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Critiques de Edouard Zarifian (9)
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Des paradis plein la tête

De tous les ouvrages de vulgarisation psychiatrique que j'ai pu lire jusqu'à présent, celui-ci est sans aucun doute le plus clair et peut-être le plus radical. Il démontre que la souffrance psychique n'est pas une maladie et qu'elle est plus répandue qu'on ne le pense ; elle révèle que sa médicalisation est pratique pour la société et surtout pour l'économie de l'industrie pharmaceutique ; elle indique les risques qu'un usage inconsidéré des psychotropes fait peser sur les individus, en les plaçant sous « anesthésie psychique et affective » et surtout sous un contrôle social encore plus généralisé que ce ne fut le cas dans le totalitarisme communiste à l'égard des opposants politiques. Une logique paradoxale qui eut à l'origine la découverte fortuite de certains effets d'un nombre somme toute restreint de substances psychoactives a conduit à la classification des troubles psychiatriques. Je craignais que cet ouvrage fût vieilli, qui ne considérait que les trois premières éditions du fameux DSM, mais tout porte à croire, inversement, qu'il n'était que prémonitoire d'une situation qui s'est aggravée au cours des trois décennies successives. Ce qui s'est estompé avec le temps, c'est peut-être l'originalité de la dénonciation des intérêts et des responsabilités du capitalisme dans la génération, dans la conceptualisation et dans le traitement de la souffrance psychique ; dépassé aussi, à mon avis, un certain moralisme dans le diagnostic du « malaise dans la civilisation », qui déplore le déclin de la famille traditionnelle, et évoque une série de « phénomènes de société » envisagés comme responsables d'une supposée « disparition des valeurs spirituelles ». Pourtant l'appel final à placer l'espoir non pas dans l'individu mais dans l'être humain, dépositaire « d'authentiques paradis dans la tête » à ne pas confondre avec les « paradis chimiques », garde à mon sens toute sa pertinence et son actualité.







Table :



I : Les maladies mentales n'existent pas :



- Un diagnostic impossible

- La dure réalité des troubles psychiques

- L'existentiel, le culturel et le pathologique



II : La résistible ascension des médicaments du cerveau :



- L'histoire de la découverte des psychotropes

- Les neuroleptiques

- Les antidépresseurs

- Les tranquillisants et les hypnotiques

- Les régulateurs de l'humeur



III : Idéologie scientifique et psychisme :



- L'idéologie scientifique

- Le discours de la Science

- La Science n'est pas parfaite

- Le bonheur normalisé par la Science ?



IV : Images de la psychiatrie et médicalisation de l'existence :



- Les discours de la société

- La médicalisation de l'existence

- Psychotropes, santé publique et éthique



Conclusion : L'espoir, c'est l'homme
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La Force de guérir

Pour guérir d’une blessure psychique il faut le vouloir et savoir trouver les ressources en soi, trouver la force de guérir. Ce livre n’est pas un remède miracle mais il sait parler à tous. Son contenu est aussi universel, il ne nécessite pas forcément de base en psychologie, c’est toujours un plus. Je n’aime pas les livres trop technique, je préfère ce type d’essai clair, quitte à prendre quelques paragraphes de plus pour bien expliquer.



« Mais vous n’êtes pas un objet. Vous êtes le sujet de vous-même. Vous avez la conscience de votre identité qui fait de vous un être unique au monde. »



Bref, le livre pose les bonnes questions et donne les clés pour y répondre, vous pousse à l’introspection et à la résilience. A garder et à relire.
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Des paradis plein la tête

Ce livre décrit une situation qui est toujours identique une quinzaine d'années plus tard. On y retrouve toutes les bonnes dénonciations des dérives perverses d'une Société en déclin qui est basée sur des valeurs matérielles et qui cherchent à gommer tous les individus différents, divergents, autres, que les normes qu'on ne cesse de fixer. Normes qui bien évidemment sont fluctuantes au fil du temps, au gré des lieux et des cultures. Un fou quelque part à un temps t n'en est plus à un autre temps ou à un autre endroit. Et hélas vice versa, quelqu'un de normal, un comportement normal ici n'en est pas un là-bas. Alors si on cherche une universalité... Bonne chance. Bref, et l'industrie du médicament entre en scène, poussant à déverser un maximum de ses produits pas si souvent utiles dans la bouche du plus grand nombre, tâche aux prescripteurs à les dénicher. A faire sortir des niches les nouveaux consommateurs.

Consommer quoi d'ailleurs ? Un médicament ou une drogue, l'écart est parfois mince. Un truc légal ou un truc parfaitement illégal car sans contrôle médical.

Tout ce livre est un plaidoyer sérieux et honnête pour une ré-acceptation de l'humain, de l'individu dans son unicité, il se méfie des groupes sans doute, valorisant la force individuel, les ressources des individus qui feraient la grandeur réelle de l'humanité. Ou l'humanité qui ferait la grandeur réelle des individus.

En tout cas une Société normée et folle de ses normes est un danger, danger duquel bon nombre de médecins ont abdiqué face à la puissance et se sont soumis. Ou quand la Science vient au secours de la Société en faillite...

Zarifian décrit les médicaments psychotropes, le concept de psychotrope qu'il différencie du produit himself. Dans une théorie bien intéressante, ma foi. La foi, tout comme dans l'effet placebo en quoi Zarifian donne toute sa valeur et son importance également. Pourquoi s'en méfier ?

Croire qu'on peut traiter le psychique et ses difficultés, bien souvent tout à fait existentielles et donc vitales, normales, à vivre !, comme n'importe quelle maladie clairement identifiée, c'est une erreur profonde et un danger. Zarifian le décrit et l'explique très bien. Il prône la vie, dans ses travers, dans son tout, et nous exhorte à nous faire confiance, à nous-même.

Dommage pour le petit côté réactionnaire, mais on peut pas tout avoir. J'accepte cette légère déviance (ahah), Monsieur Zarifian.



Les titres des parties et chapitres sont fort évocateurs du contenu et du ton, en voici quelques-uns :

Les maladies mentales n'existent pas ; la résistible ascension des médicaments du cerveau ; l'idéologie scientifique, le discours de la Science, la Science n'est pas parfaite, le bonheur normalisé par la Science ? ; Les discours de la Société, la médicalisation de l'existence ; L'espoir c'est l'homme ...





Bref, un livre très intéressant, facile à lire, pas hyper complexe mais pas simpliste non plus. Tout ça en +/- 200 pages, c'est fort bien. Je le prescris à tous.

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Des paradis plein la tête

Derrière tout manuel, on peu s'y retrouver ou s'enrichir
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Le goût de vivre : Retrouver la parole perdue

L'objet de cet essai est triple : le psychisme – qui s'oppose au fonctionnement du cerveau avec ses mécanismes cognitifs – la souffrance psychique – qui s'oppose à la douleur physique-organique – et enfin la parole – à la fois conçue comme origine du premier et comme seul moyen de soulager la seconde. Le principe régissant le psychisme, c'est une dialectique tripartite constante entre le réel, le symbolique (lieu des affects) et l'imaginaire. Le psychisme se développe au contact de la parole de l'autre, dès l'accession au langage de l'enfant, et en est continuellement métamorphosé : c'est cette parole qui nous rend humain en nous fournissant le sens de ce qui nous entoure ainsi que notre identité individuelle et unique. La souffrance psychique, qui n'est pas une maladie mentale, naît d'un manque ou d'une perte d'objet ; elle ne peut être soulagée que par la parole, prodiguée dans le cadre d'une relation intersubjective qualifiée par le très spécifique concept « d'aide » appartenant à la sphère du « donner ». La parole permet le changement par une nouvelle verbalisation relative à la représentation de soi-même et des autres (notamment par un investissement sur des objets autres que celui du manque ou de la perte). Il s'ensuit une valeur tout à fait centrale de la parole, entendue dans un sens spécifique et clairement distinct du langage et de la langue. Or, le volet thérapeutique de l'essai, qui est présent bien qu'il ne constitue pas l'essentiel de l'exposé, constate une perte de la parole, non sans relation avec la remise en cause de la psychanalyse, attaquée à la fois par les neurosciences qui s'en prennent au psychisme lui-même, et par la psychiatrie qui prétend soigner la souffrance psychique de manière analogue à la douleur physique. Les conséquences de cette parole perdue sont très rapidement énoncées.

Dans l'ensemble, l'exposé est très abordable, même parfois au prix de certaines répétitions : le souci de la divulgation est beaucoup plus présent ici que dans les autres essais de Zarifian que j'ai lus jusqu'à présent. Le plan, qui place la souffrance d'emblée, est un peu surprenant et contribue sans doute à accroître les répétitions.
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Le prix du bien-être psychotropes et societe

Le présent essai est né d'une mission de santé publique commanditée à l'auteur en janvier 1995 par Simone Veil et Philippe Douste-Blazy, ministres des Affaires sociales et délégué à la Santé respectivement, partant du constat « que l'on prescrivait en France deux à quatre fois plus de médicaments psychotropes que partout ailleurs en Europe ». Il semblerait que cette situation persiste et qu'aucune des préconisations faites par l'auteur – succinctement citées dans le chap. conclusif : « Un meilleur usage des médicaments psychotropes » – n'ait été mise en œuvre. La raison fondamentale peut se résumer en termes de la prévalence de la logique du profit qui anime l'industrie pharmaceutique sur la logique de santé publique, dans un contexte de manque de formation psychopathologique chez les professionnels de santé, de désinformation aux différents niveaux de l'information médicale liée à des conflits d'intérêts, ainsi que de psychiatrisation des malaises sociaux dans le double but du contrôle social et de l'expansion du marché des psychotropes. Certaines données de nature culturelle, telles des attentes relatives au rôle du praticien – comme prescripteur de molécules –, telle la sémantique des concepts de « dépression » et d'« anxiété » dépendant de la subjectivité du patient dans des circonstances où le diagnostic ne peut se baser sur les mêmes éléments objectifs que les maladies somatiques, telle la minoration de la pharmacovigilance (effets secondaires d'ordres cognitifs et comportementaux, addictions, etc.) devant le péril du suicide, et enfin la méfiance à l'égard des « médecines alternatives » (y compris de la phytothérapie), comparativement avec d'autres pays, aggravent cette anomalie française. Certains pays limitrophes ont pris des mesures législatives ou réglementaires qui ont eu plus ou moins de conséquences sur la prescription de psychotropes. Mais il est clair que la critique fondamentale émise dans cet ouvrage dépasse la spécificité nationale, pour rejoindre des objections bien connues désormais en psychiatrie : les problèmes de diagnostic par les manuels DSM ; les abus de la même nature que le scandale de la Ritaline utilisée pour traiter les troubles de l'attention chez les enfants et les adultes aux États-Unis ; et même les politiques de lutte contre les stupéfiants illégaux qui conduisent aux usages détournés des psychotropes légaux à des fins toxicomaniaques à large échelle (et très difficilement documentés) : ces trois points sont moins particulièrement abordés dans cet ouvrage, mais néanmoins évoqués transversalement.

La nature de l'étude est telle que la démonstration entre dans des détails – notamment quantitatifs – probablement périmés depuis 30 ans ; peut-être les molécules elles-mêmes ont évolué sinon les catégories pharmaceutiques – tranquillisants, hypnotiques, neuroleptiques, antidépresseurs ; sinon les molécules, peut-être la proportion entre antidépresseurs IRS et tricycliques, ou bien leurs prix et la part qu'ils représentent dans les frais de prise en charge par les différents systèmes de Sécurité sociale en Europe. Ces détails sont rébarbatifs pour le public non spécialiste ; mais la question posée, dans toute sa spécificité mais aussi dans la gravité de ses répercussions (va-t-on vers une société d'addictés volontaires aux psychopilules?), porte en elle la nécessité d'interrogations bien plus vastes et profondes, de nature sociologique et politique sur la contradiction entre la logique du profit et la santé psychique de la population, et la manière de la préserver.
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Le goût de vivre : Retrouver la parole perdue

toujours d'actualité, même si d'autres ouvrages existent en la matière
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Les jardiniers de la folie

excellent ouvrage précurseur des dérives du fonctionnement actuel de la société et de la psychiatrie, à lire, sans hésitation. J'en ai fait l'accroissement du futur dans mon tome 3, vu le déni de toute mise en garde de certains professionnels de la santé. Béni soi le jour où cet ouvrage est passé par hasard entre mes mains.
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Le prix du bien-être psychotropes et societe

Évidence reconnue
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