bon, il y a déjà 345 critiques sur ce roman mais je fonce quand-même...
J’ai longtemps hésité avant de me lancer dans cette lecture ; quand un roman enflamme à ce point les réseaux sociaux et les blogs, je me méfie un peu et ce d’autant plus que la moto et moi, nous sommes aux antipodes…
J’ai fini par tenter l’aventure et je n’ai vraiment pas été déçue de voyage, au propre et au figuré…
« Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté »
Voilà, au mot près, la seule phrase que j’ai été foutu de prononcer devant le juge, quand ça a été mon tour de parler. Je m’en faisais une belle image, moi, de la liberté. Un truc sacré, presque, un truc dont on fait des statues. J’ai pensé que ça lui parlerait. Ainsi commence le roman…
C’est le héros, Hugo, alias Bohem, qui raconte l’histoire, telle qu’elle s’est passée réellement et non la version fournie au juge à la fin du road-movie. Ce garçon est attachant, car son enfance a été marquée par la mort de sa petite sœur Véra, renversée par une moto, alors qu’elle était avec sa mère.
Ce drame va modifier toute la structure familiale, car la mère ne fera jamais le deuil de cette enfant, et surtout comparera toujours Hugo à la sœur parfaite, qui elle aurait donné toutes satisfactions ; sous-entendu, lui n’est que le mal incarné… se sentant mal aimé, il vaut multiplier les provocations dans le collège pour riches où sa mère l’a inscrit pour qu’il rentre dans le droit chemin. Là il rencontre celui qui deviendra son meilleur ami, son frère, Freddy.
Avec lui il découvre la moto et ils finissent par construire leur propre bécane dans le garage du père de Freddy.
Réfugié dans sa cabane au fond du jardin, il refait le monde avec lui mais aussi Alex alias la fouine, Oscar dit le Chinois avec les cigarettes puis le cannabis etc. ce qui va les conduire en prison. A la sortie, Freddy s’est rangé, alors ils partent tous les trois, car plus rein ne les retient.
On voit l’ivresse de rouler pendant des heures, le sentiment de liberté, de ne rien devoir à personne, qui peu à peu va tutoyer la légalité, et conduire à la descente aux enfers, à l’engrenage qui fait que d’un petit délit, partir sans payer l’essence par exemple, va se transformer en vol à mains armées, à la mort…
Je ne connais rien de l’univers de la moto, mais j’ai aimé en apprendre les codes, les couleurs cousues sur les blousons, ou peintes sur l’engin, la nécessité de désigner un chef et des prospects… les bandes rivales qui ne se font pas de cadeaux.
« Il y a quelque chose dans le partage des couleurs qui est difficile à expliquer, comme si ça jouait un rôle d’accélérateur dans les rapports humains, parce que ceux qui en portent, quand ils se croisent, ils savent qu’ils ont forcément pas mal de choses en commun, comme des fêlures qui les rapprochent. » P 213
Mais, commander n’est pas le désir fondamental de Bohem, alors il repart tout seul, épris de liberté, mais le destin nous rattrape toujours. J’ai aimé ce gamin, chez lequel l’absence d’amour parental a déclenché des failles profondes et le désir de fuir. Prêt à tout pour être aimé, il ne pense qu’aux amis, il est sincère, il ne lui vient pas à l’esprit que les autres ne fonctionnent pas comme lui et finiront par le trahir.
Henri Lœvenbruck décrit très bien la manière dont le pouvoir peut modifier l’individu et lui faire tourner le dos à ses principes, si tant est qu’il y ait eu des principes… les personnages sont très bien étudiés, et tous ont leurs failles, leur caractère, leur personnalité ; il y en a qu’on se met à détester très vite, presque instinctivement.
J’ai beaucoup aimé ce roman, contrairement à ce que j’imaginais, en me laissant enfin tenter par l’appel des sirènes. C’est vraiment un beau voyage, les cheveux dans le vent.
Ça n’étonnera personne, mais quand je m’enflamme, j’y vais à fond et j’ai déjà dans mes valises pour l’été prochain, « l’Apothicaire » et « Le syndrome Copernic »…
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