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Critiques de Gayl Jones (10)
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Corregidora

Sa grand-mère ne cessait de lui répéter que le plus important était d’assurer la descendance, pour entretenir la mémoire. Pour que la lignée familiale issue de l’esclavage ne s’éteigne jamais et que son histoire tragique puisse continuer à être racontée. Malheureusement Ursa va briser le cycle. Parce que suite aux coups de son mari, elle a dû subir une ablation de l’utérus. Il ne supportait pas que sa femme, chanteuse de Blues dans un cabaret du Kentucky, attire les regards d’autres hommes. Après l’opération, Ursa se reconstruit. La convalescence est longue, le patron du cabaret se veut protecteur, attentif à tous ses besoins. Elle finira par l’épouser et s’en mordra les doigts, forcément. Ici les hommes ne peuvent qu’être mauvais. Rien à en tirer, rien à en espérer. Depuis que ce salaud de Corregidora, le maître de la plantation, a violé ses ancêtres, le schéma se répète et les femmes de la famille ne semblent bonnes qu’à subir la violence masculine. Une forme de fatalité qu’Ursa constate autant qu’elle accepte. Avec lucidité et la rage au cœur.

Ce roman est un monument de la littérature afro-américaine, considéré depuis longtemps comme un classique contemporain. Un livre cru, tant sur la forme que sur le fond. Un livre brutal, sans concession. Publié en 1975 par Toni Morrison, écrit par une inconnue de 25 ans qui va estomaquer la future prix Nobel de littérature et éblouir quelques grands noms des lettres américaines tels que James Baldwin ou Richard Ford, il est étudié depuis des décennies à l’université. C’est à se demander pourquoi il aura fallu attendre presque cinquante ans pour qu’il soit enfin traduit en français.

Le monologue d’Ursa résonne comme un blues lancinant. C’est à la fois un cri et un chuchotement, un déferlement qui emporte tout sur son passage. La traduction rend parfaitement compte du rythme, de la trivialité et de la poésie d’une prose qui oscille entre réalisme et onirisme. L’oralité de la langue souligne une formidable modernité de ton, une totale liberté parole.

Une histoire qui prend ses racines dans l’esclavage et qui cherche à perpétuer l’héritage de ce traumatisme. Pour ne jamais oublié que les femmes ont tant souffert de cet asservissement inhumain, marquées dans leur chair par une toute puissance masculine qui s’autorisait les pires excès. Et qui se les autorise encore, malheureusement.


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Corregidora

Dès l'annonce de la parution de ce livre, je me suis tenue prête: Gayl Jones traduite pour la première fois en France! "Corregidora", cette claque littéraire, publiée par Toni Morrison en 1975.



En découvrant Ursa, sa vie, son histoire familiale - d'abord par bribes, puis en gros paquets déposés aux pieds du lecteur - on entend tout de suite. En tournant les pages, vous entendrez vous aussi. Tic tac tic tac. Une vraie bombe à retardement! Ça couve, ça encaisse, ça avance...  et puis le fil avec le passé - leur passé - se rappelle à elle. Un fil qui ne casse pas et qui continue à alimenter, malgré les années, les changements d'époque et de lieux, la transmission entre femmes. Pour que la mémoire se perpétue, pour ne pas oublier d'où elles viennent et ce qu'elle ont subi.



Cette perfusion invisible nous dit tant de choses sur la condition des femmes noires d'hier et d'aujourd'hui - 47 ans et si tristement actuel - des femmes noires dans L Histoire des États-Unis. Et de leur furieuse envie de liberté.



Pas De fausse délicatesse dans l'écriture de Gayl Jones, c'est beau et ca pique comme Ursa. C'est sombre et cru, mais on partage les drames racontés comme s'ils étaient nôtres. L'apanage des chefs-d'oeuvre ❤


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Corregidora

Incontournable classique américain pour la première fois traduit en français, Corregidora est un grand chant de révolte et de liberté. Dans ce roman sensuel, charnel, on entend la voix des femmes soumises aux désirs des hommes, livrées aux élans passionnés ou rageurs de leurs corps, et qui rappellent que l’histoire de l’esclavage se grave aussi dans le ventre des femmes.”

C’est ce qui est écrit derrière le roman.

Il est écrit aussi : “C’est l’une des meilleures romancières américaines, et pourtant vous ignorez sans doute son nom.”



J’ai reçu ce roman, il y a plusieurs jours, et je l’ai lu en quelques heures. Tu vas être face à deux cent cinquante pages d’une qualité littéraire que je ne suis pas sûr que tu croises fréquemment cette année.

Ce n’est pas que j’imagine que l’ensemble de la littérature qu’on nous offre à chacune des rentrées littéraires soit d’un niveau finalement assez médiocre, mais c’est surtout que certains romans sont justement bien au-delà de ce niveau.

Avoir réussi à nous offrir autant de choses dans un seul roman tient du miracle, et tu sais à quel point le dithyrambe me saoule.

Je vais tenter de t’en donner un aperçu, pour que tu saches que je n’invente rien.

Témoigner, quand on est une femme, des traumatismes subis à travers les générations, depuis quasiment celle qui nous fonde. La toute première femme face à la violence, et la nécessité de témoigner pour qu’aucune de celles qui viendront n’oublie jamais.

Enfermer dans la cage de sa propre mémoire les abus sexuels auxquels chacune et toutes ont dû faire face, là encore, depuis celle qui les a engendrées.

De quelle manière le regard de l’homme pèse sur le corps des femmes, notamment sur celui des femmes noires, et comment il a fallu se battre pour y résister.

Comment allier le désir, présent en permanence, puisque c’est aussi par lui que l’humain se fonde, et la haine ressenti pour celui qui les viole, la douleur par l’enfant quand il naît, et le bonheur quand il donne son premier regard.

Enfin, et surtout, les exactions et les violences effacées des textes officiels et des lois, parce que commises par des hommes blancs, et transmises seulement par les mots, par le récit oral, pour qu’aucune n’oublie. Être le réceptacle de tous ces récits pour pouvoir témoigner, encore et toujours. Comme le reflet dans un miroir brisé de tous les visages qui vous ont précédé…

Un roman parfois si sombre que tu devras attendre le matin pour en continuer la lecture.

La suite :
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Corregidora

Tout comme au cabaret où Ursa se produit chaque soir, des notes de blues voyagent entre ces pages, donnant un chant de douleur et de complaintes rauques, témoignant de la souffrance des femmes sur plusieurs générations qu'elle soit passée ou présente, avec toujours ce besoin de s'affranchir des hommes, de leur regard, de leur emprise et de leur violence.



À travers le portrait d'Ursa, et de toutes les voix des femmes de sa famille, on découvre l'indicible, l'impensable, la vie, l'amour et la haine l'esclavage et la liberté durement acquise. Une histoire pleine d'espoir et de rage, où l'on se transmet d'une femme à une autre, les souvenirs anciens pour ne pas oublier aussi douloureux soient-ils et permettre enfin de s'émanciper d'une manière ou d'une autre des hommes même s'il est parfois difficile d'aimer avec passion tout en restant libre.



Un blues littéraire stylé, cruellement beau, traduit pour la première fois en français, grâce aux éditions Dalva, une maison qui met à l'honneur les plumes féminines contemporaine.



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Corregidora

La vie d'une chanteuse de blues, noire, américaine dans les années 20.

On passe en revue sa vie et la vie de ses ancêtres féminins au moment de l'esclavage. Un récit brut, direct, vulgaire, qui ne m'a pas touché.

Je suis totalement passé à côté de cette "héroïne" et l'écriture de Jones Gayl n'est pas faite pour moi.
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Corregidora

Comment des femmes, sur plusieurs générations, dont certaines issues de l’esclavage, s’accommodent, pour survivre, de la cruauté sexuelle des hommes .

J’ai tout essayé pour m’accrocher à la lecture de ce livre mais j’ai fini par rendre les armes . Trop dur, trop cru, trop déprimant et certainement trop vrai …..Cependant ma critique ne doit rien retirer à la qualité de ce livre .
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Corregidora

C'est l'histoire d’Ursula, (Urs) d'une descendante d'esclaves. Qui dit histoire d'esclave dit histoire assez monstrueuse. Corregirdora est le patron d'une plantation au Brésil. Bien que marié, il violait à tour ses esclaves, les engrossait et envoyait ensuite les enfants à travailler aux champs. Un moyen pour multiplier ses esclaves sans avoir à en acheter. Bien des années après, aux Etats Unis, dans les années 1920, nait Ursula, la descendante d'une de ces familles. Les Esclaves ont été affranchis mais ils ont pris et emporté le nom de leur maître. Mais Ursula est différente : elle chante du blues dans des bars (réservés aux noirs) avec un certain talent. Elle porte néanmoins en elle l'histoire de sa grand-mère et de son arrière grand-mères, violées par le même Correridora; une ordure, Elle se remémore les récits de ses aïeules : la fuite des esclaves, retrouvés morts, les maltraitances,... Urs se sépare se son mari qui l'a maltraitée, battue jusqu'à lui faire perdre l'enfant qu'elle porte en elle, la rendant stérile. Il n'y a pas d'évènement dans ce roman, on pourrait s'ennuyer. Sauf qu'il décrit une réalité...

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Corregidora

Page 67 : Quand est-ce que tu chantes le blues ? Chaque fois que j'ai envie de pleurer. Est-ce que les larmes seraient servies dans des verres ? Oui, il y en aurait des verres renversés. Je suis venue à toi, ouverte et meurtrie. Tu m'as dit, Chante pour moi, bordel, chante. Et j'ai chanté de tout mon corps.

.

Premier roman qui va devenir un classique de la littérature contemporaine américaine, encensé par tous, étudié dans les universités... j'aurais du adorer l'histoire d'Ursa, la chanteuse de blues... elle que son mari violent, a fait tomber et qui a perdu le bébé dans son ventre. Elle qui entends la voix des femmes de sa famille la prévenir de ne jamais oublier de quoi l'homme est capable, de ses esclavages, d'être attentive à l'histoire des siens pour acquérir la liberté. Et que tout a commencé ou presque avec Corregidora, esclavagiste portugais. Oui j'aurais du vraiment aimer ce livre à la couverture superbe et au titre intriguant... mais je suis passée totalement à côté sans trop comprendre pourquoi au juste. Il y a de nombreux passages que j'ai souligné pourtant, Ursa est un personnage singulier mais j'ai été alourdie par cette écriture répétitive, par l'accent, l'esprit, le trait d'humour, le tout arrosé à la sauce Kentucky des années 20.

Je reste cependant persuadée qu'il s'agit d'une histoire importante de femme dont la génération a subi l'esclavage, de l'affranchissement et d'espoir de liberté.
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Corregidora

Ursa chante le blues. Elle le chante même mieux depuis que son mari, Mutt, l’a tabassée, lui faisant perdre son fœtus et sa fertilité. Il en reste un voile, une tessiture dans la voix, qui magnifie son chant. Tadpole, le gérant du bar où elle se produit, prend soin d’elle et en fait sa maîtresse.

Comme un chœur antique, les voix d’Ursa et des femmes de sa lignée maternelle viennent en contrepoint du récit principal. Une lignée violentée par celui qui leur a donné son nom, un esclavagiste portugais. Corregidora est ce nom maudit, ce nom qui ne sera plus perpétué, mais dont l’histoire criminelle se répercute dans la vie intime de chacune de ces femmes.

Les mots sont crus, violents comme la réalité qu’ils décrivent. La force et la difficulté de ce roman édité initialement par Toni Morrison résident dans ce récit théâtral et parfois scandé jusqu’à l’abrutissement. On en vient à ressentir physiquement l’abrutissement d’Ursa, son découragement, sa détresse.

Un grand livre qui n’est donc pas d’un abord facile, ce qui a pu faire hésiter les éditeurs français, puisque ce n’est que récemment que les éditions Dalva, qui mettent en valeur des écrits de femmes, ont permis de découvrir ce texte traduit par Madeleine Nasalik.
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Corregidora

Le premier roman de cette grande écrivaine afro-américaine paraît en France avec près de cinquante ans de retard. Un effet de sa vie tumultueuse ? Près de cinquante ans après sa publication aux Etats-Unis, Corregidora, de Gayl Jones, s’avance dans les librairies françaises escorté par les dithyrambes des plus grands.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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