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Critiques de Elizabeth Bowen (47)
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Emmeline

Voilà un roman typiquement Anglais, brillamment écrit dans les années 30, un ouvrage où Elizabeth Bowen donne une réelle importance aux fleurs de jardin, aux lieux, aux paysages avec délicatesse dans un style fluide et poétique, pour le bonheur du lecteur!

Une atmosphère quelque peu surannée où les drames se nouent à l'heure du thé, un roman subtil, satirique, un univers feutré où les confidences anodines ou non s'égrènent lors de conversations impromptues.

Emmeline et Cécilia, l'une célibataire, l'autre veuve, partagent la même maison à Londres.

Ces jeunes femmes de la bonne société recherchent l'amour et attirent les convoitises masculines.

Emmeline, âgée de vingt - cinq ans qui dirige une agence de voyages avec son associé est secrète , naïve, peu encline aux confidences, timide et peu sûre d'elle dans le domaine affectif, très indépendante pour son temps dans le domaine professionnel.

Cécilia, sa belle- sœur est au contraire, audacieuse,sûre d'elle, charmante, pétillante,à l'humour incisif."Cécilia, veuve de vingt- neuf ans,s'étonnait de se laisser entraîner par les frêles fils du sentiment et de la prédilection, vers l'île ou les bois de Saint- John, les jonquilles n'avaient peut-être pas fleuri encore".

"Emmeline, grande, mince de corps et de mains, elle,avait le geste nonchalant et inconséquent. Pour 25 ans, elle paraissait très jeune, ou plutôt sans âge."

Cécilia cherche le confort après un mariage vite achevé...

Emmeline se laisse séduire par un égoïste.... l'auteur décrit parfaitement les atmosphères délétères qui transforment une vie en enfer....

L'odieuse Lady Waters parente des deux filles n'a pas d'enfants et ne tolère absolument pas que ces deux jeunes filles soient sans mari.

Deux femmes qui cherchent l'amour, l'une conventionnelle,l'autre trop en avance sur son temps, ce qui les conduira vers un destin contraire....

Un ouvrage plein d'amertume à propos des femmes au début du vingtième siècle

où les sentiments n'étaient rien dans la société de ce temps là au regard des bonnes mœurs.....

Un ouvrage très bien écrit au rythme trop lent entre inquiétude et insouciance.

La quatrième de couverture parle de vengeance, cela induit le lecteur en erreur.....il ne faut pas en tenir compte....



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Un monde d'amour

Début des années 50, une vague de chaleur accable la campagne irlandaise. Dans la propriété de Montfort, Antonia règne mollement sur la famille de Lilia qu'elle a pris sous son aile jalouse depuis la mort sur le front en 1918 du fiancé de cette dernière, Guy. Guy était le cousin d'Antonia et le propriétaire de Montfort…

Lasse de voir Lilia incapable de se fixer, Antonia lui a fait épouser Fred, un cousin éloigné, qui joue le rôle d'intendant du domaine. Deux enfants sont nées de cette union arrangée, Jane et Maud.



Alors que la canicule s'est installée attisant les tensions entre les membres de cette communauté hétéroclite, Jane a découvert au grenier la correspondance de Guy et se délecte de ses lettres d'amour. Mais avec la réapparition de ces lettres vont resurgir les fantômes du passé, les sentiments enfouis, et la présence de Guy hanter la maison tandis que Jane poursuit son éducation amoureuse…



Une impression d'irréalité domine ce roman, accentuée par la très belle écriture d'Élisabeth Bowen. On est projeté dans l'univers subtil des souvenirs, des regrets, des sentiments, de la séduction, de l'apprentissage de l'amour, de sa cruauté. Lecture parfaite pour la saison d'été quand la chaleur devenue trop intense met le temps entre parenthèses et nous oblige à ralentir le rythme.

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Petits bavardages sans importance



Première intrusion dans l'univers d'Elisabeth Bowen, par le biais de ce recueil de nouvelles, écrites entre 1923 et 1944.J'ai lu qu'elle excellait dans ce genre littéraire et j'ai donc voulu satisfaire ma curiosité.



L'ensemble m'a plu mais j'ai un sentiment mitigé envers certains textes, auxquels j'ai moins accroché, en raison surtout du peu d'intérêt, je l'avoue, porté aux personnages ou à l'histoire racontée. Je pense en particulier à la première nouvelle"La confidente". Même si la fin présente une chute, je me suis un peu ennuyée et ai eu l'impression d'une scène trop théâtrale , dans un univers bourgeois suranné. Mais c'est vrai qu'elle date de 1923, il faut donc la replacer dans son contexte.



Par contre deux aspects ont retenu mon attention, et non des moindres: le style, tour à tour poétique, incisif, ironique, un vrai régal ! Et le remarquable don d'observation, la finesse psychologique qui transparaissent à chaque instant. Voilà une auteure qui sait nous montrer les faiblesses de chacun, l'âme humaine dans tout son ambiguïté, ses contradictions.



Deux portraits d'adolescentes, notamment, "Maria" et "La Contessina" sont saisissants de cruauté et de fourberie! Deux toutes jeunes filles à la perversité très raffinée!



Au coeur de domaines anglais, durant le Blitz à Londres ou dans un hôtel italien, se jouent des drames, des passions qui dévorent...jusqu'à la mort parfois, mais aussi des comédies grinçantes, le tout servi par une plume exquise.



A découvrir! Rien que l'écriture en vaut la peine. J'aimerais lire aussi l'un de ses romans. Si quelqu'un peut m'en conseiller un, j' en serais ravie!



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Emmeline

Des années que ce roman trône dans ma PAL, et dans mon inconscient je me le réservais un peu comme une gourmandise, me promettant une lecture à la fois intime et lumineuse comme peuvent en offrir les romans anglais de l'entre-deux-guerres.



Hélas, mon enthousiasme a rapidement été douché par le style abscons et souvent impénétrable d'une auteur plus maniérée que poétique. Les dialogues - très souvent décalés pour un lecteur d'aujourd'hui - usent de tournures de phrases totalement surannées qui au lieu d'apporter du charme plombent désagréablement la cohérence du récit, évoquant le plus souvent des dialogues de sourds. J'en ai relu certains plusieurs fois sans y rien comprendre.



Années 30, Londres.

Cécilia, jeune veuve, et Emmeline, jeune célibataire à la tête d'une agence de voyages, sont belles-soeurs et vivent en colocation dans une charmante maison, ordonnancée dans l'ombre par de discrètes femmes de chambres. Leurs existences sont très festives mais même si les deux jeunes femmes sont très attachées l'une à l'autre, elles ne fréquentent pas à toute force les mêmes cercles, même si, entendons-nous bien, on évolue toujours dans la gentry londonienne, classe triomphante de la période.



Côté action, il ne se passe pas grand'chose, c'est le moins qu'on puisse dire. Les parcours croisés de Cécilia et d'Emmeline, s'ils offrent deux portraits de femme prometteurs, manquent de profondeur et s'évaporent un peu plus à chaque page, au gré des états d'âmes et des vapeurs de ces dames. De même, si l'amour constitue bien la vraie trame du roman, il se dilue lui aussi dans des situations pleines de sous-entendus, écrites comme "à demi-mot" ; le lecteur en est donc réduit à une concentration laborieuse pour décrypter chaque phrase, chaque parole.



Je pense que si l'éditeur a choisi "Emmeline" comme titre (versus "To the North", en VO), c'est qu'il s'est particulièrement attaché à cette héroïne, invitant le lecteur à faire de même, au détriment de Cécilia. Emmeline est une femme au caractère indépendant qui voudrait bien croire en l'amour mais qui tombe hélas sur le mauvais cheval. Il y a bien sûr une audace à avoir mis en scène à cette époque une jeune célibataire résolument déterminée à ne pas se laisser marier par convenance et à mener sa carrière de business woman. Très moderne, férue d'aviation et de voyages, Emmeline propose en effet une image peu convenue de la femme en mutation mais son manque de consistance, accentué par l'imperméabilité du style d'Elizabeth Bowen, aura eu raison de mon intérêt.
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Emmeline

Récemment veuve, Cecilia rentre à Londres. Elle n’a qu’une hâte, celle de retrouver sa jeune belle-sœur, Emmeline. « Ce mariage, si bref qu’il n’avait pas perdu son caractère d’évènement, avait transformé Cecilia d’une jeune fille véhémente et mystérieuse en une veuve stupéfaite. Elle se sentait perdue dans la vie. L’incrédulité qui avait marqué son entrée dans le bonheur donnait encore le ton à sa douleur. » (p. 19) Les deux jeunes femmes partagent un logement et sont heureuses l’une auprès de l’autre.

Cecilia est audacieuse et parfois indélicate. Emmeline est plus sensible et plus romantique. Pourtant, bien que plus jeune et plus inexpérimentée, elle semble plus sage que sa belle-sœur. « Le point de vue d’Emmeline était l’un des rares repères de Cecilia. » (p. 65) Mais les amours sont toujours objet de discorde dans un quotidien idyllique. Cecilia commence à fréquenter Julian, un riche oisif. De son côté, Emmeline succombe au charme de Mark Linkwater, un quadragénaire un rien butor. Insensiblement, les deux amies s’éloignent l’une de l’autre et suivent les inclinations de leur cœur.

Me voilà très déçue par ce roman et j’accuse la quatrième de couverture qui présente les dernières pages. Je me suis donc puissamment ennuyée et impatientée en lisant la première partie. Ensuite, le mal était fait et je n’ai pas réussi à m’intéresser à ce roman qui est pourtant brillamment écrit. L’indolence insolente des personnages m’a agacée. En outre, je n’ai pas retrouvé l’ambiance si particulière des années 1930, entre insouciance et inquiétude. Bref, la quatrième de couverture a gâché tout mon plaisir. Abstenez-vous de la lire !

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Eva Trout

Eva Trout est une jeune orpheline, bientôt richissime héritière de son père. Fuyant son tuteur, ancien ami de son père, elle part chez une ancienne enseignante vivant en couple, fréquente la famille d'un pasteur, les quitte rapidement pour une maison isolée au bord de la mer, puis va aux Etats-Unis où elle a un fils et revient quelques années plus tard, les péripéties avec les mêmes personnages continuant de s'enchaîner.

Dernier roman d'Elizabeth Bowen, écrivaine anglo-irlandaise contemporaine et amie de Virginia Woolf, Eva Trout est construit autour de quelques scènes essentiellement dialoguées, dans lesquelles se confrontent les différents protagonistes, et qui apparaissent comme autant de fragments et de facettes destinés à éclairer la personnalité et la destinée de l'héroïne.

Car on peut se demander quelle est la personnalité d'Eva. Elle a surtout soif d'autonomie et d'indépendance, mais elle se heurte continuellement aux convoitises et aux désirs de ceux qui l'approchent. Elle est un miroir dans lequel les autres se réfléchissent.

Pour se défendre, elle développe deux stratégies, la fuite et le mensonge, mais celui-ci ne tarde pas à se retourner contre elle. Ses ennemis réels ou imaginaires s'épient, se trahissent, se déchirent ou se rapprochent pour mieux la posséder, elle, sa beauté ou sa fortune.

Eva est abandonnée, par sa mère qui quitte le foyer et meurt dans un accident d'avion, par son père qui se suicide, et par l'enseignante admirée chez qui elle a trouvé refuge. Pour tenter d'interrompre ce cycle infernal, elle adopte un enfant dont le handicap ne lui permettra pas d'entrer en communication avec lui.

Ce livre, dont la construction et les recherches formelles déconcertent, est un jeu de pistes, où rien n'est donné d'emblée, et où l'étau se resserre petit à petit.

Nous sommes dans un monde d'illusions, d'apparences, de faux-semblants où toutes les situations et les dialogues, taillés comme des diamants et retravaillés sans cesse par l'autrice, peuvent être interprétés de multiples façons.

Elizabeth Bowen a, semble-t-il, voulu mettre beaucoup de choses dans ce livre aux accents autobiographiques, écrit à la fin de sa vie : la quête d'une mère perdue très jeune, l'importance des maisons et châteaux, abandonnés eux-aussi, la puissance de l'argent, la difficile construction de la personnalité quand on n'a pas d'attaches, les ambiguïtés de toute forme de communication et les échanges entre les personnages sont, à ce titre, tout-à-fait éloquents...

Eva Trout est un livre passionnant, difficile d'accès, qui donne envie de réhabiliter cette écrivaine moderniste et de poursuivre la découverte de son oeuvre.















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Emmeline

Cécilia et Emmeline vivent ensemble dans une maison. Les deux jeunes femmes au caractère très différent se connaissent bien. En effet, Cécilia s'est mariée avec Henry, le frère d'Emmeline. Malheureusement l'union fut de courte durée car Henry est décédé. Au cours d'un voyage en train, Cécilia rencontre Markie, lequel va commencer une relation avec Emmeline.





L'histoire relate les relations amicales des deux jeunes femmes, leurs amours, l'omniprésence de Lady Waters qui passe son temps à présumer de ce qui serait mieux pour chacune d'elle et à faire des commentaires sur leurs relations.

Une ambiance anglaise bien restituée avec des personnages secondaires qui viennent étoffer l'histoire. Je trouve d'ailleurs qu'ils sont moins lisses que nos quatre personnages principaux.

Malheureusement, ma lecture a été gâchée par les nombreuses erreurs, maladresses de traduction. Au bout de 140 pages il y avait déjà un bel échantillon.

Je trouve cela insupportable et inadmissible. Je n'arrive pas à comprendre que cela n'interpelle pas l'éditeur à défaut d'interpeller le traducteur.

Et ce qui m'agace est qu'à un moment on finit par douter de soi.



J'ai eu droit à :



Ne prenez pas chaud (j'ai cherché sur le site du CNRTL et dans le dictionnaire vivant de la langue française et non, cela n'existe pas)

un bonnet de soleil (le chapeau aurait mieux convenu)

Ils bondissaient à tout coup des coulisses (à tous coups existe mais pas à tout coup)

Nous sommes passés devant un hôtel si gentil (à mon avis il s'agissait de "nice" en VO)

"Combien avez-vous d'enfants ? Deux. Comme c'est gentil" (Là encore, il devait y avoir "nice". Je ne vois pas en quoi c'est gentil d'avoir des enfants....)

Markie vient dîner. J'ai pensé que cela pourrait être gentil.

J'ai mangé un gros breakfast (bon, note à l'attention du traducteur : en France on a un mot pour traduire breakfast : petit-déjeuner)

Elle est occupée avec lui (alors dans le sens du texte c'est : elle est amoureuse de lui. Donc oui, quand on est amoureuse on peut être occupée mais être occupé n'est pas être amoureux).

Le sonnaillement du plateau

Le pharos (une âme charitable sait-elle ce que c'est ?).

Emmeline se livrait devant un grape-fruit à ses fraîches réflexions (là encore je ne vois pas pourquoi grape-fruit n'est pas traduit... Vous irez demander à votre primeur trois grape-fruits).

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Les Petites Filles

Ce roman m’a touchée. Je me suis attachée à cette histoire d’enfance et d’amitié, qui interroge le destin, la destinée, ou qu’importe le nom donné au fil tendu entre premier cri et dernier soupir.



Dans Les petites filles, Elizabeth Bowen prend l’angle d‘une amitié d’enfance interrompue par la guerre. Diana, Clare et Sheila sont meilleures amies. Elles ont onze ans au printemps 1914 et vivent dans une mignonne petite ville de la côte sud-est de l’Angleterre, école perchée sur la falaise et pique-niques sur la plage. Elles se sont inventé des noms de code, Dicey, Mumbo et Sheikie, et d’improbables missions secrètes.



Au début du roman, cinquante ans ont passé. Les trois amies ne se sont jamais revues depuis l’été 1914 et se sont oubliées. Mais un jour, Diana a un déclic et cherche à les retrouver en passant de rocambolesques petites annonces dans les quotidiens locaux et nationaux. Il y a beaucoup d’humour dans ce roman, très anglais. De fil en aiguille, nous allons assister à leurs retrouvailles et aux nouvelles relations entre elles trois.



Elizabeth Bowen tisse sa narration avec une construction très habile, et y piège l’âme de ses personnages. Elle nous les offre sur le plateau de ses mots, frétillants de vie et prêts à mordre ; des personnalités authentiques et très justes, dans leurs subtilités et leurs travers. Il y a les femmes qu’elles sont devenues, les enfants qu’elles furent et les liens qu’elles avaient forgés – ces liens existent-ils toujours quelque part en elles ? Que seraient-elles devenues si elles ne s’étaient pas perdues de vue ?



Il ne se passe pas grand-chose dans Les petites filles. L’intérêt de cette histoire niche ailleurs. Ce roman psychologique est composé majoritairement de dialogues, un art dans lequel excelle Elizabeth Bowen. L’écriture est très détaillée, souvent ampoulée et pas des plus fluide, hélas, et cela m’a parfois gênée. Je ne sais pas si c’est dû à la traduction, qui date de 1967, ou au style de l’autrice en lui-même. Cela ajoute un léger parfum suranné à l’époque disparue.



La quatrième de couverture situe Elizabeth Bowen « quelque part entre Jane Austen et Virginia Woolf », et j’aurais tendance à abonder dans leur sens ! Je ressors en tous cas de cette lecture séduite, et j’ai maintenant très envie de lire rapidement Emmeline et L’adultère, eux aussi dans ma pile à lire.
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L'Adultère

Dans le registre des écrivaines anglo-saxonnes oubliées, j'ai exhumé L'adultère d'Elisabeth Bowen dans une braderie de médiathèque.

Je crois avoir aimé ce livre mais je n'en suis pas sûre car sa traduction, trop littérale, m'a posé un problème tout au long de sa lecture. Je n'ai pas su distinguer ce qui relève du style de l'autrice, éminemment élliptique, tout en clairs-obscurs, non-dits et sous-entendus, et ce qui a trait aux difficultés que la traductrice a rencontrées, en matière de vocabulaire notamment.

Le problème se pose dès le titre, "Friends et relations" en anglais, devenu L'adultère en français. Le titre anglais parait beaucoup mieux reflèter l'esprit et les ambiguités du roman, dont la composition est tout à fait remarquable.

Quelques personnages gravitent dans ce roman : deux soeurs assez différentes qui se marient, leurs époux et parents, un grand oncle, leurs enfants plus tard, et quelques personnages secondaires qui peuvent être amenés à jouer un rôle clé.

Elisabeth Bowen nous offre une gamme de variations autour de ces quelques acteurs qui s'observent, se cherchent, se désirent, dans un climat lourd, marqué par une faute commise dans le passé.

Nous sommes confrontés à un adultère, au centre de cette histoire, qui peut en cacher un autre, dans un monde de faux-semblants, corseté, où les conventions sociales pèsent sur les relations amicales et amoureuses.

Je ne sais pas si je recommande cette lecture mais je lirai d'autres livres d'Elisabeth Bowen pour me faire une idée plus précise de son écriture.



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Petits bavardages sans importance

Ces nouvelles transfigurent le quotidien par la grâce de leur style et du talent d'observation de l'auteur. Il en résulte un vrai travail de sculpture des mots qui parviennent à créer des images évoquant, mieux qu'une description, paysages, maisons partageant les sentiments de leurs occupants et plus expressives qu'eux, " (...) elle hésitait, indécise, le long d'un chemin de traverse", personnages eux-mêmes.

Derrière les bavardages apparemment futiles de dames oisives ou follement alarmants d'un jeune garçon un peu sot dans "j'ai quelque chose à vous dire..." se profile un univers trouble et sans amour. Jamais le voile n'est entièrement levé sur ces personnages ambigus, ce qui laisse un sentiment de malaise persistant : on sent la catastrophe toute proche, mais jamais elle ne s'abat, et c'est encore plus usant. Et c'est là la grande puissance de rétention de la société anglaise du début du 20 ème siècle et sa cruauté implacable. Pourquoi cette paroissienne tient-elle absolument, et malgré la résistance du pasteur, à offrir un vitrail à l'Eglise ? qu'exigera-t-elle en échange ? La confidente choisie par un couple d'amoureux est-elle vraiment une amie sûre ? Quel secret cache cette commerçante si lisse en apparence ? La petite comtesse est-elle une enfant trop sévèrement surveillée ou une jeune fille perverse se jouant de la faiblesse des hommes ? Y a -t - il vraiment eu meurtre ?

Au lecteur de choisir selon son histoire et sa sensibilité : comme dans la vraie vie, il aura de toute façon à moitié tort et à moitié raison. Ce que suggère avec insistance la post-victorienne Elisabeth Bowen c'est que les choses innommées n'existent pas, et qu'il appartient aux membres de la bonne société de savoir discerner sans risque d'erreur les choses qui ne doivent pas être nommées.
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Un monde d'amour

La propriété de Montefort en Irlande est plongée dans la torpeur. L'été, la chaleur écrasent pour une fois cette région : “C'était le mois de juin, d'un été tel qu'on n'en avait presque jamais vu dans cette Irlande du Sud, stupéfaite elle-même d'être sans nuages, tant cette région était accoutumée aux éveils tardifs, aux aurores humides et nébuleuses.” Les habitants de Montefort sont accablés par la chaleur, l'atmosphère est pesante, encore plus que d'habitude. Lilia, son mari Fred et leurs deux filles vivent là et doivent entretenir la propriété. Celle-ci ne leur appartient pas, c'est celle de tante Antonia. En réalité aucun lien familial ne les unit. Lilia devait épouser le cousin d'Antonia, Guy. Malheureusement il mourut pendant la première Guerre Mondiale et laissa Montefort à Antonia. Cette dernière, attristée par le destin de Lilia, décida de la prendre sous sa coupe et alla jusqu'à lui choisir un nouveau mari. Les vies des deux femmes sont depuis inextricablement liées et cela ne va pas sans regret ou rancune. Cette situation tendue est brusquement chamboulée par la découverte de lettres d'amour par la fille aînée de Lilia, Jane. Ces lettres dormaient dans le grenier et avaient été écrites par Guy. Mais le nom de la destinataire n'est pas mentionnée. A qui le jeune homme écrivait-il si passionnément avant son départ au front ?



Elizabeth Bowen était passée maître dans l'art d'installer des ambiances pesantes et délétères. Ici il n'y a pas que la chaleur qui étouffe les personnages, leurs souvenirs le font tout autant. La tension entre Lilia et Antonia est sans cesse palpable et pourtant le lien créé entre elles est profond. Leur relation est extrêmement complexe et repose essentiellement sur l'absent : Guy. C'est son fantôme que va réveiller la découverte de Jane. Guy semble revivre à travers ses lettres et hante tout le roman. Chacun se remémore Guy et ce qu'aurait été Montefort s'il n'était pas mort. Chez Lilia et Antonia, ce sont les échos de la jeunesse qui resurgissent. Toutes deux étaient fascinées et amoureuses de Guy, de son enthousiasme, de sa fougue. Même Fred, qui ne l'a pas connu, semble l'admirer. Lilia est celle qui est la plus amère. Le mariage avec Guy lui promettait beaucoup de bonheur, de prospérité, de hauteur sociale. Sa mort semble avoir stoppé net le destin de Lilia, que de possibles envolés !



“L'affux des souvenirs provoque une émotion dont l'intensité vous épuise ; il consume les cellules du cerveau, sinon le corps lui-même. La vérité se met ensuite à ronger la structure affaiblie.” Car la douloureuse évocation du passé ne sera pas vaine. La découverte de Jane va permettre de briser l'immobilisme du présent. Guy n'avait pas dit tout ce qu'il avait à dire le matin de son départ sur le quai de la gare où étaient venues à tour de rôle Lilia et Antonia. Il semble revenu clarifier les choses et libérer l'esprit des deux femmes. La lumière est pour une fois au bout du roman d'Elizabeth Bowen, l'avenir s'ouvre à nouveau pour les femmes de la famille.



Le talent d'Elizabeth Bowen sait rendre parfaitement la lourdeur de l'atmopshère, en tant que lectrice j'ai ressenti cette pesanteur, ce délitement des corps et des âmes. Le passé, comme une chape de plomb, immobilise les destinées. Comme souvent chez Elizabeth Bowen et les écrivaines de la même époque, ce sont les rêves enfuis qui gâchent la vie des femmes. Moins touchant que “Emmeline” , “Un monde d'amour” reste quand même une bonne démonstration du talent de cette grande dame de la littérature irlandaise.
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Les coeurs détruits

Portia, orpheline de 17 ans, est recueillie sans enthousiasme par son demi-frère et sa belle-soeur. Cela se passe à Londres (date du roman : 1938). Portia, au milieu de sa solitude, regarde, observe, note dans son journal les faits et gestes de son entourage. C'est le roman de l'adolescence solitaire et délaissée. Le personnage de Portia ne peut que nous émouvoir. Elisabeth Bowen est une grande romancière (romans pleins d'observation et de psychologie) anglaise.
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Emmeline

Pour synthétiser, le lecteur suit, en parallèle, les hésitations amoureuses des deux héroïnes, et tout cela est enrubanné dans des digressions, des récits faisant intervenir plusieurs personnages secondaires, dont, je dois avouer, la fonction me paraît, pour certains, peu pertinente. J’ai réellement eu l’impression de m’enliser dans des considérations, des réflexions, des tourments que je n’ai pas toujours compris. Outre le fait que Markie est un homme exécrable et que l’on ne voit pas bien ce que peut lui trouver Emmeline, la valse des sentiments m’a étourdie au point de me faire chuter.
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Emmeline

Emmeline Summers est une jeune femme de 25 ans, grande, mince et à l’air angélique. Elle est copropriétaire d’une agence de voyage à Londres pour laquelle elle travaille beaucoup. Elle vit dans un maison dans Oudenarde Road avec sa belle-sœur Cecilia. Le frère d’Emmeline, Henry, est mort d’une pneumonie un an après son mariage avec Cecilia. Cette dernière vit encore douloureusement cette soudaine disparition et elle sent « (…) avec impatience ce vide créé par Henry comme s’il était sorti pour revenir et restait trop longtemps parti. » Cecilia est une jeune veuve de 29 ans, charmante, pétillante et pleine d’humour. Elle aime la compagnie, sort et invite beaucoup mais ne pense pas à se remarier. Cecilia reste sur la défensive, la mort d’henry reste bien présente et sa vie ne connaît plus que les plaisirs immédiats.



Lady Waters, qui par ses deux mariages est à la fois la tante de Cecilia et la cousine d’Emmeline, ne peut tolérer de laisser ces deux jeunes filles sans mari. Elle s’emploie donc à inviter Cecilia et Emmeline dans sa demeure afin de leur faire rencontrer de jeunes hommes. En réalité les deux femmes n’ont pas besoin de l’entremise de Lady Waters pour avoir des soupirants. Chacune d’elle a un courtisan dévoué auprès d’elle. Julian Towers est un jeune homme fortuné qui ne rêve que d’épouser Cecilia. Celle-ci, dans son refus de souffrir à nouveau, ne voit en Julian qu’un ami. Il va jusqu’à la demander en mariage mais Cecilia refuse.



La situation est fort différente pour Emmeline. Elle fréquente un jeune avocat à l’avenir brillant, Mark Linkwater. Emmeline est totalement sous le charme de Markie, elle en tombe rapidement amoureuse. Ils passent beaucoup de temps ensemble, partent à Paris où Emmeline doit passer un accord avec une agence de voyage en vue d’un partenariat. La question du mariage est abordée entre eux mais vite mise de côté. Emmeline n’est pas une femme que l’on envisage d’épouser, elle est trop exaltée, trop exigeante pour faire une bonne épouse. Elle s’investit follement dans son agence de voyage et Markie ne comprend pas cette volonté de carrière. Bientôt il s’éloigne d’elle à regrets ; « elle aurait pu exploiter son charme plus avant ; si elle avait tenu bon jusqu’à ce qu’il fût fou d’elle, il l’aurait certainement épousée ; qu’elle n’eût pas mis le mariage en marché lui semblait incroyable. » Emmeline voit son monde vaciller peu à peu. Son amour ne souhaite plus la voir, son agence de voyage souffre de nouvelles concurrences et Cecilia ne semble plus si réfractaire au mariage. Que peut devenir Emmeline seule ? Son destin ne semble pouvoir se terminer que dans le drame. Elizabeth Bowen écrit « Emmeline » en 1932, les femmes commençaient à être plus indépendantes notamment grâce à un travail. Emmeline est pourtant allée trop loin dans sa libération. Elle est copropriétaire de son agence de voyage, donne beaucoup de temps pour que cela marche, elle conduit et ne se voit pas comme une épouse. Elle espère pouvoir continuer à vivre dans sa maison avec sa belle-sœur tout en fréquentant Markie. Mais Emmeline est trop en avance sur son temps. Cecilia ne voit finalement son avenir que dans le mariage et a toutes les qualités pour cela. « L’aspect de Cecilia, les yeux baissés, l’air doux et soumis exacerbait en Julian un désir violent et conjugal d’abattre les barrières et d’oublier tout souci. La sollicitude, la tendresse sont des sentiments sincères et étroits, ce sont ceux qui font la sécurité du foyer. »



Markie, qui se veut moderne, préfère renoncer à Emmeline s’il ne peut l’épouser. Lady Waters ne supporte quant à elle pas qu’Emmeline sorte des conventions de son milieu, elle ne peut fréquenter un homme sans son accord et seulement dans le but de s’unir avec lui. Tout pousse Emmeline au désespoir dans cette société où les sentiments ne sont rien au regard des bonnes mœurs.



Elizabeth Bowen donne une grande importance aux lieux, aux paysages qu’elle décrit avec une extrême délicatesse. « Le ciel emplissait l’arche de lumière, la haie, avec ses jeunes feuilles ardentes, était la brûlante verdeur de mai. Elle courba vers elle une feuille dentelée, délicatement veinée et au travers regarda le soleil. Le bout de ses doigts était translucide : dans ses veines et dans celles de la feuille coulait le printemps. » Ou bien encore : « Ce brouillard transparent sur le jardin était un délice. Le jour, tel un magnolia, semblait dormir encore dans ses pétales repliés. » Ces descriptions donnent une tonalité très poétique au roman. Elizabeth Bowen se sert de cette écriture ciselée également pour décrire les sentiments de ses personnages qui sont décryptés dans leur moindre mouvement.



« Emmeline » est un joli roman plein d’amertume sur les femmes en ce début de XXème siècle : celles qui suivent le modèle de leurs aînées, celles qui sont en avance sur leur temps et qui doivent se sacrifier sur l’autel des conventions sociales.
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Emmeline

Emmeline nous plonge dans le charme suranné d'un roman ayant pour cadre le Londres des années 30. L’héroïne éponyme est l'heureuse responsable d'une agence de voyage, qui n'a pas à se plaindre de sa situation financière. Elle vie en collocation avec Cecilia, la veuve de son frère, n’exerçant pas d'activité professionnelle et ne s'en portant pas plus mal. Chacune va voir l'amour se présenter sur son chemin, avec des fortunes diverses.



Le début du récit est empreint d'une délicatesse et d'un humour so british. On semble s'acheminer vers les délices d'une lecture un peu snob, d'un vice sans conséquence; puis le récit prend le ton clair obscur du quotidien, l'histoire se fait moins distrayante, le cours en est plus alangui. Au final, on reconnaîtra au roman une certaine qualité poétique de la prose, le soucis de la profondeur psychologique des personnages et un charme désuet aux dialogues. Néanmoins on ressent la légère déception d'une promesse non tenue, l'ensemble a bien vieilli, je ne pense pas qu'une telle littérature puisse traverser les âges, elle est le reflet éphémère d'une époque révolue.
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La chaleur du jour

Davantage un exercice de style qu'un roman. Cependant, malgré le flou narratif, l'écriture riche de l'auteur et le sujet intrigant retiennent. Mais au final, l'impression est très mitigée et la déception l'emporte.
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Emmeline

L »histoire est celle d’Emmeline et de sa belle-soeur Cecilia, qui vivent ensemble dans le Londres des années 30, et dont la vie tourne autour des voyages, du travail, des réceptions … L’intrigue n’est pas bien folichonne, mais le point faible est surtout le style de l’auteur – souvent lourd, décousu, avec des dialogues souvent sans queue ni tête … Peut-être est-ce du au fait que le roman a été publié en 1932, était-ce un style de narration en vogue à l’époque ?



Il est vraiment dommage que le style desserve autant le roman qui décrit les moeurs de l’époque, la pression exercée sur Emmeline qui ne veut pas se marier et gère son entreprise à parts égales avec son associé, l’envie de liberté de Cecilia qui, au fond, rêve de se remarier, les perpétuelles ingérences de leur tante/cousine par alliance qui aimerait les faire rentrer dans le droit chemin … Mais vraiment, le style décousu empêche (m’a empêchée, en tous cas) d’entrer vraiment dans l’histoire – Emmeline est beaucoup trop facile à poser et difficile à reprendre. Dommage, vraiment.
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Emmeline

En refermant ce livre, j'ai eu le sentiment d'avoir lu un livre assez différent de ce que le quatrième de couverture annonçait. Après réflexion, je dois bien dire que ce quatrième de couverture est très trompeur. Je m'attendais à lire un livre de Vengeance (vous noterez l'utilisation du V majuscule). Finalement, cette pseudo vengeance occupe les dernières pages du livre et n'a rien à voir avec une vengeance machiavélique qui aurait été préparée dans ses moindres détails.



Passé ce petit désagrément, ce livre ne m'a pas enchantée. Emmeline vit avec la veuve de son frère, Cécilia. Les deux jeunes femmes ont des tempéraments assez différents. Cécilia, femme extravertie, un rien manipulatrice met tout en oeuvre pour parvenir à ses fins. A l'inverse, Emmeline est une jeune fille discrète, souvent perdue dans ses pensées empreinte d'une grande naïveté. Cécilia, qui souhaite se remarier, porte son dévolu sur Julian, qui est éperdument amoureux d'elle. Elle va prendre un malin plaisir à le faire mariner. Quant à Emmeline, elle s'amourache de Markie, un homme d'affaire d'un égoïsme rare qui va se jouer d'elle et de sa naïveté.



J'ai trouvé ce livre très lent et très mou. Finalement, il ne se passe pas grand chose au cours des 322 pages qui composent ce livre. Il faut vraiment attendre la toute fin du roman (le dernier chapitre) pour que les choses se mettent en place. Dommage, car j'avais commencé cette lecture dans de bonnes dispositions!
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La Maison à Paris

La Maison à Paris, The House in Paris dans la version originale parue en 1935, a été publié par les éditions Gallimard en 1942 puis en 1986 dans la collection L'Imaginaire. Le style de la romancière britannique est fluide avec toutefois une pointe de tension, quelque chose de vaguement brut, comme une violence contenue, maîtrisée : "Miss Fisher remit en soupirant la lettre de Mrs Arbuthnot dans son sac en le refermant avec un bruit sec, puis s'enfonça dans le taxi à côté d'Henriette, sans rien perdre de sa raideur, comme si cette arrivée lui était une fatigue et qu'elle ne pouvait se détendre encore. Des gants noirs cousus de blanc s'entortillaient autour de ses doigts, et ses fourrures noires exhalaient une forte odeur de camphre." (Page 8).

Le ton est caustique, le regard lucide, l'écriture incisive : "Si au moins il y avait bientôt une révolution...j'aimerais à recommencer ma vie en pleine jeunesse, sans appui, ayant tout perdu. Je me demande parfois si nous ne sommes pas les malheureux, nous, les gens comblés ; nous n'avons pas d'avenir. Il est temps qu'il se passe quelque chose." (Page 86)

L'intrigue:

Henriette, jeune orpheline anglaise, en route pour rejoindre sa grand-mère à Menton, fait une halte à Paris chez des amies de cette dernière, Mme Fisher et sa fille. Elle y fait la rencontre d'un jeune garçon, Léopold, qui attend la visite de sa mère qu'il n'a jamais vue.

Karen Michaelis, mère de Léopold, fiancée à Ray Forrestier, a eu son fils avec Max Ebhart, le fiancé de son amie Naomi Fisher, celle-là même qui accueille le jeune garçon chez elle. Le poids de cette infamie, trop lourd pour le jeune homme, le conduira au suicide. Karen abandonne son enfant à la naissance, le confiant à la garde de cousins éloigné. Elle acceptera finalement d'épouser Ray, sans se douter que l'ombre de cet enfant adultérin compromettra leur bonheur conjugal.

Léopold, innocent, bien que trop jeune pour le comprendre, apprendra à accepter le monde dans lequel cette tromperie l'a jeté. Son regard d'enfant s'étonne des éternelles indécisions de sa mère, cette femme inconnue à la personnalité si complexe. Et si, tout compte fait, le salut passait par ce beau-père mystérieux et plein de charme?

En 1935, date à laquelle Elizabeth Bowen a écrit La Maison à Paris, les caractéristiques de son talent commencent à s'affirmer: une pénétrante intuition doublée d'une redoutable perspicacité, un esprit caustique, une fine analyse des petitesses humaines qu'elle observe avec sympathie et ironie. Sa vision de la société lucide et brutale et l'analyse psychologique poussée de ses personnages en sont les principaux atouts.

Le +: le monde hermétique et déconcertant des adultes vu à travers le regard neuf et naïf de deux enfants qui découvrent ses arcanes sans les comprendre. Je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec Ce que Savait Maisie, roman de Henry James paru en 1897 qui raconte l'histoire d'une petite fille qui a le malheur de naître au sein d'un couple qui ne s'aime pas et qui multiplie les relations adultères sans vraiment prendre de précautions. Lorsque ses parents divorcent, Maisie devient l'enjeu que le père et la mère revendiquent dans une lutte acharnée. Mais quand le père se remarie et que la mère séduit sir Claude, soudain l'enfant devient un fardeau dont ils tentent de s'affranchir. =>Toute l'action du livre est perçue au travers des yeux de la petite Maisie, instrument de ses parents et des adultes qui l'entourent, qui assiste démunie au spectacle des égoïstes passions humaines.
Lien : https://legereimaginarepereg..
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Eva Trout

Héritière orpheline pas encore rentrée en jouissance de sa fortune, Eva Trout, être fruste, pataud et peu féminin, a décidé de s'affranchir de la tutelle morose des adultes. Le récit présente à mesure la personnalité de l'héroïne éponyme, dévoilée peu à peu par les personnes qui en avait la charge, qui la côtoie : Eva Trout est plus évoquée qu'autre chose, elle reste dans la coulisse, c'est dans le portrait en creux de cet être embarrassé de lui-même que réside l'intérêt - bien mince, du roman.
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