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Critiques de Edith Wharton (645)
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Ethan Frome

Edith Wharton signe avec son Ethan Frome une longue nouvelle d'exception. Ce terme « d'exception » est souvent galvaudé, tant on fait crouler les oeuvres sous des superlatifs tous plus ronflants les uns que les autres. Alors, quand on se hasarde à vouloir utiliser des épithètes ultimes, fatalement, on risque de servir un vilain jus de radis tiède, là où l'on espérait produire un brûlant élixir, un nectar, deux hectares, même ! Qu'importe, je maintiens mon superlatif pour ce livre.



Je n'ai pas peur d'affirmer que d'un point de vue filiatif, cette nouvelle constitue le chaînon manquant entre Maître et Serviteur de Léon Tolstoï et Des Souris et des Hommes de John Steinbeck, rien que ça, excusez du peu.



Il est assez incroyable, en effet, qu'Edith Wharton, plus habituée aux salons mondains des grandes villes qu'aux rudes campagnes, ait su trouver le souffle, l'élan, la crédibilité nécessaires à la mise sur pied de cette fulgurante histoire de campagne et de climat septentrional, où, je vous assure, on sent le vent froid s'engouffrer sous nos vêtements, on sent les courroies de cuir et l'haleine blanche des chevaux fatigués sur ces mauvais chemins pleins de neige.



Qui est Ethan Frome ? Pourquoi est-il si boiteux, si vieilli, si contrefait ? de quel mal la cicatrice qui barre son visage est-elle la marque ? Que cache-t-il dans ses silences, dans ses gestes douloureux, mille fois répétés depuis des décennies ? Comment parvient-il à vivre encore dans cette misérable ferme dépourvue de tout ?



Qui sont ces femmes qui vivent recluses dans sa maison ? Quel destin semble assez impitoyable pour leur assigner pareille non vie ? le coeur d'Ethan a-t-il toujours été aussi sec et rabougri qu'il semble l'être à présent ? Quels battements a-t-il connu, bien des années auparavant ? Et pourquoi tous et toutes semblent tourner la tête, au village, lorsqu'on leur demande des précisions sur Ethan Frome ?



Aurez-vous le coeur et l'âme à vouloir affronter les frimas piquants d'un hiver dans le Massachusetts au tournant du XIXème siècle avec le suivant ? Aurez-vous assez d'estomac pour encaisser toute l'amertume accumulée dans la vie, le destin et les veines d'Ethan Frome ?



Qu'est-ce donc que cet étrange sentiment qu'est l'amour ? Que peut-il nous faire faire ? ou ne pas faire ? Comment nos personnalités sont-elles influencées par nos corps ravagés ? Que peuvent le temps et les hasards de l'existence sur notre tempérament ?



Si vous brûlez de le savoir, alors lisez Ethan Frome d'Edith Wharton. D'après moi, une orfèvrerie narrative, psychologique et littéraire, telle qu'on en rencontre peu, dans une vie de lectrice. Mais bien sûr, de cela comme du reste, c'est à vous d'en décider, car voilà ici compilées les minces conclusions de mon misérable avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.



N.B. : je ne sais pas si c'est toujours le cas dans les éditions plus récentes, en tout cas, sur mon édition dans la collection L'Imaginaire de Gallimard, première époque, donc, la quatrième de couverture est un véritable scandale : elle divulgue des morceaux importants et essentiels de l'intrigue que l'auteure s'est justement employée à faire découvrir progressivement au lecteur. Donc, si rien n'a changé, surtout, surtout, surtout ne lisez pas cette accroche avant votre lecture.
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Les règles de la fiction (suivi de) Marcel Pr..

J'ai été positivement impressionnée par cet essai d'Edith Wharton, une écrivaine que je ne connaissais au préalable que de nom et que j'ai découvert par le biais de ce livre. Soudain, beaucoup de choses que j'avais vaguement entrevues ou remarquées à propos de l'art des romanciers me sont apparues plus nettement, ou avec plus de force et de conviction.



L'auteure réfléchit sur sa pratique, l'art du roman, donne ses convictions, sans jamais se citer en exemple. Elle tâche de prendre un maximum de recul et de nous faire toucher du doigt ce qui fait l'essence de cet art. Elle illustre abondamment son propos à partir d'oeuvres qui sont, pour la plupart, des classiques.



Elle distingue l'écriture de nouvelles de celle de romans. Selon elle, les mécaniques sous-jacentes ne sont pas exactement les mêmes : la nouvelle s'attachant davantage à une situation et le roman davantage sur des personnages, même si, bien évidemment, l'une comme l'autre font intervenir les deux ingrédients.



D'après Edith Wharton, la caractérisation précise du sujet est la tâche première, pour ne pas dire principale de l'écrivain, car ce sont précisément les caractéristiques mêmes du sujet qui orienteront l'auteur vers le roman ou la nouvelle et pas une volonté préétablie de vouloir officier préférentiellement dans tel ou tel domaine.



Ensuite, elle distingue trois type principaux de romans : les romans de personnages, les romans de moeurs et les romans de situation. Elle classe dans la catégorie des romans de situation des genres tels que les récits d'aventure, les fictions historiques de type " Trois mousquetaires " et, sans qu'elle l'évoque elle-même mais cela me paraît logique, tout un pan de ce que l'on appelle la littérature policière.



Les romans de personnages ont plus ou moins pour archétype " La Princesse de Clèves " tandis que les romans de moeurs sont pour elle les plus intéressants et les plus complexes car faisant intervenir des personnages en relations les uns avec les autres mais tous en relation avec un certain milieu.



Elle évoque ce qui pour elle constitue " l'art " du romancier, c'est-à-dire, celui de faire des choix esthétiques (ordre des situations, choix des situations, choix des personnages, etc.). Elle clôture cet essai par une analyse de l'oeuvre de Marcel Proust qu'elle tient en très haute estime.



En somme, un essai captivant tant pour l'apprenti-critique que pour l'apprenti-écrivain, car elle aborde encore bien d'autres pistes, toutes étayées de solides réflexions sur la question. Je recommande vivement cet ouvrage au public qui peut se sentir intéressé par les thématiques évoquées. En outre, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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La France en automobile

Quelle chance de découvrir la traduction française de ce beau texte d'Edith Wharton plus de cent ans après sa rédaction qui date de 1908.



Edith a parcouru plusieurs fois la France et elle en livre de très belles images à travers son analyse des sites visités, de Beauvais à Laon en passant par Rouen, Amiens, Reims, Bordeaux, Toulouse, la Provence avec un très bel hommage à la beauté de la côte varoise, Avignon, Nîmes, Valence, Lyon, Vézelay et d'autres lieux bien modestes comme le beau village de Saint-Savin dans les Hautes-Pyrénées.



Elle s'intéresse systématiquement aux cathédrales gothiques, un peu moins aux églises romanes, encore qu'elle offre un bel hommage à celle d'Orcival en Auvergne. Elle n'a pas vu Conques, que dirait-elle aujourd'hui des vitraux de Soulages?



Elle décrit admirablement les villes, appréciant surtout celles qui sont perchées sur un promontoire ou celles que l'on peut découvrir d'en haut, par exemple Lyon en s'étant écartée de la route classique. Elle n'a pas goûté les charmes et richesses de Toulouse, ni les briques de la cathédrale d'Albi qu'elle compare injustement à "un monstre rose et imberbe". Dommage qu'elle n'ait pas vu un autre rose, celui du grès du clocher gothique flamboyant de Rodez...



Dans son voyage, Edith Wharton aime suivre le cours sinueux des fleuves et admirer les châteaux qui les dominent, comme Château-Gaillard aux Andelys, ou le long de la Loire.



Et puis l'inévitable Berry avec la visite pèlerinage à Nohant pour respirer l'air de l'écrivaine qu'elle admire tant, George Sand.



Ce livre est un hommage à la France rendu par une connaisseuse, une femme qui sait distinguer la beauté, qui affiche aussi quelquefois péremptoirement ses goûts que l'on ne peut, bien sûr, pas toujours partager. C'est un hommage réalisé dans une très belle écriture, avec une traduction de haute qualité par Jean Pavans qui a su restituer magnifiquement les fortes impressions de ce beau voyage d'Edith Wharton.
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Ethan Frome

Une lecture ancienne dont je me souviens encore un peu : l’atmosphère étouffante de la campagne, avec la rumeur qui obsède tout le monde ou presque ; le huis clos, plus étouffant encore, dans la maison de Frome, où chaque détail se remarque presque immédiatement ; la maladie : tout le monde est malade à la fin du roman, à l’exception de Zeena, qui croit toutefois l’être ; le duel entre Ethan et Zeena, qui se doute peut-être de quelque chose, mais prend finalement le pouvoir.
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Ethan Frome

♫Avec le temps...

Avec le temps va tout s'en va

On oublie les passions et l'on oublie les voix

Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens

Ne rentre pas trop tard surtout ne prend pas froid♫

Léo Ferré-1971-



Avec l'Ethan, tu vois Orion là-bas

Aldébaran dans le panorama

Avec l'étang, ou la lune dans le lac

tout cet amour va te rendre patraque

Avec les taons, pique-nique platonique

Satan l'habite, un jeu démonique

Ethan pis, ment, si tu te l' interdis,

Ethan pis, rogue, si tu le détruis...

ton jeu de Mot Hue Nique.



On dirait vraiment un tableau !

Ethan eut l'impression qu'on ne pouvait pousser plus loin l'art du commentaire, et que, enfin des mots étaient mis sur ce qu'il éprouvait au plus secret de son âme. p 51

Frustrations, sentiments, effusions

confusions, complications et .....collisions.



Bravo à cette interprétation d'Edith Wharton magistrale

Sûr, j'aurais aimé pouvoir la lire en version originale.







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Ethan Frome

Massachusetts – Un petit village en zone rurale – Début du 20e siècle.



Le narrateur, ingénieur en mission dans la région, est intrigué par cet homme, Ethan Frome, qu'il croise chaque jour à la poste durant cet hiver glacial. Grand, difforme, une balafre défigurante, un simple salut, rien de plus. Les gens sont peu bavards dans le coin, mènent une vie dure et austère.



Un accident. Un drame.



Obligé d'effectuer des déplacements quotidiens pour son travail, le narrateur est bloqué au village à cause des chutes de neige et des congères qui empêchent la circulation. Ethan Frome, fermier pauvre, également propriétaire d'une scierie peu rentable, lui propose ses services, ceux de sa charrette et de sa vieille rosse. de jour en jour, malgré les silences – ou grâce à eux – la confiance s'installe et l'ingénieur finit par connaître l'inimaginable réalité.



Vingt-cinq ans auparavant, Ethan venait de perdre son père, et sa mère, malade, avait besoin d'aide. Ainsi entre dans la ferme, Zeena qui se rend aussitôt indispensable. Ethan l'épouse à la mort de sa mère. Elle se révèle alors hypocondriaque, plaintive, et mène la vie dure à son jeune mari jusqu'à exiger à son tour une aide familiale. Mattie Silver, orpheline sans ressources, de bonne humeur et travailleuse malgré une santé fragile, devient un rayon de soleil pour Ethan, de plus en plus taciturne tant les besoins en médicaments et les visites médicales de son épouse grèvent un budget déjà misérable. Après plus d'un an de bons et loyaux services, le renvoi, totalement inattendu, de Mattie par une Zeena soupçonneuse et machiavélique est à l'origine du drame.



C'est l'histoire, poignante, d'un amour impossible, d'un huis clos magistral, d'une manipulatrice démoniaque, de non-dits accablants et de la lutte entre les sentiments et le devoir. L'exploit d'Edith Wharton réside dans l'histoire qu'elle tisse autour d'un fait divers aux conséquences funestes qui s'est produit dans la région, en hiver, avec une luge. le scénario qu'elle élabore, tout en pudeur et en sobriété, donne une puissance émotionnelle incroyable à ce roman écrit en 1911, où les moeurs sont codifiées, où la retenue des personnages n'a d'égale que leurs tourments intérieurs.



On ne sait rien de ce qu'il s'est passé durant les vingt-cinq ans après l'accident, avant la rencontre entre le narrateur et Ethan Frome, brisé dans son coeur et dans son corps.



Véritable coup de coeur, j'ai rarement lu quelque chose d'aussi intense, d'aussi tragiquement humain.



L'écriture parfaite, efficace, opposant la magnificence des paysages enneigés à l'âpreté des gens isolés des mois durant, fait merveille.



Edith Wharton est une écrivaine américaine (1862-1937) issue de la grande bourgeoisie new-yorkaise, francophile et voyageuse, à l'imagination débordante, a commencé à écrire dès l'adolescence, de la poésie d'abord qu'elle publie à compte d'auteur, puis, qui sont publiés dans divers journaux. Elle fait construire une maison dans le Massachusetts et s'y installe avec son mari mais elle préfère voyager et Paris et Londres deviennent ses lieux de prédilection. Durant la Première Guerre mondiale, elle crée des hôtels pour réfugiés et collecte des fonds sans relâche. Elle sera décorée de la Légion d'Honneur. Elle meurt des suites d'une crise cardiaque à 75 ans et est enterrée au cimetière paysager des Gonards à Versailles.



Régulièrement réédité, ce livre date de 2014, publié aux éditions POL dans une nouvelle traduction de Julie Wolkenstein.



Brillantissime.

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Chez les heureux du monde

Qui sont-ils Ces heureux du monde ? Et de quel monde ?

Celui de la Haute Bourgeoisie new-yorkaise en cette première moitié du vingtième siècle, voguant entre Cinquième avenue, Riviera française et riches demeures de la campagne pour fuir l'été trop brulant. Et même si l'on dit, l'argent ne fait pas le bonheur, dans cette société il y contribue, il y est même indispensable.



Et Lily, qui est-elle ?

"On la trouvait plutôt jolie, Lily" Elle est jeune, encore, fraiche, pleine d'esprit, on l'invite souvent, pour agrémenter les séjours campagnards, les soirées mondaines ou les croisières estivales.



"Elle croyait qu'on était égaux, Lily" Oui, mais Lily est orpheline, Et elle ne dispose pas de beaucoup d'argent, alors elle doit se plier aux lois d'une société prompte à à penser que la vérité est là où est l'argent... Alors certains sont plus égaux que d'autres



J'ai beaucoup aimé ce texte écouté en version audio trouvée sur ce site indiqué par Berni, https://www.litteratureaudio.com/



Lily m'a touchée, elle a été élevée comme une jeune femme de cette haute société, c'est-à-dire qu'elle ne sait pas faire grand-chose, à part paraitre dans le monde, tenir son rôle, rechercher un riche mari, même si de temps à autre d'autres aspirations enflent son coeur, surtout lorsqu'elle converse avec Monsieur Selden, le moins mondain de son cercle de connaissances, le plus lucide. Elle souffre du côté artificiel et convenu de toutes ces mondanités, de l'impossibilité de se départir du masque qu'elle doit porter pour rester conforme à l'image que les autres ont d'elle. Son manque de fortune la rend dépendante des autres et lui interdit d'être libre. Je l'ai trouvé à la fois naïve et étrangement lucide sur elle-même, très consciente de ses limites, mais ne pouvant se résoudre à des actions déshonorantes, même lorsque rien d'autre ne peut la sauver, pas même Monsieur Selden. L'autrice décrit à merveille le comportement de Lily, son analyse de cette jeune femme est d'une grande justesse.



Et ce que j'ai aimé par-dessus tout dans ce livre, c'est la beauté de l'écriture. Je me suis délectée à l'écouter, les mots s'enchainent les uns aux autres avec grâce et fluidité, que ce soit pour décrire la société ou les affres par lesquelles passe Lily. Cela a été un plaisir tout au long de ces quelques seize heures d'écoute. Ce livre fait partie pour moi de ceux qui me séduisent autant par la forme que le fond , comme beaucoup de ces classiques dans lesquels je me plonge avec bonheur, le plus souvent.



Edith_Wharton_Chez_les_Heureux_du_Monde_Partie1

Edith_Wharton_Chez_les_Heureux_du_Monde_Partie2

Lu par Vincent de l'Épine


Lien : https://www.litteratureaudio..
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Le temps de l'innocence

Edith Wharton est la première femme à avoir obtenu en 1921 le Prix Pulitzer pour son roman - Le temps de l'innocence -. Et que la chose soit entendue : elle n'a pas obtenu cette récompense parce que femme mais pour son talent,, qui est grand.

Sa plume, d'un esthétisme fin XIXème - début XXème, a l'acuité, l'intelligence et le brio de celles qui résistent au temps et à la poussière des modes.

Son roman est un tableau de Maître, qui peint avec un réalisme et une minutie exemplaires le microcosme élitiste, replié sur lui-même, consanguin, de la haute bourgeoisie new-yorkaise corsetée dans ses codes, défendant jusqu'au ridicule le mythe d'une prééminence sociale quasi dogmatique... en l'an de grâce 187*.

C'est dans ce troisième tiers de ce siècle "déclinant" que, tel un opéra dramatique, cette société va s'animer sous l'impulsion d'un jeune homme, Newland Archer, sur le point d'épouser une toute jeune femme, May Welland... tous deux représentants sans tache de leur classe, lorsque surgissant telle une démone échappée de la dépravée Europe, va "s'installer" dans leurs vies la belle comtesse Olanska à la réputation sulfureuse.

La brave société new-yorkaise va alors voir vaciller le socle de ses certitudes, emportant dans ce tremblement de terre les convictions et les sentiments du jusque-là très conformiste Newland Archer.

Mais cette société apparemment crépusculaire a des ressources inattendues et ses défenses immunitaires sont prêtes à tout pour assurer la survie d'un corps qui n'est pas que social.

Roman d'amour, de moeurs à la psychologie lucide, acide, aiguë et sans concessions, - Le temps de l'innocence - se déguste comme un Darjeeling millésimé, accompagné de petits fours cyanurisés.

Un excellent moment de lecture.

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Voyage au Maroc

Édith Wharton, l'écrivaine, utilise ici sa plume, pour raconter sa vision du Maroc que peu de gens connaissait, en 1917.

Elle nous conte ses " mille et une nuits"...

Un arc-en-ciel d'émotions!





Il y a le soleil et ses rayons dorés, le sable jaune, les murs ocres, les cavaliers drapés de blanc, les peaux mordorées. La terre brune, la mer turquoise, le vert des palmiers et des oliveraies...





Les hommes bleus du désert ( pas les schtroumpfs! ) "enveloppés dans des capes noires, avec un soleil orange brodé dans le dos".

C'est la teinture indigo du vêtement qui déteint sur leur corps!





Des femmes voilées de noir, passaient comme des ombres. D'autres plus libres, les yeux brillants bordés de henné, un sourire éclatant dévoilant des dents blanches, négociaient un âne gris ou un chameau.

Des colliers d'argent cachaient leur poitrine, et leurs jambes étaient nues ou protégées par des jambières de cuir ( protection contre les épines du bled.)





Le coucher du soleil est d'un rouge incandescent. Rouge écarlate aussi, le sang versé, lors de la danse des Aïassouas. Ils avalaient des chardons, des braises ardentes, et se tailladaient le dos, avec des coutelas. Ils se roulaient dans la terre ensanglantée, pris dans une crise épileptique.

Edith souhaita s'enfuir, le coeur battant...





Au centre de la place, un danseur tournoyait.

Autour de lui, "un cercle d'hommes poussait des cris rauques, couverts par le grondement plaintif de la musique".

Des taches sombres sourdaient des caftans blancs et de chemises bleues, et formaient des mares, parmi les pierres. Du sang carmin coulait des entailles, que s'infligeaient les danseurs, avec leurs lames, sur leur poitrine et leur crâne...

Un rite sanglant, le sacrifice des Hamadchas!

Les joues en feu, Edith Wharton faillit s'évanouir !





Après les villes de Moulay Idriss, Meknès, et Fès, voici Marrakech! Chevauchez votre méhari, et suivez Edith Wharton!

L'écrivaine fut le témoin des derniers instants d'une civilisation millénaire, avant que le Maroc ne s'ouvre au monde...





" La réalité marocaine est si riche, si complexe, si contradictoire, qu'elle fournit en permanence, matière à fiction ". Tahar Ben Jelloun, écrivain.

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Ethan Frome



Ethan Frome, ou la chute inexorable d’un pauvre diable autrefois jeune et vif vers un destin désespérant, dans lequel les charges de la pauvreté conjuguées à une épouse odieuse éteindront une à une toutes les lumières de son avenir : l’accomplissement, la liberté, l’amour, jusqu’à l’envie de vivre.



Où diable va donc Edith Wharton puiser le talent de mettre une écriture aussi belle, précise, douce comme du velours, au service d’une si épouvantable tragédie, à la construction implacable ?



Tout est saisissant dans ce roman : le froid mordant de l’hiver sur les collines de ce recoin miséreux du Massachussets, le huit-clos théâtral entre les trois protagonistes, la violence des non dits, les contrastes de lumières (la flamme chaude de la bougie de la cuisine dans la noirceur de la nuit hivernale), de caractères (Mattie la douce et vive contre la démoniaque et morbide Zeena ferrant son doigt fielleux dans les frustrations douloureuses d’Ethan), de mouvements aussi (le balancement inexorable du rocking chair de Zeena face à l’envolée libératrice de la luge…)



Il est impossible de ne pas compatir devant la faiblesse de ce brave type, de ne pas frémir devant l’enchaînement des événements, depuis la maladie de ses parents qui l’enchaînent à la scierie, la perversion d’une épouse qui n’aura de cesse de lui pourrir la vie jusqu’au drame de la « collision », qui ont fait de lui l’homme littéralement brisé par la vie que l’on rencontre au début du livre.



Et c’est tellement bien écrit ! Ce roman m’a subjuguée.

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Le temps de l'innocence

Un chef d'oeuvre, un de plus à porter au palmarès d'Edith Wharton !

"Au temps de l'innocence" n'a absolument pas usurpé le Pulitzer 1921 et Martin Scorsese lui a légitimement rendu un vibrant hommage avec son adaptation cinématographique, petit bijou d'esthétisme et de sensibilité.



New York, 1870. Newland Archer est un jeune homme de la bonne société traditionnelle et puritaine qui fait la pluie et le beau temps sur cette capitale en devenir. Fraîchement fiancé à May, égérie de ladite société, fidèle à tous les préceptes aujourd'hui surannés, rigides et débiles, image vivante de la pureté, de la vertu, de la soumission, tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles sauf que... une ombre se profile sur le tableau idyllique : la comtesse Ellen Olenska, cousine de May, entre en scène un soir à l'opéra. Plus exactement elle entre dans la loge familiale et fait basculer la vie de Newland sans s'en douter.



Ellen représente tout ce que May n'est pas : mal mariée et séparée de son époux polonais - autant dire marginalisée dans la société new-yorkaise qui ne lui pardonne pas d'avoir fui son mari pour rentrer au bercail -, Helen est une femme d'expérience qui exprime ses goûts et ses envies, qui fait preuve de trop de franchise et qui par là même passe pour une créature sensuelle et dangereuse. Newland Archer, obligé de la soutenir socialement dans sa "réintégration" dans la bonne société, s'éprend irrésistiblement de cette femme passionnée qui relègue May au rang d'une froide statue de marbre dépourvue d'esprit et de personnalité et qui ne peut compter que sur sa beauté et son innocence.



L'étude sociétale que nous livre ici Edith Wharton est d'un esthétisme à couper le souffle, d'une précision délectable et d'un charme ensorcelant. La personnalité du triangle amoureux Newland - Ellen - May est un chef d'oeuvre d'analyse psychologique et émotionnelle. Ces trois êtres, pris dans les rouages bien huilés d'une société qui vit ses dernières heures de gloire avant le grand chamboulement de la finance, des transports et des communications, sont poignants d'humanité et touchants de grâce. Impossible de ne pas compatir à leurs sentiments ni d'être profondément remué par leurs espérances. Le tout servi par une plume en or massif, nous avons là un très grand exemple de Littérature.





Challenge ATOUT PRIX 2017

Challenge 1914-1968 2017
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Voyage au Maroc

C'est la chronique d'un voyage entrepris par Edith Wharton au Maroc vers la fin de la premiere guerre mondiale.



Elle nous presente un pays au passé vivant, en danger de changement. C'est du moins sa vision: pour elle le Maroc est victime d'une des grandes ironies de l'histoire – plus le pays devient accessible aux visiteurs, plus il perd de son autenticite. Sa relation sera donc nostalgique par anticipation: on ne pourra plus voir le Maroc comme elle l'a vu. Mais elle-meme, comment l'a-t-elle vu? Invitee par le marechal Lyautey, le resident general du protectorat francais au Maroc, elle est un voyageur privilegie. On a mis a sa disposition une voiture militaire, un chauffeur et divers interpretes. Elle est logee le plus souvent dans des demeures de reve, comme le palais de Marrakech, propriete de l'etat. Elle peut etre introduite dans des endroits, et assister a des evenements, qui seraient interdits a d'autres. Lyautey essaie d'en faire une sorte d'ambassadrice. N'empeche qu'elle a de bons yeux, meme si elle reste tres orientaliste. D'un cote elle nous donne force details et images de la misere sordide regnante, et d'un autre elle transmet une impression d'enchantement, d'envoutement, tres "mille et une nuits". L'Orient pour elle doit etre un eclatement de couleurs, or elle trouve en general tout tres triste et sombre, les rues, le dehors des maisons, les habits. L'allegresse orientale qu'elle esperait ne lui apparait qu'en occasions comptees: quand elle assiste a Fez a la procession d'un mariage juif, ou a Marrakech a l'occasion d'une circoncision…



Reste la plume magique de Wharton. Beaucoup de fois elle laisse aller ses pensees a la derive, voler son imagination. Ce sont les plus belles pages a mon avis. Mais il y en a beacoup d'autres. On ne peut nier la valeur litteraire de Voyage au Maroc. Cent ans après sa publication ce n'est evidemment pas un guide, je ne crois pas qu'il l'ait jamais ete, mais une sorte de livre de chevet au charme un peu desuet et encore puissant.



Une lecture de toute beaute.

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Ethan Frome

C'est très bon signe, une année qui s'ouvre sur un aussi beau coup de coeur !



Après avoir été enchantée par "Plein été" du même auteur, je récidive avec "Sous la neige" (republié sous le titre "Ethan Frome") et me voici définitivement conquise par le style éminemment talentueux d'Edith Wharton.



Avec ce roman, l'auteur nous offre le superbe portrait d'un homme à la grande sensibilité, victime d'une grande passion pour Mattie, la cousine pauvre de sa femme que le couple héberge pour une durée indéterminée. Orpheline, Mattie a pour fonction d'aider Mrs Frome à tenir sa maison mais sa complexion gracile semble lui interdire les gros labeurs qui cependant ne manquent pas dans une ferme. Au fil des jours, Ethan se sent de plus en plus attiré par la grâce et les charmes de la jeune femme qui offrent un réel contraste avec ceux de son épouse souffreteuse et revêche. Cette attirance se mue rapidement en un sentiment si profond que le jeune homme ne peut plus envisager son existence loin d'elle. Pourtant, sa femme, jalouse, a brusquement arrêté de renvoyer Mattie au grand nulle part d'où elle vient...



Un roman mais surtout un auteur à découvrir de toute urgence. La concision de la narration n'empêche pas le lecteur de se projeter à l'envi dans les sublimes décors montagnards et forestiers de la Nouvelle-Angleterre du début du XXème siècle ; le développement des personnages est remarquable, on se sent rapidement proches d'eux, ou tout du moins on acquière une très bonne compréhension de leurs actes et de leurs pensées dès les premiers contacts.



Sous la neige omniprésente se révèle également une très belle histoire d'amour éloignée de toute mièvrerie et d'une intensité rare, celle-là même qui marque de son empreinte immortelle les grandes amours, aussi pures qu'impossibles.





Challenge MULTI-DEFIS 2017

Challenge XIXème siècle 2017
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Chez les heureux du monde

"Chez les heureux du monde", ou une illustration parfaitement cynique de ce que l'argent fait le bonheur.



Au début du siècle dernier, Lily Bart est une jeune femme de 29 ans, issue d'une famille de la bonne société new-yorkaise. Désormais orpheline et ruinée, elle vit aux crochets d'une vieille tante pingre et peu sympathique. C'est là toute la tragédie de la vie de Miss Bart : élevée dans l'idée que le but de l'existence est de ne rien faire, qu'il "était de la plus haute importance de garder les apparences de la prospérité", et que sa beauté sublime lui permettra de compenser la maigreur de sa dot pour faire un riche mariage et ainsi satisfaire son besoin d'argent et de luxe, elle n'a de cesse de fréquenter la haute société oisive et hypocrite à la recherche du parti idéal. de New York à Monte-Carlo en passant par les stations chic de la côte est des USA, on apprécie sa compagnie, et la jeune femme est très demandée. Ce qui ne va pas sans entamer dangereusement son petit budget, dilapidé en riches toilettes, bijoux et dettes de jeu. Vivant constamment au-dessus de ses moyens, la situation de Lily s'aggrave encore lorsque la rumeur – que la "bonne" société susnommée accueille avec gourmandise – lui prête des faits et gestes scandaleux. de plus en plus isolée, maladroite dans ses tentatives pour redresser la situation, elle s'enfonce dans la précarité jusqu'à se voir contrainte à travailler, à sa plus grande honte et à son encore plus grande incompétence : "Puisqu'elle avait été élevée pour être purement décorative elle pouvait à peine se blâmer de n'avoir pu servir à aucune fin pratique ; mais cette découverte ruina l'illusion consolante qu'elle avait de sa capacité universelle". Une déchéance évidemment mal vue, qui la bannit à jamais de son milieu d'origine. Et la pauvre Lily de se victimiser : "Était-ce sa faute s'il peut arriver que cette mission [d'ornement délicieux] soit traversée par des nécessités matérielles ou compliquée par des scrupules moraux ?"



Lily Bart ne brille pas par sa lucidité, ni par le niveau d'empathie qu'elle a suscité chez moi, proche de zéro. Rodée aux codes et manigances de la société qu'elle fréquente depuis si longtemps, elle est intimement convaincue de la supériorité que lui confère sa beauté, et de l'attraction qu'elle exerce sur les hommes. Snobant ses semblables en son for intérieur, calculatrice et pourtant parfois tellement irréfléchie, elle a déjà laissé passer de beaux partis. A mesure que sa situation devient "urgente", elle a cependant le chic pour s'auto-saboter chaque fois davantage, incapable de résister aux impulsions plus ou moins justifiées moralement, qui la détournent du but de sa vie. Et dire que l'amour se trouvait sous ses yeux depuis le début, qu'elle en était vaguement consciente mais que décidément l'argent brillait d'un éclat beaucoup plus puissant aux yeux de Lily...



Une tragédie, donc, mais aussi une satire cruelle de cette riche et vaine société américaine du début du 20ème siècle, une société dans laquelle le mariage semble le seul ascenseur social pour les femmes, et dont les valeurs sont fondées sur les apparences, où l'hypocrisie semble être la principale caractéristique, avec le goût du luxe : on se snobe, on se poignarde dans le dos mais on recherche sans cesse la compagnie de ses semblables (ou qu'on croit tels) pour être vus au bon endroit au bon moment, pour être acceptés. C'est cette peinture sociale qui m'a le plus intéressée. Pour le reste, l'histoire de la pathétique Lily n'a éveillé aucune compassion en moi, son inconséquence, ses atermoiements et tergiversations m'ont agacée. Quant au style, je ne sais pas si c'est parce qu'il y a (trop) longtemps que je n'avais plus lu de "classique", mais j'ai eu du mal avec les dialogues elliptiques (je n'étais jamais sûre d'avoir compris les conversations). L'analyse psychologique est certes ciselée, mais se perd en longueurs et lourdeurs ennuyeuses et creuses, à l'image de la vie des personnages.
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Le temps de l'innocence

Le temps de l'innocence ? Tu parles ! Il n'y a rien d'innocent dans ce roman magnifique d'Edith Wharton, plutôt beaucoup d'hypocrisie, de lâcheté et de bêtise, ainsi que quelques rares mais très beaux moments d'amour, de vérité ou de liberté.



L'intrigue se résume en quelques mots : à New York, dans les Années 1870, Newland Archer, jeune homme de très bonne famille, doit épouser May Welland, jeune et jolie oie blanche de presqu'aussi bonne famille. Mais sa rencontre avec la fantasque, brillante et libre cousine de May, Ellen Ollenska, le fait douter. Et, sans forcément agir beaucoup, il va douter longtemps...



Ces doutes constituent le cœur du roman, car ils montrent à la fois la personnalité de Newland Archer, certes attaché aux traditions et aux convenances, mais aussi ouvert, intelligent, épris de la culture et des gens, chaleureux, très humain, loyal, passionné... et permettent d'aborder des thèmes très modernes pour un livre écrit dans les Années Vingt : la place de la femme, l'hypocrisie de la société bien-pensante, les carcans qu'elle impose et les difficultés à penser ensuite par soi-même, le mariage et le divorce, la communication, la manipulation et les luttes intérieures.



Cerise sur le gâteau, la très belle histoire d'un amour impossible, un amour vrai mais jamais vécu, qui est à mes yeux la seule chose innocente dans ce roman, par ailleurs tristement réaliste.



Challenge Atouts Prix 10/xx
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Ethan Frome

Ethan Frome est un fermier abîmé par la vie, presque difforme et qui peine à marcher. Il a une cinquantaine d’année mais en paraît trente de plus.

Sa vie est misérable et à voir sa mine, on a l’impression qu’il porte toute la misère du monde sur ses épaules.

Avant l’accident qui l’a laissé boiteux, il était un jeune courageux et gai malgré un mariage désastreux avec Zénobia, acariâtre et hypocondriaque. Dans son malheur, il y avait Mattie qui telle une belle fleur était venue illuminer ses journées. Peu à peu et sans vraiment s’en apercevoir, Ethan Frome tombera éperdument amoureux Mattie.

Peut-on dire d’un roman qu’il est à la fois noir et lumineux ? C’est en tout cas ce que j’ai ressenti à la lecture de ce livre.

L’histoire est triste, les personnages englués dans une vie sans espoir comme s’ils étaient prisonniers d’un profond brouillard dans un hiver qui n’aurait pas de fin. Tout cela est magnifié par une écriture d’une grande sensibilité avec une précision quasi photographique dans la description des paysages.

Je ne connaissais pas l’œuvre d’Edith Wharton et cette découverte fut un tel bonheur que je vais poursuivre la lecture de ses ouvrages.

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Les lettres

Je vous invite ce soir dans le coeur d'une femme amoureuse. Alors, vous venez ?

Elle s'appelle Lizzie West, elle est jeune et exerce le métier d'institutrice à Paris. Parmi ses élèves, il y a Juliette, la fille de Vincent Deering, un peintre américain qui se croit doué et dont l'épouse est gravement malade. Juliette semble donner du fil à retordre à l'enseignante qui prend son métier à coeur. Elle s'en émeut auprès de son employeur, évoquant dans des sanglots l'idée de renoncer à sa mission. Celui-ci tient à la rassurer, la console même, ils échangent un baiser à travers ses larmes...

Une relation amoureuse naît de cette étreinte. Mais l'épouse de Vincent Deering décède quelques temps plus tard. Vincent Deering doit alors retourner aux Etats-Unis pour gérer les biens de son épouse. Les deux amants se promettent de s'écrire. Lizzie West ne faillit pas à cet engagement. Elle lui écrit, mais elle ne reçoit pas de lettre en retour. Elle écrit encore et encore, mais ne recevra aucune lettre de son amant.

Quelques années plus tard, alors que Lizzie West a hérité d'un vieil oncle et vit désormais bien plus aisément qu'auparavant, elle croise par hasard à Paris Vincent Deering sans le sou... Et devinez un peu ce qu'il va advenir ?

Ne vous y trompez pas, derrière l'apparence d'une banale bluette un peu surannée, se tient un récit construit de manière ciselée. Malgré sa taille concise, - puisqu'il s'agit d'une nouvelle, j'ai été impressionné par la densité des sentiments qui se tient dans ce texte, l'art que déploie la romancière pour nous les restituer dans une variation subtile de l'amour, de ses illusions et désillusions, de ses renoncements.

Il ne s'agit pas d'un récit épistolaire, on ne saura jamais rien du contenu de ces lettres, bien que j'ai imaginé aisément quelle pouvait être la teneur de ces missives sentimentales. Elles forment un pont, une intrigue presque, sur laquelle s'adosse le texte riche d'Edith Wharton. Tout le charme de la narration est sa construction sur des ellipses. C'est fin, acéré et permet de ne jamais s'ennuyer.

C'est une chronique douce-amère d'une femme amoureuse, prête à tout pardonner, qui perd pied, perd peut-être la raison tout doucement...

C'est un merveilleux personnage féminin dessiné par Edith Wharton de manière précise et affutée, personnage dont on peut admirer à chaque respiration du texte la sincérité des sentiments, ses doutes, ses failles. J'ai eu envie à mon tour de la prendre dans mes bras, non pas comme le fit Vincent Deering quelques années plus tôt... Sans doute Edith Wharton y est un peu pour quelque chose...

Je vous invite ce soir dans le coeur d'un lecteur pris d'affection pour une certaine Lizzie West...

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Chez les heureux du monde

Depuis le temps que je voulais lire ce roman, c'est enfin chose faite ! Je me suis encore une fois régalée avec Chez les heureux du monde, de l'auteure américaine Edith Wharton, que je connaissais déjà grâce à son livre Les Lettres.

Dans cette oeuvre qui ressemble à celles de Jane Austen, nous suivons le destin de Miss Lily Bart, jeune femme de vingt-neuf ans, dont la beauté exceptionnelle lui permet de côtoyer les plus riches familles, à commencer par les Trenor ou encore M. Rosedale, mais qui, petit à petit, va se retrouver seule dans un monde égoïste de ce début du XXème siècle...



Malgré un début difficile, sans doute à cause de l'écriture de l'édition, je me suis très vite identifiée à Lily, j'ai ressenti toutes ses émotions, ses premiers malheurs, et enfin, sa déchéance finale, comme si j'évoluais dans cette société répugnante. Heureusement, certains personnages sont restés sympathiques du début à la fin, d'ailleurs, dès les premières pages de ce roman, le lecteur a la chance de rencontrer M. Lawrence Selden, l'un des seuls qui restera fidèle à Lily, jusqu'à la dernière page, à la fois émouvante et magnifique !



Que dire de plus ? Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, l'intrigue était passionnante, avec un enchaînement rapide d'évènements tous aussi intéressants les uns que les autres ; bref, comme vous l'aurez constaté, j'ai adoré Chez Les Heureux du monde, que je conseillerais bien évidemment à tous...



A lire !!
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Chez les heureux du monde

Attention coup de cœur!

Je me suis régalée avec ce roman ciselé et fin, qui m'a fait tour à tour sourire, pleurer ou penser...



Avant toute chose, j'ai été enchantée par le style. Peut-être ai-je lu trop de livres 'modernes' récemment; toujours est-il que j'ai plongé avec délices dans ces paragraphes fluides et bien construits, dans ce vocabulaire recherché et précis, toujours juste. Au travers de ses mots et de ses phrases, on devine Edith Wharton, brillante, sensible et très observatrice... Un vrai plaisir de lecture, suffisamment rare pour être souligné, d'autant que je suis habituellement bien plus attentive au fond qu'à la forme !



Bien des (belles) choses à dire au sujet du contenu, également. Miss Lilly Bart fait figure à mes yeux de pure figure de tragédie. Tiraillée entre son éducation futile et superficielle et ses idéaux de liberté, d'amour et de grandeur, elle compromet toutes ses chances de bonheur d'un côté comme de l'autre. Ainsi, c'est elle-même qui se sabote à chaque fois qu'un beau pari est prêt à l'épouser. Elle-même qui refuse de se contenter d'une une vie plus simple, independante et belle. Elle oscille en permanence entre ces deux pôles, ne parvenant pas à fixer son choix de manière durable.

Dès lors, sa dégringolade semble inéluctable. Malgré ses amis, malgré sa beauté, malgré son intelligence.



Et quelle dégringolade grandiose ! Sa chute nous fait voyager de New York à Monte-Carlo en passant par Newport. Elle nous emmène dans les salons de la haute société, chez les nouveaux riches et même à la rencontre des classes laborieuses. Elle nous dresse un panorama sans concessions de toute société humaine, entre sombres trahisons et petits travers quotidiens, sans oublier ces trésors d'amitié ou de solidarité qui subsistent parfois malgré tout.



Quel gâchis monumental que la vie de Lilly Bart, si intelligente, si belle, si honnête ! Et quel talent il a fallu à Edith Wharton pour transformer cela en un trésor de livre, à mi-chemin entre le roman d'apprentissage inversé et la peinture sociale cynique du New York de cette époque !

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Ethan Frome

C'est l'hiver dans cette campagne perdue du Massachusetts, un hiver au climat redoutable, ponctué de tempêtes de neige. C'est à la suite de l'une d'elles que le narrateur va faire plus ample connaissance avec Ethan Frome en étant hébergé chez lui.

Cet homme l'intriguait depuis qu'il le voyait. Un homme encore jeune, même si les séquelles d'un grave accident l'avait vieilli avant l'âge. Quel accident, que s'était-il passé ? Curieusement, les habitants du village renaclaient à donner plus d'information.

Et l'histoire que l'homme va nous raconter est bien triste.



Même si la nature dans toute sa majesté, son indifférence glaciale au sort des humains, son âpreté est omniprésente, on a presque l'impression d'être enfermé en lisant ce court roman.

Enfermé parce que le récit se déroule quasiment toujours en hiver, et que l'hiver dans ces contrées est rude et n'incite pas à flâner a l'extérieur.

Enfermé parce que le cadre est un petit village où il ne faut pas bon sortir des clous, ne pas se conformer aux règles de la communauté, aimer qui on ne doit pas pas.

Enfermé dans la maison des Frome où la maladie, la rancoeur, les non dits règnent en maître, ou l'atmosphère pesante empêche le bonheur de se faufiler, même si le temps d'une soirée trop rapide, on aurait pu en avoir une idée.

Enfermé enfin par la pauvreté qui isole, coupe les ailes, limite les possibilités, ne laisse a une jeune fille orpheline que l'alternative de vivre hébergée chez des cousins, rend la fuite impossible car le coût du trajet est trop élevé.



J'ai beaucoup aimé l'atmosphère de ce roman, très bien mise en valeur par le ton du narrateur, qui donnait toute leur beauté aux mots de l'autrice. J'ai ressenti le froid de l'hiver, le regard soupçonneux des villageois, la méchanceté de Zeena, la femme d'Ethan



J'ai moins aimé les deux personnages principaux, que j'ai trouvés un peu velléitaires, un peu trop soumis.



Mais cette première découverte de l'univers d'Édith Wharton m'invite à ne pas en rester là.

N'hésitez pas à me laisser vos conseils :-)



Edith_Wharton_-_Sous_la_neige_V2

Daniel Luttringer
Lien : https://www.litteratureaudio..
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