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Citations de Fritz Zorn (202)


... il y avait là quelqu'un qui, depuis la plus tendre jeunesse, avait été démoli de façon conséquente et les suites de cette démolition étaient à présent assises dans le fauteuil capitonné du psychothérapeute et attendaient ce qui allaient se passer. Et ce quelqu'un de démoli, c'était moi.
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Ce que j'ai dit au sujet du cancer est également valable pour la névrose. La névrose n'a rien de très joli non plus et elle entraîne de grandes souffrances ; mais même quand il ne s'agit plus d'une maladie du corps mais d'une maladie de l'âme, savoir ce dont on souffre est plutôt une consolation qu'un poids supplémentaire pour le patient.
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De même que le chemin qu'en fait on ne tient pas du tout à parcourir fatigue au-delà de toute mesure et de même que le panier à provisions qu'en fait on ne tient pas du tout à porter paraît exagérément lourd, de même le corps détruit spontanément la vie humaine quand on ne tient plus du tout à vivre cette vie.
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Tous ceux qui n'écrivent pas de Mémoires ne sont pas forcément heureux.
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Bienveillante était notre attitude à l'égard de la vie, très bienveillante même ; nous la considérions avec bienveillance, cette bienveillance qu'on témoigne à un rhinocéros ou à une girafe dans un zoo.
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... on n'entend jamais rien d'autre que cela, que si on n'a pas l'amour, on n'est rien qu'"un airain au son creux et un grelot tintant".
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Survivrai-je à cette maladie ? Aujourd'hui je n'en sais rien. Au cas où j'en mourrais, on pourra dire de moi que j'ai été éduqué à mort.
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... celui qui a été élevé de travers n'en attrape pas toujours le cancer.
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Je commençais même à pressentir que j'avais des défauts et que tout mon univers était faussé et avarié, mais je reculais devant le mot compromettant de « défaut » et je voulais à toute force m'en tenir uniquement aux « charmantes marottes » ; et cela, naturellement, parce que le seul mot de « défaut » contient, inexprimée, une invite à discerner et à prendre position et à réparer, alors que la marotte, et tout particulièrement la « charmante », était bien plutôt une chose qu'on devait choyer et dorloter, peut-être avec un petit sourire, mais qu'il fallait en tout cas cultiver.
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... ce n'est pas dans un monde malheureux que j'ai grandi mais dans un monde menteur. Et si la chose est vraiment bien menteuse, le malheur ne se fait pas attendre longtemps ; il arrive alors tout naturellement.
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Je m'habituais à ne porter aucun jugement personnel mais au contraire à adopter le jugement des autres
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Un mal reconnu et appelé par son nom est moins difficile à supporter qu'un mal non reconnu et non compris.
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La sexualité ne faisait pas partie de notre univers car la sexualité incarne la vie et moi j'avais grandi dans une maison où la vie n'était pas bien car nous on préférait être corrects que vivant.
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Aujourd'hui, il y a encore des gens qui se glorifient de mourir pour Dieu, la patrie capitaliste et ses trusts, on ne peut qu'en venir à la conclusion qu'il y a des raisons de mourir plus bêtes que le manque d'amour.
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Bien entendu, il me faut ajouter ici que ce que l'intellect réussit, le sentiment ne le réussit pas toujours aussi aisément. Je comprends que mes parents sont doubles : premièrement un monsieur et une dame dans une maison avec jardin au bord du lac de Zurich et deuxièmement l'incarnation de quelque chose de terrible et de mortel pour moi. Quand je suis assis à ma table, "froid jusqu'au fond du cœur", alors mes "parents" sont pour moi une notion intellectuelle qu'en homme cultivé je puis manipuler avec adresse et ingéniosité et grâce à laquelle, comme dans un jeu de perles de verre, je peux faire jouer les diverses facettes d'une virtuelle situation problématique. Parfois aussi, je ne suis pas assis à ma table mais, plein d'une rage désespérée, je me retourne dans mon lit parce que la douleur m'empêche de dormir la nuit, et alors je ne suis plus un intellectuel qui tapote sur sa machine à écrire des remarques spirituelles sur la souffrance, je suis uniquement et exclusivement livré à la douleur de mon corps et de mon âme, et alors je suis moi aussi la populace de Paris qui veut voir une tête sanglante dont peu lui importe qu'elle ait appartenu à une nommée Marie-Antoinette, car une seule chose compte encore pour elle, que ce soit bien la tête de la Reine. (p. 275)
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D'après Sartre, dans cette situation qui est manifestement propre à l'humanité, l'essentiel ne serait pas "ce qu'on a fait de l'homme, mais ce qu'il fait de ce qu'on a fait de lui". Une phrase que je peux signer. Assurément il peut y avoir une chance de faire encore quelque chose de ce qu'on a fait de vous ; peut-être même chacun a-t-il cette chance. Même moi j'aurais pu avoir cette chance. Peut-être, si le dommage que m'ont causé mes parents (et tout ce qui fait partie de la notion de "parents") n'avait pas été tellement démesuré, m'eût-il encore été possible, à temps, de devenir moi-même avant que le cancer m'ait dévoré. Peut-être, si le terme de ma maladie s'était éloigné, un certain délai m'eût-il encore été donné, au cours duquel j'aurais pu vaincre ma névrose. Peut-être. Mais ces hypothèses sont oiseuses car, en réalité, il n'en est tout bonnement pas ainsi ou, pour en revenir à Sartre : je n'ai pas réussi à faire autre chose que ce qu'on a fait de moi. On a fait quelque chose de moi, on m'a démoli ; mais surmonter cette "démolition", comme l'exige Sartre, je n'y suis pas arrivé. (p. 247-248)
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Je n'ai pas été à la hauteur, il y a eu la défaite, la guerre est perdue. Guerre contre qui, au fait ? Qui sont donc mes ennemis ? C'est difficile à dire, bien que les mots ne manquent pas : mes parents, ma famille, le milieu où j'ai grandi, la société bourgeoise, la Suisse, le système. Un peu de tout cela est contenu dans ce que j'appellerais le principe qui m'est hostile, même si aucun de ces mots ne dit toute la vérité. (p. 246)
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Toutefois je distingue encore un troisième objectif possible de la vie humaine, après le bonheur et après le sens, à savoir la clarté. Si je ne peux pas être heureux et si ma vie ne peut pas avoir de sens, je puis tout de même m'expliquer ce que je suis et ce qu'est ma vie. Dans ce sens je crois apercevoir clairement une certaine logique et cohérence de ma vie. J'ai déjà parlé du tempérament névrotique de mes parents et de ce qu'il me faut admettre qu'eux non plus n'étaient pas des gens heureux. Si je considère le déroulement de ma vie, il s'en dégage une logique catastrophique : la névrose de mes parents est cause de ma propre névrose ; ma névrose est cause du tourment de toute ma vie ; mon tourment est cause que j'ai contracté le cancer et le cancer est, finalement, la cause de ma mort. Ce n'est pas une histoire réjouissante mais elle est claire. L'histoire de ma vie m'accable mortellement, mais elle est claire pour moi. (p. 245-246)
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Compte tenu de toutes les conditions dont je dirais à présent qu'elles sont les miennes, je ne peux qu'être content de ce que j'aie attrapé le cancer et qu'au cours de la psychothérapie tout ce que j'ai vécu jusqu'à présent se soit effondré. Il m'est impossible de souhaiter que tout cela ne se soit pas produit ; je ne peux que le trouver bien. Je ne peux pas souhaiter non plus que tout soit tout autrement car il me faudrait souhaiter alors d'être quelqu'un d'autre, et cela est impossible. Je ne peux pas souhaiter d'être M. Dupont plutôt que moi-même. Je ne puis pas souhaiter que ce qui a eu lieu jusqu'ici n'ait pas eu lieu ou ait eu lieu autrement, au contraire il me faut comprendre qu'étant donné les conditions de ma vie, tout ce qui s'est passé jusqu'à présent a dû se passer comme cela s'est passé et qu'il n'est ni possible ni souhaitable qu'il en soit autrement. La seule chose que je puisse souhaiter, c'est que la situation actuelle tourne bien ; d'ailleurs ce souhait est encore possible et parfaitement réaliste. Je n'ai nul besoin de souhaiter quelque chose d'irréel, tout ce qui serait irréel, je ne tiens pas du tout à me le souhaiter. Du fait que je vois la nécessité de ma position présente, elle me devient plus supportable que si je devais la considérer comme tout à fait absurde. (p. 219)
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Cette politesse a aussi un autre aspect - très répandu, pas seulement réservé à ma famille - c'est qu'elle permet d'éviter de jamais devoir être reconnaissant envers qui que ce soit. Celui qui n'accepte jamais rien ne doit jamais, non plus, dire merci et peut ainsi se soustraire à la pénible obligation d'être un jour redevable à quelqu'un de quelque chose. Cette sorte de politesse n'est rien d'autre que de l'égoïsme. J'ai toujours défendu le point de vue que donner - du moins dans notre société suralimentée, où l'on ignore le besoin matériel - rend beaucoup beaucoup moins heureux que prendre. En effet, donner, n'importe quel millionnaire peut le faire (et, sur la Rive dorée, il n'y a que des millionnaires), mais accepter quelque chose avec gratitude et ne pas envoyer, dès le lendemain, un cadeau de même valeur en échange, cela, rares sont les gens entre Zurich et Rapperswil qui en sont capables. (p. 70)
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