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Critiques de Harry Martinson (12)
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Aniara : Une odyssée de l'espace

De passage éclair dans ma librairie préférée, pressée par le temps je me suis dirigée vers mon rayon favori, j'ai alors eu la chance de découvrir un texte d'un auteur qui suscite toute mon admiration. En quelques instants, fébrile et les mains tremblantes en feuilletant ce titre que je ne connaissais pas, lisant quelques bribes des Chants composant le récit, une vague d'émotion m'a submergée! Déjà partie très loin, j'entends alors l'annonce de la fermeture imminente des portes. Et là tout a basculé, je me suis retrouvée dans une autre dimension, le monde d'Aniara s'est ouvert à moi.



Après de nombreux conflits et une succession de catastrophes nucléaires, la Terre, « le pays de Dor », blessée et empoisonnée, est mise en quarantaine. Des vaisseaux spatiaux, « les goldondes » sont affrétées afin d'accueillir les survivants pour un voyage vers la planète Mars. Mais à bord d'Aniara, l'espoir de découvrir une terre d'asile tourne court. En effet, lors du vol vers la constellation de la Lyre, la collision avec une météorite dévie sa trajectoire et condamne Aniara à un voyage éternel hors du système solaire.



Enfermé dans la « goldonde » Aniara, le narrateur, un « matelot de l'espace », mémoire de ce voyage inter-galactique, nous sert le récit de cette dérive sans fin dans l'océan cosmique où une nuit éternelle et glaciale ne laisse plus de place à la lumière et, plonge les passagers dans leurs rêves, rêves de vie, rêves d'amour pour échapper à cette errance spatiale et infini.

Un monde clos où huit mille personnes tentent de résister à l'effondrement psychologique. Une micro-société sous-tension vivant au gré des visions de la Mima, une divinité technologique artificielle vénérée par toute la communauté, la seule à pouvoir délivrer les reflets d'un paradis terrestre perdu.



Un texte aux accents homériques qui dévoile l'immense talent de Harry Martinson, cent trois chants pour évoquer la condition humaine à travers une réflexion métaphysique . J'ai été subjuguée.

Beaucoup d'ingéniosité, de créativité dans cette écriture. Une œuvre visionnaire où tout le génie de Martinson, autodidacte, « écrivain prolétarien » et Prix Nobel de littérature, mais aussi grand admirateur de A. E. Van Vogt et Ray Bradbury, s'exprime et témoigne de son intérêt pour les sciences et les techniques. Une œuvre originale à laquelle je n'ai pu résister et je ne peux que vous conseiller de participer à ce dernier voyage de l'humanité en plongeant dans l'univers d'Aniara.

Aniara : Une odyssée de l'espace, de Harry Martinson , un titre explicite qui tient ses promesses mais va bien au-delà car le lecteur, aidé par le langage poétique et de toute beauté, s'élève dans des hauteurs infinies en découvrant ce mélange d'épopée et de science fiction.

Aniara publié en 1956 en pleine Guerre Froide, a été adaptée dès 1959 par le compositeur Karl-Birger Blamdahl et plus récemment en 2019 par les réalisateurs Pella Kagerman et Hugo Lilja, leur film a été présenté au Festival International du Film Fantastique de Gerardmer.



Conte écologique, dystopie, poème épique, roman d'anticipation Aniara une odyssée de l'espace est tout cela à la fois.

Une lecture étonnante et presque envoûtante entre désespérance et clairvoyance.

Déroutant, captivant et surprenant.

Un choc littéraire



Je remercie les Editions Agone pour la réédition de cette œuvre transposée du suédois par Philippe Bouquet et Björn Larsson incluant une préface de Harry Martinson et une postface d'Ylva Lindberg et Samuel Autexier, « Un hymne à la vie sur Terre ».
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Les orties fleurissent

« Entendez la chanson des enfants

Voyez comme elle court par les champs

La fée vêtue de blanc

La fée de la misère

En se rongeant les sangs

La fée du dernier jour

La fée du pauvre hère

La fée du dernier jour. »



Lire le récit de Harry Martinson dans Les orties fleurissent c'est écouter le chant d'une enfance chaotique et découvrir le champ de ses émotions, entre lumière et ténèbres.

C'est appréhender une Suède pauvre, superstitieuse et rurale, la Suède du début du XXème siècle en proie à la tuberculose, la peste, au piétisme du prédicateur Waldenström et à l'exode vers la Poméranie et l'Amérique, promesses d'une vie meilleure et moins rugueuse.



C'est surtout le regard d'un enfant qui témoigne de ses expériences rudes mais formatrices pour ce petit Martin qui du jour au lendemain perd ses parents (sa mère devenue veuve l'abandonne à six ans) et se retrouve séparé de sa fratrie.

« Ensuite on les mit aux enchères, c'est-à-dire qu'ils furent confiés à ceux qui voulaient bien d'eux et qui en contrepartie, ne demandaient à la commune que l'allocation la plus faible. Martin fut cédé à une ferme dite Vilnäs. La commune paierait cinq couronnes par mois, et contre cette somme les gens de Vilnäs s'engageaient à le nourrir et à le vêtir, à l'élever et à lui faire fréquenter l'école, à le faire travailler et à veiller sur son destin jusqu'à la prochaine assemblée annuelle. »

C'est ainsi que Martin devenu pupille de la commune, muni du symbolique baluchon (contenant des chaussettes de laine, des sabots et un savon) commence son voyage alors que ses frères et soeurs sont envoyés dans d'autres directions.



Beaucoup de larmes, de souffrance mais l'imagination dont est dotée Martin lui permet de continuer son chemin car oui, il rêve et cela depuis toujours, il sait voir ce que les autres ne discernent pas.

Alors malgré la misère partagée, les brimades, les coups du sort, les nombreux sobriquets il avance dans cette drôle et dure vie, de ferme en ferme, et d'asile en asile en espérant un jour trouver un peu d'affection, de tendresse et de considération à défaut d'un vrai foyer.

Mais sa maison il la trouve assez vite.

Sa maison, son refuge, c'est l'école. Elève brillant, l'écriture et la lecture lui permettent de s'échapper du quotidien, il règne très tôt sur les mots.

Ses espérances: voir la Grande Suède, parcourir le vaste monde, découvrir l'Amérique et ses Peaux Rouges...



Une lecture très agréable pas du tout larmoyante, dynamique et empreinte d'humour.

L'écriture est fluide, réaliste quand Harry Martinson nous décrit les travaux saisonniers, mais toujours poétique, il sait voir la beauté du monde, des choses qui l'entourent même quand il en dépeint ses côtés les plus laids.

Les portraits féminins et ceux des vieillards qu'il rencontre au gré de ses changements de fermes sont implacables et amusants.

Ce récit d'enfance procure un vrai moment de fraîcheur.

Ce premier tome, publié en 1935 à Stockholm, laisse Martin au seuil de l'adolescence, la suite de son parcours dans le second volet de son œuvre autobiographique : Il faut partir.

Ces deux ouvrages ont fait de Harry Martinson un auteur très populaire en Suède et dans le monde mais il fut avant tout un grand poète et un autodidacte.



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La Société des vagabonds

Je ne m’attendais pas à trouver dans la liste des Nobel un petit frère de Jack London de ce côté de l’Atlantique : passé par tous les métiers manuels comme lui, expérience maritime comme lui, expérience de la route également et comme lui devenu écrivain dit prolétarien, Harry Martinson comme Jack London dans Les vagabonds du rail évoque ici le sort des « hobos » qui, dans la Suède du début du 20ème siècle s’est vidée de la moitié de sa population au profit de l’Amérique et a jeté sur les routes ceux dont l’industrialisation naissante ne voulait plus.

Ou qui eux-mêmes ne voulaient pas de cette vie nouvelle asservie à la machine, et ce sont ces vagabonds-là qui irradient de leur lumière ténue mais puissante dans ce roman magnifique. Des hommes conscients de leur dépendance à la misère, aux peurs qu’ils inspirent à la société, conscients donc que la route n’est pas la liberté mais farouchement décidés à mener leur chemin dans les espaces libres de ces chaînes qui étaient en train d’envahir toute la société moderne, quelque interlopes que soient ces espaces.

En une suite de tableaux, on suit Bolle, artisan cigarier qui, voyant disparaître son métier d’artisan, puis partir son précieux collègue et sa promise pour l’Amérique, se fait trimardeur. Par ses yeux, on voit les regards suspicieux, apeurés ou haineux des bonnes gens auprès desquels il mendie, mais on perçoit également la plénitude d’un homme qui a choisi de se donner le temp de voir se coucher le soleil ; par ses sens, on ressent la faim, le froid, la frustration du mâle, mais aussi une capacité de pénétration du sens profond des choses ; par ses mots enfin, dans les nombreux échanges de haut vol avec ses frères de galère qui émaillent le roman, on perçoit tantôt la solidarité tantôt la défiance, ici l’espoir et là le découragement, mais toujours une vision lucide de la condition humaine autant qu’une fierté princière à ne pas renoncer.

Une splendide découverte qui me donne envie d’aller vers les oeuvres poétiques de cet auteur méconnu.

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Trois couteaux de Wei

Cette pièce a été créée en 1964, dans une mise en scène d’Ingmar Bergman, six ans avant qu’Harry Martinson ne soit lauréat du prix Nobel de littérature. Elle sera publiée en France en 1975.



Nous sommes en Chine, à la fin du VIIe siècle, sous le règne de la seule femme « empereur » de l’histoire chinoise : Wu Zetian. Cette dernière règne en maître despotique, et n’hésite pas à bannir de sa cour des grandes dames, des concubines gênantes, en les mélangeant avec des meurtrières. C’est ainsi qu’un groupe arrive dans une sorte de monastère, tenu par des maîtresses, elles-mêmes en disgrâce. C’est un endroit reculé, entouré par des montagnes. De suite le contexte est posé : si les Tartares, qui font pressions aux frontières proches, arrivent, les dames devront se tuer, ou être tuées par Li, l’esclave préposée à l’autel des couteaux, les Trois couteaux de Wei du titre.

La pièce est assez statique, nous découvrons brièvement un certain nombre de femmes qui vivent dans l’endroit, qui évoquent leur vie passée, alors que la menace tartare se fait de plus en plus présente, avec la mort qui se rapproche de plus en plus.



C’est un étrange objet, avec ses nombreux personnages, qui passent rapidement, peu d’action, mais des dialogues qui racontent, qui suggèrent. C’est comme une sorte de cérémonie archaïque, un rituel. Ce que devait être aussi au départ le théâtre grec antique. C’est troublant, un peu étrange, mystérieux. Peut-être parce que je ne connais pas bien l’histoire et la culture chinoise, cela reste en partie impénétrable, ce qui au final n’est pas gênant. Cela participe du voyage, d’une forme de dépaysement. L’enfermement et la fatalité sont au coeur de la pièce, comme dans toute tragédie, une grande poésie se dégage des mots. C’est surprenant, mais séduisant.
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La Société des vagabonds

La figure du vagabond en littérature traîne avec elle tout un imaginaire poétique et romantique. Si la poésie est bien présente dans le livre de Harry Martinson (1904-1978), ce n’est pas par romantisme que les vagabonds qu’il met en scène ont pris la route. Nous sommes à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, en Suède. Les transformations économiques et sociales induites par la percée du capitalisme industriel forcent à l’émigration vers l’Amérique un million de Suédois, et jettent sur les routes des dizaines de milliers d’autres. Certains resteront vagabonds, préférant mendier leur nourriture et un abri pour la nuit plutôt que de grossir les rangs des forçats du travail obligatoire. Leurs motivations ne sont pas précises, ils se sentent poussés par une sorte d’instinct à mener cette existence marginale et à refuser la vie des « honnêtes gens » : Dans tous les pays il existe des milliers de gens qui ne veulent pas de la réalité de la majorité. Ils n’y voient qu’enfer et damnation. Et ils prennent la route, quoique ce soit également un enfer de crainte et de blâmes. Mais ils le font quand même. Ils partent malgré tout. Par malice et par esprit de rébellion, à défaut d’autres motifs.

La vie sur le trimard n’est pas de tout repos. Le vagabond est un être instable et inquiet. Ses joies sont éphémères et sa liberté est toute relative. Il doit subir les reproches et les humiliations de la société pour prix de sa mendicité. Il risque les travaux forcés lorsqu’il est pris plusieurs fois à vagabonder par les policiers. Mais son plus grand problème c’est la peur, cette peur qu’il inspire au sédentaire et qui le force à se détourner des gens lorsqu’il en croise sur sa route, cette « peur exagérée que les gens aient exagérément peur de lui ». Malgré tout il lui arrive parfois, rarement, de rencontrer au détour du chemin des âmes accueillantes et compréhensives, surtout parmi les vieux, les malades, les isolés, autres marginaux comme lui.

Ce livre n’est pas un roman, plutôt une succession de tableaux sur la vie des vagabonds. On y croise entre autres Bolle l’ancien ouvrier cigarier, Sandemar le globe-trotter intellectuel, Poussière des Chemins le fataliste, Axne le vagabond malgré lui. Ils ont en commun de rejeter l’hypocrisie de la société bourgeoise et de fuir le travail vécu comme une torture. Ils sont paresseux non par désir de jouissance mais par défi, « par malaise », « par impuissance », « ils bravent le travail en le refusant ». De l’apathie comme révolte.

Harry Martinson sait de quoi il parle. Fils de petits commerçants, abandonné par sa mère veuve alors qu’il avait six ans, il s’embarque à l’âge de seize ans et parcourt toutes les mers pour gagner sa vie. Il va exercer toutes sortes de boulots sur mer comme sur terre, avant de commencer à publier des poèmes dans les journaux. Son œuvre poétique et en prose se nourrira de cette vie d’errance et de travail. Rattaché à la génération des écrivains prolétariens, Martinson a reçu le prix Nobel de littérature en 1974.


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Les orties fleurissent

Une histoire qui commence à Brednäs … un héritage … départ pour une villa au bord du lac Elmen … avec un petit garçon, Martin … départ pour une maison appelée « le péril jaune » … une vie de famille presque comme les autres … un jour papa est mort et maman est partie en Carlifonie … maintenant ce sera la Commune (1) qui décidera première étape Vilnäs, puis Tollene, Norda, en fréquentant des piétistes (2), des méthodistes (3) pour finir dans un hospice en pierre, lieu destiné aux vieillards indigents.

L’autobiographie d’une vie misérable, d’un enfant confronté dès son plus jeune âge à la mort de son père et au départ de sa mère incapable de gérer ses enfants, un récit sans misérabilisme mais réaliste ne passant pas sous silence les drames d’une enfance sans amour, sans repère.

L’écriture est soignée, recherchée plutôt poétique avec des descriptions de l’environnement qui sont remarquables.

Il porte un regard attentif sur son passé, sur la Suède rurale du début du XXe siècle nous apportant un témoignage poignant sur le monde des laissés pour compte de l’évolution de la société suédoise.



(1)

Une institution « pupille de la commune », une forme primitive d'assistance sociale : ceux qui ne pouvaient subvenir à leurs besoins - orphelins et vieillards

- étaient pris en charge par la commune, mais en quelque sorte « affermés » à ceux qui acceptaient de les héberger à moindres frais. Cet engagement était pris pour une année et aussi bien le « fermier » que la commune pouvaient, à l'assemblée annuelle de la commune - ou de la paroisse, car la Suède est un pays où il y a une Eglise d'Etat - dénoncer le contrat. L'enfant ou le vieillard était alors obligé de prendre la route pour une nouvelle maison.

Dans le cas de Martin, la commune paierait cinq couronnes par mois, et contre cette somme les fermiers s'engageaient à nourrir et à vêtir le jeune orphelin, à l'élever et à lui faire fréquenter l'école, à le faire travailler et à veiller sur son destin jusqu'à la prochaine assemblée annuelle.

La commune remettait à l’orphelin, un balluchon à fleurs qui contenait des chaussettes de laine, des sabots et un savon.



(2)

Piétiste, membre d'une secte luthérienne qui mettait l'accent davantage sur la piété personnelle et sur le sentiment religieux que sur la stricte orthodoxie de la doctrine.



(3)

Méthodiste, d'un mouvement religieux protestant issu de l'anglicanisme et cherchant une pureté de doctrine plus systématique.
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La Société des vagabonds

"Does it take much of a man to see his whole life go down

To look up on the world from a hole in the ground

To wait for your future like a horse that’s gone lame

To lie in the gutter and die with no name?"

(Bob Dylan, Only A Hobo, 1963)



Pourquoi commencer une critique de ce livre de Martinson en citant un couplet d'une obscure chanson de B. Dylan ?

Tout simplement parce que cette chanson résume en peu de mots la destinée tragique des vagabonds, trimardeurs et chemineaux dont il est question dans ce livre.

Et aussi parce que Dylan et Martinson ont en commun d'avoir obtenu le Prix Nobel de Littérature et d'avoir eu à subir des propos méprisants suite à cette distinction.



Pourtant, il est incontestable que l'œuvre de Martinson fait écho au testament d'Alfred Nobel qui souhaitait récompenser des œuvres littéraires ayant "fait la preuve d'un puissant idéal".



En nous invitant à cheminer avec un vagabond nommé Bolle, l'auteur nous fait découvrir toutes les facettes de cette vie hors du commun.

Du début à la fin de son errance, Bolle sillonne la Suède. Telle est sa vie. Sa raison de vivre et de survivre.

Il n'attend plus grand chose du monde dans lequel il a vécu. Un peu de chaleur quand il fait trop froid. Un peu de nourriture pour tenir debout et continuer.



Plutôt que de se mettre lui-même dans la peau d'un sans-abri (comme le fit le sociologue américain Nels Anderson au début des années 1920), Harry Martinson s'attache à décrire en détail les états d'âme de son personnage. Cela donne lieu à quelques chapitres magnifiques ("La peur", "La barbe", "Les montés") dans lesquels on se trouve plongé dans ce monde cruel de l'errance.

La description des grands espaces scandinaves renvoie davantage à la noirceur d'un film d'Aki Kaurismäki qu'à l'exaltation de la liberté naturelle dépeinte par Arto Paasilinna dans Le lièvre de Vatanen.

Ici, les routes sont interminables et certaines sont à éviter absolument, sous peine de se voir envoyer en prison pour vagabondage.



Il serait possible d'écrire encore longuement sur ce chef d'œuvre méconnu, en insistant sur la précision de l'écriture, sur l'humanisme profond qui s'en dégage ou sur l'éblouissant chapitre final. Mais cela ne suffirait pas pour exprimer ce qu'on ressent à le lecture de ce livre.

Ni optimiste, ni pessimiste, Harry Martinson nous donne à voir une réalité qu'on préfère souvent occulter : c'est parfois douloureux mais c'est incontestablement salutaire.



"When you got nothing, you got nothing to lose.

You're invisible now, you got no secrets to conceal"

(Bob Dylan, Like A Rolling Stone, 1965)
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Aniara : Une odyssée de l'espace

En 1956, le poème épique, en 150 pages, d’un vaisseau spatial avec 8 000 humains à bord, fonçant par accident, durant vingt ans, vers sa perte inévitable dans l’espace. Un objet littéraire extraordinaire.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/07/18/note-de-lecture-aniara-harry-martinson/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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La Société des vagabonds

Un roman qui nous offre une plongée dans le monde des trimardeurs suédois vécue de l'intérieur. Où le réalisme se joint à la philosophie et à la légende. Un roman à lire en prenant son temps de voyager avec ces hommes qui ont choisi la route plutôt l'esclavage. Une liberté qui se paie cher car leur quotidien est fait de peur, de faim, de froid, de solitude ou d'humiliations. Mais aussi de rencontres généreuses et douces, tellement rares. Une façon de vivre qui ne correspond pas à la majorité mais qui est défendable et compréhensible. Un roman pour s'interroger sur notre vie et notre manière d'être.
Lien : http://www.partispour.com/pl..
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La Société des vagabonds

"Tu veux dire qu'il ne faut jamais penser la vérité? Qu'il faut toujours embellir les circonstances réelles?



- Oui, toujours. Je veux dire que la beauté qu'on ajoute aux choses leur a d'abord été enlevée."



Il est bien probable que vous soyez comme nous et que le nom d'Harry Martinson ne vous dise pas grand chose. Harry Martinson, écrivain suédois que l'histoire de la littérature classe dans les "écrivains prolétariens" qui firent entendre leur voix dans la première moitié du XXe siècle, fait partie de ses écrivains oubliés à coup de prix Nobel.



La société des vagabonds nous invite à un voyage intérieur dans ce monde des chemineaux et des trimardeurs en des temps où l’industrialisation et les progrès technologiques mettent tout un peuple d'artisans à la rue, laissant miroiter aux plus chanceux le mirage de l'Amérique. Bolle, lui, ne sera pas des chanceux qui parviendront à franchir l'océan à la quête d'une autre vie. Cigarier, il sera mis au chômage par les machines et le succès des cigarettes industrielles, "car lorsque la mécanique s'est insinuée dans un métier, elle y reste à jamais". Repoussé par celle qu'il voudrait aimer, il sera aussi perdant au coup de dés qui aurait pu lui ouvrir l'horizon du grand voyage.



Irrépressiblement, Bolle prendra alors la route, marchant du nord au sud, d'est en ouest, d'un village à l'autre, de la montagne aux forêts, d'une rencontre à une autre, sans jamais cesser d'aller son chemin. Pour échapper au froid humiliant de l'hiver - celui qui est dans le cœur de ces hommes bien pensant, travailleurs et sur d'eux-mêmes - il y a l'enfer brûlant des briqueteries où se réfugie tout un peuple de vagabonds. Ce n'ai pas que le travail leur fasse peur, mais leur rapport au travail tel que le pense les moralistes de tous bords, c'est un monde d'enfermement et de peur qu'ils préfèrent éviter. Cela n'est pas simple et l'apprentissage est parfois dur. Apprendre à ne pas faire peur, à avaler toutes sortes d'humiliations pour peut-être avoir le droit à un peu de rêve.



"Si on veut arriver à Klockrike, il faut que ce soit en rêve. C'est pour cela que le rêve existe. Pour que l'homme puisse aller plus loin qu'avec ses propres jambes et se libérer de ses chaînes."



Cela en évitant autant que possible de se retrouver à Berget, la prison où les trimardeurs cassent les pierres.



"Les raisons d'arpenter les routes du pays, année après année, se comptaient par milliers.



L'une des plus belles était les forêts, la forêt.



Les forêts avaient une façon de se dissimuler derrière elles-mêmes, d'arbre en arbre, de crête en crête, et de ne jamais cesser de promettre quelque chose de caché."



On trouve chez Martinson un peu de cette mythologie de la nature et du vagabond qu'on rencontre dans l'oeuvre de Knut Hamsun l'écrivain norvégien, mais le fond n'est pas le même. La question du vagabondage, de l'errance est ici autant sociale que morale ou philosophique. De tous temps vagabonds et marginaux ont fait et font peur, et un rien peut justifier toutes les violences "honnêtes" à leur égard.



"Espèce de propre à rien qui traîne constamment sur les routes. Vous n'avez pas honte? Maudit voyou! Vous allez recevoir une bénédiction que vous n'oublierez pas de sitôt. Une bonne raclée, oui. Pour une fois vous allez voir ce que c'est que de rencontrer un honnête homme. (...) Oh oh, vous regimbez? Vous n'en avez pas le droit, pas du tout. Vous n'avez pas le droit de faire un mouvement dans ma maison. Remuer un doigt est une violation de domicile. Vous défendre? Vous dites que vous avez le droit de vous défendre? Ah! Ah! C'est ridicule de prétendre cela. Chaque mouvement, chaque pas que vous faites est un délit contre la société, contre les gens honnêtes et ceux qui travaillent."



Proche des mouvements anarchiste et du socialisme de ce temps, Martinson a puisé dans sa propre expérience pour écrire et décrire cette société des vagabonds. Ces récits, parus en Suède en 1948, font suite à la biographie qu'il avait publié dans les années trente. L'écriture porte ma marque de ce temps-là mais les réalités qu'elle porte sont toujours parmi nous, même si les "vagabonds" ont pu changer de nom et de style.
Lien : http://filsdelectures.over-b..
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Trois couteaux de Wei

Pièce de théâtre créée en 1965, écrite en 1964 par l'écrivain suédois Harry Martinson, prix Nobel de littérature 1974.



Trois couteaux de Wei est une pièce dramatique, dont l'action se passe dans la Chine ancienne, dans une maison où sont exilées les dames de la cour échappant à la peine de mort mais condamnées à la "demi-grâce". En effet, cette maison se trouvant proche de la frontière d'avec les Tartares, en cas d'attaque, toutes les prisonnières devront, comme leurs gardiennes, se donner la mort avec "les couteaux de wei".



Mais Shi Mo, maîtresse supérieure, responsable des bannies et responsable des règles d'obéissance, s'interroge sur la légitimité de cette obéissance, et s'arrangera pour envoyer les prisonnières "en pèlerinage" quelques jours avant l'invasion des tartares, leur évitant de mourir en martyres.



"Pourquoi as-tu défié la volonté de l'impératrice ?" demande la servante du rite ;



"Parce qu'elle a profané l'esprit d'obéissance" répond Shi Mo juste avant le tomber de rideau.







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Même les orties fleurissent

Un roman austère et poétique d'un prix Nobel suédois qui relate son enfance d’orphelin ballotté d'une famille d’accueil à une autre avec un manque d'amour terrible mais un grand attachement aux êtres et aux choses.
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