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Citations de Harry Martinson (38)


INSTANTANÉ HIVERNAL

De frêles empreintes d'hermine
dessinent de légers huit
sur la neige de l'hiver
vers un ruisseau qui serpente
sous un dôme de fourrure blanche.
La loutre vient boire dans l'oeil de la glace
là où le tourbillon a creusé une coupe au doux ramage:
Les enfants accourent avec leurs bonnets rouges
pour écouter chanter ce dôme polaire.
La loutre s'enfonce alors dans la grotte
et voit leurs yeux par la fente.


Nature 1934
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Loin des ports, loin des terres
seul dans l'océan
tu m'as invité à m'aventurer sur ta vague -
à demeurer en mer pour l'éternité.

J'ignore encore
ce qui m'empêcha alors
de plonger vers toi dans les profondeurs
Ecoute à présent le cri de mon coeur:

jamais je n'ai rien vu de plus ravissant
que ton corps marin délicieux et frémissant.
Jamais je n'ai entendu d'accords plus troublants
que ta voix qui résonne dans la tempête.
Voici la seule raison: la mort nous a toujours séparés.
Tu étais déesse, et moi
né au pays des mortels.


[Cote: H.Martinson 90]

POEMES INEDITS
(Conservés à la bibliothèque universitaire d'Uppsala, département des manuscrits, fonds Martinson)
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LES FILS DE LA MER

Nous sommes les hommes que les tempêtes ont soudés
pour une union de courte durée,
sur les routes maritimes de l'océan Indien
à l'entrée de Bab-el-Mandeb.
Nous sommes les hommes des grands espaces,
qui errent au gré des vents ;
nous partons et disparaissons, parfois à jamais,
dans la grisaille des brumes de Terre-Neuve.

Nous avons oublié nos chants d'amour et de printemps
dans le bruissement des sapins de nos villages -
nous chantons le joyeux cantique des moussons
dans le clapot du ressac des Samoa.
Nous avons dérivé dans le golfe du Bengale,
sur des épaves fantomatiques ravagées par la peste -
attendant la tempête libératrice
et le fracas des typhons des Mariannes.

Les yeux vides, nous cherchions en vain
une terre où trouver du pain.
Au bout d'un mois de disette,
nous effectuâmes un raid sur la côte de Tristan.
Nous fûmes pris par les glaces en mer des Barents -
et nos cadavres transis, hagards,
cherchaient désespérément une tombe
dans la baie de l'Avent abandonnée des dieux.

Oui, nous sommes les hommes libres des vastes étendues
et nous aspirons à ces horizons -
hantés par les fantômes des noyés
où chaque voile est gonflée par les alizés -
où les phares prodiguent leur alerte
aux vagabonds des grands espaces,
qui se fraient un passage parmi les os des noyés,
parmi les fantômes des marins.


Vaisseaux fantômes 1929
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LE CALME DU PARC

Dans le parc automnal se dresse
une femme nommée Amour -
bronze obscur et frémissant
dont la peau brune parle
de la chair - qui est esprit.

L'artiste-créateur
l'aimait
en secret
et n'aimait qu'elle, rien qu'elle !

Les arbres se balancent,
le vent parle d'art -
et les gens parlent
comme le vent, comme le vent.

Chaque jour, un homme qui ignore tout de l'art
s'assied sur le banc.
Les yeux rivés au sol, il écoute dans le bronze chanter
des veines gorgées de sang.


Cinq jeunes 1929
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JOIE ET PEINE

Toute peine profonde a pour objet une joie perdue.
Ne perds pas cette idée de vue.
Ne laisse pas la peine oublier sa raison d'être.
La peine est le plus bel hommage à rendre à la joie.


La voiture, 1960
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Martin fila dehors. La chaleur du jour faisait fondre la neige sur les toits et l'eau coulait. L'asile gigantesque se débarrassait de sa couche de neige . Au milieu de celle-ci, entre les trois escaliers de béton, des perce-neige fleurissaient, changeant la vie en une légende
On allait vers une saison plus clémente, vers Pâques où fleuriraient les coucous.
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LA PASSION

Entre elle et moi existait une relation
totalement suspendue dans le vide.
Jamais un mot ni un geste qui nous trahît,
rien qu'un souffle, amoureux transi
qui, saturé de rêves d'elle,
allait chaque soir se noyer dans le lac.

POEMES POSTHUMES
Le long des sentiers de l'écho
1978
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Deux enfants dans un champ de blé
jouent avec l'idée
de pouvoir, du regard,
grimper en haut des épis.
Leurs yeux s'en vont vite à l'aventure
sur les ondes du soleil dans ce lac de blé miroitant.
Marcher sur l'eau n'est certes pas facile
mais escalader des épis
qui brillent au soleil
c'est encore autre chose.
Or, pour y parvenir, il suffit de promener le regard
et feindre d'être vent
ou papillon.
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Il pénétra dans la cuisine. La vapeur des plats du dimanche posés sur la table montait en spirale. Les rideaux pendaient, légers comme des ombellifères, tels des rideaux de brouillard accrochés à l'intérieur de la maison. Le soleil brillait au coeur d'une vitre, un chaud soleil d'or velu, aussi calme que la fenêtre.
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La haine est si séduisante. Les paroles les plus saisissantes figurent dans son registre. Les sagas islandaises, chargées de la haine secrète du poète, étaient tellement belles. Quand la corde de l'arc de Gunnar se brisa, Gunnar dit à Hallgerd:
"- Prends deux boucles de tes cheveux et avec ma mère tresse une corde pour mon arc.
"- Qu'est-ce qui est en jeu? demanda Hallgerd.
"- Ma vie dit Gunnar.
"- Alors je me souviendrai bien de la gifle que tu m'as donnée, dit Hallgerd.
"- Un instant plus tard, Gunnar était tombé."
La saga de la haine est toujours belle. Du fond des millénaires, les drames de la haine brillaient d'un incomparable éclat. Pourquoi?
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La tartine de morale distribuée avec la pain était si lourde....
On n'a jamais pu savoir si le péché est plus fort que la morale. Les choses les plus épouvantables de la terre ont été accomplies en son nom. Ce sont les monstrueux péchés de la morale.
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Certains soirs, Martin pensait :
Je suis obligé de me lever tellement tôt, quatre heures du matin. Alors pourquoi dormir ? Autant rester debout et jouir de cette belle nuit. Ma foi oui.
Il traversait le pré en sifflotant. À proximité d'une paroi rocheuse, haute à peine comme un manoir et couverte de mousse, un filet de brouillard était suspendu et masquait la source à la façon d'une cloche d'ouate. Martin gagnait la source et écoutait. Une grenouille verte, une déesse du vert, sautait dans la source. Floc ! Tout au fond, la source se parlait à elle-même de ses milles veines. La source s'enfonçait dans le sol, tel un arbre d'eau déployant ses branches d'argent sous l'herbe. À bien écouter, on pouvait entendre tout cela, dans le silence de la nuit.
Dans la nuit, tout était d'une beauté farouche. Lui-même farouche et silencieux, il regagnait la ferme. C'étaient des nuits semblables qu'il vivait. p 237-238
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En parlant, ses sourcils épais remuaient au-dessus de la brume bleue d'un regard auquel il n'y avait pas à se fier. Une lueur désorientée, d'une mélancolie brute, brillait comme un éclat de verre tranchant au fond de l'iris, sous la taie bleue et revêche. p 141
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Seule la nature entière est vraie.
Le reste, ce ne sont que des consolations que l'homme se confectionne. Et quand il ne convertit pas les autres à son choix, il les persécute, devient chasseur d'hommes, chevalier d'intolérance, fanatique.
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Nuit

Penche-toi et vois ! Il y a des étoiles dans la source.
Dans le reflet des feuilles de fougère
Vénus scintille et brille en silence.
C'est une nuit de verdure sur terre.
L'une après l'autre les étoiles percent la nuit,
comme à travers une fenêtre posée sur le sol.
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Ils disent qu'on n'arrête pas le progrès. Les machines sont une bénédiction à condition qu'elles tombent dans des mans honnêtes.
Mais y a-t-il sur terre un homme qui n'ait pas considéré ses mains comme honnêtes?
Tout ça, ce sont des illusions sur la bonté de l'homme, pourvu qu'il soit un numéro dans une association, se dit Bolle.
n multiplie les machines.
On répand cette façon de penser.
C'est exactement cela. C'est le mot. on répand le raisonnement qui transforme tout en entreprise industrielle.
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" Le meilleur logis, ici-bas, à mon avis
c'est celui où nous nous retrouvons au soir de la vie,
où le vagabond repose au milieu des gens de renom,
d'où nul n'est expulsé, qu'il paie son loyer ou non.
Lorsque, changés en terreau et en vers, ma foi,
nous ferons de la mort le charroi
vers l'Octroi.


Chant des vagabonds
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C'est terrible de vouloir approfondir le beau.
Si on le contemple trop longtemps, on ne peut se dominer. C'est pour ça que je m'en tiens à ce que je peux maîtriser, moi. Et à ce qui me brûle pas.
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Obscure notre vie, et profonde la déception innée -- c'est ce qui fait que tant de légendes éclosent dans les forêts de Scandinavie. Lugubre s'étiole le feu de notre coeur affamé. Beaucoup se font les charbonniers de leur propre coeur : devenus infirmes à force de rêverie. p 190
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Quand le monde sera devenu un chaos organisé, rempli de machines se combattant les unes les autres, la paresse et l'apathie seront choses importantes en comparaison. Ce sera la paille dans l'oeil d'autrui. Un monde comme ça, c'est l'enfer. Il mérite qu'on le fuie, qu'on fasse la sourde oreille, qu'on refuse de coopérer avec lui et qu'on lui fasse cadeau de sa force.
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