AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Fabien Toulmé (1089)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'Odyssée d'Hakim, tome 3 : De la Macédoine à la ..

Depuis que j’ai commencé à lire L’Odyssée d’Hakim, album graphique de Fabien Toulmé, chaque fois que j’entends parler de migrants, de réfugiés, de reconduite à la frontière ou dans le pays d’origine, je repense à Hakim. Ce Syrien qui avait monté une pépinière et gagnait bien sa vie, a réussi, seul avec son petit Hadi, à fuir la guerre civile dévastant son pays. Il voulait retrouver Najmeh, son épouse, déjà en France, grâce à ses parents.

Près de trois ans de voyage, depuis la Syrie, en passant par le Liban, la Jordanie, la Turquie, la Grèce, la Macédoine, la Serbie, la Hongrie, l’Autriche et la Suisse, avant d’arriver en France, à Paris d’abord puis à Aix-en-Provence où se trouvait sa femme.

Quand Fabien Toulmé reprend ce troisième tome que j’ai enfin pu lire, il a la bonne idée de raconter une intervention dans un lycée. Pour les élèves, il résume son projet, répond à des questions très pertinentes et donne des explications très claires.

C’est en septembre 2015 qu’il retrouve Hakim vivant de petits boulots. Il lui raconte la troisième partie de son Odyssée, de la Macédoine à la France.

Comme pour les deux précédents volumes, je me suis retrouvé happé par le récit, angoissé par les souffrances, les menaces, le froid, la faim, tout ce que subissait Hakim et son petit garçon qu’il fallait changer, qui réclamait son biberon alors qu’il n’y avait pas d’eau chaude et plus de lait…

Fabien Toulmé dessine ses personnages de manière toute simple mais tellement expressive. Les couleurs se limitent au gris et quelques nuances de bleu, d’ocre et même de rouge. Cela suffit pour souffrir avec cet homme et ce garçon qui vivent ce que vivent des milliers de migrants aujourd’hui.

Tant de pièges leur sont tendus qu’ils doivent être sans cesse sur leur gardes, se méfier de ceux qui proposent leur aide. Ils ont de l’argent sur eux, un téléphone portable, leurs papiers, mais la police peut à tout moment les enfermer dans des camps, comme en Hongrie.

C’est dans ce pays qui fait pourtant partie de notre Union Européenne, que Hakim et son fils sont le plus mal traités. L’ambiance créée par le Premier ministre toujours en poste déteint sur la population qui insulte les migrants, se moque d’eux, les dénonce. Heureusement, Hakim a eu plusieurs fois de la chance et a réussi à retrouver Najmeh et sa belle-famille.

Son intégration est en cours malgré beaucoup de difficultés dont l’apprentissage du français n’est pas la moindre. L’épilogue, sans dessin, ajouté par l’auteur conclut L’Odyssée d’Hakim de façon très optimiste et, en même temps, très réaliste. Celui qui s’est intégré le plus vite, c’est Hadi, grâce à l’école. De plus, il a maintenant deux petits frères, Sébastien et Anwar. Pour Hadi, surtout, mais pour ses deux frères, les trois tomes réalisés avec talent et une profonde humanité par Fabien Toulmé (photo ci-dessus), sont et restent un fameux témoignage.

Que cela ouvre les yeux aux Occidentaux que nous sommes car nous avons la chance de vivre dans un pays en paix depuis soixante-seize ans. Que L’Odyssée d’Hakim - 1. De la Syrie à la Turquie, 2. De la Turquie à la Grèce et 3. De la Macédoine à la France – permette à toutes celles et à tous ceux qui en sont capables de réfléchir et de sortir d’un égoïsme primaire indigne des humains que nous prétendons être.

 

Commenter  J’apprécie          1163
Ce n'est pas toi que j'attendais

Cela fait maintenant 5 ans que Fabien habite au Brésil avec sa femme Patricia qui en est originaire. Ensemble, ils ont une petite fille, Julia. Ce matin-là, Fabien est un peu tendu car la première échographie va avoir lieu, c'est à ce moment-là que l'on peut détecter s'il y a risque de malformation et déceler une maladie. Heureusement pour les futurs parents, le bébé est en parfaite santé. Mais voilà qu'après 10 ans d'exil, le couple décide de retourner vivre en France pour se rapprocher de leurs famille et amis. Ils s'installent en banlieue parisienne dans l'appartement que leur prête la maman de Fabien. de nouveaux médecins se penchent sur le ventre de Patricia. La grossesse se passe à merveille. Pourtant, Fabien est inquiet. Il redoute qu'une maladie n'ait pas été détectée. Malheureusement, ses craintes seront confirmées à la naissance de Julia. Dès l'instant où il la voit, il remarque qu'elle n'est pas comme Louise. Un cou droit, une tête plate et des yeux légèrement bridés, tous les symptômes d'une trisomie 21...



Ce n'est pas toi que j'attendais, évidemment des mots crus, presque violents de la part d'un père envers sa fille. Et pourtant, il se dégage de cet album un amour profond et sincère. Dès lors que la maladie sera confirmée, c'est tout un monde qui s'écroule pour lui. Il se demande même s'il pourra un jour aimer sa petite Louise qu'il ne considère pas comme sa fille. Il n'arrive même pas à la tenir dans ses bras ou lui faire son bain. Un sentiment de rejet d'abord puis viendra la colère, l'incompréhension et l'abattement. Un véritable choc pour lui qui n'était pas prêt. Mais, il apprendra à l'apprivoiser et l'amour viendra petit à petit. L'auteur se livre sans concession, ne cache pas ses sentiments, même les plus inavouables, et cela le rend encore plus humain. Il nous offre une très belle leçon de vie et un témoignage sincère, bouleversant et empli d'émotion. le dessin, tout en rondeur et chaleureux, aux couleurs bichromiques, apporte une certaine douceur.

Un album d'une grande délicatesse véritablement touchant...



Ce n'est pas toi que j'attendais... mais je suis quand même content que tu sois venue...
Commenter  J’apprécie          1095
Inoubliables

Fabien Toulmé, en bon humaniste, aime bien raconter les histoires que vivent des gens ordinaires. Cela a déjà donné lieu à de magnifiques romans graphiques comme par exemple « L'odyssée d'Hakim » ou plus récemment « En lutte ».



Le concept de ce nouvel album est de raconter les moments inoubliables de 6 personnages dont il a recueilli les témoignages au cours d'une enquête approfondie.



J'aime bien ce type de démarche car elle correspond à la réalité sans fioriture. Il faut dire que certains d'entre nous ont eu des vies qui ne sont pas très faciles et dont on peut en retirer quelque chose de positif pour nous permettre d'avancer sur la bonne voie.



La première se concentre sur une jeune fille pris dans les griffes de la célèbre section des témoins de Jéhovah. On va la plaindre littéralement car l'embrigadement sera sévère. Il faut dire que c'est sa mère en deuil qui a entraîné ses deux jeunes enfants dans cette folie. On se demande pourquoi une telle secte n'est pas interdite en France au sortir de cette lecture plutôt révoltante.



La seconde sera un peu plus légère avec un homme qui se destine à une carrière de curé mais dont une femme brésilienne est tombée amoureuse. A force d'obstination, elle parviendra à mettre le grappin sur l'homme de sa vie au détriment du bon Dieu. Moi, je dis que l'amour peut toujours triompher d'une vocation.



La troisième est l'évocation d'un viol dont l'affaire a été classé sans suite par le parquet. On suit les pensées d'une jeune femme qui se tourmente encore plus de 12 ans après les faits. Elle établira une lettre de pardon afin de pouvoir tourner sereinement la page.



La quatrième raconte les souvenirs d'un enfant qui a vécu pendant les événements liés au génocide du Rwanda. Lui et sa famille ont été rapatrié d'urgence en France au milieu de ce chaos qui a fait plus de 800.000 morts en 3 mois. Cela ne sera guère un récit réjouissant mais qui invite à un devoir de mémoire au nom de ces victimes innocentes de la folie meurtrière des hommes.



L'avant dernier récit se concentre sur une belle histoire d'amour manqué tout le long d'une vie avant un parfait alignement des planètes pour des retrouvailles favorables. Comme dit, il ne faut jamais désespérer.



Enfin, la dernière nouvelle évoque le parcours et surtout la réhabilitation réussie d'un prisonnier. Il faut croire que l'être humain peut changer à condition de faire les bonnes rencontres.



Au niveau du dessin, c'est toujours un graphisme assez doux qui fait qu'on adhère tout de suite. On reconnaît une simplicité du trait au service de l'efficacité du scénario.



Au final, on ne s'ennuie pas à la lecture captivante de ces récits qui nous interrogent sur notre propre vie et sur notre époque avec des sujets variés. Je ne dirai pas que c'est inoubliable mais c'est, en tous les cas, parfaitement réussi comme pari.
Commenter  J’apprécie          820
L'Odyssée d'Hakim, tome 3 : De la Macédoine à la ..

Pour le tome 3, Fabien Toulmé a trouvé une autre astuce que celle utilisée pour le tome 2 pour nous résumer les deux précédents tomes. Nous sommes en 2018, et cette fois il se rend dans un lycée pour échanger avec une classe sur le thème des réfugiés. Si tous les élèves ont pu lire les deux premiers récits de L’odyssée d’Hakim, l’auteur préfère néanmoins rappeler brièvement l’histoire avant de passer au débat. Les questions des lycéens sont très pertinentes et permettent de rappeler des choses évidentes et de clarifier certaines idées reçues.

À la fin de cette présentation, Fabien quitte l’établissement pour rejoindre Hakim pour la suite de son récit. Nous nous retrouvons donc en septembre 2015, où celui-ci avec son petit Hadi, heureux et pleins d’espoir après être arrivés sur le territoire européen doivent quitter Athènes pour la Macédoine, puis la Serbie, la Hongrie, l’Autriche, la Suisse pour rejoindre la France où l’attend sa femme Najmeh.

On aurait pu penser qu’après la terrible traversée de la mer Égée depuis la Turquie jusqu’à la Grèce, le plus dur était fait, hélas il n’en est rien. Une nouvelle série d’épreuves attendent le jeune père et son bambin avec les camps de rétention européens, les problèmes avec la police frontalière, le froid, la faim, les difficultés administratives, l’épisode hongrois étant le plus effrayant.

Ils vont également devoir affronter la xénophobie et les remarques désobligeantes pour ne pas dire haineuses qui sont proférées à l’encontre des migrants et la voracité des passeurs demandant des sommes excessives pour les guider, sans parler de ce verre d’eau pour faire le biberon de son fils qui lui est facturé…une manière de leur faire comprendre qu’ils ne sont pas les bienvenus.

Fort heureusement, dans cet environnement hostile, des mains secourables l’aideront en lui proposant quelque nourriture, quelques couches pour Hadi et autres petits services très appréciés.

Ce dernier volume clôture un magnifique triptyque retraçant l’épopée d’un homme Hakim, ce Syrien contraint de quitter son pays en guerre, alors qu’un avenir radieux s’ouvrait à lui et qui a duré presque trois ans.

En racontant l’histoire vraie de cet homme, de ce réfugié et de sa famille, Fabien Toulmé nous met face à cette humanité invisible qui, pour des raisons diverses, politiques, climatiques, économiques ou autres, courant souvent un danger de mort, va d’un pays à un autre dans l’espoir de trouver une terre d’accueil pour tenter de revivre et nous fait prendre conscience du décalage qui existe avec nos propres vies.

Cette grande BD, l’auteur la dédie « aux migrants disparus avant d’avoir pu trouver leur refuge ».

Émouvante, bouleversante, captivante, cette odyssée dévoile toutes les facettes de la nature humaine et réussit de façon magistrale, à travers le destin et le parcours d’un seul homme à nous révéler le sort de milliers d’autres pris chaque jour dans la même tourmente.

Un trait naïf mais ô combien expressif, des dessins et des couleurs sobres participent à rendre cette histoire universelle. La carte géographique, en fin d’ouvrage avec le tracé schématisé du périple aidera chacun quel que soit son âge à suivre Hakim sur ce long chemin.

À noter l’épilogue très instructif qui montre que, même une fois la famille réunie, le statut de réfugié enfin obtenu, tout est loin d’être simple… Mais Hakim reste confiant et maintenant à vous de lire, de faire lire et de découvrir ce qu’il a répondu à Fabien à la question de savoir comment il voyait son avenir...


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          812
Les reflets du monde : En lutte

Dans ce premier recueil intitulé Les reflets du monde et qui aura sans doute des suites, Fabien Toulmé s’est intéressé aux Luttes, aux luttes citoyennes.

Il nous embarque pour trois voyages, trois récits de résistance populaire, trois histoires d’humains en lutte.

Sa première destination, le Liban, en novembre 2019, sera un peu le fruit du hasard.

Le salon du livre auquel il devait se rendre, à Beyrouth est annulé, des manifestations secouent le pays depuis presque un mois. Il décide néanmoins de maintenir son voyage, pour tenter de comprendre ce qu’il s’y passe.

Ce qu’il a compris de la situation libanaise d’après les journaux, c’est que les manifestations ont débuté le 17 octobre suite à l’annonce par le gouvernement, de l’instauration d’une taxe sur les appels effectués via l’application Whatsapp pour renflouer les caisses de l’État, mais que ce soulèvement semble surtout être la conséquence d’un ras-le-bol général vis-à-vis de la classe dirigeante.

Pour qu’il puisse nous présenter les choses telles qu’elles se sont passées et se déroulent à ce moment-là, Fabien va rencontrer des gens qui vivent ces événements de l’intérieur et notamment cette jeune féministe, porte-voix connue dans les manifs, Nadal.

Deux ans après ce premier reportage, il est de retour au Liban. Si beaucoup de choses se sont passées entre temps, la crise du Covid, le confinement, la double explosion qui a ravagé la capitale libanaise le 4 août 2020, une crise économique sans précédent, force est de constater que la Thawra, la révolution populaire « n’a pas survécu à tous ces vents contraires et la place des Marthyrs est revenue à son état initial de parking ».

C’est ensuite dans le Nord-Est du Brésil que l’auteur poursuit sa découverte du monde qui nous entoure en se rendant à João Pessoa, la ville au monde où il se sent le plus chez lui.

Il apprend que, là, tout près, le long du Rio Sanhauá, une « communidade », terme brésilien pour désigner des quartiers pauvres, une communauté, en traduction littérale, du Porto do Capim qui vit au bord de la rivière est menacée d’expulsion par la mairie à cause d’un projet immobilier.

Pour savoir ce que pensent les habitants, ces personnes qui subissent cette sorte de processus de gentrification très en vogue dans les grandes villes, présenté comme inévitable et bénéfique car permettant une amélioration des conditions de vie, Fabien Toulmé va dans les pas de Rossana, présidente et fondatrice de l’association des femmes du Porto do Capim, cette communauté qui lutte contre la destruction de ce quartier populaire.

Son troisième voyage se fera au Bénin. Pour ce dernier reportage il va essayer de comprendre ce qui peut amener quelqu’un à militer. Il va rencontrer Chanceline, cette jeune militante pour les droits des femmes qui a commencé son engagement dès le collège. Plutôt que militante, elle préfère se décrire comme une organisatrice communautaire, c’est-à-dire qu’elle fait de la sensibilisation « sur le terrain » sur les problématiques liés aux droits des femmes et plaide auprès des autorités béninoises pour combattre les inégalités hommes-femmes.

C’est avec un immense plaisir que je suis partie en voyage avec Fabien Toulmé. Ses trois reportages composent un documentaire absolument intéressant et édifiant au cours duquel il décrypte trois résistances populaires en nous montrant les mécanismes de chaque rébellion, et duquel il ressort que dans ces mouvements de résistance, les responsables militantes sont des femmes, de véritables héroïnes.

Une question se pose : pourquoi, de façon quasi systématique, dans ces luttes, les femmes occupent-elles des places centrales pour ne pas dire exclusives ?

Cela a interpellé Fabien Toulmé qui s’est alors tourné vers le sociologue Olivier Fillieule qui nous offre des réponses pertinentes et fort intéressantes que je ne divulgâcherai pas ici mais que je vous laisse le soin de découvrir par vous-même dans l’album.

Des dessins simples presque naïfs très précis restituent bien les cadres de vie dans lesquels circulent les personnages, leur vie quotidienne. Les cases monochromes prennent différentes teintes, souvent en fonction de la chronologie, s’il y a retour dans le temps, ou en fonction de l’interlocuteur…

J’ai été subjuguée par le courage et l’opiniâtreté dont font preuve ces femmes dans la lutte qu’elles mènent pour une vie meilleure avec plus de justice et d’égalité, et admirative de leur parcours qui ne peut qu’inciter à se lever et à ne pas tout encaisser !

Les reflets du monde – En lutte est un roman graphique passionnant et touchant dans lequel Fabien Toulmé fait preuve de beaucoup d’empathie et de tendresse, n’hésitant pas à se mettre lui-même en scène dans son rôle de reporter.

J’avais fort apprécié L’odyssée d’Hakim 1, 2, 3, du même auteur et j’ai été à nouveau conquise par ce dernier.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          800
L'Odyssée d'Hakim, tome 2 : De la Turquie à la ..

Avec L'odyssée d'Hakim, Fabien Toulmé nous livre le témoignage d'un réfugié syrien et de sa famille, installé en 2015 à Aix-en-Provence. Dans le tome 1, intitulé : de la Syrie à la Turquie, il nous raconte dans un premier temps la vie de Hakim en Syrie et pourquoi il a dû fuir son pays, puis son arrivée à Antalya en Turquie après différentes tentatives d'installation à Damas, puis à Beyrouth au Liban, et Amman en Jordanie.

Si, à Antalya, il ne trouve pas davantage de travail, il rencontre Najmeh, une jeune syrienne installée avec sa famille et l'épouse. Devant les difficultés pour tous à trouver un travail, ils décident de partir pour Istanbul qui semble offrir plus de possibilités, d'autant que Najmeh est enceinte et va bientôt accoucher d'un petit Hadi. Les petits boulots précaires qu'Hakim va trouver vont bien vite ne plus suffire à les faire vivre. Les parents de Najmeh décident alors avec leurs économies restantes de partir pour la France et vont pouvoir plus tard faire venir leur fille. Hakim va devoir rester seul avec son fils, n'ayant pas tous les papiers nécessaires. Il va tenter tout ce qui est possible pour pouvoir reconstituer la famille.

Fabien Toulmé a eu une superbe idée pour nous faire le petit résumé du tome 1. Il a pris le prétexte d'emmener sa fille avec lui pour l'entretien prévu avec Hakim pour la suite de son histoire et il va, durant le trajet en voiture lui faire part de ce qu'il sait. Il révèle ainsi les principales étapes qui ont jalonné la vie d'Hakim dans le premier opus, ceci, tout au long d'une longue route sinueuse que l'on suit avec eux.

Hakim va donc tenter de rejoindre sa femme et sa famille, en France. Pour cela, il doit d'abord se rendre à Izmir en Turquie pour pouvoir rejoindre la Grèce. Que de terribles décisions à prendre, pour lui et son petit garçon ! de nombreux et terribles écueils vont jalonner son parcours.

J'ai retrouvé dans ce deuxième tome les mêmes intérêts et qualités que dans le premier. En fait, Hakim, ce migrant est comme nous, ce qui le motive est universel, c'est tout simplement le droit à une vie heureuse et les situations qu'il vit nous touchent beaucoup et nous partageons avec lui son amour pour sa famille, pour son tout jeune fils, son désir ô combien naturel de reconstituer la cellule familiale dans un lieu apaisé, son souhait de trouver un travail stable et nous le comprenons bien lorsqu'il dit : "Quand on doit faire vivre sa famille, on est plus facilement tenté de contourner les règles".

On ne peut que frémir et contenir sa colère lorsqu'on constate l'immense commerce qui est développé sur le dos des réfugiés autour de leur détresse.

Ces hommes et ces femmes prêts à tout pour bénéficier d'une simple vie décente qui devrait être le lot de chacun sont vraiment de vrais héros. Les aider et les accueillir devrait être un acte spontané. Il faudrait cesser de les culpabiliser. Hakim a cette réflexion tellement réaliste : " Comme partout, quand on est pauvre et que ça va mal, on se dit que c'est la faute des étrangers".

Cette bande dessinée documentaire, L'odyssée d'Hakim, écrite, dessinée et mise en couleur par Fabien Toulmé se lit d'une traite. Avec un dessin simple, très efficace centré sur les personnages et les émotions, allié à des couleurs sobres, c'est un témoignage poignant, bouleversant, plein d'humanité.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          803
L'Odyssée d'Hakim, tome 1 : De la Syrie à la Tu..

Il faut des auteurs comme Fabien Toulmé qui osent prendre le temps de comprendre, de fouiller, de chercher, de réfléchir pour tenter de faire prendre conscience à nous, occidentaux, tous les bouleversements apportés dans une vie lorsqu'un être humain est contraint de quitter sa famille, son pays pour échapper au pire.

L'odyssée d'Hakim (De la Syrie à la Turquie) est un gros et beau livre mais ce ne n'est que le premier. J'attends impatiemment de lire la suite car le tome 2 (De la Turquie à la Grèce) doit paraître ce 5 juin, toujours chez Delcourt/Encrages, puis il faudra patienter pour savoir comment Hakim a fait pour rallier la France…

Cette BD est passionnante à lire, très instructive car l'auteur détaille tout le cheminement d'Hakim, explique bien le contexte géopolitique ce qui permet de comprendre pourquoi un homme qui avait tout pour réussir dans son pays, la Syrie, a dû s'en aller, abandonner famille et amis, après avoir connu la prison et la torture.

Fabien Toulmé nous emmène dans la famille d'Hakim où l'on rencontre son épouse Najmeh, toujours voilée mais au caractère bien affirmé. Elle n'a pas dix-huit ans lorsqu'ils tombent amoureux, se marient à Antalya où Hakim a échoué après avoir tenté de vivre et de travailler à Beyrouth puis à Amman, en Jordanie : « Finalement, nous, les exilés, on est peut-être un peu comme les plantes. Quand on les déracine et qu'on les met dans un pot, elles continuent de pousser, mais avec moins de force et d'envie. »

Les dessins sont précis – le nez d'Omar, ado, cousin d'Hakim, est drôle - les couleurs sobres et la lecture jamais lassante, toujours très prenante et un peu angoissante. L'Odyssée d'Hakim est très documentée et d'une humanité impressionnante.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          754
Ce n'est pas toi que j'attendais

Avoir un enfant handicapé, c’est la terreur de tout futur parent.

Et certains handicaps font davantage peur que d’autres…

La trisomie 21 fait partie des maladies qui vous tombent dessus sans prévenir, vous tétanise, vous laisse en pleurs, sans force, vous avez l’impression de tomber dans un puits sans fond, sans la moindre lueur d’espoir…

C’est ce que raconte l’auteur, qui a découvert la trisomie de sa fille après la naissance, alors que rien ne le laissait présager durant la grossesse de sa compagne.



Avec une honnêteté sidérante, il raconte l’horreur de cette découverte, les crises de larmes, la panique, le rejet de cette petite fille pour laquelle il n’éprouve pas d’amour et a très peur de ne jamais en ressentir.



Il raconte les heures qui suivent la naissance, l’angoisse qui monte car il est persuadé que le bébé n’est pas normal, la terreur qui s’insinue en lui à l’idée que son intuition soit fondée.

Il raconte aussi les jours et les semaines suivantes, le verdict qui tombe, le parcours médical et psychologique qui en découlent, la rencontre avec ce bébé pas comme les autres et l’amour qui peu à peu émerge.



C’est un témoignage sincère, bouleversant, une déclaration d’amour à sa fille, tardive certes, mais qui n’en est que plus forte.

Commenter  J’apprécie          751
L'Odyssée d'Hakim, tome 2 : De la Turquie à la ..

Que j'étais impatient de connaître la suite de L'Odyssée d'Hakim, histoire que chacun devrait lire afin de combattre les réflexions, attitudes, décisions nauséabondes qui ont cours dans nos pays dits évolués !

Fabien Toulmé a donc livré le tome 2, de la Turquie à la Grèce, nouveau bel album, n'oubliant pas de résumer de façon originale ce qui s'est passé de grave et de très important dans la vie d'Hakim, au cours du tome 1, dans son pays, la Syrie, et son parcours jusqu'à Istanbul (juillet 2013).

L'histoire d'Hakim et de son fils, Hadi qui vient de naître, est toujours aussi prenante, inquiétante, émouvante et dessinée simplement, avec talent. Dangers, arnaques, profiteurs de tout poil, les réfugiés sont à la merci de la cupidité de leurs semblables et même de leurs compatriotes… Je nuance tout de même car Hakim a pu constater, au cours de son périple, que l'espèce humaine comptait encore quelques éléments dignes d'en faire partie. Mais que dire de ce personnel de l'ambassade de France à Istanbul qui rejette un contrat de mariage validé par un avocat syrien, pour une erreur de date ?

Fabien Toulmé conte cette odyssée de façon tellement humaine avec les détails du quotidien et les moments les plus intenses de la traversée en bateau pneumatique, d'Izmir (août 2015) à Samos, île grecque.

Ces gens quittent tout, mettent leur vie en danger, donnent beaucoup d'argent, pas pour leur plaisir mais pour échapper au sort qui leur est fait dans leur propre pays, en guerre. Ils visent un eldorado, comme le titrait Laurent Gaudé dans son roman, mais nous savons que beaucoup périssent en Méditerranée, victimes de passeurs sans foi ni loi comme la traversée Izmir – Samos le démontre.

Heureusement, dans son odyssée, Hakim rencontre, de temps à autre, comme je l'ai laissé entendre plus haut, des gens qui ont un coeur énorme, qui sont généreux ou tout simplement serviables, permettant à cet homme, jamais téméraire, d'avancer avec son fils, encore bébé.

La fin du livre me laisse en Grèce (septembre 2015) alors qu'un car emmène un groupe de réfugiés vers la Macédoine… J'attends maintenant la troisième et dernière partie qui permettra à Hakim et à son fils, d'atteindre notre pays où Najmeh, son épouse, l'attend, à Aix-en-Provence, là où les entretiens entre Hakim et l'auteur se sont déroulés.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          740
L'Odyssée d'Hakim, tome 1 : De la Syrie à la Tu..

Fabien Toulmé est un auteur de bande dessinée que j'apprécie vraiment beaucoup. Il sait jouer avec mes émotions et me toucher à chaque fois. Je pense que rien ne pourra jamais détrôner "Ce n'est pas toi que j'attendais", qui m'avait grandement bouleversée, et dans lequel il racontait son histoire. Ici, c'est celle d'Hakim qu'il nous conte : l'histoire d'un Syrien qui a fui son pays en guerre. Et pour cela, les trois épais volumes que compte son périple ne seront sans doute pas de trop pour en venir à bout.



Ce premier tome nous relate tout d'abord sa vie d'avant (son enfance heureuse, son entreprise florissante, sa vie de famille et professionnelle épanouie) avant d'en venir aux événements qui l'auront amené à fuir. Mais avant cela, Fabien Toulmé les resitue dans leur contexte, nous rappelle comment le pays en est arrivé là avant de démarrer à proprement parler l'histoire d'Hakim. On est donc au fait et bien préparé pour la suite.



L'événement qui aura marqué un changement radical dans son quotidien, c'est la première manifestation du peuple qui réclame, non pas la chute du gouvernement, mais seulement un peu plus de liberté. De là, on assiste à sa descente aux enfers : encore plus de répression, la réquisition de son entreprise, les délations, les arrestations, les tueries, la torture, la prison, les bombardements, la peur, le manque de vivres, les disparitions...



Et pour pouvoir mieux aider sa famille, il lui faut trouver du travail ailleurs. Alors Hakim part, laissant derrière lui ses parents et ses frères et sœurs, mais juste le temps que la situation se calme. Bientôt, il sera de retour...



En attendant, direction le Liban où rien ne se passe comme prévu, puis la Jordanie qui n'hésite pas à exploiter les migrants, et enfin la Turquie où il trouvera l'amour...



En voilà un récit profond et intense, si bien développé. Je me suis immédiatement attachée à Hakim, ce jeune homme à qui la vie souriait et qui a tout perdu, sa famille, son travail, son appartement, son pays qu'il aime pourtant beaucoup. Chaque évènement le marque à vie. Et si la torture lui a sans doute laissé des cicatrices, celles de son âme et de son cœur en sont bien plus profondes. Hakim change au fil du récit, il s'adapte à toutes les situations, va sans cesse de l'avant vers l'inconnu, s'endurcit tout en gardant son âme sensible. Un personnage (réel !) haut en couleur, pour qui on espère le meilleur, un avenir un peu plus serein.



Là encore, j'ai été touchée en plein cœur. Tout est si bien dépeint (le contexte, les ressentis d'Hakim, l'intrigue elle-même) que je ne pouvais être insensible à ce récit, encore moins quand on sait que c'est une histoire vraie. À travers lui, Fabien Toulmé voulait montrer aux gens qui étaient vraiment les migrants, et qu'ils ne sont pas une entité mais un ensemble d'individus avec chacun leur histoire et leur vécu. Et rien qu'avec ce premier opus, il a atteint son objectif.



Un petit mot sur les dessins dans lesquels on reconnaît sa patte graphique : simples, épurés, qui n'entrent pas dans les détails, qui ne jonglent qu'avec deux-trois couleurs pâlottes, mais qui sont tout de même très expressifs.



Un roman graphique fort. Puissant. Marquant. Émouvant. Profondément réaliste.

Commenter  J’apprécie          7010
Marilou, tome 1 : La magie de la campagne

Marilou dont le premier tome s’intitule La magie de la campagne se présente comme une belle BD aux couleurs chatoyantes avec une couverture souple à rabats, et un format qui paraît le mieux adapté pour les enfants.

Marilou, sept ans et demi doit quitter l’appartement où elle vivait. Ses parents ont acheté une maison à la campagne mais la fillette au caractère déjà bien trempé quitte à contrecœur sa chambre, ses copains, son école, se promettant d’y revenir un jour.

Arrivée dans son nouveau lieu de vie, ce ne sont pas les limaces gluantes ou ces herbes poilues qui piquent, ces orties, et encore moins les fourmis ou les araignées qui vont la

faire changer d’idée. Ses parents ont beau lui dire que la magie de la campagne va opérer, elle rechigne à les croire.

Au cours d’une sortie avec sa tablette, en quête de Wifi qu’elle ne trouve pas, voilà qu’un âne puis un rouge-gorge lui parlent en langage des hommes. L’aventure commence sans pour autant la dissuader de rentrer à la ville…

La couverture donne d’ailleurs le ton, d’emblée, avec Marilou, sa tablette en main, chevauchant l’âne Gédéon et Georges le rossignol voletant au-dessus d’eux avec en arrière-plan cette fameuse maison en pleine campagne où notre petite héroïne ne veut pas vivre !

Les enfants devraient adorer cette gamine énergique, qui n’a pas sa langue dans la poche, de même que ces deux animaux qui n’arrêtent pas de se lancer des piques.

Les dialogues sont particulièrement réussis, que ce soit entre les parents que Marilou mène par le bout du nez, ou entre le fameux duo que forment Gédéon et Georges toujours à s’asticoter.

J’ai particulièrement apprécié la manière avec laquelle les deux nouveaux amis de Marilou essaient de lui faire apprécier son nouvel environnement, que ce soient les couleurs, les odeurs ou les bruits.

De même, ils lui distilleront quelques informations précieuses sur le rôle des insectes dans la pollinisation ou la destruction des déchets, lui apprenant aussi à respecter les araignées et les incroyables propriétés de leurs toiles : « En fait, Marilou, il faut voir les petites bêtes comme des amies ». En bref, une petite leçon d’écologie.

Cette bande dessinée, cette aventure pleine de péripéties où la magie de la campagne finit par opérer est sublimée par un humour omniprésent, la rendant du coup très drôle et même désopilante et irrésistible avec ce bonus de la « super recette hyper trop bonne des cookies aux punaises, par chef Georges », chef Georges étant comme vous le savez maintenant ce malicieux rouge-gorge se délectant des limaces bien juteuses, des délicieuses chenilles ou encore des bons petits insectes bien craquants !

Fabien Toulmé que je ne connaissais que pour ses BD adultes, notamment L’odyssée d’Hakim que j’avais beaucoup aimée, m’a également séduite avec le scénario de cette BD jeunesse.

Quant aux dessins d’Olivier Dutto, ils sont à la fois doux et expressifs, la gamine est bien croquée et les teintes fraîches et bien associées, appliquées par BenBK pseudo pour Benoît Bekaert s’appliquent judicieusement à l’environnement naturel dans lequel se situe le récit.

À noter une magnifique double page bien représentative des craintes et fantasmes de Marilou !

Je remercie vivement Babelio et les éditions Delcourt pour m’avoir replongée de si belle manière dans la littérature jeunesse avec cette BD sur les aventures de Marylou, BD que je vais m’empresser d’offrir à ma petite-fille, qui, j’en suis certaine se délectera à sa lecture, sans être insensible au superbe badge qui accompagnait le colis !


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          690
Les deux vies de Baudouin

Juriste dans une grande entreprise à La Défense, Baudouin mène une vie des plus tranquilles, voire monotones : un travail peu épanouissant, un supérieur tyrannique et arrogant qui le surnomme affectueusement "La Baude", une vie sentimentale inexistante, un chat pour seul compagnon et des prêts à rembourser. L'arrivée de son frère aîné, Luc, va quelque peu chambouler son quotidien morose. Médecin dans une ONG, de retour d'une mission au Mali, il est de passage à Paris pour trois semaines avant de repartir pour Cotonou, au Bénin. Ce dernier le sort de son train-train, l'emmenant boire un verre ou rencontrer quelques amis. Mais, un jour, sous la douche, Baudouin remarque une grosseur sous le bras. Son frère lui conseille l'un de ses confrères, un cancérologue très réputé. Le verdict tombe : cancer métastasé...





Fabien Toulmé relate sur plus de 270 pages la relation entre ces deux frères diamétralement opposés. L'un, baroudeur et débrouillard, vit comme il l'entend tandis que l'autre, timide et timoré, s'ennuie dans la vie et regrette de ne pas avoir réalisé ses rêves, notamment celui de jouer et chanter dans un groupe de rock. La maladie de l'un va peu à peu précipiter les choses, rapprocher les deux frères et changer le regard sur la vie, sur ce que l'on souhaite en faire et les souvenirs que l'on veut se créer. L'auteur nous offre un album un peu fade où les héros manquent un brin de saveur et de punch et où l'intrigue est longue à se mettre en place. Malgré ces quelques défauts, il aborde en douceur divers thèmes tels que la fraternité, la maladie et le sens que l'on veut donner à notre vie. Graphiquement, le trait est sobre et épuré, parfois imprécis, l'auteur s'étant visiblement plus attardé sur les dialogues.
Commenter  J’apprécie          654
Suzette ou le grand amour

Suzette vient de perdre son mari. Mais, étonnamment, comme elle le confie à sa petite-fille, Noémie, elle n'arrive pas à être triste. Si elle est désormais seule, elle peut compter sur cette dernière avec qui elle a une relation bien particulière, surtout depuis que Noémie a perdu sa maman. Les deux femmes se voient très souvent, discutent beaucoup, de tout et de rien mais aussi de sujets plus profonds. C'est ainsi que Suzette lui confie qu'elle n'a pas toujours été heureuse avec Bernard. Si ce dernier était un père et un grand-père formidable, il n'a malheureusement pas toujours été un mari exemplaire. Malgré les 60 ans passés avec son mari, elle n'en a pas oublié son premier amour, rencontré lorsqu'elle avait 23 ans. Un bel Italien, Francesco, qu'elle n'a jamais revu. Noémie, quant à elle, vient tout juste d'emménager avec Hugo, avec qui elle est depuis 5 ans. Mais le jeune homme, encore étudiant, semble visiblement accorder beaucoup d'importance à son indépendance et tient à ce que chacun fasse des choses de son côté. Pour se changer les idées, la jeune fleuriste décide alors de partir à la recherche du premier amour de sa grand-mère...



Au cœur de cet album, Fabien Toulmé nous parle d'amour, quel que soit l'âge que l'on ait, mais aussi de sexualité et de vie de couple. Pour cela, il nous emmène dans un road-trip, organisé par la jeune Noémie, dans le but de retrouver le premier amour de sa grand-mère, Suzette. Si le thème se révèle intéressant, l'amour vu par deux femmes d'une grande différence d'âge, il n'est cependant pas assez approfondi. Le scénario manque parfois de rythme, l'auteur s'attardant sur des scènes du quotidien qui, au final, n'apportent pas grand-chose. On s'ennuie un peu et tout semble convenu. Graphiquement, le trait est clair, la palette de couleurs peu nuancée.

Un album gentil et sans surprise...
Commenter  J’apprécie          640
L'Odyssée d'Hakim, tome 2 : De la Turquie à la ..

Dans ce second volume, j'ai retrouvé Hakim là où je l'avais laissé, à savoir en Turquie, sur le point d'emménager à Istanbul avec sa femme enceinte et sa belle-famille. Mais son beau-père, n'arrivant toujours pas à trouver du travail et voyant ses économies fondre comme neige au soleil, prend la décision de rejoindre la France. Une fois là-bas, il réussit à rapatrier les siens (légalement). Mais n'ayant pas d'actes de mariage et de naissance, Hakim et son bébé (sa femme a accouché entre temps) ne peuvent partir avec eux et se retrouvent seuls. En plus de devoir subvenir aux besoins de son fils, financièrement parlant, Hakim apprend à être père. Il ne devait s'écouler que trois mois avant qu'Hakim puisse retrouver sa femme, le temps pour elle de faire le nécessaire et de composer avec l'administration française. Or, les démarches sont longues et n'aboutissent finalement pas. Voilà presque un an que le petit Hadi n'a pas vu sa mère... Se retrouvant dans une impasse, dans l'impossibilité de rejoindre légalement sa femme, Hakim plaque tout et prend contact avec un passeur, censé le conduire avec son fils en Grèce. Embarqués avec un grand nombre de réfugiés, serrés comme des sardines, d'abord dans la remorque d'un camion puis dans un rafiot gonflable, le voyage est un véritable désastre...



J'ai trouvé ce tome encore plus bouleversant que le précédent. J'ai perçu toutes les émotions par lesquelles est passé Hakim : la peur au ventre, omniprésente, pour lui mais surtout pour son fils ; son désespoir, sa colère, son amour pour son fils, sans qui il aurait sans doute tout laisser tomber ; sa tristesse et son apathie lorsqu'il apprend le décès d'un très proche, tué par les bombardements en Syrie ; ses doutes concernant les décisions qu'il doit prendre, malgré tous les risques encourus.



Lorsque Hakim, les larmes aux yeux, évoque certains événements à Fabien Toulmé, ce dernier nous explique comment lui-même a failli verser quelques larmes, tellement il était touché par ce père au désespoir. Autant vous dire qu'en ce qui me concerne, ça n'a pas seulement failli... J'ai été touchée en plein cœur. Cet épisode dans l'Odyssée d'Hakim est bouleversant et éprouvant. L'auteur, comme à son habitude, sait nous transmettre et partager ses émotions, tout comme celles de ses protagonistes. Et c'est d'autant plus terrible parce que nous ne sommes pas dans une fiction mais bel et bien dans la réalité.



Par moments, je me suis demandé dans quoi je m'étais embarquée, si j'arriverai entière au bout de ce périple. Mais ce périple, Hakim l'a vécu pour de vrai, je me devais de continuer également. J'ai atteint la côte grecque en larmes mais j'y suis parvenue, et je vous assure que lire les yeux brouillés n'est pas chose facile...



Enfin bref, je pense que vous l'aurez compris : je ne suis pas sortie indemne de cette lecture tout en émotions, qui joue avec notre sensibilité. C'est à la fois beau et tragique, triste à en mourir et pourtant empli d'amour, de solidarité et de belles rencontres.



Une lecture percutante et éperdument chamboule-tout.

Commenter  J’apprécie          629
L'Odyssée d'Hakim, tome 3 : De la Macédoine à la ..

Me voilà à la fin de L'odyssée d'Hakim, ce dernier étant enfin arrivé en France avec son fils. Mais avant cela, il lui aura fallu quitter la Grèce, traverser la Serbie, la Hongrie, l'Autriche et la Suisse. Camp de réfugiés déplorable, xénophobie et irrespect, faim, froid, précarité, peur au ventre n'en seront finalement pas venus à bout de son courage et de sa ténacité.



Ce troisième tome est aussi émouvant et éprouvant que les deux premiers, avec des passages durs et bouleversants, à fendre le cœur. Tout au long de ma lecture, je n'ai pas cessé de me poser toujours la même question : à sa place, aurais-je pu supporter ne serait-ce que la moitié de ce qu'il a vécu ? Je ressors de cette odyssée touchée au plus profond de mon être. Je savais que ces personnes avaient vécu un calvaire, et continuent de le vivre au quotidien pour la plupart, mais je n'avais pas imaginé qu'ils avaient en fait vécu bien pire. Au sortir de cette lecture, je me suis sentie idiote et ignorante, davantage pleine de compassion pour ces personnes qui ont tout perdu, vécu le pire, et qui sont souvent traités comme des intrus, ce qui ne les aide en rien à s'intégrer dans un pays où ils ont déjà tout à apprendre.



La façon dont les migrants sont traités dans les camps de réfugiés (en Hongrie notamment) m'a révoltée, sans parler de ce qu'Hakim appelle le "business de la détresse", totalement abject, ou encore des regards et des réflexions des autres. Tout ça m'a tantôt mise dans une colère noire, tantôt émue aux larmes. Heureusement qu'il y a des gens bienveillants qui croisent leur chemin, prêts à les aider en fonction de leur moyen, comme ce vieux monsieur qui offre spontanément un bonbon au petit Hadi tout en tendant un paquet de couches à Hakim. Heureusement qu'il y a une forme de solidarité entre les migrants, se serrant les coudes alors qu'ils ne se connaissent même pas, parce qu'ils partagent le même calvaire, la même détresse, le même désespoir. Je me suis retrouvée dans un récit qui raconte l'impensable, tout en étant plein d'humanité et de cœur.



Il est impossible de sortir indemne de cette lecture à la fois captivante et bouleversante, pleine de désespoir et de bienveillance, qui joue au yoyo avec nos émotions. Fabien Toulmé a fait un travail formidable. Son projet de « retranscrire en BD le témoignage d'un réfugié pour comprendre les mécanismes qui amènent quelqu'un à quitter son pays, malgré les risques et difficultés que cela représente » est une totale réussite. Et c'est même plus que cela puisqu'il nous touche en plein cœur.



J'ai ressenti tout ce qu'Hakim a ressenti et suis passée par toutes sortes d'émotions, de la colère à la peur, du découragement à la lumière au bout du tunnel, des larmes de désespoir aux larmes de soulagement. L'odyssée d'Hakim, dans son ensemble, est éprouvante. La vie au camp de réfugiés est particulièrement révoltante (j'ai encore du mal à croire qu'on puisse traiter des êtres humains ainsi de nos jours, clairement on ne vaut pas mieux que les nazis...). Les retrouvailles familiales, quant à elles, sont particulièrement touchantes et carrément bienvenues.



L'histoire d'Hakim se termine plutôt bien, sa famille et lui sont désormais réunis et en sécurité. L'intégration en France n'est pas facile, notamment à cause de la barrière de la langue. Il trouve les Français accueillants, et si on nous compare aux Hongrois, je veux bien le croire... Son odyssée a duré trois ans, il a vécu mille dangers et a vu la mort de près plus d'une fois. Je ne peux que lui souhaiter une vie heureuse et plus paisible, ainsi qu'à tous les siens, et de trouver l'argent nécessaire pour monter sa pépinière et exercer le métier qui le passionne tant.

Commenter  J’apprécie          614
Suzette ou le grand amour

C'est avec "Ce n'est pas toi que j'attendais" que j'ai découvert le travail de Fabien Toulmé, roman graphique qui m'avait bouleversée. Alors quand je suis tombée sur "Suzette ou le grand amour" à la bibliothèque, je n'ai pas hésité un seul instant. Il ne m'aura pas mise dans tous mes états, mais il n'en est pas moins émouvant à souhait.



Suzette, qui vient d'enterrer son mari après soixante ans de vie commune, se confie petit à petit à sa petite-fille, Noémie, avec qui elle a toujours été très proche. Alors que cette dernière vit sa première relation sérieuse, Suzette avoue l'infidélité de son défunt mari, avoue également ne pas avoir toujours été heureuse à ses côtés. Elle raconte également son premier amour, Francesco. Noémie, après quelques recherches assidues, pense savoir où il vit aujourd'hui et motive sa grand-mère à prendre la route jusqu'en Italie afin de le revoir...



Fabien Toulmé nous offre une belle histoire pleine d'émotions, de tendresse et de sensibilité. Il évoque des sujets de la vie quotidienne pourtant assez basiques, tels que les relations de couple, les relations intergénérationnelles, l'amour et la sexualité à tout âge, mais aussi le deuil ou la vieillesse. J'ai eu souvent les larmes aux yeux, mais non pas de tristesse, simplement parce que certains moments sont très forts, respirent le bonheur. J'ai très souvent souri également.



Les personnages sont tous très attachants. J'ai trouvé très touchante la relation entre Suzette et Noémie, deux bouts de femme que tout oppose mais pourtant très ouvertes l'une envers l'autre. J'ai trouvé également les retrouvailles entre Suzette et Francesco très attendrissantes (ils sont mignons comme tout tous les deux).



Fabien Toulmé accompagne son histoire de dessins ronds, très simples et peu détaillés, que ce soit au niveau des personnages et de leur physionomie qu'au niveau des décors, se concentrant davantage sur les relations entre les divers personnages. Il n'utilise que deux tons, le bleu et le jaune/orangé, avec un peu plus de noir et blanc quand les quelques souvenirs sont évoqués. C'est très doux, en symbiose avec l'histoire.



Certains évènements sont peut-être peu crédibles ou surviennent trop facilement, comme par exemple Noémie qui peut poser une semaine de vacances sans problème en ne prévenant son patron que quelques jours avant, quand elle va acheter ses meubles à l'Ikea de Bordeaux un dimanche (je n'habite pas loin, je sais qu'il est fermé), ou encore le hasard qui veut que Francesco soit disponible et donc prêt à reprendre là où Suzette et lui se sont arrêtés plus de soixante ans après. Mais j'ai quand même vite oublié ses petits désagréments, tellement j'étais happée par tout ce que l'histoire dégage en émotions.



La fin est édulcorée mais mon côté fleur bleue n'en aurait pas accepté une autre, pour Suzette et Francesco cela s'entend (pour Noémie et Hugo, un autre dénouement ne m'aurait pas gênée).



Moitié road trip, moitié feelgood, "Suzette ou le grand amour" m'a offert un joli moment de lecture, très émouvant, plein d'humour, tout en sensibilité, délicatesse et pudeur, douceur et tendresse.

Commenter  J’apprécie          582
Les deux vies de Baudouin

C’est du Fabien Toulmé. C’est enlevé et drôle... mais pas que.

C’est de la bande dessinée, c’est plaisant et rapide à lire... mais pas que.

Cela parle de la vie de Baudoin, du destin, des choix que l’on fait ou que l’on ne fait pas . . . mais pas que.

La chute est assez prévisible et pourrait, si vous êtes sensible, valoir rien qu’à elle la lecture de ce petit bijou.

Commenter  J’apprécie          570
Ce n'est pas toi que j'attendais

Fabien et sa femme sont déjà les heureux parents d’une petite Louise en pleine forme quand s’annonce pour eux un nouvel heureux événement.



Une grossesse qui commence au Brésil et s’achève en France. Une grossesse tout au long de laquelle Fabien ne cesse de s’inquiéter sur les risques encourus par le bébé. Le jour de la naissance de sa deuxième fille, il s’inquiète encore. Quelque chose cloche chez Julia.



Cependant, des infirmières aux médecins, tout le monde se veut rassurant. Tout va bien. Pourtant quelques jours plus tard, le verdict tombe tel un coup de massue, Julia est trisomique.



Comment accepter l’inacceptable ? Comment faire face à ce drame ? Comment se comporter avec cette enfant qu’il ne parvient pas à toucher, qu’il ne parvient pas à aimer ? Et surtout à quoi bon ? Toutes ces questions qu’il se pose et qu’on se pose forcément…



Dans ce témoignage aussi poignant que bouleversant, Fabien Toulmé fait le choix de ne rien cacher. Loin de toute forme de politiquement correct, il ne passe rien sous silence. Son récit est franc, direct, cash. Les mots sont parfois durs car la douleur est vécue, authentique, réelle. Rien ne sert de l’atténuer après coup.



Colère, douleur, larmes, le chemin sera long et semé d’obstacles avant d’en venir à l’acceptation. Un émouvant roman graphique plein de sincérité et d’humanité. Une réussite à lire absolument !



Ce n'est pas toi que j'attendais de Fabien Toulmé, un grand cri d'amour...


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
Commenter  J’apprécie          570
L'Odyssée d'Hakim, tome 3 : De la Macédoine à la ..

Ce tome trois clôture une belle trilogie dessinée. On assiste au volet européen du périple menant Hakim à sa Pénélope qui l’attend patiemment, ne pouvant rien faire d’autre...

Quelles idées-forces se dégagent de cette lecture ?

Que les Hongrois sont le pire peuple européen ? Que les gens (à part les hongrois bien sûr) sont globalement essentiellement accueillants, bienveillants les uns envers les autres ? Que les policiers autrichiens, suisses ne pourraient pas faire du maintien de l’ordre en France ?

Sérieusement, c’est une ode à l’humanité. Un bel hommage de Fabien Toulmé à son modèle Homérique.

Commenter  J’apprécie          541
Les reflets du monde : En lutte

Fabien Toulmé est actuellement un auteur que j'apprécie suivre tant ses oeuvres antérieures m'ont marqué : « Ce n'est pas toi que j'attendais », « Les deux vies de Baudouin » ou encore « L'odyssée d'Hakim ». Il arrive à nous sensibiliser sur différents sujets de société à travers des histoires réellement passionnantes.



En l'occurrence, on va partir à la découverte du monde à travers trois combats portés par des citoyennes. Il s'agit de décrypter trois résistances populaires des plus remarquables : une lutte citoyenne au Liban, le combat d'une favela brésilienne contre un projet immobilier et l'engagement d'une militante féministe au Bénin. Notons que les femmes tiendront un rôle central puisque c'est elles qui mèneront la lutte.



J'ai toujours eu de l'admiration pour les gens qui essayent de faire changer les choses de manière pacifiste et positive pour le plus grand bien de l'humanité. Il s'agit de lutter pour la justice sociale et contre les inégalités. Il est vrai que c'est plus difficile dans des pays qui ne connaissent pas la démocratie et qui répriment toute opposition. La mobilisation a souvent un coût.



On commence par le Liban, ce pays qui fut autrefois un protectorat français et qui est devenu indépendant depuis 1943 le laissant en proie à des rivalités internes très fortes entre les factions chrétiennes et les musulmans. L'instauration d'une taxe sur whatsapp pour renflouer les caisses de l'Etat a mis le feu aux poudres comme ce fut d'ailleurs le cas en France avec les gilets jaunes et la taxe sur le carburant. C'est l'accumulation de toutes les frustrations pour le peuple qui fait que cela éclate.



Oui, partout dans le monde, les pauvres gens en ont marre de payer pour une classe politique grassement payée et qui profite allègrement du système. A noter le mémorable discours méprisant du président Michel Aoun qui a mis de l'huile sur le feu.



Malheureusement, le mouvement de la Thawra s'est essoufflé laissant place à la résignation et le pays a été plongé dans une grave crise économique sans précédent où manger devient un luxe. Cependant, même en cas d'échec, cela fait bouger les lignes même assez subtilement et surtout, cela laisse des traces à plus ou moins long terme.



On continue par le Brésil des favelas à l'occasion d'un programme de réhabilitation d'un centre-ville où il faut expulser des gens d'une communauté. le processus de gentrification qui permet une amélioration des conditions de vie se fait souvent au détriment des plus pauvres. Derrière les beaux discours politiques se cachent une autre réalité pas très reluisante. Il y a un combat de femmes qui ont une vision plus collective des choses loin des intérêts individuels. Elles proposent une autre alternative moins destructrice et plus respectueuse de l'environnement local. le projet est pour l'instant suspendu à un recours juridique.



Enfin, le troisième voyage mène notre auteur en Afrique et plus précisément au Bénin, un pays qui arrive en 158ème position sur 189 dans le dernier classement des inégalités hommes-femmes établi par les Nations-Unis. Il y a une véritable problématique des grossesses précoces qui poussent les jeunes filles à quitter l'école très jeune et qui sont par conséquent un frein à leur autonomisation.



Il faut dire que les garçons sont éduqués à être des chefs et à faire ce qu'ils veulent des femmes une fois mariés. C'est donc par l'éducation à l'école que se fait la lutte à coup de sensibilisation pour changer la mentalité de la société béninoise axée sur la tradition africaine. Il s'agit d'évoluer et non d'effacer la culture béninoise. le droit des femmes gagne tout doucement du terrain et c'est encourageant.



En conclusion, je dirai que l'auteur a du talent, c'est incontestable car il arrive avec des mots simples à nous faire comprendre des situations plutôt complexes qui échapperaient à la compréhension populaire. Cela apporte des éclaircissements plutôt notables. On voit également qu'il ne juge pas et qu'il essaye de rester neutre même s'il est parfois admiratif de ces femmes qui combattent pour des causes justes.



J'aime beaucoup le dessin qui fait dans la lisibilité et qui me semble être très réussi techniquement. Il est très agréable à regarder dans une ligne claire semi-réaliste. A noter une narration toujours aussi fluide qui concourt à cette nouvelle réussite.



C'est encore le genre de BD profondément humaine à mettre entre toutes les mains.
Commenter  J’apprécie          530




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Fabien Toulmé Voir plus

Quiz Voir plus

Ce n'est pas toi que j'attendais

Comment s'appelle la fille porteuse de maladie ?

Julie
Julia
Maeva

3 questions
73 lecteurs ont répondu
Thème : Ce n'est pas toi que j'attendais de Fabien ToulméCréer un quiz sur cet auteur

{* *}