, le sort fait par le pays des Lumières aux Nord-Africains. Suivent deux romans épuisés aujourd'hui : “L'Âne”, dans le contexte des indépendances africaines, prédit avant tout le monde leur échec et les dictatures, « ce socialisme de flics ». “La Foule”, également épuisé, est une critique voilée du Général de Gaulle. Le héros est un imbécile qui arrive au pouvoir suprême, car, à son grand étonnement, la foule l'acclame dès qu'il ouvre la bouche. Une page se tourne avec la mort de son père, Haj Fatmi Chraïbi, en 1957. L'écrivain, en exil en France, dépasse la révolte contre son père et établit un nouveau dialogue avec lui par-delà la tombe et l'océan dans “Succession ouverte”. “La Civilisation, ma Mère!...” (1972) tente d'apporter une réponse aux interrogations de l'écrivain marocain. Le fils aide sa mère à se libérer du carcan de la société patriarcale et à trouver sa propre voie. C'est l'une des premières fois que la question de la femme est évoquée dans la littérature marocaine. Sources : France Culture et Wikipedia

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Citations et extraits (156) Voir plus Ajouter une citation
La première personne qu'aime un homme, c'est soi-même. Mais s'il a des enfants son plus cher désir est qu'ils soient meilleurs que lui en tout point.
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Et ce faisant, elle soliloquait, fredonnait, riait comme une enfant heureuse qui n’était jamais sortie de l’adolescence frustre et pure et ne deviendrait jamais adulte, en dépit de n’importe quel événement – alors que, la porte franchie, l’Histoire des hommes et leurs civilisations muaient, faisaient craquer leurs carapaces, dans une jungle d’acier, de feu et de souffrances. Mais c’était le monde extérieur. Extérieur non à elle, mais à ce qu’elle était, mais à son rêve de pureté et de joie qu’elle poursuivait tenacement depuis l’enfance. C’est cela que j’ai puisé en elle, comme l’eau enchantée d’un puits très, très profond : l’absence totale d’angoisse ; la valeur de la patience ; l’amour de la vie chevillé dans l’âme.
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Qu'était-elle, sinon une femme dont le Seigneur [son mari] pouvait cadenasser les cuisses et sur laquelle il avait droit de vie et de mort? Elle avait toujours habité des maisons à portes barricadées et fenêtres grillagée. Des terrasses, il n'y avait que le ciel à voir - et les minarets, symboles. Une parmi les créatures de Dieu que le Coran a parquées : "Baisez-les et les rebaisez ; par le vagin, c'est plus utile ; ensuite, ignorez-les jusqu'à la jouissance prochaine." Oui, ma mère était ainsi, faible, soumise, passive.
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C’est ainsi que le « magicien » s’installa dans la maison et l’anima du matin au soir. Déclamant, chantant, criant, riant. Ma mère était persuadée qu’il s’agissait d’un être vivant, en chair et en os, une sorte d’érudit doublé d’un devin qui avait beaucoup voyagé, beaucoup appris et, tel Diogène, se cachait dans une caisse à l’abri des horreurs de ce monde.
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Il y a l'émotion et la qualité de l'émotion. Des émotions, bien que sincères, ne nous touchent guère; d'autres, et nous savons qu'elles ne sont qu'expressions théâtrales, nous empoignent.
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— Il me connaît, ce vieux débris ? demanda-t-il abruptement à Boutr.
Boutr ne bougea pas plus qu'une souche. Les yeux rivés sur l'homme au chameau, il dit d'une voix détimbrée, absente :
— Il… il est… il est revenu !
— Il me connaît ? répéta le général.
Boutr tourna vers son chef une face décomposée par la joie, la vénération, la crainte. Il dut s'y reprendre à plusieurs fois pour jeter en vrac des lambeaux de phrases, de l'aigu au grave :
— Tous. Il nous connaît tous. Les vivants et les morts. Chacun de nous par son nom et son histoire. Ce qu'il a vécu. Ce qu'il aurait pu vivre. Son bien comme son mal. Son squelette qui est sous terre ou le squelette qu'il deviendra un jour. Il a le temps du temps. Il y en a qui disent qu'il est de ma tribu, les Aït Yafelman. Azwaw Aït Yafelman, c'est son nom. Mais il est mort il y a longtemps. Et le revoilà debout et c'est tout à fait naturel. Il y en a qui disent que c'est le Fils de la Terre, l'ancêtre du peuple antique. Mais tous, nous croyons, nous savons que c'est le maître de la Main. Sa main peut ressusciter les morts, elle peut tout faire.

Chapitre 7.
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Au revoir, monsieur. Désolée, mais vous comprenez ? Je veux la vie et non les aéroplanes. A la porte, Tolstoï ! S' écriait elle en lançant à la volée des volumes à la tranche dorée. Tu as écrit des choses merveilleuses sur l amour et les femmes, mais tu as été un tyran dans ta vie privée, j ai contrôlé. A la porte, ouste ! A la porte , les poètes arabes à la poésie de cendres! Vous m avez fait pleurer en chantant le romantisme et parce que je ne savais rien du monde. S' il en ainsi, si vos vers sont vrais, pourquoi diable notre société est elle malade ? Pourquoi a-t-elle cloîtré les femmes comme des bêtes, pourquoi les a-t-elle voilées, pourquoi leur a-t-elle coupé les ailes comme nulle part ailleurs ?
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Fais nous entendre la voix de la vie. La chanson de l'arbre, par exemple, du regretté Omar Naqishbendi. Tu connais ? [...]
Le luth, il le fit glisser sur ses genoux en un geste très lent, comme s'il se fût agi d'un enfant endormi. Les cordes, il les effleura du bout des doigts pour les réveiller. Puis il leur fit donner de la voix, à plein. Et voici : le passé rejoint le présent, l'instrument devient aussi vivant que l'arbre plein de sève qui lui a jadis offert son bois. Quatre cordes en boyau de chat, tendues à rompre. Placée au centre, la cinquième est en crin de cheval tressé : le bourdon. Naissant à partir de ce bourdon et y revenant à intervalles régulier, à la fois pour y mourir et pour en renaître, monte langue de la vie, musicale charnellement ; monte, scande et bat selon l'alternance du jour et de la nuit, selon le déroulement des saisons, le flux et le reflux de tous les océans du monde, le déferlement des vents issus des quatre horizons du ciel, la fulgurance des étoiles filantes par les soirs d'été ; danse le mélodie de l'arbre du Destin ...
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La première personne à qui tu mens, quand tu mens, c'est toi-même. Et pour que tu te mentes c'est pour te leurrer toi-même. Et pour que tu te leurres il faut qu'à tes propres yeux tu ne vailles pas grand-chose.
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Quand le soleil fut englouti, quand il n'y eut plus à l'horizon qu'un sillon d'émeraudes, de rubis et d'opales, Madini poussa un soupir et dit :
- Les morts sont morts, Driss. Et, ceux-là, personne ne songe à les interroger. Ils sont morts, tu comprends?
Il se tourna vers moi avec des yeux de chien battu.
- Mais il y a ceux qui restent, reprit-il, ceux qui sont encore vivants et qu'on peut interroger. Explique-moi, Driss. Je voudrais savoir pourquoi tous ces gens qui étaient là tout à l'heure et qui savent ce qu'est la souffrance humaine, je voudrais juste savoir pourquoi ils deviennent des animaux. Si tu m'expliquais cela, je te jure que je me coucherais ici et que je n'en bougerais plus jusqu'à ce que je devienne un squelette.
Il saisit mon bras à deux mains et il se mit à le secouer comme un levier de pompe.
- Je voudrais comprendre, comprendre, comprendre pourquoi ces gens, il n'y a pas si longtemps, ont attrapé un vieux Juif dans la rue, un pauvre type qui passait par là, l'ont arrosé d'essence et l'ont brûlé vif. Tu comprends, Driss? Ce ne sont pas les conseils de mon père que j'ai dans la tête, c'est le cri atroce de ce Juif. Dis, mon frère, toi qui es instruit, toi qui a lu beaucoup de livres, tu peux m'expliquer, dis?
Je n'ai jamais su répondre. Je suis resté là, à regarder ses yeux suppliants.
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