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4.33/5 (sur 3 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Psychanalyste, psychiatre des hôpitaux (CHS Guiraud-Villejuif), enseignante au département de psychanalyse Paris VIII et membre de l’école de la cause freudienne.

Auteur de "Le cas Landru à la lumière de la psychanalyse."

Source : karimsarroub.blogs.nouvelobs.com
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La psychiatrie du XXIe siècle est-elle vouée à se dissoudre dans les neurosciences ? La psychanalyse a apporté à la psychiatrie une nouvelle approche de la folie, à partir du sujet et de l?inconscient. Une approche en passe de disparaître, au profit d?une vision toujours plus scientifique de l?être humain. Quelles peuvent être les conséquences de ce changement de paradigme quant à la question du passage à l?acte de sujets en rupture avec le lien social ? le rapport à la parole a-t-il encore sa place, notamment dans le champ du traitement des addictions ? Avec : Clotilde Leguil, Pierre Sidon, Francesca Biagi-Chai Retrouvez le dossier "Psychiatrie, psychanalyse et malaise social" sur notre webmagazine : https://balises.bpi.fr/psychologie-psychanalyse/psychiatrie-psychanalyse-et-malaise-social Suivre la bibliothèque SITE ? http://www.bpi.fr/bpi BALISES ? http://balises.bpi.fr WEBTV ? http://webtv.bpi.fr/ FACEBOOK ? https://www.facebook.com/bpi.pompidou TWITTER ? https://twitter.com/bpi_pompidou

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Francesca Biagi-Chai
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L’inhibition à imaginer
Qu’en est-il de la parole de J. Daval ? A partir des phrases qu’il a pu prononcer telles que le
rapporte les médias, donnons une esquisse de ce que peut être son rapport à la parole – que
seul un entretien orienté permettrait d’approfondir pour en dénuder le réel.
Comme le souligne Jacques-Alain Miller, on peut dire que « la pulsion, c’est encore un
accord du signifiant et du corps […]. Mais le fait clinique majeur que Lacan travaille et met
en évidence […], c’est l’inhibition à imaginer, c’est la béance qui demeure entre l’imaginaire
et le réel » (2). C’est le défaut de pulsion chez J. Daval qui fait son absence de symptôme et le
mur de son incommunicabilité. Incommunicabilité qui le met en place d’objet et qui
produit, à son insu, la pulsion épistémophilique, la pulsion de savoir de ceux qui l’entourent.
Cette situation réalise la structure même de la perversion, l’objet qui divise l’Autre, mais ici il
y manque la jouissance, ainsi ce n’est qu’un simulacre de perversion, une façade (suivant ce
que nous développons de son rapport à la parole). C’est en nous intéressant à ses dires, avec
leur cortège de vacuités essentielles que nous tenterons de faire valoir ce qu’il en est de sa
personnalité en rappelant que, comme le souligne J.-A. Miller, Lacan a toujours ordonné le
dire à l’impossible à dire (3) et qu’il y a lieu d’établir les connexions de l’acte et du langage.
Les mots ne sont pas là pour lui lors de sa rencontre avec Alexia, ils ne sont pas de son
côté. C’est elle qui fait les premiers pas, qui le prend par la main. Elle qui, aux dires de tous,
était lumineuse, dynamique, déterminée. Les mots qu’il prononcera publiquement, lors de
l’hommage rendu à son épouse, trahissent ce qu’il vivait dans ce lien de similitude, voire de
complétude fondamentale. Ils avaient une passion commune, le sport. « Elle était, dit-il, ma
meilleure supportrice, mon oxygène. » Le je y est remarquablement absent. Le désir d’enfant
qui s’est présenté chez Alexia, n’a rencontré que l’esquive, la fuite. Aucun de ses témoignages
ne fait état d’une position à cet égard, d’un atermoiement par exemple, d’une crainte... C’est
un effacement qui vient à la place, un non-événement, un impossible à dire ? Ce désir
d’enfant se manifeste comme un intrus et vient provoquer dans son corps le refus des
rapports sexuels et la fin d’une intimité, qui se fissure, devient mena çante, dérangeante.
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Francesca Biagi-Chai
De l’énigme judiciaire

Que peut-on encore attendre de la clinique ?

À propos du procès de Jonathann Daval.


Depuis les « trains Landru » qui conduisaient le tout Paris au procès de ce criminel célèbre
faisant la une de tous les journaux, rien n’a vraiment changé, et pourtant le procès de
Jonathan Daval, accusé de meurtre sur la personne de sa conjointe, Alexia Fouillot, a
marqué l’entrée dans une ère nouvelle en matière de procès d’assises. C’est la première fois
qu’un procès est entièrement couvert par les médias avec autant de détails et d’intervenants.
On a pu suivre son déroulement pratiquement en temps réel, au fil de nombreux reportages
et commentaires, et encore d’un documentaire soigné et d’une série télévisée (1).
Les expertises psychiatriques et psychologiques dans les tribunaux se font désormais
moins entendre que les récits des familles, comme si, de la psychiatrie, il n’y avait plus rien à
attendre. Les experts sont toujours physiquement présents, mais une part minime leur est
allouée, leur voix reste peu entendue, contrairement à celle des grands noms qui ont jalonné
l’histoire des annales médico-judiciaires. Les médias ont pris leur place, et ce sont eux qui
accompagnent les familles dans leur désir de vérité, par des investigations qui prétendent
sonder l’âme humaine ou plus exactement lui donner écho dans l’opinion publique, érigée
dès lors en tribunal. Il y a matière à tirer la sonnette d’alarme, tant du côté judiciaire –
possible impact sur les jurés – que sur le plan psychiatrique.
Le moment est venu de retrouver la clinique dans sa finesse, dans ses conclusions, dans
les prévisions que la logique du passage à l’acte autorise – et qui ne doivent rien à un
quelconque profilage de série télévisée. Notons que la famille d’Alexia Fouillot a été
remarquable en tout point, ce qui a permis que le procès garde une certaine tenue.
Néanmoins, ce procès médiatisé fait jurisprudence sur le plan judiciaire, l’influence possible
des médias sur les jurés ouvrant la porte à une justice de l’opinion.
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Francesca Biagi-Chai
10

Au cours du procès, le président du tribunal, parlant d’Alexia, demande : « C’est sa
mort que vous vouliez ? » « Ben oui !, lâche-t-il, quand on étrangle quelqu’un, c’est pour
donner la mort. » Dans ce « Ben oui ! », n’y a-t-il pas l’épaisseur de la clinique que nous
venons d’évoquer : la mort comme pure logique où se confirme l’absence de secret, là où
l’on suppose devoir retrouver la cause ? Dans le rapport cause/signifiants, les mots des autres
reviennent avec le seul usage possible pour lui, le semblant : « J’ai menti aux parents, j’ai
menti à la police », « Je m’excuse, c’est impardonnable ». « C’est la première fois que je me
battais », dit-il au procès, le président rectifiant alors : « Vous n’étiez pas en train de vous
battre, vous étiez en train de tabasser quelqu’un. » Le corps a été traîné, c’est
particulièrement violent, lui fait-on remarquer. « Oui, c’est comme traîner un sac à
patates ». Le mot violent est devenu dans sa bouche : « C’est dégueulasse », « même encore
à l’heure actuelle, j’ai du mal à admettre que je l’ai fait ».
La tentative d’incriminer la famille, quant à elle, vient dans la foulée, sans plus de
réalité que le reste. Un entretien permettrait d’en trouver les attaches, peut-être de voir là
une réponse à d’éventuelles suggestions – « Étiez-vous seul ? Aviez-vous un ou des
complices ? », questions si fréquemment posées quand les crimes semblent dépasser les
possibilités matérielles du déroulement pour une seule personne. Enfin, quand la mère
d’Alexia veut aller plus loin, il s’arrête : « Je suis désolé, je ne peux rien dire de plus. » La
prison, quelle que soit la peine, n’est autre que le pas d’après.
Le savoir soulage, mais quel savoir ? Pas celui qui entretient l’illusion qu’il pourrait être
total, pur, absolu, mais celui qui permet de vérifier que le réel fait limite à la vérité et qu’une
fois le réel isolé, la logique intrinsèque du cas peut être élucidée.


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L'acte criminel s'est toujours imposé aux hommes comme une énigme. Comment un homme peut-il s'affranchir de tout lien à l'autre au point de vouloir sa disparition, et ce sans appel possible ? Aujourd'hui encore, cette question reste ouverte, et la refermer impliquerait l'exclusion, hors de l'humanité, du crime et du criminel. En supposant, ce qui est de plus en plus fréquent, comme facteur de criminalité un Mal absolu non identifié car non identifiable, et puisqu'il n'y a rien à savoir, ne néglige-t-on pas les victimes elles-mêmes ? c'est ce que les familles expriment lorsqu'elles veulent que soit reconstitué le parcours de ces tragédies et que soient données les raisons intimes de telles actions insupportables. N'est-ce pas pour cette raison que toute une population, à travers les médias, se passionne pour les meurtres dont elle ne saisit pas la motivation ? Lorsqu'un homme tue par jalousie, passion, vengeance, crapulerie ou intérêt, on a confusément l'illusion de comprendre, car ces motivation sont lisibles dans le registre du sens. Lorsqu'un homme tue sans motivation apparente, mais dans un état de crise, de fureur, de débordement de soi, on continue de donner un sens à son acte en l'attribuant à un coup de folie. Bien que l'on ne sache pas toujours ce que la folie recouvre, on sait pourtant reconnaître la conduite d'un insensé.
Mais il est des crimes qui surviennent sans qu'on puisse les rattacher à une crise, à un moment délirant, sans motivation décelable. Nous sommes alors confrontés à l'étrange, à l'énigme du non-sens.
(...) avec les tueurs en série, une énigme encore plus grande a surgi, celle des meurtres à répétition où se reproduisent l'immotivation et le hors-sens.
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Francesca Biagi-Chai
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Il lui revient d’expliciter ce que Lacan, après Freud, a isolé comme réel forclos du
symbolique. Il lui revient de faire savoir que tout n’est pas manque, désir, pulsion, mais que la
perte sèche du sentiment de la vie, toute autre qu’existentielle, existe aussi. Un sujet, à
l’occasion et en fonction des rencontres, a pu habiller ce vide pour le meilleur dans le
sinthome, la sublimation, ou bien dans la vie lisse, simple et sans heurt. Parfois, à la suite de
conjonctures significatives pour lui, le tissu se déchire, la posture se rompt, et alors le pire
peut surgir dans le passage à l’acte.
C’est dire qu’à partir d’entretiens orientés par la psychanalyse, soit « une biographie
orientée par le réel », on peut retrouver dans la logique du sujet la logique du passage à
l’acte. A propos du cas célèbre des sœurs Papin, Lacan, situant la dimension subjective au
sein de la dimension sociale retenue à l’époque comme primordiale, avait démontré
comment, à partir d’un moment significatif, les sœurs avaient nourri contre leur patronne
non pas un ressentiment d’ordre social, mais un délire paranoïaque. La situation, dit-il, était
« grosse » d’un passage à l’acte, c'est-à-dire prête à ce qu’il surgisse, il n’y manquait que
l’étincelle, le déclic : ce fut le commutateur qui fit sauter le fer électrique. Où est passée cette
clinique aujourd’hui ? Nombreux sont les cas commentés par Lacan : Mme Lefebvre, les
sœurs Papin, pour ne citer que les plus connus, outre le cas Aimée qui forme la substance de
sa thèse de 1932. Depuis lors, plusieurs collègues ont développé des cas éclairant ce qui a
déclenché le geste meurtrier.
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Francesca Biagi-Chai
9

La demande de trop


La demande de trop quelle est-elle ? Celle de ce soir-là, celle du rapport sexuel qui a
désormais l’enfant pour équivalent ? A-t-il perçu qu’elle était persistante, impossible à
réduire, qu’elle ne cesserait jamais et inscrivait l’impossible sans métaphore ? Aux dires de J.
Daval lui-même, son propre corps y prenait part dans l’impuissance qu’il lui imposait et qui
envahissait tout. L’impact du sexuel, la transmission de l’être père, l’appel à la responsabilité
à se faire homme constituent dans l’orientation lacanienne les conditions propices à la
rupture du discours. L’appel au symbolique, quand il rencontre la faille radicale que
l’imaginaire masquait, rompt le fragile édifice. C’est une des conjonctures classiques de
déclenchement par où le réel prend le pas sur ce qui le bordait, un réel cette fois hors
discours. Le déclic sur ce fond « gros » d’impossible à supporter tient-il au fait que sa femme
l’ait retenu dans sa fuite habituelle, à un mot en particulier ? La bascule était là.
En faire l’hypothèse dans la lecture que nous essayons de faire du lien du sujet à la
parole, c’est aussi dire que nous ne sommes pas dans le jamais vu, dans le sorti de nulle part. Le
cas est, comme tous les cas, unique, mais les coordonnées peuvent en être données.
Après la mort, le corps c’est le corps, ce n’est pas Alexia. Cette dissociation de l’être et
de son cadavre confirme le trou dans le symbolique. L’impossibilité du retour sur soi est
congruente avec la continuité de l’action qui a entraîné J. Daval à faire disparaitre le corps
dans cette terrible succession de faits, puis de poursuivre d’une autre manière, la même
homéostase. Cela peut expliquer son étonnant comportement, aux yeux de tous, durant les
trois mois qui ont suivi la disparition d’Alexia. Quand le symbolique n’est pas là, on ne le
récupère pas, même pas de façon intermittente. Peut-être est-ce cela qui sidère l’opinion. Ce
qui s’était toujours succédé de manière métonymique se poursuit, et le rapport au signifiant,
d’où sa raison d’être s’échappe, persiste. La clinique, c’est la persistance même, la persistance
sans faille. Pour J. Daval, tout est depuis longtemps sur le même plan, le signifiant n’a pas inscrit l’affect comme repère du rapport à l’autre et à la jouissance, comme symptôme d’un
manque – c’est ce que la psychanalyse permet de repérer. Aussi, pour lui, la mort est-elle,
dans sa radicalité, opposée à la vie, à partir du moment où la vie ne parvient pas à se faire
sentir, ou si difficilement ? Son beau-frère a perçu cet étrange rapport au langage qui se
manifeste chez lui. J. Daval, après avoir bizarrement choisi la veste de son costume de
mariage pour les obsèques, l’interroge pour savoir s’il l’avait trouvé bien habillé. La
préoccupation d’une apparence conforme dénote chez lui l’absence de repères autant que
quand il est « indécemment » affalé sur le cercueil au point que le beau-frère a failli aller le
relever.
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Francesca Biagi-Chai
2

Indifférence de structure
Le désir de savoir – l’une des formes du désir – est inextinguible. L’inimaginable fascine,
saisit, mais interroge aussi ce qu’il en est de l’humain lorsque les limites de la parole sont
franchies, et surtout lorsqu’elles le sont contre toute vraisemblance.
Landru, bon père de famille, présentant bien sous tous rapports, sans histoire infantile
dramatique, enfant sage et de bonne famille, s’est révélé être le premier « tueur en série » de
l’histoire du crime en France. Les experts concluaient : « En dehors de ses crimes, il est en
tout point normal ». Lui-même se comportait en parfait innocent. Il ouvrait la voie aux plus
grands paradoxes. Comparaison n’est pas raison, particulièrement pas pour les
psychanalystes, mais la sidération sociale qu’a produite l’affaire Daval est du même ordre.
Pour la famille et les amis de J. Duval, cet homme avec lequel ils avaient partagé leur vie est
devenu soudainement inconnu, étranger. Sa folie n’est pas immédiatement perceptible, ni
immanente à l’acte, et personne ne parvient à en rendre compte. La « névrose
obsessionnelle » est parfois évoquée, mais difficile à considérer, chez un homme qui n’a
jamais pu exprimer un doute, une inquiétude, ni manifester une position subjective, et que
l’après-coup de son acte laisse inentamé. « La personnalité pathologique », autre diagnostic,
qui pourrait en douter ?
Le passage à l’acte implique qu’un sujet soit modifié par ce franchissement du
signifiant. J. Daval est-il devenu autre à lui-même ? Ou bien s’est-il avancé dans
l’indifférence de son futur ? Une indifférence de structure ?
Après le passage à l’acte, l’enchaînement métonymique poursuit son cours : l’attitude
de normalité du mari éploré accompagnant sa belle-famille, vivant auprès d’eux dans une
consolation mutuelle sans que rien ne trahisse ce qu’il avait fait, conduit l’énigme à son
comble. Plus encore, il avait traîné le corps jusque dans sa voiture, l’avait déposé en forêt et
brûlé sans plus d’égards ou de considération, comme si le corps se détachait de la personne,
comme si le corps ne gardait plus aucune présence de celle qui l’avait habité, dans une
dissociation qui frappe cette dernière d’une seconde mort, symbolique cette fois.
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Jean-François Abgrall, le gendarme qui arrêta Francis Heaulme, a pris ses dires au sérieux lorsque celui-ci affirmait, avec une ironie troublante : "Partout où je passe, il y a des meurtres." Est-ce à partir de cette étrangeté, de cette ambiguïté, qu'il entame un dialogue avec le criminel ? Dialogue qui lui permet de repérer que, pour Francis Heaulme, la faute ne peut se dire autrement que par le terme"pépin", un terme événementiel, néosignifié, un terme qui rend compte d'une torsion de la subjectivité et du peu d'impact de l'affect. Ce terme surprend Abgrall, mais il ne le rejette pas, et c'est en consentant à apprendre la langue de celui qu'il interroge qu'il instaure une relation avec lui.
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Francesca Biagi-Chai
3

Le mystère n’est pas l’énigme
Si l’énigme plonge la société dans l’intranquillité, le savoir qui dévoile la vérité apaise, la
vérité et la raison qui l’accompagne soulagent. La question « Pourrions-nous tous commettre
un tel acte ? », qui affleure à chaque instant, déstabilise. Si la réponse est oui, elle déstabilise
encore davantage, mais il se trouve que la réponse n’est pas oui.
Le crime et ses entours ont des conditions qui sont inscrites dans une logique subjective
singulière. Celle-ci est à rattacher à la notion de réel telle que Lacan la conceptualise, à savoir
hors-sens qui surgit de l’impact des mots sur le corps, racine du symptôme ou délire du sujet
au cœur de son existence. Réel à intégrer, à l’occasion, comme relevant du mystère de la vie
qui pousse à la curiosité, ou de son énigme qui laisse perplexe. La psychanalyse élève ces
subtiles distinctions à la hauteur de la clinique, celle où se révèle la connexion entre le
signifiant et la jouissance. Dès lors, elle peut répondre du fait que le mystère n’est pas
l’énigme. Le mystère suppose l’objet qui le cause, c’est le fameux secret que l’on cherche à
faire surgir chez les criminels. L’énigme au contraire laisse une béance à la place de la
cause : et pour autant tout est là, visible et lisible, sur le même plan, mais paradoxalement impossible à concevoir comme tel. L’énigme fige ; elle laisse en attente de résolution et non
en attente de dévoilement. Derrière le voile, il n’y a rien. C’est ce que l’analyste peut éclairer
à partir du réel, qui n’est pas la réalité, dans son lien au symbolique et à l’imaginaire, il opère
une mise à plat, une déconstruction, une résolution de ce qui fait énigme.
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Francesca Biagi-Chai
6

Le mensonge, le fil du lien à l’Autre
Cet abîme est celui-là même qui conditionne le rapport du sujet à la parole, la parole qui a
deux statuts : celle qui dit, qui vise l’objet du dire, qui demande, qui s’adresse à l’autre ; et la
parole qui habille, qui tourne indéfiniment autour du vide, qui se saisit des identifications de
passage. C’est celle-là même qui, concernant J. Daval, a donné lieu au qualificatif de
« caméléon » sans, pour autant, le rapporter à l’élément déterminant de ses transformations
permanentes, à la labilité identificatoire, imaginaire et changeante, non chevillée au corps.
Labilité qui n’est pas sans rapport avec une dimension dissociative de psychose ordinaire et ses
exigences de conformité. En effet, être conforme, à chaque instant, devient une raison vitale
en soi : être conforme ou ne pas être. Lorsque la demande de l’Autre ou la demande sociale
vise l’au-delà du paraître, l’ordinaire bascule dans l’extra-ordinaire.
Qu’en est-il du mensonge ? Sa signification commune s’en trouve modifiée. Dans ce
cas, il n’est l’envers d’aucune vérité. Il devient semblant, c'est-à-dire « mixte d’imaginaire et
de symbolique », celui dont le sujet s’habille et qui, par là même, le constitue. C’est par ce
mince fil que le sujet tient à l’Autre, et c’est ce fil qui se rompt quand il est confronté à devoir
en répondre.
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