"J'ai toujours soutenu que si la Vie est bonne, la Mort doit l'être aussi. Toutes deux sont des mystères, pas des désastres."
Dear, Dear Henry,
Oui oui je vous copie… :)
Une simple lettre, je dois rendre le livre, et me dois de consigner quelques mots pour garder précieusement ce souvenir.
Vous m'aviez subjuguée avec votre vision du monde dans
Tropique du Cancer et j'avais aimé me promener à pieds dans les rues parisiennes en votre compagnie le temps d'une lecture. Alors ce recueil de lettres issu des dernières années d'une vie bien remplie, de mots et d'amour -de dèche aussi- était un autre moyen de vous suivre, pas à pas.
Bien sûr j'étais gênée par le côté voyeur mais je fus ravie, la lecture terminée, de ne pas avoir été troublée par cet aspect qui ne se ressent pas du tout. Ces lettres sont de vous, à destination d'une poupée aussi belle que vous la souhaitiez et pour autant n'ont rien d'impudiques. Vous rêviez d'elle et le lui écriviez, qui n'aurait pas aimé les recevoir ces mots d'amour, de sexe et qui ne sont que la vie. Mais vous avez été un "amant tout dévoué et légèrement délirant" et plus que tout un "amant rêveur".
Elles sont vous, tout votre être et votre âme en concentré. Alors lire vos derniers mots, vos derniers amours et votre dernier envol a été très émouvant. Parce que vous étiez un être libre avant tout. Vos dernières paroles écrites "Je peux écrire jusqu'à la mort. Pas mal quoi ! Non pas mal du tout, mon vieux !" et oui en français dans le texte et traduites dans la foulée par vous-même en anglais. Preuve de votre double culture et de vos multiples amours et d'un splendide pied de nez à la mort. Une écriture ronde, aérée, belle et dynamique. Mais je ne suis pas graphologue et surtout pas objective.
Quel pygmalion vous avez dû être pour elle. Et comme une copieuse, j'ai emplie ma bibliothèque de certains de vos conseils. Je vous dirai si je les aime également… plus tard.
Ces lettres parlent de vous, avec des retours sur des années passées (Hoki, Anaïs et d'autres) avec du recul et de la lucidité (la vie de misère, le presque Nobel, votre famille, vos années d'enfance "Dans mon souvenir, cette période surpasse (même aujourd'hui) toutes les autres. Peut-être parce qu'alors tout était neuf"… ).
Vous utilisez la formule "Régal cosmique" à propos du livre de
Giono,
le chant du monde. Voilà ce que j'aime, des formules qui m'emportent, me piquent la curiosité. Mais il n'y pas que des lettres, il y a trace aussi de votre pudeur lorsque Brenda vous questionne sur d'anciennes amours, et là vous lui écrivez non pas une lettre mais une petite pièce de théâtre. Bref, un esprit d'une vivacité incroyable.
Je terminerai en reprenant deux de vos formules (et c'est un tour de force que d'en avoir imaginé autant pour clore les lettres, très rare se retrouve le "
H. M." ou le "Henry", sec) :
- "Avec toujours plus d'amour, abjectement vôtre. Ca veut dire que je suis tout à toi."
- "Ton petit amoureux de trois ans !"
Et oui, quand on aime, on ne compte pas,
M. Miller.
"Brenda chérie, Ton image, ton contact sont toujours en moi. C'est toi, toi, ça me fait vibrer, ça m'envoie en l'air."
"Après bien des lunes de silence
De nouveau une petite chanson
Pour ma bien-aimée Brenda
Chanson à la terre, aux étoiles et à la mer
Et d'autres lieux dont de bons qu'il faut taire
Bien qu'ils soient pleins de bonnes intentions
Tel cet endroit toujours fascinant
Entre les membres, le sein galbé
Comme la coque d'un transatlantique
(…)"
[A Brenda la Bien-Aimée]
C'est un beau recueil. Merci pour ce partage.
Amicalement,
Ambages
"Ce qu'il nous faut, ce n'est pas davantage de connaissances, mais de sagesse. Par quoi j'entends sagesse de la vie - comment survivre, et en tirer le maximum, sur cette foutue planète (cette foutue planète). Et ce gâchis, je pense, qu'il n'est pas l'oeuvre d'un Créateur, mais de l'homme lui-même."