Farah Anah

- Ça ne me dérange pas d'être enchaîné à toi, Leyah Smith.
- Pour la soirée ?
- Pour commencer...
- Et après ?
- Je ne sais pas. J'ai perdu la clé. Et je n'ai pas envie de la retrouver.
-Zach et Leyah-

Il est mon roc dans cette mer déchaînée. Celle du Pacifique, mais celle de mon palpitant également. Je me sens en sécurité dans ses bras, pourtant mes émotions menacent d'être mises à mal. Je ne devrais pas! Je devrais me barricader, pas me serrer plus fort encore contre son buste de granit.
Tant pis. Aujourd'hui, je m'éclate !
-Leyah-

Dès l'instant où j'ai appris qu'elle viendrait à la villa, je croyais que notre quotidien deviendrait une partie d'échecs aisée à mener. Comme toujours depuis mon enfance, je me fie à ce don qui jamais ne me trompe. Faire en sorte qu'elle m'offre l'objet de ma convoitise aurait dû être facile. Une belle blague : à mesure que je progresse sur le damier, mes pions se font dégommer un à un. Son odeur, je m'y suis accroché toute la journée dans l'espoir d'oblitérer la pestilence ambiante. Mais son nectar intime... rien de tel n'existe sur cette planète. J'en ai pourtant savouré, des femmes. Ses molécules ne se contentent pas de me parler, elles me torpillent, m'exaltent et m'asservissent; raison pour laquelle je me retrouve à redouter mes désirs.

Des branches d’arbres dépassent de sa crête tout du long, jusqu’à ce qu’une large porte en fer forgé indique notre destination, me provoquant une désagréable crispation. Ses courbes m’apparaissent menaçantes, comme pour me chasser, me contraindre à rebrousser chemin.

- Tu es une femme exceptionnelle. Je n'y ai certainement pas participé, mais j'en éprouve une grande fierté. Si une ancienne alcoolique un peu timbrée peut te donner quelques conseils, non pas en tant que mère, mais en tant que femme, c'est de toujours avancer. Ne laisse pas l'amour t'anéantir. Ne laisse personne te dire comment exister. Continue de te construire, tu n'as besoin de personne pour ça.

- J'en ai tiré des leçons malgré moi, comprenant très vite que jamais je n'aurai voulu gommer de si beaux présents. C'est comme ça que je me suis construite, que j'ai appris à aimer, mais surtout à me laisser aimer. J'ai appris que si un coeur pouvait se briser, il y aura toujours quelqu'un pour le recoller. J'ai brisé le tien, ma fille. J'en suis mortifiée. Et si la honte ne m'étouffait pas chaque jour de ma vie, je te dirais que désormais, je suis là pour le réparer.

- Tu devais finir gravée sur ma peau, Mustang. N'en sois pas étonnée, c'était inévitable.

Et c'est là, à cet instant précis, que sans prevenir, Je crois que je tombe amoureux d'elle.
Pour sa simplicité et sa spontanéité. Pour sa gentillesse et son humour. Pour toutes ces choses que je n'ai pas rencontrées depuis cinq ans et que je n'avais pas pris conscience qu'elles me manquaient autant.

Il s'avança encore et se baissa légèrement, son visage n'étant plus qu'à quelques centimètres du mien. Mon cœur palpitait derrières mes côtes.
— Parce que je l'ai décidé, ma poupée. Qu'est-ce que tu ressens, là ?
Je cillai, humectant mes lèvres.
— J'ai envie que tu m'embrasses.

— Quoi que tu portes, tu es magnifique, ma poupée.
Elle rabattit les paupières en inspirant, un petit sourire en coin.
Mon cœur en subit l'émoi.
Elle était ma faiblesse, me désarmait coup après coup.

Je m’occuperai de lui faire sniffer ses couilles, sûre que ça déglinguerait son cerveau au même titre que la merde qu’il s’envoie.

- Je serai dans la foule, à t'admirer. A te désirer. Rien que pour moi, brille par ton courage, par ta beauté, par ton élégance.
Je me dégage de son emprise et le considère un instant. Sa langue attire mon attention, pourléchant ses lèvres tentatrices que je rêve d'embrasser.
- Je veux que tu sois ma princesse. La princesse d'Hérulya, qu'un jour, tu deviennes ma reine.
Mon cœur a un loupé.

Ne laisse pas l’amour t’anéantir. Ne laisse personne te dire comment exister. Continue de te construire, tu n’as besoin de personne pour ça.

C’est dans ma nature, pourtant : ne rien attendre, courir avant d’espérer. De voir tout dégringoler.

Regards complices.

Parfois indécents. Plutôt bienveillants.

Au milieu de ces inconnus, de ces célébrités, de nos copains, je retrouve mon havre dans ces perles obscures, dans ce sourire carmin, dans notre gestuelle synchronisée. Il suffit de ça pour rétablir notre connexion.

Il suffirait que je la touche.

Que je m’y perde….

J'ai appris que si un cœur pouvait se briser, il y aurait toujours quelqu'un pour le recoller.

Même pas en rêve ! J’ai besoin d’être seule pour avaler la pilule. Moi qui ne voulais pas figurer sur son tableau de chasse, j’ai fière allure, là !
Je ressortirai ensuite en guerrière et l’affronterai tout sourire, parée à ses moqueries. Et aux sensations qu’il me rappelle.

Putain, ce qu’il est beau. Il pourrait carrément s’agir d’un héros de bouquin, avec sa large mâchoire, sa fine barbe de trois jours, ses yeux sombres surplombés de sourcils épais et son dégradé brun foncé. Un cliché ambulant ! Un cliché ambulant qui me coupe le souffle !

Ça fait cinq putains d’années qu’on est ensemble, cinq putains d’années que je me demande ce que je fous avec toi, si, vraiment, c’est de l’amour que tu ressens pour moi. Parce que, qu’on se le dise, tu as un cœur de pierre, Esme. C’est une protection que tu as forgée malgré toi, mais tu sais pertinemment que jamais je ne te ferai le moindre mal. Tu sais que je t’aime. Alors pourquoi tu ne t’ouvres pas à moi ? Tu ne me livres jamais rien, j’en ai marre de devoir toujours user de ma pelle et mon râteau pour fouiller dans ton esprit.

Impossible de me lever, mon corps est trop lourd. Il pèse le poids de ma douleur, ma rancoeur, de mon désarroi et de sa trahison.