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Critiques de Gaëlle Bélem (39)
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Le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Al..

Alors qu’un cyclone vient de passer sur l’île Bourbon, ancien nom de l’île de La Réunion, Elvire, dans une énième tentative pour lui rendre le sourire, remet à son frère, Ferréol Bellier Beaumont, veuf inconsolable, passionné de botanique et grand propriétaire terrien à Sainte-Suzanne, un orphelin noir âgé de quelques semaines. Il s’appelle Edmond, est né en 1829 sans que l’on sache la date exacte de sa naissance, de parents esclaves. Mélise, sa mère, propriété de Mademoiselle Elvire, est morte lors de l’accouchement. Il aura un patronyme bien plus tard, après l’abolition de l’esclavage, en 1848 : Albius, qu’il a choisi lui-même.

Si Ferréol hésite en voyant ça, sous-entendu ce bois d’ébène, paquet vivant de tracasseries manifestes, il a le pressentiment d’un possible pansement sur ses plaies mal cicatrisées, une sensation de seconde chance, et le garde.

Ferréol, ce botaniste amoureux d’orchidées, promène le petit enfant dans une brouette, dans son jardin et dans sa vaste pépinière. « C’est une immense kermesse de parfums et de couleurs, bruissante d’abeilles, qui bat son plein autour de la brouette qui transporte Edmond. »

C’est ainsi que l’enfant découvre la botanique et la genèse des plantes. Bien qu’analphabète, il désigne bientôt les plantes dans le jargon scientifique des Linné et Jussieu comme le dira plus tard Volcy-Focard.

Et c’est en 1841, âgé de douze ans, après avoir fait maints essais, qu’Edmond découvre le geste de pollinisation de la fleur du vanillier qui permet la production de gousses. Il vient de faire une découverte révolutionnaire : un nouveau fruit, un nouvel arôme !

Dans Le fruit le plus rare, Gaëlle Bélem retrace la vie d’Edmond Albius, un esclave pas comme les autres, tout en brossant un tableau humain et social du XIXe siècle sur l’île Bourbon avec au cœur du récit, ce lourd passé colonial et l’esclavage qui ne sera aboli que le 20 décembre 1848.

Elle décrit avec un tel talent le sublime jardin de Ferréol, qu’il entretient avec tant d’amour et de passion, qu’il est impossible de ne pas être envoûté et enivré par les parfums et les couleurs de cette flore luxuriante, tout comme elle sait, ensuite, nous faire saliver avec les fameux cannelés ou encore les succulents pasteis de nata.

Il est intéressant de voir que d’une dizaine de kilos de vanille exportés en 1848, l’île Bourbon est passée, dès la fin du XIXe siècle, à deux cents tonnes !

Avec une recherche bien documentée, elle parvient à redonner vie à ce personnage oublié, que pour ma part, je ne connaissais pas. Un autre personnage est indissociable d’Edmond, il s’agit de Ferréol, souvent difficile à cerner, mais en quête d’amour lui aussi.

J’ai suivi avec curiosité et grand intérêt cet enfant passionné de botanique, épris d’amour pour sa mère morte, qui se prend à rêver de faire donner des fruits au vanillier jusqu’à ce que, à force d’essais et d’obstination, il y parvienne.

Le récit est émaillé d’expressions créoles, le rendant très vivant.

Malheureusement, cette histoire vraie, envoûtante, délicieuse à certains moments laisse un goût amer.

Si certains grands propriétaires se sont enrichis, Edmond, lui, bien qu’affranchi à l’âge de dix-neuf ans, va vivoter, trouvera quelque temps l’amour auprès de Marie-Pauline, avant de s’éteindre dans la misère le 9 août 1880, à l’âge de 51 ans.

Avec ce deuxième roman, Le fruit le plus rare, Gaëlle Bélem réhabilite en quelque sorte Edmond Albius, cet ancien esclave devenu un botaniste exceptionnel en découvrant le processus de fécondation manuelle de la vanille Bourbon, resté dans l’ombre trop longtemps et on ne peut que l’en remercier !

(À noter que ce n’est qu’en 1981, que la municipalité de Sainte-Suzanne a érigé une stèle sur le lieu de naissance d’Edmond Albius à Bellevue et qu’une statue en bronze de celui-ci se dresse depuis 2004 au cœur d’un mémorial sur l’esclavage, reconnu comme crime contre l’humanité.)


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Al..

Un petit bout d’chou nait à l’Ile Bourbon (qui s’appellera en 1848, date de l’abolition de l’esclavage, La Réunion) mais sa mère meurt à sa naissance et son père s’enfuit. Il est esclave, fils d’esclave, et, chance pour lui, ses petits pieds potelés, son front bombé et la certitude qu’il donne de tout comprendre émeuvent le veuf inconsolable qu’est Ferreol, à qui la sœur avait offert pour lui redonner envie de vivre un chien, un perroquet, puis le bébé.

Ferreol possède un grand domaine, il en connait toutes les plantes, dont les orchidées qui sont sa passion, passion qu’il communique à Edmond, qu’il promène dans une brouette en lui nommant les noms latins des différentes plantes.

J’avoue avoir mis du temps à lire ce livre, cherchant chaque nom que je ne connaissais pas, ce qui m’a donné une vision du jardin botanique réunionnais. (Remarque personnelle : la datura, dit l’auteur, est plus hallucinogène que toxique, ceci dit, cette hallucination prend parfois des allures de coma, nous l’avons constaté en Afrique. Et puis le cannabis, sans commentaire)

Avec une écriture très tendre, Gaelle Belem parsème ces noms latins du vocabulaire créole, le seul que le petit connaisse. Il grandit, passionné par la terre et ce qu’elle produit, croit le conte inventé par son « ti père », sur la création du monde, à partir des graines et des racines, et se met à la recherche d’une orchidée rare.

Écriture très tendre, et aussi parfaitement consciente de l’histoire de l’esclavage, de la pénétration de son ile par les fils d’aristocrates, d’esclaves multitâches et entre deux, les petits Blancs, chacun avec leurs intérêts divergents.

Écriture de plus retraçant l’histoire de la vanille, dont Moctezuma fait boire une décoction à Cortés, puis lui montre les gousses. Cortes s’empare de la vanille, foule aux pieds les abeilles en privant par là l’humanité des premiers agents pollinisateurs. Nous suivons le voyage, depuis l’Espagne de Charles Quint, Versailles, lorsqu’une caisse de vanille arrive à l’ile Bourbon pratiquement en même temps que la nouvelle : en Belgique, grâce à Charles Morren, la vanille fécondée a donné des fruits.

Edmond a douze ans lorsqu’après des semaines, des mois, des années à essayer d’obtenir des gousses, en compagnie de son ti père, il réussit à en comprendre le processus :

Le fruit le plus rare !

Dès son succès, les mauvais vents se liguent cependant contre lui : les propriétaires terriens parlent d’outrages, de volonté de les remplacer, de les anéantir. Les esclaves accumulent la rancœur contre celui qui dormait dans des draps comme un Blanc. Et son presque père, au lieu de ressentir de la reconnaissance pour lui avoir redonné le goût de vivre et d’avoir réussi l’exploit de trouver comment cultiver la vanille, se sent floué et l’abandonne à son sort.



Triste sort, d’un esclave génial, finissant tristement.



Mieux vaut lire toutes les premières pages sur le voyage de la vanille, la création du monde, et aussi ce sentiment haine/amour que Gaelle Belem explique bien :

“Parfois, en se levant, Ferréol se demande ce qu’il serait s’il n’avait pas recueilli Edmond.

Edmond, son Edmond, a eu une idée de génie qui a enrichi notablement tous les vanillards de l’île. Grâce à son Edmond, la vanille est désormais un produit connu de tous. Il crie à tue-tête mon enseignement, ma propriété, mes conseils. Il répète à tout-va mon Edmond, mon esclave, mon orchidée. Debout devant le pupitre où il répète son discours de remise de la Légion d’honneur – on ne sait jamais –, Edmond silencieux à ses côtés, Ferréol regarde par la fenêtre les cargaisons de gousses qui filent vers les quais de Saint-Denis et les boutiques de France, emballées dans des boîtes de fer-blanc. Ses yeux s’illuminent comme un phare, son front s’éclaircit. Devant Edmond qui manque de s’étrangler comme s’il avalait de travers, Ferréol s’exclame tout haut :

— La vanille, c’est moi !”



Pour des raisons donc très différentes, ce livre est un petit joyau : le parler créole, les sentiments ambivalents, l’énoncé des multiples plantes et leur voyage, enfin l’abolition de l’esclavage, qui, comme dans les champs de coton du sud des États-Unis, n’a pas « donné » la liberté, vers laquelle ils foncent « droit dans un mur » mais rencontrent parfois une autre sorte de dépendance sans maitre.

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Un monstre est là, derrière la porte

«  Mes parents étaient animés d’une seule et abjecte conviction : que la meilleure façon d’élever des enfants était de leur clouer le bec en les terrorisant ! Ils n’expliquaient donc pas, ils épouvantaient .Ils ne persuadaient jamais puisqu’il était plus simple d’intimider ».



«  Le chômage et la misère .Ici des petits vieux éméchés ,là, des jeunes désœuvrés , ailleurs des femmes flanquées de leurs myrmidons braillards » .

.Deux extraits significatifs de ce récit percutant à la plume légère, piquante , vivante ,goûteuse qui relate le quotidien d’une famille très pauvre de la Réunion, dans les années 80, les Dessaintes!



Des héros dignes, vraiment! des Rougon - Macquart d’Émile Zola .

Cette famille a pour dénominateur commun la misère ,ses abîmes fangieux orgiaques où l’alcoolisme dévastateur, les superstitions ,le chômage ( 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté ) , les problèmes économiques

se côtoient tandis qu’ils élèvent leur petite fille par la terreur .....



Une petite fille non désirée après le décès d’un fil mort - né qui grandira sans amour ! «  Ma naissance fut accueillie avec rancoeur et dépit » .

«  Une petite fille qui casse les pieds à ses parents » ....

Des tyrans parentaux insaisissables ,antipathiques , indolents , irresponsables, indifférents !

Occupés à leurs querelles : dans le désintérêt de l’humanité entière !

L’auteure conte toute l’histoire de cette famille, les grands - parents comme grand - mère Kalle, même destin utilisée dans une éducation par la terreur .



Heureusement la petite fille trouve refuge dans les livres : elle lit tout : publicités , programmes télé , lettres de relance , notices d’antidépresseurs .



À l’école , elle obtiendra des résultats brillants , étudiera avec énergie et détermination ,lisant plus tard Maupassant, Cicéron, Hesse et Rostand , Suskind ,et bien d’autres ....

L’auteure donne le versant opposé à la carte postale de la Réunion : le volcan, le paradis des randonneurs et la douceur de vivre.

Elle dresse le tableau des oubliés de la Réunion ,toutes les difficultés qui attendent la petite fille et le déterminisme social.

C’est un récit paradoxal ,on peut passer du rire aux larmes , à la fois cruel et désespéré ,désopilant parfois .

L’écriture est vive, magnifique, le ton totalement décalé à l’humour décapant! .

Les parents sont fantaisistes, cruels , tout juste cinglés , complètement barjos , vautrés dans leur haine .....

Un premier roman réussi !

«  En matière d’inégalité , écrit l’auteure , on fait partie des territoires français les plus forts » ...
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Le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Al..

Il n'a pas eu une vie facile, Edmond Albius. Cet esclave de l'île Bourbon qui a découvert à l'âge de 12 ans la technique de la fécondation de la fleur de vanille. Il aura mené une vie à peu près agréable avec son maître, Ferréol, qui lui a fait découvrir sa passion pour le jardinage et une certaine idée de la botanique. Mais en tant qu'esclave, il n'en retirera aucune gratitude ni aucun profit, et n'aura aucune idée du gigantesque commerce qu'il aura entraîné. La vanille "Bourbon" connaîtra effectivement un essor considérable qui dépassera la production de la canne à sucre pendant plusieurs années. De plus, à l'abolition de l'esclavage, on le verra errer dans le nord de l'île à la recherche d'un travail, comme des milliers d'affranchis. Après quelques années de misère en prison pour vol et un mariage de cinq ans où il connaîtra le bonheur, il finira ses jours oublié de tous, et mourra dans l'indifférence générale.

Gaëlle Bélem nous fait revivre avec brio la vie à la Réunion au XIXe siècle. Il en fallait du courage pour s'exiler dans les "colonies" ! Certains y ont fait fortune mais pour la plupart des migrants, la vie était rude. Je ne parle même pas des esclaves. C'est un livre qui se lit facilement et agréablement.

On peine à imaginer ce que fut la découverte de la vanille, tant nos desserts en sont de nos jours saturés. Merci Edmond Albius.

C'est un livre que je recommande à tous ceux que le sujet intéresse.
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Un monstre est là, derrière la porte

Lecture commune avec le Gang des Lectrices (A La Réunion).

Félicitation à Gaëlle Belem. Première réunionnaise qui ouvre la porte du grand Gallimard.

J'ai eu la chance d'assister au lancement de son livre et rien que dans sa présentation, je sentais que j'allais apprécier sa plume et son univers.

Gaëlle Belem nous ouvre les portes d'une famille réunionnaise. Et pas n'importe quelle famille : la famille Dessaintes. A travers une rencontre, une naissance, des drames familiaux… une jeune fille va nous parler de sa famille. Peut-on réussir dans la vie avec une famille envahissante comme les Dessaintes?

L'auteure utilise une plume incisive, poétique, humoristique, sarcastique pour décrire cette famille, cette rue, son quotidien… Cela peut paraitre drôle au départ mais s'engage vite dans un roman beaucoup plus sombre. Un roman qui abordera des thèmes très profonds. Rien que le titre, elle nous suggère ce monstre derrière la porte. Mais qui est-il dans la famille Dessaintes?

Ce roman est une très belle découverte de l'île des années 80. Je rassure les métropolitains, on est sur un roman réaliste mais pas sur une généralité. J'ai eu tendance à sourire sur certaines descriptions de l'île, sur les us et coutumes.

Donc pour moi, c'est un roman plus que réussi. Je n'étais pas loin du coup de coeur. Je note que bien que cela rentre dans la charte Gallimard, la plume est plus qu'abordable. le message passe parfaitement. Il faut prendre son temps pour déguster la plume de Gaëlle Belem.

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Un monstre est là, derrière la porte

Tu aimes lire, mais tu ne sais pas quoi ? Que tu sois lecteur débutant ou confirmé, le Gang des lectrices est là pour t'aider !



Il y a quelques semaines maintenant, nous avons eu la chance de rencontrer et d'assister à la présentation du premier livre de Gaëlle Bélem, Un monstre est là, derrière la porte. Réunies au complet, France, Coulsoum, Isabelle, Dominique, Gaëlle et moi, avons passé une superbe soirée à l'espace Kab'art, situé à l'étage de l'Espace Culturel Leclerc à Saint-Leu. Au-delà d'une simple présentation, l'auteure, première femme réunionnaise à être publiée chez Gallimard (!), a su s'entourer de deux artistes afin de rendre son texte vivant. Lisant tour à tour des passages de son livre, où l'humour et la poésie rythment les pages, celle-ci fut accompagnée en musique et en illustrations. Original ! Cueillies par les mots et le style de l'auteure, nous nous sommes précipitées sur ce roman singulier. Pourquoi ? En mettant en scène la vie des Dessaintes, une famille fantaisiste, voir cinglée, Gaëlle Bélem trace une fresque historique sans complaisance de la Réunion des années 80. Drôle, sombre et poignant, ce roman est pour moi une petite pépite littéraire à remettre dans toutes les mains. Mais au fait, elles en pensent quoi les copines du Gang ?

Ça tombe bien, Gaëlle, une des membres du gang est sur Babelio sous le pseudo de Gaoulette ainsi qu'Isabelle et Dominique, les horizonslivresquesdisaetdo.



Chronique entière sur le blog et désormais sur YouTube, sur la chaîne Book'n'cook : https://www.youtube.com/channel/UCC0RoM9FB0Bf6RSxjzuckfg?view_as=subscriber


Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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Le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Al..

Le mystère quant à l'identité du fruit le plus rare est vite levé,mais peu importe car l'intérêt du roman ne réside pas dans ce secret!

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Gaëlle Bélem.Ses incursions de vocabulaire et expressions créoles,loin d'alourdir le texte,y apportent la singularité du contexte dans lequel se situe l'histoire. Son humour malicieux, teinté d'une fausse naïveté m'a immédiatement convaincue que ma lecture serait agréable. J'ai adoré la façon dont elle explique qu'après que Dieu ait passé pas mal de temps à créer toute la complexité de la flore,le diable " sournois et mal intentionné comme d'habitude " avait lui aussi semé de mauvaises graines, obligeant Dieu à créer les botanistes pour aider les hommes à les discerner! Ainsi,Edmond a sept ans lorsqu'il postule avec assurance à ce poste proposé par Dieu.

Historiquement, la vie d'Edmond Albius m'a permis de découvrir tout le parcours de cette plante,de sa découverte par Cortes avec les Aztèques, en passant par les jardins de Le Nôtre,la Cours de Louis XVIII puis toutes les grandes tables du monde.

Surtout, c'est l'histoire réelle de ce petit orphelin de naissance,noir et esclave qui a capté toute mon attention et mon empathie.

Bien qu'il soit recueilli par Ferreol un botaniste blanc qui le nommera très vite son "ti gâté pourri" et lui permettra d'échapper au dur labeur des champs de canne à sucre,pour grandir dans un jardin d'Eden, le parcours d'Edmond sera marqué par l'injustice et le racisme structurel du colonialisme.

Même la relation père/ fils sera empreinte de ce racisme, car il n'est pas si simple d'assumer son attachement pour un esclave noir. Dans ce contexte la banalité de la rivalité père/fils prend une toute autre ampleur. Comment accepter qu'après des années de recherche, ce soit un esclave noir de douze ans qui découvre le secret de ce fruit si rare?!

De malheurs en malheurs, Edmond ne perd jamais espoir et quand la liberté ne tient pas ses promesses, il espère en l'amour.

Je ne pense pas être la seule à n'avoir jamais entendu parler jusqu'à ce livre,d' Edmond Albius,et ceci n'est pas le fruit du hasard, mais la conséquence d'une société incapable de reconnaître son racisme ni surtout de perdre son pouvoir. Pas question de mettre en péril " la verticalité des pouvoirs si durement installé à coups de barre à mine au XVII ème ."

Alors, par son roman Gaëlle Bélem permet enfin à Edmond Albius d'être reconnu pour ce qu'il était : l'inventeur de la fructification de cette plante rare dont l'île Bourbon deviendra le premier producteur mondial.

" Edmond meurt les yeux ouverts comme ces morts dont on se demande s'ils reposent en paix"

Grâce à vous, madame Bélem, je pense qu'Edmond peut enfin fermer ses yeux...

Je n'utiliserai plus jamais ce fruit sans avoir une pensée attendrie pour Edmond.
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Le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Al..

Un livre à l'écriture prodigieuse. L'histoire romancée d'Edmond Albius, petit esclave réunionnais qui a découvert le secret des gousses de vanille. Certes, amateurs de romans policiers ou d'aventure passez votre chemin, l'intrigue est mince, mais le style est truculent, drôle, malicieux, et on ne s'ennuie pas un seul instant en apprenant beaucoup sur La Réunion, l'esclavage et la vanille. Une sacrée réussite ! Bravo madame Bélem, vous m'avez emportée.
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Le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Al..

Sur cette Île Bourbon, ensuite Île de La Réunion du XIXe siècle, « où tout meurt vite, les hommes autant que les fleurs », la végétation est aussi flamboyante que le climat est hostile. La vie de la plupart des colons français, à l'instar de Ferréol Bellier-Beaumont, botaniste, n'est guère opulente encore ; mais celle-ci est incomparablement plus dramatique lorsque l'on naît Noir donc esclave, orphelin de mère et de père inconnu, à l'instar d'Edmond, nouveau-né confié à Ferréol pour essayer de le consoler de son veuvage prématuré. L'enfant noir, « ti gâté pourri », apprendra de son père adoptif les noms latins et les secrets de culture de toutes les plantes tropicales, et notamment des orchidées qui sont la marotte de Ferréol, mais l'on ne s'encombre pas de lui apprendre à lire et à écrire, et son ambition de devenir botaniste, comme Ferréol ou comme Linné, sera reçue comme une insoumission saugrenue, inadmissible et honteuse. Lorsque le garçon de douze ans découvre à force d'observation et d'obstination la méthode manuelle qui permet de féconder les vanilliers, accomplissant un rêve de succès que son père adoptif nourrissait pour lui-même, la découverte sera partagée coram populo, comme l'on montre le spectacle d'un enfant prodige, mais personne ne songera un instant à protéger l'avenir du jeune esclave, ni même à lui assurer la notoriété et la gratitude qu'il mérite. En effet, la reconnaissance de ce qui serait dû à un esclave s'il était titulaire de droits est proprement impensable, quels que soient les sentiments d'affections (mais aussi de jalousie) qui lient un vieil homme à son fils de cœur.

Du côté social et politique, l'abolition de l'esclavage en 1848 décidée en Métropole et nullement adoptée dans les esprits des colons de l'Île, s'avère dérisoire, prématurée, néfaste en l'absence de toute préparation, réparation, politique sociale... D'autant plus dans un contexte où n'est laissé cours qu'à une accumulation proto-capitaliste sauvage et anarchique, et où la justice s'avère arbitraire, approximative et fondamentalement raciste.

L'histoire romanesque de la vie d'Edmond devenu Albius, « Le plus blanc » d'après le nom latin qu'il s'est choisi tel celui des plantes qu'il connaît sur le bout des doigts, reconstituée sur la base de quelques rares fragments d'archives départementales et sans doute d'après la mémoire orale des Noirs réunionnais, peut se lire comme celle d'un homme qui « comme plus d'un inventeur, ses pareils, a vécu misérable et est mort oublié » (cit. p. 235). Elle peut se lire aussi comme un récit de racisme ordinaire apte à broyer le destin et les mérites de toute personne racisée, par simple effet systémique, par-delà les aléas individuels, chances et malchances, affects et deuils qui échouent à chacun durant son existence.

Dans la prose de l'autrice on remarquera la richesse des descriptions, notamment végétales, le charme des termes et phrases créoles parfois restitués et plus généralement une narration qui laisse sa place à la forme du conte transmis par voie orale.

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Le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Al..

C'est un vrai cours de botanique mais aussi sur l'esclavage.

La vie d'Edmond n'est pas des plus gaies et on a mal pour lui tellement tout s'acharne. C'est dans cette enfance d'esclave qu'il découvrira l'horticulture et les plaisirs de récolter ce que l'on a semé,au sens propre de l'expression.

Dans cette fin 19ème siècle, bien des tourments attendent ces "gens de couleur" ou d'autre origine que les blancs de Bourbon.

C'est le parcours de vie difficile d'Edmond que dépeint l'auteure tout au long de ce livre qui s'il n'amène pas de joie ,nous cultive un peu plus.
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Le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Al..



   _  Gaelle Belem, raconte  son ile natale La Réunion.

Son livre est composé, ainsi qu'une bonne recette, de trois ingrédients principaux :

_ de vanille  _ vanille-Bourbon

     _  d'un héros _ personnage historique esclave   reunionnais              

  _ d'une plume_reunionaise d'origine. Permettant  la reussite de ce plat _ un peu inhabituel pour moi, car hormis "les mémoires d'Adrien" je n'ai pas souvenir d'un tel plaisir à la lecture d'une biographie romancée.



        _ Ici le personnage est très modeste, au point de ne pas laisser de trace dans l'histoire , à l'inverse du condiment, présent dans nombre d'entremets.

     De son vivant déjà : un esclave peut-il accéder à une reconnaissance ?

"Il dit" ti' père "quand les autres esclaves disent" not' mait". On ne lui reproche rien, mais les opinions restent fixes. Dieu est blanc. L'Afrique est noire. Aucun débat n'a raison d'être".



   _ Aromate dans le chocolat prisé des Incas,la vanille est  extrait de cette orchidée, liane envahissante, cultivée dans nombres de jardins de botanistes. Mais sans produire de fruit. Jusqu'à ce que son mode de fécondation soit découvert. Comme les courges ! A un detail prêt. Et c'est  Edmond petit esclave noir, qui, remplacant les abeilles mexicaines, invente une technique, permettant, avec la canne à sucre, de contribuer à la fortune des planteurs insulaires.



L'auteure nous fait découvrir la  luxuriante végétation de cette île , échappant de peu a une énumération façon "petite flore" de Gaston Bonnier".

Les vies misérables des esclaves ou plus aisée des colons ainsi que leur parler et mode de penser, nous rappele ce lourd passé colonial .  : Napoleon avait rétabli l'esclavage afin de maintenir un équilibre économique. Puis la 2eme République l'a aboli en 1848.



Connaissez vous les gateaux nantais ? les cannelés de Bordeaux ? le canard à la vanille ?



Ce style, fluide et riche, tres agreable est une nouvelle découverte .

Un peu d'onirisme, beaucoup de poesie.

Le choix d'un nom pour cet ancien esclave est l'occasion d'un bel exercice de style. Lecteur, je me suis laissé porter par cette envolée d'un chapitre

L'histoire de cette ile , vue par la population noire opprimée nous est présentée avec amour et poésie .

Merci pour ce bon moment, et salutaire rappel.

Touché, donc  :  : 4, 5/5.

    
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Un monstre est là, derrière la porte

Dans ce roman, l’auteure brosse la réalité d’une famille réunionnaise, les Dessaintes, dans les années 80 au travers d’un récit vivant, piquant à vif, pragmatique et sans concessions. L’auteure manie avec goût et aisance les mots et la langue. Le ton est acerbe, précis, et efficace. Les descriptions sont percutantes notamment quand l’auteure dépeint les personnages. On se délecte de l’histoire qui prend forme sous la plume de l’écrivaine, une dégustation lente et raffinée. De plus, les notes d’humour, bien présentes et irrésistibles, sont tantôt tendre tantôt caustique. Nout kozé kréol n’est pas en reste dans ces pages ! (créole réunionnais)



Adieu plages, sable chaud, palmiers ! Nous sommes bien loin des cartes postales pour des vacances idéales ( comme le chante si bien J. Farreyrol). C’est une immersion dans l’envers du décor. Nous sommes projetées dans un quartier pauvre, parmi tant d’autres, de la Réunion Lontan avec ses problèmes économiques, sa misère sociale, sa violence, son chômage, son alcoolisme dévastateur… mais également les superstitions qui occupent une place importante dans le quotidien des réunionnais. On sourit à l’évocation du personnage de « l’homme-coq », qui a profondément marqué l’esprit du créole et plus particulièrement les enfants. Les stigmates du passé esclavagiste se mêlent à la rudesse du présent.

Progressivement, l’intrigue se met en place pour être poussée à son paroxysme après l’entrée en scène de la petite Dessaintes avec rancoeur et dépit.

L’atmosphère légère, des premiers chapitres, laisse place à une ambiance austère et empreint de violences sourdes dans un contexte de misère humaine et sociale. C’est avec beaucoup de maturité et sans ménagement au point d’en devenir touchante, qu’elle va nous conter son histoire. Quatre prénoms ? Un seul ? Mais lequel ? Difficile à dire. Elle est une Dessaintes, un point c’est tout. Un nom, une famille, un fardeau qui est bien lourd à porter.



Il vous sera impossible de rester indifférent face à la fille Dessaintes. Elle qui va devoir à force de caractère et de subterfuges familiaux, sortir son épingle du jeu. En effet, il en faut du courage pour s’extirper de ce marasme. Elle aspire à une vie différente de celle de ses parents. Le personnage devient réel sous nos yeux. Une vieille âme, il ne peut pas en être autrement pour avoir un regard aussi lucide et cinglant sur son entourage et sa vie.

C’est un duel permanent entre la violence sournoise et l’acharnement contestataire qui se livre crûment sous nos yeux de lectrices. Nous prenons vite conscience que le monstre a choisi de se cacher derrière les murs et la porte de cette modeste case de la rue Descartes.

Que dire des parents? Ils sont détestables et antipathiques. Un comportement condamnable en tout point, où la capacité à se réjouir du succès de son enfant n’existe pas. D’une cruauté, sans nom… enfin si, les Dessaintes. Les Thénardiers font pâle figure à côté d’eux.



Nous avons tenu, tout au long du livre, à l’espoir d’un avenir meilleur comme le personnage principal. Avec une irrépressible envie de rassurer l’héroïne et la convaincre qu’elle arrivera à s’en sortir.

Outre le fait que ce roman est poignant, déstabilisant et dur à la fois. Il se révèle parfois sous un angle plus dérangeant. L’auteure nous dépeint les personnages avec une telle véhémence que cela peut heurter ou choquer. Le ton est incontestablement provocateur dans certains aspects

La Réunion Lontan est présentée sous un éclairage très sombre. Cela fait naître l’envie de nuancer avec des souvenirs plus doux, le bonheur simple de cette époque, la solidarité… Il est arrivé au cours de la lecture, que nous perdions le fil et la cohérence dans la personnalité du personnage principal.



À l’instar de la petite Dessaintes, qui à 7 ans, décide de devenir « Écrivain pour faire de la magie ! », c’est ce que réussit à faire Gaëlle Bélem au fil des pages. Assurément, il faut être magicienne pour faire détester des personnages sordides et éveiller de la compassion à la fois. Pour son premier livre, elle fait fort et nous pensons sérieusement qu’elle marquera les esprits, en tout cas c’est tout ce que nous lui souhaitons.



Chronique à 4 mains faites dans le cadre d'une lecture commune avec le Gang des lectrices (La Réunion)
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Le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Al..

Imaginez.... Vous ouvrez un pot de glace à la vanille...Vous goûtez à ce parfum subtil et délicieux, et vous vous imaginez la gousse noire et parfumée qui a donné ce petit miracle gustatif. Et bien rien n'aurait eu lieu sans Edmond Albius!

Le moins qu'on puisse dire en lisant ce roman, c'est que le pauvre n'a pas vraiment profité de sa découverte. Né esclave, orphelin très jeune, il est initié à la botanique par son propriétaire, et découvre le secret de la pollinisation de la vanille encore adolescent permettant à cette liane de produire des fruits hors de son aire d'origine, et hors de la présence de son pollinisateur naturel.

Bon, vous vous en doutez, comme le monde est horrible, le jeune garçon n'est pas aussitôt affranchi, porté en triomphe et couvert d'or. Un botaniste jaloux ira même prétendre qu'il lui avait montré comment faire des années plus tôt. Sans préciser pourquoi il ne l'aurait montré qu'à un jeune esclave au lieu de révéler le procédé ou de se mettre lui même au commerce de la vanille, mais étouffé par sa jalousie, le bonhomme avait apparemment perdu toute logique.

J'ai beaucoup aimé le style, une plume élégante, presque poétique par moment, et qui ne cache pas derrière sa beauté les horreurs de la situation d'Edmond.

Une autrice à suivre!

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Le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Al..

Ce que je connaissais de la vanille avant d’avoir lu ce livre ?

C’était cette épice qui parfume mon dessert préféré : le flan.

Mais maintenant, j’ai élargi mes connaissances et je vous avoue que l’histoire d’Edmond Albius sort de l’ordinaire.

La Réunion au XIXème siècle était un territoire en friche où d’un côté les colons vivaient relativement bien. De l’autre les esclaves, qui eux, vivaient complètement pas bien. Quand on sait dans quel « camp » on se trouve, c’est plus facile. Mais Edmond va vivre dans un entre-deux qui fera, sinon son malheur, du moins pas son bonheur.

J’ai beaucoup appris sur les plantes endémiques et importées de La Réunion. J’ai apprécié les descriptions botaniques qui sont finement réalisées sans être rébarbatives.

Et bien sûr j’ai découvert cet étrange personnage ; Edmond Albius, esclave connaissant le nom latin des plantes. Presque un fils pour son « maître », M. Férreol, et qui auront une relation complexe.

C’est très bien raconté et je n'étais pas loin du coup de cœur.
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Un monstre est là, derrière la porte

Une pepite ❤... une histoire qui se passe a La Réunion... très touchante car il retrace la misère de l'époque... Drôle par les couillonisses que peuvent parfois inventer les réunionnais...

J'adore!

Bravo a l'auteure
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Le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Al..

Arrivé dans ma PAL via Babelio, "le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Albius"raconte la vie de ce jeune esclave noir qui a découvert comment polliniser la vanille.J'en connaissais plus sur la vie d'Albius que sur celle de Gaelle Belem jeune autrice réunionnaise.

Bien documenté, agrémenté d'expression créole, ce roman nous relate l'histoire de la vanille de Cortés au Mexique du XVIeme siècle jusqu'à son utilisation intensive à la Reunion du XIXeme siècle.Justement ce XIXeme siècle

durant lequel Edmond notre héros naît esclave sur l'île Bourbon et meurt libre à la Reunion.Que s'est-il passé?A t-il était affranchi?Non. L'état français ou plutôt la brève seconde république abolit l'esclavage en 1848; le 20 décembre 1848 plus exactement à la Reunion afin de terminer la campagne sucrière !

Les propriétaires sont très largement dédommagés!

Le "vivre ensemble" rêvé par les uns, promis par les autres n'est qu'une grande désillusion.Ainsi meurt Edmond Albius oublié et dans la misère .

A lire pour savoir et comprendre.



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Un monstre est là, derrière la porte

La Réunion, loin des images de cartes postales. Un récit percutant, une écriture franche, directe qui raconte des vies détruites, qui parle des oubliés, qui nous bouscule dans nos idées reçues.

La première femme réunionnaise à être publiée, j'attends avec impatience son autre livre, je pense qu'elle peut nous réserver de bonnes surprises.
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Un monstre est là, derrière la porte

Un monstre est là, derrière la porte de Gaëlle Bélem, un court roman qui a su m'embarquer dès les premières pages.



Gaëlle Bélem nous emmène à La Réunion, dans La Réunion des plus précaires. Sur ces quelques pages, nous allons rencontrer une enfant et la voir grandir dans une famille complètement dingue, les Dessaintes qui n'ont rien de Saints comme on va le découvrir au fil du récit. Cette enfant est maltraitée psychologiquement par ses parents, déçus de ne pas avoir eu un fils premièrement, ils lui racontent des histoires pour l'effrayer et la dissuader de faire des bêtises. Ils l'enferment dans une certaine fatalité alors qu'elle aime l'école et les livres, ils n'ont de cesse de la persuader que les études ce n'est pas pour elle, qu'elle est une Dessaintes et que rien de bien ne peut lui arriver.

Il n'y a aucun amour, aucune bienveillance dans ce foyer, les parents se déchirent, sur fond d'alcool et de chômage, et personne ne se soucie vraiment de cette enfant.

Une histoire qui aurait pu n'être qu'une histoire de famille dysfonctionnelle dans un milieu pauvre sans la merveilleuse plume de l'auteure. Gaëlle Bélem parvient à nous faire sourire, à tourner en dérision des choses vraiment horribles avec intelligence et humour. Elle fait du cinglant avec de l'effroyable, ce qui est, à mes yeux, absolument épatant, une véritable prouesse technique. le texte foisonne de mots et d'expressions créoles renforçant cette volonté sincère que l'on perçoit dans l'écriture de Gaëlle Bélem de nous emporter dans une Réunion plus rude loin de son image de carte postale.

Un monstre est là, derrière la porte mais surtout un talent est là, entre ces pages, une auteure brillante au style décapant, une auteure à suivre assurément. J'ai adoré ce premier roman, je guette le suivant.
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Le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Al..

Connaissez-vous l’histoire de la vanille?



🇷🇪« Non, ce n’est pas pour rien qu’il a découvert l’épice la plus rare du monde. Un avenir inattendu et singulier l’attend, lui a-t-on prédit. Il va bientôt être quelqu’un et sa découverte lui servira. »



Ferréol-Beaumont botaniste d’origine bourguignonne installé sur l’île Bourbon, ancien nom de La Réunion, cherche la plus rare des orchidées. En vain. Veuf et taiseux, l’homme va se voir déposer par sa sœur un orphelin noir de quelques semaines, Edmond. « A dire vrai, Edmond avait eu une famille ou quelque qui y ressemblait mais la mort, l’esclavage, ces malchances habituelles en étaient vite venus à bout. »



Edmond va grandir dans un environnement de plantes et d’orchidées, esclave parmi les colons. C’est son maitre qui va lui faire découvrir la botanique. De là va naître un grand amour pour les plantes. Mais c’est bien lui qui, après plusieurs tentatives, va découvrir le procédé unique de fécondation de la vanille, en 1841 alors qu’il n’a que 12 ans.



« Il est noir, et puis il est pauvre, et puis il est orphelin, et puis…Et puis merde ! »



En retraçant la vie d’un célèbre inconnu, Gaelle Bélem narre l’histoire de la Réunion, cette île qui a vu les premiers colons arrivés en 1665. Pour conter l’existence du découvreur historique resté dans l’ombre, l’autrice s’aide d’archives et de documents historiques. Les chapitres sont beaux tout simplement et on y apprend tout de la technique de fécondation au destin d’un jeune esclave analphabète qui va bousculer l’histoire de l’île par sa trouvaille. La vanille, cette épice que l’on raffole dans nos desserts, va devenir la source de richesse. La réunion deviendra premier producteur mondial et les exportations vont croitre au fil des années. L’écriture enchante. Elle ouvre les yeux sur une partie de l’histoire, une partie comme beaucoup d’autres oubliées. Edmond Albius est de ces héros trop longtemps dénigré, par ses origines, par son manque d’éducation. Il y a la jeunesse, la découverte, la jalousie, le racisme, et la prison qu’Edmond va découvrir. Mais la vanille le sauvera. Cultivateur et amoureux, Edmond connait une vie peu commune jusqu’à l’obtention de son nom. « Il n’a pas l’air heureux, il ne paraît pas malheureux, il n’est pas de la race des hommes qui se plaignent. Sur l’image comme dans la vie, il est seul mais réhabilité.



Gaelle Bélem dessine à merveille un portrait méticuleux avec une écriture envoutante et sucrée d’un garçon à l’incroyable destin qui va modifier l’histoire d’un pays.



« Il s’appelle Edmond, il a douze ans. Dans un XIXe siècle fade comme la pluie, où le peuple mange utile, loin de tout souci de goût, de présentation ou de parfum des aliments, Edmond vient de produire une nouvelle épice. »
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Le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Al..

📚 Sur l'île de la Réunion du 19e siècle, Edmond, jeune esclave, est recueilli par un botaniste. À l'âge de douze ans, il trouvera enfin le moyen de polliniser la fleur de vanille.

🖊️ L'écriture de Gaëlle Belem donne à voir cette île Bourbon, rebaptisée depuis île de la Réunion ; avec ses fleurs exotiques aux mille couleurs ; avec son passé colonial aussi.

🖊️ Cette biographie romancée emprunte tour à tour au roman, à l'écrit documentaire ; le tout s'appuie sur un travail de lecture d'archives et de recueil d'informations que je devine rigoureux et important. Les cinquante dernières pages, narrant la fin de la vie d'Edmond, m'ont vraiment touché.

🖊️ L'histoire a retenu la vanille de Bourbon, beaucoup moins le nom de ce petit esclave et ce livre lui rend sa place.

🥰 Bilan ? Envie de connaître Edmond Albius, personnage de l'histoire de l'île de la Réunion ? Ce livre est pour vous ! S'il n'avait existé, ce serait un vrai et beau personnage de roman, et pourquoi pas un jour, un beau rôle de cinéma.
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