AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Graham Swift (366)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le grand jeu

L'histoire se déroule en 1959 sur la plage de Brighton et le Palace Pier, une jetée sur laquelle est installée une fête foraine et divers petits stands.



Ronnie et Jack se rencontrent pendant leur service militaire. Ils ont tous les deux une enfance compliquée. Pendant la Seconde Guerre Mondiale Ronnie, comme beaucoup d'enfants londoniens, a été envoyé dans une famille à la campagne - en l'occurrence Oxford - où il a été élevé par un couple très prévenant. Le mari lui a même appris quelques tour de magie.



Jack chante et danse et il présente un spectacle de music hall au Palace Pier de Brighton. Il propose alors à son copain Ronnie d'y participer avec un numéro de magie. Mais il lui faudra trouver un assistant. Ce sera Evie, une jeune assistante, ancienne danseuse de revue. Ils seront Pablo et Eve et leur numéro fera rapidement la tête d'affiche. Ronnie et Evie sont fiancés, mais Jack est tombé amoureux de la jeune femme. A la fin de la saison, Pablo le magnifique va offrir un ultime spectacle époustouflant avant de disparaître, laissant Jack et Evie désemparés.



J'ai eu un peu de mal à m'attacher aux personnages, même si le récit de l'enfance de chacun est intéressant. Ils ont chacun un passé compliqué, des parents absents, des relations difficiles avec leur mère. Les difficultés des classes populaires d'après-guerre sont également présentes.
Lien : http://dviolante5.canalblog...
Commenter  J’apprécie          40
Le dimanche des mères

Nous sommes en Angleterre, le dimanche 30 mars 1924, au lendemain d'une guerre qui changea la société et amorça le déclin de l'aristocratie : des fils ne sont pas revenus, les domestiques masculins ont disparu et les automobiles ont remplacé les chevaux. Ce dimanche est celui des mères, à savoir que dans les grandes familles, les domestiques ont quartier libre pour rendre visite à leur maman. Chez les Niven, sont concernées la jeune servante orpheline Jane et Milly la cuisinière. Mais pour Jane Fairchild – Goodchild, Fairchild, Goodbody, etc. noms que l'on donnait dans les orphelinats aux enfants trouvés –, que faire sinon partir sur sa bicyclette en pique-nique et continuer ce livre qu'elle venait de commencer, d'un certain Joseph Conrad ?



Le 30 mars est aussi la date d'un rassemblement familial : afin de marquer les noces de leurs enfants, Paul Sheringham épousant dans quinze jours la riche héritière Emma Hobday, les Hobday ont invité les parents du garçon à déjeuner, ainsi que leurs amis, les Niven. Le temps est radieux, lumineux.



Pour Jane, le sort tourne : le téléphone sonne, elle prétend un faux numéro pour ne pas alarmer Mr Niven toujours à la table du petit-déjeuner, car Paul Sheringham, dont elle est l'amante de longue date, est au bout du fil. Il l’invite à le rejoindre, la maison familiale sera vide, il a conduit les domestiques à la gare pour l’excursion chez les mères. Cela s'apparente à un ultime rendez-vous amoureux secret, car dans la journée, Paul devra rejoindre sa fiancée Emma dans un restaurant sur la Tamise.



Ce dimanche va changer à jamais la vie de Jane Fairchild.



La jeune domestique a un autre amour, celui des livres et des mots. Graham Swift glisse subrepticement qu'à 80 ans, Jane sera devenue une écrivaine célèbre. À travers les bribes d'interviews données par la future romancière, Swift développe quelques réflexions sur la littérature, la fiction et la vie, ce qui est vrai, ce qui est mensonge. Cet étirement du temps alors que tout se concentre en une seule journée est une merveille.



Malgré sa façon crue d'exposer le sexe, le roman sensuel de Graham Swift est empreint de délicatesse, de sensibilité. Je vous invite à regarder la minute de présentation de La Procure où la libraire conclut avec une pointe d'émotion que ce roman l'a éblouie.



Cela donne envie de lire d'autres livres de Graham Swift, assez méconnu en terres francophones.
Lien : https://christianwery.blogsp..
Commenter  J’apprécie          52
Le dimanche des mères

Lu en 2019. Cette lecture ne m'avait pas procuré autant d'enthousiasme qu'à la majorité des lecteurs.

J'avoue m'être ennuyée dans la première partie du roman, malgré la sensualité de la plume, agacée par trop de répétitions. La seconde partie avait trouvé plus de grâce à mes yeux, autour de l'écriture et du travail d'écrivain... Certes, le sujet n'était pas déplaisant : une société anglaise meurtrie par la première guerre mondiale, avec le constat du déclin de tout un ancien monde.
Commenter  J’apprécie          50
Le dimanche des mères

30 mars 1924. Une journée de fête des mères qui fleure déjà bon le printemps dans le Berkshire et qui s'annonce sous les meilleurs auspices pour la jeune bonne des Niven, Jane, pourtant orpheline, et pour son aristocrate d'amant, Paul, qui s'apprête pourtant à épouser une jeune femme de son rang.

Une journée qui bouleversera à jamais la vie de ces jeunes gens...



Un destin incroyable que celui de Jane Fairchild qui a su puiser le meilleur dans ce qu'elle aurait pu considérer être le malheur de sa vie, celui d'être abandonnée dès la naissance.



Un livre qui réserve bien des surprises et suscite en nous une vraie réflexion sur le sens de la vie, sur la manière de l'aborder, d'en affronter les drames, et surtout d'en savourer les moindres instants de bonheur.

Commenter  J’apprécie          70
Le dimanche des mères

Le voilà terminé , malgré un démarrage compliqué, in fine, j’ai beaucoup aimé.

Le titre "le dimanche des mères" est original, c'est l'ancêtre de la fête des mères actuel. Un roman court 170 pages, idéal pour un week-end ou un challenge littéraire, comme celui ci " #petitmoispetiteslectures2024 . L'écriture est structurée par paragraphe, il n'y a pas de chapitre.

L'histoire est celle d'une femme de chambre, en Angleterre, elle a un amant qui est sur le point d'épouser une riche héritière...

Ce roman qui se déroule sur une seule journée, trace le portrait d'une femme de chambre. c'est un portrait féministe, sensuel, un hymne à la liberté, une tranche de vie après la première grande guerre. Magnifique.

Commenter  J’apprécie          10
Le dimanche des mères

Quel bijou ! Ce roman est court, mais il se lit lentement et se savoure, car chaque mot a son importance, sa signification bien précise, et contribue à instaurer une ambiance très sensorielle. On visualise les formes, les couleurs et les lumières, on ressent la chaleur et les odeurs, on entend les bruits avec les personnages... Et on est plongé dans ce contexte si particulier de l'aristocratie britannique des années 1920, qui se raccroche aux traditions d'un monde disparu pour surmonter l'effroi laissé par la Première Guerre mondiale et le vide des fils qui y sont tombé. Mais surtout, dans Le dimanche des mères, le choix de chaque terme, de chaque mode et temps verbal, participe de cette atmosphère unique, qui oscille en permanence entre réalité et fiction : on ne sait jamais vraiment ce qui est vrai, ce qui est faux, ou ce qui est imaginé par l'héroïne comme ce qui "aurait pu" se produire.



Car l'héroïne, Jane Fairchild, est loin d'être banale : orpheline, domestique chez les Niven, elle est aussi l'amante de Paul Sheringham, seul fils survivant d'une autre famille aristocratique et sur le point de se marier, et elle a su prendre son destin en main pour échapper brillamment à sa condition - comme on le découvre progressivement à travers les constants allers-retours entre passé et présent qui, de la même écriture subtile qui recrée avec merveille des scènes vivantes, distille avec une précision chirurgicale des informations au fur et à mesure, dans un désordre chronologique savamment organisé. Jane est forte, et elle ne cesse de nous surprendre, en même temps que l'intrigue elle-même qui, de roman érotique et amoureux se transforme en drame puis en récit de vie et en hommage à la littérature dans une mise en abyme raffinée.



Un vrai coup de cœur !
Commenter  J’apprécie          91
Le grand jeu

1959, dans une station balnéaire d’Angleterre. Les spectacles ont encore la côte en cette époque : magie, humoristes et belles assistantes. C’est au coeur du spectacle que va se jouer le destin de trois personnages liés par leur jeunesse et leur rêve d’une vie meilleure.

Trois personnages attachants que sont Jack avec sa perpétuelle bonne humeur, son charme qui fait tomber toutes les femmes à ses pieds et sa volonté d’aller toujours droit devant. Pablo (tiens, un prénom qui me dit quelque chose;-), à l’antipode de Jack, est un magicien de talent, imaginatif et romantique, ultra-sensible, au caractère introverti et aux yeux de braise. Et Evie, sublime, paraissant fragile et faisant tourner la tête de tous ceux qui la regardent.



Une belle histoire d’amour, d’amitié, contée avec pudeur et délicatesse. Une belle découverte.
Commenter  J’apprécie          250
Le grand jeu

Au cœur de l’été 1959, dans la station balnéaire de Brighton, va se constituer un trio magique. Trois jeunes gens qui se produisent chaque soir sur les planches pour divertir un public de vacanciers. Jack Robins, le maître de cérémonie, Ronnie Deane alias Pablo le magnifique et sa partenaire Evie White enchantent les foules. Mais en coulisses, les choses ne se passent pas tout à fait comme elles le devraient. Car si Pablo et Eve sont partenaires de scène, Ronnie et Evie sont aussi partenaires de vie et prévoient de se marier à la fin de la saison. Enfin ça, c’était ce qui était prévu avant que Jack ne succombe aux charmes de la jeune femme.



Graham Swift nous plonge au cœur du monde du spectacle, plus précisément de la magie, et au centre d’un trio dont l’équilibre va se trouver bouleverser.



A travers des allers-retours entre les différentes époques, il construit un récit qui amène le lecteur dans l’Angleterre des années 40, en pleine guerre, alors que le jeune Ronnie se voit confier à une famille d’accueil pour échapper aux bombes qui tombent sur Londres. C’est là qu’il va découvrir la magie et son pouvoir, grâce au couple Lawrence chez qui il vit. Une véritable passion qui va donc le conduire à vouloir monter sur scène, poussé en cela par Jack dont il a fait la connaissance à l’armée et sur les conseils de qui il va s’adjoindre les services d’une assistante. Et voilà comment Evie entre en scène et dans la vie de Ronnie et de Jack, en venant compléter le triangle.



On comprend très vite que le couple que forme Ronnie et Evie ne va pas survivre. Le sujet n’est pas tant leur séparation que la manière dont chacun va vivre avec cette nouvelle distribution des cartes amoureuses. Ainsi, l’auteur nous fait traverser les années pour nous amener à la rencontre d’une Evie âgée, qui se souvient de ces moments à Brighton, du moment où les choses ont basculé et de la tournure que sa vie, et celle de Jack, ont pris.



Comme dans Le dimanche des mères, on est ici saisi par la justesse des phrases, par l’atmosphère légèrement nostalgique qui se dégage du roman, par cette narration tout en douceur qui nous transporte dans un univers de faux-semblants et d’illusions.



La relation des trois personnages est ainsi auscultée, leur passé raconté pour expliquer leur présent, leurs vies entremêlées pour tisser un récit à la fois personnel et universel. Mais c’est aussi l’histoire de l’Angleterre qui nous est raconté à travers ces trois destins que les hasards de la vie ont réunis et qui sont marqués par le monde du spectacle auquel ils appartiennent.



Un récit sobre, presque minimaliste, qui se ressent au plus profond du cœur du lecteur sans qu’il soit besoin d’en faire ou d’en dire plus que nécessaire. Ce genre de roman qu’on pourrait croire léger mais qui marque l’esprit par ce qu’il rencontre d’écho auprès de celui qui le lit.
Commenter  J’apprécie          50
De l'Angleterre et des Anglais

J’ai eu un coup de cœur incroyable pour 𝑳𝒆 𝒅𝒊𝒎𝒂𝒏𝒄𝒉𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝒎è𝒓𝒆𝒔. J’étais impatiente de savoir si l’effet waouh serait le même… Moins.. car c’est un exercice différent que la nouvelle ! Mais j’y ai retrouvé la description d’un instant où tout capote, où tout peut arriver.

Avec ce recueil de 25 nouvelles, nous plongeons dans l’intimité la plus intense de personnes de conditions, d’époque, de milieux, de métiers, d’âge différents. Chaque personnage nous fait ressentir ses moindres envies, désirs, peines, drames intimes… des moments de vie presque banaux où le héros se demande ce qui va arriver, ce qu’il a fait, va faire… J’étais dans leur tête, vécu l’instant, faisais turbiner leurs neurones… Il est question de vie, amour, mort, désir, maladie, famille, chagrin, solitude, amitié, enfance….

Certaines m’ont plus émue que d’autres…

L’écriture est belle, l’ironie et l’humour anglais pointent toujours.. L’auteur est parvenu malgré la brièveté de la nouvelle à dépendre la psychologie du personnage à merveille, à les croquer en quelques pages.



La plupart n’ont pas vraiment de chute ce qui peut laisser le lecteur un peu en attente.



Une préférée ? Oh je n’ai jamais su choisir.. alors deux des plus poignantes ? «𝑭𝒖𝒔𝒊𝒍𝒍𝒊 » et « 𝐣𝐞 𝐯𝐢𝐬 𝐬𝐞𝐮𝐥 » et… ah vous avez dit deux ? dommage… Lisez ce recueil. Un conseil ? Commencez par la fin ? J’ai eu l’impression qu’elles étaient meilleures encore au fur et mesure de la lecture. Very british.




Lien : https://www.plkdenoetique.co..
Commenter  J’apprécie          40
Le dimanche des mères

Le 30 mars 1924, c'est le dimanche des mères en Angleterre.

Le personnel des maisons de bourgeoisie un peu finissante ont congé ce jour là.

Jane, qui s'apprêtait à passer sa journée à lire est conviée par Paul Sheringham à le rejoindre chez lui.

Ils sont amants depuis des années, mais être reçue chez lui est un immense privilège, d'autant qu'il se marie dans quinze jours avec une riche héritière.

Bien des années plus tard, devenue écrivaine, elle se souvient de cette journée particulière.

Un style qui apporte une ambiance surannée avec une touche de modernité.

C'est toute une atmosphère plus que des événements.

Un livre qui dépayse, dans le temps et dans les lieux, et qui laisse un souvenir emprunt du passé.



Commenter  J’apprécie          220
Le dimanche des mères

Le dimanche des mères de Graham Swift est un petit régal de lecture. Je l’ai fini il y a quelques temps et j’ai encore, des étoiles dans les yeux…



Le pitch : Berkshire, sud de l’Angleterre, 30 mars 1924. Jane (Jay) Fairchild, 22 ans, orpheline élevée dans un couvent, est domestique chez des aristocrates anglais les Niven.

Ce dimanche un peu spécial est celui des mères. Qu’est-ce ? Un dimanche où les domestiques peuvent rendre visite à leur maman. Va-t-elle passer la journée à lire ? Va-t-elle parcourir la campagne à bicyclette en cette belle journée printanière ?

Ce matin-là, chez les Niven, le téléphone sonne, Jane répond : Á l’appareil, Paul Sheridan, jeune homme de très bonne famille, son amant depuis sept ans. Il lui propose de le rejoindre dans la maison familiale vide en passant « par la porte de devant », et non par celle des domestiques ! Tous deux s’offrent pour la dernière fois un moment secret, Paul devant rejoindre la riche héritière Emma Hobday, sa future épouse. Ce dimanche des mères 1924 changera à jamais le cours de sa vie. C’est un roman très intimiste. Jane est la narratrice. Je ne vous en dis pas plus…

J’ai adoré :



Jay/Jane.

J’ai aimé la sensualité qui se dégage de cet écrit, la sensibilité, la poésie, la lenteur du récit et des descriptions, le petit gout d’interdit, de secret, les aller-retour passé, présent, futur, les scènes imaginées par Jane avec ces « Et si », l’humour, les paysages joliment décrits…

Le rhabillage de Paul que Swift décrit dans ses moindres détails, tout doucement, comme pour retarder l’instant où il devra filer vers sa fiancée.

Il est aussi question de différence de classe, de deuil, de réflexion sur les traditions, le changement sociétal, l’importance des livres pour s’extraire de sa condition.

𝑫𝒆 𝒅𝒆𝒔𝒕𝒊𝒏é𝒆 : 𝑺𝒊 𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒂𝒗𝒂𝒊𝒕 𝒆𝒖 𝒖𝒏𝒆 𝒎è𝒓𝒆, 𝒔𝒊 𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒏’𝒂𝒗𝒂𝒊𝒕 𝒑𝒂𝒔 𝒗𝒖 𝑷𝒂𝒖𝒍, 𝒆𝒏 𝒄𝒆 𝒅𝒊𝒎𝒂𝒏𝒄𝒉𝒆 𝒅𝒆 𝒎𝒂𝒓𝒔, Jane 𝒏𝒆 𝒔𝒆𝒓𝒂𝒊𝒕 𝒑𝒂𝒔 𝒅𝒆𝒗𝒆𝒏𝒖𝒆 𝒄𝒆 𝒒𝒖’𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒆𝒔𝒕 𝒂𝒖𝒋𝒐𝒖𝒓𝒅’𝒉𝒖𝒊…

Le moins, s’il en faut ?



Le vocabulaire un peu cru des premières pages m’a un tout petit peu gênée.
Lien : https://www.plkdenoetique.co..
Commenter  J’apprécie          10
Le dimanche des mères

J'ai découvert ce livre à travers la bande-annonce d'un film.



N'ayant pu me rendre en salle, j'ai donc opté pour le livre.



Ce fut une déception : cela ressemble plus à une nouvelle mal ficelée que l'auteur a essayé d'étirer en longueur qu'à un roman.

Je n'ai jamais été touchée par les personnages, à peine ébauchés ; même Jane reste à distance.

Un grand bof
Commenter  J’apprécie          10
Le dimanche des mères

Petit livre assez facile à lire. Je n'ai pas été une grande fan de l'écriture, trop appuyée à mon goût (on sent trop l'intention de l'auteur derrière, pour moi). Le livre est sympathique sans plus, selon moi, et fait une lecture rapide et facile. Disons qu'il ne faut pas en attendre trop et vouloir juste se détendre, et dans ce cas, c'est pas mal !
Commenter  J’apprécie          20
Le dimanche des mères

Je me suis passionnée pour Jane, orpheline et femme de chambre chez un vieux couple d'aristocrates et qui s'extrait de sa condition pour devenir écrivain. J'admire l'atmosphère de ce dimanche 30 mars 1924 en Angleterre tout en finesse et légèreté comme une crème fouettée. C'est ce dernier jour aussi où elle baisera avec Paul, un aristocrate qui épousera quinze jours plus tard Emma Hobday, une riche héritière. C'est entendu.

J'apprécie qu'un auteur masculin s'engouffre dans les pensées d'une femme. Dans le dimanche des mères, c'est Jane qui brosse l'univers dans lequel elle vit. Elle y ajoute sa couleur, ses impressions, ses sentiments, sa critique. La vie n'a pas été tendre. Elle s'est hissée dans l'échelle sociale jusqu'à devenir un écrivain reconnu et une vieille femme malicieuse et croqueuse d'histoires.

Je suis fan.
Commenter  J’apprécie          92
Le dimanche des mères

30 mars 1924. C'est le dimanche des mères. Une coutume bien différente de ce que de nos jours on appelle la fête des mères. À cette occasion, les aristocrates donnaient congé à leurs domestiques pour qu'ils puissent rendre visite à leur mère.



Jane Fairchild, vingt-deux ans, la femme de chambre des Niven est orpheline. Elle prévoit de s'échapper quelques heures pour pique-niquer dans la campagne ensoleillée du Berkshire en ce mois de mars qui ressemble à un mois de juin ou bien de se plonger dans un livre emprunté dans la bibliothèque de son employeur avec son accord. 

Mais ses projets se retrouvent bouleversés lorsque le téléphone sonne. Au bout du fil, Paul Sheringham, son amant depuis qu'elle est entrée au service des Niven. Ses parents absents, il l'invite à passer par la porte principale de la demeure familiale! 



Bien des décennies plus tard, elle se souvient de cette unique fois où ils se sont retrouvés dans la chambre de son amant, une sorte de cadeau d'adieux. Paul doit en effet épouser une riche héritière qu'il s'apprête d'ailleurs à retrouver. Que se serait-il passé si elle lui avait demandé de ne pas y aller? Mais aurait-elle pu formuler un tel voeu alors qu'elle n'était qu'une domestique? 



J'ai eu envie de découvrir ce roman publié  en 2017 après avoir vu la bande-annonce de son adaptation cinématographique " Entre les lignes" avec Colin Firth. Mais je voulais d'abord lire le livre avant d'éventuellement voir le film!  



J'ai beaucoup aimé ce récit de "vingt-quatre heures dans la vie d'une femme" dont le fil déroule les pensées et les hypothèses de Jane tandis qu'elle est allongée nue dans le lit de son amant puis lorsqu'elle se promène, toujours nue, dans le reste de la maison. Tout cela mêlé aux souvenirs de Jane âgée de 80 ans puis 90 ans. 



J'ai aimé que le récit soit centré sur elle, son regard sur cette société aristocratique en déclin dans l'entre-deux-guerres mais dont les différences sont toujours bien établies. Ce qui est souligné même dans la nudité des deux amants au début du livre. Alors qu' "elle était allongée, nue, à l'exception d'une paire - sa seule paire - de boucles d'oreilles de pacotille." et qu' "elle le regardait aller et venir à travers la chambe ensoleillée dans le plus simple appareil, à l'exception d'une chevalière en argent".



Bien sûr, j'aurais voulu connaître les circonstances du début de de cette idylle et connaître le point de vue de Paul mais ce n'est pas le sujet du livre. Il ne s'agit pas d'une histoire d'amour



Commenter  J’apprécie          10
Le dimanche des mères

Le soleil se lève sur un dimanche parfait ce 30 mars 1924 dans la campagne anglaise. Comme le veut la tradition, les domestiques ne travaillent pas ce jour-là et peuvent rendre visite à qui ils le souhaitent. Jane travaille pour les Niven et n’a pas de famille mais un plan bien particulier : Paul Sheringham l’a invitée chez lui, ce sera la première fois. Elle pourra passer par la porte de devant, ce sera leur dernière fois. Paul doit épouser Emma, une riche héritière et cela sonnera la fin de sa liaison avec la jeune femme de chambre. Un événement imprévu va cependant bousculer cette douce journée et changer Jane à jamais…



« Le dimanche des mères » est un tout petit roman, sorti il y a déjà quelques années et remis à la une grâce à une adaptation cinématographique. J’étais passée à côté, erreur réparée ! Cette histoire d’amour à priori banale est en réalité un petit bijou littéraire au charme suranné, et pourtant très actuel, sur la condition féminine et les transfuges de classe, sur la création littéraire et sur une époque révolue. Je me suis souvenue de mon amour pour la littérature anglaise et je rêve de me plonger dans le nouveau Lodge, de découvrir Coe et Swift évidemment ! D’autres auteurs à me conseiller (et du temps pour lire aussi s’il vous plait !) ?
Commenter  J’apprécie          60
Le grand jeu

Après le sublime roman " Le Dimanche des mères" de Graham Swift, il était évident que je replonge un jour où l'autre dans son univers et c'est avec "Le grand jeu" que je continue l'exploration.

Rien n'est plus agréable que de retrouver une écriture tant appréciée, un univers envoûtant qu'on reconnait dès les premières lignes.

Graham Swift a le don de nous conter les histoires d'hier avec ce magnétisme enchanteur, ce raffinement "So English" qui subjugue tout en immisçant la superbe.

Là encore, les personnages peuplant ses pages sont d'une intensité ébouriffante et l'authenticité , encore une fois, a la part belle, loin du sentimentalisme artificieux qui se répand et nous inonde, ici la musicalité des écrits ruisselle paisiblement , des mots émane ce charme séduisant qui nous mène dans l'antichambre de l'émotion.



"Le grand jeu" c'est le monde des arts, la magie opère, l'harmonie s'accomplit et la mélodie délivre l'éclat d'un trio prit dans le tourbillon de la vie.

L'élégance flirte avec les blessures individuelles, des amours contrariés ou réunis et la singularité de Graham Swift se situe principalement dans son exploration des âmes meurtries, dès lors, c'est toute l'essence de l'être qui imprègne le lecteur comme un éloge à la grâce.

Lumineux destin contre rêves évanouis, l'existence se mêle au monde du spectacle et devient elle même magicienne, parfois illusoire.

Photographie des destinées et des souvenirs , "Le grand jeu" sublime les épreuves et les cicatrices, élève l'amour et l'alchimie vers une liberté chaotique faite de réussite et d'épreuves au lendemain de la seconde guerre mondiale.



Encore une fois, Graham Swift à toutes mes faveurs et si je m'applique à tant écrire son nom c'est moins pour me convaincre de son talent que pour vous inciter à l'approcher. Lui aussi aura sorti le grand jeu en faisant de la réalité une illusion et inversement tout en veillant à ne jamais perdre son pinceau de grand maître peignant essentiellement les couleurs de l'arc en ciel derrière l'orage.



Graham Swift, "le grand jeu" ou la pureté de l'éloquence.



Commenter  J’apprécie          130
Le dimanche des mères

Après avoir vu le film, j'ai souhaité lire le livre pour y trouver ce qu'il m'avait manqué : du fond. Or je constate que le livre en est assez pauvre.

J'ignore si la traduction en est responsable ou si le texte d'origine était écrit de cette manière, mais je trouve la narration laborieuse.

Les multiples sujets abordés sont intéressants, mais à peine effleurés : différences de classes sociales dans une Angleterre d'après Première Guerre Mondiale, la mort, l'amour, le sexe, l'écriture et l'éducation des jeunes filles pauvres.

D'ordinaire, je trouve toujours les films décevants par rapport aux romans dont ils sont tirés, cette fois fait exception. J'ai trouvé cette lecture hautement facultative et ai trouvé davantage d'ampleur dans le film.
Commenter  J’apprécie          30
Le dimanche des mères

La chose importante à dire, c'est un roman très court : 176 pages, c'est vraiment court mais c'est ce qui rend l'exercice intéressant. Construire un roman envoûtant en si peu de pages, ce n'est pas donné à tout le monde ! Mais Graham Swift réussit l'exercice avec brio, on est de suite plongé dans l'histoire, mystérieuse et sensuelle. Comme le titre l'indique, ce roman se déroule pendant une seule journée, ce dimanche des mères 1924 (ancêtre de la fête des mères, pourrait-on dire) qui va faire basculer la vie de Jane, la narratrice. Un jour unique de mars pour toute une vie bouleversée, un jour unique qui s'étire, minute par minute, heure par heure avant de se contracter brusquement.



Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de roman anglais et encore moins de ce style, avec une plume particulière, un vrai exercice de style et de construction. Les phrases sont poétiques, sensuelles, c'est un véritable tableau qui est dépeint et décrit avec minutie, une jolie merveille à savourer lentement pour se plonger dans cette belle journée ensoleillée... Un dimanche pas comme les autres, un dimanche où les aristocrates en perdition, ces "chnoques", permettent à leurs domestiques de quitter le service et d'aller rendre visite à leurs mères. Sauf que Jane est orpheline, elle n'a pas de mère à voir alors ce jour est synonyme de liberté, un instant crucial qui va lui faire prendre conscience de qui elle est. On oscille entre poésie et parfois brutalité, un mot cru ou une scène dans toute sa nudité qui vient travailler le lecteur.



On a d'un côté Jane, cette femme de chambre orpheline mais lettrée, capable d'écrire, de lire, de compter et qui deviendra écrivaine, on le comprend assez vite. Au crépuscule de sa vie, elle revient sur cette journée qui a tout changé pour elle. Un exercice de souvenir alors qu'elle était domestique, dans une maison pas méchante mais une aristocratie déchue, une famille mélancolique après la perte de deux fils lors de la première guerre. De l'autre, on a Paul, son amant mais également un aristocrate, qui s'apprête à se marier avec une jeune femme de sa classe sociale. Un dimanche ensoleillé où les familles se retrouvent pour discuter du mariage à venir, une dernière tentative de vivre comme avant, une dernière tentative de croire encore... A travers leur relation, cette dernière journée qui marque la fin de ce qu'ils étaient, c'est tout une époque qui s'écrit.



Ca n'a pas été un coup de cœur absolu, peut-être n'étais-je pas dans le bon état d'esprit pour ça mais ça reste un magnifique roman, une très belle plume et un roman à lire !
Commenter  J’apprécie          20
Le dimanche des mères

Que peut faire Jane Fairchild de son congé en ce dimanche des mères de 1924, n'ayant aucune mère à visiter puisqu'elle est née libre de toute attache familiale, abandonnée à sa naissance ? Fort opportunément Paul l'appelle et la prie de le rejoindre dans sa grande demeure désertée par ses parents, incapables de gérer leur quotidien d'aristocrates sans leurs domestiques exceptionnellement libérées. Pour la première mais aussi la dernière fois, Jane entre comme une invitée par la grande porte de la propriété et non par les portes de service auxquelles sa condition sociale l'a condamnée.





Depuis 8 ans, Paul entretient une relation charnelle sporadique avec Jane, dont il a d'abord rémunéré les prestations six pence, puis par la suite plus rien du tout puisqu'ils trouvaient tous deux un intérêt mutuel dans leur transaction sexuelle ancrée dans l'instant. Ce 30 mars est une journée particulière dans la vie de Jane ; elle s'apprête sans avoir le droit de protester, à perdre – mais l'a-t-elle jamais possédé ? - Paul qui dans une quinzaine de jours épousera une jeune femme de son rang.





Le dimanche des mères est un roman surprenant de concision. En un peu plus d'une centaine de pages, et quelques détails historiques ou sociologiques choisis à merveille, Graham Swift restitue le contexte de l'après guerre de 1914-18 : les classes sociales sont peu à peu moins infranchissables ; la société est en cours de mutation sous l'influence de l'effacement d'une entière génération de jeunes hommes et de l'émergence timide de technologies nouvelles. Grâce à son style direct parfois moucheté de détails crus, le lecteur saisit l'air du temps, celui d'un monde en deuil après la boucherie, après laquelle la discipline de fer qui régnait avant l'hécatombe, exercée dans tous les domaines, se relâche lentement. Lorsque Jane demande l'autorisation d'emprunter un livre dans sa bibliothèque, Mr Niven ne lui répond pas : « Pour qui vous prenez-vous ? » comme il l'aurait fait quelques années auparavant mais donne un accord coopératif pour assister une jeune bonne affamée de connaissances, dans son émancipation ... Car les Niven comme tant d'autres parents ont constaté où les a menés la discipline ; ils ont perdu deux fils en pleine jeunesse, deux « vaillants garçons », en quelques mois, fauchés par la mitraille. Le dimanche des mères est donc autant douloureux pour les mères n'ayant plus de fils porteurs de bouquets de fleurs que pour les enfants nés orphelins. Leurs chagrins se répondent ignorant leurs différences.





Quoi qu'il en soit, au cours de cette journée à la fois chaude, nostalgique et triste, grâce à sa détermination, son appétit de vivre féroce reçu en unique cadeau de naissance, Jane franchit les premières insurmontables barrières pour transformer sa condition d'orpheline, bonne et prostituée, en celle – des décennies plus tard – de femme célèbre, veuve, sans enfant, et très courtisée par les media. Aurait-elle pu construire cet avenir arraché à ses origines si elle avait eu une mère chez qui se rendre ce dimanche là ? Un beau portrait de femme pugnace, un beau roman d'espérance pour tous ceux dépourvus de cuiller en argent entre les dents à leur naissance.



« Comment peut-on devenir quelqu'un si l'on n'a pas d'abord été personne ? »

Commenter  J’apprécie          80




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Graham Swift (1786)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz Harry Potter (difficile:1-7)

De quoi la famille Dursley a-t'elle le plus peur?

des voisins curieux
des hiboux
de Harry
de tout ce qui peut les faire paraître étranges

20 questions
8186 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}