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Citations de Gabrielle Filteau-Chiba (235)


Le grand-duc m'accompagne de son houhou feutré. Je lève la tête et le cherche du regard. Il est là, perché dans le tremble mort au bord de l'eau. Au bord de la glace, plutôt. La nuit ne tarde pas à plonger la forêt dans le noir ébène. La flamme d'une chandelle oubliée se noie dans la cire sur la table de chevet. Je fais l'ange dans une couette de neige si douillette que je pourrais m'y endormir. Une belle mort dans la grande noirceur.
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Tu sais que tu souffres de solitude quand tu souhaites bonne nuit à un chien qui dort déjà et que tu souris à ta poêle en fonte.
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J'ai entendu le récit d'un journaliste qui décrivait l'adaptation du comportement des animaux en prenant l'exemple des éléphants. En République démocratique du Congo, ils auraient appris à éviter les chasseurs d'ivoire et à se rapprocher des gardes forestiers. Et dans la réserve nationale de Shaba, au Kenya, des pachydermes ont gagné la zone protégée et n'en franchissent plus les lignes, malgré l'absence de clôtures. Pourtant, rien ne marque visuellement la frontière de la réserve- les éléphants sentent que là, ils sont saufs, qu'on ne leur tirera pas dessus.Ils ont l'intelligence et la sensibilité nécessaires pour différencier les intentions des hommes, départager alliés et ennemis, et gagner d'instinct les espaces prévus pour leur survie.

( p.160)
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Anouk avale les paysages, s'approprie à pleins poumons l'air mélèźé, tend l'oreille aux oiseaux, les yeux fermés. Sa communion avec le bois est sensorielle, sensuelle.J'aime la regarder être. J'aime l'idée qu'elle aiguisera mes sens par sa seule présence. Autant sa révolte dans son journal intime était contagieuse, autant elle m'insuffle la paix en m'accompagnant, émerveillée, comme elle l'est.

( p.218)
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Une couverture de laine t'attend, bien pliée, au pied de mon matelas.Je te promets une chose : jamais tu ne connaîtras les chaînes. Et je te traînerai partout, te montrerai tout ce que je sais du bois. (...)
Elle se faufile jusqu'à mes genoux, ma petite chienne trop fluette pour tirer des traîneaux. (...)
Dire que les mushers du chenil allaient t'abattre...
Dire que tu ne verras plus jamais ta mère. Comment te faire comprendre, mon orpheline, que nous serons l'une pour l'autre des bouées, qu'accrochées l'une à l'autre nous pourrons mieux affronter les armoires à glace qui ne chassent que pour le plaisir de dominer, de détruire ?
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Ils ont salué le saint-père, mais rien dit en
mémoire de grand-maman. Je bouillais en dedans.
— Si dieu existe, c’est une femme émancipée, libre et fertile,
croyez-moi.
Mes frères et soeurs m’ont regardée comme si j’étais une sorcière,
le blasphème incarné. Et en silence, picossant dans mon assiette, je
m’imaginais à quoi pouvait bien ressembler dame Nature.
Probablement à Artémis, la déesse grecque de la chasse, ou à la
sumérienne Inanna. Ailées, munies de serres, elles domptent les
fauves et protègent les cerfs, la veuve et l’orphelin.
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j'arrache à la boue
pieux câbles et clous
me sacrant des échardes
j'ai peur en malade
sous le vent je la sens
je l'entends venir
la forme filante
le fin filou
Qui s'dérobe
et me nargue
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Venger les coyotes, les lynx, les ours, les martres, les ratons, les visons, les renards, les rats musqués, les pécans; venger les femmes battues ou violées qui ont trop peur pour sortir au grand jour. Moi, je ne veux pas vivre dans la peur. Et ça ne peut plus durer, ce manège, l’intimidation des victimes. Marco Grondin, c’est comme un prédateur détraqué qui tue pour le plaisir. Ça ne se guérit pas, ça. On n'aura pas la paix tant qu'il sévit, ni nous ni les animaux.
— Deux torts ne font pas un droit, murmure Anouk, qui triture l’ourlet de son chandail en hochant la tête.
— Vrai. Mais c’est ça pareil — y a un prédateur fou dans notre forêt. Alors on fait quoi? p. 243
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Par centaines, les glaçons qui pendent au-delà des fenêtres sont autant de barreaux à ma cellule,mais j'ai choisi la vie du temps jadis,la simplicité volontaire. (..)

Maman, J'ai brûlé mon soutien-gorge et ses cerceaux de torture. Jamais je ne me suis sentie aussi libre.Je sais qu'avec mon baccalauréat de féministe et tous mes voyages, ce n'est pas là que t'espérais que j'atterrisse.(p.15 / Le Mot et le reste,2021)
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Consommer pour combler un vide tellement profond qu'il donne le vertige.
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les coyotes du soir
chantent de plus belle
pour la première fois ils me séduisent

j'ai envie d'être entourée d'eux

j'en viendrai
là c'est clair
à aimer la pénombre
à préférer au jour
mes nuits de veille

raconter le ruisseau gelé
la soif du lac abreuvoir
ce quelque part où enfin
étancher toutes les bêtes en moi
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Je me détends, rêvasse quelques instants à un pays utopique, un Québec libre où l'on pourrait faire les choses autrement- la fourrure resterait sur le dos des animaux.Sur les neiges miroiteraient le roux du renard, le noir du vison, l'indescriptible gris- rouille du coyote.J'espère au plus creux de moi-même qu'un jour, l'humain n'ait plus besoin de détruire la vie pour assurer la sienne, ni de se procurer la peau des autres pour se remplir les poches, ni de dominer quiconque pour se sentir fort. Et ce souhait s'applique aussi à moi.

( p.271)
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- Alors tu veux le tuer ?
Tuer. Le mot tuer. Elle a mis le doigt dessus. Le clou dans le cercueil. Tuer pour protéger. Comme une maman ourse qui attaque ceux qui veulent s'en prendre à ses petits. Ou tuer par légitime défense. Vision de la Faucheuse ravie de se mettre à l'œuvre, des trois Parques tenant le fil de la vie, de ces femmes effrayantes qui tranchent le destin.
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Lionel le solide, le bon vivant, le généreux. Tout ce qu'on espère d'un papa.L'incarnation de l'homme des bois de tous les combats.Celui qui connaît l'âge des arbres, associe le nom des oiseaux à leur chant.Celui qui réconforte ma petite fille intérieure par sa seule présence ici.

( p.119)
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Parfois, comme ce soir, je prie le Grande Ourse et tous les manitous qui nous écoutent, les implorent d' éloigner les prédateurs de la roulotte.Je leur garderai des pommes l'automne prochain, déposerai sur le chemin des offrandes de bon voisinage, m'acharnerai à l'ouvrage pour piéger ceux qui leur font la peau.(...)

Tu sais que tu souffres de solitude quand tu souhaites bonne nuit à un chien qui dort déjà et que tu souris à ta poêle en fonte.

( p.38-39)
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J'ai appris à tâtons les secrets des essences. Le bouleau à papier attise les flammes, l'épinette sert de petit bois d'allumage, et l'érable donne de longues bouffées de chaleur qui me font rêver aux sources thermales des Rocheuses. Je dors comme un dauphin aux hémisphères indépendants, un oeil fermé, un oeil ouvert, guettant les flammes qui se consument. Quand le bout de mon nez est gelé, il est déjà trop tard, il ne reste que des cendres volatiles, et il faut recommencer le rituel - écorces de bouleau, épinette fendue, érable massif - avec patience, même si je cogne des clous.
L'aurore et ses pastels fixent le temps. Nulle âme à qui adresser la parole, j'écris à une amie imaginaire. Le manque de sommeil me fait frôler la folie parfois, mais le soleil se lève chaque matin sur un tableau plus blanc que jamais, avec ses flocons qui tourbillonnent comme dans une boule de cristal. Malgré la rigueur de ma vie ici, le verre d'eau sur la table me paraît encore à moitié plein...même s'il est plein de glace.
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(* A propos de la grand-mère de la narratrice)
J'aurais aimé qu'on me raconte ton histoire, peut-être que je me serrais sentie un peu plus chez moi parmi tes descendants si j'avais connu tes berceuses, recettes et illusions perdues.Le bungalow de banlieue qui sentait la mortadelle et les boules à mites m'étouffait. Les prières du souper, celles du soir, la peur des étrangers, du noir et des bêtes dehors, et les litanies sans fin de reproches xénophobes faisaient naître en moi les pires élans de rage.Fallait que je m'éloigne de ces gens avant de me mettre à leur ressembler. Il me fallait une forêt à temps plein, à flanc de montagnes qui s'en foutent des frontières, où tous sont sur un pied d'égalité face aux éléments, au froid, à la pluie, au vent.Le bois est un mentor d'humilité, ça , je peux le jurer.

( p.26)
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Je ne me mettrai certainement pas à tirer en l'air pour effrayer l'oiseau ni à le brusquer pour le forcer à abandonner son nid pour de bon
Les protocoles mur à mur, c'est facile à imaginer dans un bureau, mais chaque rencontre avec la faune est unique.Rien n'est si simple, les gars.

( p.160)
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Gabrielle Filteau-Chiba
Merci au soleil de briller de plus en plus fort. Ta caresse sur ma peau est aussi douce qu'un amant qui me sourirait le matin. C'est faux, il y a des jours où j'échangerais le soleil pour toucher au corps d'un homme.
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Nos langues se relancent, pourlèchent nos brasiers. Cadence dégustée à coups de lentes lapées jusqu'à ce je rougisse, qu'elle rugisse et que nos rubis rougissent. Délions-nous. Anouk fait naître en moi la magie. Et Diable que je veux bien le lui rendre, l'orgasme qui nous propulse et nous plonge I'une dans I'autre, bouches, langues, becs et ongles. Agrippe-toi à moi, ma douce femme-territoire, que je te comble, savoure la jouissance lovée sur ma fourrure, soupire d'extase entre tes pétales pourpres, toi, belle fauve de mes rêves les plus fous. T'écouter jouir, te sentir vibrer contre moi, te détendre sur ma peau, ton cri de guerre, ta sueur salée, tes cheveux follement emmêlés, sources de joie, sources d'émerveillement. Je te touche comme à un bonheur palpable.
Et dans le creux de l'oreille, tu m'offres ton premier je t'aime.
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