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Critiques de Hanns Heinz Ewers (20)
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L'araignée et autres contes fantastiques

Un jeune étudiant en médecine, Richard Bracquemont, a établi ses quartiers au n° 7 de l'hôtel "A. Stevens" au n° 6 de la rue du même nom.

Auparavant trois personnes se sont pendues, trois vendredis consécutifs à la croisée de sa fenêtre.

Le premier, un voyageur de commerce suisse a été retrouvé se balançant au bout d'un solide crampon qui servait manifestement à suspendre les vêtements ; c'est l'absence au cirque Médrano de de Karl Krause à la représentation du vendredi qui alerta les amis de ce transformiste à bicyclette ; un agent de police, intrigué par ces deux suicides étranges, s'installa un jeudi soir dans la pièce mystérieuse...au matin du samedi, on le retrouva pendu au crampon de la croisée....

Cette nouvelle, "l'araignée", qui a donné son nom au recueil, est un texte sombre, mystérieux et macabre.

Hanns Heinz Ewers est un auteur allemand. Il est né à Düsseldorf en 1871.

Son oeuvre, très inspirée par le souffle d' Edgar Allan Poe, est empreinte du style surréaliste, très sombre, érotique et parfois grotesque de la fin du 19° siècle.

Les textes contenus dans ce recueil ont été écrits entre 1907 et 1943. Hanns Heinz Ewers est aussi l'auteur du formidable et baroque recueil de nouvelles intitulé "Dans l'épouvante".

Très contesté, Il est, malheureusement, un auteur qui a été très peu traduit.

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Edgar Allan Poe

Dans cet essai assez court -une cinquantaine de pages- Hanns Heinz Ewers (1871-1943), l'auteur allemand de Mandragore, écrivain du fantastique et de" l'horreur" (lire son recueil de nouvelles "Dans l'épouvante") rend un hommage à Edgar Allan Poe, sans cacher le penchant excessif de l'auteur de "La chute de la maison Usher" pour l'alcool.



Poe buvait, Hanns Heinz Ewers l'explique avec un lyrisme d'un littérateur admiratif d'un autre :



"Il picolait. Mais le faisait sciemment. il le faisait pour parvenir à cet état d'ébriété grâce auquel il pourrait créer -peut-être des années plus tard- de nouvelles valeurs artistiques. Une telle ivresse n'est pas un plaisir. C'est une épouvantable torture qui ne peut être ardemment désirée que par celui qui porte au front la brulante marque d'un Caïn de l'Art."



Un bel hommage à l'écrivain américain, joliment agrémenté de quelques illustrations, et complété par la traduction allemande par Hanns Heinz Ewers du long poème le Corbeau ( Der Rabe) qui, il est vrai ne présente un réel intérêt que pour les germanophones, mais trouve tout à fait sa place dans ce petit ouvrage édité par le Visage Vert.
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Récits cauchemardesques



Dans ses contes gothiques, sexuels et sensuels, pédophilie, nécrophilie, morbidité et profanations de toutes sortes, rien n'a arrêté Hanns Heinz Ewers.

Entre danses macabres et provocations littéraires, douze nouvelles composent le recueil des Récits cauchemardesques. L'écrivain sulfureux donne toute sa mesure et l'impression réjouissante, pour le lecteur, qu'il se demande jusqu'où il pourra aller.

Ne reculant devant aucun sacrilège, aucune provocation, ni aucune perversion, Ewers peut être qualifié d'auteur transgressif.

En devenant complice des turpitudes des sinistres héros, nous sommes les cobayes d une expérience littéraire qui pénétre notre inconscient et c'est entre attraction et répulsion que l'on termine chaque nouvelle.

Jusqu'où ira-t-il cette fois encore. dans cet ouvrage troublant et angoissant dans une nouvelle traduction qui redonne toute leur force aux récits du célèbre écrivain allemand.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dans l'épouvante

10 histoires d'horreur d'une facture remarquable et délicieusement morbides. L'écriture m'a semblé assez simple mais puissante et les sujets fortement captivants. Cet auteur sait vraiment comment ménager ses effets. La plupart des nouvelles ont un côté dérangeant qui installe un sentiment de malaise. La plupart aussi ne sont pas nécessairement de nature fantastique, comme le fait remarquer mduquet. En marge de l'horreur principale au menu dans une histoire donnée, une horreur secondaire rampe souvent à l'arrière plan, qui résulte d'une peinture des vices de l'humanité. L'auteur ne se contente pas de pointer cette plaie, mais y met le doigt et applique une pression. Mise à part peut-être la première qui est vraiment très courte, toutes m'ont paru de haut niveau et en choisir des favorites est difficile. ''Le coeur des rois'', peut-être...
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L'apprenti sorcier

Qui sème le vent récolte la tempête.



Toute la vérité de cet adage viendra happer le personnage nommé Frank Braun. Capable d'émerveillement comme de la plus abjecte et malsaine désinvolture, l'ambivalence du caractère de cet anti-héros des plus intéressants inspire un mélange de fascination et de répulsion, autant aux autres personnages qu'au lecteur téméraire.



Il s'installe dans un petit village montagnard reculé, où se déroule une petite hérésie religieuse. Amusé de cette particularité de son lieu de séjour, il apporte son grain de sel à la situation. Bientôt, les choses prendront des proportions prodigieuses qui échappent à tout contrôle.



De façon insidieuse, l'auteur sonde les pulsions humaines et remuera les fibres de votre être. Attention aux âmes sensibles : il y a matière à entrer en pâmoison, certaines scènes sont à la limite du supportable.
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L'araignée et autres contes fantastiques

Ce recueil de Hanns Ewers commence par la plus célèbre de ses nouvelles, l'Araignée. Quand je dis célèbre, c'est très relatif, Ewers étant un des auteurs de littérature fantastique le plus méconnu. Côté érudition fantastique, il est blindé. Il traduit les oeuvre d'Auguste de Villiers de l'Isle Adam. Il écrit un court ouvrage sur E.A. Poe. Je gage qu'il connaît Maupassant et la plupart de ses contemporains. Il admire Oscar Wilde sur qui il écrit une nouvelle assez originale. D'ailleurs, il est apprécié d'Huysmans, entre autres. C'est dire l'aura, à l'époque, d'Ewers. Côté érudition "ethnique", il parcourt le monde en tous sens. L'Amérique du Sud, du Nord, les Antilles, etc. Il se sert de ses connaissances pour étoffer ses nouvelles. On pourrait, par analogie à notre époque, parler d'un baroudeur... très dandy quand même, mais il roule sa bosse. D'ailleurs, ses nouvelles sont très souvent écrites à la première personne, comme s'il nous racontait un souvenir de voyage. C'est très fort.



Dans les biographies qui sont consacrées sur le Net à Hanns Ewers, on met le manque de notoriété d'Ewers sur un passage "à vide" de l'auteur. Quand il se laisse attirer par les sirènes du nazisme. Clairement, l'âme romantique d'Ewers va être attirée par l'impérialisme nazi. Il est à New York en 1914 et il est courtisé par l'Ambassade allemande. Il va s'ensuivre une période où il se rapproche du pouvoir, pour finir par tomber en disgrâce. Ses oeuvres seront interdites, même. Il aidera des amis juifs à échapper au régime. Dans ses nouvelles, pas d'antisémitisme, mais fort souvent des critiques à l'encontre des Allemands et une piètre opinion de ses concitoyens.



Revenons à l'Araignée... une nouvelle assez claire sur des suicides étranges qui ont lieu dans une chambre d'hôtel. On va suivre un jeune homme chargé d'écrire un journal, de manière à trouver l'origine des suicides. Par la fenêtre, il voit une jeune femme dans la maison d'en face et il est séduit. Il va tomber sous l'emprise de cette beauté, comme une mouche dans une toile d'araignée. On est dans du Sheridan le Fanu, à mon avis, ou dans le Repaire du Ver Blanc de Bram Stoker. C'est bien écrit, mais cela m'a fait l'effet de déjà-vu. Il y a bien mieux dans le recueil.



L'intérêt des nouvelles d'Ewers réside dans l'observation de l'âme humaine, des ressorts comportementaux, des relations entre les personnes, de la vie en société. C'est en ce sens qu'on dit de lui qu'il préfigure la psychanalyse. Il y a un côté romantique, "fin-de-siècle", chez Ewers. Et de l'expressionnisme. Il était très attiré par le cinéma. Mais il se base sur de la science aussi, fort souvent. Et il le fait pour mieux amener l'explication fantastique, comme dans les nouvelles gothiques. Comme chez Poe, qui est clairement un modèle.



La qualité des nouvelles doit surtout au climat malsain, occulte et souvent teinté d'érotisme latent. Beaucoup de non-dits. Une recherche esthétique, ce qui l'a sans doute projeté dans le nazisme aussi. Il aime raconter l'épouvante au quotidien. Il distille les éléments pour arriver à un climax, à une chute, souvent bien pensée.



Les nouvelles qui se détachent distillent une horreur qui préfigure Lovecraft et les Grands Anciens. Une sur le vaudou, pleine de sexe brut, de stupre et de sacrifices. Une sur des corps momifiés. Une où le personnage principal déterre le cadavre d'un suicidé pour gagner les faveurs de la fille du décédé. Et une sur un peintre tombé amoureux d'une jeune femme morte des milliers d'années auparavant et prisonnière d'un bloc de glace. Ce sont des nouvelles d'une modernité de ton, pleines d'imagination et de punch. Au-delà de cela, il va traiter l'homosexualité et l'intolérance dans la nouvelle où Oscar Wilde lui parle. Il aborde aussi la schizophrénie (avec la transsexualité également) de manière fort scientifique avec une chute pleine d'humour. Il n'y a pas suicide, vu qu'une personnalité à voulu tuer l'autre...



Le hic vient surtout du recueil lui-même. Pas de préface, à peine une postface. Pas de titres originaux des nouvelles. Pas de dates où elles ont été écrites. C'est très chiche pour une anthologie d'un auteur injustement méconnu.
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Dans l'épouvante

L'auteur, Hanns Heinz Ewers, est né en 1871 et mort en 1943 à Düsseldorf.

Il fut un grand voyageur et s'intéressa à toutes les formes de fantastique.

Il a signé également "Mandragore" et "l'apprenti sorcier" que je ne connais pas. Ce livre est un recueil de nouvelles horrifiques de la fin du 19ème où début du 20ème siècle.

Elles en ont l'ambiance et la tournure, une forme un peu désuète, poussiéreuse qui rajoute au charme et à l'horreur.

Ces dix nouvelles sont autant de petits joyaux contenus dans cet ouvrage qui vous feront frissonner...
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Mandragore

Cela débute avec une réunion mondaine au cours de laquelle un jeune homme entend raconter le mythe de la mandragore. Ce jeune homme avide d'aller au fond des choses et de tout ressentir n'est autre que Frank Braun, également présent dans ''L'apprenti sorcier''. Exalté par ce qu'il vient d'entendre, il imagine un moyen pour incarner l'esprit de ces légendes dans un être de chair et de sang, et de la sorte faire basculer le mythe dans la réalité. Après quelque temps, l'expérience sera tentée ; que ressortira de tout cela ?



Une histoire sombre et captivante comme H. H. Ewers sait en concocter. Il excelle dans la peinture de la décadence humaine. Toute cette société de personnages gangrenés de défauts et de vices qu'il met en scène est peu recommandable, mais la palme revient à cette jeune fille, enfant adoptive du notable Ten Brinken, avec son irrésistible aura magnétique et sa vénéneuse influence...



Jusqu'à maintenant, toutes mes incursions chez M. Ewers valaient amplement le coup. Un attrait quasi-hypnotique m'a soutenu tout le long de ce roman qui ne date quand même pas d'hier (1911). Ce fut un plaisir de retrouver Frank Braun, personnage équivoque à la moralité plutôt fluide. Heureusement, quoique pas facile à dénicher, il reste encore quelques titres de cet auteur devant moi.
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Mandragore

Cette note n'est pas une critique du texte, que j'ai trouvé excellent et sur lequel je ne m'étendrai pas, mais de l'édition catastrophique de Terre de Brume parue en 2018.

J'imagine que le texte a été scanné à partir d'une précédente édition. le problème est que les logiciels de reconnaissance de texte sont loin d'être infaillibles et que, de toute évidence, personne n'a effectué de relecture avant l'impression. le texte est cousu de coquilles. Mots mal reconnus, ponctuation manquante ou fantaisiste, c'est un vrai festival de la première à la dernière page. Je peux tolérer ce genre de problèmes dans un ebook gratuit téléchargé sur le Net, dans un ouvrage à 20€, ça me reste un peu en travers de la gorge. Je ne peux pas m'empêcher de voir ce manque de soin pour la correction comme une marque de mépris flagrante de l'éditeur pour son lecteur. Je regrette amèrement de ne pas avoir opté pour une des éditions précédentes d'occasion.
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Dans l'épouvante

Ce livre a été une belle découverte pour moi. Il s'agit d'un livre d'épouvante que les histoires mon presque autant effrayé que celle de Lovecraft, on est loin de dimension fantastique, créature étrange ou spectre diabolique.



Il s'agit d'un recueil de plusieurs petites histoire. On y est plongé dans ce qu'il y a de plus sombre et vil dans le comportement humain. Les forces du mal sont déployé par les bas instinct et la soif de l'occultisme de l'homme. Le théâtre de l'horreur se passe à l'époque de l'auteur soit au début du 20ièmes siècle, il nous transporte dans les léproseries Haïtienne, dans les corrida espagnole ou dans un café du coin, en apparence anodin mais cruellement macabre. Oui macabre est le meilleur synonyme pour décrire ce roman. Ceci à éveiller en moi le goût d'en découvrir plus sur cet auteur.



J'ai bien aimé également le côté poétique et vieillot de ce roman, dans certaines histoires l'auteur m'a perdu un peu avec des envolés poétique et description fastidieuse, mais ces situations ont été assez rare et courte. Également peut être la cause étant l'époque ou les stéréotype de l'auteur, le langage raciste est un peu dérangeant à quelque reprise.
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Mandragore



Ah ! Hanns Heinz Ewers... Quel auteur fascinant !



Dandy allemand à la culture classique, il arpente au tout début du XXe siècle une partie du globe en aventurier (Amérique Latine, Caraïbes, Europe, États-Unis...). Sans doute, il se plaît dans sa figure d'artiste sans frontières et il y a dans cette philosophie quelque chose de très lumineux.

On se demande alors pourquoi se tourner vers le fantastique, le macabre et l'épouvante : genre à la mode dans la bourgeoisie de la Belle Époque ? Véritable amour pour la peur ? Esprit de provocation ?



Provocateur, H.H.Ewers l'est assurément. Ses nouvelles, avec lesquelles je l'ai découvert (Recueils "L'Araignée" chez Marabout et "Dans l'épouvante" chez J'ai lu), ont toutes en elles une tension malsaine, une acidité, regorgent d'allusions plus ou moins explicites qui rendent la lecture difficilement soutenable, même pour un lecteur du XXIe siècle ; dans la provocation, Ewers est un moderne.



Le roman Mandragore ne déroge pas aux règles de sa plume. Dans la forme, en décidant d'investir cette figure noire, mythique et mystérieuse, il inscrit son récit dans la lignée des auteurs romantiques se rappelant au bon souvenir du Moyen-Age. Stylistiquement parlant, le chapitrage et les intermede évoquent la pièce de théâtre ou l'opéra. Certains passages à partir du 14e chapitre (les plus ampoulés et mièvres, les moins digestes) assument de longues et précieuses descriptions de jardins, de plantes, et de reliefs aux aspirations gréco-romaines.

Dans le fond en revanche, il attise les braises du malsain : Mandragore est une jeune fille qui a le pouvoir (incontrôlable) de provoquer le désir, la folie passionnée, et la mort. Née de l'insémination artificielle d'un meurtrier guillotiné et de la plus dévergondée des putes, tout depuis la naissance est synonyme chez la jeune fille d'immoralité, d'impiété, et de vice.



H.H.E. provoque ? On l'a vu. Mais ici, rien n'est gratuit.

En la personne de Frank Braun, vrai protagoniste du récit, et incarnation dans le roman de Hanns Heinz Ewers lui-même, l'auteur développe une vision de la société allemande. La société dans laquelle il évolue est celle des cercles bourgeois où règnent le paraitre, le faux semblant et les plaisirs. Ce sont des héritiers fortunés qui méprisent le travail, multiplient les investissements pour s'enrichir, méprise le Peuple et côtoie la mort et le sexe par pur jeu. Rien d'étonnant à ce que l'idée de faire renaître Mandragore éclose dans une telle société.

Le livre est ainsi un prétexte pour dresser une vision de l'Allemagne. Elle est radicale et la jeune fille Mandragore n'est qu'une illustration de sa déliquescence. Frank Braun discutent à table avec ses amis haut placés, et à la lueur d'une introspection bienvenue, observera la société qu'ils forment et le monde qu'ils représentent. Pour ce dernier il aura une dernière pensée cinglante : "Seulement... c'est mort. C'est mort depuis longtemps et cela va vers la décomposition, mais, à vrai dire, ces messieurs ne le remarquent pas !' (pp.345-346 de l'édition C.Bourgois). L'Allemagne sombre, et elle sombre dans la frivolité des discussions d'une bourgeoisie mondaine. Hanns Heinz Ewers visionnaire ? le roman est publié en 1911...



Mais la critique repose sur une ambiguïté qu'il est nécessaire de souligner. Frank Braun/H.H.E. est lui aussi un bourgeois, lui aussi un décadent. Voire même le pire de tous. N'est-ce pas de son esprit malade que naît l'oeuvre odieuse ? Et n'est-ce pas encore la fièvre de son personnage qui ramène à la vie Mandragore ?

On se demande alors comment l'auteur peut ou veut se positionner face aux comportements des personnages qu'il condamne, comme il embrasse.



On peut par exemple parler de la pédophilie. Elle est inhérente au récit sans jamais être clairement explicitée. Les allusions à la jeunesse des filles est omniprésente, Mandragore fait l'objet de fantasmes charnelles chez les hommes et les femmes, alors qu'elle n'est qu'une enfant. On retrouve cette situation dans d'autres oeuvres de Ewers : la nouvelle La Mamaloi où un vieil allemand installé dans les Caraïbes profite de son statut de propriétaire opulent pour violer à loisir les petites filles de l'île. Un exemple qui rappelle le parcours d'un autre artiste et aventurier de la période, un certain Paul Gauguin... Si ici ou là on pointe du doigt le caractère déplacé de l'acte, c'est un leitmotiv régulier qui ne semble pas être un vrai sujet d'immoralité pour autant. Aussi à travers cette exemple symbolique on est en droit d'interroger la part de décadence de Ewers l'auteur, l'homme, sans pour autant lui prêter de procès d'intention post mortem trop vite, mais en évitant tout autant les raccourcis faciles à la "autres temps, autres moeurs".



Ewers fascine, parce qu'il est ambigu.

Tantôt génie du macabre, tantôt l'incarnation personnifiée du mal dans ses récits. Tantôt observateur avisé de son temps et ouvert sur le monde, tantôt citoyen allemand proche du Parti Nazi et familier avec Hitler...



Le roman Mandragore est aussi sombre et cruel que les nouvelles de Ewers. Si j'ai regretté certains passages descriptifs assez pesants et des incohérences narratives injustifiées (pourquoi Frank Braun disparaît du roman alors que son oncle lui a confié une mission auprès de la mère de Mandragore ? Il ne s'en acquittera jamais et il n'en sera jamais plus question tout au long du roman), la lecture est fluide, riche en péripéties, et la dernière partie est inspirée, pleine de tableaux somptueusement gothiques (comment ne pas penser au Dracula de B.Stoker?).
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L'araignée

Recueil de nouvelles de cet auteur allemand qui a fuit son pays car il ne cautionnait pas ce que faisait Hitler, de qui il était l'ami avant son arrivé au pouvoir. Il lui dit d'ailleurs, sa façon de penser, et le fürher lui répondit de partir avant qu'il ne soit trop tard pour lui aussi...

Les nouvelles de Hanns Heinz Ewers sont fantastiques dans la plus pure tradition gothique, sombres, belles, avec ce goût légèrement suranné qui ajoute à leur charme.

A lire aussi de lui, pour baigner dans l'atmosphère fantastico-gothique du début vingtième siècle, Mandragore, ou l'histoire d'une jeune fille dont l'amour était toxique...

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Dans l'épouvante

Heinz Ewers est le produit de son époque, et de son pays. Ainsi s'explique par son appartenance au parti nazi l'immondice qui transparaît parfois entre ses histoires. La haine du juif, sur lequel il plaque les pires clichés racistes lors d'une nouvelle, et surtout, cette assurance que l'homme blanc est supérieur au reste lorsqu’il décrit la vie d'un expatrié d'un certain âge à Haïti, pour qui le noir est avant tout un nègre, et les très jeunes filles, des domestiques bonnes à mettre dans son lit de vieillard allemand.

Ceci est un sentiment de fond, mais ce n'est pas l'essentiel. Heinz Ewers est avant tout fasciné par la violence et la déshumanisation. Passionné par Sade, autoproclamé spécialiste en satanisme, sa vision du vaudou, dans sa dernière nouvelle, n'est qu'un ramassis de clichés d'homme blanc.

Alors pourquoi lui mettre quelques étoiles ?

Parce que dans sa fascination pour la violence, il faut lui reconnaître une précision d'écriture remarquable, qui transforme la première histoire - un simple combat au couteau - en un spectacle éprouvant à lire. Et je retiendrais aussi cette autre nouvelle, " le cœur des rois ", qui se base d'après un fait historique authentique d'un morbide glaçant, que je ne connaissais pas.

Au final, par la faute de sa passion primaire pour la violence et la déshumanisation qui efface tout autre discours ou raisonnement, et par sa philosophie en filigrane, j'oublierai vite ses nouvelles, à qui il manque une vision humaine pour m'être intéressantes. Mais il restera dans ma mémoire quelques fulgurances d'horreur et de malsain, comme une leçon donnée à bon nombre d'écrivains contemporains d'horreur. Une approche anti-esthétique de la violence qui lui donne justement une esthétique efficace.
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Mandragore

"Soeur de mon péché, c'est pour toi que j'écris ce livre".

Poète, dramaturge, écrivain, fantastiqueur macabre proche de lExpressionnisme, Hanns Heinz Ewers demeure certainement l'un des esprits les plus curieux de l'Allemagne de la charnière XIXème-XXème siècles.

Encore et toujours, sa "Mandragore" fascine... Encore et toujours, ce chef d'oeuvre de la littérature fantastique allemande envoûte et transporte à la façon, quelquefois, d'un poème de Baudelaire ou bien encore d'un dessin de Beardsley...

"Prends ce livre, petite soeur, reçois-le d'un homme qui courut à côté du chemin de la vie..."

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Mandragore

C'est un monde décadent que nous décrit Ewers. L'Allemagne de 1911 n'est plus qu'une poutre vermoulue faite de bourgeois corrompus qui grignotent le cadavre de leur civilisation.

Corrompus et malsains, trichant, abusant, n'hésitant pas à chercher le frisson dans des désirs coupables. ( La description de la famille Gontram, qui correspond au chapitre premier, est un bijou littéraire à elle seule.) Mais, qu'est-ce qui pourrait encore exciter ces âmes perdues? Vers quelle nouvelle noirceur plonger?

Alors tombe la Mandragore, racine fille du condamné le plus vil et de la Terre nourricière, celle qui peut amener bonheur et mort à la fois. Oncle et Neveu décident alors de créer une Mandragore humaine par une fécondation artificielle: fille d'un assassin décapité et de la putain la plus convaincue de la ville.

La petite Mandragore naît, celle qui amène bonheur et mort sur son sillage d'enfant...



Un livre à l'ambiance remarquablement dépeinte, on a le sentiment qu'il y fait tout le temps nuit, les décors défraichis témoignent d'une magnificence passée, mais tout tombe en ruines, les maisons comme les coeurs et les âmes. Si une visite dans les méandres toxiques de l'âme humaine vous tente...
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Dans l'épouvante

C'est un recueil de 10 nouvelles nous évoquant surtout de l'horreur humaine, rien de fantastique ici. Cela a été une grosse déception, je n'ai pas du tout accroché.



Même si cela date d'une autre époque, cela n'excuse pas le manque de qualité de certains récits. Je suis passé à côté de quasiment la totalité des nouvelles. Je trouve que le style de l'auteur a vraiment mal vieilli et je ne comprends pas le but de certaines histoires. Un livre vite lu et vite oublié mais bien-sûr cela n'engage que moi.



La seule que j'ai bien aimée sur les 10 est :



- Le cœur des rois



Un livre que je ne recommande absolument pas. Je lirai néanmoins un autre livre de l'auteur pour confirmer ou infirmer cette impression.



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Mandragore

De nombreuses légendes ont fleuries autour de cette Mandragore au Moyen-Âge, plante de sorcière, plante de souffrances et de folies. Le mythe veut que la mandragore pousse sous les pieds d’un pendu qui aurait laissé tomber sa dernière semence dans la terre, qui serait alors à son tour fécondée par la terre pour donner vie à une mandragore. Après Machiavel, Hans Heinz Ewers réécrit en 1911 le mythe de la mandragore. Humanisant le mythe, le pendu est un assassin promit à une mort certaine, la terre fécondatrice sera une prostitué aux mœurs les plus légère, faisant son travail par plaisir et non par nécessité. Le fruit de cette insémination devrait donner la créature la plus maléfique, la plus pervertie.



(Suite sur le blog)
Lien : https://lesbergerselectrique..
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L'apprenti sorcier

Le grand connaisseur de littérature décadente qu'était Hubert Juin pouvait déclarer, à propos du roman le plus connu de Hanns Heins Ewers : «L'ouvrage le plus inquiétant d'Ewers – né en 1871, mort en 1943 – est assurément L'Apprenti sorcier.
Lien : http://www.juanasensio.com/a..
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L'araignée

TABLE DES MATIERES :

l'araignée, carnaval à Cadix, sorcière ma mère, de l'ambre au tribunal criminel, Mandragore et le chauffeur, la fin de John Hamilton Llewellyn, la jeune fille hya-Hya, Ellen Carter, la Mamaloi, la fiancée momifiée, un amour extrême, C.3.3, la mort du baron Jésus Maria Von Friedel, le rhabdomancien, journal d'un oranger, les plus belles mains du monde
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La suprême trahison

Beau livre regroupant une douzaine de nouvelles dans la veine grotesque et morbide, domaine dans lequel Ewers excellait. Ce livre contient de plus une bibliographie très complète.
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