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Citations de Günter Grass (223)


Ce n’est que lors de son occupation favorite, la cuisine, qu’il devenait plus différencié, voire sensible et, pour ce motif, respectable.
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Non, les clients de Schmuh ne voyaient rien non plus, ils avaient les yeux pleins de larmes. Non pas que leurs cœurs fussent trop pleins ; il n’est pas dit que les yeux débordent tout de suite quand le cœur est plein ; beaucoup n’y arrivent jamais, surtout depuis quelques décennies ; c’est pourquoi notre siècle sera dénommé plus tard le siècle sans larmes, bien qu’il ait apporté partout tant de souffrances.
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Avez-vous déjà vu une tribune par-derrière ? On devrait familiariser tous les hommes – simple proposition – avec la vue arrière d’une tribune, avant de les rassembler devant.
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Pendant assez longtemps, je n’entendis que les plaintes de maman et un murmure voilé venu de la salle de séjour. Jan calmait Matzerath (mon père). Matzerath priait Jan de calmer maman. Le murmure maigrit, Jan pénétra dans la chambre à coucher. Troisième acte : il était debout devant le lit, il considérait alternativement maman et la Madeleine pénitente ; il s’assit avec précaution sur le bord du lit, caressa le dos et le séant de maman couchée à plat ventre, lui tint en kachoube des propos lénifiants et finalement – comme les paroles n’y faisaient rien – il lui passa la main sous la jupe jusqu’à ce qu’elle cessât de gémir et qu’il pût quitter du regard la Madeleine aux mille doigts. Il faut avoir vu Jan, son travail achevé, se relever et s’essuyer les doigts à son mouchoir, puis dire à maman, à haute voix et non plus en kachoube, afin que Matzerath pût le comprendre de la salle de séjour ou de la cuisine, énoncer en accentuant chaque mot : « Eh bien, viens, Agnès, nous allons maintenant enfin oublier ça. Depuis belle lurette Alfred a emporté les anguilles et les a balancées dans le chose. Maintenant nous allons taper un brave skat, au quart de pfennig ma foi, et quand nous aurons tout cela derrière nous, Alfred nous fera des champignons et des œufs brouillés avec des pommes de terre sautées. »
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Avez-vous jamais vu une tribune par-derrière ? On devrait familiariser tous les hommes – simple proposition – avec la vue arrière d’une tribune, avant de les rassembler devant. Quiconque a jamais regardé de dos une tribune, l’a bien regardée, reçoit sur l’heure un signe et devient par là insensible à toute sorcellerie célébrée comme ci ou comme ça sur une tribune. Même remarque pour la vue arrière des autels d’église.
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Je n’insisterai pas sur les pigeons, bien qu’il soit dix fois admis que les pigeons sont matière à littérature. Un pigeon ne me dit rien, une mouette me dit davantage. La colombe de la paix me semble un pur paradoxe. Je confierais un message de paix plutôt à un vautour ou même à un vautour charognard qu’au pigeon, le plus grincheux des locataires qu’il y ait en ce bas monde.
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C’était pire quand maman m’accompagnait dans le Kleinhammerweg et assistait aux leçons dans le logement au-dessus de la boulangerie. Cela dégénérait parfois en orgie ; cela devenait une fin en soi, ce n’était plus une leçon pour le petit Oscar. Toutes les trois phrases s’élevait un petit rire à deux voix qui rendait les lèvres sèches et crevassées ; cela rapprochait les deux femmes mariées, pour peu que Raspoutine en ait envie ; cela les rendait inquiètes sur les coussins du divan ; cela leur inspirait l’idée de serrer les cuisses. Alors le hi-hi bovin du début s’achevait en soupir.... Enfin, quand les deux femmes avaient dit mon Dieu mon Dieu et qu’elles rétablissaient de tapotements gênés leurs coiffures défaites, maman exprimait des scrupules : « Est-ce que réellement Oscar n’y comprend rien ? » « Mais comment donc, intervenait Gretchen, rassurante, je me donne pourtant bien du mal, mais il n’apprend pas du tout, et il n’apprendra sans doute jamais à lire. ».
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Je restai l’enfant de trois ans, le gnome, le Petit Poucet, le nabot qui ne veut pas grandir ; pourquoi ? Pour échapper à des distinctions comme le petit et le grand catéchisme ; pour n’être pas à l’âge dit adulte, un mètre soixante-douze, livré à un homme qui, debout à se raser devant la glace, se nommait mon père ; pour n’être pas contraint de reprendre une boutique qui, selon le vœu de Matzerath, devait – denrées exotiques – signifier pour un Oscar majeur l’univers des adultes. Pour ne pas faire sonner un tiroir-caisse, je me cramponnai au tambour et à partir de mon troisième anniversaire je ne grandis plus d’un doigt ; je restai l’enfant de trois ans, mais aussi de trois sagesses, que surplombaient tous les adultes, qui ne voulait pas mesurer son ombre à leur ombre, qui était parfaitement achevé au-dedans comme au-dehors. Alors que ceux-là, les adultes, ne font jusqu’à la vieillesse que rabâcher l’histoire de leur développement, je fus l’enfant qui comprit tout seul ce qu’ils n’apprennent qu’avec tant de peine, souvent dans la douleur, au fil de leur expérience ; l’enfant qui, pour démontrer que quelque chose grandissait, n’avait pas besoin de porter chaque année des chaussures et des culottes plus grandes.
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Si un jour nous goûtons de l’Enfer, un des tourments les plus recherchés sera d’enfermer ensemble dans une pièce l’homme avec les photos encadrées de ses jours terrestres.
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Maman pensait moins au magasin, plus à la layette de son fils. « Là, je savais bien, dans le fond, que c’était un garçon, même si j’ai dit quelquefois que ça serait une poulette. »
Ainsi je fis prématurément connaissance avec la logique féminine et j’entendis ensuite : « Quand le petit Oscar aura trois ans, il aura un tambour de fer battu. »
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Hier dans le public, plus de femmes que d'hommes. Il est vraisemblable que, sans lectrices, il n'y aurait plus de littérature.
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Un nombre inquiétant de mes confrères écrivains, naguère capables de réciter le discours antifasciste rattrapé en cours du soir (ou vraiment à eux) se retrouvent en ce moment d'une humeur "nationale" qui frise l'abrutissement.
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Aujourd'hui, dans la vieille maison, attrapé une grande sauterelle, mise à conserver dans le schnaps. Une fois que l'alcool sera évaporé et qu'elle sera sèche, je vais la dessiner à la mine de plomb.
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Ach Iselbill ! J’ai rêvé que le Turbot te parlait. Je vous entendais rire tous les deux. La mer était d’huile. Vous étiez en train de faire l’avenir. Et moi j’étais loin à l’écart, aboli. Existais encore à seul titre de référence. Un homme avec son histoire vécue : il était une fois...
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Souvent j'essaie d'être triste.
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Mais la photo qui est devenue célèbre après la guerre, c'est celle qui montre des femmes et des enfants les mains en l'air. (...) Et au premier plan un mignon petit gamin juif, avec ses chaussettes et sa grande casquette de travers. Vous connaissez sûrement cette photo. Elle a été reproduite des milliers de fois. En Allemagne et à l'étranger. Même sur des couvertures de livres. Un vrai culte, autour de cette photo, et qui dure toujours. Naturellement, sans le nom du photographe, jamais... Ça ne me rapporte pas un pfennig... Pas le moindre mark... Droit d'auteur, tu parles!... Pas le moindre honoraire... J'ai fait le calcul un jour... Si j'avais touché cinquante marks par reproduction, j'aurais sur mon compte, pour cette seule photo.... Non, je n'ai pas tiré un seul coup de feu. Pourtant, toujours en première ligne. Vous connaissez ça. Il n'y a que des photos... Et les légendes manuscrites, naturellement... D'une écriture tout à fait démodée, ancienne... Des documents extrêmement importants, on le sait aujourd'hui...
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Si un jour nous goûtons de l'Enfer, un des tourments les plus recherchés sera d'enfermer ensemble dans une pièce l'homme avec les photos encadrées de ses jours terrestres.
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Kinderlied

Wer lacht hier, hat gelacht?
Hier hat sich’s ausgelacht.
Wer hier lacht, macht Verdacht,
daß er aus Gründen lacht.

Wer weint hier, hat geweint?
Hier wird nicht mehr geweint.
Wer hier weint, der auch meint,
daß er aus Gründen weint.

Wer spricht hier, spricht und schweigt?
Wer schweigt, wird angezeigt.
Wer hier spricht, hat verschwiegen,
wo seine Gründe liegen.

Wer spielt hier, spielt im Sand?
Wer spielt, muß an die Wand,
hat sich beim Spiel die Hand
gründlich verspielt, verbrannt.

Wer stirbt hier, ist gestorben?
Wer stirbt, ist abgeworben.
Wer hier stirbt, unverdorben,
ist ohne Grund verstorben.
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On peut commencer une histoire au milieu et, avançant et rétrogradant à grands pas audacieux, semer la confusion. On peut jouer les modernes, effacer tous les temps, toutes les distances et proclamer après coup, ou laisser proclamer, qu'on a enfin et à la toute dernière minute résolu le problème espace/temps. On peut aussi affirmer d'emblée que de nos jours, il est impossible d'écrire un roman, mais ensuite, pour ainsi dire dans son propre dos, déballer un gros pavé de gare, pour faire figure, en fin de compte, de dernier romancier possible.
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Et le Grand Mahlke, avec ses bras en anses de cruche, suivit le professeur Klohse dans le cabinet directorial et, en franchissant la porte, ôta son calot de ses cheveux raides : son occiput était bosselé. Un lycéen en uniforme était sur la voie d'une grave discussion dont je n'attendis pas l'issue, bien que mon attente fût extrême : j'aurais bien voulu savoir ce que la souris déjà bien réveillée et avide d'entreprises dirait après la discussion à ce chat qui, bien qu'il fût empaillé, rampait toujours.
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