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Citations de Hélène Lenoir (52)


Elle reconnaissait ce trouble, cette sensation, c'était quelque chose qui lui paraissait aussi vieux qu'elle, une boîte qu'on lui aurait offerte à sa naissance et lui aurait été donnée plus tard vers six ou sept ans, l'âge de raison, sept ans, elle s'en souvenait, ça l'avait beaucoup impressionnée, cette insistance pendant plusieurs mois: Quand tu auras l'âge de raison, pour une petite fille qui a l'âge de raison, tu n'es pas, vraiment pas... un passage qui n'avait pas duré très longtemps vu que très vite il avait été question de l'âge bête et, à l'époque, elle n'avait pas relevé la bizarrerie de cette évolution à contre-courant: où passait la raison si on devenait bête juste après?
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«  Quelqu’un enfin qui osait crier, gueuler et y aller, cogner , déborder, exploser et se répandre dans l’extrême démesure , comme si elle le faisait pour lui, trouvait les mots à éructer avec le coffre puissant d’une voix plutôt basse , rauque, rouge sombre pensait - il, excité par son soudain silence » ….
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«  …..Si tu avais vraiment envie d’en finir hier soir, pourquoi ne pas l’avoir fait discrètement ?
Pourquoi enquiquiner encore les gens, les forcer à jouer spontanément les sauveteurs , leur en vouloir après de l’avoir fait ?…..
Parce que tu t’imagines peut- être maintenant que c’est moi qui t’ai empêchée d’aller jusqu’au bout ?
——-Bon, ça suffit ! »
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«  J’avais tout à apprendre et mon orgueil ,,ma vieille bête noire……


J’étais une mauvaise religieuse, je priais mal, je ne savais plus me recueillir , taraudée par le froid, la faim , le manque de sommeil , les maux de tête de plus en plus fréquents, autant de déficiences que je m’efforçais de dissimuler au quotidien. » …
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Maintenant, c’est drôle comme ça m’émeut d’en parler — je revois le visage de certaines… oui… et je pense… je pense à l’Ange au sourire de Reims… Ah…
C’est, j’avais, je, je voulais dire… Je ne sais plus. La petite Sœur Nicole, peut-être, quand je l’ai regardée accrocher le linge au fond du potager, un matin où on m’avait désignée pour la cueillette des haricots verts ? Et je dis petite, je ne sais pas pourquoi, elle devait bien avoir mon âge… C’était l’été, oui, l’été 49 à Saint-Omer, pas d’enfants, le calme, plusieurs sœurs étaient parties — ah, voilà, c’était ça, la récréation de la mi-juillet où j’ai soudain entendu notre Supérieure prononcer deux fois le nom de Grenoble et juste après celui de Grandbourg. 
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Et alors, je vois tout ce qui n’est pas, n’a pas pu être, mais c’est plus que voir, je sens ou plutôt ça me traverse comme un torrent, l’eau vive qui dévale le lit de cailloux et je me penche, j’y mets la main, ça m’éclabousse, je m’écarte, toute mouillée de ça, ce savoir désormais : quand et à quel endroit du parcours j’ai dévalé dans ce lit asséché ou débordant au contraire jusque sur l’herbe des prés.
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" C'est chaque fois la même chose : impossible parce qu'on espère des miracles, fidèle au poste pendant neuf ans, une santé de fer, je n'en doute pas, mais le corps lui tout d'un coup, on a beau le redresser tous les jours à coups de trique, le corps refuse d'obéir, et ce ne sont pas les Rosaires ni la farine d'avoine qui sauront le faire plier, croyez-moi !"
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L'orgueil. Je m'en sens tellement dépouillée à force d'humiliations. Mais on me le reproche encore, comme mon plus grand crime.Incorrigible et irréparable. Il me dit qu'il y a deux manifestations de l'orgueil : l'esprit d'indépendance et l'esprit de critique, le jugement. L'humilité obéissante et l'humilité de charité ne peuvent le combattre efficacement et durablement que si on les exerce avec sincérité. Une fille de Sion, dans l'idéal des pères Fondateurs, renonce totalement à elle même , on vous l'apprend au noviciat. Persuadée que tout ordre vient de Dieu, que toute obéissance remonte jusqu'à Lui, elle se soumet aveuglément et s'abstient de tous jugement.
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Quelque chose en moi refuse d'avoir tant souffert et tout donné pour rien. Neuf années d'immenses efforts, de renoncements, de luttes, de sacrifices pour rien. Tendue de tout mon être vers la perfection d'une fille de Sion, mais ce n'était pas assez. Trop d'orgueil. Ma bête noire invincible. Réduite à rien.
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Les coulpes, c'était une sorte de confession publique, enfin non, pas publique puisqu'on était entre nous dans la salle de communauté. Chaque religieuse baise le sol et fait sa coulpe à genoux, on dit : " Ma Mère, je m'accuse de mes fautes, afin de m'en humilier et de me corriger", puis on énonce en peu de mots des fautes qui regardent la Règle, la charité, l'obéissance et les fonctions dont on est chargée. Par exemple qu'on a tourné la tête vers une porte ouverte en passant dans le couloir, oublier de raccomoder l'ourlet de son tablier ou laissé la médaille qui pensait tout au bout de notre chapelet - le long chapelet était accroché par un anneau à notre ceinture, on avait donc la médaille à peu près à la hauteur de la cheville; donc, si en se penchant on l'avait laissée heurter la rambarde de l'escalier par exemple, il fallait s'en accuser les coulpes. Les autres choses, dispositions personnelles ou pêchées sont réservées au confessionnal.
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Un homme, même prêtre, n'aurait pas compris et la Règle nous avait enseigné que notre supérieure était celle à qui nous pouvions- et devions d'ailleurs- confier nos doutes, nos certitudes ou nos tourments.
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"Prenez-moi !" . On devait le dire doucement en redescendant les degrés de l'autel : " Prenez-moi ! " et j'ai eu l'impression d'être soulevée par les anges en regagnant ma place, avec ma croix d'ébène suspendue à ma chaîne d'argent, c'était... je n'ai pas de mots pour ça (...).
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Il essaya de suivre ce bruit jusque dans la rue peu passante le dimanche à cette heure, songeant que ça pourrait être une belle fin, qu'il suffisait maintenant, au cas où elle n'aurait pas encore compris, de le lui dire, de ne pas avoir peur de le déclarer, je t'aime bien, j'aime bien te tenir de temps en temps dans mes bras mais te regarder, non, et t'entendre non plus...
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Elle garda longtemps les yeux ouverts dans l'obscurité, allongée sur le dos, formant avec ses lèvres des embryons muets de mots pour crever ses pensées constamment déportées loin de son désir de faire enfin le vide en elle et se remémorer en détail chaque moment, chaque sensation, chaque étreinte.
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Au début, il l’avait prise pour une infirmière, genre bonne sœur en civil, avec son allure et son air buté de vieille fille, une kiné animée d’un idéal de missionnaire novice, relevant naïvement le défi de remettre Schoeller sur pied ou du moins sur les rails…
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Il y a pourtant des méthodes plus simples et plus banales pour monnayer ce que tu prétends avoir d’intéressant. Tu m’aurais abordé au milieu du pont sous le réverbère, tu m’aurais dit le prix sans pleurnicher et j’aurais su à quoi m’en tenir. Je t’aurais peut-être donné une pièce ou un billet et j’aurais dormi tranquille cette nuit, je n’aurais pas perdu tout mon samedi matin… Si tu avais vraiment envie d’en finir hier soir, pourquoi ne pas l’avoir fait discrètement ? Pourquoi enquiquiner encore les gens, les forcer à jouer spontanément les sauveteurs, leur en vouloir après de l’avoir fait ?… Parce que tu t’imagines peut-être maintenant que c’est moi qui t’ai empêchée d’aller jusqu’au bout (elle poussa une sorte de grognement étouffé), tu es peut-être en train de te fabriquer une version héroïque des faits, de te persuader que tu avais le courage de plonger, alors que tu sais sûrement nager et que tu comptais sur l’aide d’un des pauvres types qui couchent sous le pont, un qui aurait sauté pour te repêcher, un qui serait maintenant en train de crever d’une bonne congestion pulmonaire et content presque ou apaisé d’avoir in extremis gagné son paradis, sa vie de vieil ivrogne contre la tienne, sa dernière vision avant de rendre l’âme serait celle d’une pauvre jeune fille malheureuse, innocente…
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Le hasard nous fait nous croiser sur un pont en pleine nuit et prolonger cette rencontre pendant une douzaine d’heures. Je me souviendrai de vous et vous vous souviendrez de moi, c’est évident, même si vous m’avez tellement peu regardé que vous ne me reconnaîtrez pas le jour où un autre hasard nous conduira dans la même rue, le même bistro, sur le même pont, qui sait…
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Chez moi, les spots sont impitoyables. Mon visage aux contours plus doux a renforcé ma sensation de flotter dans une nébuleuse tiède où je pouvais me laisser aller en toute confiance puisque c’était elle qui décidait. Et mon sourire dans le miroir m’a bizarrement rappelé mes douze ans quand, enfermée dans la salle de bain, j’observais les pousses de mes seins et mon visage transfiguré grâce aux produits de maquillage de ma mère dont j’utilisais aussi les foulards mousseux pour m’inventer des robes façon Mata Hari dansant au ralenti devant un parterre de soldats qui allaient mourir, jamais longtemps car la montée encore inconnue du plaisir me faisait soudain entendre des appels ou des pas et tout détruire, affolée, coupable, au savon et à la brosse, est-ce que la vieille avait frappé à la porte, est-ce qu’Élisabeth, seule avec lui, est-ce que lui… ?
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Il y a en elle une grande tension, comme si elle se retenait sans cesse de crier, de mordre, de cogner. Comme si elle avait peur qu’on puisse deviner la rage qui l’habite, comme si, ce jour-là vers trois heures, elle avait senti que ses verrous s’apprêtaient à céder et qu’elle n’aurait pas la force de les tenir fermés cinq minutes de plus. Une fureur ancienne qui lui fait peur. Peur de sa propre fureur. Ou peut-être qu’elle a reconnu la même chose en moi et que la tentation était trop forte, parce qu’elle ne voulait pas avec moi, de même que moi je ne veux pas avec celles qui me ressemblent et que je repère tout de suite.
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J’aurais aimé pouvoir lui proposer de rencontrer des gens mais je ne voyais pas qui. Même après, quand j’y ai réfléchi, personne. Personne de sa génération, la quarantaine à peu près, personne d’intéressant, d’assez fin et intelligent pour lui être d’une compagnie agréable, et je n’ai pas osé écrire à Silvana pour lui demander si éventuellement parmi ses amis plus âgés, elle verrait quelqu’un qui…
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