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EAN : 9782234007482
323 pages
Stock (11/10/1978)
4/5   17 notes
Résumé :
l’écrivain suédois H.Martinson, prix nobel de littérature, est de ceux qui ont été formés à la dure école de la vie. Né en 1904, enfant ayant perdu ses parents devient "pupille de la commune"
c'est cette enfance rude et savoureuse, dans laquelle le petit martin est ballotté d'année en année, de ferme en ferme, qu'H.Martinson nous raconte dans les "orties" Martin ne pardonne pas à sa mère de l'avoir abandonné et, chaque fois qu'il change de domicile se raccr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Entendez la chanson des enfants
Voyez comme elle court par les champs
La fée vêtue de blanc
La fée de la misère
En se rongeant les sangs
La fée du dernier jour
La fée du pauvre hère
La fée du dernier jour. »

Lire le récit de Harry Martinson dans Les orties fleurissent c'est écouter le chant d'une enfance chaotique et découvrir le champ de ses émotions, entre lumière et ténèbres.
C'est appréhender une Suède pauvre, superstitieuse et rurale, la Suède du début du XXème siècle en proie à la tuberculose, la peste, au piétisme du prédicateur Waldenström et à l'exode vers la Poméranie et l'Amérique, promesses d'une vie meilleure et moins rugueuse.

C'est surtout le regard d'un enfant qui témoigne de ses expériences rudes mais formatrices pour ce petit Martin qui du jour au lendemain perd ses parents (sa mère devenue veuve l'abandonne à six ans) et se retrouve séparé de sa fratrie.
« Ensuite on les mit aux enchères, c'est-à-dire qu'ils furent confiés à ceux qui voulaient bien d'eux et qui en contrepartie, ne demandaient à la commune que l'allocation la plus faible. Martin fut cédé à une ferme dite Vilnäs. La commune paierait cinq couronnes par mois, et contre cette somme les gens de Vilnäs s'engageaient à le nourrir et à le vêtir, à l'élever et à lui faire fréquenter l'école, à le faire travailler et à veiller sur son destin jusqu'à la prochaine assemblée annuelle. »
C'est ainsi que Martin devenu pupille de la commune, muni du symbolique baluchon (contenant des chaussettes de laine, des sabots et un savon) commence son voyage alors que ses frères et soeurs sont envoyés dans d'autres directions.

Beaucoup de larmes, de souffrance mais l'imagination dont est dotée Martin lui permet de continuer son chemin car oui, il rêve et cela depuis toujours, il sait voir ce que les autres ne discernent pas.
Alors malgré la misère partagée, les brimades, les coups du sort, les nombreux sobriquets il avance dans cette drôle et dure vie, de ferme en ferme, et d'asile en asile en espérant un jour trouver un peu d'affection, de tendresse et de considération à défaut d'un vrai foyer.
Mais sa maison il la trouve assez vite.
Sa maison, son refuge, c'est l'école. Elève brillant, l'écriture et la lecture lui permettent de s'échapper du quotidien, il règne très tôt sur les mots.
Ses espérances: voir la Grande Suède, parcourir le vaste monde, découvrir l'Amérique et ses Peaux Rouges...

Une lecture très agréable pas du tout larmoyante, dynamique et empreinte d'humour.
L'écriture est fluide, réaliste quand Harry Martinson nous décrit les travaux saisonniers, mais toujours poétique, il sait voir la beauté du monde, des choses qui l'entourent même quand il en dépeint ses côtés les plus laids.
Les portraits féminins et ceux des vieillards qu'il rencontre au gré de ses changements de fermes sont implacables et amusants.
Ce récit d'enfance procure un vrai moment de fraîcheur.
Ce premier tome, publié en 1935 à Stockholm, laisse Martin au seuil de l'adolescence, la suite de son parcours dans le second volet de son oeuvre autobiographique : Il faut partir.
Ces deux ouvrages ont fait de Harry Martinson un auteur très populaire en Suède et dans le monde mais il fut avant tout un grand poète et un autodidacte.

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Une histoire qui commence à Brednäs … un héritage … départ pour une villa au bord du lac Elmen … avec un petit garçon, Martin … départ pour une maison appelée « le péril jaune » … une vie de famille presque comme les autres … un jour papa est mort et maman est partie en Carlifonie … maintenant ce sera la Commune (1) qui décidera première étape Vilnäs, puis Tollene, Norda, en fréquentant des piétistes (2), des méthodistes (3) pour finir dans un hospice en pierre, lieu destiné aux vieillards indigents.
L'autobiographie d'une vie misérable, d'un enfant confronté dès son plus jeune âge à la mort de son père et au départ de sa mère incapable de gérer ses enfants, un récit sans misérabilisme mais réaliste ne passant pas sous silence les drames d'une enfance sans amour, sans repère.
L'écriture est soignée, recherchée plutôt poétique avec des descriptions de l'environnement qui sont remarquables.
Il porte un regard attentif sur son passé, sur la Suède rurale du début du XXe siècle nous apportant un témoignage poignant sur le monde des laissés pour compte de l'évolution de la société suédoise.

(1)
Une institution « pupille de la commune », une forme primitive d'assistance sociale : ceux qui ne pouvaient subvenir à leurs besoins - orphelins et vieillards
- étaient pris en charge par la commune, mais en quelque sorte « affermés » à ceux qui acceptaient de les héberger à moindres frais. Cet engagement était pris pour une année et aussi bien le « fermier » que la commune pouvaient, à l'assemblée annuelle de la commune - ou de la paroisse, car la Suède est un pays où il y a une Eglise d'Etat - dénoncer le contrat. L'enfant ou le vieillard était alors obligé de prendre la route pour une nouvelle maison.
Dans le cas de Martin, la commune paierait cinq couronnes par mois, et contre cette somme les fermiers s'engageaient à nourrir et à vêtir le jeune orphelin, à l'élever et à lui faire fréquenter l'école, à le faire travailler et à veiller sur son destin jusqu'à la prochaine assemblée annuelle.
La commune remettait à l'orphelin, un balluchon à fleurs qui contenait des chaussettes de laine, des sabots et un savon.

(2)
Piétiste, membre d'une secte luthérienne qui mettait l'accent davantage sur la piété personnelle et sur le sentiment religieux que sur la stricte orthodoxie de la doctrine.

(3)
Méthodiste, d'un mouvement religieux protestant issu de l'anglicanisme et cherchant une pureté de doctrine plus systématique.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Certains soirs, Martin pensait :
Je suis obligé de me lever tellement tôt, quatre heures du matin. Alors pourquoi dormir ? Autant rester debout et jouir de cette belle nuit. Ma foi oui.
Il traversait le pré en sifflotant. À proximité d'une paroi rocheuse, haute à peine comme un manoir et couverte de mousse, un filet de brouillard était suspendu et masquait la source à la façon d'une cloche d'ouate. Martin gagnait la source et écoutait. Une grenouille verte, une déesse du vert, sautait dans la source. Floc ! Tout au fond, la source se parlait à elle-même de ses milles veines. La source s'enfonçait dans le sol, tel un arbre d'eau déployant ses branches d'argent sous l'herbe. À bien écouter, on pouvait entendre tout cela, dans le silence de la nuit.
Dans la nuit, tout était d'une beauté farouche. Lui-même farouche et silencieux, il regagnait la ferme. C'étaient des nuits semblables qu'il vivait. p 237-238
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La haine est si séduisante. Les paroles les plus saisissantes figurent dans son registre. Les sagas islandaises, chargées de la haine secrète du poète, étaient tellement belles. Quand la corde de l'arc de Gunnar se brisa, Gunnar dit à Hallgerd:
"- Prends deux boucles de tes cheveux et avec ma mère tresse une corde pour mon arc.
"- Qu'est-ce qui est en jeu? demanda Hallgerd.
"- Ma vie dit Gunnar.
"- Alors je me souviendrai bien de la gifle que tu m'as donnée, dit Hallgerd.
"- Un instant plus tard, Gunnar était tombé."
La saga de la haine est toujours belle. Du fond des millénaires, les drames de la haine brillaient d'un incomparable éclat. Pourquoi?
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Martin fila dehors. La chaleur du jour faisait fondre la neige sur les toits et l'eau coulait. L'asile gigantesque se débarrassait de sa couche de neige . Au milieu de celle-ci, entre les trois escaliers de béton, des perce-neige fleurissaient, changeant la vie en une légende
On allait vers une saison plus clémente, vers Pâques où fleuriraient les coucous.
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Il pénétra dans la cuisine. La vapeur des plats du dimanche posés sur la table montait en spirale. Les rideaux pendaient, légers comme des ombellifères, tels des rideaux de brouillard accrochés à l'intérieur de la maison. Le soleil brillait au coeur d'une vitre, un chaud soleil d'or velu, aussi calme que la fenêtre.
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En parlant, ses sourcils épais remuaient au-dessus de la brume bleue d'un regard auquel il n'y avait pas à se fier. Une lueur désorientée, d'une mélancolie brute, brillait comme un éclat de verre tranchant au fond de l'iris, sous la taie bleue et revêche. p 141
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