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Citations de Henry Miller (1057)


Assis là, sur le divan bas, la pièce noyée dans une douce pénombre, ses flancs lourds et palpitants pressés contre moi, le malaga qui faisait battre mes tempes, et tout cet absurde bavardage au sujet de Paul et de ses vertus, je finis par me pencher sur elle, et sans dire un mot, je soulevais sa robe et le lui mis. A mesure que je la pénétrais et commençais de la besogner, elle se mit à gémir. C'était une sorte de délire triste et coupable, ponctué de soupirs haletants et de petits cris de joie et d'angoisse, répétant inlassablement : "Je n'aurais jamais cru que vous feriez cela... Je n'aurais jamais cru que vous feriez cela..." Et quand ce fut fini, elle arracha la robe de velours, la belle robe de deuil décolletée, et elle m'abaissa la tête contre elle et me dit de l'embrasser, et de ses beaux bras vigoureux elle m'enfonça presque la tête entre ses cuisses, sans cesser de gémir et de sangloter. Enfin elle s'agenouilla près du divan où j'étais allongé et me dit d'une voix basse, tout éplorée : " Tu me promets de m'aimer toujours, n'est-ce pas ? Tu me le promets ? " Et je répondis oui, tandis que ma main fourrageait encore entre ses cuisses. Je répondis oui, tout en pensant en moi-même quel idiot tu as été d'attendre si longtemps. Elle était si mouillée, si juteuse là-dedans, et si enfantine, si confiante, eh quoi ! n'importe qui aurait pu entrer et se servir. Une femme à culbuter.

(La boutique du tailleur).
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Je ne serais pas surpris que ce fût le cimetière de Cypress Hill devant lequel j'ai passé durant tant d'années dans le dégoût et l'humiliation, que je regardais du haut du chemin de fer aérien, sur lequel je crachais de la plate-forme du train. Ou le cimetière de Saint-Jean, avec ses burlesques anges de fer-blanc, où j'ai travaillé comme fossoyeur. Ou le Cimetière Montparnasse, qui en hiver, a l'air d'un commotionné. Cimetières, cimetières...Par Dieu ! Je refuse d'être enterré dans un cimetière ! Je ne veux pas de ces imbéciles autour de moi, avec un goupillon et un air funèbre. Je n'en veux pas !

(Je porte un ange en filigrane).
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 l'heure actuelle voici, à mon sens, les raisons pour lesquelles nous lisons : un, pour nous délivrer de nous-mêmes ; deux, pour nous armer contre des dangers réels ou imaginaires ; trois, pour nous "maintenir au niveau" de nos voisins, ou pour les impressionner, ce qui revient au même ; quatre, pour savoir ce qui se passe dans le monde ; cinq, pour notre plaisir, ce qui veut dire pour stimuler et élever nos activités et pour enrichir notre être.
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J'ai dit de Powys qu'il était un "livre vivant". Est-ce que cela ne revient pas à dire qu'il est tout flamme, tout esprit ? Le livre qui devient vivant c'est le livre que le coeur dévorant a pénétré de part en part. tant qu'il n'est pas ranimé par le feu d'un esprit aussi vivant que celui qui lui a donné naissance , un livre demeure mort pour nous. (p.179)
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Suivez la première rue venue, dans cette tendresse de lumière violette. Faites le vide dans l’esprit. Aussitôt, mille sensations vous assaillent de tous côtés. Ici l’homme est encore créature de poil et de plume ; ici le kyste et le quartz ont encore la parole. On y trouve des maisons qui parlent, des édifices volubiles, avec leurs visières de tôle et leurs fenêtres qui suent ; des lieux saints aussi, où les enfants se drapent autour des portiques, tels des contorsionnistes ; des rues roulantes, ambulantes, où rien n’est immobile, rien n’est fixe, compréhensible, sauf aux yeux et à l’esprit du rêveur. Des rues hallucinantes, également, où tout, soudain, n’est que silence, désert, comme après le passage d’un fléau des rues qui toussent, d’autres qui battent comme des tempes en fièvre, d’autres encore où l’on peut bien mourir, qui s’en soucie ? Des rues étranges, frangipaniques, où l’essence de rose se mêle à l’âcre morsure du poireau et de l’échalote. Des rues en pantoufles, répercutant le flip, flap de nonchalances mouvantes. Des rues droit sorties d’Euclide, qui ne s’expliquent qu’à coups de logique et de théorèmes…
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Du matin où on ouvre l’œil, jusqu’au moment de se mettre au lit, tout n’est que mensonge, frime, escroquerie. Tout le monde le sait, et chacun s’emploie de son mieux à perpétuer cette sale blague. C’est pour cela que nous nous regardons avec tant de foutu dégoût les uns les autres.
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Si nous étions lucides, instantanément l'horreur de ce qui nous entoure nous laisserait stupides. On ne saurait être parfaitement lucide et déambuler dans les rues de nos cités modernes sans en être affecté de façon ou d'autre. Ce qui ne signifie pas que nous devrions avoir envie de les reconstruire, nos cités, de les faire un peu moins laides - mais de les planter là, de filer pour ne plus revenir, oui. De tout flanquer en l'air, de plaquer le boulot, d'envoyer paître les obligations, le percepteur, les lois et tout ce qui s'ensuit. Un être humain parfaitement éveillé, croyez-vous qu'il se conduirait en cinglé, comme c'est le cas, comme on le lui demande, à chaque instant de la journée ?
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Je ne suis pas antisémite. Je ne suis pas anti quoi que ce soit, bien que j’aie caricaturé, ridiculisé, fulminé tonitrué et blasphémé à cœur joie dans la majeure partie de mes écrits. Si j’étais plus excessif et plus téméraire en mon langage ces premiers mois de l’année 1934, quand fut écrite cette longue lettre, c’est que j’étais plus jeune et pensais moins aux autres. En outre l’emploi de la lettre incite à jeter par-dessus bord toute réserve. ( Aller-Retour New York)

C’est curieux, ça me fait penser à un épisode de la vie de Yann Moix. En tout cas, prends-en de la graine cher Yann, voilà comment un grand écrivain arrive à se déjouer des regards obliques éventuels. Voilà c’est dit , et il n’a pas attendu qu’on lui en parle.
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Grands Dieux ! Que suis-je devenu ?
Quel droit avez-vous, vous tous, d'encombrer ma vie, de me voler mon temps, de sonder mon âme, de sucer mes pensées, de m'avoir pour compagnon, pour confident, pour bureau d'information ?
Pour quoi me prenez-vous ?
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Magnifique essai de Miller sur Arthur Rimbaud.
Il a défini le poète comme "le suicide vivant".
- Demander à un poète de parler la langue d'un homme de rue, c'est comme s'attendre à ce qu'un prophète clarifie ses prédictions.
Captivant et attachant.
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Henry Miller
On aime bien quelqu'un qui nous échappe un peu avec un rien insolent de vélléité d'indépendance.
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Henry Miller
Dès que toi-même quand tu sollicites ta part de petit dictateur qu'il y a en toi, en brandissant des interdictions aux autres, conçois que tu réduis ton propre champ de liberté.
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Henry Miller
Cette contrariété passagère était comparable à celle des effets de vagues quand on se trouve sur une petite embarcation sur la Seine et qu' on doit subir l'arrogance et l'indélicatesse d'une grosse vedette qui vous passe sous le nez sans aucunement se soucier de vous. La Seine leur appartient.
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Henry Miller
Ne pas dire un mot de toute une journée, ne pas voir un journal, ne pas entendre de radio, ne pas écouter de commérages, s'abandonner absolument, complétement, à la paresse, être absolument, complétement indifférent au sort du monde, c'est la plus belle médecine qu'on puisse s'administrer.
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Ma chère Brenda, ma chérie, il y a vraiment une chose que je meurs d'envie de faire : de presser doucement ta chatte (*le petit chat*) à travers ta robe ou directement sur ta peau, qu'importe la situation et la façon ! C'est presque une obsession chez moi. Mais ce serait comme d'avoir entre les mains une version condensée de toi, de te tenir sous la forme d'une fleur - pensée, glaïeul, orchidée, n'importe quelle fleur ; nous sommes toujours si près de cet état. Je suis sûr que tu en es consciente ; mais c'est comme s'il y avait un pacte secret entre nous deux : jusque-là, pas au-delà ! Mais quand tu te jettes à mon cou, c'est corps et âme que tu le fais. Tu donnes tout ce qui est en toi - et un peu, ou même beaucoup davantage. Cela paraît sacrilège donc de parler de la fleur manquante, n'est-ce pas ? Et pourtant, d'en parler, ce n'est pas du tout le genre de H. M. Le genre de H. M., c'est d'agir d'abord, et de penser après.
Je t'embête avec ce baratin de mâle ? J'espère que non. Et j'espère que cela ne me diminue pas à tes yeux. Il te plaît, ce papier à lettres ? Il a quelques chose de plus chaud, de plus sanguin, *n'est-ce pas* ? Peut-être que j'ai mes règles en ce moment. Cela arrive aussi aux hommes, je t'assure - sauf que quand ils les ont, ils saignent par tous leurs pores, de tout le corps, cervelle comprise.
Et puis, c'est comme si les cieux ne contenaient que le poids le plus délicat (*les poids délicats du ciel*). Et toi, mon aimée, tu planes là dans les nuages, sans poids, sans ailes.
(Qu'est-ce qui a bien pu faire penser à Terence Young à ma salle de bains, en entrant dans la tienne ?)
Oui, tu es une beauté - beauté classique - *du temps ancien*. Sicilienne à la vie et au toucher, espagnole pour l'air hautain, stoïque à la manière indienne - et universelle, comme Mère-Terre elle-même dans ta capacité d'amour. Tu es l'amante qui joue en sourdine, pour paraphraser mon idole Knut Hamsun.


[les mots entre astérisques sont en français dans le texte]
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Henry Miller
Nul n'est besoin de faire de la Terre un paradis : elle en est un. A nous de nous adapter pour l'habiter.
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L'homme qui avait organisé cette brigade, le commandant X..., était pédé. Il adorait les jeunes garçons - et tous les parents parlaient de lui comme d'un "homme charmant". Il nous aimait un peu trop pour son propre bien. Tous les soirs, quand nous nous présentions à l'appel, il nous faisait entrer dans son petit bureau, nous asseyait sur ses genoux et, nous serrant contre lui, nous pelotait et nous embrassait autant que possible. Nous redoutions tous ces séances, mais aucun de nous n'avait le courage de le dénoncer. Personne ne nous eût crus, d'ailleurs, parce qu'il n'avait pas une tête à ça.
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Il eût été capable de baiser un serpent, si ç'avait été faisable. Je me demandais pourquoi il n'était jamais tombé amoureux d'une Japonaise ou d'une fille des Philippines.
" Faute d'argent", me répondait-il régulièrement. Comprenez que, s'il en avait trouvé une, il se fût cru obligé de la traiter comme une reine. Pour lui, les Américaines n'étaient que des connasses, au mieux des "morues". Il méprisait l'Américaine moyenne. Quand aux Anglaises, bien entendu, elles n'existaient même pas.
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Derrière le comptoir, il y avait alors trois vaillant Irlandais, trois de ces types abjects qui faisaient des bars de cette époque les lieux sympathiques qu'ils étaient. On les estimait tellement tous les trois, que l'on considérait comme un privilège si Patsy O'Dowd par exemple vous appelait sacré dégénéré, fils de putain, suceur de bite qui ne savait même pas boutonner sa braguette. Et si, en retour du compliment, vous lui proposiez de prendre un petit quelque chose, Patsy O'Dowd répondait froidement et sarcastiquement que seuls des gens de votre espèce pouvaient ingurgiter des tord-boyaux pareils, et, ce disant, il levait avec dédains votre verre par le pied pour essuyer l'acajou, puisque c'était son métier et qu'il était payé pour cela, mais nom de Dieu ! vous ne pourriez pas le persuader de s'empoisonner les tripes avec cette drogue infecte. Plus ses insultes étaient ordurières, plus il était estimé ; des financiers habitués à ce qu'on leur torchât le cul avec des pochettes de soie venaient en ville exprès, après la fermeture de la Bourse, rien que pour se faire traiter de sacré fils de putain dégénéré suceur de bite par ce sale cochon d'Irlandais mal embouché. C'était pour eux le couronnement d'un beau jour.

(La boutique du tailleur).
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-Lettre à Pierre Lesdain- 3 mai 1950

(....) Vous êtes un des lecteurs les plus enthousiastes que je connaisse. Dans vos critiques, vous êtes souvent "contre", mais vous êtes plus souvent "pour" l'auteur. En attaquant, vous révélez votre amour, non pas votre rancoeur, votre envie, votre dépit ni votre jalousie. Souvent, quand j'évoque mes débuts, je pense à vous, et je vous vois toujours un livre à la main ou sous votre bras. Bien mieux, à mesure que je vous découvre mieux en lisant chaque semaine votre chronique dans-Volonté- (cf un hebdomadaire de Bruxelles qui a cessé de paraître depuis lors), je suis maintenant convaincu que nous lisions souvent le même auteur, sinon le même livre de cet auteur, au même moment. (p.256)
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