Citations de Frédéric Dard (2238)
Elle a l'air très gentille, mais dans votre job, on n'a pas le droit de se fier aux appâts rances, Mec.
Malgré son prénom enchanteur qui évoque la steppe, les troïkas sur la piste blanche et les amours du docteur Jivaty-Jiva-Gigot, Natacha , c’est un vrai boudin , croyez-moi Russe ! Un boudin russe ! Elle ressemble à la plus grosse des poupées gigognes qu’on vous vend dans les bazars de Moscou. Dodue, cuissue, ventrues, mafflue, les joues peintes en vermillon, la moustache drue, le cou couleur saindoux, le sein doux parce que mahousse comme un oreiller, le cheveu blond filasse, la bouche en étreinte de limaces, le front bas, la cuisse jambonnière, le mollet en tronc de palmier sous les bas de coton grisâtre, l’œil aussi pétillant qu’une rondelle de truffe sur une tranche de foie gras, cette aimable jeune fille de trente-deux ans est à la volupté ce que Francisco Franco est à la démocratie.
Moi j'adore les nanas qui écrivent 88 avec leur derrière en marchant. Dans la vie, tout n'est que mouvement des lignes.
La grandeur de la gauche, c’est de vouloir sauver les médiocres. Sa faiblesse, c’est qu’il y en a trop !
Le vrai tombeau des morts ,c'est le cœur des vivants.
Vous avez du papier tue-mouches à la place du cervelet, voilà la vérité. Ça poisse à l'intérieur et les saloperies de la vie courante s'y agglutinent. Tous les slogans, les lieux communs, les déclarations, les bobards, se collent à votre matière grise comme du chewing-gum à des fausses dents.
Votre tronche ressemble à la poche d'un aspirateur après usage. C'est bourré de « Je vous ai compris », de « Je t'aime chéri », de « Jeanmineureries », de « journalparleries », de T.V., d'U.M.D.P., d'U.N.R., de P.M.U., de P.G., de C.C.P., de S.R., de O.K., de K.O., de S.O.S. et surtout, oui, surtout : de C.O.N. (avec un S au pluriel).
Je considère sa tronche sans poils, son crâne luisant comme un suppositoire prêt à prendre ses fonctions, son regard bleu acier, ses lèvres minces et je me demande quelle nana pourrait bien avoir envie de jouer aux quatre jambons avec un désastre pareil !
Dès le premier regard , j'ai pigé que ce petit gars n'était pas un criminel. Faites confiance au bonhomme , je reconnait les innocents comme les maquignons reconnaissent les chevaux panard.
P 38
Dans la lumière blafarde de l'astre nocturne (1) l'habitation du consul n'est guère plus sinistre que dans celle du soleil.
(1) Faut bien citer les grands poètes de temps à autre, ça repose. Justement, je subis la crampe de l'écrivain et je souffre des chevilles.
Pigalle, c'est plus que le cœur de Paname, c'est son sexe. Et si une ville comme Paris ne peut vivre sans cœur, elle ne peut exister non plus sans sexe.
Tout ça pour vous montrer que le jour où le roman policier ne se vendra plus, je pourrai sans me faire opérer du cervelet me lancer dans la littérature tout court.
AVANT PROPOS,
HORS DE PROPOS, MAIS QUI VIENT A PROPOS
L'histoire qui est racontée ici est rigoureusement vraie. Je n'y ai pas changé une virgule.
J'ai seulement modifié les événements, déformé les faits, interverti les situations, débaptisé les personnages et déplacé l'action.
J'ai également pris des libertés avec le lecteur, le vocabulaire et l'affabulation.
Oui, j'ai fait tout cela.
Mais, parole d'homme,je n'ai pas changé une virgule à l'histoire.
J'aurais peut-être dû...
SAN-ANTONIO.
Comme chaque fois que le cousin Hector venait tortorer at-home (de Savoie), après le dessert, contrairement à ce que préconise une chanson de salle de garde, nous ne savions plus quoi foutre et nous nous regardions en cousins de faïence, lui et moi, pendant que Félicie, ma brave femme de mère, faisait la vaisselle. Ordinairement, j'essayais de m'esbigner en loucedé, mais M'man était si désemparée en me voyant mettre les adjas que j'avais de moins en moins le courage de l'abandonner entre les griffes d'Hector.
- soyez pas jalmince, pépère, sermonne Béru, elle a droit de se faire émanciper la gaufrette votre Mirza.
Les intellectuels redoutent les coups ! S’ils ne se dégonflent pas pour un oui, ils se déballonnent toujours pour un gnon.
On aperçoit bien deçà et delà quelques gonzesses, mais même en leur coulant la dextre à l'ogne, tu parviendrais pas à déterminer s'il s'agit de travelos ou de véritables mégères.
— Et ce jeune garçon, qui est-il ?
— Mon fils adoptif.
— Bravo ! Il est tellement mieux de réparer les erreurs des autres plutôt que d'en commettre soi-même.
Par les larges portes-fenêtres béantes, j'aperçois une faune assez clitoresque. Il y a là sept personnes : quatre frangines et trois matous. Trois des quatre souris sont jeunes, saoules et décolletées, la quatrième est vachement vioque et fardée à la truelle. Ça fait au moins cinquante ans qu'elle a remplacé son maquilleur par un maçon. Les trois hommes réussissent l'exploit délicat d'être aussi antipathiques les uns que les autres. On devrait désigner la plus sale bouille qu'il faudrait au moins quatorze tours de scrutin pour y parvenir.
Je tiens à déclarer ceci :
Seuls, les imbéciles sont «choquables». Riche de cette certitude, j'appelle un chat une chatte.
Et Bérurier «Queue-d'âne» !
San-Antonio.
Pinaud est occupé à recoudre les boutons de son pantalon qu’un séisme a dispersés. Bas-vêtu d’un calcif à rayures style Chéri-Bibi, son chapeau de feutre enfoncé jusqu’aux coquilles, ses lunettes en équilibre sur la pointe extrême de son naze, il tire l’aiguille [...].
- J'ai remarqué que le jazz c'est un truc que c'est pratiquement la cour d'Angleterre qui en a le métropole.
Et pour étayer ses dires surprenants, il énumère :
- Prenez les cracks, qu'est-ce que vous trouvez ? Armstrong John, le duc Hellington, la raie de Charles, étécéra, étécéra... Dans le jazz, moi, ce que je préfère, c'est les blouses.