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Critiques de François-René de Chateaubriand (235)
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Mémoires d'outre-tombe : Anthologie

Formidable oeuvre littéraire et précieux témoignage s'étendant depuis avant la révolution de 1789 jusqu'après la révolution de juillet. Chateaubriand dresse les portraits des principaux acteurs du temps. Souvent perfides, parfois de mauvaise foi mais toujours brillants. Fidèle royaliste et fervent catholique, rien ne le fera dévier de ses convictions originelles. Les mémoires d'outre-tombe sont aussi et peut-être surtout un travail sur le temps qui passe et la nostalgie qui habite l'être humain voyant se profiler le terme du voyage. Marcel Proust y puisera avec bonheur son inspiration pour écrire la Recherche du temps perdu. La langue est belle, ciselée, d'une richesse extraordinaire. Une oeuvre majeure comme il en existe finalement très peu.
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Essai sur les révolutions - Génie du Christiani..

Il y a des pages magnifiques dans ces deux ouvrages, surtout dans le second, qui fit sa gloire tout au long du XIX°s. Mais sommes-nous capables d'appréhender ces deux oeuvres comme des ensembles cohérents, et de dire un mot sur leur démarche, leurs buts, leur signification globale ? Il me semble que l'école ne nous a que trop habitués aux morceaux choisis, et qu'il est difficile pour ceux qui ont contracté cette habitude, de lire la totalité de l'Essai ou du Génie du christianisme. De plus, ces deux ouvrages ont assez mauvaise réputation : l'un est un parallèle à la Plutarque entre les révolutions du passé et celle du présent (1789-1794), l'autre une tentative de réhabilitation du christianisme malmené par les Lumières, mais sur des arguments purement esthétiques (la théologie est un peu légère). Quant à l'Essai sur les révolutions, l'érudition l'étouffe un peu et il n'est pas sûr que la forme néo-classique du parallèle soit le meilleur outil pour comprendre l'événement, dont Chateaubriand saisit la nouveauté radicale. Peut-être alors faut-il se résigner à lire de magnifiques extraits, ou, si l'on est doté d'audace critique, d'interroger la forme choisie et de réfléchir à sa pertinence.



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Itinéraire de Paris à Jérusalem

Un passionnant journal de voyage!

Très loin du Chateaubriand pontifiant qu'on nous imposait au lycée en "lectures choisies"!

Ce n'est quand même pas le "Guide du Routard" du début des années 1800, mais on y découvre un voyageur curieux des gens qu'il croise, des régimes politiques qu'il subit, des oeuvres d'art qui l'émeuvent.

Grèce, occupée par les Turcs, Constantinople, Anatolie, Rhodes, Jérusalem, Egypte, Tunis...Chateaubriand parcourt ces contrées à cheval, fait des traversées éprouvantes et, bénéfice de son immense culture, nous rappelle pour chaque site visité, l'histoire des lieux et des anciens qui l'ont fréquenté.

Voyage dans le temps autant que dans l'espace.

A lire absolument!
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Atala - René

Autant vous le dire tout de suite: j'ai pleuré en lisant ce livre. Pas de tristesse, non parce qu'étant d'un naturel très pessimiste, je ne me surprends de rien dans le Mal, mais par la beauté de l'écriture.

S'il fallait donner une définition du Beau, je donnerais à lire Atala. Quel lyrisme, les métaphores sont sublimes, lentes, suaves, délicates, douces et délicieuses. Cette sensation que rien n'est forcée, que tout vient naturellement, comme un fil sans fin, sans nœud ni césure.

Celui qui s'attaquant à de l'action sera déçu, celle qui s'attend à une histoire facile aussi. Je dirais même avoir eu honte de lire ce texte dans un format poche, qu'il est même impensable que les éditeurs est le courage de nous le vendre dans ce format. De tels textes devraient êtres cousus et reliés de fils d'or fin, imprimés sur le plus beaux des supports à un prix exorbitant. C'est la Rolex de la littérature.

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Atala - René

Très bon livre, très bien écrit, poétique, avec des descriptions de paysages à tomber tellement c'est beau. On s'y croirait, avec tout ce vocabulaire renvoyant à l'automne, c'est vraiment magnifique. Et ces parallèles entre l'évolution de la nature et l'évolution de la vie, ces métaphores, ces oxymores et autres figures de style en tous genres. Concernant les histoires en elles-mêmes, j'ai légèrement préféré la seconde, à savoir "René", plus courte, mais également plus intense. Cependant, je pense qu'il est quand même nécessaire de lire la première avant, pour pouvoir en profiter pleinement. Par ailleurs, la religion a une place centrale dans ces ouvrages, ce qui aurait pu me rebuter, mais là, j'ai trouvé que cette place était justifiée dans le récit, ça n'est pas gratuit, et cela m'a plu.
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Pages choisies

Je ne vais pas faire ici une critique de l'oeuvre de chateaubriand. Il y aurait bien des lignes à écrire.

Ce format de type : "Pages choisies" est tout à fait pratique et agréable. Quelqu'un a déjà choisi les passages à lire... cela donne une manière de revoir certains aspects de l'oeuvre, sans y passer plusieurs semaines.

C'est réussi si cela donne envie de reprendre certains volumes pour les explorer de façon plus approfondie.

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Mémoires d'outre-tombe, tome 1

Lu lorsque j'étais jeune adulte à une époque où je lisais tout ce que je trouvais dans le 19e siècle français. Et c'est un incontournable méconnu. En raison de sa longueur sans doute. Mais je vous recommande au moins d'en lire des extraits, que dis-je, lisez-en l'intégralité et vous verrez, lecture qui laisse sa trace.
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Atala - René - Les Aventures du dernier Abenc..

Comme à chaque fois que j'ai "entamé" un livre de Chateaubriand, je ne suis même pas parvenue à la moitié de l'ouvrage! Je dois être un peu maso pour avoir persévéré malgré tout. Cette fois, c'est dit: plus jamais!
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Atala - René - Les Aventures du dernier Abenc..

Chateaubriand, le précurseur du romantisme. Un texte très riche en allégories qui mérite d'être étudié à l'université plutôt qu'au lycée. Il faut beaucoup de maturité et un minimum de culture pour lire Atala et les deux autres textes sans soupirer devant les scènes naïves et innocentes.
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Mémoires d'outre-tombe, tome 1/4 : Livres 1 à 1..

j'aime beaucoup le style d'ecrirure et les descriptions des lieux comme le château de Combourgou la vallée- aux- loups,de St Malo et de st servan . des lieux ou adolescent je me suis rendu souvent pour y rêver,flâner,regarder la mer et pensée à ses passions secrétes et communier avec les éléments de la nature. on retrouve l'histoire de sa vie, la sienne et celle de sa famille . Nombreux sont les explications de textes en bas de page. cela est bien utile pour mieux comprendre l'auteur dans le contexte de l'époque. ses passions et sa mélancolie
Lien : http://www.combourg.net/fran..
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Mémoires d'outre-tombe, tome 4/4 : Livres 34 à 42

Le plus beau des quatre tomes selon moi. Il semble véritablement être le tome de la vieillesse avec ses souvenirs et ses regrets. Il parle souvent de son passé et il y a de nombreux parallèles avec les tomes précédents (jeunes filles croisées, mais que le vieillard qu'il est devenu ne peut plus approcher, villes dans lesquelles il est allé et revient, destinées et mots d'hommes qu'il a connu, etc.) A nouveau libre après la fin officielle de sa carrière politique, il conserve malgré tout son soutien à la famille déchue des Bourbons et voyage en Europe, notamment en Italie et en Autriche. j'ai retrouvé dans ce tome ses plaintes sur le temps qui passe, son lyrisme qui me plaisait tant et ses remarques et observations sur les villes qu'il visite et sur certains grands auteurs. Certaines parties sont écrites en italien et beaucoup de documents sont insérés, ce qui crée une multiplicité des voix et des tons langagiers.



L'ensemble de l’œuvre constitue une lecture longue et ambitieuse que je ne regrette pas d'avoir entreprise.
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Mémoires d'outre-tombe, tome 1/4 : Livres 1 à 1..

Indispensable comme tous les grands classiques.
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Mémoires d'outre-tombe, tome 1/4 : Livres 1 à 1..

Marathon de lecture, plus d'un an, à petites doses, arrivé au bout, un livre que l'on lit pour l'avoir lu, pour l'inscrire à son palmarès. Lues à l'armée et à la piscine, pour le fun, les élucubrations de Chateaubriand ont-elles valu la peine qui j'y consacre tant de temps ? Tentation de répondre non, l'homme, trop sûr de lui et trop enclin à la plainte, énerve. Voilà, un coup dans l'eau ? Pas tout à fait. Lire Chateaubriand est sans doute nécessaire pour comprendre le début du 19ème siècle, le romantisme, la fascination critique pour Napoléon, les enjeux politiques de cette période troublée, etc. C'est l'historien plus que le littéraire en moi qui a apprécié cette lecture, qui s'est plongé dans la restauration et la monarchie de juillet, périodes d'apparence si barbante que l'on préfère les aborder par la bande, où Chateaubriand, dont le rôle politico-diplomatique est sans doute exagéré par ses propres soins, se trouve.



Homme dans son siècle, pris dans la tourmente d'années qui changent tout, Chateaubriand est un précieux témoin, mais il n'est, à mon sens, rien de plus. Constatons que son écriture ne nous parle plus, qu'on s'y emmerde souvent, que les élans pré-proustiens sont vite brisés par un orgueil un peu lourd et un sens de l'honneur un peu rigide. Chateaubriand est encore un auteur ancien et aristocrate, il assiste à son propre crépuscule, s'en rend compte, voit ses rêves de gloire tomber avec ce qu'il nomme la "légitimité" et se doute un peu que deux siècles plus tard, le lire tiendra de l'exercice scolaire ou du défi sportif des lecteurs de fond. Refermons le livre. J'y ai sans doute déjà perdu trop de temps.

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Atala - René - Les Aventures du dernier Abenc..

Atala est un chef-d'oeuvre de la littérature,pleine de poésie reprenant tous les thèmes du romantisme,comme les ruines,le ou les héros en symbiose avec la nature,le côté spirituel fortement présent(Chateaubriand se disait inspiré par dieu),l'amour,la mort,les métaphores comme poudre pour poussière,...Amoureux du mouvement romantique français, lisez absolument ce livre!
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Atala - René - Les Aventures du dernier Abenc..

J'ai du mal à apprécier ce genre de prose poétique. Bien sûr les images sont délicieuses... un moment, puis le ton tourne au précieux et ne va pas du tout avec le sujet. Enfin bon, ce n'est sans doute pas un classique pour rien, mais ce n'est pas mon livre de chevet.
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Mémoires d'outre-tombe, tome 1/4 : Livres 1 à 1..

La note correspond aux 4 tomes. J'ai atteint le bout de l'ennui, me forcant a finir. Ma liseuse me donnait le pourcentage d'avancement, petit a petit. 1% c est 16 pages. On suit l'ego de celui sans lequel la France ne serait rien, selon lui, dans des pages et des pages ... c est bien ecrit. Mais est ce que cela a un interet quelconque? Ce n est pas sur. C est un monument de la litterature francaise par son nombre de pages et le melon de l auteur, a part ca, quelle souffrance!
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Mémoires d'outre-tombe, tome 1/4 : Livres 1 à 1..

Les Mémoires d'Outre-Tombe, de François-René de Chateaubriand, constituent un ouvrage majeur de la littérature française du XIXe siècle. J'ai adoré les quatre tomes, mais ce premier à une place particulière. Publiés de manière posthume, ces mémoires offrent un témoignage précieux sur la vie de l'auteur ainsi que sur les événements historiques et les personnalités marquantes de son époque.



Chateaubriand y déploie une écriture riche et élaborée, caractéristique du style romantique, dans laquelle se mêlent habilement souvenirs personnels et réflexions plus générales sur la société et la condition humaine. Si on dépouille le texte des exagérations romantiques, l'on peut apprendre beaucoup; si on les conserves on se passionne pour cette autobiographie. Son récit est empreint d'une sensibilité particulière, témoignant de son attachement à la nature, à la religion et à l'Histoire.



L'auteur se livre également à une analyse critique de son époque, évoquant les bouleversements politiques et sociaux qui ont marqué la France au tournant du XIXe siècle. À travers ses mémoires, Chateaubriand offre ainsi une vision panoramique de son temps, tout en dévoilant sa propre évolution intellectuelle et spirituelle.



Au-delà de son intérêt historique, l'œuvre se distingue par la qualité littéraire de son écriture et la profondeur de sa réflexion.
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Génie du christianisme

Chose terrifiante de se dire qu'un jour ce livre a eu du succès, et même de l'influence dans l'histoire politique et littéraire française.



On pourrait sans doute mettre à son crédit qu'il fait partie du corpus d'un précurseur du romantisme, mouvement artistique crucial. Ce serait faire abstraction des précurseurs antérieurs que furent Rousseau ou Schiller, par exemple. Et on aurait pu se passer de Châteaubriand, dont les apports stylistiques ne sont guère exaltants.



Il développe sur le fond sur le plan scientifique des niaiseries que même de son temps les géologues et Lamarck avaient déjà remis en cause. Pour d'autres, il n'a pas eu de chance: elles ne seront réfutées que quelques années plus tard.



Il a une opinion sur les sciences, et les mathématiques en particulier, qui rejoignent celles du héros de "American Psycho": comme ils ne sont plus guère connus, les mathématiciens, c'est donc qu'ils sont inférieurs (voir Partie 3, livre 2, chapitre 1). Avec des arguments pareils, la postérité ne devrait retenir aucun nom en dehors du Top 50.



Son argumentaire théologique - tout le monde qui a un peu de jugeotte le reconnait - est terriblement faible, et je passerai au-dessus.

Mais ses appropriations artistiques sont autant de contre-sens avec son propos. Il prend par exemple à témoin régulièrement Voltaire ou Cicéron pour défendre le christianisme comme supérieur.



D'un autre côté, il assoit des jugements sans autre forme de procès, comme autant de vérités, alors que ce ne sont que des subjectivités, certes dignes du mouvement romantique, mais sans aucune force objective.

Une partie non-négligeable de cette argumentation repose d'ailleurs sur l'Ancien Testament, d'ailleurs, ce qui n'est pas sans faire sourire.

Ce ne serait rien, si son livre n'avait les prétentions d'établir un génie qu'on ne peut s'empêcher de trouver biscornu.



Alors, on se doit de mettre toute de même une étoile et une raouette, parce que l'homme sait écrire. Mais même au niveau stylistique, je ne peux m'empêcher de le trouver souvent ennuyeux. Sans compter qu'il multiplie les citations par paquets - et qu'au fond le substantiel de ce livre n'est tout simplement pas de lui.



On peut lui pardonner ses approximations historiques, par exemple quand il parle de chevalerie -encore que... Peut-on vraiment les lui pardonner? Après tout, l'Ancien Régime dont il est issu était encore plein de chevaliers, tenus d'en respecter les valeurs... Autrement dit, par simple déduction logique, il devait se douter que les chevaliers médiévaux n'étaient pas plus nobles, plus charitables, plus chrétiens en un mot, que ceux de son époque.



Enfin, bien sûr, il y a ses positions conservatrices, passéistes, surtout à l'égard des femmes, des athées, des païens.



Bref, après avoir lu les Mémoires d'Outre-Tombe, acte d'auto-glorification que les historiens, les ayant passé au peigne fin, n'ont pu que discréditer, je ne peux que déconseiller la lecture d'un ensemble qui ne mérite pas d'avoir survécu à son auteur.

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Atala - René - Les Aventures du dernier Abenc..

Ce roman court et ces deux nouvelles De Chateaubriand apparaissent ensemble et pour la première fois dans le tome XVI des Oeuvres complètes de l'auteur français. Avant cela, Atala et René étaient réunis dans le célèbre Génie du Christianisme, ce qui fait sens car, les deux récits entretiennent un lien direct entre les personnages et surtout entre les thématiques. Mais, le Dernier Abencerage colle merveilleusement bien avec les deux autres histoires car les trois oeuvres parlent de la même chose : celui de l'exil. Un exil qui est un chant élégiaque et un appel au voyage, à l'exotisme et au fait de s'éloigner pour se plonger dans notre soi intérieur. Chateaubriand est souvent considéré comme un écrivain du préromantisme et étant surtout à l'aune du romantisme. Chez lui, son romantisme est très religieux car la religion est un moyen de conférer une intensité aux émotions, elle créait une profondeur psychologie poétique et surtout passionnelle. Les trois hommes au centre des récits sont soustraits à une forme de péché et par ce biais, l'écrivain s'adonne à démontrer les nuances, les complexités et les contradictions de l'esprit humain. La religion n'est pas là pour être moralisatrice, mais pour élever l'âme et s'enivrer de tout ce qui entoure l'Homme. C'est ainsi que l'écriture De Chateaubriand prend une dimension lyrique à tous les niveaux, il donne à ses images une splendeur mystique, un onirisme étrange et une picturalité sensorielle. Avec ces trois oeuvres, l'auteur parle du moi intime, du coeur et du lien omnipotent entre la Grâce et la Nature, des choses divines qui dépassent l'humain, du débordement imaginatif, du Paradis perdu, des espaces illimités du désir et à chaque fois d'une histoire sur un amour impossible.



Pour commencer ce livre magnifique, Atala prend pour cadre celui du Nouveau Monde et il est le fragment de l'épopée des Natchez, un livre-fleuve que le romancier abandonnera. Il parle d'un certain Chactas, un vieux amérindien racontant son histoire à un Européen adopté par les siens, un certain René et qui à son tour racontera son passé dans la nouvelle du même nom que le personnage. le vieil homme était un jeune garçon s'étant laissé charmer par Atala, une amérindienne chrétienne vouée par sa mère à la virginité et qui tombe amoureuse de Chactas, après que ce dernier se soit fait prisonnier par sa tribu. En le libérant de ses chaînes, ils vivent une idylle sans espoir car pris par des remords et par un désespoir de culpabilité, elle s'empoisonne et meurt auprès de son amant et du père Aubry, un vieux missionnaire ayant recueilli les jeunes amoureux dans leur exil. La première chose à noter, c'est la magnificence des paysages américains dont Chateaubriand capture toute la colorisation, sa faune et sa flore, la grandeur de ses espaces, la variété des nuances visuelles, ses odeurs, ses lumières, ses sons et ses sensibilités plastiques. Inspiré par ses propres voyages, l'auteur français n'a pas hésité à reconstituer à sa manière la géographie et les distances entre les plusieurs lieux qu'il décrit. Cette façon de ne pas respecter la spatialisation permet d'entreprendre sans fioriture une épopée rousseauiste sur les Sauvages. Chateaubriand ne fait pas de ses protagonistes des sauvages primitifs, car ce sont avant tout des rêveurs d'une profonde tragédie. En effet, Atala prend la forme d'une tragédie grecque dans sa pure origine, tout en évoquant un style proche du néoclassicisme. C'est un récit à la fois anthropologique mais surtout dramatique mais sans l'aspect romanesque (ni d'intrigue clair, ni de rebondissement, ni de psychologie classique, etc.). le livre est un rêve au rythme sensoriel, une longue poésie antique, une variation sonore intériorisée et faisant un lien métaphysique avec les sentiments émotionnels. Ces deux étrangers lointains sont tiraillés passionnellement par leur origine, la religion (une chrétienne sauvageonne qui tombe amoureuse d'un amérindien païen) et par leur amour intensément court et passionnellement douloureux. Chateaubriand se confronte aux moeurs indiennes et ces dernières se confrontent à la civilisation occidentale. La rencontre fortuite entre le couple et le père Aubry donne à produire un dialogue électrique entre deux civilisations, l'Ancien et le Nouveau Monde. Par conséquent, le christianisme se mêle avec harmonie dans ce memorium des Anciens, car toute la vibrante liberté et le doux battement de la narration fait renaître à plusieurs niveaux les souvenirs d'une ancienne civilisation qui se fait remplacer. Effectivement, sous les discours somptueux du père Aubry, Chactas tombe d'une infinie affection pour la religion chrétienne et par son échange avec René, nous comprenons qu'il a toujours gardé cette foi. Pour l'auteur, Atala est aussi une façon d'exposer l'importance du peuple agricole sur le peuple chasseur, l'idée que la succession des états primitifs de la civilisation était d'abord chasseuse puis laboureuse, l'une des théories de Rousseau. Chateaubriand a voulu pointer « les avantages de la vie sociale sur la vie sauvage » et pour mieux le comprendre, faire « le tableau du peuple chasseur et du peuple laboureur ». Il garde un profond respect pour les moeurs traditionnelles (les rites, par exemple) des sauvages, tout en ne négligeant pas l'évolution positive que le christianisme leur a apportée. Cet amour pour l'Évangile est également une manière d'affronter les insupportables passions et la peur de mourir. L'oeuvre contient une obsession funeste de la mort et convoque régulièrement des images à propos de celle-ci. Enfin, l'impression donnée par Atala est celui d'une histoire racontée dans le temps et narré de génération en génération, comme Homère avec l'Iliade et l'Odyssée. Chateaubriand enchevêtre les histoires dans les histoires (Chateaubriand s'inspirant des récits qu'il a entendu en voyageant, Chactas qui conte son histoire à René, l'épilogue faisant l'état des lieux de ce qu'ils sont devenus…), comme si ce morceau était celui d'un immense récit dont l'auteur a déterré le fragment le plus intime.



L'intime est au coeur même de René, intime d'abord par sa dimension presque autobiographique puis intime dans le « Moi » intérieur du protagoniste. René est donc l'Odyssée d'un civilisé en pleine crise existentielle, c'est un rêveur mélancolique traversant le monde à la recherche d'un horizon perdu. Chateaubriand envoûte encore plus son lecteur que dans Atala, les sensations sont plus intenses, transcendantes et tous les paysages, monuments qu'il rencontre font écho de manière extatique à l'état du personnage. L'auteur parle clairement de lui, de sa vie bretonne et de son envie de partir ailleurs (le fait de vouloir absolument quitter le château paternel et en même temps, il a une profonde nostalgie pour le pays breton) car ses vertiges du coeur sont le produit d'une solitude élégiaque et d'une souffrance perpétré par sa soeur. L'auteur reste ambigu sur cette relation presque incestueuse, il est comme fou amoureux et en même temps très pudique avec elle. Sa fièvre et ses exaltations donnent une imagination débordante qui a besoin de l'inconnu et du dépaysement. Les lieux qu'ils traversent sont nombreux (Etna, Écosse, Calédonie, Rome, Grèce, France…) mais souvent désignés de façon rapide ou flou, comme pour mieux accentuer cette envie pressante de ne pas rester en place parce-que, sa crise serait pire. Partout, il recherche la beauté, la magie et un remède contre ses maux car, semblablement à Chactas, l'amour impossible lui donne toute cette névrose effervescente. Comme son ami indien, c'est la religion qui l'aide à guérir de ses blessures, même si la fin expose un chant d'une magnifique tristesse. Prenant le bateau vers l'Amérique (l'exil ultime pour le personnage), il voit pour la dernière fois sa soeur dans le couvent auquel elle a prêté serment. Même dans la plus lointaine des contrées, René a besoin d'Amélie, car sa souffrance reste la même quand il raconte son histoire à Chactas. Cette nouvelle est donc un regard jeté sur le passé, un entrelacement des souvenirs disjoints de l'homme et de ses plus profonds regrets. Encore une fois, l'environnement joue un rôle primordial dans la composition littéraire de l'écrivain. La Nature prend un sens métaphorique très fort (par exemple, René voit dans le trou du volcan de l'Etna, les abysses profonds de ses angoisses et de son désespoir inexplicable ou la mer qui représente l'âme même du personnage.) Tout le style d'une grande puissance sensorielle touche admirablement notre coeur devenant évasif face à ce flot vertigineux d'images et de mots d'une grande force spirituelle, symbolique et esthétique.



Enfin, Les Aventures du dernier Abencerage, parle d'Aben-Hamet, un Maure dont sa famille noble dû s'exiler, car ils ont perdu le contrôle de Grenade contre les Espagnols en 1492. Un jour, il décide de revenir sur les terres dont ses aïeux ont régné pour se laisser envoûter par la beauté de cette cité. Une beauté qu'il va retrouver chez Bianca, une Andalouse dont il tombe follement amoureux. Elle est la fille du roi de Grenade et la descendante du Cid (donc la soeur de Don Carlos). Elle tombe également amoureuse sauf que chacun de leur côté n'accepte pas de se marier ensemble, tant que l'un ne s'est pas converti dans la religion de l'autre. D'un côté un musulman, de l'autre une chrétienne, c'est donc un choix cornélien que Chateaubriand impose à ses brillants personnages. Ils sont tiraillés par leur religion mais aussi pas le regard que leur famille va porter sur eux. En conflit à cause du passé ennemi de leur ancêtre et de leur honneur, cette histoire d'amour impossible est tout aussi déchirante que les deux précédentes. Aben-Hamet se sacrifie en s'éloignant de sa famille, il est torturé dans son chagrin et dans les regrets qu'il porte à sa patrie dont il témoigne tout son amour. Bianca ne sait que choisir car sous la pression de son frère qui veut la faire épouser auprès de Lautrec (un prisonnier chrétien), elle n'est plus libre de ses choix. Chateaubriand met en exergue cet obstacle insurmontable et interroge les notions d'honneur, de fidélité, de sacrifice et de moeurs à respecter. Ce sont tous des personnages à la fois généreux, héroïques et galants, l'auteur nous transporte dans cet exotisme sentimental et passionnel. Comme à l'accoutumée, les regards portés sur la grandeur des paysages et plus spécifiquement Grenade qui fut sans cesse remplacer par les Maures puis les Espagnols, sont splendides parce qu'ils font sens dans les émotions du protagoniste principal. En effet, l'Abencérage est le produit de ce choc des civilisations, il aime sa patrie et en même regrette quelque chose qu'il n'a pas connu, c'est-à-dire Grenade sous l'occupation musulmane. Il a des visions très romantiques, il poursuit une chimère dont le temps et l'Histoire ont tout détruits sur leur passage. Bianca devient la métaphore d'une entité inaccessible et ceux jusqu'à la fin lorsque Aben-Hamet décide de retourner chez lui sans avoir pu goûter à l'extase ultime de son amour. La vision finale est à la fois funèbre et accentue ce flux des histoires qui traversent l'espace-temps, car elle présente la tombe, perdue en plein désert, du Maure dont sa destinée ne fut pas connue. En même temps, la pierre sépulcrale a un léger enfoncement qui permet à des oiseaux de se désaltérer quand il y a de l'eau à l'intérieur. D'une certaine manière, sa quête amoureuse reste encore palpable et brûlante comme le soleil plombant du désert et surtout l'amour fou qui ne put jamais être conclu à cause de leur dignité familiale.
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Mémoires d'outre-tombe, tome 4/4 : Livres 34 à 42

Ne trouvant pas le tome un dans cette édition, je me suis résolu à acheter le dernier et ne pense pas revenir en arrière. Pour information, j'ai acheté le livre à Saint-Malo, ville de son auteur.

L'intérêt de l'ouvrage est à la fois historique et idéologique.

Chateaubriand, à la fin de sa vie, continue de se battre pour la cause légitimiste et rêve de mettre Henri V sur le trône, en témoignent les nombreuses lettres à la duchesse du Berry dont l'éventuel futur roi serait le fils. Ce volume se situe historiquement après les événements de juillet 1830 et se termine en avril 1841. Chateaubriand vit vit donc sous le règne de Louis-Philippe, se retrouve emprisonné pour « atteinte à la sûreté de l'État » comme sa correspondante, Madame de Berry.

Le chapitre XLII est le plus émouvant. Chateaubriand se retourne sur tout ce qu'il a vécu, tous les progrès qu'il a vu naître avec une certaine nostalgie. Idéologiquement, il reconnaît deux pouvoirs : celui du monarque ancestral, ses convictions religieuses profondes le lui confirment, et celui du peuple qui élit.

Le style reste souvent archaïque : « cette vesprée » ; « il vous le faudra tuer » , mais l'homme est d'une grande clarté dans ses propos.

Son éreintement de Talleyrand en tant qu'homme politique m'est sympathique et montre bien encore l'égoïsme et le désir de pouvoir.

Longues et souvent répétitives sont ses lettres à la duchesse. J'ai sauté des pages.

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