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Citations de Gilles Martin-Chauffier (135)


« N'oublie pas. Les pauvres ne souffrent pas seulement de leur manque de richesses. Ce qui les heurte, c'est le manque de respect. Ils n'en peuvent plus de cette caste malveillante qui les vole et se drape dans la morale républicaine. Garde-le toujours à l'esprit quand tu entendras Cicéron apostropher l'Histoire. »
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Je vous entends déjà : «Parler ainsi d'Aristote ! Mais pour qui se prend-il ? » Pour un de ses lecteurs, voilà tout. Ce cuistre confondait dialectique et bavardage. Sentencieux et ennuyeux, ses textes sont bons à ranger dans un tiroir. Les étudier, c'est allumer une bougie en plein jour. Sans jamais un trait de cette ironie que j’apprécie tant chez Socrate. Ne parlons pas de son écriture. On dirait une statue qu'on a omis de polir. C'est le style «pas de style».
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Personne n'a assassiné la République, elle s'est suicidée. De Catilina à César et de Publius à Marc-Antoine, Cicéron peut bien avoir désigné cent fois ses meurtriers au Sénat, c'est son poignard à lui qu'elle s'est enfoncé dans le cœur. Une fois débarrassé de Marius, Sylla avait dit qu'un roi valait mieux qu'une mauvaise loi. Jamais Cicéron ne voulut l'admettre et il refusa jusqu'au bout de réformer un Etat injuste. Il préférait la guerre civile à l'amendement des institutions. Pompée fût son premier glaive, Octave le second. Cela continua après sa mort. À la bataille de Philippes, en l'an 711 (42 avant J-C), Octave et Marc-Antoine tuèrent Brutus et Cassius. Plus tard, à Actium, en l’an 722 (31 avant J-C), Marc-Antoine à son tour quitta la scène. Alors seulement les Romains en eurent assez. Pour la quatrième fois en cinquante ans, ils avaient sacrifié des dizaines de milliers de leurs fils. Auguste n’eut qu'à frapper sur la table pour instituer son régime. Les portes de l'ère impériale s'ouvrirent sans même grincer.
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(Cicéron) savait tout sur tous, analysait chaque prise de position, lâchait mille flèches, ne voyait partout que des médiocres, possédait la vérité. Au lieu d’agir, il expliquait. Le propre des lâches. L'égalité et la justice étaient le cadet de ses soucis. Il parlait de sauver la République sans jamais évoquer le peuple qui l’habite. Un vrai cas d'école pour observer l'élite qui présente la patrie comme un patrimoine sacré à ceux qui n’ont rien.
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Rome sait aussi bien se faire aimer que craindre. Autant que latine, la Ville se rêve universelle. Une fraternité que la Grèce n’a jamais connue, ni même imaginée. Et que j’ai mis plusieurs mois à comprendre. Être grec ne faisait pas de moi un étranger. On est romain si on se comporte en romain. Dans mon cas, le terme «Athénien» indiquait moins ma nationalité que mon caractère. Avec une telle origine, j'étais sûrement une machine à citations, phraseuse et coupeuse de cheveux en quatre. Pas forcément un défaut pour un professeur ou un avocat, les deux domaines où je me faufilais. Personne ne m'enjoignait jamais de «rentrer chez moi», défi que les Athéniens lancent sans cesse aux visiteurs. Nul ne songeait à m'empêcher de creuser mon lit loin du Pirée. J'ai commencé à me sentir chez moi sur l'Esquilin. Arrêtons d'assimiler exil et douleur. C’est un procédé pour mauvais poète.
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Monsieur savait tout, comprenait tout, tranchait de tout. Il était à Alger à titre officiel, comme chef de cabinet du garde des Sceaux, François Mitterrand- ou sous-chef, il a été évasif; cela n’avait d’ailleurs aucune importance car, comme tous les proches du pouvoir, il s'attribuait chacune de ses décisions. C’est fatal: dès qu’ils sont dans la soute, ils se prennent pour le moteur.
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Réduite à une façade en carton, la République masquait le pouvoir de trois hommes qui attendaient, chacun dans son repaire, d’éliminer les deux autres. Caton vociférait, Cicéron intriguait et, à des dates aléatoires, des élections avaient lieu pour remplacer questeurs ou censeurs mais plus rien ne suivait le cours régulier de la vie démocratique instituée depuis des siècles.
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Entre Hitler et ma belle-mère, nous n’avions pas le choix. Quant à savoir lequel des deux était mon pire adversaire, à l’époque, j’avais un doute. L’Allemand n’avait pas encore donné toute sa mesure. La Bretonne, elle, ne m’avait rien laissé ignorer de ses talents.
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J'ai peur que la sagesse grecque ne serve guère à Rome. Toute notre philosophie date d'un temps très antérieur à vos Jeux. Elle prend pour évident que l'homme a des sentiments. Songez à Clytemnestre et au frère d'Antigone. Eschyle et Sophocle écrivaient une pièce lorsqu'on sacrifiait une personne. Face à ces hécatombes, leurs raisonnements n'ont plus de sens. En leur temps, ceux qui allaient mourir avaient un nom. Chez vous, ils n'ont plus qu'une marque ou un numéro.
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Nous faisions tous les deux l’amour pour la première fois. Quand Blaise a prononcé tout bas un mot dans le creux de mon oreille, il a murmuré: «Tu sais, je suis vierge.»Toujours dans un songe, j’ai juste répondu: «Pas moi, je suis capricorne.» Et je l’ai serré à l’étouffer.
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Le paradis, c’est comme le ciel, mieux vaut le regarder un instant qu’y être longtemps.
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- Il y a les rêves socialistes : accueillir tout le monde. Puis il y a ceux de droite : foutre tous ces intrus dehors. Et, au milieu, il y a nous : en éliminer autant que possible en proclamant notre passion pour le droit d'asile.
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Oh, lady Macbeth, relisez les classiques. Les camélias n’ont pas d’odeur. Rappelez-vous la devise de Marguerite Gautier : “J’aime les raisins glacés car ils n’ont pas de saveur, les hommes riches car ils n’ont pas de cœur et les camélias parce qu’ils n’ont pas d’odeur.
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Pâle et décoloré, le ciel a accusé toute la journée une profonde fatigue.
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Et cela ne suffira pas à Hitler. Après les Sudètes, il voudra la Suisse allemande, puis il réclamera l’Alsace-Lorraine, et un bout de Pologne ensuite… Pour l’instant, il aboie mais demain, il mordra.
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Aujourd’hui, à part mon nerf optique, mes conduits auditifs et mes artères qui durcissent, chez moi tout s’affaisse – et, d’abord, ma mémoire. Autrefois elle débordait, à présent elle me fuit. Des détails insignifiants me reviennent à l’esprit mais j’oublie des gens, des lieux et des scènes.
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Nous sommes le 22 novembre 845.
Une date à ne jamais oublier pour nous bretons. La bataille de Ballon est un succès complet. Peu d'hommes ont été engagés mais le résultat est aussi capital pour la Bretagne que Tolbiac pour Clovis, Rocroi por Louis XIV ou la Marne pour Joffre. Soudain tout à changé .La patrie a conquis son indépendance, et compris qu'on pouvait vaincre les francs en face, sur le champ de bataille. Du reste, pour ceux qui n'auraient pas perçu le message, nous allons le transmettre une seconde fois, six ans plus tard, les 21,22 et 23 août 851, à Jengland, au nord-est de Redon. Et là, sous les ordres d'Erispoé, le fils de Nominoé, le bilan sera effrayant, accablant pour les francs. Non seulement la bataille aura duré trois jours entiers, entre deux armées forts nombreuses cette fois-ci, mais encore les pertes
seront énormes pour nos adversaires. Non que le combat nous ait entièrement favorable mais parce que Charles, à l'aube du troisième jour, filera à l'anglaise. Sans prévenir personne, il fuira le champ de bataille. Une désertion en rase campagne qui brisera l'élan de ses troupes. En quelques minutes, abandonnant le pavillon royal, les tentes de la cour, leurs trésors et les machines de guerre, toute la noblesse s'échappera au galop dans le plus grand désordre. Dès le premier assaut D'Erispoé, la débandade tournera à l'hallali. Un carnage ! Et une chevauchée fantastique. ....La Bretagne est libre. Une autre page de l'histoire s'ouvre pour elle. Elle n'est plus gauloise, elle ne songe pas à être française. Pendant six cent quatre-vingts ans, elle va être bretonne.
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[...] et, soudain, brutalement, violemment, étendue à nos pieds, l'immensité de Rome m'a sauté au visage et au coeur. Elle envahissait tout l'horizon, fascinante et terrifiante, mille fois plus grande que l'inoubliable Troie. C'était inouïe ! Jamais Jupiter n'avait eu la main aussi lourde. Trop d'hommes, de bruit, de soleil, de temples, de tours, de fumées, de cirques, de statues, d'amphithéâtres, d'arcs de triomphe, d'escaliers, de palais, de ponts, d'embarcations, de cheminées, d'or et d'ordures. Tous les bois, pierres et les marbres du monde s'entassaient sous mes yeux. Ébahi, je suis resté muet devant cette inépuisable source de vie. Même le Tibre, leur Nil miniature, m'a paru tumultueux. Diana Metella a rompu le silence :
« Ne vous fiez pas à l'apparence. Pour jouir de la cage, il faudrait la vider de tous les oiseaux. »
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Nominoé avait porté la couronne ducale quelques mois après une longue vie de simple chef. Erispoé, lui, fut un roi dès le premier jour. Au soir de sa victoire éclatante, à Jengland, il avait crié : Doué zo en nev, ha tiern é Breizh ! Il y a un Dieu au ciel et un chef en Bretagne ! Personne ne le contestait. En quelques années, son royaume était devenu indépendant. Et vaste ! Enfin les deux Bretagne étaient réunies. Le chœur du duché bretonnant ( Domnonée, Cornouaille, Léon, Broërec et Vannes) et les deux comtés francs de Rennes et Nantes. L’ancienne Armorique était reconstituée.
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Comparer Cicéron à Platon, Diogène, Héraclite ou Pythagore, c'est observer une goutte d'eau à côté d'une perle. Il s'est contenté de les relire, de cocher leurs meilleures formules et de les paraphraser. Un vrai travail d'usurier et, à l'arrivée, un recueil de pensées passe-partout qui hisse l'idéal humain au niveau d'une sagesse de vieille dame : ne rien désirer outre-mesure, trouver les ressources en soi, ne pas dépendre des autres, ne pas faire à autrui ce que vous souhaitez qu'on ne vous fasse pas...
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