François Héran, professeur du Collège de France sur la chaire
Migrations et sociétés, introduit son cours de l'année 2023-2024 : Colonisation et migration
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L'objet du débat n'est pas de savoir si nous sommes pour ou contre la laïcité, mais de savoir quelle laïcité nous voulons. Cessons de traiter en ennemis de la laïcité ceux qui s'en font une autre idée que nous.
En bonne démocratie, ce n'est pas pour dominer que l'Etat s'applique à compter, c'est pour rendre des comptes.Il doit être comptable au double sens du terme: comptable de ses actes (sous le regard des citoyens) et capable de compter selon les règles de l'art ( ce à quoi le scientifique veille- d'où l'importance par exemple d'apprendre à raisonner à population égale et non seulement en chiffres bruts)
Le vieillissement est là: il n'y a pas lieu d'être pour ou contre. Il faudra s'en accommoder.
Le démographe épouse ainsi la formule de Jeremy Bentham: jeune ou vieux, faible ou puissant, d'ici ou d'ailleurs, ''tout le monde compte et chacun compte pour un''.
Tout suggère que dans trente ans [en 2037] la situation de la métropole du point de vue de la diversité des origines migratoires se situera quelque part entre la situation actuelle et celle que présente aujourd'hui la Réunion. Au lieu d'agiter cette évolution comme un spectre qu'il faudrait écarter au prix d'une illusoire réduction des flux sous le seuil du solde naturel, mieux vaut s'y préparer activement et résolument
Par ailleurs, si l'on veut que la régularisation prélude à l'intégration, il importe de stabiliser les situations. Il serait hautement paradoxal - et, pour tout dire, franchement hypocrite - d'avoir dénoncé en décembre le retrait des titres de séjour imputables aux défaillances de l'administration (comme l'ont fait avec une belle ardeur Gérald Darmanin, Olivier Dussopt, Aurore Bergé ou Fadila Khattabi), si c'est pour multiplier trois mois plus tard les clauses de retrait du titre de séjour indépendantes de la volonté des intéressés et susceptibles de les replonger dans la vulnérabilité. Le travailleur perdra-t-il son titre si le métier en tension où il officie vient à se « détendre » ? Retombera-t-il dans l'illégalité si son entreprise ferme? L'État ne saurait passer son temps à donner de la main gauche pour reprendre de la main droite. Il doit donner aux personnes régularisées des gages de stabilité. L'idée de rendre tous les titres de séjour probatoires sur des critères inconstants risque tout simplement de réduire à néant ce versant de la loi.
Par ailleurs, les porteurs du projet ont-ils songé à l'effet de sélection que produira la connaissance du français comme prérequis? Elle favorisera (en probabilité, bien sûr, et toutes choses égales par ailleurs) les immigrés originaires des anciennes colonies francophones, à savoir le Maghreb et l'Afrique de l'Ouest, alors qu'une politique de diversification des origines aurait du sens. Pourquoi imposer au technicien syrien ou afghan un obstacle linguistique placé au seuil de la France, qui sera largement épargné à son homologue algérien ou congolais ? Les auteurs de la loi, apparemment, n'ont pas anticipé ce biais de sélection.
Dans quarante ans, c'est inéluctable vu la pyramide des âges, la France ressemblera à La Réunion, où l'on voit des temples comme l'on entend le muezzin, et où cette coexistence fonctionne. (L'Obs du 5 avril 2018)
Parce qu'un quart de la population est lié à l'immigration sur une ou deux générations, dont une moitié environ, soit le huitième de la population, a une origine musulmane (ce qui ne veut pas dire nécessairement une pratique religieuse). Dès lors qu'on atteint de telles proportions, il devient absurde de soutenir qu'un quart ou même un huitième de la population vivant en France, française dans sa grande majorité, ne serait pas intégré.
La part croissante des migrations dans la croissance de la population française est un phénomène inéluctable. Le brassage des populations est en marche et rien ne l'arrêtera. Il n'y a pas à se demander s'il faut être pour ou contre ce serait aussi vain que de se demander si nous devons être pour ou contre le vieillissement. La seule question qui vaille est de savoir comment le réaliser dans les meilleures conditions.