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Citations de Emmanuel de Waresquiel (209)


Presque tous ceux que j'évoque dans ce récit, à commencer par mes parents, sont morts. Les traces qu'ils ont laissées se perdent dans le sable. Ce qui subsiste de leurs papiers ressemble à une épave. Ils vivent en moi, cependant. leur survie est à la mesure des années dont je dispose.
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Ma mère avait hérité son goût de la campagne de sa propre mère pour qui la création, la nature et la vie tenaient tout à la fois du miracle et du mystère divin sans cesse renouvelés. "He is going back home", disait-elle d'un arbre sur le point de mourir. J'avais eu un jour le malheur d'arracher dans un pré une fleur de pissenlit et elle m'avait fait remarquer, en me montrant la goutte de sève blanche sortie de sa tige, que la plante pleurait. Elle enseignait et ne punissait pas. Aujourd'hui, on me collerait une amende, on ferait des statistiques sur la quantité de pissenlits à conserver. Ce qui autrefois allait de soi s'est mué en normes inventées dans un bureau. La vie était végétative et buissonnière, elle est devenue procédurière.

page 46
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Mes parents avaient la grâce fragile et secrète de leurs silences.
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- Portrait de Marie-Antoinette au Temple par Kucharski

On est loin de ce que dit Elisabeth Vigée-Lebrun de "l'éclat de son teint" qui l'avait tant frappée lorsqu'elle l'avait peinte pour la première fois en 1778. "Je n'en ai jamais vu d'aussi brillant, se souvient-elle dans ses Mémoire et brillant est le mot ; car sa peau était si transparente qu'elle ne prenait point d'ombre." Cette fois, les ombres se sont emparées de son visage. Ce sont les ombres de sa prison, ce sont aussi celles du mal qui la ronge, de ces hémorragies fréquentes que de rares témoins évoquent et dont on sait aujourd'hui qu'elles étaient peut-être le symptôme d'un fibrome cancéreux. On prétendra même peu après sa mort que le fiacre qui l'avait conduite de la prison du Temple à celle de la Conciergerie était plein de son sang. Il sera beaucoup question de sang dans cette histoire, le pur, l'impur, le coupable, celui qui corrompt et celui qui sanctifie, le sang du peuple assassiné, le sang de la vengeance et celui du sacrifice, comme une longue traînée métaphorique.

Ndl : Voir aussi les 76 jours de Marie-Antoinette à la Conciergerie du Docteur Paul Belaïche-Daninos où il évoque ce cancer.
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Ma mère a eu deux passions dans sa vie, mon père et moi: la première pleine de confiance et de certitude, la seconde tendre et inquiète.
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Il m'a fallu des années pour me rendre compte que je faisais là, avec ma grand-mère, courant d'une pièce à l'autre, l'expérience de la fragilité des êtres et des choses, celle des souvenirs et de l'oubli. L'apprentissage du temps.
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Les "premiers souvenirs" n'existent pas. Du chaos de l'enfance, il ne reste qu'une confusion de sons, de couleurs et d'odeurs raccrochés à des situations, à de petits événements que l'on croit innocents et purs de toutes interférences comme s'ils étaient sortis intacts de la matrice originelle.
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Il (Léautaud) a des gestes, des attentions discrètes qui sont presque d'un autre
homme, lorsqu'il pose une branche de lilas blanc sur le cercueil de son ami Marcel Schwob, lorsqu'il pleure à la dérobée à la mort d'Apollinaire qui lui avait dédié autrefois sa "Chanson du mal-aimé", à celle de Gide, beaucoup plus tard. Le plus souvent, la pudeur l'empêche de montrer sa tristesse. (p.54)
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Les légendes sont encombrées des ombres de l'oubli.
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Peut-être avais-je besoin des étoiles, du grand voile de la nuit et du sommeil des autres pour entrer dans la caverne et franchir le seuil des mots magiques.
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La Révolution s'est jouée et accomplie en sept jours et cinq décrets. Il n'a fallu que ce "quart d'heure", comme dirait Victor Hugo des Cent jours, pour que la souveraineté passe tout entière du roi à la nation et que les vieilles structures sociales héritées de la féodalité s'effondrent.
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Charles-Maurice de Talleyrand, ci-devant grand seigneur, futur prince de Bénévent, est un conspirateur-né. Il en a toutes les qualités : le goût du secret, le sang-froid, l'art de convaincre, celui aussi de propager vraies et fausses nouvelles, l'art d'être toujours le premier informé.
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Et puis il y a ce curieux dialogue entre Napoléon et Fouché, rapporté par Réal et qui prouve assez que le premier n’était pas la dupe du second. Dans les moments de crise, Napoléon préférera toujours les hommes d’énergie. « Que feriez-vous, Fouché, si je venais à mourir d’un coup de canon ou de tout autre accident ? – Sire, je prendrais du pouvoir autant que je pourrais, pour ne pas être dominé par les événements. – À la bonne heure, c’est le droit du jeu. »
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"De nos jours, insistera-t-il en 1821 à la tribune de la chambre des pairs, il n'est pas facile de tromper longtemps. Il y a quelqu'un qui a plus d'esprit que Voltaire, plus d'esprit que Bonaparte, plus d'esprit que chacun des directeurs, que chacun des ministres passés, présents et à venir, c'est tout le monde !"
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Nous restons seuls avec nos souvenirs. C'est peut-être pour cela qu'on écrit.
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J'ai gardé de mon enfance des envies de fuite et d'évasion, le goût des échappées belles dans le grand large des bois.
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Il y a du plaisir à reprendre ses vieux livres. On renoue avec des amis d'enfance.
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Il [Talleyrand] lit tout, Machiavel et L'Almageste, Voltaire, Lacretelle et Bonald, les brochures politiques, les ouvrages d'économie, les récits de voyage, mais il apprécie avant tout les mémoires et les moralistes : Chamfort, l'académicien Thomas, l'ami de Marmontel, dont il loue l'Essai sur les éloges, et, plus loin, Saint-Évremond et bien sûr La Rochefoucauld. Il a toujours aimé la brièveté et la concision des moralistes, au point de noter lui-même, dans un cahier, les maximes et les pensées qui lui venaient à l'esprit. Il en existe une en particulier qui remet l'ancien honneur aristocratique qu'on lui a tant reproché d'avoir bafoué, à sa place ou plutôt à son époque : « L'honneur, dans nos temps de corruption, a été inventé pour faire produire à la vanité les effets de la vertu. »
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Il s’éteint le lendemain de Noël, 26 décembre, à trois heures de l’après-midi, aussi doucement que sa vie a été violente, aussi solitaire qu’elle a été peuplée de victimes et de fantômes. Il meurt d’avoir trop aimé le pouvoir à force de ne pas s’aimer lui-même, en vaincu, terrassé par les contrariétés de son exil et comme fatigué de ses doutes. Il meurt avec son mépris, ses prémonitions fulgurantes et ses silences, en homme du secret qu’il a toujours été.
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On a beaucoup prêté à Talleyrand, jusqu'à ce qu'il n'a jamais fait, ni jamais dit.
On a tout autant prêté au Diable : la duplicité, la ruse, le mensonge, la trahison, la concupiscence, la luxure, l'intérêt, toutes choses dont on a sans cesse accusé l'homme aux "treize serments" et à "l'immense fortune". Il est pourtant un défaut ou une qualité - c'est selon - qu'on associe rarement au Diable et que son lointain avatar, le prince de Talleyrand, possédait éminemment : c'est le caractère.
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