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Critiques de Hiroshi Hirata (61)
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L'âme du Kyudo

L'ame du Kyudo nous conte l'histoire du Toshiya, une épreuve japonaise du tir à l'arc dont le but était de faire passer le plus de flèches le long du porche d'un temple long de 120m.

Ce que l'on ne réalise pas forcément avec notre oeil occidental, c'est que la morale des samourais va prendre le pas sur cette épreuve, et lui donner une dimension politique. Nous sommes ici bien loin des Jeux Olympiques, et battre le record du Toshiya, c'est apporter la gloire à son fief, à son seigneur.

Echouer, c'est embrasser la honte, et pour éviter cela, seul reste le seppuku.



Adapter de faits historiques, l'ame du kyudo va nous faire suivre les aventures d'un samourai inférieur, Kanza, dont le rêve est de battre le record et de devenir officier supérieur. Mais les embuches seront forcément nombreuses.



Pour tout dire, cet ouvrage est très intéressant et le choc culturel violent, car l'honneur des samourais japonais du 17eme siècle n'a pas vraiment de rapport avec la chevalerie européenne. La mentalité est très bien représentée et bien expliquée.

Néanmoins, il faut quand même reconnaitre, qu'à moins d'être archer soi-même, un manga de 300pages sur le tir à l'arc japonais en 1606, ça devient vite un peu longuet !!!
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L'âme du Kyudo

J'ai tout simplement été enchantée par ce manga. Certes la narration y est un peu hachée ou au contraire rabâchée, mais il faut rappeler que Hiroshi Hirata était d'abord publié dans un magazine, d'où le rappel d'événements ou les rallonges de chapitres par des répétitions. La fin me paraît un peu escamotée aussi, comme si on avait demandé à l'auteur de vite terminer sa BD.



Mise à part ce point noir qui m'empêche de mettre 5 étoiles, j'ai tout simplement adoré la découverte de la culture japonaise de cette époque dans l'œil d'un homme à cheval sur l'ancien Japon et la modernité. On sent tout le poids du traditionalisme et de la personnalité de Hiroshi Hirata. J'admire son travail des fonds et sa technique du pinceau pour repasser les personnages. On a l'impression qu'ils bougent devant un décor de théâtre.
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L'âme du Kyudo

Japon médiéval.



Kanza est un jeune paysan. Alors qu’il travaille dans les champs avec son père, ce dernier se fait mortellement toucher par la flèche d’un samouraï qui s’entraîne pour l’épreuve du tôshiya. Peu après s’être fait vengeance, Kanza est jugé pour son crime. Avant de procéder à son exécution, le seigneur du fief lui demande de faire un tir de flèche : si Kanza touche la cible, on l’épargnera. L’objectif est atteint avec succès, c’est une révélation pour le jeune paysan. Il décide de s’engager corps et âme pour gagner l’épreuve du tôshiya et devenir « Premier sous le ciel », un titre honorifique consacrant le samouraï parvenu à faire passer le plus grand nombre de flèches, en un jour, au travers de la galerie du temps de Kyoto. Débute alors un long entraînement pour repousser ses limites physiques et corporelles.
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L'âme du Kyudo

Cette lecture dans l'âme du Kyudo s'est révélée très enrichissante de la pratique de ce sport dans le Japon médiéval du XVème siècle. C'était d'ailleurs plus qu'un sport puisque les enjeux entre clans étaient importants. Il s'agissait de tirer le plus grand nombre de flèches en 24 heures d'un bout à l'autre d'une galerie extérieure d'un temple. Il y avait comme une espèce de fièvre à battre le record. Les samouraïs qui n'y parvenaient pas se suicidaient sur le champ, tant l'honneur était quelque chose de primordial. Il y a incontestablement beaucoup de noblesse dans ce jeu qui pouvait se révéler fatal.



J'ai adoré cette très longue lecture de 436 pages car elle retrace le chemin parcouru par un jeune paysan Kanza pour atteindre son but. Il veut d'abord venger la mort de son père mais sa quête se transformera vite par l'entrainement du tôshiya.



Le schéma n'est pourtant pas nouveau : un jeune disciple essaie de dépasser sa condition physique et sa condition sociale également en accomplissant un exploit. Il se fait aider par un maître vieux et expérimenté et commence alors un dur entraînement.



Cependant, le déroulement sera plus ardu que l'on ne pense car l'entraînement durera près de 10 ans. Il y a alors beaucoup plus de crédibilité dans l'action et dans l'effort accompli. Oui, j'aime ces valeurs que sont le travail et l'effort accompli pour parvenir à un but ultime à force de courage et de détermination. C'est quelque fois pénible en raison non seulement de la concurrence acharnée mais également des conditions climatiques dépendant de la chance. Il y a également les coups tordus, les tricheries et les tracasseries administratives.



L'art du tir à l'arc a son manga culte. Je pense qu'on pourra difficilement faire mieux. A travers cela, il y a également l'émergence de valeurs intemporelles qui peuvent encore servir aujourd'hui. Les illusions, les doutes et les échecs font partie de la vie de chacun. Cela nous permet de progresser et de finalement trouver la voie de la réussite. En cela, cette lecture s'est trouvée enrichissante. Ce ne sont pas que des mots ou des flèches ...

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L'âme du Kyudo

Voilà une découverte, un manga comme je l'aime en fait ! C'est à dire un one-shot avec un début et une fin.

Tout est évidemment ici une question d'honneur et de respect des grandes maisons nobles qui luttent pour ce concours de précision en tir à l'arc.

On ressent en fait toute la pression qui est mise sur les épaules du personnage principal, on finit même par croire qu'il n'y arrivera jamais tant les embûches et les difficulté sont nombreuses.



Un vrai bon moment de lecture.
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L'âme du Kyudo

Il s'agit d'un récit complet et indépendant de tout autre, en 1 tome unique. Le récit a été publié initialement en 1969/1970. Il est en noir & blanc, écrit dessiné et encré par Hiroshi Hirata. Ce tome comprend également 4 pages de glossaires, un texte de 2 pages d'un descendant d'un inspecteur du fief du seigneur Owarii, 11 pages d'interview du responsable éditorial de l'histoire lors de sa prépublication, 2 pages de commentaires de Junzô Ishiko, un court texte d'Hiroshi Hirata et une biographie d'Hirata.



L'histoire s'ouvre avec une présentation du temple de Rengeôin (appelé Sanjûsangen-Dô) à Kyoto, et en particulier de sa galerie ouverte, sur le côté Est, protégé par un auvent de 120 mètres de long. En 1606, Asaoka, un archer, s'installe à l'une des extrémités de cette galerie et réussit à envoyer 51 flèches à l'autre extrémité. Cette épreuve est institutionnalisée par différents fiefs et est baptisée Tôshyia. Au fil des années, détenir le record de flèches ayant traversé devient une marque de prestige pour le fief duquel dépend l'archer. Chaque seigneur de la région instaure donc un programme de recrutement et de formation à l'art du tir à l'art, Kyudo en japonais. Il revient à chaque fief qui présente un candidat de financer l'épreuve qui se déroule chaque année au temple Sanjûsangen-Dô.



Le père de Kanza est tué par accident par un archer à l'entraînement. Kanza (samouraï de basse classe) réussit à se faire accepter par un seigneur de haut rang du fief qui l'inscrit à la préparation au défi Tôshyia.



À la fin des années 1950, certains mangakas (auteurs de manga) décident que les mangas peuvent également pouvoir raconter des histoires à destination d'un public adulte. "L'âme du Kyudo" s'inscrit dans ce courant de manga. Hiroshi Hirata écrit l'équivalent d'un roman historique, racontant l'histoire d'un personnage fictif, participant à une épreuve ayant réellement existé. L'entrée à la matière déconcerte. Le récit commence par un dessin pleine page montrant la perspective de la galerie ouverte (le lieu de l'épreuve du Tôshyia), puis une autre vue du temple minutieusement détaillée sur 2 pages, puis une autre image sur 2 pages comprenant 36 statues de Bouddha pour évoquer le millier de statues abritées dans le temple, puis encore 2 dessins en double page, montrant les détails architecturaux de la charpente.



Après ces dessins montrant dans le menu détail l'environnement de l'épreuve Tôshyia, l'histoire introduit les premiers personnages, Asaoko et son assistant. Au premier abord les images dessinées par Hiroshi Hirata semble faites à la va-vite, avec des visages dessinés à gros traits, des postures un exagérées pour mieux faire passer le mouvement et l'état d'esprit des personnages, des expressions de visage un peu forcées, et une apparence générale qui donne une impression de dessins réalisés rapidement, d'un premier jet qui n'a pas été retravaillé et qui n'a pas été peaufiné.



Pourtant le regard repère des détails et constate une grande cohérence visuelle. Il n'y a aucun doute sur l'authenticité des tenues des personnages, sur la véracité de l'architecture, sur les accessoires divers et variés (de la vaisselle au harnachement des chevaux). D'un côté, l'apparence rugueuse des dessins confère un aspecte naturel et immédiat qui facilite la lecture et en augmente le rythme. De l'autre côté, alors que les pages se tournent très vite, le lecteur constate qu'il assimile un grand nombre d'informations transmises de manière visuelle. Il ne s'agit donc pas d'un dessinateur qui s'économise, mais d'un artiste qui choisit chaque trait pour l'information qu'il apporte, et qui a sciemment fait le choix d'une esthétique âpre, en cohérence avec la nature du récit. Une fois habitué à cette esthétique, le lecteur constate l'efficacité peu commune de la narration sur le plan visuel.



Au premier niveau, le lecteur découvre l'histoire de cette épreuve singulière et de ce jeune homme qui voue sa vie à devenir "premier dans le ciel", le titre décerné à tout nouveau détenteur du record. Sur ce plan là, Hiroshi Hirata rconte l'apprentissage d'une discipline, de ses valeurs, par un jeune homme au fil des semaines, des mois et des années. Il l'a pourvu d'une motivation complexe qui évolue au fil du temps passant d'une forme de vengeance de son père à une ascèse sportive devenant le sens de sa vie. En parallèle l'histoire du Tôshyia se confond avec les luttes d'influence des fiefs, et l'évolution des techniques d'archerie. Au fil de ces 422 pages, l'auteur aborde de nombreux aspects du Kyudo. Il montre comment cet art martial se trouve transformé en compétition sportive. L'enjeu pour un fief est tel qu'il s'installe une course à la préparation de nouveaux champions, avec la conception d'aire d'entraînement toujours plus sophistiquées (jusqu'à reproduire la galerie ouverte du temple), avec des sessions de recherche et développement sur les arcs, les flèches et les gants du kyudoka.



À un deuxième niveau, le lecteur peut douter de la réalité de ce code de l'honneur rigide et exigeant des différents participants (les perdants allant jusqu'à se faire seppuku), des sommes englouties (au détriment de la population) par les seigneurs pour présenter un nouveau champion. Le savoir faire d'Hiroshi Hirata lui permet de rendre vivant ces codes moraux, au travers d'individus plausibles et réalistes. Une fois plongé dans ces us et coutumes, le lecteur prend alors conscience de l'analyse pénétrante que l'auteur effectue. Il y a donc la fonction régulatrice du Tôshyia accaparant beaucoup de ressources des fiefs, mobilisant les dirigeants et leurs gens, la compétition sportive remplaçant les batailles. Il y a les stratégies développées par les seigneurs pour disposer d'un champion, leurs calculs pour savoir qui inscrire à l'épreuve afin d'avoir le plus de chances (sans jamais prendre en compte les aspirations des kyudokas). Au fur et à mesure de l'augmentation du record, ils doivent prendre en compte qu'un archer devra la tenter plusieurs fois, ce qui décale d'autant le bénéfice de leur investissement.



Hiroshi Hirata se montre encore plus perspicace et émouvant avec les interrogations qui assaillent Kanza. Au début, celui-ci s'interroge sur la dureté de l'entraînement qu'on lui fait subir, ce qui l'amène à réfléchir à sa motivation et à son implication. Il s'agit de thèmes souvent rabâchés dans les mangas pour adolescents. Au fur et à mesure de des mois passés à s'entraîner, Kanza va approfondir sa réflexion, constater que toute sa vie est organisé pour parfaire sa technique afin de décocher le plus de flèches possibles en 24 heures dans la galerie ouverte du temple. D'un côté, il devient un expert de cette technique à un niveau exceptionnel, de l'autre sa vie n'a de sens que dans le contexte du Tôshyia. Tout événement extérieur indépendant de sa volonté remettant en cause la tenue de l'épreuve remet également en cause sa raison d'être.



Au travers de "L'âme du kyudo", Hiroshi Hirata a réalisé une fresque historique, une analyse des relations de pouvoir des seigneurs de la région de Kyoto, un portrait pénétrant de la position des athlètes de haut niveau, une histoire passionnante et émouvante.
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L'âme du Kyudo

Je ne savais pas quoi penser de cette œuvre. Mais lorsque j'ai tourné les pages j'ai été happé dans un japon médiéval où les codes, l'honneur sont des valeurs fortes. On voit émerger un héros Kanza et on le suit dans sa quête pour devenir le meilleur archer.

Le dessin est magnifique, particulièrement celui du temple où se situe l'action principale, on ressent toute la dimension et le gigantisme du lieu alors que nous n'avons qu'un morceau de papier en main.

La pratique du tir à l'arc est mise à l'honneur et permet de découvrir une autre facette de l'histoire du Japon. Il n'y a pas que les Katana du samouraï, il y a aussi son arc.

Il y a quelque chose de majestueux dans la pratique du tir à l'arc et les planches de ce manga le reflète. C'est un hommage aussi au dépassement de soi et à la volonté.
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L'âme du Kyudo

"L'âme du Kyudo" est un manga appartenant à la catégorie du gekiga - littéralement "drame réalisé sur du papier" -, Hiroshi Hirata étant lui-même considéré comme une figure emblématique du gekiga.

Kanza est un jeune paysan japonais qui voit son père mourir d'une flèche perdue.

Fou de rage et de douleur, il venge la mort de son père mais appartenant à une classe inférieure de bushi, cette vengeance est considérée comme un meurtre.

Pour garder la vie sauve il doit alors réaliser un tir à l'arc hautement improbable, s'ensuit qu'il attire l'attention d'un samouraï qui décide de le former, Kanza voyant-là la possibilité de s'extraire de sa classe : "Je me sortirai coûte que coûte de cette classe inférieure de bushi ! Grâce à mes aptitudes, je vais pouvoir dire adieu à la misère !".

Kanza passe par des phases de doute, sur le point d'abandonner il se teste lui-même et décide de poursuivre l'entraînement jusqu'à l'épreuve suprême, le Tôshiya : "Aussi dur que puisse être l'entraînement, je n'abandonnerai plus jamais ! Même si je dois en mourir, je suivrai vos directives et j'irai jusqu'au bout de mes limites ! Je vous en prie, maître ! Guidez-moi jusqu'au Tôshiya !".

Le Tôshiya était une épreuve mythique se déroulant dans un temple de Kyôto : "Autrefois, dans ce temple, une épreuve appelée Tôshiya était régulièrement tentée par des samouraïs, au péril de leur vie. L'objectif était de faire passer, en une seule journée, des flèches - le plus grand nombre possible - d'un bout à l'autre du bâtiment, sans jamais toucher ni l'auvent ni le corridor.".

Nombre de samouraïs se firent seppuku après avoir échoué à cette épreuve, c'est cette Histoire s'inscrivant dans celle de Kanza que raconte Hiroshi Hirata.

C'est extrêmement bien documenté et très intéressant à lire, d'autant plus que je ne connaissais absolument pas cette épreuve et à vrai dire, pas grand chose sur les samouraïs.

Ce manga est très instructif et j'ai énormément apprécié cette lecture, l'histoire est passionnante, il y a beaucoup de détails enrichissants, les dessins sont de toute beauté et d'une précision redoutable traquant le moindre détail.

Ce manga fait plus de quatre cents pages et se découpe en cinq chapitres mais il se lit très rapidement et très facilement, il suffit juste de prendre le coup d’œil pour lire "à la japonaise".

Au-delà du Kyudo, art martial japonais, l'auteur a su faire revivre la période médiévale du Japon, où l'honneur, le courage et la fierté étaient un état d'esprit pour lesquels des hommes étaient prêts à sacrifier leur vie.

Je reconnais qu'il y a aussi une part de fanatisme dans tout cela, c'est à mon sens assez bien montré par l'auteur qui amorce un virage avec un prédécesseur de Kanza qui dénonce la tournure et l'enjeu que représente désormais l'épreuve du Tôshiya, véritable objet de lutte entre les clans : "Ne voyez-vous donc pas à quel point vous êtes stupides et aveugles, face à cette épreuve qui flatte votre ego et vous fait perdre toute mesure ?! N'êtes-vous donc que des pantins ?! Le vrai samouraï n'est pas un pantin !! La vraie vaillance n'a rien à voir avec le fait d'obtenir un nouveau record à l'épreuve du Tôshiya !"; Kanza lui-même mettant en lumière à la fin l'inutilité et les pertes engendrées par cette épreuve.

Il est aussi question au début de tous les samouraïs qui se firent seppuku pour avoir échoué, ce qui au départ n'était en quelque sorte qu'un pari a pris une tournure dramatique et conflictuelle.

Mais "L'âme du Kyudo" est aussi un livre mettant en avant la philosophie du tir à l'arc japonais et je trouve de façon plus générale de la philosophie japonaise.

Cela peut heurter nos croyances et nos certitudes occidentales, en tout cas cela nous fait nous poser des questions sur le sens que nous donnons à certains mots comme l'honneur, la fierté, et surtout sur le sens même du mot "engagement", les samouraïs s'engageant corps et âme dans tout ce qu'ils entreprenaient.



"L'âme du Kyudo" est une lecture instructive qui fait également réfléchir, elle séduit tant par la beauté de l'histoire que par les graphismes et montre que le manga est très loin des stéréotypes attachés à ce genre littéraire.

Ce fut en tout cas une très belle découverte et incursion dans l'univers du manga, Hiroshi Hirata est un auteur de talent qui livre ici une histoire sensible, belle et documentée, faisant revivre des hommes avec leur code de l'honneur et de l'engagement, un véritable plaisir à lire dont il serait dommage de passer à côté.
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L'âme du Kyudo

(...)



Alliant témoignage historique et aventure humaine, Hiroshi Hirata dresse le portrait réaliste d’une société très hiérarchisée qui repousse les basses castes en bas de l’échelle et qui, méprisant le coût d’une telle compétition, n’hésite pas à sacrifier les plus pauvres.

Utilisant un trait soigneux, précis et rigoureux, il réussit à ne pas lasser son lecteur malgré l’aspect redondant de l’intrigue (toujours plus de flèches !) et intime à son récit un rythme varié qui colle aux tensions et aux découragements de l’épreuve.

L’âme du kyûdô se révèle au final un récit parfaitement maîtrisé qui, en abordant un thème quelque peu délaissé par les productions habituelles, met en lumière à la fois une époque historiquement intéressante, mais aussi un art martial dominé par le code d’honneur et la fierté de ses pratiquants.



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L'âme du Kyudo

Le kyudo, art japonais du tir à l'arc, est le thème central de ce récit publié en 1969-70 par Hiroshi Hirata, habitué des histoires mettant en scène le Japon ancien, celui du shogun, des samouraïs, des guerres féodales et des katanas, surtout celui de l'honneur qui domine très largement les vies de ces hommes fidèles à des clans.

Hirata a pris prétexte d'une épreuve de tir à l'arc se déroulant dans un temple de Kyoto, consistant à faire passer le maximum de flèches à travers la galerie. Mois après mois, années après années, le record est amélioré ; de 51, record originel, on passe à quelques centaines, un millier et bientôt plus de 5000. Le toshiya (c'est le nom de l'épreuve) est surtout un prétexte à la rivalité entre les clans. Ceux-ci envoient leurs meilleurs kyudokas, lesquels, s'ils échouent, se font régulièrement seppuku afin de laver l'affront de leur échec.

Le récit suit le parcours de Kanza, un jeune bushi, c'est-à-dire un officier inférieur (lesquels, par leur mode de vie, sont plus proches des paysans que des officiers supérieurs) qui perd son père accidentellement. Ce dernier est la cible inattendue d'une flèche perdue par l'un des kyudokas s'exerçant en vue du toshiya. Kanza, s'étant vengé lui-même, est passible de la décapitation mais il est recruté par le fief Kii pour s'entraîner et devenir l'un des espoirs pour devenir "Premier sous le ciel", le titre honorifique que l'on obtient en battant le record. Peu à peu, ses aptitudes le placent parmi les meilleurs du fief Kii et le jour de l'épreuve semble approcher. Mais l'entraînement intensif ne suffit pas, et Kanza doit aussi faire face aux jalousies et aux coups bas qui jalonnent son parcours.

L'âme du kyudo met parfaitement en scène un Japon aux valeurs fortes, où la vie humaine ne vaut pas grand-chose face aux exigences du clan. L'honneur est fondamental. Pour parvenir à leurs objectifs, pour quelques centaines de flèches passées à travers d'un corridor, les kyudokas s'astreignent à un entraînement qui ne souffre aucun relâchement. La force du récit tient en la longue répétition de ces séquences d'entraînement et à la mise en avant de la notion du sacrifice. En cela la mort du père de Kanza n'est que le premier d'entre eux.

Hirata est aussi un formidable gekigaka car il rend le plus fidèlement possible le Japon féodal. Le trait est fin, minutieux, précis. Le dessin est une force indéniable du récit et l'on ne peut trouver aucun défaut ou aucun point faible au travail esthétique d'Hirata, qui excelle aussi bien dans le rendu de l'architecture que des corps ou de l'apparence vestimentaire. Ainsi Hirata construit-il une oeuvre complète, parfaitement symbolique de son travail.
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L'âme du Kyudo

Touché par une flèche perdue en provenance d’un camp d’entraînement pour jeunes archers, le père de Kanza Hoshino s’écroule au beau milieu des champs. Afin que cette mort ne soit pas vaine, le jeune homme décide de profiter de ce drame pour quitter sa triste vie de samouraï de basse classe en essayant de devenir le « Premier sous le ciel » : titre réservé à chaque nouveau détenteur du meilleur record de l’épreuve du Tôshiya, qui consiste à faire passer le plus grand nombre de flèches possible sous un auvent de 120m de longueur sur une période de 24 heures.



Tenter de conquérir un lectorat européen avec une brique d’environ 450 pages consacré au Kyudo (l’art du tir à l’arc japonais) relèverait de l’utopie si l’œuvre en question n’était signée Hiroshi Hirata. Après Satsuma, l’honneur des samouraïs et Zatoïchi, Delcourt continue de publier cet auteur spécialisé dans l’étude comportementale des combattants du Japon médiéval, en s’attaquant à cette histoire datant de 1969.



Se déroulant au début de l’ère Edo, ce récit détaille fidèlement les mœurs de la classe guerrière du Japon féodal en se concentrant sur l’histoire d’une compétition mythique qui prenait place au temple de Sanjûsangen-dô à Kyôto. Malgré cet ancrage historique et un thème central loin des aventures classiques de samouraïs qui se battent à coups de sabres, l’ouvrage est loin d’être indigeste. En suivant le parcours tourmenté et incertain d’un protagoniste principal mû par le désir de gravir l’échelle sociale et repoussant inlassablement ses propres limites, ce gekiga (manga dramatique) parvient à allier témoignage historique et aventure humaine de manière efficace.



Ce gekigaka de renommé va éviter d’enjoliver la société de l’époque et même adopter un point de vue critique vis-à-vis d’un exercice sensé être la quintessence des épreuves d’archerie, mais réduit à un jeu de gloriole entre fiefs, au détriment des personnes de basse extraction. Un message qui trouve écho dans les dérives commerciales et autres du monde sportif actuel. Tout en s’autorisant quelques digressions personnelles aux faits authentiques, celui qui est reconnu comme l’instigateur de la mode du gekiga parvient à donner une dimension universelle à ce seinen. Son trait soigné et réaliste, combiné aux descriptions techniques, renforce encore la richesse didactique de cette analyse perspicace de la maîtrise d’un art martial et de cette société de samouraïs dominée par l’honneur et la fierté.



Le premier véritable rebondissement ne survenant qu’après 350 pages, ce one-shot au sujet peu porteur et qui ne tend pas trop la corde du divertissement à son arc, ravira surtout les pratiquants de budô et les amateurs de manga plus réalistes qui abordent des thèmes délaissés par les productions classiques.
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L'âme du Kyudo

Dans le Japon du 17ème siècle être "premier sous le ciel" est un titre très convoité pour les archers et leurs seigneurs. Est "premier sous le ciel" celui qui bat le record de l'épreuve du Toshiya. Cette épreuve de 24 heures consiste à faire passer un maximum de flèches d'un bout à l'autre de la galerie d'un temple, exercice très délicat et très physique que seuls les meilleurs archers peuvent espérer réussir. Au cours de quelques décennies l'épreuve sera tentée par des centaines d'archers. Chaque homme qui tente l'épreuve met en jeu sa vie (s'il échoue il y a de grandes chances qu'il doive se faire seppuku) et l'honneur de son clan. C'est cette épreuve du Toshiya qui est au cœur du récit de Hiroshi Hirata, spécialiste des gekiga historiques mettant en scène des samouraïs.



"L'âme du Kyudo" est une œuvre impressionnante tant visuellement que par son propos riche et intéressant. Hirata dénonce ici absurdité de cette course effrénée à la gloire et à l'honneur ainsi que l'égoïsme des chefs de clans . De nombreux samouraïs de talent durent se faire seppuku à la suite de leur échec. De plus, les seigneurs n'hésitaient pas à étouffer le peuple sous des taxes destinées à financer la participation au Toshiya. Sans parler des tentatives d'assassinat dont pouvaient être victimes des archers talentueux par un clan adverse...



La dénonciation est sans équivoque mais pour autant, je n'ai pu m'empêcher de trouver une certaine beauté dans cette épreuve. Il y a quelque chose de très poétique dans cette recherche du geste parfait, dans cette façon de dédier toute sa vie à la recherche de la maîtrise parfaite de son art.



La narration est en adéquation avec le propos. Certains trouveront peut-être le récit répétitif et seront ennuyés par la succession des tentatives des archers. Je trouve au contraire que cela créé un parallèle très pertinent avec l'archer qui répète mille fois les mêmes gestes avec d'infimes variations pour trouver le plus juste.

Quant au dessin, il est très réussi dans le registre réaliste (même si certains visages se ressemblent un peu trop). Les temples fourmillent de détails et les scènes de combats sont superbes.



"L'âme du Kyudo" est une œuvre ample et émouvante, pas forcément très facile d'accès mais qui vaut largement un petit effort. Remarquable.

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L'argent du déshonneur

Au 17ème siècle, l’univers des guerriers japonais évolue peu à peu. La guerre coûte cher et de nouvelles pratiques commencent à apparaître alors même que les combats entres clans se multiplient. Les samouraïs vaincus peuvent désormais racheter le prix de leur tête et éviter ainsi la mort, le plus souvent à prix d’or. Alors que leurs adversaires s’apprêtaient à les tuer, ils pouvaient proposer de l’argent en échange de leur vie sauve. Ils signaient alors une reconnaissance de dette envers leur ennemi, libre de venir réclamer son dû quand bon lui semble. Des recouvreurs de dette font dès lors leur apparition et c’est l’un d’eux que Hiroshi Hirata met en scène ici.



Hanshirô Kubidai exerce ce nouveau métier de recouvreur de dettes. Il est chargé par les « tireurs » de récupérer la créance émise par les prêteurs. Ces samouraïs vaincus n’étaient pas toujours très enclins à régler leur dette qui soulignait, d’une certaine façon, leur défaite, leur couardise ou leur manque d’honneur. La force était donc parfois nécessaire et le recouvreur pouvait aussi se payer avec la vie du prêteur refusant de payer.

A travers les 7 histoires de ce recueil, nous allons suivre le parcours de l’un d’eux. Confronté à différentes situations émouvantes, violentes ou dramatiques, il va nous permettre de découvrir le visage caché des bushido, un visage pourri par l’argent et l’intérêt qui va complètement à rebours de l’image habituel des samouraïs.



Hiroshi Hirata nous avait habitués à plonger dans le monde des samouraïs et de leur célèbre code d’honneur qui les rend si prestigieux. Une fois n’est pas coutume, l’auteur s’attaque cette fois-ci à un fait méconnu et pointe du doigt la peur de la mort, l’absence de courage et de fierté, la perversion de l’argent auprès de ces guerriers légendaires. L’image de noblesse qu’on leur associe habituellement est ici absente et ce sont plutôt des hommes vaincus par la peur de mourir que nous découvrons. Des humains comme les autres finalement avec leurs forces et leurs faiblesses, des familles à assumer. En soi, ce n’est pas tant ces accords financiers qui sont dénoncés mais tout le business pécuniaire qui se crée autour, les dérives inhérentes à ce marché et le problème de certains samouraïs qui refusent d’assumer leurs actes.

La vie d’un samouraï a désormais un coût et certains en profitent pour réclamer sur le champ de bataille, à des hommes prêts à tout pour continuer à vivre, des sommes indécentes qu’ils seront pourtant incapable d’honorer. D’autres fiers à bras se sont construits sur une image de guerrier impitoyable et refusent de reconnaître qu’ils ont dû céder face à un ennemi. L’arrivée d’un recouvreur de dettes leur fait perdre la face et tout est bon pour éloigner l’intrus. Il y a aussi les menteurs qui donnent de faux noms pour échapper à la vindicte des recouvreurs et entraînent leur clan dans le déshonneur.

Messager de malheur, parfois attendu dans la crainte pendant de longues années, le recouvreur de dettes semble être un simple exécutant sans pitié. Celui que nous suivons ici est pourtant bien plus complexe qu’il n’en a l’air. Pétri de réflexions, très observateur, il reste un homme intègre qui sait assouplir les règles pour que les choses soient justes.



Réalisées dans les années 70, ces histoires semblent être l’empreinte d’une époque bien lointaine. Pourtant, dans une postface éclairante, l’auteur n’hésite pas à la rapprocher de notre propre époque contemporaine. il nous rappelle combien l’argent et l’avidité peuvent être néfastes. Car aujourd’hui, rien n’a finalement changé. La morale est souvent égratignée au nom de l’intérêt personnel et conduit à des situations intenables qui provoquent moult drames. On pense notamment à ces salaryman japonais qui vont jusqu’au suicide pour des problèmes d’argent qu’ils n’osent pas révéler à leurs proches.



Maître incontesté du genre gekiga, Hiroshi Hirata nous livre une fois encore une somme passionnante sur son sujet de prédilection qui est l’époque féodale du Japon. Son dessin est toujours aussi maîtrisé et les scènes d’action et de combat révèlent un dynamisme percutant qui mélange réalisme et esthétisme. Très documenté mais aussi très lisible, Hirata réussit à nous pénétrer avec une grande facilité dans un univers situé à mille lieux du notre.



Voilà un excellent recueil qui passionnera les amateurs et les curieux du Japon d’autrefois.
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L'argent du déshonneur

Livre reçu dans le dernier Masse Critique, BD spécial Manga .

Des mangas , je connaissais le principe sans en avoir lu , jamais je n'avais expérimenté cette lecture à l'envers et j'avoue que celle ci m'a beaucoup décontenancée .

Et puis , épreuve supplémentaire , je n'ai pas pu réussir à entrer dans l'histoire , pendant quelques jours , j'ai attendu , en vain , j'ai espéré lire une critique de ce ´ gegika ´ , et comme je ne vois rien venir , je me décide à écrire ma critique .

Mauvais choix donc pour moi que cette BD , je l'ai pourtant lue jusqu'au bout , ce que je fais toujours pour les livres reçus lors d'opération masse critique , c'est normal , il y a un engagement de ma part .

Il y a eu d'autres lectures dont j'ai été déçue , en voulant découvrir des genres trop différents de ce que j'aime , en bonne curieuse , je risque la déception .

Mais pour la première fois , la déception était aggravée par l'incompréhension , j'ai vérifié sur internet le sens de la lecture , oui c'était bien comme ça .

Et plus je lisais , moins je comprenais l'histoire , enfin pour être honnête , le dernier chapitre m'a paru un peu moins mystérieux , j'ai eu enfin l'impression de comprendre la trame du livre .

Ce que je peux en dire , c'est que c'est une question d'honneur dans le Japon féodal , d'honneur bafoué parfois , de vengeances terribles qui visent souvent les femmes et les enfants .

Je ne sais pas si je lirai un autre gegika , qui je me suis renseignée , est une sorte de romans graphiques pour adultes , avec des dessins dramatiques , mais peut être pour ne pas rester sur une mauvaise impression .

Sans doute que le sujet ne convenait pas pour une lecture si différente de celle que je fais habituellement , c'est bien de partir à la découverte d'autres univers mais il y a des limites que je n'aurai pas du franchir .

Je suis et reste une lectrice intuitive , qui se nourrit littéralement de mots , mais de mots qui doivent entrer en résonance avec moi .

Je ne pense pas avoir des amis adeptes de mangas , gegika sur le site mais on ne sait jamais , peut être que quelqu'un a un conseil de lectures à me donner ....
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L'argent du déshonneur

J’ai toujours été curieuse vis-à-vis de l’Histoire japonaise et plus particulière de celle d’avant l’ère Meiji. La vie des samouraïs mais aussi celle du peuple d’alors m’intrigue depuis longtemps. Avec ce titre, j’ai pu satisfaire un pan de ma curiosité.



Hiroshi Hirata est connu pour sa passion pour les samouraïs et leur « code moral », le bushido. Ici, il se livre donc à un exercice de style où il décline sur pas moins de 7 histoires sa vision de la vie d’alors. On est en pleine apologie du genre, les clichés sont omniprésents et bien dans l’air du temps malheureusement qui valorise une certaine droite « guerrière » fort mal à propos et interprétant assez mal la réalité de ce passé lointain. (cf. L’éthique des samouraïs sur France Culture). De plus, l’auteur a l’idée assez saugrenue d’associer ses récits à notre présent et à la crise financière qu’il traverse, ce que j’ai trouvé assez tiré par les cheveux. Mais bon sachant cela, et faisant maintenant la part des choses, j’ai pu trouver d’autres qualités à la lecture de ce titre.



Tout d’abord, j’ai beaucoup aimé le trait d’Hiroshi Hirata qui est si représentatif du courant « Gekiga« . Le trait est fin, réaliste, dynamique, très expressif et violent bien souvent. On sent un vrai flot dramatique sous sa plume qui nous emporte dans des histoires plus graves les unes que les autres. Les histoires ont été publiées dans les années 70 et pourtant on les lit facilement de nos jours. Les décors tout comme les costumes sont extrêmement soignés ce qui rend le titre vraiment immersif. Seul petit bémol, je trouve souvent que les personnages se ressemblent et parfois c’était difficile d’identifier qui était qui.



En ce qui concerne les récits, ceux-ci se ressemblent beaucoup dans leur construction et leur narration. On suit à chaque fois un Recouvreur de dettes qui vient collecter ce qu’on lui doit. Il est bien sûr indésirable et on va tout faire pour se débarrasser de lui, ce qui donne lui aux pires fourberies. Je ne suis pas une grande fan de la répétition d’un chapitre à l’autre de la même trame, cependant j’ai trouvé des petites touches intéressantes dans chaque histoire. Les unes se passent dans un contexte urbain que l’on découvre, les autres présentent des écoles de samouraïs, des clans de ronins, ou bien encore la vie à la campagne. On découvre ainsi au détour d’une histoire la relation entre un seigneur et son vassal, la vie en ville, les demeures à la campagne, etc. On parle de dette d’argent, mais aussi d’honneur. On s’interroge sur la valeur de vie, ce qui vaudrait le coup de la donner ou au contraire de la garder. Ce sont donc des récits très riches.



Je ne vais pas vous cacher que c’est le genre de titre que j’aime lire une fois pour en faire la découverte mais dont je ne suis pas friande. Je trouve le genre trop vu et revu au cinéma déjà pour en plus me l’imposer en mangas. Je préfère les titres plus réalistes à tout point de vue, ici c’est trop influencé par une certaine pensée, vision de l’auteur et ça me dérange un peu. De plus, la répétition, pour ne pas dire la copie parfois, m’a ennuyée au bout d’un moment. Alors certes, je me suis amusée au début de cette impression de retomber dans un vieux film de genre à la Tarantino mais je me suis vite lassée, et je ne pense clairement pas lire d’autres titres de ce genre de si tôt.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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L'argent du déshonneur

Manga lu dans le cadre de Masse Critique



Ce gekiga est en tout premier lieu un beau livre, avec couverture cartonnée. Le titre résume à lui tout seul le contenu: comment l'argent avilit le code d'honneur des samourais.

L'histoire traite de combats entre clans rivaux et comment des guerriers, pour éviter d'être tués par leur ennemi, pratiquent le "kubidai". Ce système permet aux vaincus de "signer" de leur sang une promesse de verser une certaine somme d'argent en échange de leur vie. Déjà, cette pratique apparaît comme un accroc à la pureté du bushido. Là où le déshonneur s'intensifie, c'est lorsque des malversations s'ajoutent. Du côté du vainqueur, il se permet de plus en plus souvent d'exiger des sommes mirobolantes afin d'accroître sa richesse. Que faire pour le vaincu sinon signer? Le katana sous la gorge, difficile de négocier longtemps si l'on tient à la vie.

Dans le premier récit, le vaincu pousse de son côté la malhonnêteté à signer son acte d'un faux nom. Quand cette ignominie est soulevée par l'homme chargé de recouvrer la dette, elle jette l'opprobre sur le samourai défait mais également sur l'ensemble de son clan, représenté par un seigneur local, le daimyo. Le clan adverse exige qu'à défaut de dénoncer le coupable de cette escroquerie, c'est son clan qui doit honorer la dette. Le daimyo, faute d'avoir les moyens de régler une somme aussi exorbitante, est contraint à s'engager dans un conflit armé.



Le dessin de ce manga est très réaliste, détaillé, sombre et âpre. Les cases se suivent dans un enchaînement très dynamique. Les scènes sont souvent violentes et sanglantes, membres tranchés s'éparpillant au gré des pages.

On comprend à sa lecture que l'argent, nerf de la guerre, est aussi la cause de nombre d'avilissement. Mais après tout, les samourais restent des êtres humains, attachés à la vie.
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L'argent du déshonneur

Je lis rarement de ces mangas-là. Normal, il paraît que c'est du gekiga historique que fait Hirata (pas du tout au contraire, c'est très réussi. Lol) Et si j'utilisais Pluto^^ pour le qualifier : petit chef-d'oeuvre ? Ouiiii, voilà ce que c'est, et puis tout le monde comprend ! Un petit chef-d'oeuvre. Allez c'est mérité. Je suis drôlement content de l'avoir reçu. Merci Mariech (*) et donc indirectement, merci Babelio pour cette masse critique 2014 et merci aux éditions Akata.



Certains dessins sont somptueux. Plusieurs planches mériteraient d'être reprises telles quelles dans un Taschen architecture japonaise : pureté du trait, équilibre, harmonie. Et que dire des chevaux ? Je ne me souviens pas en avoir jamais vu d'aussi beaux. Je ne me lasse pas du plan séquence p. 74-75-76, tout simplement fabuleux. Pour moi, impossible de ne pas voir surgir l'association avec Joss Randall, l'homme à la carabine (**), lorsqu'il vient arracher l'avis de recherche d'une tête mise à prix. Il me faut saluer le découpage dans son ensemble, d'une extrême qualité. le niveau du graphisme, à la fois très réaliste et d'une grande sobriété, m'a totalement bluffé.



Le livre contient l'équivalent de 7 nouvelles, qui peuvent être lues indépendamment les unes des autres. Mais toujours sur le même thème du recouvrement d'une promesse de dette sur sa tête scellée de sa main. Ma préférée est Pleine lune du huitième mois lunaire, tant de poésie s'en dégage et tant de romantisme. Nous sommes dans le Japon féodal des années 1600, les shoguns entretiennent des armées, les conflits armés et les guerres civiles sont nombreuses. Sur les champs de batailles il arrive souvent que des guerriers n'aient aucune haine personnelle vis-à-vis de ceux du clan adversaire, ainsi se développa la coutume lucrative de monnayer la tête de l'ennemi à sa merci au lieu de le décapiter... Et fleurirent les promesses sur sa tête scellées de sa main.



Ainsi apparurent peu après les recouvreurs de vie humaine. Les guerres coûtent cher, recouvrir les dettes est un moyen de subsistance. La vie des bushi (guerriers) a un prix. Dans ce livre une forteresse tombe, celle du mythe de l'honneur des samouraï. Car partout dans le monde les puissants aiment créer des mythes et cacher leurs exactions, leurs vilénies, leurs trahisons... et par dessus tout masquer la basse lâcheté dont ils ont pu faire preuve. Les légendes sur le code d'honneur des samouraï, tout comme en Europe celles des preux chevaliers, ne servent qu'à faire oublier la liste de leurs horreurs. le travail d'un recouvreur en bref : C'est pou' quand ? C'est pou' qui ? Seppuku.^^



C'est tout le mérite d'Hiroshi Hirata de nous faire découvrir au fil de ses nouvelles des pratiques plus révélatrices de la vie telle qu'elle a pu être en ces temps reculés. Mais l'on peut aussi y voir l'allégorie de pratiques actuelles tout aussi nauséeuses. Vous l'aurez compris ce livre est infiniment plus proche de la pierre et le sabre, de la parfaite lumière d'Eiji Yoshikawa que de Billy Bat, Monster ou Pluto d'Urasawa qui reste ma référence en tant que mangaka. Sublime, ce livre est un condensé d'un Japon qui a ou n'a pas réellement existé.



(*) Mariech et moi, nous nous rencontrons parfois avec d'autres, c'est drôlement sympa et c'est aussi l'occasion d'échanger des livres. D'ailleurs, nous nous posions la question pourquoi Babelio n'organiserait pas un pique-nique à Bruxelles en parallèle de ceux de Paris et Lyon ?



(**) Steve Mc Queen dans le feuilleton Au nom de la loi, très populaire dans les années 70.
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L'incident de Sakai et autres récits guerriers

Un manga "historique", voilà ce que j'avais décidé de lire pour le "récit historique asiatique" du Multi-Défi !

Après recherche, j'ai opté pour ce one-shot, contenant sept récits "nouvelles" nous relatant des événements ponctuels de l'histoire du Japon et des Samouraïs, passant d'une époque à l'autre sans trop de souci chronologique.

Je ne connais pas du tout l'histoire du Japon, et j'avoue que ça m'a manqué pour lire ce manga. Disons qu'il m'a fallu pas mal d'attention et de relecture de la situation de départ pour arriver à comprendre, surtout quand tout se passe entre clans rivaux japonais, comme dans "l'affaire de Kashima", que j'ai eu vraiment du mal à suivre...



Cependant, le "mythe" du samouraï pétri d'un sens de l'honneur qui m'est complètement étranger est plutôt bien "expliqué" dans ce manga. Je suis arrivée à un peu comprendre ce que, jusque là, je ne comprenais pas du tout, à savoir cette manie du seppuku pour des choses qui, à moi, me paraissent tout à fait exagérées, voire hors de propos (protester contre une injustice par seppuku ??? Oo). Car l'auteur nous montre des êtres humains, au sens de l'honneur certes parfois hyper-développé, mais leur pendant, aussi, le lâche, le cupide, et les femmes, qui ne sont pas en reste, dans la dernière "nouvelle", avec l'humanité et la compassion, au delà de l'honneur, du défi et de tous ces trucs qui amènent les hommes japonais à des extrémités délirantes.



Une très très jolie leçon de vie, d'histoire et de culture japonaise que j'ai bien apprécié, servie par des dessins simples, parfois très crus, mais très clairs et aux personnages bien caractérisés, heureusement pour moi, et que je relirai sans aucun doute, je songe d'ailleurs à me procurer d'autres mangas de l'auteur, qui semble être un spécialiste de ce genre "historico-culturo-humaniste".
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L'incident de Sakai et autres récits guerriers

Le récit est composé de sept histoires indépendantes les unes des autres. Comme nous l'apprenons à la postface, les quatre premières sont parues dans le magazine Custom Comics qui proposait aux mangakas de l'époque de publier des histoires courtes et personnelles au lieu des traditionnelles histoires en feuilleton. Et c'est entre quelques épisodes de Satsuma, l'honneur de ses Samouraïs que naquirent sous le trait de Hiroshi Hirata plus de la moitié des histoires présentes. Je ne vous cacherai pas que la qualité globale des anecdotes est, comme dans nombre de recueils, inégale, mais dans l'ensemble elles forment une fresque bien sympathique.



Ces sept histoires nous font voyager à travers le temps, sans suivre de chronologie bien précise puisque l'on va et vient entre les époques. Ce changement perpétuel d'époque et de lieu amènera la plupart du temps à une introduction poussive, peu accrocheuse, car Hirata met un point d'honneur à nous décrire la localisation géographique, la période et le contexte, ce dernier ne disant pas grand chose au lecteur peu cultivé en Histoire japonaise (matière dans laquelle je ne demande qu'à progresser). Du coup, on se surprend parfois à revenir en arrière pour comparer les noms des protagonistes et la relation avec l'exposé historique introductif. Puis ça passe généralement bien, et l'histoire se met finalement en place.



Arrivé là, le plus dur est passé, et l'on peut alors profiter pleinement des différents thèmes que nous expose Hirata. Bien que le titre de ce recueil contienne la mention "et autres récits guerriers", il ne sera pas uniquement question de batailles sanglantes et honneur mal placé. Les thèmes relatifs à l'honneur et a seppuku seront évoqués, surtout lors des premières histoires, mais le traitement s'éloigne des clichés pour nous proposer une vision plus profonde de l'acte.



La suite sur mon blog :
Lien : http://foudre-olympienne.ove..
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L'incident de Sakai et autres récits guerriers

Depuis que j'ai découvert récemment L'Âme du Kyudo, je peux affirmer que cet auteur de manga figure dans la liste de mes préférés. Aussi, j'ai voulu découvrir sa dernière production. Bien m'en a pris. Hiroshi Hirata est un auteur qu'il faut suivre attentivement car la qualité est au rendez-vous de ses différentes productions.



J'aime l'Histoire en général et découvrir celle du Japon va dans le sens d'un approfondissement de ma culture. Aussi, j'ignorais tout de cet incident de Sakai qui implique un ministre de la France. On va assister à un véritable choc des cultures mais surtout à une grosse injustice. J'ai apprécié la vision de l'auteur qui essaie de nous faire passer un message positif.



Les autres récits sont tout aussi intéressants. Ils nous font découvrir toute la richesse de ce pays qui a quand même mal tourné durant sa phase expansionniste. L'ère Meiji nous permet de comprendre ce qui va ouvrir ce pays au monde extérieur par une politique impérialiste après des siècles de fermeture. J'ai bien aimé cette transition sur la fin du Shogunat.



C'est clair qu'il y a quelques fois un mélange d'anecdote avec la grande Histoire mais le tout forme quelque chose de vraiment passionnant pour les amateurs du genre.
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