– Un roman, une pièce ou un film, Münster, ce n'est rien d'autre que la vie encadrée. De la vie capturée et encadrée pour que nous puissions facilement la contempler en sortant du présent et en la regardant à distance ...
- Je vous serais reconnaissant, cher collègue, de bien vouloir me mettre au courant de la situation, commença deBries. Mais pas trop vite, je vous en prie, et en faisant preuve de pédagogie. J’ai passé une nuit blanche à surveiller une maison.
- Ça a donné quelque chose ?
- Si on veut. La maison est toujours là.
Il se plaça derrière sa femme et lui caressa la nuque. Il passa sa main dans sa robe de chambre et serra doucement son sein. Soudain, il sentit une peur glaciale l'étreindre, une douleur due à la prise de conscience de la fugacité du temps. Il n'allait pas pouvoir retenir cette seconde de bonheur absolu. Elle faisait partie des moments extrêmement rares qui donnaient probablement un vrai sens de la vie.
Du moins, c'était sa conception des choses.
....pour la première fois de sa vie elle sut qu' il était possible de percevoir les choses, sans les évoquer.De les percevoir avec une autre personne sans les nommer.../...Elle comprit que nos mots lourds et grossiers ne correspondent jamais entièrement à ce que nous voulons exprimer et qu' il est parfois nécessaire de s' en passer.Pour ne pas écraser nos sensations, ne pas les détourner avec notre langage.(p50)
Il y eut quelques secondes de silence au cours duquel on n'entendit que le bruit produits par la pipe de Reinhart et les rotations du bracelet-montre du chef.
Est - que Mitter était innocent ?
P 163
La douleur dans les orbites s'accentua. Peut-être était - ce parce qu'il avait fait l'effort de penser. P14
Une fois les plats posés sur la table, Van Veeteren sut que c'était vain. Rien que l'idée de manger lui semblait indécente. Il jeta un regard découragé vers Suidjerbeck qui s'attaquait joyeusement à la cher grasse de son poisson.
Malgré le corps ecchymosé d'une petite fille. Malgré de petits fragments de latex. Malgré des scies circulaires.
Complètement pervers, songea-t-il. Un jour, je ne supporterai plus de vivre dans ce monde.
Ce n'est qu'une question de temps.
Pour Edmund, le petit déjeuner était une sorte de rituel, il y mettait autant de soin qu’un prêtre à préparer la communion à l’église.
C’est beau les marronniers en fleur, constata M. Chervouz en versant de la bière dans deux grands verres.
- Oui, très.
Ils burent en silence.
_ Comment va ta maman ? m'a-t-elle demandé.
_ L'été sera rude, j'ai répondu.
Elle a hoché la tête puis elle s'est mouchée dans un mouchoir qu'elle a sorti de la poche de son tablier.
_ C'est mon père qui dit ça, j'ai ajouté.
_ Eh oui ! Qui vivra verra, a-t-elle fait.
C'est à cette époque que j'ai commencé à comprendre que c'était la manière dont les adultes s'exprimaient. Mon père n'était pas le seul. Il fallait utiliser ce genre de formules pour montrer qu'on avait acquis une certaine maturité. Depuis que la maladie de ma mère s'était aggravée et qu'elle était hospitalisée, je m'efforçais de retenir les dictons les plus utilisés pour les avoir à ma disposition en cas de besoin.
"C'est comme ça."
"Un ennui n'arrive jamais seul."
"Ca aurait pu être pire."
"On sait si peu de choses."