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Critiques de Eileen Chang (31)
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Deux brûle-parfums

Ce livre s'appelle Deux brûle-parfums comme il aurait pu s'appeler deux bulles de savon. Il rassemble deux romans fugaces et poétiques sur la vie à Hong-Kong au début du XXè siècle, dans ce style un peu éthéré qui caractérise à mes yeux la littérature asiatique.



La vie n'est pas facile là-bas à cette période-là, qu'on soit homme ou femme, Occidental ou Chinois, riche ou pauvre... Il y a des malheurs pour tous les goûts, même pour les amoureux ordinaires qui veulent juste profiter de leur nuit de noce.



Chaque histoire pourrait se résumer en quelques lignes, et le talent d'Eileen Chang tient à sa façon de décrire les émotions et les ressentis sans jamais les nommer, ou de créer progressivement l'ambiance délétère qui rendra le dénouement possible. Sous des dehors légers et beaux, elle montre la cruauté et la folie des personnages.



Je ne suis pas sûre que ces brûle-parfums éclaireront longtemps mes rêves, mais ils ont joué leur rôle : m'éclairer quelques instants, sur la nature humaine et la vie coloniale, mais aussi m'éclairer tout court par leur simple beauté.



Challenge Multi-Défis
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L'Amour dans une ville déchue

Les éditions Zulma nous proposent ici, au-delà de la fameuse jolie couverture, deux superbes récits de Eileen Chang (Zhang Ailing en chinois). En premier lieu, le célèbre "Love in a fallen city", sous-titré "un amour dévastateur", qui a plutôt la taille d'un court roman, et ensuite "Ah Hsiao est triste en automne", sous-titré "L'étuve aux fleurs d'osmanthe", qu'on pourrait plutôt qualifier de nouvelle.



Dans "Love in a fallen city", l'héroïne Lio-su est la 6ème soeur d'une noble famille de huit, les Pai. Elle a divorcé il y a déjà plusieurs années, et fait pour cela l'objet de railleries de sa famille. Une vieille amie de la famille, Madame Hsu, est appelée à la rescousse pour mener la double affaire de marier la 7ème soeur Pao-lo, puis de remarier Lio-su. Mais le prétendant auquel elle pense pour Pao-lo, Fan Liu Yuan, un célibataire aisé et séducteur, semble avoir jeté son dévolu sur Lio-su. Madame Hsu profite de la dégradation du climat familial pour inviter Lio-su à la suivre à Hongkong, où...Liu Yuan l'y attend. Dès lors, le lecteur va être témoin de la relation naissante entre eux, leurs rapprochements et éloignements, à travers leurs dialogues, alors qu'à la fin 1941, la guerre éclate...



"Ah Hsiao est triste en automne" est sans doute un texte moins connu, moins ambitieux, mais très attachant. Il nous montre quelques scènes de la vie d'amah (domestique) de Ah Hsiao, au service d'un américain installé dans une des concessions de Shanghaï. Logée sur place, elle est témoin, et nous avec, de la vie de séducteur de son patron Mr Garter, qui jongle entre plusieurs conquêtes, de la vie d'une autre amah, Hsiu-ts'in, qui va se marier en traînant des pieds et lui paraît bien exigeante...Ah Hsiao regrette vaguement d'avoir un mari qui ne lui rapporte pas grand-chose financièrement, mais il est là, discret, pour contribuer à éduquer leur jeune enfant. Une belle photographie, en immersion de la condition de ces amah.



Avec ces deux textes, Eileen Chang m'a conquis. Si ces histoires sont peu mouvementées, elles sont d'une richesse assez extraordinaire. Les figures féminines sont très puissantes, nous avons là des femmes de caractère, qui luttent pour leur indépendance, malgré les difficultés de la vie. Les dialogues, surtout dans "Love in a fallen city" sont absolument magnifiques d'intelligence, d'élégance, de subtilité malicieuse...

Chacune des phrases échangées au sein de ce couple est intense, et traduit merveilleusement le jeu amoureux qu'ils alimentent avec plaisir, en indépendants et égoïstes, dixit l'auteur, qui tout en portant ses personnages, n'oublie pas d'en brosser les quelques travers, sans indulgence pour ses compatriotes.



L'auteur nous offre là de très beaux portraits de femmes chinoises, emblématiques de leur temps, dans une société shanghaïenne partagée entre le respect des traditions chinoises et la modernité occidentale des concessions. Et c'est aussi extrêmement instructif sur les moeurs des familles chinoises des années 1930-40.



C'est aussi une superbe découverte pour moi que cette femme admirable que fut Eileen Chang, exilée aux Etats-Unis mais tellement chinoise, indépendante, courageuse, provocatrice sans doute, et surtout très en avance sur son temps. Ce qui est d'ailleurs frappant dans son écriture est sa remarquable modernité, très actuelle ! Mais la lecture est une délicieuse dégustation, tant le texte est ciselé, les adjectifs précis, la langue belle, sans doute aidée par une traduction qui semble très réussie.

Superbe !





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Deux brûle-parfums

Deux courts romans de l'écrivaine chinoise Eileen Chang (1920-1995), écrits en 1943,se déroulant à Hong-Kong, à l'époque coloniale et retraçant les mœurs chinoises et anglaises d'une époque révolue.

Le premier récit est l'histoire d'une jeune collégienne, qui pour pouvoir poursuivre ses études à Hong-Kong, va demander l'aide de sa tante, une ancienne courtisane, bannie de la famille.Le marché conclu entre la jeune fille et la tante sera cruel...

Le deuxiéme, un récit encore plus cruel.Un anglais dans la quarantaine, professeur d'université respecté de la South China University s'éprend d'une jeune fille d'origine irlandaise,élevée dans une stricte discipline ,n'ayant aucune notion du désir sexuel d'un homme normalement constitué .La nuit de noce, épouvantée, elle s'enfuit le moins discrètement possible, laissant derrière elle, une image publique de mari pervers....

Dans la première histoire,la femme,dans la deuxiéme, l'homme se font prendre dans les nœuds du mariage.Les brûle -parfums brûlent le temps du récit et s'éteignent avec la fin, laissant le personnage avec son destin scellé.

Deux histoires originales,trés bien écrites,trés belle lecture,aux éditions Zulma(maison d'édition dont je raffole )!
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Un amour dévastateur

Découvert tout-à-fait par hasard, j'ai beaucoup aimé ce roman dont le titre est à double sens! L'autrice, Eileen Chang, a eu une gloire posthume, après s'être exilée aux Etats-Unis à l'arrivée du communisme et avoir continué à écrire en anglais. Ce roman-ci a été publié en 1943, alors que le Japon occupe sa ville natale, Shanghai; le récit, lui, se termine lors de la prise de Hong Kong par les Japonais. Les événements extérieurs sont peu abordés mais ont, au final, une grande importance quant à la conclusion du récit (d'où le titre, qui en anglais se traduit par Love in a fallen city).

Lio-Su, divorcée, apprend le décès de son ex-mari. Cet événement réveille la conscience de la famille de Lio-Su - dont tous les membres sont nommés en fonction de leur rang familial, par exemple Monsieur Troisième et sa femme, Madame Troisième!-. Lio-Su n'est pas la seule qu'il faudrait remarier pour l'honneur de la famille, il en est de même pour sa jeune soeur. Une proche de la famille, madame Hsü, se propose comme entremetteuse. C'est ainsi que Lio-Su rencontre Liu-Yuan, dandy élevé en Europe et de mauvaise réputation mais de bonne famille, avec qui elle va entretenir des relations ambigues et risquées pour sa propre réputation.

L'écriture est épurée, elle me rappelle certains films des années 50 ou 60 où rien ne se passe vraiment sinon au niveau psychologique. C'est un roman amoral, sans aucun doute très moderne pour son époque et d'ailleurs les oeuvres d'Eileen Chang ont été censurées pendant de nombreuses années en Chine.

Je garde le nom de l'autrice en tête et je lirai sans doute d'autres livres d'elle.

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Deux brûle-parfums

Deux longues nouvelles, ou courts romans composent ce livre. Dans le premier, une jeune femme, Wei-lung vient solliciter une tante inconnue, considérée un peu comme la honte de la famille, de l’aider à rester à Hongkong pour terminer ses études, alors que la famille repart pour Shanghai. Madame Liang, accède au final facilement à la demande de Wei-lung, pensant d’une façon très cynique y trouver son compte. Wei-lung va découvrir un monde très loin de celui qu’elle a connu jusque-là, avec des dangers et tentations qu’elle ne soupçonnait pas.



Dans le deuxième texte, c’est un respectable professeur anglais de Hongkong qui se trouve soumis à une tentation trop forte, en la personne d’une jeune fille de bonne famille, qu’il ne peut s’empêcher de vouloir épouser. A ses risques et périls…



Les textes d’Eileen Chang, ironiques et brillants, décortiquent les âmes, les sentiments, les apparences sociales, les égoïsmes et stratégies. L’amour semble être une duperie, ne mener qu’à la catastrophe, au malheur. Sa peinture de la société anglaise est un peu moins convaincante, peut-être un peu caricaturale, même si elle pointe une hypocrisie, une façon d’éduquer les filles et de poser les rapports entre les hommes et les femmes basé sur des mensonges. Mais au final, les façons de faire chinoises, plus pragmatiques et franches, ne sont pas moins cruelles et destructrices sur les êtres. Il semble difficile, voire impossible de bâtir des relations sincères, sans arrière-pensée, sans instrumentaliser l’autre. Le poids de la famille, des structures sociales, de l’argent, des convenances, est très lourd.



Eilleen Chang écrit des textes dans lesquelles les relations amoureuses occupent une place centrale, mais totalement dénués de tout sentimentalisme. Sa plume est acérée, son œil ne laisse rien échapper. C’est cruel sans doute, mais elle n’est pas dépourvue d’intérêt, voire d’empathie avec ses personnage, et il y a un certain humour malgré tout. Un ton et une écriture vraiment très personnel en font un auteur passionnant. Dommage que ses romans et nouvelles ne soient pas plus traduits en français.
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Deux brûle-parfums

Je me replonge avec plaisir dans les magnifiques nouvelles de Zhang Ailing avec ces deux brûle-parfums.



Cette auteure avait un talent fou et ce, dès l'âge de 23 ans, moment où elle a écrit ces deux nouvelles ainsi que ses œuvres principales, nouvelles qui donnaient un très bon aperçu de son style et des thèmes qui lui tenaient à cœur.



Dans le premier brûle-parfum, Zhang Ailing nous narre le destin de Ge Weilong, jeune fille à Hongkong prise en charge par sa tante madame Liang. Zhang Ailing nous fait le portrait âpre d'une désillusion, d'une amiureuse déconvenue et désabusée dans ce Hongkong colonial étouffant.



Dans le deuxième brûle-parfum, nous intégrons le cercle des expatriés avec Luojie (Georges ?) Et sa nouvelle femme Suxi (Suzy ?). Là aussi il est question de désillusion et de destin brisé. La plume de Zhang Ailing est acérée et la critique envers une éducation extrêmement prude bien sévère (ce thème sera d'ailleurs repris par Ian McEwan dans son roman "Sur la plage de Chesil"). Nous y voyons une jeune femme ignorante de la vie maritale, ce qui portera de grands préjudices à son mari.



Zhang Ailing a une plume exquise, ses métaphores sont magnifiques et ses descriptions minutieuses. Elle nous donne moults détails sur les paysages, les vêtements, et installe une ambiance si particulière. Elle met en avant des destins de femmes, souvent malheureux, des femmes qui souhaitent s'échapper des carcans traditionnels mais rattrapées par la société étouffante, que ce soit la société chinoise ou celle formée par les étrangers en Chine.



La narration de ces deux brûle-parfums est très intéressante puisqu'elle commence en allument ce fameux brûle-parfum et se termine quand ce dernier s'éteint. Ce format nous montre que le temps nous est compté, que nous allons vers une fin inéluctable. Cela ajoute une tension dramatique au récit.



Je conseille de tout cœur à tous de découvrir Zhang Ailing, une auteure prodigieuse et intemporelle ! (En espérant que la traduction soit à la hauteur de la version originelle, mais je dois avouer que traduire une œuvre de cette auteure est un exercice particulièrement difficile).
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Lust Caution

La lecture des nouvelles de Zhang Ailing est toujours un réel plaisir ! C'est une auteure incroyable qui mériterait d'être lue par plus de monde.

Ce recueil de quatre nouvelles montre bien son talent : des descriptions fleuries et très minutieuses, des femmes au caractère bien trempé, reflet de la jeunesse des années 20/30 et 40 en Chine (ces nouvelles ont toutes été publiées dans les années 1940). Elle a un style tellement à elle et tout simplement magnifique.

Je me suis beaucoup attachée aux personnages de chacune des nouvelles, qui ont tous des sentiments très complexes.

"Bouclage" nous donne une illusion de rêve, d'une narration en dehors du temps. Nous avons l'impression que les faits et paroles échangés le temps de l'arrêt du tram se sont évaporés au redémarrage, comme si rien ne s'était passé. J'aime beaucoup cette sensation que l'auteure a su créer avec brio.

J'ai également aimé la détermination et l'esprit rebelle des jeunes filles de "Faïencerie" qui savent ce qu'elles veulent et ne cèdent pas, ainsi que la grande complexité de l'amour malsain de la jeune fille de "Méridien du cœur" pour son père. C'est d'ailleurs un thème incroyable pour l'époque !

Concernant "Lust, caution", cette nouvelle est un chef-d'oeuvre. Elle a d'ailleurs été (très bien) adaptée en film par Li Ang, avec des acteurs exceptionnels. Mais revenons en au texte en lui-même qui est parfait. Zhang Ailing a su mettre les mots justes sur les émotions de cette jeune femme tiraillée entre son devoir et l'amour. Les descriptions sont fabuleuses et nous donne un très bon aperçu de l'époque avec les concessions étrangères dans la ville ainsi que l'occupation par les Japonais.

Je ne peux que vous conseiller de lire ce magnifique recueil de nouvelles qui rend bien compte de tout le talent de Zhang Ailing, de la finesse de ses descriptions et de la complexité de ses personnages.
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L'Amour dans une ville déchue

Lio-su est une chinoise de vingt huit ans qui est est retournée vivre chez ses parents parmi ses frères et belle soeurs après avoir divorcé.

L'histoire commence avec la nouvelle de la mort de son ex-mari, un incident soudain qui perturbe l'atmosphère silencieuse de l'honorable famille Bai. Le clan, las de supporter une fille divorcée et sans le sou, la pousse à retourner dans la maison de son ex-époux pour endosser le rôle de veuve fidèle. Mais Lio-su refuse de porter le deuil de celui qui l'a bafouée, elle préfère se remarier pendant qu'il en est encore temps. Elle se rend bien compte que c'est la seule façon d'échapper à la tyrannie d'une famille avec laquelle les liens affectifs sont rompus depuis longtemps. Par hasard, elle fait la connaissance de Fan Liu-yuan, un chinois né en Grande-Bretagne, héritier d'une grande fortune et redoutable Don Juan. Entre eux naît une idylle complexe où chacun veut arriver à sas fins: lui veut la séduire, elle veut se faire épouser.

Situé à Shanghai et à Hong Kong, ce court roman décrit les difficultés d'une femme pour trouver un équilibre entre la respectabilité et la liberté. Prise au piège par les contraintes sociales, jonglant avec modernité et tradition, elle se débat pour trouver le bonheur. J'ai aimé la façon dont Lio-su et Liu-yuan jouent au chat et à la souris, on ne sait plus trop qui est le chat et qui est la souris. Il n'y aura que la terrible bataille de décembre 1941, qui fait tomber Hong Kong entre les mains des japonais ( d'où le titre du roman ) pour les aider à éclaircir leur relation.

C'est aussi une évocation féroce de la vielle garde chinoise engluée dans ses traditions ancestrales et qui ne va pas tarder à disparaître.

L'écriture d'Eileen Chang est claire et limpide. C'est la première fois que je ne me perds pas dans un roman chinois où l'abondance de noms trop compliqués m'embrouille et me fait perdre le fil de ma lecture.

Love in à fallen city est suivi d'une nouvelle mettant en scène une domestique chinoise au service d'un étranger.

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Deux brûle-parfums

Parfois, rarement, il m'arrive de ne pas aller au bout d'une lecture. Ces Deux brûle-parfums se consumeront sans moi. Aucune adhésion, adhérence, beaucoup d'agacement à lire des relations entre des personnages que j'ai trouvés sans profondeur, évoluant dans une société surfaite. Par moment, des relents de mes très anciennes lectures de Pearl Buck me sont remontés à la gorge. Et c'est là que j'ai feuilleté rapidement les pages jusqu'au bout sans vraiment les lire.
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Deux brûle-parfums

Ce livre rassemble deux petits romans, intitulés :"brûle parfum - copeaux de bois d'aloès". Ils racontent l'histoire de deux vies qui se consument. L'une plus lentement que l'autre. Sous des dehors jolis, raffinés, nous assistons à une sorte d''etiolement d'un côté comme de l'autre. Ce livre est une lecture aigre douce un peu ambiguë comme il s'en rencontrent souvent dans la littérature orientale.



Tout le long de ce deux récits, le rappel de ces copeaux qui se consument nous est fait au travers d'indices tels que des brûlures diverses, des trous dans les objets, etc. et la vision poétique n'en est que sublimée, ravissante. On pourrait lire le livre deux fois et y trouver de nouvelles choses.



Dans le premier récit, il s'agit d'une collégienne, Wei-Long, qui vient solliciter sa tante Liang, afin que celle-ci puisse éventuellement subvenir à ses besoins. Commence alors pour elle une nouvelle vie dans sa nouvelle demeure, avec cette tante qui est courtisée et qui mène grand train. Wei-Long tombe amoureuse d'un jeune homme lors d'une fête, et c'est de cette histoire compliquée dont il s'agit. Je ne vous raconterai pas tout, mais un des grand mérites de ce livre est aussi de vous prendre par la main pour vous faire réfléchir beaucoup beaucoup.



Pour le deuxième récit, il s'agit d'un couple de jeune mariés, Roger et Susie. Susie le soir des noces, fait une fugue, et met Roger dans un embarras monstre, si bien que le futur devient soudain pour lui une perspective assez angoissante.



J'ai aimé cette lecture, pleine de richesses et de délicatesse. À lire bien-sûr.
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Deux brûle-parfums

Au début de chacun des deux courts romans, l’autrice nous invite à allumer des copeaux d'aloès dans un brûle-parfum. Quand ils seront consumés, l’histoire sera terminée.



Les deux récits se situent dans le Hong Kong colonial du début du XXe siècle, au sein de la communauté chinoise d’une part et dans le milieu des colons britanniques d’autre part. Les personnages principaux, une jeune Chinoise et un Anglais d’âge mûr, sont tous les deux bernés par les mirages de l’amour et confrontés à la perte de leurs illusions, impuissants à réagir malgré les signes annonciateurs d’une catastrophe.



Le premier brûle-parfum m’a semblé assez classique et ne m’a pas complètement convaincue, mais le second m’a agréablement surprise. Le style reste délicat, mais j’ai trouvé ce dernier texte plus original et touchant. L’histoire de ce professeur sans envergure dont la routine est bousculée par un mariage (pour le pire seulement) pourrait être comique si elle n’était pas aussi cruelle.

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L'Amour dans une ville déchue

Une jolie découverte pour ce livre prêté par une amie. Cet ouvrage est constitué d’un court roman de 108 pages, Love in a fallen City, et d’une nouvelle de 50 pages, Ah Hsio est triste en automne, l’étude aux fleurs d’amarante.

Love in a fallen City :

Shanghai, 1941. Une famille traditionnelle (plusieurs générations, frères, sœurs, belles-sœurs, beaux-frères, neveux, nièces) sous le même toit. Une seule idée occupe l’esprit de la douairière, marier les deux plus jeunes sœurs encore célibataires. Cela devient urgent. La marieuse recherche le candidat idéal. Alors, remarier Pai Lio-Su, jeune divorcée de 28 ans revenu au bercail est bien le cadet de ses soucis. Le divorce ? Une modernité qui ne devrait pas être et qui apporte bien des ennuis aux familles de ces femmes, poisse et déshonneur.

Alors, quand le prétendant choisi pour la fille n°7 est attirée par la divorcée, rien ne va plus et celle-ci doit fuir Shanghai pour Hong Kong.

Dans la Chine des années 40, chacun, et surtout chacune doit rester à sa place selon son rang et sa condition. Ces personnages sont cloisonnés dans leur rôle social et ne doivent pas en déroger. Ces portraits de personnages sont aussi des tableaux de la société.

Ah Siao est triste en automne :

Tinh Ah Siao est la domestique d’un étranger célibataire, avare et séducteur. C’est à travers son regard qu’on vivre cet homme et les femmes qui gravitent autour. C’est aussi une analyse de la vie des amah chinoises. Ah Siao a un fils et un concubin. Il y a peu d’argent, la vie est rude et on décrit la vie de ces femmes venue de la campagne pour travailler à la ville, campagne ou elles doivent retourner une fois que leur famille leur aura trouver un mari…Cette nouvelle dresse un tableau des conditions sociales de ces femmes, la richesse des employeurs étrangers, la pauvreté, le mariage, le regard de l’autre…



J’ai apprécié la découverte de cette auteure née en Chine ( 1920), puis exilée aux Etats-Unis ( 1955) où elle meure en 1995. Elle est l’observatrice des traditions chinoises, baignée par le vent de la modernité dans laquelle elle vit.

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Deux brûle-parfums

Deux brûle-parfums, ce sont deux court romans dont l'action se situent à Hong Kong à l'époque coloniale.



Dans le premier brûle-parfum, Ko Wei-lung est une jeune Shanghaienne d'origine modeste qui demande à Madame Liang, sa riche tante à la réputation sulfureuse, de l'héberger pour pouvoir continuer ses études à Hong Kong. Bien qu'elle ait presque atteint la cinquantaine, Madame Liang, une mondaine sur le déclin, se fait appeler "Jeune madame" par ses domestiques et voit en Wei-lung une nouvelle occasion d'attirer de jeunes hommes dans ses soirées... Wei-lung s'y résout au risque de perdre ses illusions et son innocence.



Dans le deuxième brûle-parfum, Roger Empton est un professeur respecté de la South China University à Hong-Kong, sur le point d'épouser la jeune et belle Susie Mitchell. Cette dernière, de par son éducation incomplète, ne connaît rien à l'amour et aux plaisirs de la chair. Lors de sa nuit de noces, elle réagit très mal au point de compromettre la réputation de Roger...



Quel plaisir que de plonger dans ces deux romans qui évoquent une société partagée entre les traditions et la modernité occidentale. Le choc de culture est très bien représenté par Eileen Chang qui nous fait ressentir l'ambiance coloniale comme si on y était. On y aperçoit les mauvais travers et l'hypocrisie d'une société mondaine qui se veut trop moralisante tout en acceptant certains comportements indécents, une société où les femmes manquent d'éducation sexuelle par puritanisme, ou bien se laissent aller à tous leurs désirs.



L'écriture d'Eileen Chang est agréable et nous embarque dans son univers dès le début par ses mots qui ouvrent le récit : Retrouvez chez vous, s'il vous plaît, un vieux brûle-parfum de famille tout constellé de vert-de-gris, allumez-y des copeaux d'aloès et écoutez-moi vous raconter une histoire du Hongkong d'avant-guerre : lorsque les copeaux auront fini de brûler, mon histoire, elle aussi, sera terminée.



Deux brûle-parfums est une très belle découverte et je remercie grandement Babelio et les éditions Zulma pour leur confiance.
Lien : http://leschroniquesassidues..
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Deux brûle-parfums

Une écriture étonnamment délicate pour relater des vies atrocement mutilées... J'oserai dire que, pour moi, ce roman est le reflet de la culture chinoise du XXe , j'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture, malgré le message mortifère que véhiculent ces deux brûle parfums.
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Deux brûle-parfums

Deux brûle-parfums est composé de deux romans, courts, qui se savourent lentement, mais d'une traite.



Dans ces deux romans, le lecteur découvre la vie à l'époque coloniale, une époque qui reste encore mal connue et qui est subtilement et habilement analysée par l'auteur.



Dans le premier brûle-parfum, Wei-lung, une jeune fille chinoise, vient solliciter la protection de sa tante, une riche femme mondaine qui se bat pour ne pas perdre son statut au sein du cercle dans lequel elle évolue et qui est pourtant sur le déclin. Pour ce faire, elle va utiliser sa nièce.



Dans le second brûle-parfum, le professeur anglais Roger Ampton épouse une jeune femme idéale, qui ne connaît pourtant rien du désir.



Ces deux romans révèlent donc l'intime d'une société décadente et offrent un moment de lecture agréable, car ils sont merveilleusement bien écrits.
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Deux brûle-parfums

Deux brûle-parfums, deux histoires, une ville : Hong-Kong, une période : l'avant-guerre.

La première nous plonge dans la vie côté des natifs de Hong-Kong ou de la Chine. La seconde nous plonge du côté des émigrés, les anglais.



Ko Wei-lung ne voulait pas retourner à Shangai car elle voulait poursuivre ses études à Hong-Kong. C'est pourquoi, elle demande à sa tante son aide. Cette dernière accepta, y voyant l'intérêt d'avoir de la compagnie et à travers sa nièce attirer de jeunes étalons. Madame Liang est veuve, riche, est réputée pour ses soirées mondaines et attire beaucoup de profiteurs qui en veulent à son argent. Ko Wei-lung découvrira à travers sa tante un nouveau monde et modifiera à travers elle, sa propre vie.



Roger est professeur et maître d'internat dans une université de Hong-Kong. Après un long célibat, il va se marier avec Susie, qui est tombée amoureuse de lui. Mais ce qu'il ne sait pas, elle n'apportera pas de la joie dans sa vie.



"Deux brûle-parfum" est une agréable lecture qui nous transporte sur ce confetti colonial du bout du monde au porte de la Chine. Deux styles, deux histoires, deux communautés, deux jeux de séduction, deux jeux de trahisons. Eileen Chang, à travers ces deux romans, a réussi un livre avant-gardiste, en scindant avec brio la culture traditionnelle et la culture occidentale. La culture traditonnelle n'est pourtant pas exactement ce à quoi le lecteur s'attendra.
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Lust Caution

A travers ces nouvelles une analyse subtiles des émotions, des premiers émois de jeunes filles chinoises . Bien que cela se passe en Chine dans les 1930 elles tendent à l'universel .des textes qui traversent l'espace et le temps ,une belle reconstitution de l'ambiance de l'époque néanmoins
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L'Amour dans une ville déchue

Premier échec dans mes lectures de 2019. je crois simplement que je suis passée à côté de ce roman qui fait un peu plus de 100 pages.



Déjà, je dois reconnaître que la forme m'a gênée : pas de chapitres, ni de saut de ligne, à peine un petit retour à la ligne de temps en temps.



Ensuite j'ai trouvé que tout était précipité, et que l'on passait son temps à courir derrière l'auteur pour essayer de la rattraper. Pourtant j'avais beaucoup aimé la première page, qui évoquait justement le rapport au temps, mais ensuite tout allait beaucoup trop vite pour moi.



Première incursion dans la littérature chinoise pas franchement réussie donc...
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L'Amour dans une ville déchue

Pai Lio-Su n'a pas trente ans mais mariée très jeune à un mari violent, déjà divorcée...

Pour sa famille sa vie honteuse est pour ainsi dire finie mais au moment de la tentative d’arrangement du mariage de sa soeur cadette, la Septième Demoiselle, par Madame Hsu, à Monsieur Fan Liu-yuan, riche héritier, aux moeurs décadentes, celui ci semble s'intéresser à elle lui proposant de le suivre à Hong Kong... Liu-yuan a-t-il des intentions honorables, ou ne cherche-t-il qu’une nouvelle maîtresse ?

Durant un périple semé d'embuches, leur histoire d'amour prend forme avec douceur dans un récit confidentiel et poétique et connait enfin son apogée au moment de la guerre sino japonaise.

Un très beau texte profondément touchant, qui transporte le lecteur dans l'Asie des années 40, empreinte de traditions ancestrales...



Texte suivi d’une courte nouvelle " Ah Hsiao est triste en automne" contant l'histoire de deux amahs... et le lecteur plonge dans la vie d'une domestique d'un maitre occidental avare et don juan, dressant un portrait acerbe des nantis occidentaux vivant à Shanghaï à cette époque...

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Deux brûle-parfums

Eileen Chang est une écrivaine née en 1920 qui a commencé à écrire dès ses vingt ans et a fini sa vie en 1995 à Los Angeles. Deux brûle-parfums est écrit en 1943. Je ne suis point féru ni même amateur de littérature asiatique, j'ai toujours un peu de mal à entrer dedans. Ce livre fait un peu exception, parce que j'y ai trouvé beaucoup de charme et d'élégance dans l'écriture, dans les histoires joliment racontées qui sont quand même assez terribles, désenchantées et font la part belle à des personnages qui ont franchi les limites de la bonne société (notamment dans le premier brûle-parfum). Quelques passages descriptifs m'ont semblé longs, répétitifs, mais l'ensemble est plaisant, feutré, rien n'est expressément dit, tout est suggéré ; là où l'on aurait pu faire un roman trash, l'auteure fait dans la délicatesse. Elle crée des personnages en proie aux soucis de l'époque dans la belle société argentée ou en grand désir de l'être. Les passions, les ruses, les mises en scène, la rumeur, rien n'est éludé. Ni même le racisme ordinaire en cours à Hong Kong à l'époque : "Mais oui, (...) je suis une sang-mêlé, moi aussi j'en souffre. Regardez, les seuls partis que nous pourrons trouver, ce sont des garçons comme nous. Certainement pas des Chinois, parce qu'avec notre éducation étrangère nous ne pouvons pas nous entendre avec les Chinois de souche. Pas des étrangers non plus ! Lequel parmi les Blancs qui vivent ici n'a pas de préjugés raciaux ? Et même si l'un d'entre eux voulait un tel mariage, la société s'y opposerait. Celui qui épouse une Orientale, il peut faire une croix sur sa carrière. Personne, de nos jours, ne serait encore assez stupidement romantique pour s'y risquer." (p.69/70) Comme quoi, rien en change...



Pour résumer : une bien agréable surprise que cette traduction -tardive- d'Eileen Chang qui n'a rien à envier aux meilleurs écrivains occidentaux de l'époque tant par son écriture que par l'ambiance qu'elle crée, charmante, très bonne société anglaise du début du siècle dernier avec des personnages ciselés, totalement coincés par les carcans de la société dans laquelle ils vivent.
Lien : http://lyvres.fr
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