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Critiques de Graham Joyce (229)
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Sorcière, ma soeur

Ce livre est une véritable déception. Je veux bien croire que l'auteur souhaitait dépoussiérer le mythe de la sorcellerie, mais là, je crie au scandale. L'histoire se résume simplement à une dispute entre le mari et sa femme. Ce qui se passe à côté est purement bafoué et bâclé.

L'histoire aurait pu être intéressante, une jeune mère qui découvre un journal intime dans leur nouvelle maison. Mais son mari joue sur le prétexte que ce livret passionne trop sa femme pour la fustiger.

D'un côté, il parle trop succinctement de plante (sujet qui me plaît tout particulièrement), mais d'un autre côté, est complètement absurde. L'auteur explique que la croissance des plantes est lié à la lune, elle décroît une fois la pleine lune passé et rajoute même que c'est cela la photosynthèse, une véritable ineptie, ce discours décrédite complètement son histoire et ne me donne pas envie de poursuivre. Alors qu'il parle de plante, j'aurai aimé qu'il aille un peu plus loin dans les description phytothérapie. Je suis frustré.

En poursuivant, je constate que l'histoire s'emballe et deviens un poil plus intéressante à la moitié du livre.

Le personnage de machin évolue. Au départ, elle expérimente des potions, puis, elle prend conscience de son pouvoir pour découvrir qu'elle s'identifie à Bella (la sorcière qui a écrit ce journal).

La fin est comme le livre, décevante. Ce roman contient plus de scènes de sexe que de fantastique (enfin, j'exagère un peu), pas du tout ce que je recherche. Je crois bien que ce sera le seul livre de Graham Joyce dans ma bibliothèque. Tant pis s'il se sent orphelin. Il tiendra compagnie à ceux de Ramsay Campbell et autres déceptions, soit dans l'étagère du bas.
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Les limites de l'enchantement

Au printemps dernier (je crois!), j’ai découvert l’univers et la plume de Graham Joyce avec « Comme un conte », roman singulier et envoûtant paru en 2015 et qui m’avait transportée, fascinée même, autant qu’il m’avait mise un peu mal à l’aise. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, j’avais beaucoup aimé cet étrange cocktail de sensations. C’est ainsi que j’ai désiré récidiver et après quelques recherche, j’ai jeté mon dévolu sur « Les Limites de l’enchantement » dont le résumé me tentait… Le titre aussi d’ailleurs, tellement beau, et - je l’ai découvert à l’issue de ma lecture – si bien choisi, si symbolique…

Bonne pioche car j’ai adoré ma lecture dans laquelle j’ai retrouvé ce que j’avais aimé dans « Comme un conte », : la profondeur et la complexité des personnages, la confrontation de deux mondes, les questions sans réponses, les frontières floues du fantastique et de la féerie et leur inquiétante étrangeté, une mélancolie poignante à vous tordre le bide. J’y ai trouvé aussi de singulières résonances avec un roman pourtant tout autre : « Dans la Vallée » de Hannah Kent.



L’histoire prends corps dans la campagne anglaise en 1966, en plein dans les sixties, la révolution des Beatles, de Mary Quant, des hippies et du flower power ; en plein dans l’industrialisation à outrance et l’exode vers les villes. En plein dans cette drôle d’époque où la musique trad/folk à la Malicorne fleurissait mais où on traitait de plouc ceux qui leur avaient transmis leurs chansons…

Fern, une vingtaine d’années à peine, vit dans la lisière de la forêt et un peu en marge de la société avec Maman Cullen dans une chaumière qu’elles louent au châtelain du coin.

Maman Cullen, c’est un personnage. Accoucheuse, guérisseuse, la vieille femme, qui a adopté Fern à sa naissance, connaît les secrets des plantes, leurs vertus et leurs poisons. Cela fait bien des années qu’au village et dans la campagne alentour, on fait appel à elle pour soigner, pour accoucher les parturientes. Mais pas seulement. Parfois, de futures mariées viennent lui confier la confection, un peu superstitieuse, de leur gâteau de mariage. Il arrive aussi, et c’est plus fréquent, que des femmes, jeunes ou moins jeunes, fassent appel à elle pour un avortement. Quand ce n’est pas le moment. Quand il y a déjà trop de bouches à nourrir. Quand le père n’est pas le mari. Quand le père est déjà marié. Quand il n’y a pas vraiment de père. Quand elles ne veulent pas d’un enfant, tout simplement. Toutes ces pratiques ancestrales que la guérisseuse enseigne à sa fille ne sont pourtant plus au goût du jour et de la société qui opère une vraie mutation au cœur des années 1960. Déjà, les actes qui font d’une sage-femme ce qu’elles est sont réglementées, soumis à une « carte » et certains en croient plus guère au pouvoir des plantes. Quant à l’avortement…

Et puis que penser des étranges croyances de Maman Cullen ? De ces rituels auxquels elle se soumet ? Si les folkloristes en goguette semblent se passionner pour la chose, les partisans de la modernité se mettent à se méfier.

Quand sa mère adoptive est hospitalisée, oiseau en cage, Fern se retrouve seule pour la première fois et, seule et naïve, elle va devoir se confronter puis s’adapter au monde qui l’entoure, en train de changer inexorablement. Symboliquement, poétiquement même, cette confrontation correspond aussi à sa propre évolution : Fern quitte progressivement le monde, féérique et rassurant, de l’enfance pour l’âge adulte brutal, cruel. Il est question d’initiation dans « Les limites de l’enchantement » autant que de la lutte entre deux mondes qui oppose un univers rural et empreint de croyance voire de magie et de superstitions et une sphère plus citadine, assoiffée de modernité, coupée de la nature.

De fait, Fern devra lutter pour sa survie et affronter les jugements des autres, de ceux qui la prennent pour une folle, une idiote ; ceux qui tenteront de la déloger de chez elle, ceux qui l’agresseront mais elle sera plus forte qu’on aurait pu le craindre, elle mûrira.



C’est un roman étrange « Les Limites de l’enchantement » porté par des thématiques profondes sinon graves : la vie et la mort, le passage à l’âge adulte, le temps qui passe, la violence aussi – celles des êtres et celle de la société- à l’égard des femmes mais pas que , le traitement de la marginalité… Tout y est question de dualité et c’est un thème qui traverse tout le texte au delà- de la vie et de la mort : le bien et le mal, l’amour et la haine...

C’est un hommage doux-amer et tendre à la société d’autrefois. Non pas que l’auteur semble la regretter mais c’est un chant pour ceux qui y sont restés.

Une belle ode à la nature, aux chansons d’avant et à cette magie oubliée, disparue à force de n’être plus crue, comme les fées de Peter Pan et le faune de l’autre Peter qui symbolise chez Loisel les croyances d’autrefois et surtout le pouvoir de la fiction.

Et puis, il y a cette féerie un peu cruelle, les blancs que l’histoire ne comble pas et qui laisse le lecteur sur sa faim (« Comme un conte » n’est pas loin!) et à ses propres réponses, ses propres conclusions.

L’initiation (mais laquelle?), le piège délicieux de la fin ouverte et une écriture fluide, très évocatrice (le fameux pouvoir de la fiction!) traversée de fulgurances poétiques.

La mélancolie enfin de ce récit poignant à pleurer.





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Comme un conte

Passant d'Irlande à l'Angleterre, je suis aussi passée d'une féérie à l'autre. C'est drôle et étrange parfois comme des lectures peuvent se suivre et se répondre, entrer en résonnance...

Ainsi après le sublime "Dans la vallée" de Hannah Kent, je me suis plongée dans l'étrange et troublant "Comme un conte" de Graham Joyce qui m'a tant plu que "Les limites de l'enchantement" m'attendent déjà.

Dans ce roman au titre évocateur il va aussi être question de féérie. Pas celle que l'on imagine, poussière de fées, licornes et amours enchantées (quoique…) mais celle, plus authentique issue du folklore et de croyances si anciennes qu'on en a oublié les origines.

Cette féérie séduisante mais inquiétante, envoutante mais souvent cruelle, celle qui fascine et terrifie, celle qui piège, ravit et emprisonne.

Celle qui se tient à la lisière de notre monde et à laquelle on accède mystérieusement, parce que c'est l'endroit, le moment, l'heure; celle -enfin- que l'on retrouve dans tant et tant de contes et de légendes dans laquelle la temporalité n'est pas la même que la nôtre. Qui n'a jamais lu ou entendu l'histoire de ce beau jeune homme qui suivit un jour une demoiselle aux airs de fée gracile, qui l'aima quelques mois avant de vouloir rentrer chez lui, mordu par le mal du pays et qui de retour dans son village ne trouva que le tombeau de ses vieux parents et une vieillarde centenaire en lieu et place de son nourrisson de petite sœur?

"Comme un conte", c'est cette féérie là et son inquiétante étrangeté.



Le roman commence le jour de Noël. Alors que Dell et Mary s'apprêtent à passer à table, on frappe à la porte. Lorsqu'ils ouvrent, c'est la stupeur, le choc: devant eux, cette silhouette menue comme celle d'une adolescente n'est autre que celle de leur fille, Tara.

Tara qui a disparu vingt ans auparavant et que nul n'a jamais retrouvé: ni ses proches, ni la police...

Pour les parents éplorés, ces retrouvailles sont un miracle et ils s'empressent de prévenir leur fils aîné, Peter, que le retour de sa sœur plonge dans la perplexité...

Tara, sur qui le temps ne semble pas avoir eu de prises, accepte enfin, le jour de l'an, de raconter son histoire et de révéler ce que fut sa vie durant les vingt dernières années mais ce qu'elle s'apprête à raconter va brouiller les cartes plus qu'elles ne l'étaient déjà: la jeune femme affirme avoir été enlevée par des fées, les "fairies" donc, et avoir passé six mois en leur compagnie.

Pour les siens, c'est trop d'extravagance, de mensonges, trop de tout et pourtant Tara est désarmante d'honnêteté... Quoiqu'il en soit Peter et ses parents préfèrent penser à une fuite, un squat, une communauté hippie. A moins qu'elle n'ait subi un traumatisme si violent qu'il ait effacé vingt années de sa mémoire, mais quel traumatisme peut-être si violent? Justifier l'invention et la croyance en de telles fables? Peter convaincu que sa sœur a besoin de soins la conduit chez un psychiatre qui accepte cette nouvelle patiente.

Classé en "Sf" par les éditions Folio, "Comme un conte" est là où on ne l'attend pas. C'est un roman lent, psychologique qui joue à merveille avec les nerfs des lecteurs. Les chapitres alternent les temporalités et les points de vue, nous faisant vivre le récit tantôt du côté de Peter, de Tara, du psychiatre ou encore de Richie, l'ex petit-ami de la disparu. C'est riche, profond et cela contribue à cette impression tenace de doute qui nimbe toute la lecture: Tara dit-elle vrai? Son histoire a-t-elle au contraire une explication scientifique, rationnelle? Fable? Traumatisme? Véritable plongée en féérie? Manipulation? Les deux théories sont séduisantes, crédibles, se tiennent et charge à chaque lecteur de choisir la sienne...

Ce doute constant, cette oscillation entre surnaturel et rationnel est l'une des composantes principales du genre fantastique et il y a fort longtemps que je n'avais pas aimé un texte du genre contemporain! Certes, cette incertitude entraîne forcement une part de frustration mais c'est ce qui rend le roman si troublant, si délicieux et j'ai adoré cela! Et puis, n'est ce pas ce doute qui rend cette histoire (et toutes les autres) "vraisemblables"? Il y a une intelligence diabolique dans ce procédé, cette manière d'amener la narration et de la mettre en scène...

Enfin, je tiens à souligner l'abondance et la beauté de certaines descriptions, la construction et la complexité des personnages qui m'ont plu. Et puis écrire un mot des citations qui ouvrent chaque chapitre et qui témoignent de la part de Graham Joyce d'une vraie "culture féérique" aussi bien du point de vue légendaire, poétique et culturel (La balade de Thomas le Rimeur, la merveilleuse "Sweet Bride" de la non moins merveilleuse Kate Rusby) que du point de vue social, historique et ethnologique (le compte rendu de l'affaire Bridget Cleary) qu'il a su allier à son formidable talent de conteur. Pour le meilleur.



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Au coeur du silence

« Magnifique et déchirant », c’est pile poil ce que j’en aurai dit aussi…Un petit livre mais qui ne laisse pas indifférent: certes une belle histoire d’amour mais plus encore un monde formidablement mis en place….Cela fait plus de trois jours que je l’ai fini (et pas encore chroniquer :(….), mais je suis encore perdue dans les Pyrénées…Un vrai coup de cœur!!!!Surprenant, un brin de magie, une pincée d’amour et un coté angoissant: pour moi tout y était!!!!



Ce n’est pas que l’histoire est surprenante, mais j’étais totalement happée par l’étrangeté du décor, et j’étais vraiment curieuse de savoir comment l’auteur allait retomber sur ces pattes!!!!On part de très loin, le livre ne fait que 200 pages, donc c’est intense, plein de surprises, de jolis moments ( j’ai adoré le sapin de Noël de Zoé….), mais c’est l’ambiance qui fait le charme de ce livre!!!Il s’en sort avec brio pour nous transporter de l’imaginaire à la réalité en cristallisant son monde pour finalement ….Je n’en dirais pas plus, lisez le!!!!



L’histoire d’amour est très actuelle, dans l’air du temps…Je les ai trouvé attachants, mais bon, comme c’est un homme qui écrit, on ne tombe pas dans la guimauve, donc que ça n’en rebute par certains…Par contre, j’ai détesté la vulgarité qui se glisse dans la pureté du décor…C’est déjà assez choquant de voir des « gros mots » écrits, mais quand c’est un couple qui s’aiment qui se l’envoient en pleine tête, c’est absolument révoltant…..



En bref, un joli moment!!!!



Le petit plus: Un auteur à suivre….



Le petit bémol: La vulgarité.
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Mémoires d'un maître faussaire

Il est très difficile d'approcher ce roman au début.



Je ne sais pas, j'ai bloqué. En effet, l'auteur prend son homonyme, William, lui fait vivre la vie de tous les jours sauf que lui est faussaire, et l'un des meilleurs copieurs de livres rares de tous les temps (du moins est-il très doué). Il a commencé en étant étudiant. Et puis, arrive une mésaventure. Depuis, il voit des démons. Toussa toussa. Il a continué son existence de maître faussaire mais vit d'une manière très particulière, sûrement à cause de ses visions.



Et bien , j'ai eu du mal. Car le personnage était d'un côté trop tangible et de l'autre il y avait le surnaturel qui venait là. Ainsi, nous voyons tous des scènes de la vie quotidienne d'un maître faussaire, père divorcé qui a son groupe d'amis, son groupe d'affaires. Mais aussi les démons que parfois il voit. Et l'auteur nous explique pourquoi il agit de cette manière là ou pas. Bref....





Mais en fin de compte, est ce réellement un faussaire ?



Et est ce quelqu'un qui voit réellement des démons ? C'est pas facile de se prononcer car tout d'abord, il n'y a quasiment que lui qui peut les voir. Forcément on se pose la question de savoir si c'est juste un trouble mental ou réellement quelque chose de mystique. Et je pense que l'auteur laisse volontairement place au doute pour que le lecteur puisse se faire sa propre opinion. Ensuite, nous savons que William falsifie des livres anciens. Mais il y met tellement d'art et d'application, tellement de savoir faire qu'on se demande aussi si au final, on ne peut pas dire qu'il s'agit tout simplement d'un artiste.



Et voilà. pour le reste, je vous laisse faire votre opinion. Car il n'est pas du tout facile de se prononcer dans ce roman. Peut être le point négatif que je voudrai souligner ici. On se laisse porter par le récit mais on ne prend pas nécessairement position. Toutefois, ce fut un agréable moment de lecture que j'ai passé
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L'enfer du rêve

Un livre surprenant, décrivant des étudiants qui dans le cadre d'une expérience scientifique apprennent à contrôler leurs rêves, puis à se retrouver dans un rêve partagé.

Mais un des étudiants viole une autre participante, engendrant une créature de cauchemar. Le contrôle de ce rêve partagé leur échappe lentement et ils s'y retrouvent attirés contre leur volonté, alors même que le temps a passé et que leur groupe s'est brisé.

Alors qu'ils tentent de recoller les morceaux, ils découvrent qu'il leur devient de plus en plus difficile de savoir s'ils sont réveillés ou non : ils se lèvent le matin, commencent à se préparer pour le travail, puis soudain, ils s'éveillent, commencent à expliquer leur étrange expérience, quand soudain ... ils s'éveillent !

"Parfois, au plus profond du cauchemar, ils rêvaient qu'ils s'éveillaient... mais ce n'était que pour franchir une nouvelle étape dans l'horreur."



Le lac ensoleillé où ils se retrouvaient commence à geler, la neige à tomber.

Et bientôt ils découvrent que mourir dans ce rêve, c'est mourir dans la réalité !

(Et cela des années avant Matrix et Inception !)



Si on ajoute à cela des citations sur les rêves à chaque début de chapitre, voilà un roman d'horreur qui m'a vraiment marqué.
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Les limites de l'enchantement

En voilà un bien curieux récit : Fern vit avec Maman Cullen, sa mère adoptive qui l’a élevée toute sa vie comme sa propre fille. Ensemble, elles demeurent dans une petite maison en marge de la société, où elles vivent essentiellement grâce à leurs talents d’accoucheuses et de guérisseuses : via la science des plantes, elles arrivent à faire avorter des jeunes filles ou à les soigner. Des techniques ancestrales qui ne coïncident plus avec l’évolution du monde moderne, l’industrialisation, la consommation de masse, les nouvelles technologies. Déjà marginalisées par leurs arts, les deux femmes se retrouvent désemparées quand elles sont obligées de se séparer : Maman Cullen, assez âgée, se fait hospitaliser et Fern se retrouve seule, livrée à elle-même face au reste du monde. S’en sortira-t-elle seule sans Maman ?



C’est un roman assez singulier que nous offre Graham Joyce : nous balançons entre deux mondes, celui de l’imaginaire et du réel et entre deux époques, l’apparition du modernisme des années 1960. Le monde change, se transforme : les accoucheuses à domicile disparaissent, remplacées par des sages-femmes formées et diplômées, les superstitions et fêtes traditionnelles s’amenuisent au profit de hippies délurés et drogués, la nature perd de ses droits face à l’industrialisation croissante… Ces dualités peuvent se percevoir durant l’ensemble du récit, avec des thématiques qui marchent en binôme : vie/mort, amour/haine, amitié/inimitié…



Sans Maman, notre protagoniste Fern, va devoir s’adapter au monde changeant. Progressivement, on remarque qu’elle grandie, éclos, qu’elle passe de l’univers enchanteur de l’enfance à la réalité brutale du monde adulte. Elle est confrontée aux autres, à leurs jugements, leurs méchancetés, elle fait face aux problèmes de l’existence : certains la croient folles, la rabaissent, doutent de ses talents de guérisseuse, d’autres lui réclament de l’argent, tentent de la souiller, de la déloger de chez elle. Autant de dangers qui viennent mettre en péril son existence. Mais la jeune fille naïve du début se montre bien plus forte qu’elle n’y paraît : elle prend les choses en main et murit au fil des pages.



Le titre du livre porte bien son nom, puisque nous sommes, nous, lecteurs, transportés à la limite de l’enchantement, flottant dans un univers féerique, irréel, magique, presque mystique, qui reste quand même concret. Un univers particulier qui apporte une ambiance à la fois délicate et étrange au récit, qui se rapproche étrangement de la fantasy, sans toutefois qu’il y ait d’éléments décrits comme fantastiques. C’est surtout un état d’esprit, une atmosphère particulier. Il faut se laisser porter et naviguer à travers l’imaginaire enchanteur qui se forme sous nos yeux. Certains auront le pouvoir de se laisser dériver, tandis que d’autres se retiendront désespérément aux abords de la rive, par peur de tomber dans un décor auxquels ils sont trop peu coutumiers. Je ne saurais dire si j’ai réussi ou non cet exploit, mais en tout cas, j’ai pris plaisir à découvrir une lecture douce, lente parfois, mais particulièrement singulière, qui sort des sentiers battus.



Une promenade originale à travers une Angleterre encore pure, magique, qui recule progressivement face au modernisme ambiant. Un roman surprenant, qui rend un bel hommage aux traditions ancestrales, à la nature et à l'imaginaire.
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Mémoires d'un maître faussaire

Un livre vraiment intéressant que je conseille vivement.



L'intrigue est bien ficelé et attrayante, une histoire de rédemption et de misère est au centre du roman et régit la narration du personnage qu'est William. De plus, les différents personnages secondaires possèdent également leurs histoires propres et auront chacun leurs rôles a jouer dans le roman



Cependant le principal attrait du livre n'est pas là, l'ambiance du roman est juste épatante et l’ambiguïté fantastique (le personnage voit-il réellement les démons ?) en fait un roman addictif.

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Lignes de vie

J'aime les sagas familiales et celle-ci, ponctuée d'une petite touche de fantastique, m'a bien plu. Martha la patriarche préside avec doigté aux destinées de ses six filles, toutes très différentes les unes des autres, sauf les jumelles, forcément. Avec comme fil conducteur l'éducation du fils de la cadette, l'auteur nous promène d'une famille à l'autre tout en nous ramenant toujours à ce clan tissé serré, source de toutes décisions vraiment importantes.



C'est la première fois que je lisais cet auteur et j'ai été grandement impressionné par la précision avec laquelle il présentait ses personnages, surtout féminins puisque ce sont elles qui tiennent le haut du pavé dans ce récit. Il nous rend chacune d'elles très vivante, crédible autant dans leurs cheminements que dans leurs interactions. L'écriture est juste, fluide et le fond passionnant pour qui apprécie ces familles un peu hors normes. Un auteur que je revisiterai certainement.
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Comme un conte

L’intrigue :

Une jeune femme perdue trouve le courage au bout de quelques jours de frapper à la porte de ses parents un soir de Noël. Son père ne la reconnait pas, sa mère s’évanouit. Pour Tara, 6 mois ont passé depuis sa fugue avec l’homme rencontré dans les Outwoods. Pour sa famille, 20 ans ont passé sans nouvelle, des fouilles ont été effectuées par la police et des volontaires, le petit ami de Tara a été inquiété par la justice, l’amitié de Peter et Richie a été détruite par la suspicion. Ils sont tous bouleversés et plein d’interrogations mais face à eux se trouve une jeune femme qui leur raconte une histoire de fée….Est-ce bien Tara ? Est-elle folle ? Ou les fées l’ont réellement enlevé ?



Les personnages :

La famille Martin ne se remet pas du deuil qui les frappe depuis 20 ans, le corps de leur fille Tara n’a jamais été retrouvé, l’angoisse et la résignation ont prématurément vieilli les parents Dell et Mary. Leur relation avec leur fils Peter est plutôt tendue au point qu’ils passent Noël chacun de leur côté. Peter a fait des études mais le drame lui a coupé les ailes et il s’est tourné vers un travail manuel, maréchal-ferrant, et vit avec sa femme et ses 4 enfants dans une maison qui a un besoin constant de travaux.



Richie est l’ex-petit copain de Tara. Les jours précédent le drame la jeune fille l’a quitté alors qu’il était fou amoureux d’elle au point de se bagarrer avec les autres garçons qui la regardaient de trop près. Ce comportement a mis la police sur les dents et un inspecteur a tout fait pour le mettre en prison, il y a réussi pour un cas de possession de stupéfiant faute de preuve pour le meurtre de la jeune fille. Richie est resté bloqué sur cette relation avortée brutalement, une femme qui s’est barrée et l’empêche de voir leur petite fille, au prise avec l’alcool, la fumette et la musique dont il voulait vivre mais dont il n’arrive pas à faire grand chose.



Jack est l’aîné de Peter, il va se passer un sale truc avec un chat (je préfère prévenir) mais cet évènement va permettre de rencontrer une voisine fort âgée et la sortir de son isolement, Jack va se racheter d’une belle manière et cette rencontre sera également déterminante pour Tara.



Le mythe utilisé :

Dans ce roman, on est face au folklore celtique de la féérie, tout d’abord dans le cadre, une forêt, des pierres levées qui sortent des profondeurs de la terre, une ambiance étrange entre apaisement et frayeur. Les débuts de chapitre sont des extraits de texte ou de poème de Shakespeare, Yeats, Chesterton, Warner nous plongeant dans l’ambiance.



Mais Tara a-t-elle vraiment été enlevée par les fées ? Son récit est rapporté par le psychiatre qu’elle doit consulter à la demande de son frère. Elle démarre son récit par une odeur lourde de jacinthe qui la faisait se sentir bizarre et une torpeur irrésistible (drogue ?), sa rencontre d’un homme sur un cheval blanc qui l’emporte dans une maison communautaire mais qui, quand elle désire s’en aller tout de suite, lui dit que c’est impossible et que le passage sera rouvert dans 6 mois grâce à telle conjonction lunaire et stellaire (détention ?), la beauté et la pureté de la lumière et des couleurs qui lui ont fait mal aux yeux et l’oblige désormais à porter des lunettes noires (se cache ?), le temps dans la communauté a duré 6 mois par 20 ans (trauma pour les 19 ans et demi suivants ?).



En bref, ce roman se lit vite bien car on alterne les points de vue, Tara a-t-elle vraiment vécu auprès des fées ou non ? Je m’attendais à quelque chose de plus inquiétant donc ce ne fut pas un grand moment et cette lecture ne sera pas inoubliable. La tension n’est pas dans l’action mais plutôt dans le doute de l’histoire rapportée.
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Comme un conte



C'est le troisième roman de Graham Joyce que je lis cet été, après Les limites de l'enchantement, et Au coeur du Silence, j'avais lu les précédents il y a une quinzaine d'années.. Il ne m'en reste que deux ou trois à lire, j'ai beaucoup de peine de le savoir : Graham Joyce est décédé en 2014, à 60 ans. Il avait encore le temps.. c'est dommage. C'était un auteur Anglais de Fantasy, de Faery, on peut dire de Fantastique aussi. Si doux dans son écriture et si poétique. Ce livre a reçu le British Fantasy Award 2013 et le prix Imaginales 2015.



Comme un conte est l'histoire de Tara, et de sa famille. On s'apprête à fêter Noël, chez Dell et Mary Martin, et le repas vient d'être servi. Ils sont à deux, car depuis que leur fils Peter est marié et a des enfants en bas-âge, il préfère inviter ses parents le lendemain de Noël. Et ce soir-là, on frappe à la porte. Dell va ouvrir. C'est une jeune fille. Mary arrive et s'évanouit. Cette jeune fille, c'est leur fille Tara, disparue sans laisser de traces vingt ans plus tôt. Son corps n'avait jamais été retrouvé, et sa famille avait fini par accepter son deuil. Son boyfriend Richie, meilleur ami de Peter, a longtemps été suspecté. La famille endeuillée a cessé de le cotoyer, du jour au lendemain. Mais c'est Tara. Ses parents l'accueillent, mais ces vingt ans sont difficilement explicables : Tara dit qu'elle a voyagé. Loin. Son frère Peter, duquel elle était très proche, n'y croit pas. Elle a toujours l'air d'avoir dix-sept ans. Même les enfants de Peter la trouvent "bizarre".



Face à Richie, Tara va raconter : le soir de sa disparition, elle et Richie se disputaient pendant leur promenade dans les bois des Outwoods. Richie est partie, elle est restée seule, assise sur un rocher plat au milieu des jacinthes. C'est là qu'un cavalier l'a abordée, et l'a emmenée. Elle est juste partie 6 mois. Mais lorsqu'elle est revenue elle a bien vu que c'était plus que 6 mois. Tara parle de magie et de féérie, elle a été enlevée par des fées, ou des elfes. Mais ils n'aiment pas qu'on les appelle comme ça.



Peter, qui ne croit pas aux miracles, croit encore moins à l'histoire de sa soeur, qui prétend avoir été enlevée par des fées. Il lui fait consulter un psychiatre. Il faut savoir si sa soeur est folle. Et aussi, est-ce bien sa soeur ?



Mon avis : Ce livre est encore fait d'une poésie et d'un amour de la nature magnifiques, tout en étant simple et agréable à lire. Les personnages sont tous attachants, enfin, les humains.. un bémol pour moi, je trouve que le récit piétine un peu avant que Tara ne commence à parler de ce qui s'est passé. Une belle histoire familiale, une ode au folklore de la magie et de la Faerie anglaise et celtique.



Comme un conte - Graham Joyce ed Bragelonne 2015, Folio Sf 2017, 471 pages.
Lien : https://melieetleslivres.wor..
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Lignes de vie

Un roman qui sort du classique littéraire.



Séduite et intriguée par le résumé de ce roman, je me suis laissée tenter en lisant juste cette phrase "Elle était persuadée que le monde ne laisserait pas grandir un si beau petit garçon ; que des forces obscures se rassembleraient, désireuses de le voir périr; que le monde ne permettrait jamais aux gens purs et beaux de semer une graine de lumière dans un endroit si sombre."



Entre la vie de l'après Seconde Guerre mondiale et flash back, nous suivons la vie à Coventry de la famille Vine. Martha la matriarche au charisme détonant et mère poule de ses 7 filles. Cassie est la plus jeune et tombe enceinte pour la seconde fois, mais cette fois elle ne se résout pas à donner à l'adoption ce petit garçon qu'elle décide de prénommer Franck comme son père soldat américain.

Martha, Cassie et Franck, ont tout trois un don particulier, la prémonition pour sa grand mère, la vision de l'au delà pour sa mère. Mais Franck est plus sensible que sa mère et grand-mère, il est doté d'intuitions étonnantes, il réunit les deux dons.



Au travers de ce récit pleins d'émotions, va se dessiner les lignes de vie de chacun des membres de la famille, en passant par l'amour, l'avant et après guerre pour certains et une pointe de fantastique avec les dons des autres.



Même si ce roman reste une fiction par le côté fantastique, on y retrouve sans aucune difficulté le réalisme de la vie, du quotidien familial dans cette période d'après guerre. le retour à la vie normale après le chaos, où chacun doit apprendre à trouver sa nouvelle place et où certaines veulent garder le pouvoir qu'elles ont obtenu quand on avait besoin d'elles, lorsque les hommes étaient au front. Des hommes détruits par la guerre, des femme en pleine révolution de leur droit.



J'ai été charmé par la plume et la douceur de Joyce Graham. Un roman qui nous ramène dans les récits de nos grands parents, un brin de nostalgie se crée au fil des pages.
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Comme un conte

Comme un conte est un livre que j'ai choisi de lire grâce à son résumé. L'histoire d'une ado qui disparaît pendant 20 ans pour revenir dans sa famille, prétendant avoir été enlevée par des fées, était originale et intrigante. Pourtant, je n'ai pas totalement accroché à la lecture.



Le livre est pourtant bien écrit. Graham Joyce nous offre une plume onirique et immersive et construit un univers particulier, alternant les points de vue avec un certain talent. Les chapitres s'ouvrent sur une citation liée aux fées, ce qui traduit la passion de l'écrivain pour le folklore ainsi que les recherches engagées. Le roman apporte des points intéressants sur ces créatures en réalité bien différentes de ce qu'on imagine. Certains personnages comme Richie et Peter sont plutôt attachants et sympathiques, j'ai bien aimé l'histoire avec le jeune Jack qui se lie avec une vieille femme dans l'espoir de se repentir. J'ai aussi apprécié les passage plus psychologiques.



J'ai trouvé cependant que le livre souffrait de quelques longueurs et qu'il avait quelques facilités dans le scénario. On n'évoque jamais les parents de Tara ou si peu, comme si l'effet sur leur vie du retour de leur vie était minime. Il y a un petit manque d'audace dans les personnages, qui sont tous un peu lisses, ou dans les situations qui fait que ce livre n'est pas spécialement mémorable.



C'est pour cela que je n'ai pas grand chose à raconter dessus. C'était plutôt un bon livre avec un parti pris intéressant mais qui malheureusement n'est pas assez captivant à mes yeux pour être gardé en mémoire.
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Les limites de l'enchantement

Fern est une jeune femme qui vit dans une chaumière, loin du village, avec Maman Cullen. Maman n'est pas vraiment sa mère, mais tout le monde l'appelle ainsi. Capable de déclencher des accouchements, des avortements ou encore de découvrir le sexe d'un bébé avant sa naissance rien qu'en l'écoutant, elle vit au milieu des plantes qui guérissent et tuent, et enseigne petit à petit son savoir à sa jeune protégée. Guérisseuse un peu sorcière, Maman se retrouve hospitalisée - elle n'est plus toute jeune. Fern va donc devoir prendre la relève et affronter le réel, ses dangers, et découvrir un monde où même si vous avez sauvé la vie d'un homme, il ne vous le rendra pas. Quittant petit-à-petit l'imaginaire pour rentrer dans l'ère de modernisme qui pointe son nez dans les années 60 (études, diplômes, ect...), Fern s'en sortira-t-elle sans Maman ?



C'est un roman qui navigue entre deux époques, entre deux mondes. Resterons-nous attachés au passé, ou au contraire, embrasserons-nous le futur ? Resterons-nous dans l'imaginaire, avec cette magie sous-jacente ou accepterons-nous la réalité ? On oscille entre les deux, avec une Fern qui ne sait plus ou donner de la tête. C'est une jeune fille loin d'être naïve, qui marche dans les pas de Maman tout en essayant de s'ouvrir au monde, même si celui-ci ne veut pas d'elle. Bien sûr, l'imaginaire et tout le savoir de Maman l'accompagne, mais y croit-elle vraiment ?



La dualité est un thème qui reste ancré jusqu'à la fin, entre l'horreur et l'amour, le passé et l'avenir, l'amitié qui se construit et se défait, le réel et l'imaginaire, la haine des villageois qui se montrent amicaux par moments, les hippies qui sont tantôt présentés sous leur meilleur jour, puis rabaissés au rang de drogués inconscients de leurs actes. Chaque personnage, lieu, sentiment, exprime cette dualité du mieux que possible. A nous et à Fern de choisir de quel côté nous souhaitons être...



Graham Joyce a un style planant. On plane littéralement, on se laisse emporter par son style, très descriptif, qu'on a l'impression de faire parti des meubles de cette petite chaumière perdue dans la campagne. Fern se pose des tas de questions sur Maman, sa foi, ses connaissances... Mais aussi sur elle. Bien que nous n'ayons pas toutes les réponses, on se dit que le plus gros et le plus dur est passé pour la jeune fille. Il ne lui reste plus qu'à faire ses choix et construire sa vie ! La fin m'a faite sourire et je pense relire ce livre prochainement. Maintenant que j'ai toutes les réponses, certains détails apparaitrons sous un autre jour, ce qui rendra cette histoire encore plus prenante qu'elle ne l'est déjà. Et bien que l'auteur nous ai quitté en 2014, il a laissé une petite dizaine de livres derrière lui qu'il me tarde de découvrir.



En bref, l'histoire de Maman Cullen et de Fern est touchante, poignante. On reste dans une dualité jusqu'au bout, et cette fin ouverte nous laisse imaginer quel chemin prendra la jeune fille. Le style de l'auteur est très prenant, on arrive vite à la fin sans s'en rendre compte. Assurément, un petit bijou de fantastique qu'il faut absolument découvrir !
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Lignes de vie

En lisant le résumé de ce livre j'ai tout de suite était intriguée par le sujet. Je n'ai pas voulu trop en savoir en allant à la pêche aux infos sur le web, je souhaitais vraiment être surprise par l'histoire d'autant que je n'avais jamais entendu parler de ce roman auparavant. J'ai tout de suite était accrochée par le récit, un mélange de chronique familiale avec de petites touches de fantastique qui prennent forme à travers le don de Franck, ce jeune garçon élevé par toute la famille Vine. Je ne parlerai pas trop de l'histoire pour laisser la magie opérer sur les futurs lecteurs et pour ne pas dévoiler tout ce qui fait le charme du roman.



J'ai beaucoup aimé ce livre, particulièrement la façon dont l'auteur a su tisser toutes ces "lignes de vie" entre les personnages et leurs interactions entre magie et réalité. C'est délicat, drôle et plein de tendresse et on ne peut que s'attacher à toutes ces sœurs au fur et à mesure que l'on avance dans l'histoire. Cassie est fragile mais déterminée, les jumelles un peu barrées, les hommes un peu dépassés par toutes ces femmes… mais toutes et tous ont le cœur sur la main. Les personnages sont tous attachants à leur manière, et c'est ce qui fait la force du roman, c'est un livre qui vous donne le sourire, qui vous fait passer du rire aux larmes en un rien de temps. Les défauts des uns deviennent des qualités, les qualités des autres finissent par nous agacer et les personnalités de dévoilent dans cette Angleterre en pleine convalescence. Si la relation entre Franck et Cassie sa mère m'a particulièrement plu, je dois dire que j'ai aimé toute cette famille qui gravite autour de Martha la matriarche. On se laisse tranquillement bercer par la délicatesse qui se dégage de l'ensemble, pas de gros rebondissements à attendre mais une douceur tranquille qui embarque le lecteur au fil des pages. L'aspect fantastique est présent mais n'est pas vraiment le propos du roman, on le retrouve à travers de petits détails grâce à Franck et à son talent particulier, comme de petites coïncidences qui apparaissent de temps en temps pour interpeller le lecteur. C'est un récit plein de bonté et de tendresse qui diffuse son charme au fil des pages.

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Mémoires d'un maître faussaire

Les Mémoires d'un maître faussaire est un livre assez étrange... Tout d'abord parce que si le lecteur s'attend a priori à découvrir les activités de la contrefaçon de livres anciens dans lequel est spécialisé le personnage principal - et c'est une attente bien légitime vu le titre du livre - il n'en sera rien. Ce hobbie interviendra, certes, mais seulement à la limite de l'histoire qui se concentrera davantage sur la vie du personnage, son passé, son présent, ses histoires de cœur, les relations compliquées avec sa famille, ses pubs préférés et surtout, le fait qu'il voit les démons qui sont les esprits des vivants, à ne pas confondre donc avec les fantômes qui sont les esprits des morts.



Cependant, le titre n'est pas complètement mensonger puisque le livre s'apparente bien à des Mémoires, celles de William Heaney qui est également le pseudonyme de l'auteur Graham Joyce... On peut donc dire que l'auteur aime jouer avec son lecteur et la biographie présente à la fin du livre en est le plus parfait exemple ; "William Heaney est un imposteur. [...] A l'occasion il prétendra même être le nom de plume d'un grand écrivain anglais. Méfiez-vous"...



Mais sinon que dire du livre ? Et bien l'histoire est prenante et originale et on s'attache assez rapidement au personnage et ce malgré ses vices, et l'écriture est à la fois fluide et riche. Bref, un bon moment de lecture !
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Lignes de vie

Quel roman intriguant! Au début, je n'étais pas certaine de vouloir savoir ce qui se passerait avec Frank. Une mère qui sort de l'ordinaire, un garçon hypersensible qui comprend beaucoup plus que ce que l'on peut penser. Six soeurs qui en prendront soin, chacune avec leur horizon. On pourrait penser que ce garçon deviendrait dérangé. Mais non.



Bref une saga familiale hors des sentiers battus. Je ne me suis pas ennuyée du tout. Un must qui deviendra probablement un de mes romans de l'année.
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Comme un conte

C'est une excellente lecture !



J'ai adoré qu'on ne sache pas vraiment tout du long si on est dans du fantastique ou si Tara nous conte une histoire tirée de son cerveau malade. Alors réalité ou paranoïa ?

J'ai adoré tout l'aspect onirique et féerique du bouquin. C'est le gros point fort de cette histoire. Il y a une vraie ambiance et un vrai besoin de savoir la vérité pour le lecteur. Je déplore un peu le fait qu'on ai pas davantage de passages lors de son périple chez cette étrange communauté, c'est le petit défaut de ce livre. Ça aurait été vraiment génial d'en savoir plus sur ce qu'elle a appris et surtout comment se sont déroulés ces mois d'absence.



C'est un récit hyper complet que j'ai trouvé très bien construit. Il y a beaucoup de rythme, c'est très addictif. On suit plusieurs personnages à tour de rôle. On a le droit à beaucoup de points de vue. Autant de Tara que de sa famille. De son neveu, de son psy ou de son ex copain. C'était vraiment très sympa parce que ça apportait une réelle profondeur au récit et ça nous permettait de ne pas s'ennuyer en ayant plusieurs intrigues à suivre en plus du fil conducteur qui est le retour après 20 ans d'absence de Tara.



J'ai bien aimé les personnages, ils ont un côté très humain et fragile, ils ne sont pas parfaits et n'ont parfois pas la meilleure des réactions et j'ai trouve ça super qu'ils soient aussi entiers.



C'est une histoire qui m'a passionnait. Je ne saurais pas vous dire autrement. On aborde des thèmes importants que je vous laisserais découvrir au fur et à mesure de l'histoire. Mais je ne peux que vous le conseiller. La fin est un peu précipitée et quand même assez ouverte ce qui pourrait en décevoir certains mais honnêtement moi j'ai adoré.




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Comme un conte

J'ai reçu cet ouvrage grâce à une libraire qui l'a sélectionné pour mon abonnement à la box Kube. Et elle a bien choisi ! J'ai eu un beau coup de coeur pour ce roman hors norme, qui ne ressemble pas beaucoup à ce que je lis d'habitude. Je pense qu'il peut éventuellement décevoir et déstabiliser le lectorat du genre fantastique, en effet, cet aspect là est plutôt intellectualisé et plus bestial que fantastique (un peu comme la série The Magician de Lev Grossman aussi).



Mais ne vous inquiétez pas, vous y trouverez tout de même votre compte en terme de mystères et bizarreries !!



Car si le récit est très bien rythmé par un mystère grandissant autour de la réapparition 20 ans plus tard de la jeune Tara qui ne semble pas avoir vieilli, le conte de fées s'arrête là. Il s'agit d'un conte de fées pour adultes, je dirai. Parce que les "fées" sont des êtres étranges qui, apparemment, ne pensent qu'à copuler...



Sous une apparence un peu austère, le roman commence par des retrouvailles légèrement gâchées par la rancune que le frère de Tara ressent envers elle. Les personnages sont justes, crédibles et si au départ, j'ai eu du mal à apprécier Tara, ou son ancien petit ami Richie ou encore Jack le fils de Peter (frère de Tara), par la suite, il se dégage une certaine chaleur de leurs relations, surtout lorsque les personnages se réconcilient petit à petit.



Mais ce qu'il y'a de plus intéressant dans ce roman, son originalité en quelque sorte, c'est que l'auteur y décrypte les contes traditionnels de plusieurs manières: d'abord du point de vue des adultes, mais aussi du point de vue d'adolescents, et ensuite du point de vue psychologique. Rien ne semble laissé au hasard, et tout paraît être un clin d'oeil réfléchi aux contes de fées dans ce roman, aussi bien les noms de famille "Larwood, Underwood", que dans les prénoms : Tara (il existe une légende avec une colline de Tara), Vivian, etc., mais aussi dans les symboles (la nature, les fleurs, le lac, le cheval blanc, etc.). Chaque chapitre s'ouvre sur de belles citations issues de romans, contes, pièces de théâtre ou vieux compte-rendus judiciaires, tous ayant à voir avec les contes de fées.



J'ai lu ce roman d'une traite, avec le sentiment de lire à la fois un bon thriller psychologique et en même temps un excellent drame familial et un conte fantastique, avec une légère touche de magie qui flotte dans l'air, comme suggérée, un peu comme chez Neil Gaiman. Et je le conseille à 100%, pour ce côté étrange et absurde qui pourtant nous fait comprendre que les contes sont importants, nécessaires, comme ancrés en nous et qu'ils signifient bien plus que de simples histoires, et qu'ils reflètent la condition humaine.
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Comme un conte

Voilà un roman qui a failli être un coup de coeur. Failli seulement….



Repéré dans le catalogue Bragelonne, et auréolé de quelques prix non négligeables (Imaginales 2015, British fantasy award 2013…), le roman de Joyce avait piqué ma curiosité car le récit me rappelait évidemment la légende de Thomas le Rimeur. Ici, c'est une jeune fille qui, disparue pendant 20 ans, se présente dans sa famille un soir de Noël. On peut imaginer le choc subi par les parents et son frère aîné, d'autant que Tara, notre héroïne, est bien troublante. Son apparence physique a très peu changé et son absence repose sur une histoire à dormir debout : elle aurait été retenue dans le monde des fées durant toutes ces années !



Une histoire bien originale comme je les aime qui met donc en scène une famille anéantie par le retour de Tara et qui tente de retrouver un sens à cette tragédie, chacun à sa façon, tout en livrant quelques secrets sur le monde féérique. Si le frère de Tara, buté et rancunier, Peter, refuse de croire sa soeur, au point de lui payer des consultations chez un drôle de psy, il n'en va pas de même pour Ritchie, l'ex-petit ami, looser attachant, dont les retrouvailles avec Tara sont douloureuses.



C'est bien le personnage le plus sympathique de ce récit, celui qui m'aura le plus touchée en tout cas, avec, peut-être, Jack, le neveu de Tara, lancé bien malgré lui dans un quête pour racheter une mauvaise action.



Ritchie apporte chaleur et humanité en opposition à Tara, lointaine, énigmatique et inaccessible. Tandem pourtant attachant et j'avoue avoir été tour à tour triste et heureuse pour ces deux-là. le récit est plein de délicatesse et non dénué de poésie, et puis il pousse à réfléchir, encore et encore, sur le pouvoir de notre imagination, sur notre tolérance à accepter la présence du Petit Peuple à nos côtés, que cette vie soit réelle ou rêvée.



Bref, tout aurait été parfait jusqu'à l'incursion de Tara chez les fées ou elfes, bien qu'ils n'aiment pas qu'on les nomme ainsi… Bon sang, mais qu'est-ce que c'est que cette communauté hippie dont les membres ont pour unique passe-temps de forniquer de toutes les manières possibles !! Au secours ! Quelque peu choquée d'abord par la vulgarité des propos qui tranche singulièrement avec le ton de l'ouvrage, je me suis surprise à rire face au ridicule achevé de certaines situations : le passage du lac vaut son pesant de cacahuètes, croyez-moi ! Adieu mystère, poésie et onirisme, Joyce choisit le trivial pour… quoi, au juste ? Démontrer que Tolkien avait tout faux ? Que les Elfes sont de parfaits païens qu'il ne fait pas bon fréquenter ? Je ne sais absolument pas quel message l'auteur a voulu faire passer, mais ce que je sais, c'est que sa vision des fées est la faute de goût qui m'a poussée à classer ce roman parmi les livres très sympas, plutôt que le chef-d'oeuvre inoubliable qu'il aurait pu être… C'est dommage mais cela ne m'a pas empêchée d'apprécier tout de même Comme un conte, tout en regrettant le potentiel gâché.



Par curiosité, je ne renoncerai pas pour autant à lire un second roman de cet écrivain, si quelqu'un à un titre à me conseiller, je suis preneuse.
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