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Citations de Henri Charrière (24)


Un homme n'est jamais perdu. Malgrè tout ce qu'il a pu commettre, à un moment donné de sa vie il y a toujours une chance de le récupérer et d'en faire un homme bon et utile à la communauté.
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Un homme n'est jamais perdu. Malgrè tout ce qu'il a pu commettre, à un moment donné de sa vie il y a toujours une chance de le récupérer et d'en faire un homme bon et utile à la communauté.
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La gifle a été si forte que je ne m'en suis relevé qu'au bout de treize ans. En effet, ce n'était pas une baffe ordinaire, et pour me la balancer, ils s'étaient mis à beaucoup.
Nous sommes le 26 octobre 1931. Depuis huit heures du matin on m'a sorti de la cellule que j'occupe à la Conciergerie depuis un an. Je suis rasé de frais, bien vêtu, un costume d'un grand faiseur me donne une allure élégante. Chemise blanche, nœud papillon bleu pâle, qui apporte la dernière touche à cette tenue.
J'ai vingt-cinq ans et en parais vingt. Les gendarmes, un peu freinés par mon allure de "gentleman", me traitent courtoisement. Il m'ont même enlevé les menottes. Nous sommes tous les six, cinq gendarmes et moi, assis sur deux bancs dans une salle nue...
(extrait du premier cahier "Le chemin de la pourriture - Les assises"
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Cette vie d’aventure que j’adore, où on joue tout, où quand on perd on recommence, cette vie généreuse qui donne toujours quelque chose de nouveau à ceux qui aiment le risque, cette vie où intensément on vibre jusqu’au plus profond des fibres de son être, cette vie qui palpite en nous dès qu’on bouge, dès qu’on saute par la fenêtre pour entrer dans l’aventure, cette aventure qui est à la portée de tous, même sur son palier si on le désire intensément, cette vie où tu ne seras jamais vaincu puisqu’au moment même où tu viens de perdre un coup tu en prépares un autre avec l’espoir d’être gagnant cette fois-ci, cette soif de vivre que l’on ne doit jamais vouloir calmer, où à n’importe quel âge, dans n’importe quelle situation, on doit se sentir toujours jeune pour vire, vivre, vivre , en peine liberté, sans barrière d’aucune sorte qui puisse te parquer dans quelque surface ou quelque collectivité que ce soit.
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"Bonne chance, Francés ! Vous êtes libres dès ce moment. Adios !"
L'officier du bagne d'El Dorado nous tourne le dos après nous avoir fait un geste de la main.
Et ce n'est pas plus difficile que ça de quitter des chaînes que l'on traîne depuis treize ans. Avec Picolino à mon bras nous faisons quelques pas sur le raidillon qui, du bord du fleuve où nous a déposés l'officier, monte au village d'El Dorado.
Et dans ma vieille maison d'Espagne, en 1971, dans la nuit du 18 août exactement, je me revois avec une incroyable précision sur le chemin de galets, et non seulement la voix de l'officier résonne de la même façon grave et claire à mes oreilles, mais je fais le même geste qu'il y a vingt-sept ans : je tourne la tête...
(extrait du chapitre premier "Les premiers pas de la liberté")
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Maturette et moi marchons lentement au milieu de la foule. On a besoin de côtoyer des gens, d'être bousculés, de nous assimiler à elle pour en faire partie. Nous entrons dans un bar et demandons des bières. Ça semble rien de dire : "Two beers, please", oui, c'est tellement naturel. Eh bien, malgré cela, ça nous paraît fantastique qu'une coolie indoue avec sa coquille d'or dans le nez nous demande après nous avoir servis : "Half a dollar, sir." Son sourire aux dents de perle, ses grands yeux d'un noir-violet un tout petit peu bridés sur les coins, ses cheveux de jais qui tombent sur ses épaules, son corsage demi-ouvert sur le début des seins qui laisse entrevoir qu'ils sont de toute beauté, ces choses futiles si naturelles pour tout le monde nous paraissent à nous autres fantastiquement féériques. Voyons, Papi, c'est pas vrai, ça ne peut pas être vrai que si vite, de mort vivant, de bagnard à perpète, tu sois en train de te transformer en homme libre !
C'est Maturette qui a payé, il ne lui reste qu'un demi-dollar. La bière est délicieusement fraîche et il me dit : "On en boit une autre ?" Cette deuxième tournée qu'il voudrait boire me paraît une chose à ne pas faire.
- Voyons, il n'y a pas une heure que tu es en vraie liberté et déjà tu penses à te saouler ?
- Oh ! je t'en prie, Papi, n'exagère pas ! Entre boire deux bières et se saouler, il y a loin.
- Peut-être tu as raison, mais je trouve que décemment on ne doit pas se jeter sur les plaisirs que nous offre le moment. Je crois qu'il faut les déguster petit à petit et non en glouton. D'abord, cet argent n'est pas à nous.
- Oui, c'est vrai, tu as raison. On va apprendre à être libre au compte-gouttes, c'est plus à la hauteur.
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Il y a des petits voleurs, maladroits puisqu'ils se font souvent prendre, qui sont relégués - ce qui revenait, de mon temps, au même que d'être condamné à perpète - et qui n'ont, dans toute leur vie de voleurs, pas volé dix mille francs. C'est là où il y a le plus grand non-sens de la civilisation française. Un peuple n'a pas le droit de se venger ni d'éliminer d'une façon trop rapide les gens qui provoquent des ennuis à la société. Ces gens sont plus des gens à soigner qu'à punir d'une façon aussi inhumaine.
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Vous croyez que parce que nous avons ascenseurs, avions et un train sous terre, ça prouve que les Français sont plus civilisés que ces gens qui nous ont reçus et soignés ?[...] Mais s'ils n'ont pas les bénéfices du progrès, ils ont le sens de la charité chrétienne bien plus élevé que tous les prétendus civilisés du monde. Je préfère un illettré de ce hameau qu'un licencié es lettres de la Sorbonne à Paris, si celui-ci doit avoir un jour l'âme du procureur général qui m'a fait condamner. L'un est toujours un homme, l'autre a oublié de l'être.
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Cette scène a dû émouvoir le jeune garde car, au bout de quelques minutes, il s'arrête devant ma cellule et dit : « Il doit être devenu fou. »
— Vous croyez ? Pourtant tout ce qu'il dit est très équilibré.
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Dans les larmes qui me nettoient les yeux purulents, je vois mille petits cristaux de toutes les couleurs et bêtement je pense: on dirait les vitraux d'une église.
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"Je vous ai raconté la thèse du type d'Irapa, un pauvre pêcheur, expliquant au préfet qu'un homme n'est jamais perdu, qu'il faut lui donner une chance pour qu'en l'aidant il devienne un honnête homme. Ces pêcheurs presque illettrés du golfe de Paria, au bord du monde, perdus dans cet immense estuaire de l'Orénoque, ont une philosophie d'humanisme qui manque à beaucoup de nos compatriotes. Trop de progrès mécaniques, une vie agitée, une société qui n'a qu'un idéal: de nouvelles inventions mécaniques, une vie toujours plus facile et meilleure. Déguster les découvertes de la science comme on lèche un sorbet entraîne la soif d'un confort meilleur et lutte constante pour y arriver. Tout cela tue l'âme, la commisération, la compréhension, la noblesse."
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Je n’oublierai jamais ce repas, le premier vraiment exceptionnel pour moi, dans un appartement somptueux à l’orée du bois de Boulogne. Dans toute ma vie, je n’avais connu que des milieux simples d’enseignants ou des restaurants de luxe. Mais un cadre et une ambiance aussi raffinés, je n’y avais jamais pénétré…

… Je ne peux pas très bien te décrire, lecteur, toute la beauté, la communion d’esprit, l’émouvant de ces moments.
Mais de toi-même tu peux imaginer l’intensité de ce que je ressens en découvrant un autre monde, une société tellement différente de ce que j’ai connu et, par surcroît, vivant un changement de ma vie aussi inattendu : je suis véritablement soûlé par le bonheur.

Dire à un homme qui a un passé comme le mien : « Tu vaux autant que n’importe quel homme, tu mérites les égards dus aux êtres hors du commun, tu es bien à ta place ici, au milieu de ma famille, dans ma maison, tu ne détonnes pas, je suis heureux de t’avoir chez moi. »
Tout cela sans le dire vraiment, en le faisant sentir, sans un seul de ces compliments faciles qui écoeurent plus qu’ils ne font plaisir, rien, absolument rien ne peut arriver au cœur de cet homme avec une telle intensité.
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En toute sincérité, je préfère être un forçat qu'un garde chiourne.
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Je me fais cette réflexion un peu ridicule:
-Papillon, tu es destiné à avoir affaire aux marées de la mer. La lune, que tu le veuilles ou non, a pour toi beaucoup d'importance, pour toi et pour ta vie. C'est grâce aux marées montantes et descendantes, que tu as pu sortir facilement du Maroni quand tu t'es évadé du bagne. C'est en calculant l'heure de la marée que tu es sorti de Trinidad et de Curaçao. Si tu as été arrêté à Rio Hacha, c'est que la marée n'était pas assez forte pour t'éloigner plus vite, et maintenant tu es à la merci permanente de cette marée.
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"Cet homme qui abandonne sa maison avec trois forçats évadés dedans nous donne une leçon sans égale, voulant nous dire: Vous êtes des êtres normaux; jugez si j'ai confiance en vous pour que, douze après vous avoir connus, je vous laisse seuls dans ma maison auprès de ma femme et de ma fille. Cette façon muette de nous dire: J'ai vu, après avoir conversé avec vous trois, des êtres parfaitement dignes de confiance au point que ne doutant pas que vous ne pourrez ni en fait, ni en geste, ni en parole vous comportez mal chez moi, je vous laisse mon foyer comme si vous étiez de vieux amis -- cette manifestation nous a beaucoup émotionnés.
Je ne suis pas intellectuel qui peut vous peindre, lecteur -- si un jour ce livre a des lecteurs -- avec l'intensité nécessaire, avec de puissante verve, l'émotion, la formidable impression de respect de nous-mêmes, non: d'une réhabilitation sinon d'une nouvelle vie. Ce baptême imaginaire, ce bain de pureté, cette élévation de mon être au-dessus de la fange où j'étais embourbé, cette façon de me mettre en face d'une responsabilité réelle du jour au lendemain viennent de faire d'une façon si simple un autre homme de moi que ce complexe de forçat qui même libre entend ses chaînes et croit à chaque instant que quelqu'un le surveille, que tout ce qui m'entraînait à devenir un homme taré, pourri, dangereux à tous les instants, passivement obéissant en surface et terriblement dangereux dans sa révolte, tout cela comme par enchantement, a disparu. Merci, Maître Bowen, avocat de Sa Majesté, merci d'avoir fait de moi un autre homme en si peu de temps!"
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On a dû lui mettre un bâillon car je n'entends plus rien. La porte s'est refermée. Cette scène a dû émouvoir le jeune garde car, au bout de quelques minutes, il s'arrête devant ma cellule et dit : « il doit être devenu fou »
- Vous croyez ? Pourtant tout ce qu'il dit est très équilibré.
Il est sidéré le gaffe, et il me jette en s'en allant : « eh bien, vous alors, vous me la copierez ! »
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En écrivant toutes ces pensées que j'ai réellement eues il y a déjà tant d'années et qui reviennent en foule m'assaillir avec une clarté terrible, je me dis à quel point le silence absolu, l'isolement complet, total, infligé à un homme jeune, enfermé dans une cellule, peut provoquer, avant de virer à la folie, une véritable vie imaginative. Tellement intense, tellement vivante, que l'homme se dédouble littéralement. Il s'envole et va vraiment vagabonder où bon lui semble. Sa maison, son père, sa mère, sa famille, son enfance, les différentes. étapes de sa vie. Et puis, et surtout, les châteaux en Espagne que son esprit fécond invente, qu'il invente avec une imagination si incroyablement vive que, dans ce dédoublement formidable, il arrive à croire qu'il est en train de vivre tout ce qu'il est cn train de rêver.
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Les peaux sont de couleurs variées. Ca va du noir africain des Sénégalais à la peau de thé de nos créoles martiniquais; du brique indien mongolique aux cheveux lisses noir-violet, au pur blanc.
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