AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Giorgio Manganelli (40)


Giorgio Manganelli
L'œuvre de Federigo Tozzi est à mi-chemin de la ville de Sienne et de la névrose.

Commenter  J’apprécie          191
La littérature étant complexe, et donc non simplifiable, est obscure de par sa nature ; non pas difficile, non pas énigmatique, mais élusive, hallucinatoire, mystérieuse.
Commenter  J’apprécie          170
Avec une sorte de joie, de gaieté batailleuse, je tente de distinguer un sentier; mais que pourrait bien être un sentier dans cet espace aqueux et mou?
Commenter  J’apprécie          160
Giorgio Manganelli
Je m'appliquai, par pur amour de la matière et de ses éphémères porteurs, à l'élaboration de maladies qui étaient, par rapport à la mort, des passages et des corridors, des halls d'entrée, de fastueuses antichambres, des vestibules ; je poursuivis le but de faire du mourir, grâce à un corps opportunément à bout de souffle, un itinéraire interminable et sacré [...].
Commenter  J’apprécie          160
A bien y penser, les horloges sont un genre littéraire. Elles portent sur elles les signes écrits du possible qu'on peut lire aussi dans les vieux édifices désertés. Elles feuillettent notre vie, où elles marquent avec la même indifférence tranquille l'heure de notre naissance, de nos premières amours, de la guerre et de la mort. Mais s'il est vrai que les horloges appartiennent à la littérature, il est tout aussi vrai que nous sommes la littérature des horloges. Je les soupçonne de ne pas croire à notre existence, de nous prendre pour de simples "personnages", dont peut-être elles parlent, la nuit ; pour des livres dont elles se font les unes aux autres des comptes rendus, que l'une conseille parfois à l'autre de lire.
Commenter  J’apprécie          60
La colère des bien-pensants contre la littérature est très ancienne. Il y a des siècles qu'on l'accuse de fraude, de corruption, d'impiété. Elle est inutile-ou bien elle est empoisonnée. Sacrilège, perverse, elle fascine et elle effraie. Toute-puissante et versatile, elle n'hésite pas à user des diuex pour embellir ses fables. Mais, par cette exquise ironie qui trace son destin, elle seule est capable de célébrer adéquatement la grandeur, la gloire de ce dieu qu'elle dégrade et élève au rang de personnage, d'hypotypose, d'hyperbole. Le terrible lanceur de foudres, pris dans le léger filet de la rhétorique, cesse totalement d'exister, se transforme en invention, en jeu, en mensonge.
Commenter  J’apprécie          60
Si l’on m’autorise une suggestion, voici quelle serait la meilleure façon de lire cette brochure, mais elle est coûteuse : acquérir le droit d’usage d’un gratte-ciel qui ait autant d’étages qu’il y a de lignes dans le texte qu’on va lire ; placer un lecteur à chaque étage, livre en main ; confier une ligne à chaque lecteur ; à un signal donné, le Lecteur Suprême commencera à se précipiter du sommet de l’édifice, et au fur et à mesure de son passage devant les fenêtres, le lecteur de chaque étage lira à haute et intelligible voix la ligne qui lui est destinée. Il est nécessaire que le nombre d’étages corresponde à celui des lignes, et qu’il n’y ait pas, entre l’entresol et le premier étage, de méprise susceptible de provoquer un embarrassant silence avant le fracas. Il est louable aussi de le lire dans les ténèbres extérieures, ou mieux encore au zéro absolu, dans un vaisseau spatial en perdition.
Commenter  J’apprécie          51
Un vieillard qui se cache le visage dans l'ombre d'une lanterne me parle pour la première fois du marécage.
Commenter  J’apprécie          40
Giorgio Manganelli
ÉCRIS, ÉCRIS


I


Écris, écris
si tu souffres, travaille avec ta douleur ;
prends-la dans la main, touche-la,
manie-la comme une brique,
un marteau, un clou,
une corde, une lame,
un outil, quoi.
Si tu es fou, comme tu l’es à coup sûr,
sers-toi de ta folie : les fantômes
qui peuplent ta rue,
sers-t’en comme des plumes et fais-en des matelas ;
ou comme des draps prisés
pour des nuits d’amour ;
ou comme des drapeaux de régiments
infinis de fantassins.



SCRIVI, SCRIVI


I


Scrivi, scrivi;
se soffri, adopera il tuo dolore:
prendilo in mano, toccalo,
maneggialo come un mattone,
un martello, un chiodo,
una corda, una lama ;
un ustensile, insomma.
Se sei pazzo, come certamente sei,
usa la tua pazzia : i fantasmi
che affolano la tua strada
usali come piume per farne materassi;
o come lenzuoli pregiati
per notti d’amore;
o come bandiere di sterminati
reggimenti di bersaglieri.
Commenter  J’apprécie          30
Chapitre X


L’infélicité de Noël est une infélicité élusive, visqueuse, ophidienne, et en même temps calamiteuse ; toutes les imperfections, les délicates et exquises imperfections des rapports humains souffrent sous le poids d’une dénégation suprême ; le désamour étouffé fleurit monstrueusement, sous notre peau s’épanouit une végétation splendidement désespérée. On tente de surseoir à la nature périssable des choses, les parents emmènent les enfants chez le carabin qui a pour mission, plus mécanique que médicale, de contrôler le rodage, changer l’huile, nettoyer les vis platinées. On tente de suspendre la mort et de différer les agonies ; les meurtres et les explosions sont notés dans les marges du scénario. Il n’est pas de plus grande affliction que de ne pouvoir être affligé. Les fous tournent en rond dans de grandes pièces blanches, parlent à haute voix, mentent, calomnient, menacent, n’existent pas. Aujourd’hui, demain, après-demain, qui donc exige que le monde soit la sphère parfaite dont rêvaient les platoniciens ? Le moment de la fête est le moment suprême du mensonge ; l’horreur est intolérable.

//traduit de l’italien par Jean-Baptiste Para
Commenter  J’apprécie          30
Je contemple le marécage, il est plongé dans la nuit, mais sa luminescence est intense comme jamais.
Commenter  J’apprécie          20
Quand je m'apprête à dormir, que je suis au seuil du sommeil et du rêve, la nuit tombe.
Commenter  J’apprécie          20
« Le voyageur européen parcourt l’Afrique en emportant un système d’images européennes, de souvenirs élaborés culturellement, de morceaux d’idées ; plus encore, il emporte avec soi quantité d’exigences, d’allusions européennes. »
Commenter  J’apprécie          20
Une fois consommé l'adieu, traversée la chambre des pleurs, évacués les rêves du visage désertant, reste le signe mathématique, le graphique d'un unique non-né et non mortel poisson abyssal, gravé sur le fond, sur l'urinoir de l'âme, par une main pieuse et obscène. Une fois toi-même consumé dans le vitriol de l'adieu, tu ne pourras plus perdre ni âme ni mort ; tu as gagné un grand saut vers le bas ; maintenant tu voles : tes jambes poilues, comme d'un arbitre de football et prophète aviné, frétillent à travers l'abysse aéreux, et point ne te manque le souffle pour un tel envol descensionnel, car tu as obtenu la compacité de la mort. Icare pilotant, non emporté vers la catastrophe, tu dégringoles exactement : spectacle des plus épouvantables ! Les mères couvrent leur le visage de leurs chérubins, que ta ruine imminente ne les aille point emplir d'effroi. Mais toi, avec détachement, voix cultivée et modulée, cravate absolument sociable, souriant, annotant, festoyant tu dégringoles.
Commenter  J’apprécie          10
[...] les nuages existent-ils donc de nouveau là où j'existe ?
Commenter  J’apprécie          10
Une dune sera peut-être une ville, et les mares sont des lacs infinis.
Commenter  J’apprécie          10
La ville où je fais halte, pour reprendre haleine et laisser souffler mon cheval, est petite et pauvre, dénuée de beauté, mais célèbre pour la sournoiserie brutale de ses habitants ; il me suffit de dire que je fuis la loi pour y être accepté, accueilli comme un complice de l'angoisse.
Commenter  J’apprécie          10
[...] je ne me rappelle plus ce que je pouvais bien croire, quelles fantaisies m'ont poussé à défier des puissances dont j'ignore tout, et que je ne nommerais jamais plus, ni en prière ni en imprécation.
Commenter  J’apprécie          10
Le Vénitien n’est pas seulement un œil avide et exact qui scrute et « vérifie », mais il est impliqué dans une aventure à laquelle il ne peut pas ne pas prêter entièrement sa personne.
Commenter  J’apprécie          10
Je chemine à présent, avec la chevalinité à mon côté, en un lieu obscur, une sylve, et ce n’est pas le marécage. Je regarde avec méfiance la chevalinité, et je lui demande où elle m’a conduit. Sa réponse est vague, dénuée de sens, et semble faire allusion à un lieu où je ne trouverai ni eau ni boue. « Tu ne voudras pas me conduire aux volcans ? » dis-je ; la chevalinité rit, et le rire de sa bouche, qui devrait être énorme, a quelque chose d’aimable, une grâce insidieuse ; de nouveau je sens que, à condition de ne pas abandonner la chevalinité ou de ne pas être abandonné d’elle, je suis prêt à en accueillir en moi, dans ma vie, toutes les dégradations les plus inguérissables. La chevalinité, pensé-je à présent, sait sûrement si le roi des volcans existe et s’il est amical à mon égard. Je me tourne vers la bête et je suis sur le point de lui poser la question quand je m’aperçois qu’elle porte sur la tête une minuscule couronne. Je m’étonne non pas tant de la couronne que de sa petitesse, comme si elle coiffait quelque chose de minuscule à l’intérieur de la chevalinité, quelque chose d’enfantin, et voici qu’elle sourit, une abstraction sourit, et peut-être cette abstraction est-elle le roi, l’associé, le dyarque qui m’a été assigné pour compléter la phrase grammaticalement fautive, l’anacoluthe de mon destin. Est-il possible que j’aie toujours été avec mon bien-aimé dyarque, et qu’il se soit travesti si astucieusement qu’il ne m’a jamais été permis de le reconnaître ? Mais en vérité je ne le reconnais pas même à présent, je marche à côté de la robuste chevalinité, l’abstraction qui ne craint pas le marais marécageux, et je m’aperçois seulement maintenant que la robustesse même est une partie de l’abstraction, la chevalinité renferme des petitesses que je voudrais retirer de leur écrin. Qu’il est étrange de dire « sylve », d’employer un mot si féerique et si courtisan, mais cette sylve est à son tour très féerique, et courtisane en ceci que c’est justement le genre de forêt où les filles de roi, ou les rois eux-mêmes, quand ils sont très jeunes, aiment à se perdre, et c’est ici que se cachent des murs démolis de palais royaux, sur les portes desquels est clouée la tête d’un cheval décapité, tué pour que de ses entrailles sorte l’âme royale, prophétique, omnisciente.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Giorgio Manganelli (60)Voir plus

Quiz Voir plus

La culture manga, niveau difficile

"Manga" est un mot japonais, ça veut dire quoi en français?

'Dessin sublime'
'Image dérisoire'
'Bande dessinée'
'Le Japon vaincra'

7 questions
147 lecteurs ont répondu
Thèmes : manga , japon , bande dessinéeCréer un quiz sur cet auteur

{* *}