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Citations de François Simon (56)


Il y avait auprès de l’abri deux cerisiers encore en fleurs. On se demande comment ils avaient pu échapper aux effroyables tourments de la ville. Pourtant, ils étaient toujours là. Comme un défi poétique, un îlot d’innocence. Une bombe venait de tomber non loin de là et juste avant que Minako eût le temps de voir un déchirant spectacle : lentement, si lentement, les fleurs blanches des cerisiers tombèrent. Avec une grâce insolente, en prenant tout leur temps alors que la ville basculait en enfer. Elles voulaient dire tellement de choses, donner tellement d’espoir. Résister même jusque dans leur chute molle. Prendre leur temps alors que la mort vomissait son venin, raturait tout à larges traits impérieux.
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Il se dégage d'eux la magie veloutée d'un couple d'amants. Celle-là même que l'on cueille au petit matin dans les rues de toutes les villes du monde ; ce mince duvet de caresses, ce nuage d'étreintes, de regards, cette électricité irradiante, ce fil invisible qui agrandit le monde. Même lorsqu'ils ne se tiennent pas la main, deux amants ne peuvent être séparés.
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Rien de plus mystérieux qu'un lichen. On a vite fait de le classer comme une funeste moisissure. En fait, il se nourrit de chlorophylle et de tas de molécules qu'il génère pour lui-même. C'est un drôle de champignon. On dit même que c'est le champignon qui aurait inventé l'agriculture. Sa présence témoigne de la qualité de l'air. À Karuizawa, les arbres en sont marbrés. C'est un océan qui aurait basculé la tête à l'envers, baladant ses algues comme des cheveux.
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Car ici à Karuizawa, on fait ainsi. On picore dans les religions ce qu'elles portent de meilleur. On vit et naît dans le rite shintoïste, on meurt dans le rituel bouddhiste. On ajoute une messe parce que le prêtre est sage. On oublie la vanité des différences.
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L'opium imprègne le port et la ville de Qingdao. Les Japonais laissent faire, trop contents d'avoir pour allié cet édredon analgésique. Il apaise les esprits, endort les velléités, la douleur, celle-là même qui tournoie encore autour de la ville. Les Anglais ont procédé de même pour anesthésier la Chine au début du siècle.
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Le dimanche, tout Qingdao bascule vers la baie.

La station devient méconnaissable. On en oublie la guerre, l'Occupant. Rire pour s'insurger, se rebeller dans l'insouciance, courir sur la plage pour se sentir libre. Manger l'écume de mer, éventrer l'océan, recracher l'eau en jets narquois, donner des coups de pied dans les vagues comme si c'était le derrière d'un soldat japonais.
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La vie sur l'île ressemble au clapotis de la mer. Par un probable mimétisme, la petite famille calque son rythme sur les humeurs du temps et de l'océan. Comme elle, elle ne dit rien. Profite de l'instant. Ne parle pas. Comme si elle vivait un amour secret avec l'existence.
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Ce matin sa mère le regarde plus longuement que d'habitude. Elle s'installe à la table, le fixe des yeux et comme dans une prière lui dit :
- Il a décidé de partir rejoindre ses amis.
Tateru ne comprend pas bien. Il lui demande de répéter.
Tateru ne saisit qu'à moitié cette ellipse d'adulte. Il regarde encore sa mère. S'inquiète. Devine.
Au petit matin, elle a retrouvé son mari pendu à un ginko dans le jardin. Il aura attendu l'automne. Au moment où le feuillage est d'or.
Tateru ne dit rien. Il laisse juste cette idée entrer en lui. Il s'efforce d'avoir le moins de mal possible, baissant la tête, comme on le ferait avec une porte trop basse. Il ne dit rien. Il s'empare du coin de la manche de la robe de sa mère.
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Manger du bout des doigts, c’est se rapprocher des nourritures. Découvrir une dimension qui nous échappait parfois, celle du moelleux, du résistant, du doux, du rêche, du fin, du fibreux, du grossier, du cassant, du friable… Les doigts adorent se retrouver dans ce genre de configuration. Il y a une intelligence de la main inouïe dans la préhension.
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D’abord, sachez que faire la diète ne signifie pas ne rien manger. Ce serait même un peu absurde comme début, vous risquez de tomber dans les pommes. Non, il faut accompagner l’exercice de tisanes de toutes sortes. Allez faire au préalable un tour chez l’herboriste et, vous verrez, il ne va pas vous lâcher la jambe. Non seulement vous allez devenir son client préféré, mais encore, il sera intarissable.
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Pourtant, bien manger, ce n’est pas compliqué. Grosso modo, on arrête lorsqu’on n’a plus faim et l’on se met à table dès que l’estomac nous donne un petit coup de talon. Ensuite, on choisit ce que l’on aime et voilà tout. On passe à autre chose.
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Comme à l’accoutumée, il (Hirohito) porte des vêtements mal taillés. Son statut de divinité le garde inapprochable, intouchable, non seulement par ses médecins qui doivent utiliser des gants de soie, mais également par ses tailleurs. Voilà pourquoi, on voit le plus souvent l’Empereur porter des vêtements sombres (gris et parfois marron) aux dimensions approximatives : trop courts, trop amples. Toujours élimés. Il les égaye de bretelles et de cravates choisies par l’Impératrice elle-même. Elle les aime quelque peu voyantes.
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Le livre de l’Ayurveda illustre ces théories du bien-être frappé au coin du bon sens. L’ouvrir, c’est partir dans une partie de vous-même, allumer une pièce éteinte, la plus belle.
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Pas besoin de se poster à l’arrêt du bus pour qu’on vous livre clés en main un monde meilleur. Non, c’est maintenant à votre humble niveau que la partie se joue. Le reste peut suivre, sauvez les meubles. Nourrir ses enfants, c’est sans doute les aimer. C’est-à-dire passer plus de temps à leur préparer des repas, à leur faire sentir de jolies odeurs, à leur demander de parler avec les fleurs, de serrer gentiment la paluche des plantes et de leur souhaiter une bonne journée.
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S’asseoir, boire, dormir, aimer ceux qui nous entourent. Sincèrement, ce n’est pas compliqué. Il suffit d’un peu de patience, de mansuétude et d’ironie sur les choses de la vie.
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En fait, rien ne se fait sans déclic. Si vous n’arrivez pas à le créer, sincèrement, il tombera tout seul. Le mien arrive régulièrement. Une fois, ce fut une vague connaissance qui ne me reconnut pas sur le moment et me fit comprendre que j’avais vraiment changé.
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Être mal assis n’augure rien de bon. Voilà pourquoi au restaurant, ne vous gênez pas, faites la princesse. Logiquement, dans certaines tables, il y a des chaises à deux vitesses (air connu), celles pour les notables et les importants et puis les autres (soit vous et moi). Ne vous gênez pas (on le fait bien avec vous), demandez gentiment un vrai bon fauteuil, comme du reste on peut demander un vrai bon verre, une vraie bonne carafe.
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Et à l’avenir, achetez par petites quantités. Ne stockez plus : ce n’est pas votre boulot, c’est celui de l’épicier. Jeter également les vieilles crèmes de cassis, une fois ouvertes, elles ne durent pas plus d’une saison.
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Le mensonge est devenu le condiment le mieux adapté à ce que nous ingérons.
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J’aurais voulu rester toute la nuit, la suivre dans son éveil, être sa brosse à cheveux, la poignée de sa porte. Les plats défilent. Ils doivent avoir l’habitude de n’être avalés que du bout des lèvres, à l’extrême pointe de la fourchette.
Où en suis-je, bon sang de bois ? Shampoing. Longueurs et pointes, Ricil, Ibiza ? Halte-là, jeune homme, retour au turbin : céviche. Eh bien, il a de la tenue, de l’abondance et les acides à la verticale, c’est parfait pour ce grand classique péruvien à réveiller une endormie.
Surprise, Grazia choisit le boudin noir. C’est un peu la revanche de ces personnes touchées par la grâce, elles vous viderait un saladier de frites, ferait un sort à une côte de bœuf et une jatte de mousse au chocolat. C’est ainsi. Le boudin est tout seul sur sa planchette, mais, par chance, nous avions gardé un peu de guacamole avec nous, l’association est parfaite avec un vin chilien.
Pour le dessert, Grazia réclame un dulce de leche et, hélas, ne le mange pas avec l’index mais la cuillère en inox. Parfois, la vie n’est pas comme au cinéma.
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