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Citations de Hélène Grimaud (116)


J'ai noté, en exergue d'un de mes carnets, la réponse que la pianiste Magda von Hattingberg a faite à Rilke, après qu'elle a lu ses Lettres à une pianiste : "Les gens revendiquent quelque chose, au lieu d'être là, comme le soleil ou un arbre en fleur ; comme un paysage qui laisse les gens grandir, sans leur demander : 'Qu'avez-vous à me donner en échange ?' Peut-être n'avez-vous jamais rencontré quelqu'un qui a su trouver de la richesse dans la seule béatitude d'être là, y découvrant ce qui manquait à son accomplissement, parce qu'il était lui-même la promesse et l'accomplissement de sa propre existence. [p. 125]
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J'ai brutalement mesuré la transformation intérieure de chaque individu qu'exigera le changement de nos modes de vie. Qui pourra mieux nous y aider que l'art et la musique?
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« Si l’amour ne peut être partagé, Que je sois celui qui aime le plus. » Wystan Hugh Auden

Je me souvenais encore de sa façon enfantine et gourmande de parler des femmes, d’évoquer l’espèce comme l’ultime territoire inconnu et redoutable à conquérir, une catégorie de mammifères pour laquelle il éprouvait, comme beaucoup d’hommes, un mélange de convoitise, de supériorité et de terreur.

Sous le soleil de Rome, j’eus brusquement la tentation de mettre mes pas dans ceux de cet immense musicien, de suivre son exemple, son art prodigieux d’avoir vécu intensément, joyeusement, inlassablement –voyages, amours, rencontres. La vie de Liszt vous faisait croire aux contes de fées, à la justice immanente, aux récompenses d’un destin génial et d’une œuvre éclatante. Il a accompli la forme parfaite d’un mouvement unique, sa vie et son œuvre dans la même inventivité, et les deux dans le compagnonnage de Dante, mais aussi de Byron, Goethe, Shakespeare ou Raphaël. Et puis Liszt, ce fut aussi le besoin pressant d’une retraite, de solitude, de recueillement et c’est à Rome, justement, entre le Forum et le Vatican qu’il était venu les chercher, pour assouvir dans cette aspiration sa soif d’être libre – et alors d’être bon.

« Il faut beaucoup d’années pour devenir jeune », disait Picasso.

Une rencontre, c’est un coup de dés nécessairement vainqueur. Il triomphe de tant d’incertitudes qu’il s’affirme comme la preuve d’un destin, au lieu de cette quête à tâtons, cet exercice de taupe, cette recherche aveugle d’une combinaison gagnante qu’on voudrait nous donner à croire.

Quelle que soit la distance qui sépare, il y a des gens qui ne vous ont jamais quittés et que vous ne quittez jamais.

Même au bout du monde, aux antipodes ou aux tropiques, on reste toujours prisonnier de ses angoisses. L’enfer, ce n’est jamais les autres ; l’enfer, c’est soi-même : la seule personne à laquelle on ne peut échapper.

Entre les hommes, ce n’est pas parce que le lien est établi qu’il est d’une intensité réciproque – ou qu’il restera toujours également vécu. Rien n’est jamais acquis, rien ne nous est dû, et plus la relation avec l’autre est une relation rare – et quelle merveille, quelle rareté, quel privilège que cette relation avec le loup-, plus elle est fragile, incontrôlable.

Là, je trouve le désir, je trouve la jouissance, je trouve le plaisir, le sexe et même l’amour propre : l’autofascination, le narcissisme jusqu’à l’autodestruction. Je trouve aussi le cri, l’angoisse, la solitude. Mais l’Amour ? L’Amour avec un grand A. Je crains qu’il soit passé de mode et, à tout prendre, ça me va très bien : notre siècle a inventé d’excellents manuels pratiques pour sa forme contemporaine…. L’hygiène a triomphé de l’amour.

L’amour exige de chacun qu’il l’ait lu, qu’il l’ait vu, qu’il l’ait admiré à l’œuvre avant de commencer, pratiquement, à aimer ou, alors, il s’exprimera sous sa forme la plus fruste, la plus faible dans le rapport qui devrait, justement, rester le plus sublime : le couple. L’Amour doit préexister à l’amour.

En amour, comme en musique, je laisse sa part au silence. Ces silences vécus de façon absolue qui composent l’Instant et qui, alors, deviennent plus grands que le temps, plus grands que l’éternité : ils sont son éloge même.

La tristesse naît de ce que l’on court après les choses. Après la vérité, après la musique, après le paradis. On les cherche à l’extérieur de soi où elles n’existent pas alors qu’il s’agit de plonger à l’intérieur de notre être, dans la transparence de l’âme pour les trouver. La fêlure par laquelle la tristesse se faufile, c’est celle par laquelle vous aurez laissé entrer le monde des apparences et des futilités. Vous serez triste quand, par routine, par paresse, vous cesserez de creuser, de fouiller votre cœur et votre âme jusqu’au point de gravité. C’est dans cette quête perpétuelle que l’on peut devenir de plus en plus sobre, de plus en plus simple, abandonner les fioritures pour comprendre, chercher et saisir l’essentiel – cet art suprême qui permet de tout ressaisir à la fois. C’est alors qu’on trouve son style, et trouver son style, c’est prendre les armes contre la mort. C’est même la seule arme qui permette, efficacement, de défendre la vie, et la lumière.
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- L'avenir, votre avenir et l'avenir de tous, mademoiselle, c'est d'être Vivants, de grands Vivants. A vous, je souhaite que la vie vous traverse en flots continus et puissants.
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La puissance de la vie, c'est l'élan vital vers l'autre, la capacité de l'aimer et de l'admirer sans vouloir exercer sur lui un quelconque pouvoir dans le respect de son absolue liberté.
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Apprendre à vivre, c'est d'abord apprendre à aimer la vie, c'est à dire à aimer tout simplement.
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(Le philosophe et botaniste) Gotthilf Heinrich von Schubert a été le premier à évoquer le "sentiment océanique". Ce sentiment d'étrangeté que provoque notre présence au monde, mélangé à cette délicieuse angoisse que tu m'as avoué éprouver la nuit, lorsque tu contemples l'immensité du ciel et la terrible indifférence des étoiles. Pour Schubert, cette sensation nous est communiquée par la Terre à laquelle nous appartenons organiquement.
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Mes maîtres m'ont appris le sens, ce sens qui donne un accord et une correspondance entre le mot et le monde - le mot, la note -, ce sens qui établit un courant entre l'âme humaine et la transcendance toujours voilée de l'oeuvre.
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Hélène Grimaud
Une musique sans silence, qu'est-ce, sinon un bruit?
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…la tristesse, ce voile entre soi et les choses qui ternit les couleurs, étouffe les sons, aigrit le vin.
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Distance
Préférer la musique aux couplets des opinions à la mode.
On ne garde ses distances qu'en prenant de la hauteur.
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Art
Pourquoi la musique ? Pourquoi l'art en général ?
Pour échapper à l'enfer, pour transformer le chaos de ce monde en une part d'Eden.
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L'art, en général, ne se distingue pas de la faim ni de la soif - il désigne un besoin vital, une nécessité urgente : il est le lieu où nous pouvons renaître. C'est assez dire que, si nous vivons sans art, sans les occasions multiples ni les joies secrètes qu'il procure - pour ne rien dire des périls qu'il nous fait courir -, nous nous condamnons à vivre à côté de nous-mêmes. Il nous manque alors l'essentiel qui tient à cette autre vie : en fait, notre vie intérieure, notre citadelle intime contre laquelle personne ne peut rien. [p. 182]
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Vibrant d'enthousiasme un jour, il sombrait dans le doute le jour suivant, fuyait sa terreur de l'échec dans le projet d'un voyage, pour revenir aussitôt à sa table de travail.
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Je l'ai dit cent fois: j'ai avec Brahms, une relation privilégiée qui a été immédiate, spontanée. Mon coeur l'a élu dés la première fois que je l'ai écouté.
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Pouvoir participer activement à la protection des animaux et les remettre à la place qui est la leur, il n’y a rien de plus gratifiant
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