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Citations de Gilles Martin-Chauffier (135)


[...] et, soudain, brutalement, violemment, étendue à nos pieds, l'immensité de Rome m'a sauté au visage et au coeur. Elle envahissait tout l'horizon, fascinante et terrifiante, mille fois plus grande que l'inoubliable Troie. C'était inouïe ! Jamais Jupiter n'avait eu la main aussi lourde. Trop d'hommes, de bruit, de soleil, de temples, de tours, de fumées, de cirques, de statues, d'amphithéâtres, d'arcs de triomphe, d'escaliers, de palais, de ponts, d'embarcations, de cheminées, d'or et d'ordures. Tous les bois, pierres et les marbres du monde s'entassaient sous mes yeux. Ébahi, je suis resté muet devant cette inépuisable source de vie. Même le Tibre, leur Nil miniature, m'a paru tumultueux. Diana Metella a rompu le silence :
« Ne vous fiez pas à l'apparence. Pour jouir de la cage, il faudrait la vider de tous les oiseaux. »
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Lyonnos, mon banquier, est passé. Il a expliqué avec candeur son métier :"J'aide les riches à s'enrichir et les pauvres à s'endetter."
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Personne n'a assassiné la République, elle s'est suicidée. De Catilina à César et de Publius à Marc-Antoine, Cicéron peut bien avoir désigné cent fois ses meurtriers au Sénat, c'est son poignard à lui qu'elle s'est enfoncé dans le cœur. Une fois débarrassé de Marius, Sylla avait dit qu'un roi valait mieux qu'une mauvaise loi. Jamais Cicéron ne voulut l'admettre et il refusa jusqu'au bout de réformer un Etat injuste. Il préférait la guerre civile à l'amendement des institutions. Pompée fût son premier glaive, Octave le second. Cela continua après sa mort. À la bataille de Philippes, en l'an 711 (42 avant J-C), Octave et Marc-Antoine tuèrent Brutus et Cassius. Plus tard, à Actium, en l’an 722 (31 avant J-C), Marc-Antoine à son tour quitta la scène. Alors seulement les Romains en eurent assez. Pour la quatrième fois en cinquante ans, ils avaient sacrifié des dizaines de milliers de leurs fils. Auguste n’eut qu'à frapper sur la table pour instituer son régime. Les portes de l'ère impériale s'ouvrirent sans même grincer.
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(Cicéron) savait tout sur tous, analysait chaque prise de position, lâchait mille flèches, ne voyait partout que des médiocres, possédait la vérité. Au lieu d’agir, il expliquait. Le propre des lâches. L'égalité et la justice étaient le cadet de ses soucis. Il parlait de sauver la République sans jamais évoquer le peuple qui l’habite. Un vrai cas d'école pour observer l'élite qui présente la patrie comme un patrimoine sacré à ceux qui n’ont rien.
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Rome sait aussi bien se faire aimer que craindre. Autant que latine, la Ville se rêve universelle. Une fraternité que la Grèce n’a jamais connue, ni même imaginée. Et que j’ai mis plusieurs mois à comprendre. Être grec ne faisait pas de moi un étranger. On est romain si on se comporte en romain. Dans mon cas, le terme «Athénien» indiquait moins ma nationalité que mon caractère. Avec une telle origine, j'étais sûrement une machine à citations, phraseuse et coupeuse de cheveux en quatre. Pas forcément un défaut pour un professeur ou un avocat, les deux domaines où je me faufilais. Personne ne m'enjoignait jamais de «rentrer chez moi», défi que les Athéniens lancent sans cesse aux visiteurs. Nul ne songeait à m'empêcher de creuser mon lit loin du Pirée. J'ai commencé à me sentir chez moi sur l'Esquilin. Arrêtons d'assimiler exil et douleur. C’est un procédé pour mauvais poète.
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« N'oublie pas. Les pauvres ne souffrent pas seulement de leur manque de richesses. Ce qui les heurte, c'est le manque de respect. Ils n'en peuvent plus de cette caste malveillante qui les vole et se drape dans la morale républicaine. Garde-le toujours à l'esprit quand tu entendras Cicéron apostropher l'Histoire. »
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Je vous entends déjà : «Parler ainsi d'Aristote ! Mais pour qui se prend-il ? » Pour un de ses lecteurs, voilà tout. Ce cuistre confondait dialectique et bavardage. Sentencieux et ennuyeux, ses textes sont bons à ranger dans un tiroir. Les étudier, c'est allumer une bougie en plein jour. Sans jamais un trait de cette ironie que j’apprécie tant chez Socrate. Ne parlons pas de son écriture. On dirait une statue qu'on a omis de polir. C'est le style «pas de style».
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Les dieux ne m'intéressent pas. S'ils ont voulu le malheur des hommes, ils sont méchants. S'ils ne les ont pas prévus, ils sont incompétents. S'ils n'ont pas pu les empêcher, ils sont impuissants.
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Chez les Romains, une fine couche de bienséance cache un océan de brutalité.
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Réduite à une façade en carton, la République masquait le pouvoir de trois hommes qui attendaient, chacun dans son repaire, d’éliminer les deux autres. Caton vociférait, Cicéron intriguait et, à des dates aléatoires, des élections avaient lieu pour remplacer questeurs ou censeurs mais plus rien ne suivait le cours régulier de la vie démocratique instituée depuis des siècles.
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Rien n’importe plus aux Romains que la loi. C’est ce qu’ils ont offert au monde. Les Égyptiens ont créé la civilisation, les Grecs ont inventé la culture, mais Rome se targue d’avoir mis au point le cadre qui permet à la première de durer et à la seconde de prospérer…
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C’est l’inconvénient des étoiles filantes de la haute société : avant la satisfaction de glisser dans la conversation qu’on les connaît, il faut endurer leur sans-gêne…
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Les dieux ne m’intéressent pas. S’ils ont voulu les malheurs des hommes, ils sont méchants. S’ils ne les ont pas prévus, ils sont incompétents. S’ils n’ont pas pu les empêcher, ils sont impuissants. A quoi servent-ils ? Nul ne le sait et je n’en fais jamais un sujet de cours.
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J'aime la France et même je l'adore mais c'est une prétentieuse. Elle s'insurge contre l'impérialisme hollywoodien mais elle ferme les yeux sur toutes les cultures qui pourraient faire de l'ombre à la sienne. Elle soigne la mémoire de tous ses petits artisans à elle mais elle cultive l'oubli aux dépends de tous les grands étrangers supérieurs à eux.
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On ne pert jamais son temps. Il ne nous appartient pas.
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Rien n’importe plus aux Romains que la loi. C’est ce qu’ils ont offert au monde. Les Égyptiens ont créé la civilisation, les Grecs ont inventé la culture, mais Rome se targue d’avoir mis au point le cadre qui permet à la première de durer et à la seconde de prospérer. Plus encore que l’armée, ce sont ses codes et leurs jurisprudences qui font de l’empire un ouvrage indestructible
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Tout semblait parfait, achevé, organisé, comme un tableau auquel on a mis la dernière touche. Du doigt, du pied et de l’œil, on touchait partout l’extraordinaire organisation de l’empire. Pour un Athénien, c’était décourageant. Nous n’étions pas près d’être débarrassés d’eux.
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Et, à chaque entrée de village, un autel à Pomone pour les arbres fruitiers, à Silvanus pour ceux des forêts ou à Cerus pour le blé. Ce que les Romains sont superstitieux, c’est inconcevable
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Les dieux ne m’intéressent pas. S’ils ont voulu les malheurs des hommes, ils sont méchants. S’ils ne les ont pas prévus, ils sont incompétents. S’ils n’ont pas pu les empêcher, ils sont impuissants. À quoi servent-ils ?
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Si, à Athènes, un paravent de virilité masque un brouillard de lâcheté, chez les Romains, une fine couche de bienséance cache un océan de brutalité.
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