Artemis Fowl est un jeune génie de douze ans, dont le père a disparu des années plus tôt, et dont la fortune familiale est sur le point de faire de même. Afin de renflouer ses caisses, le petit prodige a décidé de marcher dans les pas de ses aïeux en optant pour l’illégalité… à un tout autre niveau. En effet, c’est au Peuple, celui des êtres féériques, qu’Artemis a bien l’intention d’extorquer une tonne d’or, au sens propre.
J’avais beaucoup entendu parler de cette saga, et la perspective, ô combien originale en littérature jeunesse, de découvrir un anti-héros m’a convaincue de sauter le pas. Je dois dire que ça partait plutôt bien, à condition d’accepter le postulat de base un peu capillotracté (un garçonnet doté d’une intelligence et de moyens techniques plus ou moins illimités, ainsi que d’un redoutable serviteur dévoué corps et âme).
Je l’ai accepté, et j’ai donc fait connaissance avec ce Moriarty junior moderne (comme la comparaison ne manquera pas d’être établie dans le livre), qui ne m’a pas déçue. Il n’a ni scrupules ni honneur, et n’hésite pas à mettre des vies en péril, y compris celles de son entourage immédiat, pour parvenir à ses fins.
Si l’histoire s’était concentrée sur Artemis, j’aurais pu l’apprécier, je pense. Le problème, c’est qu’assez rapidement, on change de narrateur pour passer à Holly. Holly, une elfe issue du Peuple, qui fait partie des FARfadets. Et c’est là que mon enthousiasme a commencé à décliner.
Parce que je n’ai éprouvé aucune sympathie pour ces êtres fantastiques. Je dirais même que je les ai trouvés encore plus antipathiques qu’Artemis, qui est pourtant présenté d’entrée comme le méchant du récit.
Holly n’est pas vraiment détestable, mais je n’ai pas ressenti une once d’empathie pour elle, à aucun moment que ce soit ; l’attitude de son supérieur m’a plus d’une fois paru incohérente ; Foaly… apporte une touche d’humour appréciable, mais parfois trop lourde au regard de la pseudo-gravité de la situation ; et tous les autres m’ont donné envie de voir Artemis les plumer.
Que dire de ce Peuple, exactement ? Ce sont tous les êtres issus (ou en l’occurrence, qui ont donné naissance) à nos divers folklores, et qui passent leur temps à critiquer les humains, alias les Êtres de la Boue. Ce qui manque de crédibilité à la vue de leur mode de vie étonnamment semblable au nôtre.
Car oui, si ce n’est qu’ils résident sous terre, ils ont des centres villes encombrés, des administrations, des forces de l’ordre, de la criminalité, de la discrimination (j’ai passé l’intégralité du livre à imaginer Holly en lapin, tant son personnage ressemble à tous les égards à celui de Judy Hopps dans Zootopie), font des références à Sherlock Holmes… En somme, rien de neuf sous le soleil (ou plutôt sous la surface).
Pire, ce qu’ils reprochent à l’humanité, c’est son comportement vis-à-vis la nature, la pollution et les désastres environnementaux qu’elle provoque, sauf que leurs propres méthodes ne valent guère mieux. Ils sont eux-mêmes à la pointe de la technologie, utilisent (entre autres) de l’essence, et pour neutraliser un seul adversaire, ils n’ont aucune réticence à balancer une biobombe qui tuera des milliers, voire des millions, d’insectes et rongeurs. Ah, il est beau, leur sens de l’écologie !
Celui d’Artemis est non seulement plus marqué, mais aussi plus subtil. Dommage que le garçon n’apparaisse presque, au final, que comme un personnage secondaire de sa propre histoire. Voilà pourquoi je ne sais pas vraiment quoi penser de cette lecture. J’ai aimé Artemis, je n’ai pas du tout apprécié le Peuple.
J’ai encore deux tomes dans ma PAL. Je verrai ce qu’ils me réservent, et de quel côté ils font pencher la balance en ce qui concerne mon avis. Pour l’heure, je donne tout de même une note acceptable à ce roman, car au-delà de ma propre opinion, je n’oublie pas qu’il s’agit d’une œuvre jeunesse, et je pense qu’elle a tout ou presque pour satisfaire davantage le public qu’elle cible.
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