"Un éléphant dans ma salle d'attente" de Florence Ollivet-Courtois et Sylvie Overnoy : rencontre
A quelques très rares exceptions près, quand par exemple ils sont très jeunes et tout disposés à s'attacher à absolument n'importe qui, ils ne veulent rien savoir du vétérinaire, cette espèce qui fait des piqûres, des points de suture, administre des médicaments même pas bons et tient à les examiner sous des angles qu'il considèrent comme relevant strictement de leur vie privée. Malgré, ou à cause, de notre air volontairement dégagé, ils nous repèrent à l'instant, nous autres de la race des vétos, et alors se carapatent le plus loin, le plus haut ou le plus profond possible, hérissent tout ce qu'ils ont d'hérissable, retroussent les babines, dégainent les griffes, crachent, feulent, vocifèrent ou nous lancent des cailloux, quand ce ne sont pas leurs excréments. Tout ça pour un banal vaccin.
Je suis intervenue lors du déménagement. Cela faisait deux ans que je n'étais pas venue à Vincennes et que Nina ne m'avait pas vue. Retour à mes débuts... Quand j'entre dans le bâtiment, j'appelle : "Nina, Nina!" Elle arrive en trombe du fond de l'enclos. Bien sûr qu'elle me reconnaît! Et voilà. Que du bout de la trompe, délicatement, elle dénoue mes lacets.
Avec les animaux, aucune boucle n'est jamais vraiment bouclée...
De tous les animaux que je côtoie, c’est avec les éléphants que j’ai le plus d’affinités. Et plus je découvre la profondeur de leur intelligence, leur sensibilité, leur puissance et leur finesse, plus je m’indigne de la façon stupide, déchirante, dont peuvent mourir parfois ces animaux magnifiques. Je veux empêcher ça.
C'est bien simple, chez les éléphants, j'aime tout. Regardez-les de profil : vous voyez la façon dont leur bouche est dessinée, ce petit sourire en coin qui leur donne un air espiègle ? J'adore. J'aime les longs cils droits dans les yeux, qui sont proportionnellement à peine plus gros que les nôtres, mais dont l'iris cerclé de noir est d'une chaude couleur dorée. J'aime les poils raides du bout de leur queue disposés curieusement en arête de poisson, leur peau à la fois ridée et étonnamment élastique, j'aime leur intelligence et leur empathie qui leur permettent de véritablement nous comprendre.
l arrive que l'on doive euthanasier des animaux parce qu'ils sont malades ou blessés et qu'on ne peut rien pour les soulager. C'est alors qu'on parle réellement d'euthanasie, car la mise à mort se fait dans l'intérêt de l'animal. Il arrive aussi que des animaux soient abattus pour préserver la santé publique ou l'intérêt général à cause de maladies contagieuses. On parle alors d'abattage, car dans ce cas l'euthanasie se fait dans l'intérêt des humains. La mort n'est d'ailleurs pas nécessairement donnée par arme à feu, contrairement à ce que l'on pourrait croire au vu du procédé de certains.
J'exerce dans les zoos, les cirques, chez les particuliers aussi. Munie de mon diplôme, de mon expérience et de ma panoplie de fusils hypodermiques, il m'arrive aussi bien de traiter la cardiopathie d'un chimpanzé que de transfuser un vautour, de poser une broche à l'humérus fracturé d'un singe capucin, une puce électronique de marquage à un alligator ou d'assurer le suivi d'une tigresse épileptique.
C'est bien simple, chez les éléphants, j'aime tout. Regardez-les de profil : vous voyez la façon dont leur bouche est dessinée, ce petit sourire en coin qui leur donne un air espiègle ? J'adore. J'aime les longs cils droits dans les yeux, qui sont proportionnellement à peine plus gros que les nôtres, mais dont l'iris cerclé de noir est d'une chaude couleur dorée. J'aime les poils raides du bout de leur queue disposés curieusement en arête de poisson, leur peau à la fois ridée et étonnamment élastique, j'aime leur intelligence et leur empathie qui leur permettent de véritablement nous comprendre.
"Avec les animaux, aucune boucle n'est jamais vraiment bouclée..."
Et voilà que, du bout de la trompe, délicatement, elle dénoue les lacets.
Avec les animaux, aucune boucle n'est jamais vraiment bouclée...